*PNEUMO FICHE 21 20/11/03 11:20 Page I Fiche technique Déclaration d’une maladie professionnelle respira N°21 Sous la responsabilité de ses auteurs Déclaration d’une maladie professionnelle respiratoire Fiche à détacher et à archiver J.P. L’Huillier1, 2, J.C. Pairon2, 3 La gestion pratique des formalités administratives concernant une maladie professionnelle respiratoire, conséquence directe de l’exposition d’un travailleur à un risque physique, chimique, biologique ou résultant des conditions d’exercice de son activité professionnelle, fait appel à de nombreuses règles qui peuvent paraître absconses au pneumologue. Un élément important à repérer initialement est le régime de protection sociale dont relève le patient : régime général de la Sécurité sociale (RGSS), régime agricole (RA), régime spécial (Mines, EDF, SNCF, RATP, etc.), Fonction publique, ou régime des travailleurs indépendants (“non salariés non agricoles” : artisans, professions libérales). À l’exception de cette dernière catégorie, pour laquelle il n’y a pas d’avantages sociaux liés à la reconnaissance du caractère professionnel d’une maladie (sauf souscription volontaire préalable d’une assurance spécifique), les différents régimes offrent des avantages sociaux qui rendent importante la déclaration de maladie professionnelle (DMP) pour un patient donné, les bénéfices étant à la fois individuels et collectifs (incitation à renforcer la prévention notamment). AVANTAGES SOCIAUX Nous focaliserons l’exposé sur les avantages médico-sociaux tenant à la reconnaissance du caractère professionnel d’une maladie respiratoire indemnisable dans le cadre du régime général de la Sécurité sociale, les autres régimes offrant de façon générale des avantages voisins. Ils consistent en la gratuité des soins concernant l’affection (y compris l’exemption du forfait journalier en cas d’hospitalisation) et le versement de prestations en espèces : indemnités journalières durant l’arrêt de travail, majorées par rapport aux indemnités “maladie” (60 % du salaire brut jusqu’au 28e jour sans délai de carence, puis 80 % à partir du 29e jour), et capital ou rente selon le taux d’incapacité permanente partielle (IPP) après consolidation : pour une IPP < 10 %, versement d’un capital d’environ 300 € par pour cent ; pour une IPP comprise entre 10 et 50 %, la rente correspond à la moitié du taux d’IPP x le salaire brut de référence ; enfin, pour une IPP > 50 %, la rente est égale à (25 % + 1,5 x [taux d’IPP - 50 %]) x le salaire brut de référence (à titre d’exemple, pour une IPP de 80 %, la rente servie est de : 25 % + 1,5 x [80 % - 50 %] = 70 % x salaire brut de référence, plafonné). Cette rente, révisable en cas d’aggravation ou d’amélioration, n’est pas imposable, peut donner droit à une demi-part supplémentaire pour le calcul de l’impôt sur le revenu si le taux de l’IPP est supérieur ou égal à 40 %, et est cumulable avec un salaire en cas de reprise d’activité, avec des indemnités de chômage ou une retraite le cas échéant ; elle n’est pas cumulable avec une rente d’invalidité “maladie” servie pour la même affection. Enfin, il existe théoriquement une protection de l’emploi ; le contrat de travail est en effet suspendu durant l’arrêt de travail, et le patient peut bénéficier d’un circuit privilégié de reclassement avec mesures incitatives renforcées pour l’employeur. PROCÉDURES ET FORMULAIRES Après avoir posé le diagnostic de maladie respiratoire professionnelle, il faut, pour aider le patient à obtenir une réparation du préjudice subi, se référer aux tableaux des maladies professionnelles du RGSS et du RA : le guide de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) est à cet égard très pré- La Lettre du Pneumologue - Volume VI - no 5 - septembre-octobre 2003 cieux, puisqu’il propose des entrées par pathologies, par nuisances et par tableaux. Les travailleurs non salariés non agricoles peuvent bénéficier non de prestations en espèces, mais de prestations en nature s’ils ont veillé à souscrire une assurance personnelle couvrant le risque “maladie professionnelle”. La déclaration de maladie professionnelle est un acte volontaire du salarié : celui-ci remplit une demande de reconnaissance au titre des maladies professionnelles (imprimé CERFA vert no 60-3950 UCANSS S 6100b : document 1), qu’il adressera à la Caisse primaire d’assurance-maladie Document 1. Imprimé (CPAM), de préférence par envoi recommandé CERFA n° 60-3950 avec accusé de réception, accompagné du certifiUCANSS S 6100b. cat médical initial, des photocopies de l’attestation d’affiliation à la Sécurité sociale, des certificats de travail correspondant aux périodes mentionnées sur le certificat médical (ou en cas de perte, des copies des bulletins de salaire), éventuellement du re levé de carrière et de l’attestation de salaire remplie par le dernier employeu en cas d’arrêt de travail. Des témoignages écrits de collègues de travail jus tifiant de leur emploi dans la même entreprise pourront être utiles pour le maladies professionnelles dont l’exposition parfois ancienne est difficile prouver (exemple : maladies induites par l’inhalation de fibres d’amiante) Le médecin traitant soutient la démarche du patient en rédigeant le certifi cat médical initial, sur lequel il doit mentionner clairement l’affection don est atteint le patient (imprimé CERFA violet n° 11138*01 - UCANSS S 6909a document 2), mais il est possible de rédiger un certificat sur papier libre) Dans tous les cas, il est recommandé d’employer les termes utilisés dans l tableau correspondant à l’affection désignée et de mentionner le numéro d ce tableau. La prescription des droits à prestations se fait par deux ans compter de la date à laquelle la victime est informée de l’existence d’un lie possible entre son affection et son activité professionnelle actuelle ou anté rieure par la remise de ce certificat médical. Le patient est ultérieuremen convoqué par la CPAM, qui diligentera une double démarche : une enquêt administrative, veillant à déterminer la réalité de l’exposition au risque, e une enquête médicale, aboutissant à une expertise par le médecin consei qui peut éventuellement s’adjoindre les services d’un médecin sapiteur. L 1. Cabinet de pneumologie, La Varenne-Saint-Hilaire. 2. Unité de pathologie professionnelle, service de pneumologie et pathologi professionnelle, centre hospitalier intercommunal, Créteil. 3. INSERM E0337, faculté de médecine, Créteil. *PNEUMO FICHE 21 20/11/03 11:20 Page II Déclaration d’une maladie professionnelle respiratoire MODALITÉS DE RECONNAISSANCE (figure 1) TABLEAU PAS DE TABLEAU Médecin conseil Critère respectés Critères non respectés Présomption d’origine CRRMP “alinéa 3” lien direct avec le travail CRRMP “alinéa 4” • IPP ≥ 25 % • Lien direct et essentiel avec le travail Maladie à caractère professionnel Figure 1. Réparation des maladies professionnelles (salariés du régime général de la Sécurité sociale). II Maladies professionnelles relevant de la présomption d’origine Lorsque le patient présente une affection figurant sur l’un des tableaux du régime général ou du régime agricole de la Sécurité sociale, si le délai de prise en charge est respecté, si l’activité professionnelle fait bien partie de la liste des travaux lorsque celle-ci est limitative, et si la durée minimale d’exposition est respectée (critère requis pour certains tableaux seulement), la présomption d’origine s’applique (article L 461-1, alinéa 2 du code de la Sécurité sociale). Document 3. Imprimé 649-03-2001. Maladies professionnelles relevant du système complémentaire Si l’affection figure bien sur l’un des tableaux, mais si l’une ou plusieurs des conditions de prise en charge mentionnées ci-dessus ne sont pas remplies (délai de prise en charge dépassé, durée d’exposition insuffisante ou emploi non mentionné dans la liste des travaux lorsque celle-ci est limitative), il y a possibilité de reconnaissance de la maladie professionnelle s’il existe un lien direct entre l’activité professionnelle et la maladie, après avis du Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP) (article L 461-1, alinéa 3 du code de la Sécurité sociale). ● Affection hors tableau : une affection peut aussi être reconnue en maladie professionnelle par le CRRMP (article L461-1, alinéa 4), avec les mêmes avantages sociaux et financiers que pour une maladie professionnelle reconnue via les tableaux, à deux conditions : l’affection doit justifier d’un taux d’IPP supérieur ou égal à 25 %, et un lien direct et essentiel entre l’activité professionnelle et la maladie doit être établi. ● Recours : en cas de refus formulé par sa CPAM, l’assuré a toujours la possibilité de déposer un recours, mais il convient de respecter le délai de deux mois qui court à partir de la date de notification de la décision de la CPAM. ● “Maladies à caractère professionnel” : lorsque l’affection n’est pas mentionnée dans un tableau et si le taux d’IPP est inférieur à 25 %, le patient relève d’une “maladie à caractère professionnel”, qui ne comporte aucun des avantages sociaux évoqués ci-dessus. L’affection est prise en charge en “assurance-maladie”, sa déclaration aide à l’extension ou à la création de nouveaux tableaux de maladies professionnelles. Elle doit, dans ce cas spécifique, être faite par le médecin (et non par l’assuré) auprès de l’Inspection médicale du travail. ● P O U R E N S A V O I R P L U S . . . ❏ “Les maladies professionnelles : guide d’accès aux tableaux du régime général et du régime agricole de la Sécurité sociale.” INRS, Paris, 2e édition, 2000. (Une nouvelle édition du guide est en cours de préparation.) ❏ Reconnaissance et indemnisation de la pathologie professionnelle respiratoire. Rev Mal Respir 2000 ; 17 : 995-1048. La Lettre du Pneumologue - Volume VI - no 5 - septembre-octobre 2003 Fiche à détacher et à archiver CPAM dispose d’un délai de trois mois, éventuellement prorogeable une fois, pour statuer sur la reconnaissance en maladie professionnelle de l’affection dont souffre le patient (positivité de l’enquête administrative et avis favorable du médecin conseil vis-à-vis de l’affection désignée dans le certificat). Lorsque la maladie professionnelle est reconnue, les soins sont gratuits pour l’affection considérée si le patient présente des volets de soins spécifiques délivrés par la CPAM. Document 2. Imprimé Toutefois, le capital CERFA n° 11138*01 ou la rente ne sont versés qu’après consolidation (il y UCANSS S 6909a. a donc lieu de rédiger un certificat de consolidation, qui précise qu’il persiste des séquelles et les décrit, sur le même imprimé violet que celui utilisé pour la DMP). La date de cette consolidation est importante puisqu’elle détermine le jour à partir duquel le capital ou la rente sont dus. Dans certains cas, par exemple celui de plaques pleurales secondaires à une exposition professionnelle à l’amiante, une date de consolidation identique à la date du certificat initial peut être proposée dès ce certificat initial, puisqu’il n’y a pas lieu de penser que des modifications significatives sont à attendre avant un long délai. S’il y a besoin de soins post-consolidation, un imprimé spécifique est à remplir, précisant le programme de soins qui sera contresigné par le médecin conseil, ce qui permettra à l’assuré de disposer de volets de soins lui assurant la gratuité de ces soins (imprimé bleu no 649-03-2001 : document 3).