Un « nouveau » concept : la scanxiety

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Un « nouveau » concept : la scanxiety
Mis à jour le 09/12/2016 par SFR
Mickaël Ohana, Société d'Imagerie Thoracique (SIT)
Le stress est un facteur de risque majeur de la dégradation de la qualité de vie chez les patients cancéreux, et serait aussi associé à une survie
diminuée. Dans les nombreuses étapes qui jalonnent la prise en charge d’un patient cancéreux, les examens d’imagerie sont, par le caractère
souvent binaire de leurs résultats, une source majeure d’anxiété et de stress. Cette évidence a récemment été dénommée « scanxiety » ; déjà
décrite pour les programmes de dépistage (mammographie tout particulièrement), elle n’avait pas encore été étudiée chez les patients cancéreux en
cours de traitement.
C ’est l’objectif de l’étude intitulée « Scan-associated distress in lung cancer : Quantifying the impact of “scanxiety” » publiée par Bauml et al. dans
Lung Cancer en août 2016 (1). Portant sur 144 patients en cours de traitement pour un cancer pulmonaire non à petites cellules métastatiques ou en
rechute, elle visait à quantifier le niveau de stress associé à l’examen d’imagerie, et à le relier à la qualité de vie, des paramètres démographiques
et des critères cliniques. Sur les 103 personnes ayant finalement complété les questionnaires, il en ressort que la « scanxiety » était ressentie de
manière plus ou moins marquée par 83 % des patients. Aucune variable clinique ou démographique n’était significativement associée à cette anxiété,
même s’il semblerait qu’elle soit plus sévère chez les femmes, les non-fumeurs et les CSP supérieures. Le fait d’avoir une consultation le même jour
n’augmentait pas cette anxiété. Par contre, une qualité de vie jugée comme moins bonne sur le versant « émotionnel » de l’échelle d’évaluation était
significativement associée à une anxiété plus sévère.
Que tirer de cette étude descriptive ? Pas grand-chose à première vue, puisqu’en dehors de placer un néologisme sur une vérité connue de tous, elle
n’apporte aucune description permettant de mieux cibler les patients à risque, et ne s’intéresse aucunement au rôle du radiologue et du service
d’imagerie. Cependant, son mérite est justement de poser le problème et de soulever de nombreuses questions : comment l’imagerie en général
(radiologue, manipulateur, machines) peut agir pour diminuer cette « scanxiety » ? Est-elle suffisamment prise en compte aujourd’hui ? A-t-elle un
impact sur la qualité des images ? Si l’expérience permet de répondre instinctivement à la plupart de ces interrogations, des études complémentaires
restent souhaitables.
Référence :
1. Bauml J et al. Scan-associated distress in lung cancer: Quantifying the impact of “scanxiety”. Lung Cancer, 100, 110-113.
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