Informations à l`attention des patients sur le traitement d`une tumeur

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 Informations à l’attention des patients sur le traitement d’une tumeur neuroendocrine via radiothérapie interne sélective (PRRT) par Lutetium 177‐
octreotate Le présent formulaire a pour but de vous informer de la manière la plus complète possible sur les procédures médicales, techniques et administratives liées à un traitement via radiothérapie PRRT. Une bonne compréhension de tous les aspects de cette thérapie est en effet à la base de son bon déroulement. Si vous avez encore des questions après la lecture de ce document, vous pouvez à tout moment contacter un membre du staff médical ou paramédical du service Médecine Nucléaire ou Oncologie médicale de l'Institut Jules Bordet (via le secrétariat au 02/541 32 40). Il est recommandé de parcourir ce formulaire avant de vous rendre à la consultation PRRT de l'Institut Jules Bordet (en vous entretenant éventuellement avec les médecins qui vous soignent ou votre généraliste), afin de faciliter une bonne communication entre vous et vos médecins (beaucoup d’informations étant souvent communiquées en peu de temps). Informations générales On vous a diagnostiqué une tumeur neuroendocrine qui ne peut pas être complètement retirée par voie chirurgicale. Vous avez donc déjà suivi un ou plusieurs traitements standard (dont des injections d'analogues de la somatostatine, d'interféron, une chimiothérapie ou un traitement avec une des molécules ‘biologiques’ de nouvelle génération, comme Sutent ou Afinitor). Ces premiers traitements se sont toutefois révélés inefficaces ou insuffisamment efficaces ou vous avez dû les arrêter en raison d'effets secondaires importants. Dans ce cas, vous pouvez être éligible à une nouvelle forme de radiothérapie ciblée, la PRRT (ou radiothérapie par récepteur de peptide) par Lutetium 177‐octreotate. Ce traitement est déjà disponible dans certains pays européens (comme aux Pays‐Bas, notamment à Rotterdam, où il a été mis au point) mais il n'est proposé en Belgique que depuis peu (depuis juillet 2013). Dans un récent rapport, le Conseil supérieur de la Santé a marqué son accord pour que cette thérapie soit proposée aux patients, sous une série de conditions strictes. La PRRT se fonde sur une caractéristique particulière des tumeurs neuroendocrines, à savoir la présence de récepteurs de la somatostatine au niveau de leurs membranes cellulaires. La PRRT utilise de petites molécules (des peptides; dans notre cas: l’octreotate) pour lesquelles ces récepteurs ont une affinité élevée. Un isotope radioactif est fixé sur ces molécules, dans notre cas le Lutetium 177, un radio‐isotope à émission bêta et gamma et est ensuite administré par voie intraveineuse au patient. De cette façon, l'octreotate (la molécule vectrice) attire la radioactivité tout près des cellules cancéreuses qui reçoivent ainsi une dose de radiation mortelle. Cette pratique évite au maximum l'irradiation collatérale des autres organes sensibles qui expriment moins ou pas le récepteur. Le Lutetium 177 présente l’avantage majeur d’avoir une toxicité rénale et médullaire nettement plus faible que celle de l’ancienne génération d'isotopes (comme l'Yttrium‐90). En outre, les examens d’imagerie répétés immédiatement après l'administration de la PRRT permet de mieux contrôler la répartition du Lutetium 177 dans l’organisme. Il est ainsi possible de mesurer, après chaque traitement, la quantité de rayonnement au niveau de la tumeur et des organes sensibles. 1 Efficacité de la PRRT L'irradiation de la tumeur entraînera chez plus de la moitié des patients une inhibition ou une stabilisation prolongée de la croissance tumorale. Par ailleurs, chez la majorité des patients, les symptômes caractéristiques dérangeants (e.a. diarrhée, flushing) associés à la tumeur seront très rapidement neutralisés, ce qui aura un impact particulièrement favorable sur la qualité de vie. Même si plus d’un millier de patients (surtout en Europe) ont bénéficié de la PRRT, nous ne disposons toujours pas de données exactes concernant l'efficacité de ce traitement par comparaison directe (par des ‘études cliniques randomisées’). Pour cette raison, le Conseil supérieur de la Santé a décidé de n'autoriser la PRRT qu'en cas de résistance ou d'intolérance aux autres outils thérapeutiques, conformément aux directives en la matière de quelques‐unes des principales organisations européennes de lutte contre le cancer (dont l’ESMO). En vue de développer les connaissances dans le domaine de la PRRT, l’ensemble des données et des résultats de tous les traitements PRRT effectués en Belgique devra être minutieusement sauvegardé dans des banques de données. Ces informations sont recueillies de manière complètement anonyme conformément à la loi relative à la protection des données personnelles. Vous devez cependant nous fournir, à cette fin, une autorisation formelle, en signant ce formulaire. Effets secondaires possibles de la PRRT Bien que la liste des effets secondaires possibles soit longue, la fréquence des effets secondaires graves est très faible. À l'hôpital Erasmus MC de Rotterdam, plus de 500 personnes ont déjà été traitées avec le Lu177‐octreotate. Des effets secondaires graves ont été constatés à plus long terme chez seulement environ 1 % des patients. Voici une liste des effets secondaires possibles (Source: site Web Hôpital Erasmus Rotterdam/PRRT). Effets secondaires à court terme qui apparaissent pendant ou juste après le traitement et qui sont temporaires : • Fatigue • Nausées (25% des traitements) • Vomissement (10% des traitements) • Douleur (10% des patients) • Alopécie (65%). Elle est le plus souvent légère et les cheveux repoussent après la fin du traitement. Il n’y a pas de calvitie totale, comme c’est souvent le cas avec la chimiothérapie. • Chez certains patients ayant des tumeurs qui produisent un très grand nombre d'hormones avant le traitement, les effets secondaires d’origine hormonale ont considérablement augmenté juste après le traitement. Dans ce cas, une hospitalisation prolongée peut être nécessaire. Une normalisation complète à court terme est la règle en cas de traitement approprié. • Une baisse temporaire, souvent minime, du nombre de cellules sanguines. Une baisse plus importante du nombre de cellules sanguines, pouvant nécessiter de différer momentanément un traitement planifié, apparaît après environ 5 % des traitements. 2 Des effets secondaires plus graves (observés chez 1% des patients) peuvent être observés à long terme : Fonction rénale: Une détérioration grave de la fonction rénale peut se produire, surtout chez des patients dont la fonction rénale est déjà diminuée ou qui souffrent de maladies pouvant diminuer la fonction rénale (hypertension, diabète). Fonction hépatique: Une détérioration grave de la fonction hépatique peut être observée chez des patients ayant un foie très largement atteint par la tumeur ou une maladie hépatique (cirrhose du foie). Moelle osseuse: Syndrome myélodysplasique. Cette maladie grave est généralement annonciatrice de leucémie (cancer du sang). Ce risque ne concerne que les patients présentant déjà une altération de la fonction médullaire (par exemple, après plusieurs cures de chimiothérapie) ou souffrant d’une invasion médullaire maligne étendue et généralisée. La PRRT en pratique Quatre administrations (‘cycles’) sont généralement planifiées, avec une pause de 8 à 11 semaines. Si vous réagissez bien au traitement et si les mesures des doses d’irradiation et de la toxicité au niveau des reins et de la moelle osseuse le permettent, un ou plusieurs cycles peuvent toutefois être ajoutés. Par contre, si vous présentez dès le premier cycle des effets secondaires importants, il peut être décidé de diminuer le nombre de cycles ou de n’administrer que la moitié de la dose. Vous comprenez que le calcul exact des doses d’irradiation sur la tumeur, mais également sur les organes vitaux risquant des lésions d’irradiation (en particulier les reins et la moelle osseuse) est un aspect important du traitement, étant donné que cette mesure déterminera également le nombre de cycles pouvant être administrés. C'est pourquoi nous devons effectuer une série d'examens avant, pendant et après l'administration du médicament. Il s’agit de prises de sang et de divers examens d’imagerie (SPECT et PET) que nous détaillerons ci‐dessous. Quels examens sont nécessaires avant de vous rendre à la consultation PRRT ? - Une consultation chez votre oncologue médical (avec une copie du résumé de vos antécédents médicaux pertinents). Il est important que votre oncologue constate, de manière objective, une progression de la maladie, soit au niveau clinique (augmentation des symptômes typiques), au niveau biologique (augmentation du marqueur tumoral) ou au niveau des examens d’imagerie (croissance tumorale sur le scanner ou l'IRM). En principe, une maladie stable n’est pas traitée par PRRT. - Une prise de sang générale : surtout la fonction médullaire, hépatique et rénale. Pour la fonction rénale, une valeur supérieure à 50 ml/min (GFR/TFG) est requise. - Une attestation d'une Consultation Oncologique Multidisciplinaire (délivrée par l'hôpital dont relève le médecin qui vous soigne) qui établit explicitement que vous êtes éligible à une PRRT. Cette attestation peut également être obtenue à l'Institut Jules Bordet mais il est certainement recommandé d’être déjà en possession de cette attestation avant de vous rendre à la consultation PRRT, afin d’accélérer le lancement de la procédure administrative (e.a. l'obtention de l'accord pour le remboursement par les organismes assureurs concernés). - Un octreoScan SPECT‐CT ou (de préférence) un Gallium‐68 octreotate PET‐CT: ce scanner doit montrer une augmentation considérable du nombre des récepteurs de la somatostatine (on parle également d' ‘expression accrue du récepteur’). En principe, l'intensité de l'expression doit être supérieure à l'activité mesurée au niveau du tissu hépatique normal. 3 Consultation PRRT Institut Jules Bordet Il s’agit d’une consultation combinée Oncologie digestive / Médecine Nucléaire, en présence des deux médecins‐spécialistes, qui se déroule le mardi matin au deuxième étage (locaux 24/25). Pour prendre rendez‐vous, vous pouvez contacter le secrétariat au 02/541 32 40. Pour le bon déroulement de cette consultation, tous les éléments du dossier mentionnés ci‐dessus doivent être disponibles. Un coordinateur PRRT (infirmier ou technologue spécialisé) ainsi qu'un médecin‐chercheur spécialiste assistent également à cette consultation. Ils veilleront à ce que tout se déroule bien d'un point de vue pratique et administratif. Ils sont, en principe, à tout moment joignables pendant les heures de bureau (numéro de téléphone: 02/541 32 40) et ils seront votre premier point de contact si vous avez des questions, pour planifier les examens ou en cas de problèmes administratifs divers. Examens supplémentaires (ceux‐ci sont normalement effectués à l'Institut Jules Bordet et demandés pendant la consultation PRRT): - Une détermination de la fonction rénale Cr51‐EDTA, éventuellement en association avec une scintigraphie rénale dynamique (MAG3) - Un Ga68‐octreoPET (si celui‐ci n'avait pas encore été effectué) - Un FDG PET‐CT (pour connaître l'agressivité de la tumeur, la différencier et établir le pronostic de la maladie) - Une IRM ou un CT scan ciblé des plus importants foyers tumoraux afin de déterminer avec précision les dimensions des tumeurs, pour le suivi ultérieur et la mise au point de la réponse. Pour ces examens, des produits de contraste iodés intraveineux sont utilisés : si vous êtes allergique ou intolérant(e) à ces produits, n’oubliez pas de nous le signaler. Votre dossier, complété par les résultats de ces examens, est à nouveau présenté à un Conseil Oncologique Multidisciplinaire du groupe Oncologie digestive de l'Institut Jules Bordet (qui se réunit chaque vendredi après‐midi et qui regroupe tous les médecins‐spécialistes et le personnel paramédical concerné). À ce moment‐là, l'accord final pour la PRRT est formulé et le calendrier du premier cycle est déterminé. La PRRT en pratique Le traitement est administré dans une chambre d'isolement spécialement conçue pour éviter une contamination radioactive et protéger le personnel, le public et l'environnement. Vous y resterez normalement 24 heures. Pendant l’administration du traitement, trois personnes seront présentes dans la chambre: le médecin nucléaire que vous avez déjà rencontré lors de la consultation, le radio‐
physicien responsable et l'infirmière de salle (étage B1). Deux perfusions périphériques seront mises en place, au niveau des deux plis de coude (si un dispositif PaC a déjà été implanté, il est également possible de l'utiliser pour la perfusion). Un mélange d'acides aminés sera administré dans un bras. Le but est de réduire fortement l'irradiation des reins. Il sera administré 30 minutes avant le début de l'administration du Lutetium 177‐
octreotate. La perfusion dure entre 4 et 6 heures au total. Comme l’administration d’acides aminés s'accompagne parfois de malaises et de vomissements, des médicaments appropriés sont administrés préventivement par perfusion également. Le Lutetium 177‐octreotate est administré par perfusion dans l'autre bras. Cela prend environ 20 minutes (le plus souvent vers midi). Cette perfusion est ensuite enlevée. Peu de temps après l'injection du Lu 177‐octreotate, dont vous ne remarquerez en principe pas les effets, une prise de sang sera effectuée. Vers la fin de l'après‐midi (vers 16h‐17h), vous serez transféré(e) vers le service Médecine Nucléaire pour effectuer un premier examen d’imagerie. Le Lutetium 177 émet en effet aussi des rayons gamma qui peuvent être captés à l'aide de gamma‐caméras. 4 L’examen SPECT‐CT dure environ une heure, après quoi vous êtes reconduit(e) dans votre chambre. À ce moment‐là, une deuxième prise de sang est effectuée au niveau du bras droit via la perfusion existante. Le lendemain matin, les mêmes examens d’imagerie (sans injections supplémentaires) sont à nouveau réalisés, de même qu’une prise de sang (via la perfusion). Vous êtes alors également vu(e) et rapidement examiné(e) par le médecin spécialiste. Si aucun problème ne se présente, vous pouvez ensuite quitter l'hôpital (après que le radiophysicien a mesuré la radioactivité résiduelle). Il vous donnera également des consignes pour protéger vos proches pendant les 2 semaines suivant l'administration. Suivi ultérieur - Après une semaine (le jour 7 ou 8), vous devez à nouveau vous présenter à l'hôpital au service Médecine Nucléaire et le même examen d’imagerie sera réalisé (SPECT‐CT). Puis, vous êtes vu(e) et examiné(e) à la consultation de Médecine Nucléaire. - Prise de sang de contrôle (surtout les fonctions rénales et médullaires) après un mois. Et ensuite, en fonction des résultats et des risques spécifiques. - La réponse de la tumeur après la PRRT est évaluée à l'aide d'un scanner ou d'une IRM, environ deux semaines avant le début du cycle suivant. Si le FDG PET‐CT était positif avant le début du traitement, celui‐ci est également répété. Votre oncologue référant et le médecin de famille reçoivent, après chaque cycle, un rapport détaillé. Questions concernant le remboursement de la PRRT Pour l'instant, l'INAMI n'a pas encore prévu de rembourser le médicament Lutetium 177‐octreotate. C'est pourquoi il est très important d'adresser en temps utile les demandes d’intervention financière au médecin‐conseil de votre mutualité et de votre éventuelle assurance maladie ou assurance hospitalisation complémentaire. Plusieurs semaines sont parfois nécessaires pour obtenir leur accord. Le coordinateur PRRT et le secrétariat de Médecine nucléaire vous aideront afin que les procédures administratives se déroulent le plus rapidement possible. Médecin responsable: Prof. Dr Patrick Flamen, Chef de Service Médecine Nucléaire. Si malgré tout, il persiste des doutes et des questions, nous restons à votre disposition pour y répondre. Mme Marie‐Noëlle Gheeraert M. Pauwel Thijs Technologue/Coordinatrice de soins Technologue/Coordinateur de soins Tél. : 02/541 37 71 Tél. : 02/541 37 71 E‐mail: [email protected] E‐mail: [email protected] Prof. Patrick Flamen Dr Alain Hendlisz Chef de Service Médecine Nucléaire Oncologie Digestive Tél. : 02/541 32 40 Tél. : 02/541 31 96 E‐mail: [email protected] E‐mail: [email protected] 5 
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