La vocation de la presse médicale É The medical press’ mission

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D I T O R I A L
La vocation de la presse médicale
The medical press’ mission
●
F.C. Mignon*
uelle est la vocation de la presse médicale ? La question peut paraître incongrue tant la réponse est évidente : transmettre aux médecins les informations
nécessaires à l’exercice de leur profession et, notamment, les
maintenir au contact des connaissances nouvelles. Au fil du
temps, la culture médicale mais aussi les idées évoluent en fonction des travaux scientifiques dans toutes les disciplines, et nul
ne peut négliger ces évolutions, sauf à risquer de se marginaliser dans la profession. Les innovations techniques des
méthodes d’investigation biologiques ou d’imagerie, en pharmacologie comme en médecine et en chirurgie, constituent
autant de besoins d’information pour tous les médecins, quels
que soient leur mode d’exercice ou leur spécialité. La complexité du progrès des connaissances explique la tendance que
l’on observe à une spécialisation de plus en plus marquée des
publications médicales.
Q
L’information doit également intéresser l’organisation de la profession, ses rapports avec les pouvoirs publics, la déontologie,
la responsabilité médicale, les problèmes d’investissement et de
gestion, notamment du personnel, en bref tout ce qui fait la vie
des cabinets ou des hôpitaux. Enfin, la presse médicale parle de
la santé publique, dont on peut voir tous les jours les problèmes
qu’elle pose et auxquels les médecins ne peuvent être étrangers,
compte tenu du rôle prépondérant qu’ils ont à jouer pour y
répondre. Toutes ces informations font la trame de la formation
permanente des praticiens, et toutes les enquêtes prouvent que
la presse en assure l’essentiel. Ajoutons qu’en publiant les travaux originaux, les revues scientifiques leur permettent d’atteindre la communauté scientifique et, par là même, de les
authentifier en ouvrant le nécessaire débat critique. La presse
médicale, du fait même de l’ampleur de son rôle, doit être diverse
pour répondre aux attentes de l’ensemble du corps médical.
Pour mener à bien sa mission, elle doit satisfaire à certaines
exigences. La première, qui ne lui est pas propre, est l’indépendance. Ardente obligation, elle doit s’exercer à l’égard de
tout pouvoir, économique, politique ou syndical et garantit ainsi,
si ce n’est l’objectivité, du moins la liberté d’expression. Elle
est un engagement à ne pas céder à une tentation mercantile ou
à une complaisance partisane. Elle impose la transparence des
sources d’information.
La deuxième exigence est de fournir aux lecteurs des informations validées par des experts et d’en dégager la signification
pour aider le médecin dans sa pratique. De plus, en ces temps
où l’information médicale circule en permanence dans les
médias destinés au public, il est nécessaire que le médecin
puisse disposer de sources sérieuses pour convaincre ses
patients lors de la prise de décision, au besoin en rectifiant des
idées reçues aux bases scientifiques imprécises ou en réfutant
des affirmations erronées qui pourraient fausser le jugement du
patient.
Pour être crédibles, les articles de la presse médicale doivent
respecter les règles de la démarche scientifique, et donc fournir aux questions traitées dans les textes des réponses claires
et précises reposant sur des faits établis soutenus par des
références vérifiables. Cela n’exclut pas, bien évidemment,
l’expression d’opinions divergentes, dès lors qu’elles sont
étayées par des faits tirés de pratiques fondées sur des preuves.
Parce que la presse médicale est un outil indispensable d’aide
à la décision, il est souhaitable, pour qu’elle joue pleinement
son rôle, que les praticiens acquièrent dès leur formation initiale l’expérience de la lecture critique. En outre, parce que
chaque médecin est appelé à devenir un jour l’auteur d’une
communication, il est fondamental qu’un enseignement de la
rédaction soit dispensé à la faculté.
* ACCA - Président d’honneur du SNPM (2, avenue du Colonnel-Bonnet, 75016
Paris).
Le succès d’une publication médicale est acquis lorsqu’elle
a su susciter l’adhésion et la confiance de ses lecteurs pour la
■
diffusion du savoir qu’ils viennent y chercher.
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La Lettre du Pharmacologue - Volume 18 - n° 1 - janvier-février-mars 2004
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