Végétations annuelles des substrats exondés oligotrophes à méso-eutrophes Isoeto durieui - Juncetea bufonii Photo : C. Blondel Isoeto durieui - Juncetea bufonii Description de la classe Végétations pionnières rases, parfois amphibies, de plantes annuelles colonisant des substrats humides au niveau de dépressions inondables ou de berges d’étangs, de mares et de cours d’eau. Les communautés végétales de cette classe se développent dans des conditions de trophie, de pH et d’humidité variables, qui permettent de distinguer diverses alliances et associations. Ces communautés apparaissent sur des grèves exondées, au niveau de chemins forestiers ou de landes (ornières, petites cuvettes), toujours en conditions héliophiles mais, sur le littoral, dans des milieux parfois oligohalins (mares de chasses, certaines pannes dunaires). Enfin, certaines associations peuvent être observées en bordure de champs partiellement inondés en hiver. La période de développement est assez courte, durant les 346 basses eaux estivales, jusqu’à l’automne. Beaucoup d’espèces de cette classe possèdent des graines dormantes, capables de survivre longtemps dans le sol humide et de se développer à la période favorable en un temps extrêmement court (DELARZE et al., 1998). Cela génère donc certaines végétations dites à éclipses, qui se développent plus ou moins (voire pas du tout) certaines années. La présence et la composition floristique des végétations sont très variables dans l’espace et dans le temps (présence d’espèces végétales également à éclipses). Elles sont très influencées par le climat et les niveaux d’eau qui conditionnent la germination et le développement des jeunes plantules ; la physionomie est celle de gazons assez ras (moins de 10 cm le plus souvent), pauvres en espèces, et les recouvrements au sol sont assez faibles. Ces végétations occupent en général de petites surfaces et sont de ce fait souvent fragmentaires. G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s 3 1 5 4 2 1 Gnaphalium uliginosum, 2 Juncus bufonius, 3 Lythrum portula, 4 Myosurus minimus, 5 Hypericum humifusum. Flore caractéristique Les espèces caractéristiques de la classe sont assez nombreuses du fait de la variabilité des végétations qui la constituent. La flore est composée de taxons eurasiatiques (Lythrum portula), circumboréaux (Gnaphalium uliginosum, Limosella aquatica), subcosmopolites (Juncus bufonius s.l.). Certaines espèces ont une distribution élargie vers les régions méridionales (Cyperus fuscus et Juncus pygmaeus). Cette classe comporte certaines espèces relativement rares, y compris à l’échelle de l’Europe. Dans le Nord-Pas de Calais, si certaines d’entre elles sont communes (Gnaphalium uliginosum, Juncus bufonius s.l.), d’autres sont rares (Limosella aquatica). Diverses espèces caractéristiques de la classe ont disparu de la région, à la suite probablement de la destruction de leurs habitats : Gypsophila muralis, Illecebrum verticillatum. D’autres espèces ont été découvertes ou retrouvées récemment : Lythrum hyssopifolia, Isolepis cernua. Distribution géographique et statut régional La classe a son centre de répartition en Europe médiane et holarctique. Toutefois, certaines végétations sont davantage thermophiles et ont des affinités méridionales (BRULLO & MINISSALE, 1998). Dans le Nord-Pas de Calais, les communautés de la classe sont au moins assez rares. Les territoires phytogéographiques où la classe serait la plus représentée sont le Boulonnais, le Montreuillois, l’Artois septentrional (plateau d’Helfaut notamment), la plaine de la Scarpe et de l’Escaut, le Mosan et l’Ardennais. En dehors de ces stations intérieures, certaines végétations sont typiques des pannes dunaires et bien représentées tout le long du littoral du Nord-Pas de Calais, en particulier au niveau des grands systèmes dunaires picards, du sud de Boulogne-sur-Mer à la baie d’Authie. Analyse synsystématique Isoeto durieui - Juncetea bufonii Braun-Blanq. & Tüxen ex V. Westhoff, Dijk & Paschier 1946 Communauté basale à Juncus bufonius Végétation mésotrophile amphibie réduite à quelques espèces de la classe, dominée par Juncus bufonius, parfois accompagné de Gnaphalium uliginosum et, plus rarement, de Lythrum portula. Fréquent en contexte non eutrophisé sur substrats favorables dénudés (argiles, sables humides, argiles à silex, etc.), notamment au niveau de layons forestiers. Isoetetalia durieui Braun-Blanq.1936 Cicendion filiformis (Rivas Goday in Rivas Goday & Borja 1961) Braun-Blanq. 1967 Elatino triandrae - Cyperetalia fusci de Foucault 1988 Elatino triandrae - Eleocharition ovatae (Pietsch & Müller-Stoll 1968) Pietsch 1969 Cypero fusci - Limoselletum aquaticae (Oberdorfer 1957) Korneck 1960 Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide. Polygono hydropiperis - Callitrichetum stagnalis de Foucault 1989 nom. invers. propos. Nanocyperetalia flavescentis Klika 1935 Radiolion linoidis Pietsch 1971 Centunculo minimi - Radioletum linoidis Krippel 1959 Myosuretum minimi Diemont, Sissingh & Westhoff 1940 ex Tüxen 1950 Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide. Cicendietum filiformis Allorge 1922 cf. fiche “Centunculo minimi - Radioletum linoidis” Nanocyperion flavescentis Koch ex Libbert 1932 Centaurio littoralis - Saginetum moniliformis Diemont, Sissingh & Westhoff 1940 Scirpo setacei - Stellarietum uliginosae Koch 1926 ex Libbert 1932 ‘Cyperetum flavescenti - fusci’ Moor 1935 ex Philippi 1968 Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide. G u i d e d e s v éGgué itdaet idoenss vféogréetsattiièorness deets pzroé nf eo sr ehsutmi èi dr e s d e l a r é g i o n N o r d - P a s d e C a l a i s 347 Isoeto durieui - Juncetea bufonii Les conceptions et les limites de la classe sont très variables selon les auteurs ; une synthèse récente a été proposée par BRULLO & MINISSALE (1998), après celle de de Foucault en 1991 qui traitait également des végétations vivaces des Littorelletea uniflorae. Végétation annuelle à Callitriche des étangs et Renouée poivre-d’eau Polygono hydropiperis - Callitrichetum stagnalis de Foucault 1989 nom. invers. propos. Persicaria hydropiper (= Polygonum hydropiper, Renouée poivre-d’eau), Callitriche stagnalis (Callitriche des étangs) 22.12x22.321 CORINE biotopescf. (eaux mésotrophes) / ux cf. 22.13x22.321 (ea eutrophes) Poa annua (Pâturin annuel), Juncus bufonius subsp. bufonius (Jonc des crapauds), Stellaria alsine (Stellaire des fanges), Gnaphalium uliginosum (Gnaphale des fanges) UE cf. 3130 Cahiers d'habitats cf. NI Physionomie Hauteur de végétation modeste (de quelques centimètres à quelques décimètres tout au plus) ; recouvrement variable au cours de la saison, mais globalement faible (rarement plus de 50 %). Végétation ponctuelle liée à de petites dépressions. Photo : E. Catteau Isoeto durieui - Juncetea bufonii Herbier semi-aquatique de petite dimension dominé par des plantes annuelles (la plupart, des dicotylédones) dont certaines à feuilles flottantes. Aspect général plutôt diffus, Polygonum hydropiper et surtout Callitriche stagnalis étant souvent bien représentés ; mais la végétation reste pauvre en espèces. Développement optimal : fin d’été début d’automne 348 G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s Écologie Valeur patrimoniale et intérêt écologique Dépressions, ornières des layons forestiers. Sols limono-argileux, neutres à légèrement acides, plus ou moins riches en matière organique, en conditions mésotrophes à méso-eutrophes. Dépressions inondées en période hivernale (eaux météoriques), qui peuvent s’assécher complètement ou rester partiellement en eau même au cours de l’été. Situations de demi-ombre ou d’ombre. Végétation pionnière bénéficiant des actions anthropiques (ornières dues au passage d’engins). Dynamique et végétations de contact Végétation pionnière à caractère plus ou moins fugace d’une saison à l’autre. Végétation succédant généralement au cours de la même saison à une végétation composée uniquement de Callitriche des étangs (Callitriche stagnalis) ; peut naturellement évoluer, par assèchement ou atterrissement, vers certaines végétations à caractère prairial des milieux piétinés ou tassés des Arrhenatheretea elatioris en contexte forestier : Prunello vulgaris - Ranunculetum repentis notamment. Association qui peut se maintenir par le passage modéré d’engins dans les layons forestiers. En milieu forestier, peut jouxter une autre association de la classe, mais en contexte davantage acide et un peu plus mésotrophe : le Scirpo setacei - Stellarietum uliginosae. Cette association ne possède pas d’intérêt patrimonial particulier mais il peut y subsister quelques espèces végétales peu communes. En revanche, sur le plan écologique, les dépressions et ornières favorables à cette végétation accueillent très souvent divers amphibiens plus ou moins rares (Salamandre tachetée, tritons…), et des invertébrés ayant une phase larvaire aquatique. Gestion Conservation de cette végétation par : -maintien de layons forestiers avec des ornières, en favorisant éventuellement un pâturage extensif au niveau des lisières forestières ou le passage des grands animaux fouisseurs (sangliers) ; - protection des dépressions et ornières en évitant leur aménagement car elles sont parfois comblées par des gravats ou des pierres pour faciliter le passage des engins de travaux et des véhicules forestiers. La valeur patrimoniale réduite de cette végétation ne mérite pas d’engager des opérations de restauration spécifiques mais les biotopes qui l’hébergent doivent être préservés. Références de FOUCAULT, 1989 (1) Variations Isoeto durieui - Juncetea bufonii Aucune variation notable n’a été décrite. Répartition géographique et distribution régionale Répartition géographique générale à préciser. Association de description récente et régionale, mais probablement bien répandue en France et en Europe du Nord-Ouest. Assez largement répartie sur l’ensemble de la région. Signalée dans le Bas Boulonnais, le bocage avesnois, la Fagne, les collines de Flandre intérieure, le Haut-Artois, le Montreuillois, le Mélantois et les marais de la Deûle et de la Marque, la plaine du Bas-Cambrésis et de Gohelle, le Pévèle et la plaine de la Scarpe et de l’Escaut. G u i d e d e s v éGgué itdaet idoenss vféogréetsattiièorness deets pzroé nf eo sr ehsutmi èi dr e s d e l a r é g i o n N o r d - P a s d e C a l a i s 349 Végétation annuelle à Centenille naine et Radiole faux-lin Centunculo minimi - Radioletum linoidis Krippel 1959 Centunculus minimus (Centenille naine), Hypericum humifusum (Millepertuis couché), Sagina procumbens (Sagine couchée), Juncus bufonius subsp. bufonius (Jonc des crapauds), Radiola linoides (Radiole faux-lin) Anthoceros punctatus (Anthocérote ponctué), Isolepis setacea (Scirpe sétacé), Centaurium pulchellum (Érythrée élégante), Gnaphalium uliginosum (Gnaphale des fanges), Plantago major subsp. intermedia (Plantain intermédiaire), Lythrum portula (Salicaire pourpier) .11x22.3233 (eaux CORINE biotopes22 oligotrophes pauvres en33 calcaire) / 22.12x22.32 (eaux mésotrophes) 30 UE31 30-5 Cahiers d'habitats31 Photo : F. Duhamel Écologie Isoeto durieui - Juncetea bufonii Physionomie Végétation pionnière dominée par des plantes annuelles, mais riche en mousses, notamment des hépatiques à thalle. Aspect général de gazon non stratifié. Végétation rase (quelques centimètres) généralement très clairsemée. Végétation se développant de la fin du printemps au début de l’automne, étroitement dépendante des conditions climatiques saisonnières. Végétation ponctuelle se développant rarement sur des surfaces supérieures au mètre carré d’un seul tenant. Développement optimal : début d’été 350 Bordures d’étangs, dépressions, ornières, zones décapées, souvent en contexte de lande ou sur layon forestier. Parfois cité en zone de culture sur sables plutôt acides, après la moisson. Substrat modérément acide, argileux à limono-sableux, parfois enrichi en matière organique. Sol inondable en hiver, se ressuyant en fin de printemps, mais restant humide en été. Les conditions climatiques du printemps seront déterminantes pour l’expression optimale de cette végétation qui peut aussi se développer plus tardivement si l’été est pluvieux. Situations bien ensoleillées. Végétation susceptible d’être favorisée par certains décapages limités (aspect pionnier). Dynamique et végétations de contact Végétation pionnière à caractère plus ou moins fugace d’une saison ou d’une année à l’autre, en fonction des conditions climatiques. Végétation susceptible d’être maintenue et favorisée par des décapages superficiels du substrat (étrépage, orniérage). Végétation qui peut être naturellement maintenue, çà et là, par l’action de certains animaux fouisseurs qui, par un décapage superficiel, permettent à cette végétation pionnière de se maintenir à des endroits qui peuvent varier d’une année à l’autre. Végétation qui peut dans certains cas, par minéralisation de la matière organique, évoluer vers certaines végétations G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s Variations Vers l’ouest, cette association serait remplacée par le Cicendietum filiformis, possédant des affinités davantage atlantiques à thermo-atlantiques. Cette dernière est exceptionnelle et n’existerait que sur le communal d’Ambleteuse, à l’état fragmentaire. Toutefois, B. de Foucault, dans sa synthèse sur les végétations basses amphibies de 1988, distingue encore le Centunculo minimi – Radioletum linoidis mentionné par Géhu en 1961 sur le communal d’Ambleteuse du Radiolo linoidis – Cicendietum filiformis Allorge 1922 (syn. du Cicendietum filiformis) dont il distingue la race nordatlantique, présente aussi selon lui dans le Nord de la France et à laquelle il rapporterait les végétations observées au plateau d’Helfaut notamment ! Ces deux associations devraient donc être réétudiées dans la partie ouest de la région Nord-Pas de Calais. L’association est sujette à une forte variabilité en terme de composition floristique, compte tenu de la présence de plusieurs espèces à éclipses. Elle est favorisée par les années humides, de même que certaines mousses qui peuvent s’y développer. Répartition géographique et distribution régionale Végétation à caractère subatlantique. Assez largement répartie au nord-ouest et au centre de l’Europe. En France, semble s’exprimer surtout dans le domaine médio-européen. Dans la région, cette végétation (ou autres végétations affines) serait signalée dans les collines de Flandre intérieure (plateau d’Helfaut), sur le littoral boulonnais et le littoral flamand, dans le Montreuillois (plateau de Sorrus/St-Josse) et dans la Fagne. Valeur patrimoniale et intérêt écologique Végétation dont la répartition doit être affinée, à haute valeur patrimoniale, menacée par la grande exiguïté et la fragilité des biotopes favorables à son expression. Elle abrite par ailleurs de nombreuses plantes rares et menacées (Centunculus minimus, Radiola linoides…). Habitat d’intérêt communautaire au niveau européen. Gestion Conservation par maintien de zones ouvertes par pâturage extensif, par étrépage ou par une gestion par fauche avec exportation des produits de coupe. Sauvegarde des chemins en pratiquant une gestion adaptée (fauches, décapages localisés) de façon à toujours maintenir des zones de substrat nu. Proscrire les empierrements de chemins dans les secteurs hébergeant ces végétations. Restauration possible par étrépage de landes et de pelouses acidiphiles possédant des potentialités écologiques favorables. Références ALLORGE, 1922 KOCH, 1926 LIBBERT, 1932 MOOR, 1936 KRIPPEL, 1959 HÜBSCHMANN, 1967 de FOUCAULT, 1988 BARDAT et al., 2002 G u i d e d e s v éGgué itdaet idoenss vféogréetsattiièorness deets pzroé nf eo sr ehsutmi èi dr e s d e l a r é g i o n N o r d - P a s d e C a l a i s Isoeto durieui - Juncetea bufonii des Bidentetea tripartitae ou encore, par augmentation de la trophie, s’enrichir en espèces vivaces et évoluer vers certaines communautés prairiales des Agrostietea stoloniferae notamment. Contact, en contexte de lande, avec des végétations de l’Ulici minoris - Ericenion ciliaris, du Nardo strictae - Juncion squarrosi, ou du Juncion acutiflori. Souvent en mosaïque avec des végétations des Littorelletea uniflorae, en particulier en bordure d’étang. 351 Végétation annuelle à Érythrée littorale et Sagine noueuse Centaurio littoralis - Saginetum moniliformis Diemont, Sissingh & Westhoff 1940 Centaurium littorale (Érythrée littorale), Gnaphalium luteoalbum (Gnaphale jaunâtre), Sagina nodosa (Sagine noueuse) Leontodon saxatilis (Liondent à tige nue), Blackstonia perfoliata (Chlore perfoliée), Centaurium pulchellum (Érythrée élégante), Centaurium erythraea (Érythrée petite-centaurée) CORINE biotopes 16.32 x 22.322 90 UE21 90-2 Cahiers d'habitats21 Physionomie Végétation de taille modeste (de quelques centimètres à quelques décimètres) ; couvert végétal plutôt clairsemé. Végétation à développement estival. Végétation ponctuelle à linéaire, liée aux sables humides des dépressions dunaires et de certains chemins inondables peu végétalisés. Photo : F. Duhamel Isoeto durieui - Juncetea bufonii Végétation pionnière caractérisée par la présence remarquable de plusieurs espèces de la famille des Gentianacées. Végétation pouvant sembler bistratifiée avec des plantes rases (Sagina nodosa) ou à feuilles en rosettes (Centaurium littorale), et des hampes florales qui montent davantage (Blackstonia perfoliata). Développement optimal : fin d’été 352 G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s Écologie Répartition géographique et distribution régionale Association littorale nord-atlantique présente en Angleterre et du nord de la France aux Pays-Bas. Assez bien représentée sur le littoral de la région (pannes dunaires). Signalée sur le littoral flamand et très bien développée sur le littoral picard, notamment entre Canche et Authie. Dynamique et végétations de contact Végétation pionnière à caractère plus ou moins fugace d’une saison ou d’une année à l’autre en fonction des conditions climatiques. Association susceptible à terme d’évoluer vers des fourrés du Pyrolo rotundifoliae - Hippophaetum rhamnoidis si le milieu n’est pas rajeuni régulièrement. Association pouvant être favorisée par des décapages partiels localisés afin de favoriser les plantes pionnières qui s’y développent. Contact au niveau des pannes, à des niveaux inférieurs plus inondés, avec des végétations rases du Caricenion pulchello trinervis (Samolo valerandi - littorelletum uniflorae notamment) et souvent en mosaïque avec le Carici pulchellae - Agrostietum “maritimae” dans les niveaux moyens à supérieurs. Végétation herbacée marquant le passage de la xérosère (niveau supérieur occupé par des pelouses du Koelerion albescentis ou des fourrés du Ligustro vulgaris - Hippophaeion rhamnoidis) à l’hygrosère (Caricenion pulchello - trinervis). Variations Association pionnière dont l’expression floristique et le développement sont liés en grande partie aux niveaux d’eau et aux conditions climatiques. Dans certains cas, les espèces associées seront surtout des espèces de pelouses de la xérosère (cas de pannes en cours de formation) ; dans d’autres cas, cette végétation s’insérera dans des végétations typiquement hygrophiles mais ouvertes, à la faveur de l’étiage (mosaïque possible avec le Samolo valerandi - Littorelletum uniflorae par exemple, comme mentionné précédemment). Cette association possède une valeur patrimoniale élevée. De plus, elle héberge des plantes rares et menacées et des endémiques nord-atlantiques comme l’Érythrée littorale (Centaurium littorale). Elle constitue par ailleurs un très bon indicateur écologique de la dynamique géomorphologique de certaines dunes où des pannes peuvent encore se créer aujourd’hui, lors d’années particulièrement pluvieuses, dans des secteurs dénudés où la déflation atteint le niveau de la nappe phréatique des sables. Elle est également inscrite à l’annexe I de la directive HabitatsFaune-Flore en tant qu’habitat d’intérêt communautaire. Gestion Conservation par la maîtrise foncière des sites, le maintien des niveaux piézométriques de la nappe phréatique et, surtout, la lutte contre la dynamique de l’embroussaillement, en particulier sur les marges externes des pannes. Restauration possible par débroussaillage (cf. fiche) puis décapage superficiel des substrats dans la mesure où les secteurs choisis bénéficient d’inondations hivernales (layons, dépressions, pannes). Le rétablissement des niveaux piézométriques des nappes phréatiques par diminution des pompages serait aussi à étudier dans certains secteurs où les nappes ont très fortement baissé (plaine maritime flamande notamment). Références BRAUN-BLANQUET & de LEEUW, 1936 DIEMONT et al., 1940 WATTEZ, 1975 GÉHU & GÉHU-FRANCK, 1982 de FOUCAULT, 1988 GÉHU, 1995 DUHAMEL, 1995 BARDAT et al., 2002 BIORET et al., 2004 G u i d e d e s v éGgué itdaet idoenss vféogréetsattiièorness deets pzroé nf eo sr ehsutmi èi dr e s d e l a r é g i o n N o r d - P a s d e C a l a i s 353 Isoeto durieui - Juncetea bufonii Végétation de la ceinture externe des dépressions et des pannes dunaires, voire de certains chemins ouverts. Sol mésotrophe à oligo-mésotrophe, sableux en surface, mais présence éventuelle d’un gley en profondeur. Inondé durant la période hivernale, mais le substrat s’assèche nettement en période estivale. Situations bien ensoleillées. Végétation naturelle non liée à l’homme mais certaines de ses activités peuvent la favoriser (fauche ou gyrobroyage de layons, piétinement modéré…). Valeur patrimoniale et intérêt écologique Végétation annuelle à Scirpe sétacé et Stellaire des fanges Scirpo setacei - Stellarietum uliginosae Koch 1926 ex Libbert 1932 Isolepis setacea (= Scirpus setaceus, Scirpe sétacé), Stellaria alsine (= S. uliginosa, Stellaire des fanges) Juncus bufonius subsp. bufonius (Jonc des crapauds), Gnaphalium uliginosum (Gnaphale des fanges), Juncus articulatus (Jonc articulé), Persicaria hydropiper (Renouée poivre-d’eau), Moehringia trinervia (Méringie trinervée), Hypericum humifusum (Millepertuis couché), Lysimachia nemorum (Lysimaque des bois), Lythrum portula (Salicaire pourpier) 33 .12 ou 22.13) x 22.32 CORINE biotopes (22 30 UE31 30-5 Cahiers d'habitats 31 Physionomie Isoeto durieui - Juncetea bufonii Végétation amphibie dominée par des plantes annuelles, pourvues globalement de feuilles de dimensions modestes. Aspect en général peu structuré, compte tenu des types morphologiques divers des espèces présentes. Hauteur de végétation modeste (quelques décimètres au plus) ; recouvrement variable se densifiant au cours de la saison, mais assez faible (inférieur à 80 %). Végétation à développement estival. Végétation ponctuelle liée à de petites dépressions. Photo : B. de Foucault Développement optimal : fin d’été 354 G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s Écologie Valeur patrimoniale et intérêt écologique Dépressions, ornières des layons forestiers. Sols limono-argileux, plus ou moins riches en matière organique, en conditions légèrement acides à neutres et mésotrophes à méso-eutrophes. Dépressions inondées en période hivernale (eaux météoriques ou eaux de ruissellement), pouvant s’assécher partiellement au cours de l’été. Situations de demi-ombre. Végétation s’accommodant d’actions anthropiques modérées (ornières dues au passage d’engins). Cette association d’intérêt patrimonial du fait de sa raréfaction et de son statut de menace possède cependant une valeur patrimoniale moyenne. Elle présente par ailleurs un cortège floristique original d’espèces peu communes à assez rares. Elle est principalement menacée par l’empierrement des chemins forestiers aux ornières trop profondes. Les biotopes favorables à cette association sont également très prisés par divers amphibiens (Salamandre tachetée, tritons…) et invertébrés forestiers à stade larvaire aquatique. Gestion Végétation pionnière à caractère plus ou moins fugace d’une année à l’autre, selon les conditions d’inondation. Végétation qui peut naturellement évoluer, par assèchement ou atterrissement, vers certaines végétations à caractère prairial des milieux piétinés ou tassés des Arrhenatheretea elatioris en contexte forestier, notamment le Prunello vulgaris - Ranunculetum repentis. En milieu forestier, la végétation à Sicrpe sétacé et Stellaire des fanges peut cohabiter avec une autre association de la même classe, mais plus neutrophile et eutrophile (Polygono hydropiperis - Callitrichetum stagnalis) ; en contexte plus humide, peut également se développer en mosaïque avec des végétations à glycéries du Glycerio fluitantis - Sparganion neglecti. Dans certains contextes forestiers plus mésotrophes, cette végétation pionnière peut aussi apparaître dans des végétations amphibies acidiphiles à Renoncule flammette (Ranunculo flammulae – Juncetum bulbosi). Variations Maintien de layons forestiers avec des ornières en favorisant éventuellement un pâturage extensif au niveau des lisières forestières ou le passage des grands animaux fouisseurs (sangliers) ou brouteurs. En revanche, l’intensification des passages fait disparaître cette végétation. Limitation des sports tout terrain (VTT, quad, moto, etc.) et de la circulation équestre dans les chemins forestiers domaniaux où s’expriment pleinement cette végétation et parfois d’autres encore plus rares. Restauration par recréation, dans les biotopes favorables, d’ornières artificielles et d’ouvertures dans la végétation herbacée existante. Références KOCH, 1926 LIBBERT, 1932 MOOR, 1936 de FOUCAULT, 1988 TAUBER & PETERSEN, 2000 BARDAT et al., 2002 Isoeto durieui - Juncetea bufonii Dynamique et végétations de contact Aucune variation n’a été décrite pour cette association. Répartition géographique et distribution régionale Association présente dans le nord-ouest et le centre de l’Europe. Sans doute assez bien répandue en France (hors zone méditerranéenne). Dans la région, signalée dans les collines de Flandre intérieure, dans la Fagne, le Montreuillois, le basBoulonnais, le pays de Mormal et la Thiérache. À rechercher ailleurs, notamment dans les forêts de plateaux sur limons argileux du Haut-Artois, de l’Artois méridional et du Haut-Cambrésis. G u i d e d e s v éGgué itdaet idoenss vféogréetsattiièorness deets pzroé nf eo sr ehsutmi èi dr e s d e l a r é g i o n N o r d - P a s d e C a l a i s 355