Dépistage et prise en charge des stades initiaux de la néphropathie diabétique S. Hadjadj*, B. Bouhanick*, M. Marre* ✎ L’insuffisance rénale terminale est une complication rare du diabète de type 2, mais elle rend compte de nombreuses insuffisances rénales terminales du diabète. ✎ La détection des stades précoces de la néphropathie diabétique doit faire appel au dosage au moins annuel de l’excrétion urinaire d’albumine (EUA). ✎ La microalbuminurie se définit par une valeur d’EUA comprise entre 20 et 200 mg/l ou µ g/min, ou entre 30 et 300 mg/24 h. ✎ Dans le diabète de type 1, la microalbuminurie prédit le développement d’une néphropathie clinique. ✎ Dans le diabète de type 2, la microalbuminurie prédit le développement d’une maladie cardiovasculaire et, dans un faible nombre de cas, d’une néphropathie L a dŽcouverte de lÕinsuline, il y a soixante-quinze ans, a permis le contr™le des complications aigu‘s du diab•te de type 1 (diab•te insulinodŽpendant), évoluant jusqu’à l’insuffisance rénale. ✎ L’amélioration de l’équilibre glycémique limite la progression vers la microalbuminurie, dans le diabète de type 1 comme dans celui de type 2. ✎ Il n’y a pas de données prouvant l’intérêt de l’amélioration de l’équilibre glycémique sur la progression de la néphropathie diabétique chez les diabétiques microalbuminuriques. ✎ Le traitement par captopril par rapport au traitement par aténolol n’est pas supérieur sur les critères de jugement rénaux dans l’étude UKPDS. ✎ Les IEC sont le traitement de choix de la néphropathie diabétique dès le stade de microalbuminurie, même en l’absence d’HTA, chez les diabétiques de type 1. et sÕest ensuivie la nŽcessitŽ de prendre en charge les complications chroniques du diab•te, notamment microangiopathiques. Le nombre de patients pris en charge pour * Service de médecine B, CHU, Angers. insuffisance rŽnale chronique terminale (IRCT) est en augmentation constante et, parmi ces patients, une majoritŽ prŽsente une hypertension artŽrielle ou un diab•te. La prŽvalence du diab•te, notamment de type 2 (non insulinodŽpendant), est en augmentation en France. La majoritŽ des diabŽtiques prŽsentant une IRCT est constituŽe par les patients diabŽtiques de type 2. Le poids de lÕinsuffisance rŽnale terminale Žtant majeur sur lÕŽconomie de la santŽ, la reconnaissance et la prise en charge des stades prŽcoces de la nŽphropathie diabŽtique doivent permettre de limiter le nombre de sujets Žvoluant vers des stades terminaux de cette pathologie. Épidémiologie Diabète et rein : une préoccupation, l’insuffisance rénale terminale Le diab•te est, dans lÕensemble des pays occidentaux, un probl•me majeur de santŽ publique. En France, il concerne 2 ˆ 2,5 % de la population. LÕincidence du diab•te de type 2 est en hausse, principalement en raison du vieillissement de la population. Le nombre de sujets pris en charge pour insuffisance rŽnale chronique terminale (IRCT) est en augmentation constante [plus 10 % par an aux ƒtats-Unis (1)]. Parmi ces patients, une majoritŽ prŽsente un diab•te ou une hypertension artŽrielle (HTA). LÕassociation entre diab•te et HTA majore, de fa•on dramatique, le risque relatif dÕŽvolution vers lÕIRCT (risque relatif multipliŽ par 7 pour le diab•te de type 2 et par 33,7 pour le diab•te de type 1) (2). Au stade du diagnostic dÕIRCT, tous les sujets diabŽtiques sont traitŽs par insuline, ce qui peut rendre difficile la distinction entre diab•tes de type 1 et de type 2 dans des Žtudes ŽpidŽmiologiques transversales. LÕanalyse des donnŽes globales montre une prŽvalence de 27 % du diab•te dans lÕIRCT, aux ƒtats-Unis (1). Sur cent IRCT diabŽtiques, 67 sont en hŽmodialyse, 11 Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume III, n° 1, mars 1999 Dossier 13 en dialyse pŽritonŽale et 19 sont transplantŽs rŽnaux (1). En France, 7 % des patients en IRCT sont diabŽtiques. Il est ˆ noter que cette prŽvalence est infŽrieure ˆ ce qui est rencontrŽ en Europe (10,1 %), aux ƒtats-Unis (27 %) ou au Japon (26,2 %). Diabète de type 1 ou de type 2 : un poids différent Le diab•te est donc une cause importante dÕIRCT. On admet quÕenviron 30 % des diabŽtiques de type 1 meurent dÕIRCT, pour seulement 3 % des diabŽtiques de type 2. Les diabŽtiques de type 1 reprŽsentent 20 % des diabŽtiques dialysŽs. La majoritŽ des diabŽtiques prŽsentant une IRCT est donc constituŽe par les patients diabŽtiques de type 2 (3). Parmi les patients diabŽtiques de type 2 en IRCT, seuls 36,8 % prŽsentent une nŽphropathie diabŽtique spŽcifique (contre 93,9 % des diabŽtiques de type 1) (3). Le diab•te de type 1 requiert donc une surveillance attentive des stades prŽcoces de la nŽphropathie car lÕinsuffisance rŽnale est une complication fatale pour un patient sur trois. CÕest une approche individuelle du risque. Le diab•te de type 2 requiert que les stades prŽcoces de nŽphropathie diabŽtique soient reconnus, car, si lÕIRCT est une complication rare de ce type de diab•te, elle concerne un nombre tr•s important de sujets. CÕest une approche plus collective du risque. Histoire naturelle de la néphropathie diabétique La nŽphropathie du diab•te est une glomŽrulopathie dÕŽvolutivitŽ bien dŽfinie. Des lŽsions glomŽrulaires infracliniques se dŽveloppent sur de nombreuses annŽes, avec des anomalies structurales (notamment Žlargissement de la membrane basale du glomŽrule), sans traduction clinique. Une ŽlŽvation du dŽbit de filtration glomŽrulaire est caractŽristique de ce stade. LÕexcrŽtion urinaire dÕalbumine (EUA) est alors normale. CÕest le stade de nŽphropathie diabŽtique absente. Le stade de nŽphropathie diabŽtique dŽbutante (incipiens) est dŽfini par une microalbuminurie, cÕest-ˆ-dire une ŽlŽvation de lÕEUA comprise entre 20 et 200 mg/l ou µg/min, ou entre 30 et 300 mg/24 h (4). Ce stade est muet cliniquement, bien quÕune ŽlŽvation tensionnelle soit retrouvŽe chez les sujets prŽsentant une nŽphropathie incipiens par rapport ˆ ceux ne prŽsentant pas de nŽphropathie diabŽtique. LÕŽvolution ultŽrieure est caractŽrisŽe par une nŽphropathie avŽrŽe, dont le crit•re diagnostique est une protŽinurie clinique. Celle-ci est diagnostiquŽe par des dosages de protŽinurie ˆ partir dÕun seuil de 0,3 ˆ 0,5 g/l. Ë ce stade de nŽphropathie, la tension artŽrielle sÕŽl•ve par un mŽcanisme de rŽtention hydrosodŽe. UltŽrieurement, une atteinte de la fonction rŽnale, avec ŽlŽvation de la crŽatininŽmie, caractŽrise le stade de nŽphropathie dite avancŽe, pouvant Žvoluer jusquÕˆ lÕinsuffisance rŽnale terminale. On admet que, une fois la nŽphropathie avŽrŽe, lÕIRCT appara”t en 10 ans pour un patient sur deux. Il nÕy a pas de diffŽrence au stade tardif de nŽphropathie diabŽtique entre les diab•tes de type 1 et de type 2 pour la vitesse de dŽgradation de la fonction rŽnale ni pour les conditions de recours ˆ lÕŽpuration extrarŽnale. Il est donc nŽcessaire dÕassurer une prise en charge prŽcoce, au stade dŽbutant de la nŽphropathie, pour Žviter quÕˆ des stades plus sŽv•res celle-ci nÕŽvolue pour son propre compte. La microalbuminurie, révélateur du stade précoce de la néphropathie diabétique Définition de la microalbuminurie LÕŽlŽvation de lÕEUA dŽfinissant la microalbuminurie est comprise entre 20 et 200 mg/l ou µg/min, ou entre 30 et 300 mg/24 h. Deux prŽl•vements au moins sur trois, sur une pŽriode de trois ˆ six mois, doivent •tre positifs pour confirmer la microalbuminurie (4). Un certain nombre de conditions doivent cependant •tre respectŽes, notamment lÕabsence dÕanomalies du sŽdiment urinaire. Ainsi, lÕEUA ne doit pas •tre prise en compte en cas dÕinfection urinaire ou de menstruations. De plus, lÕexercice intensif, la grossesse, les dŽcompensations cardiaque ou mŽtabolique, les affections fŽbriles aigu‘s sont des situations o• lÕEUA peut •tre accrue sans que lÕon doive poser le diagnostic de microalbuminurie. La frŽquence de dŽpistage de la microalbuminurie recommandŽe par lÕAlfediam est de une fois par an au moins en cas dÕEUA normale. La confirmation par un second dosage est nŽcessaire dans un dŽlai de 3 ˆ 6 mois en cas dÕŽlŽvation de lÕEUA. Dosage de la microalbuminurie Le dosage de la microalbuminurie ne peut utiliser les techniques standard de dosage de protŽinurie et utilise des techniques immunonŽphŽlŽmŽtriques ou immunoturbidimŽtriques, permettant de dŽtecter des concentrations basses dÕalbumine urinaire. De nouveaux tests de dŽpistage de la microalbuminurie, utilisant une bandelette rŽactive, tel le Micral Test¨ S, sont en cours dÕŽvaluation. Ces mŽthodes sont fiables. La stabilitŽ dans le temps de la rŽaction colorimŽtrique lui conf•re des performances satisfaisantes en comparaison avec la mŽthode de dosage, et notamment une valeur prŽdictive nŽgative ŽlevŽe dÕenviron 95 %. Ainsi, le dŽpistage de la microalbuminurie dans les annŽes ˆ venir pourrait utiliser des bandelettes rŽactives avec un recours au dosage de lÕexcrŽtion urinaire dÕalbumine dans un nombre plus limitŽ de cas. Valeur prédictive de la microalbuminurie dans le diabète La microalbuminurie dŽfinit une nŽphropathie diabŽtique dŽbutante avec un risque 12 Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume III, n° 1, mars 1999 ŽlevŽ dÕŽvolution spontanŽe vers la nŽphropathie avŽrŽe, qui se complique de fa•on plus ou moins rapide dÕinsuffisance rŽnale. Des donnŽes ont ŽtŽ Žtablies dans les annŽes 80 pour les patients diabŽtiques de type 1. Environ 80 % des diabŽtiques de type 1 microalbuminuriques dŽvelopperont une nŽphropathie avŽrŽe dans un dŽlai de 10 ˆ 15 ans (5). Pour le diab•te de type 2, des donnŽes issues du suivi de 175 diabŽtiques non insulinodŽpendants microalbuminuriques montrent que 120 patients sont morts apr•s 10 ans dÕŽvolution. Seulement 7 % des sujets sont morts dÕIRCT contre 58 % de dŽc•s par infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque ou accident vasculaire cŽrŽbral. Ainsi, la microalbuminurie prŽdit plus la maladie cardiovasculaire que lÕatteinte rŽnale chez les diabŽtiques de type 2 (6). Prise en charge de la néphropathie diabétique incipiens LÕidentification de marqueurs cliniques, biologiques ou gŽnŽtiques, associŽs au risque de microalbuminurie a permis de mieux cerner la physiopathologie des stades prŽcoces de la nŽphropathie diabŽtique. Cependant, les facteurs de risque de progression de la nŽphropathie diabŽtique sont plus difficiles ˆ mettre en Žvidence. Pour parler de facteur de risque, il faut quÕune modification du marqueur identifiŽ modifie aussi lÕincidence de lÕŽvŽnement. Le taux dÕEUA a souvent servi de marqueur intermŽdiaire pour apprŽcier lÕeffet dÕune thŽrapeutique. En effet, il est plus simple, plus Žconomique et surtout moins long dÕobserver la modification de lÕEUA que le nombre dÕŽvŽnements (IRCT, par exemple). Les facteurs modifiant lÕEUA, crit•re de jugement intermŽdiaire, sont considŽrŽs comme pouvant amŽliorer le risque dÕŽvolution vers les stades ultimes de nŽphropathie diabŽtique. Les donnŽes sur la nŽphropathie diabŽtique du diab•te de type 2 ne sont pas aussi tranchŽes que pour le diab•te de type 1. Il est difficile de rapporter de fa•on certaine la microalbuminurie ˆ une nŽphropathie diabŽtique. Le pronostic est plus cardiovasculaire que rŽnal en cas dÕŽlŽvation de lÕEUA. De plus, lÕIRCT en cas de diab•te de type 2 nÕest due ˆ une nŽphropathie diabŽtique spŽcifique que dans un tiers des cas. Les conclusions sur la prise en charge des stades prŽcoces de la nŽphropathie diabŽtique sÕappliquent donc plus nettement aux diabŽtiques de type 1 que de type 2. Plusieurs facteurs de risque de nŽphropathie diabŽtique doivent •tre rappelŽs, parmi lesquels les plus importants semblent •tre lÕŽquilibre mŽtabolique et lÕŽquilibre tensionnel. Équilibre métabolique Les donnŽes du DCCT montrent, chez les diabŽtiques de type 1, quÕune insulinothŽrapie intensifiŽe, en comparaison avec une insulinothŽrapie conventionnelle, limite la progression du stade de nŽphropathie absente ˆ la nŽphropathie incipiens ou ˆ la protŽinurie clinique. Les donnŽes sur lÕintŽr•t dÕun contr™le glycŽmique intensifiŽ au stade de nŽphropathie incipiens sont plus controversŽes. Dans lÕŽtude DCCT, le nombre de sujets microalbuminuriques dans les deux groupes de traitement Žtait trop faible pour conclure. En effet, 73 sujets sur les 1 441 prŽsentaient une microalbuminurie ˆ lÕentrŽe dans lÕŽtude (38 pour le groupe traitement intensifiŽ et 35 pour le groupe traitement conventionnel). LÕŽvolution vers le stade de nŽphropathie avŽrŽe (6 sujets dans le groupe traitement conventionnel versus 4 dans le groupe traitement intensifiŽ) ou le retour ˆ la normoalbuminurie ne diffŽraient pas selon la modalitŽ thŽrapeutique retenue (7). Le m•me rŽsultat nŽgatif a ŽtŽ rapportŽ dans une Žtude multicentrique anglaise par le Microalbuminuria Collaborative Study Group. Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume III, n° 1, mars 1999 Les donnŽes de lÕŽtude UKPDS montrent que lÕamŽlioration de lÕŽquilibre glycŽmique obtenue dans les groupes de traitement intensifiŽ rŽduit largement les complications microangiopathiques chez des diabŽtiques de type 2 nouvellement diagnostiquŽs. Le groupe de sujets sous traitement hypoglycŽmiant intensif, par rapport au traitement dit conventionnel, a un risque relatif (RR) de dŽvelopper une microalbuminurie de 0,76 ˆ 9 ans dÕŽvolution, de 0,67 ˆ 12 ans dÕŽvolution et de 0,70 ˆ 15 ans dÕŽvolution. Statistiquement, ces diffŽrences sont largement significatives. LÕŽquilibre glycŽmique optimisŽ rŽduit donc, en cas de diab•te de type 2 nouvellement diagnostiquŽ, lÕŽvolution vers la microalbuminurie (8). La m•me interrogation persiste quant ˆ lÕeffet de lÕŽquilibre glycŽmique sur la progression de la nŽphropathie, pour les patients microalbuminuriques. LÕŽtude UKPDS sÕintŽressant ˆ des sujets diabŽtiques nouvellement diagnostiquŽs, la microalbuminurie qui peut •tre prŽsente ˆ lÕinclusion dans lÕŽtude ne peut •tre rattachŽe ˆ une nŽphropathie diabŽtique dŽbutante. Les rŽsultats dÕune Žtude de grande envergure sur lÕŽquilibre mŽtabolique des diabŽtiques de type 2 prŽsentant une nŽphropathie diabŽtique sont donc en attente. Traitement antihypertenseur Le r™le dŽlŽt•re de lÕHTA est reconnu sur lÕŽvolution de lÕatteinte rŽnale, quelle que soit la maladie rŽnale causale. De nombreux essais ont permis de montrer le bŽnŽfice dÕune thŽrapeutique antihypertensive sur lÕŽvolution de la nŽphropathie diabŽtique. LÕassociation entre diab•te et HTA majore, de fa•on dramatique, le risque relatif dÕŽvolution vers lÕIRCT (RR multipliŽ par 7 pour le diab•te de type 2 et par 33,7 pour le diab•te de type 1) (2). Plusieurs rŽsultats permettent de rŽpondre ˆ des questions sur les modalitŽs de traitement antihypertenseur dans la nŽphropathie diabŽtique dŽbutante. 13 Dossier ● Quand traiter ? LÕeffet bŽnŽfique du traitement antihypertenseur agressif a ŽtŽ mis en Žvidence dans les stades de protŽinurie clinique. La reconnaissance de stades plus prŽcoces de lÕatteinte rŽnale diabŽtique a permis dÕinstaurer des traitements plus t™t dans lÕhistoire naturelle de la maladie. LÕeffet bŽnŽfique du traitement au stade de microalbuminurie est clairement dŽmontrŽ chez les diabŽtiques de type 1. Un traitement par des inhibiteurs de lÕenzyme de conversion de lÕangiotensine (IEC) chez des patients diabŽtiques de type 1 au stade plus prŽcoce de normoalbuminurie nÕa pas fait la preuve de son efficacitŽ dans lÕŽtude EUCLID (9). Ë la question : ÒQuand traiter ?Ó, il faut rŽpondre : ÒD•s le stade microalbuminurie.Ó ● Qui traiter ? Le traitement ˆ visŽe antihypertensive sÕadresse bien sžr en premier lieu aux sujets hypertendus. On rappellera ici que les chiffres de tension artŽrielle recommandŽs pour un patient diabŽtique sont de 130/85 dÕapr•s les donnŽes du JNC-VI (The VIth Report of the Joint National Comittee on Prevention, Detection, Evaluation, and Treatment of High Blood Pressure). Cependant, le bŽnŽfice dÕun traitement ˆ visŽe antihypertensive a ŽtŽ montrŽ au stade de microalbuminurie chez des diabŽtiques insulinodŽpendants non hypertendus. Ë la question : ÒQui traiter ?Ó, il faut rŽpondre : ÒTout patient diabŽtique de type 1 microalbuminurique, en respectant les contre-indications de cette classe mŽdicamenteuse (notamment la grossesse).Ó ● Comment traiter ? La question est de savoir si les IEC sont plus particuli•rement rŽnoprotecteurs chez les diabŽtiques de type 1. LÕensemble des Žtudes placebo versus IEC permet dÕaffirmer que les IEC sont efficaces dans la nŽphropathie diabŽtique. LÕeffet des IEC pourrait •tre mŽdiŽ non seulement par leur bonne efficacitŽ antihypertensive, mais aussi par leur mode dÕaction spŽcifique de blocage de lÕenzyme de conversion de lÕangiotensine. Un polymorphisme dÕinsertion/dŽlŽtion dans le g•ne de lÕangiotensine convertase, responsable de taux variables de cette enzyme, est, du reste, impliquŽ dans la physiopathologie de la nŽphropathie du diab•te de type 1 (avec un effet dŽlŽt•re du gŽnotype associŽ aux taux dÕenzyme de conversion les plus forts). LÕinhibition de lÕenzyme de conversion de lÕangiotensine serait une modalitŽ thŽrapeutique plus spŽcifique de la nŽphropathie diabŽtique que les autres traitements antihypertenseurs, en jouant sur un des mŽcanismes du dŽveloppement de cette pathologie. Au stade de microalbuminurie, lÕeffet des IEC sur lÕEUA est obtenu chez des sujets non hypertendus. La supŽrioritŽ des IEC sur les autres modes de traitement antihypertenseur a ŽtŽ mise en Žvidence dans un essai randomisŽ en double aveugle Žnalapril versus hydrochlorothiazide, chez des diabŽtiques insulinodŽpendants normotendus microalbuminuriques (10). La rŽponse concernant le mode de traitement le plus appropriŽ chez les diabŽtiques de type 2 est dÕimportance. Dans lÕŽtude UKPDS, la recherche dÕun contr™le tensionnel strict (objectif < 150/85 mmHg) est bŽnŽfique sur les ŽvŽnements rŽnaux, par rapport ˆ un moindre contr™le tensionnel (objectif < 180/105 mmHg). Mais il nÕy a pas de bŽnŽfice particulier de lÕatŽnolol ou du captopril, lorsque ces deux traitements sont comparŽs entre eux (11). On rappellera aussi que les inhibiteurs calciques chez les diabŽtiques de type 2 pourraient •tre dŽlŽt•res en termes de morbi-mortalitŽ. Ë la question : ÒComment traiter ?Ó, il faut rŽpondre : ÒEfficacement en cas dÕHTA, et avec un IEC chez tout patient diabŽtique de type 1 au stade de microalbuminurie.Ó Pour ce qui est des diabŽtiques de type 2, la rŽponse est encore une fois de traiter efficacement, mais aussi avec des mŽdicaments qui ne soient pas dŽlŽt•res pour ces ■ patients. Références 1. Friedlander M.A., Hricik D.E. Optimizing end-stage-renal disease therapy for the patient with diabetes mellitus. Semin Nephrol 1997 ; 17 : 331-45. 2. Pergener T.V., Brancati F.L., Whelton P.K., Klag M.J. End-stage-renal disease attributable to diabetes mellitus. Ann Intern Med 1994 ; 121 : 912-8. 3. Zmirou D., Benhamou P.Y., Cordonnier D. et coll. Diabetes mellitus prevalence among dialyzed patients in France (UREMIDIAB Study). Nephrol Dial Transplant 1992 ; 7 : 1092-7. 4. Mogensen C.E., Chachati A., Christensen C.K. et coll. Microalbuminuria : an early marker of renal involvement in diabetes. Uremia Invest 1985 ; 9 : 85-95. 5. 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