Explication de texte d’un passage du Livre VII de la République de Platon Passage 6 : Victor, Alexandre G, Vendredi 27 mars ( 527 d […] 530 d) « S- Et maintenant ? Est-ce que nous prescrirons en troisième lieu l’Astronomie, à ton avis ? […] S- Je pense que nous imposerons la même méthode aux autres sciences, si nous devons avoir quelque utilité comme législateurs. » La République est le livre le plus célèbre et le plus influent de la philosophie de Platon. Mais en soi, la République n’existe pas, ni en théorie ni en pratique à son époque. Elle est donc inventée, construite par l’architecte Socrate. Mais le thème majeur de ce dialogue est celui de la justice ou : comment organiser la cité ? Le livre est organisé en 10 livres distincts, durant lesquels Platon présente les différents aspects de sa cité idéale, de la place des philosophes dans la cité à la conception de la subjectivité en passant par l’éducation des enfants. Dans notre cas, nous avons étudié le livre VII qui est dominé par l’allégorie de la caverne. Socrate peint une scène : une grotte obscure est l’hôte d’un groupe de prisonniers, enchaînés de telle façon qu’ils ne peuvent pas bouger la tête. Ils sont forcés de regarder le mur face à eux. Un feu reflète les ombres sur ce mur. Ayant toujours été dans la grotte, ils croient que les ombres sont vraies. Puis, un jour, un prisonnier est libéré. Il découvre que les ombres sont une illusion, il est aveuglé par la lumière en sortant de la grotte. Retournant livrer sa vérité aux autres prisonniers, il doit affronter leurs rires. Ce prisonnier libéré est le philosophe qui, riche de la vérité, va la répandre auprès de ceux qui vivent dans les ténèbres. [527d-528a] Glaucon pense qu'on doit aussi étudier l'astronomie à cause de son utilité pour le découpage du temps, l'agriculture, la navigation et l'art militaire. Socrate le détrompe : Glaucon n'a cité que l'astronomie perceptive (quand on regarde le ciel avec ses sens, ses yeux en l'occurrence). Or l'astronomie ne doit être considérée que dans sa contribution à l'intellection (activité de l'intellect qui permet de concevoir et d'assimiler les idées, les situations...) [528ae, p. 287] Dans sa précipitation, Socrate a commis une erreur de méthode après la géométrie en deux dimensions, c'était la géométrie en trois dimensions, ou stéréométrie (Nom donné à la géométrie de l'espace, opposé à la géométrie du plan), qu'il fallait apprendre. Malheureusement, l'absence d'intérêt pour elle des gouvernements actuels n'a pas encore rendu possible la constitution de cette discipline en science. Vient logiquement après elle une géométrie dont l'objet est l'étude des solides en mouvement, c'est-à-dire, l'astronomie (Science des astres et de la structure de l'univers) ; [528-530d, p. 288] Glaucon pense alors qu'on doit étudier l'astronomie parce qu'elle amène à considérer les choses d'en haut... Nouvelle erreur, réplique Socrate : Glaucon demeure dans le domaine de la perception. On ne doit considérer les mouvements des corps célestes que comme une approximation grossière (analogue à l'approximation que constituent les figures de géométrie tracées sur un tableau) des corps intelligibles (faciles à comprendre) en translation, si l'on veut pratiquer l'astronomie réelle, c'est-à-dire intelligible. Glaucon, en bon élève, remarque qu'elle est utile à l'art de l'art guerre. Socrate lui fait à nouveau remarquer que ce n'est pas là le plus important. L'éducation des chefs et la politique ne seraient-elles que des prétextes pour étudier surtout l'éducation de chacun ? L'astronomie est surtout précieuse en ce que, comme les autres sciences vues auparavant, elle oriente le regard vers les vérités intelligibles. ("cette opinion"=ton opinion). Cela ne va pas de soi, c'est à démontrer. En effet, telle qu'elle est pratiquée, elle ne remplit pas cette fonction. Il ne faut pas confondre ce qu'on appellerait aujourd'hui l'astronomie amateur et l'astronomie scientifique. En effet, l'astronomie ne consiste pas à observer ces objets sensibles, visibles, que sont les astres, mais à rechercher les principes invisibles qui peuvent rendre raison de leurs mouvements apparemment désordonnés. Le mot "planète" vient d'un mot grec qui signifie "astre errant". En effet, le mouvement des planètes, par rapport aux étoiles, est apparemment chaotique. Les étoiles, les unes par rapport aux autres, sont fixes. En revanche, on reconnaît les planètes à ce qu'elles se déplacent parmi les constellations. L'astronomie a pour but de découvrir une régularité derrière cet apparent désordre. Des régularités, c'est-à-dire des règles, des lois. Les Grecs étaient déjà parvenus à expliquer le phénomène des éclipses. Ptolémée, au IIème siècle, proposera un modèle du système solaire, avec la Terre au centre, mais qui avait le mérite de proposer une explication du mouvement de chaque planète. L'observation du ciel, en astronomie, a le même rôle que l'usage des figures en astronomie : les astres sont des images sensibles qui servent d'exemples pour concevoir les principes abstraits qui gouvernent leur cours. C'est justement ce qui fait la différence, dit Platon au livre VI, entre les sciences et la philosophie: les sciences se servent d'images pour atteindre le vrai, même si les images ne jouent qu'un rôle d'exemples, tandis que la philosophie cherche à atteindre directement les essences elles-mêmes. Les idées astronomiques de Platon se trouvent disséminées principalement dans le Timée, dans la République et dans l'Epinomis, dont il n'est probablement pas l'auteur, mais sans doute en partie l'inspirateur. Elles sont assez confuses et se rapprochent, sous certains rapports, des idées pythagoriciennes. Constamment préoccupé de la recherche de la pensée créatrice au milieu de la variété infinie des phénomènes, Platon présentait tous les corps, terrestres et célestes, comme participant à l'âme du monde; les astres étaient, d'après lui, des êtres animés; le monde lui-même n'était qu'un animal, et la forme sphérique était le type de la perfection. "[L'Artisan divin (ou Démiurge) ] donna au monde la forme la plus convenable et la plus appropriée à sa nature; or la forme la plus convenable à l'animal, qui devait contenir en lui tous les autres animaux, ne pouvait être que celle qui comprend toutes les formes. C'est pourquoi il donna au monde la forme sphérique, ayant partout les points extrêmes également distants du centre, ce qui est la forme la plus parfaite. Il polit toute la surface de ce globe animé, et cela pour plusieurs raisons. D'abord ce monde (animal) n'avait besoin ni d'yeux, ni d'oreilles, parce qu'il ne restait, en dehors de lui, rien à voir, ni rien à entendre; il n'y avait pas non plus autour de lui d'air à respirer; il n'avait besoin d'aucun organe pour la nutrition, ni pour rejeter les aliments digérés, car il n'avait rien à rejeter, ni rien à absorber. Non. Il est fait pour se nourrir de ses propres forces, et toutes ses actions, toutes ses affections lui viennent de lui-même et s'y renferment; car l'auteur du monde estima qu'il vaudrait mieux que son ouvrage se suffît à lui-même que d'avoir besoin de secours étranger. Par la même raison, il ne jugea pas nécessaire de lui faire des mains, parce qu'il n'avait rien à saisir, ni rien à repousser, et il ne lui fit pas non plus de pieds, ni rien de ce qu'il faut pour la marche. Mais il lui donna un mouvement approprié à la forme de son corps et qui, entre les mouvements, appartient principalement à l'esprit et à l'intelligence. Faisant tourner le monde constamment sur lui-même, il lui ôta les sept autres mouvements, ne voulant pas qu'il fût errant à son gré; le monde enfin, n'ayant pas besoin de pieds pour exécuter ce mouvement de rotation, il le fit sans pieds et sans jambes (Platon, Timée.)." La philosophie de Socrate était restée dans les limites de la discussion morale, Platon reprit le problème des anciens philosophes dans toute sa généralité, et l'objet de ses spéculations fut de rechercher et de découvrir les principes de toute existence. A l'encontre des Sophistes et de Protagoras, qui niaient la certitude en disant que tout n'est qu'apparence, il prétendit montrer qu'il y a une science de l'universel, et contre les Mégariques qui soutenaient que l'unité l'unité seule existe et qu'il n'y avait pas de relation entre les idées et, par suite, pas de jugements possibles, il démontra l'existence d'une hiérarchie d'êtres multiples ou d'idées et la possibilité du jugement. Dans son système, la logique, la métaphysique et la morale sont inséparables. La logique ou dialectique prépare l'esprit à la connaissance réelle des principes des choses, la métaphysique consiste dans la connaissance de ces principes ou des idées, et la connaissance du vrai inséparable du bien et du beau engendre les belles et bonnes actions. La dialectique. Platon distingue deux sortes de connaissances, la connaissance vulgaire et la connaissance scientifique. La première est une connaissance qui vient des sens. Elle donne naissance à l'opinion, à une routine, à une habitude d'attendre telle apparence après telle autre. L'opinion comprend elle-même la croyance qui porte sur les objets de notre perception, et la conjecture qui porte sur les images des choses sensibles. L'opinion est un jugement irréfléchi, celui qui s'y fie est comme les devins qui annoncent des choses vraies, mais qui ne savent rien de ce qu'ils disent, elle est vague, incertaine; elle a pour objet ce qui naît pour mourir et ce qui change sans cesse. La connaissance scientifique a pour objet l'intelligible, c'est-à-dire ce que l'esprit conçoit de réel et de permanent au delà du monde sensible, les principes réels et éternels des choses. Platon l'appelle la science véritable. Elle comprend, elle aussi, deux sortes de connaissances : la faculté de raisonner, d'examiner les conséquences d'une idée, d'aller logiquement d'une idée à une autre, et l'acte simple de l'esprit par lequel il perçoit, dans une intuition immédiate, la suprême réalité des choses. Elle a pour objet ce qui se suffit à soi-même, ce qui n'a plus besoin d'hypothèse. Elle élève l'esprit à la contemplation de ce qui est purement intelligible. L'esprit est d'abord frappé par les objets sensibles; mais, par une ascension lente, il s'élève au-dessus des images passagères des choses pour contempler les réalités intelligibles. La dialectique est une sorte d'éducation de l'esprit qui lui aide à effectuer ce passage, à se dégager de la connaissance sensible, pour s'élever à la connaissance des idées qui résident dans sa propre intelligence et qui sont l'objet de la raison. Ainsi se réalise le précepte de Socrate : « Connais-toi toi-même, » Comment s'opère ce passage? C'est, selon Platon, par des sensations, dont l'apparence contradictoire réveille l'esprit, et c'est surtout par l'étude des sciences, de l'arithmétique, de la géométrie; de la musique et de l'astronomie. Ces sciences nous invitent à spéculer sur des idées pures, à concevoir des rapports nécessaires, des lois éternelles, qui nous font entrevoir la réalité permanente sous l'apparence éphémère. Elles nous découvrent les raisons des choses, les idées qui les rendent possibles. Théorie des idées : Le mouvement dialectique qui nous élève vers l'idée, nous met en possession de l'être véritable. La connaissance par les sens est illusoire, les objets sensibles ne sont que des apparences. Ils passent et meurent, ils sont multiples, variables. Leur raison d'être est dans quelque chose de permanent à qui seul le nom de réalité convient, c'est-à-dire dans l'idée. L'idée n'est pas un concept général, obtenu par abstraction. Elle ne représente pas l'ensemble des qualités communes appartenant à des individus particuliers. Non, elle existe en dehors du monde sensible. Elle n'est pas obtenue par une opération discursive, elle est l'objet même de l'intuition, de la noêsis. C'est un être réel, concret; elle existe en elle-même et non dans une chose dont elle ne serait que la qualité. Elle a pour caractères la perfection, la pureté absolue et sans mélange, l'éternité. et l'immutabilité. Tandis que les phénomènes passent, elle demeure. L'idée intelligible de l'humain est ce qui rend éternellement possible l'existence des humains qui naissent et meurent. Il y a autant d'idées ou d'essences intelligibles que l'on conçoit de genres et d'espèces. De plus, elles ont des rapports entre elles, et la fin de la science est de découvrir ces rapports qui expriment les lois mêmes de l'Etre, et comme l'unité est la loi de l'esprit, il finit par prendre conscience de l'existence de l'idée, du bien de laquelle dépendent les perfections et la réalité des autres idées. Morale de Platon :La doctrine morale de Platon est intimement liée à sa théorie de la connaissance. De même qu'il soutint contre les Sophistes qu'il y a une science du réel, de même il soutient que le souverain bien ne consiste pas dans le plaisir, qu'il n'est pas à la merci' de l'appréciation de chacun, et qu'il y a une loi morale, principe de tout ce qui est juste et des lois écrites. L'humain doit s'efforcer de ressembler à Dieu : c'est en cela que consiste la vertu. Mais il faut connaître l'humain pour savoir ce qu'il doit être. L'âme se compose de trois parties : l'epithumia ou le désir, qui comprend les appétits, les passions inférieures, et qui a son siège dans le bas-ventre; le thumos, qui est l'appétit irascible ou le courage, et qui a son siège dans le coeur, et le noûs, ou la raison, qui a son siège dans le cerveau. Platon, dans le Phèdre, compare l'âme à un char attelé de deux coursiers : l'un, noir et rebelle, est toujours tenté de s'emporter; l'autre, blanc et généreux, contient son compagnon s'il est bien dirigé, mais s'emporte avec lui s'il n'est pas maintenu. Le cocher, c'est le noûs, qui doit maintenir le cheval blanc, le thumos, et s'en servir pour contenir le cheval emporté, l'épithumia. A chacune des parties de l'âme correspond une vertu spéciale. La tempérance convient à l'épithumia elle consiste à modérer les passions, à fuir les excès. Le courage convient au thumos. Cette vertu con siste à savoir ce qu'il faut craindre et ce qu'il ne faut pas craindre. Elle naît quand le thumos, au service de la raison, est dirigé contre les passions. La justice est la vertu qui naît de la possession des autres vertus; elle appartient à l'intelligence, au noûs. C'est la vertu des vertus, elle est le principe de l'harmonie intérieure de l'âme et de la domination des passions par la volonté guidée par la raison. Platon méprise la vertu qui vient de l'habitude, il la compare à la connaissance sensible. La vertu consiste dans la raison, dans la vision claire de ce qui est bon et de ce qui ne l'est pas. La vertu est une science; quand on sait le bien, on le fait. L'homme ne fait le mal que par ignorance; il l'accomplit-en croyant faire le bien. Il faut savoir discerner ce qui nous convient de ce qui ne nous convient pas. Le mal, l'ignorance et l'erreur ne sont qu une seule et même chose. Etre vertueux, c'est posséder la science du bien, et quiconque a l'intelligence du bien est nécessairement bon. Le bonheur est le compagnon intime de la vertu. Le mal, au contraire, est inséparable de l'expiation et du châtiment. Il vaut mieux même rechercher le châtiment que le fuir. Tout doit rentrer dans l'ordre, et il est préférable de subir l'injustice que de la commettre. Elle est le plus terrible des maux. Il ne faut pas tenir le crime secret, il faut s'offrir au juge "Le logos platonicien s'accompagne, en effet, d'un muthos *; c'est au début du Livre VII que Platon nous présente le célèbre mythe de la caverne afin de nous dépeindre la situation humaine. Nous sommes des prisonniers attachés à leurs chaînes qui voient défiler des images (…). Si nous voulons nous représenter ces prisonniers en face (…) des réalités mêmes, il faut les imaginer persuadés par quelque homme supérieur de franchir les limites de la Caverne ; sans doute alors seront-ils d'abord éblouis ; mais ils seront alors dans la région du connaissable, rendu tel par le Bien, cause universelle de toute certitude et de toute beauté (de même que le soleil est source des générations sensibles, le Bien, soleil intelligible, est source de tout ce qu'il y a de vrai dans le monde intelligible [contrepartie au plan de la connaissance : comme le soleil est à peine visible en lui-même, le Bien est à peine connaissable *NDR ]). Le sage sera sans doute maladroit dans les choses quotidiennes ; mais c'est précisément parce qu'il est adapté aux choses intelligibles. Les véritables philosophes sont dégagés du sensible ; et ce sont eux qui vont fonder la stabilité de l'Etat. La question sera alors de savoir comment former le philosophe. Il faudra partir des ambiguités du sensible. Le fait même que les choses soient unes ou multiples prouve qu'il y a quelque chose qui est absolument un. Les erreurs des sens nous aident à prouver la vérité de ce qui est supérieur aux sens. D'où vient, en effet, l'idée de l'unité ? Elle ne vient pas des sens mais de la pensée. Les ambiguïtés dont nous parlions tirent l'âme vers le haut, vers les nombres qualitatifs qui, s'ils sont engendrés, ne le sont pas de façon empirique, mais rationnelle. De cette arithmétique supérieure sont tirées les sciences mathématiques, géométrie plane, géométrie des solides, aussi bien qu'astronomie et harmonie. Dans ces passages nous notons l'influence des pythagoriciens ; car il s'agira de voir quels nombres vont les uns avec les autres, et lesquels ne vont pas avec certains autres. Mais nous sommes encore loin du but. Nous n'en sommes qu'au prélude de cette immense musique. C'est là que la connaissance de soi (le soin de l'âme) reprend son rôle ; l'"organe" qui aperçoit les choses elles-mêmes ou plutôt l'essence des choses, c'est l'intelligence. Profitons de ce qu'il y a d'irrationnel dans les apparences, pour aller vers l'intelligible, pour commencer ce chemin qui doit nous mener de la prison vers le soleil ; nous découvrirons alors la place de la géométrie comme de toutes les autres sciences. Sans doute elles étudient des ombres, des simulacres ; mais ces ombres, ces simulacres, nous permettent de monter vers la considération éblouissante du soleil, difficile voyage qui se fait par la dialectique ascendante. Le géomètre a du réél une vision de rêve, asservie à des hypothèses ; mais, dit Platon, il y a un moment où nous enlevons les hypothèses, où nous nous délivrons d'elles ; et en nous délivrant d'elles nous concevons une science générale qui sera un des degrés par lesquels nous avons passé pour aller vers ce qui est proprement intelligible. Tel est le dialecticien qui saisit pour chaque chose la raison de son essence. Mais, d'après ce que nous avons dit, il y a une limite supérieure de la dialectique puisque le Bien ne peut pas être défini, être rééllement connu, mais seulement présupposé ou, plus exactement, post-supposé. Le livre VII conclut par des conseils sur l'éducation des gardiens qui, outre la noblesse et la gravité du caractère, possèderont le zèle de la recherche. Nous sommes bien loin des sophistes ; l'art de la sophistique est en quelque sorte réservée aux jeunes gens, l'art de la dialectique sera réservée aux anciens. On voit combien il sera difficile de constituer l'Etat idéal puisqu'il supposera cette éducation difficile." Pour conclure, le principal intérêt de l'histoire des sciences n'est pas tant l'étude des découvertes, généralement périmées, faites par les chercheurs anciens que celle des méthodes qui les y ont conduits. Le projet d’ensemble d’écriture de la République servirait à fournir au lecteur un exemple imagé de la Forme du juste. En effet, la cité idéale n’est sûrement pas identifiable avec la Forme du juste. Platon essaie seulement de fournir une image sensible d’une telle cité en tant qu’elle est le reflet de l’intelligible. Enfin, la Forme du bien, représentant l’harmonie de l’ensemble de l’intelligible, doit être recherchée et, comme la finalité du lit est la possibilité du sommeil pour l’homme, la finalité de l’intelligible est le fonctionnement optimal de sa structure, structure dont le reflet est présent dans le monde sensible. La Forme du bien serait donc l’ordre qui règne dans l’intelligible et qui doit être débusquée par l’observation du sensible en se servant des sciences de l’ordre. Cette Forme, qui peut être représentée par, notamment, le langage des mathématiques, puisque la structure de l’être est atteignable au moyen des sciences de l’ordre, est très difficile à saisir, apprenons-nous dans la République. Cela dit, Platon se montre insistant sur le fait qu’une telle connaissance est possible, puisqu’elle garantit la possibilité de l’établissement d’une cité juste. Si cette connaissance était illusoire, il n’y aurait dès lors aucun moyen de combattre le désordre et le chaos qui règnent dans le monde qui nous entoure.