ÉVÈNEMENT Pr. Abdelkarim Radaoui, à Santé Mag: "La détection par PCR (Polymerase Chain Réaction) en temps réel, est un outil incontournable dans le diagnostic biologique de la coqueluche" Propos recueillis par Tanina Ait chaque jour, sont épuisantes, pour l’enfant. La période des quintes dure, environ, 2 à 4 semaines. Le diagnostic doit être évoqué rapidement, devant une toux en quinte, qui ne cède pas sous traitement. La coqueluche est une infection bactérienne très contagieuse, qui touche les enfants et les bébés; notamment, ceux qui ne sont pas vaccinés. Cependant, les adultes et les adolescents, qui n’ont pas reçu de rappel, peuvent être touchés, également, par cette pathologie, dont les symptômes sont similaires à ceux observés chez le nourrisson; mais, ils sont moins sévères et la toux n'est pas, toujours, aussi caractéristique. Une rhinopharyngite précède, souvent, l'apparition des premières manifestations de la coqueluche. Le Professeur Abdedkarim Radaoui nous en dit plus sur cette maladie, qui peut, par moments, s’avérer grave. Santé Mag: Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est la coqueluche ? Pr A. Radaoui: La coqueluche est une maladie très contagieuse, transmise par une bactérie appelée «Bordetella Pertussis». La maladie se propage dans l'air, quand le malade tousse, ou éternue. Malgré la couverture vaccinale élevée, la coqueluche reste un problème de santé publique, en Algérie. Elle est grave chez les nouveau-nés et les nourrissons qui, dans la majorité des cas, sont contaminés par l’entourage; essentiellement les parents, ou les frères et sœurs. Comment reconnaître les signes cliniques de la coqueluche? 12 Santé-MAG N°26 - Janvier 2014 Les symptômes apparaissent entre 6 et 21 jours (moyenne 7-10), après l'exposition. Souvent, la maladie débute par une simple rhinopharyngite; ce qui complique le diagnostic, car les rhinopharyngites sont fréquentes, chez l’enfant. La maladie débute par une toux, qui devient de plus en plus fréquente, et survient par des quintes violentes; quelquefois, accompagnées de vomissements et qui mettent du temps à se calmer. Ce sont les quintes de toux, qui orientent les médecins vers la coqueluche. Les quintes de toux sont des accès répétitifs de toux, qui se terminent par une reprise de l'inspiration bruyante, qui est, souvent, comparée «au chant du coq»; d'où le nom de coqueluche. Ces quintes, qui peuvent atteindre le nombre de 20 Comment expliquer que la maladie se manifeste, souvent, malgré la vaccination des bébés? Selon le calendrier vaccinal algérien, la vaccination de la coqueluche s’étale sur trois injections à 3, 4 et 5 mois et un rappel à 18 mois; mais, elle ne confère une immunité correcte que vers 4 à 6 mois. C’est pour cette raison que la coqueluche touche les nourrissons les plus jeunes, non complètement vaccinés. Le vaccin anticoquelucheux est très efficace, mais la protection, qu’il confère, n’excède pas une dizaine d’années. Les adolescents et les adultes ne sont plus protégés contre cette maladie. Certains pays, comme le cas de la France, recommandent de faire un rappel vaccinal, chez les adolescents, entre 11 et 13 ans. Les adultes, qui n’ont pas reçu de rappel, représentent un réservoir important de la maladie et une source importante de transmission de l'infection aux nourrissons non complètement vaccinés. La maladie est-elle bien diagnostiquée, en Algérie? La coqueluche est sous-diagnostiquée, en Algérie, en raison de l’absence des moyens de confirmation diagnostique. Le diagnostic peut se faire par des pré- ÉVÈNEMENT lèvements au niveau des fosses nasales et une prise de sang, qui sont adressés au laboratoire de microbiologie de l’Institut Pasteur d’Alger. L’extraction de l’ADN et la détection par PCR (Polymerase Chain Réaction), en temps réel, est un outil incontournable, dans le diagnostic biologique de la coqueluche. La culture est beaucoup moins sensible; cependant, elle reste la technique de référence, car elle permet d’étudier les souches circulantes. La sérologie garde son intérêt, particulièrement chez les sujets présentant une toux de plus de 21 jours; notamment, les adolescents et les adultes. Quelles sont les complications, liées à cette pathologie? Cette maladie peut être particulièrement sérieuse, chez les bébés de moins de 6 mois. Le nourrisson respire difficilement entre deux quintes et il peut s'asphyxier et s’étouffer; parfois, même, il peut convulser. Les vomissements sont si fréquents que l'enfant ne prend plus de poids et se déshydrate. Autre risque: une surinfection responsable d’une pneumonie. Les adultes sont, rarement, victimes de complications liées à la coqueluche, à l'exception de personnes âgées, ou de ceux dont la santé est, déjà, plus fragile. Quelles sont les recommandations, afin éviter la propagation de cette maladie, lorsqu’elle est diagnostiquée chez un sujet? Normalement, les malades doivent être isolés le plus possible, afin de prévenir toute contamination; et ce, jusqu’à 5 jours après le début du traitement. L’entourage doit être traité préventivement par antibiotiques (macrolides), pour une durée de 5 à 10 jours, afin d’éviter la transmission de la maladie. La vaccination très précoce, à l’âge de 2 mois et le rappel vaccinal, chez les jeunes adultes, sont à évaluer, pour une meilleure protection des très jeunes nourrissons * Professeur Abdelkarim Radoui, Chef de service de pneumologie et d'allergologie pédiatriques. EHS Pédiatrique, Canastel – Oran. Troubles digestifs, chez le nourrisson: Jusqu’à 50% des bébés en souffrent Par Rania Hamdi 20 et 25% des nouveau-nés souffrent, automatiquement, de coliques et jusqu’à 50% de reflux gastro-œsophagiens. Ce sont, généralement, des troubles bénins, qui disparaissent avec la diversification alimentaire et la position verticale. Le Professeur Zakia Arrada, pédiatre et chef de service de néonatologie au CHU Nafissa Hamoud, anciennement appelé Parnet, a fait un long exposé sur les troubles digestifs chez le nourrisson, lors d’une journée d’étude, organisée à Alger. D’emblée, la spécialiste a rassuré, en certifiant que ce sont là, généralement, des troubles bénins, sans retentissement significatif, sur la santé du bébé. Il n’en demeure pas moins qu’ils doivent être pris au sérieux, dès lors qu’ils occasionnent des désagréments pour le nouveau-né (douleurs abdominales, difficultés à dormir et se nourrir…) et incommode la vie des parents. Elle a affirmé que 20 et 25% des nouveau-nés souffrent, automatiquement, de coliques, jusqu’à huit semaines après la naissance. «La physiopathologie est non élucidée, car multifactorielle» a-telle souligné. La pathologie peut être provoquée par une intolérance au lactose, ou à une dysmotricité intestinale (taux de motiline élevé). Les coliques sont associées, dans 30% des cas, à des gaz et dans 10% des situations constatées, à une distension abdominale. «L’aérophagie est favorisée par la répétition des succionsdéglutitions rapides, notamment chez le nourrisson goulu» a poursuivi la pédiatre. Elle a, de ce fait, conseillé aux mamans de ne pas s’alarmer, outre-mesure, devant la manifestation de ces troubles et de continuer à allaiter le bébé, afin de lui donner «une alimentation saine et une protection contre les différentes maladies», au moins durant les six premiers mois de sa vie; soit, avant l’entame de la diversification alimentaire. «Il ne faut pas recourir à l'allaitement artificiel, sous prétexte d'avoir subi une césarienne (entre 10 à 20 % des naissances). Cette Pr. Z. Arrada opération n'entrave en rien l'allaitement naturel et ne constitue aucune menace pour la mère» a-t-elle continué. Le Professeur Arrada a abordé, ensuite, les reflux gastro-œsophagiens (RGO), qui sont, aussi, à priori, sans gravité, jusqu’à l’âge de 4 à six mois. D’ailleurs, jusqu’à 50% des bébés en souffrent, selon la praticienne. «Les régurgitations se traduisent par une extériorisation, sans effort, par la bouche, du contenu de l’estomac; et ce, plus de 3 fois par jour. Le reflux gastro-oesophagien (RGO) est un phénomène physiologique et fréquent. Le plus souvent, il est fonctionnel et multifactoriel. Un RGO devient pathologique, lorsqu’il est responsable de symptômes gênants, ou de complications», a-t-elle expliqué. En clair, le Professeur Arrada a bien spécifié que le reflux, les vomissements et les gaz sont essentiellement induits par une mauvaise manière de donner le sein au nourrisson. «Il n’y a, en général, aucune indication thérapeutique. Les médecins donnent des explications aux parents et les rassurent. Les symptômes disparaissent, le plus souvent, avec la diversification et la position debout. Parfois, il faut donner des épaississants», a-t-elle soutenu. La prescription d’examens complémentaires n’est, donc, pas nécessaire. Les signes cliniques permettent, habituellement, de préciser l’étiologie des vomissements. Une exploration plus affinée sera recommandée, en fonction de l’orientation diagnostique. En pratique, il faut distinguer les vomissements aigus, des vomissements chroniques. Il n’en demeure pas moins que si ces vomissements sont abondants et fréquents et sont associés à d’autres signes cliniques (stries de sang, douleurs, dénutrition), il convient de s’inquiéter et d’emmener le nourrisson, en urgence, en consultation, chez un spécialiste. Le fait est, certes, rare; mais, il peut s’agir d’un mérycisme, qui se manifeste par une remontée volontaire, ou automatique, d’aliments dans la bouche, suivie de leur redéglutition. Il s’agît-là, d’un trouble grave du comportement N°26 - Janvier 2014 Santé-MAG 13