République Algérienne Démocratique et Populaire Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique Université Des Sciences et de la Technologie d’Oran Mohamed Boudiaf ---------------------------------------------------------------- Faculté de Génie Electrique Département de Génie Electrique Thèse en Vue de l’Obtention du Diplôme de D oct orat Es -s ci ence Spécialité : Electrotechnique Option : Matériaux en génie électrique Présentée par : Mohamed MANKOUR Intitulé de la thèse : Modélisation numérique d’une décharge luminescente à la pression atmosphérique Soutenu le, - - 2013 , devant le jury composé de : Président : Hamid Azzedine Professeur (U.S.T.O. Oran) Rapporteur : Belarbi Ahmed Wahid Professeur (U.S.T.O. Oran) Examinateur : Hennad Ali Professeur (U.S.T.O. Oran) Examinateur : Mahi Djillali Professeur (U. A. T. Laghouat) Examinateur : Tilmatine Amar. Professeur (U.S.B.A.) Examinateur : Belmadani Bachir. Professeur (U.H.B. Chlef) Remerciements Remerciements Au terme de ce travail, je tiens à remercier tout ce qui y ont collaboré, directement ou indirectement lors de mes années de recherche. Je tiens tout particulièrement à remercier Monsieur Belarbi Ahmed Wahid, professeur à l’université des sciences et de la technologie d’Oran, Faculté de génie électrique, département d’Electrotechnique, promoteur de cette thèse de doctorat et dont les idées, les conseils, les critiques, mais aussi les encouragements, m’ont été une aide précieuse. Il a fait beaucoup plus de son devoir comme directeur de thèse et c’est pourquoi il a ma reconnaissance la plus profonde. Je remercie également monsieur Hamed Azzedine, professeur à l’université des sciences et de la technologie d’Oran, Faculté génie électrique, département d’Electrotechnique, qui m’a fait l’honneur de présider mon jury de thèse. Pour leur participation à l’évaluation scientifique de ces travaux, je tiens également à remercier Messieurs, Hennad Ali, professeur à l’université des sciences et de la technologie d’Oran, Faculté génie électrique, département d’Electrotechnique, Mahi Djellali professeur à l’université de Ammar Telidji de Laghouat, Tilmatine Amar., professeur à l’université Djilali Liabes de Sidi Bel Abbès, Belmadani Bachir., professeur à l’université Hassiba Benbouali de Chlef, et, en tant que membres dans le jury. Je les remercie aussi pour l’intérêt qu’ils ont porté à ce travail en acceptant de le juger. Enfin, je remercie ma famille et en particulier mes parents et ma femme qui m’ont offert toutes les conditions nécessaires afin que je puisse devenir ce que je suis. Ma reconnaissance envers eux est inexprimable. Mohamed Mankour Résumé Résumé De nos jours, Les décharges contrôlées par barrière diélectrique (DBD) dans les gaz suscitent un regain d’intérêt qui tient à leurs applications potentielles déjà mises en œuvre au laboratoire et dans l’industrie. Les progrès réalisés simultanément dans la modélisation numérique et dans les techniques de caractérisation expérimentale rendent plus aisé la maîtrise des décharges électriques. Le travail présenté concerne la modélisation numérique d’une décharge luminescente contrôlée par barrière diélectrique. La décharge est obtenue, dans l'hélium sous excitation basse fréquence (quelques kHz), entre deux électrodes planes, parallèles et isolées par un diélectrique. Cette modélisation, dite ‘fluide’, est effectuée dans le cadre de l'approximation du champ électrique local et est monodimensionnelle et auto-cohérente. Les densités des différentes particules (chargées ou excitées) prises en compte sont alors décrites par l'équation de convection-diffusion. La résolution de ces deux dernières équations a été couplée à celle des équations du circuit électrique d'alimentation de la décharge (circuit électrique équivalent). Après une étape de validation du modèle ainsi développé, une mise en évidence de l'existence, à la pression atmosphérique, d'un régime luminescent identique à celui habituellement obtenu à basse pression. L'étude de la variation spatio-temporelle du champ électrique et des densités de particules obtenue par le modèle a permis d'améliorer la compréhension des phénomènes physiques gouvernant le fonctionnement de la décharge de son amorçage à son extinction. Mots-clés : Décharge luminescente à la pression atmosphérique, Barrière diélectrique, Modèle Fluide, Equation de convection-diffusion, Equation de Poisson. Table des matières Table des matières Liste des symboles ___________________________________________________________ i Liste des figures ____________________________________________________________ vi Liste des tableaux _________________________________________________________ viii Introduction générale ________________________________________________________ 1 Chapitre 1 Généralités sur les décharges électriques 1.1 Introduction ____________________________________________________________ 6 1.2 Plasmas froids _______________________________________________________ 6 1.2.1 Qu’est ce qu’un plasma froid ? ______________________________________ 7 1.3 Grandeurs caractéristiques du plasma _____________________________________ 9 1.3.1 Densités des espèces ______________________________________________ 9 1.3.2 Taux d’ionisation, de dissociation, d’excitation _________________________ 9 1.3.3 Potentiel plasma ________________________________________________ 10 1.3.4 Fréquence plasma _______________________________________________ 10 1.3.5 Longueur de Debye______________________________________________ 10 1.3.6 Longueur de Landau _____________________________________________ 11 1.3.7 Classification des plasmas ________________________________________ 11 1.4 Specificités de la pression atmosphérique _________________________________ 12 1.5 Décharges contrôlées par barrières diélectriques ____________________________ 12 Principe ___________________________________________________________ 13 1.5.1 Configurations typiques de DBD ___________________________________ 14 1.5.2 Décharge filamentaire en régime DBD_______________________________ 15 1.5.3 Claquage de type Townsend : Décharge Luminescente __________________ 17 Principe ___________________________________________________________ 17 1.6 Décharge Luminescente à la Pression Atmosphérique (DLPA) ________________ 18 1.6.1 Région cathodique et lueur négative _________________________________ 22 Table des matières 1.6.2 Espace sombre de faraday_________________________________________ 23 1.6.3 Colonne positive ________________________________________________ 24 1.6.4 Région anodique ________________________________________________ 24 1.6.5 Différents régimes luminescents ____________________________________ 24 1.7 Caractéristiques électriques ____________________________________________ 25 1.8 Les Applications Décharges contrôlées par barrières diélectriques _____________ 27 1.8.1 Activation de surface ____________________________________________ 27 1.8.2 Dépôt de couches minces _________________________________________ 28 1.8.3 Gravure et Nettoyage ____________________________________________ 29 1.8.4 Stérilisation ____________________________________________________ 29 1.8.5 Traitement des polluants gazeux ___________________________________ 30 1.8.6 Plasma au conquêt du textile ______________________________________ 30 1.8.7 Nitruration_____________________________________________________ 30 1.8.8 Panneaux à plasma ______________________________________________ 31 1.8.9 Modifications de surfaces de polymères par plasma ____________________ 31 1.9 Conclusion _________________________________________________________ 32 Chapitre 2 Modélisation des décharges électriques 2.1 Introduction ________________________________________________________ 34 2.2 Modèle physique ____________________________________________________ 34 2.2.1 Equation de Boltzmann et modèle auto-cohérent 34 2.2.2 Approche microscopique _________________________________________ 36 2.2.3. Approche macroscopique – Modèles fluides __________________________ 36 2.3 Modèle fluide à trois moments__________________________________________ 40 2.4 Modèle fluide à deux moments _________________________________________ 41 2.5 Modèle utilisé_______________________________________________________ 42 2.5.1 Equation de continuité (convection-diffusion) _________________________ 42 2.5.1.1 Approximation du champ électrique local ________________________ 42 2.5.1.2 Equation de convection-diffusion des électrons ___________________ 43 2.5.1.3 Equation de convection-diffusion des ions _______________________ 43 Table des matières 2.5.1.4 Equation des particules excitées _______________________________ 44 2.5.1.5 Equation de Poisson ________________________________________ 44 2.6 Transport des particules _______________________________________________ 44 2.7 Conditions aux limites _______________________________________________ 45 2.7.1 Flux de particules sur les parois ____________________________________ 45 2.7.2 Emission secondaire ____________________________________________ 46 2.7.3 Charge des diélectriques _________________________________________ 46 2.8 Méthode numérique __________________________________________________ 48 2.8.1 Méthodes numériques pour la résolution du système transport/Poisson _____ 48 2.8.1.1 Intégration explicite _________________________________________ 48 2.8.2 Intégration semi-implicite basé sur le schéma exponentiel _______________ 48 2.9 Réactions et termes sources des équations de transport _______________________ 49 2.9.1 Cas simple dans l’hélium pur ______________________________________ 49 2.9.2 Cas hélium/impuretés ____________________________________________ 50 2.9.2.1 Réactions prises en compte ___________________________________ 50 2.9.2.2 Ionisations Penning _________________________________________ 50 2.9.2.3 Ionisations Stepwise ________________________________________ 50 2.9.2.4 Recombinaisons radiatives ___________________________________ 50 2.9.3 Termes sources des particules______________________________________ 50 2.9.4 Termes sources des particules excitées _______________________________ 51 2.10 Hélium avec ou sans impuretés ________________________________________ 51 2.10.1 Hélium pur ___________________________________________________ 51 2.10.2 Bilan des réactions _____________________________________________ 54 2.11 Conclusion ________________________________________________________ 56 Chapitre 3 Résultats et discussions 3.1 Introduction ________________________________________________________ 58 3.2 Modèle du circuit électrique équivalent ___________________________________ 59 3.2.1 Caractéristiques électriques de la décharge ___________________________ 59 Table des matières 3.2.1.1 Circuit électrique équivalent de la cellule de décharge ______________ 59 3.2.1.2 Calcul des grandeurs électriques internes de la DLPA ______________ 63 3.2.2 Caractéristiques électriques et physiques de la décharge _________________ 64 3.2.2.1 Evolution des caractéristiques électriques de la décharge sur une période de la tension appliquée ____________________________________________ 64 3.2.2.2 Test de validation __________________________________________ 68 3.3 Modélisation des équations de transport __________________________________ 71 3.3.1 Modèle des équations ___________________________________________ 71 3.3.1.1 Equation de transport _______________________________________ 71 3.3.2 Modèle numérique ______________________________________________ 74 3.3.2.1 Equation de Sharfetter et Gummel______________________________ 74 3.3.3 Données du modèle______________________________________________ 75 3.3.4 Conditions aux limites ___________________________________________ 77 3.3.5 Présentation des résultats de la simulation ____________________________ 77 3.3.5.1 Variations spatio-temporelles _________________________________ 78 3.3.5.2 Prise en compte de la variation du temps pendant la décharge ________ 80 3.4 Conclusion _________________________________________________________ 89 Chapitre 4 Influence des paramètres de la décharge 4.1 Introduction ___________________________________________________________ 91 4.2 Définition des caractéristiques électriques ____________________________________ 91 4.2.1 Courant de décharge _______________________________________________ 91 4.2.2 Tension gaz _______________________________________________________ 92 4.3 Influences des paramètres ________________________________________________ 92 4.3.1 Fréquence d’excitation ______________________________________________ 92 4.3.2 Effet de la tension appliquée __________________________________________ 94 4.3.3 Effet de la distance inter électrode _____________________________________ 97 4.3.4 Effet de la pression du gaz ___________________________________________ 99 4.3.5 Influence de l’émission secondaire par impact ionique ____________________ 101 4.4 Conclusion ___________________________________________________________ 105 Table des matières Conclusion générale _______________________________________________________ 106 Bibliographie ____________________________________________________________ 109 Annexe A1 ______________________________________________________________ 115 Annexe A2 ______________________________________________________________ 118 Liste des Symboles Liste des symboles n : Densité du plasma. ne 0 : Nombre d’électrons libres par unité de volume. n p0 : Nombre d’ions positifs par unité de volume. N : Nombre de neutres par unité de volume. Te : Température électronique. Tg : Température du gaz. ( p.d ) : Pression x distances inter électrodes. C ds : Capacité des diélectriques. Va : Tension appliquée Vg : Tension gaz V ds : Tension de diélectrique. : Premier coefficient d’ionisation de Townsend, : Deuxième coefficient d’ionisation de Townsend. fz : Fonction de distribution de l’espèce x ne(z, t) ni(z, t) nm(z, t) Se(z, t) Si(z, t) Sk(z, t) we(z, t) wi(z, t) : Densité électronique. : Densité ionique. : Densité de métastable. : Terme source des électrons. : Terme source des ions. : Terme source des métastables. : Vitesse de dérive électronique : Vitesse de dérive ionique e : Mobilité électronique : Mobilité ionique i Liste des Symboles : Mobilité de métastable De(z, t) Di(z, t) Dk(z, t) e : Coefficient de diffusion électronique. : Coefficient de diffusion ionique. : Coefficient de diffusion métastable. : Charge de l’électron. 0 : Permittivité du vide. Vthk : Vitesse d’agitation thermique. e : Flux électronique. k : Flux des ions à la cathode. x : Flux des particules excitées (métastables). x : Coefficient d’émission secondaire des ions. k : Coefficient d’émission secondaire des différentes particules excitées. n0 nm np Kem Kpm : Fréquence d’ionisation. : Taux de réaction. : Densité neutre. : Densité métastable. : Densité d’impureté. : Taux d’ionisation (stepwise) . : Taux d’ionisation Penning. : Densité de charge. E V Z T : Champ électrique. : Potentiel électrique : Epaisseur de l’intervalle gazeux : Température du gaz Abréviations DLPA : Décharge Luminescente à la Pression Atmosphérique DBD : Décharge à barrière diélectrique. ii Liste des figures Liste des figures Figure 1.1 : Température électronique des principaux types de plasma en fonction de leurs densités électronique. _______________________________________________________ 09 Figure 1.2 : Configuration classique d’une DBD._________________________________ 12 Figure 1.3 : Principe de fonctionnement d’une DBD ______________________________ 14 Figure 1.4 : Différentes configurations de Décharges contrôlées par Barrières Diélectriques (DBD)___________________________________________________________________ 15 Figure 1.5 : Photographie rapide avec un temps de pause de 10 ns d’une décharge filamentaire ______________________________________________________________ 16 Figure 1.6 : Oscillogramme d’une décharge filamentaire à 10 kHz ___________________ 16 Figure 1.7 : Distribution spatiale du champ électrique _____________________________ 18 Figure 1.8 : Evolutions spatiales du champ électrique et des densités de charges au maximum du courant de décharge. _____________________________________________________ 19 Figure 1.9 : Photographie rapide de l’espace inter-électrodes dans le cas d’une décharge luminescente à la pression atmosphérique dans l’hélium____________________________ 19 Figure 1.10 : Caractéristiques électriques d’une décharge luminescente dans l’hélium à pression atmosphérique (f =10 kHz, Va=2,4 kVcc)_________________________________ 20 Figure 1.11 : Caractéristique courant-tension d’une décharge à électrodes planes et parallèles. _______________________________________________________________ 20 Figure 1.12 : Schéma des différentes régions caractéristique d’une décharge luminescente normale. _________________________________________________________________ 21 Figure 1.13 : Caractéristiques d’une décharge luminescente à électrodes planes et parallèles. ______________________________________________________________ 22 Figure 1.14 : Caractéristiques électriques à 5 KHz avec un flux de gaz. d’une décharge luminescente à pression atmosphérique dans l’hélium. ____________________________ 27 Figure 1.15 : Mécanismes globaux intervenant dans une polymérisation par plasma. ____ 29 Figure 2.1 : Cellule de décharge (a) et son schéma équivalent (b).____________________ 47 Figure 2.2 : Diagramme simplifié des différentes réactions. ________________________ 52 Figure 3.1 : Schéma électrique équivalent de la cellule de décharge __________________ 60 vi Liste des figures Figure 3.2 : Courant calculé, Ic, et de la tension appliquée sur les électrodes, Va, lorsque la décharge est éteinte _____________________________________________ 61 Figure 3.3 : Evolution temporelle du courant circulant dans le gaz, Ig, de la tension appliquée sur les électrodes, Va, et de la tension sur le gaz, Vg, (f=6 kHz, Va=15 kV) ____________ 64 Figure 3.4 : Evolution temporelle, de la tension appliquée sur les électrodes, Va, et de la tension sur le gaz, Vg, de la tension mémoire Vds (f=6 kHz, Va=15 kV) _______________ 65 Figure 3.5 : Evolution temporelle du courant gaz, Ig, de la tension appliquée sur les électrodes, Va, et de la tension sur le gaz, Vg, de la tension mémoire Vds (f=6 kHz, Va=15 kV) _______________________________________________________ 65 Figure 3.6 : Evolution temporelle du courant circulant dans le gaz, Ig, le courant de décharge Id et le courant parasite Ip (f=6 kHz, Va=15 kV) _________________________________ 66 Figure 3.7 : Evolution temporelle de la tension gaz (f=6 kHz, Va=15 kV) _____________ 68 Figure 3.8 : Evolution temporelle du courant gaz (f=6 kHz, Va=15 kV) _______________ 69 Figure 3.9 : Evolution temporelle du courant décharge (f=6 kHz, Va=15 kV)___________ 69 Figure 3.10 : Evolution temporelle du courant calculé (f=6 kHz, Va=15 kV) ___________ 70 Figure 3.11 : Variation spatiale du champ électrique calculé pendant la 1er alternance à (t=110 µs) ________________________________________________________________ 78 Figure 3.12 : Variation spatiale de la densité électronique calculé pendant la 1er alternance à (t=110 µs) ________________________________________________________________ 78 Figure 3.13 : Variation spatiale de la densité ionique calculé pendant la 1er alternance à (t=110 µs) ________________________________________________________________ 79 Figure 3.14 : Variation spatiale de la densité métastable calculé pendant la 1er alternance à (t=110 µs) ________________________________________________________________ 79 Figure 3.15 : Variation spatiale du champ électrique (à t=30, 40, 50 µs) _______________ 81 Figure 3.16 : Variation spatiale de la densité électronique (à t=30, 40, 50 µs) ___________ 81 Figure 3.17 : Variation spatiale de la densité ionique (à t=30, 40, 50 µs)_______________ 82 Figure 3.18 : Variation spatiale de la densité métastable (à t=30, 40, 50 µs) ____________ 82 Figure 3.19 : Variation spatiale du champ électrique (à t=60, 70, 80 µs) _______________ 83 Figure 3.20 : Variation spatiale de la densité électronique (à t=60, 70, 80 µs) ___________ 84 Figure 3.21 : Variation spatiale de la densité ionique (à t=60, 70, 80 µs)_______________ 84 Figure 3.22 : Variation spatiale de la densité métastable (à t=60, 70, 80 µs) ____________ 85 vii Liste des figures Figure 3.23 : Variation spatiale du champ électrique (à t=100, 110, 120 µs) ____________ 86 Figure 3.24 : Variation spatiale de la densité électronique (à t=100, 110, 120 µs) ________ 87 Figure 3.25 : Variation spatiale de la densité ionique (à t=100, 110, 120 µs)____________ 87 Figure 3.26 : Variation spatiale de la densité métastable (à t=100, 110, 120 µs) _________ 88 Figure 4.1 : variation spatiale du champ électrique (pour f=2, 4, 6 kHz) _______________ 93 Figure 4.2 : variation spatiale de la densité électronique (pour f=2, 4, 6 kHz) ___________ 93 Figure 4.3 : variation spatiale de la densité ionique (pour f=2, 4, 6 kHz) _______________ 94 Figure 4.4 : variation temporelle de la tension appliquée (pour V= 2, 4, 6 kV) __________ 95 Figure 4.5 : variation spatiale du champ électrique (pour V=2, 4, 6 kV) _______________ 95 Figure 4.6 : Variation spatiale de la densité électronique (pour V=2, 4, 6 kV) __________ 96 Figure 4.7 : Variation spatiale de la densité ionique (pour V=2, 4, 6 kV) ______________ 96 Figure 4.8 : Variation spatiale du champ électrique (pour z= 3, 5, 7 mm) ______________ 98 Figure 4.9 : Variation spatiale de la densité électronique (pour z= 3, 5, 7 mm) __________ 98 Figure 4.10 : Variation spatiale de la densité ionique (pour z= 3, 5, 7 mm) _____________ 99 Figure 4.11 : Variation spatiale du champ électrique (pour p=700, 750, 800 torr) _______ 100 Figure 4.12 : Variation spatiale de la densité électronique (pour p=700, 750, 800 torr) __ 100 Figure 4.13 : Variation spatiale de la densité ionique (pour p=700, 750, 800 torr) ______ 101 Figure 4.14 : Variation temporelle du courant de décharge (pour γ=0.06, 0.1, 0.5) _____ 101 Figure 4.17 : Variation spatiale du champ électrique (pour γ=0.06, 0.1, 0.5) ___________ 102 Figure 4.18 : Variation spatiale de la densité électronique (pour γ=0.06, 0.1, 0.5)_______ 102 Figure 4.19 : Variation spatiale de la densité ionique (pour γ=0.06, 0.1, 0.5) __________ 103 viii Liste des tableaux Liste des tableaux Tableau 1.1 : Ordres de grandeur des caractéristiques d’un canal de décharge filamentaire ________________________________________________________ 16 Tableau 1.2 : Ordres de grandeur des densités ioniques et électroniques dans une décharge luminescente à pression atmosphérique dans l’hélium. _______________ 21 Tableau 2.1 : Table des réactions d’ionisation directe et de recombinaison dans l’hélium ___________________________________________________________ 54 Tableau 2.2 : Table des réactions d’ionisation et d’excitation directe de l’hélium _ 55 Tableau 2.3 : Bilan des réactions dans l’hélium. ___________________________ 56 Tableau 3.1 : Paramètres du circuit électrique équivalent de la décharge ________ 60 Tableau 3.2 : Paramètres de transport ___________________________________ 76 Tableau 3.3 : Conditions de simulation __________________________________ 77 viii Introduction génerale. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Introduction générale Le terme plasma, s’appelle aussi "quatrième état de la matière", a été utilisé en physique pour la première fois par le physicien américain Irving Langmuir par analogie avec le plasma sanguin auquel ce phénomène s’apparente visuellement. A l’origine, un plasma désignait un gaz totalement ionise globalement neutre, puis cette définition a été étendue aux gaz partiellement ionises, toujours globalement neutres, dont le comportement diffère de celui d’un gaz neutre. Une partie de ces espèces neutres sont excitées et retombent dans leur état initial en émettant un rayonnement électromagnétique rendant le plasma lumineux. Sur Terre, on ne rencontre pas de plasma à l'état naturel si ce n'est dans la foudre et les aurores boréales. Cependant, il peut être génère dans une enceinte confinée en transférant de l'énergie a un gaz plasmagène par l'action d'une décharge électrique. Une décharge est une conversion rapide de l’énergie électrique en énergie cinétique, puis en énergie d’excitation et d’ionisation des atomes et des molécules du gaz. L’énergie électrique apportée au système est en partie convertie par les particules chargées ainsi formées (électrons, ions) en énergie cinétique. Grâce à leur faible masse, les électrons libres récupèrent en général l’essentiel de cette énergie et provoquent, par collision avec les espèces lourdes du gaz, leur excitation ou leur dissociation. Un milieu chimiquement très réactif, composé d’espèces atomiques, radicalaires et métastables est ainsi crée. Dans notre vie quotidienne, les plasmas ont de nombreuses applications, dont les plus courantes sont le tube néon et certains écrans de télévision. Mais, nous le retrouvons dans de nombreux autres domaines tels que la stérilisation, la dépollution, la gravure, la découpe, … et le dépôt de couches minces. Cette dernière application consiste à déposer une couche de l’ordre de quelques nanomètres à quelques micromètres à la surface d’un matériau (substrat) afin de lui conférer une ou plusieurs propriétés spécifiques. Parmi celles-ci, citons le durcissement pour des applications mécaniques, l’anti-réflectivité pour des applications optiques, l’isolation pour des applications électriques. Dans chaque cas, la nature du matériau déposé dépendra évidemment de la propriété recherchée. Parmi ces matériaux, l’oxyde de silicium (SiO2) est largement utilise. En microélectronique, il a d’abord servi comme couche de passivation, d’isolant inter-couches, ou encore de masque pour la lithographie de circuit intègre. Plus récemment, il a été utilise comme isolant de grille dans les transistors a film mince. Son domaine d’application ne se limite pas pour autant au seul domaine de 1 Introduction génerale. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . l’électronique. En optique, il sert de couche anti-réflective et protectrice (verre de lunettes ou phare de voiture). Dans le domaine de l’emballage alimentaire, cet oxyde est employé comme couche barrière à l’oxygène. Dans nombreux des cas, la couche mince doit être réalisée à température suffisamment faible pour préserver l’intégrité du substrat. Parmi les techniques existantes, les procédés plasmas sont les plus adaptés en terme de contrainte thermique et de respect de l’environnement. Leur principal défaut est de nécessiter de faibles pressions. Ceci implique l’emploi d’un réacteur étanche et d’un groupe de pompage, conduisant a une limitation de la dimension des surfaces à traiter. De plus, dans bien des cas, ces techniques nécessitent un traitement lot par lot qui mène à des côuts de production élevés. Une solution alternative et moins côuteuse est d'utiliser des plasmas froids établis à la pression atmosphérique. A cette pression, appliquer une différence de potentiel entre deux électrodes métalliques pour établir une décharge électrique conduit au régime d'arc, qui est localise et entraine une forte élèvation de température bien souvent synonyme de destruction du matériau à traiter. Placer un diélectrique dans le passage du courant entre les électrodes métalliques constitue une solution très simple pour s'affranchir de ce problème. Les décharges obtenues dans cette nouvelle configuration sont appelées des "Décharges contrôlées par Barriere Diélectrique" (DBD). Cependant, dans le régime normal de fonctionnement à la pression atmosphérique, la décharge est composée d'une multitude de micro-décharges s'établissant perpendiculairement aux électrodes indépendamment les unes des autres. Ce caractère luminescent nuit à l'homogénéité de la couche déposée. Cependant, en travaillant dans certaines conditions bien définies, il est possible d'obtenir des décharges homogènes mêmes à la pression atmosphérique. Dans notre cas ou le gaz principal est He, les décharges obtenues présentent des caractéristiques (densités électroniques, répartition du champ électrique) proches des décharges sombres de Townsend obtenues à basse pression et nous les désignerons donc sous l'acronyme DTPA (Décharge de Townsend à Pression Atmosphérique). Une équipe de chercheurs japonais a en 1987, publié les résultats concernant un régime apparemment luminescent établi à la pression atmosphérique. Pour éviter une évolution rapide de la décharge en arc électrique, cette équipe a utilisé la configuration des décharges contrôlées par barrière diélectrique (DBD). De se fait, au moins l’une des deux électrodes planes utilisées a été recouverte d’un revêtement isolant destiné à jouer un rôle de limiteur le courant. Des conditions sur le gaz de 2 Introduction génerale. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . remplissage et la fréquence d’excitation de la décharge ont également été indispensables à l’obtention d’une décharge luminescente à la pression atmosphérique (DLPA). La décharge luminescente a été définie par l’homogénéité de son traitement et la périodicité de son courant. Cependant, la mise en évidence du régime luminescent et des mécanismes conduisant à son obtention n’a pas pu être effectuée avec les seuls investigations expérimentales et une modélisation numérique de son comportement. Cette modélisation permettra de confirmer l’existence ou pas de la décharge luminescente malgré la valeur élevée de la pression, d’étudier les phénomènes qui lui donnent naissance et à terme de définir ses conditions d’obtention. Ce travail consiste à développer un modèle numérique monodimensionnel dont le but est d’examiner les propriétés de la DLPA, de comprendre les mécanismes physiques fondamentaux qui la régissent. La modélisation numérique ne peut que donner une représentation simplifiée de la réalité. Nous allons, au cour de ce travail, montrer que le modèle numérique développé est, malgré ces approximations ainsi que les limites du domaine de validité des méthodes de résolution, permet une description des phénomènes qui jouent un rôle prépondérant dans le fonctionnement de la décharge. Ce travail est structuré en quatre chapitres. Le premier chapitre de ce manuscrit s’inscrira dans son contexte théorique. Nous commencerons par présenter les décharges contrôlées par barrière diélectrique et, en particulier, la décharge luminescente à la pression atmosphérique, consacrée aux différents mécanismes de claquage qui peuvent avoir lieu dans un gaz à haute pression et d’autre part à la description détaillée des déférentes zones de la caractéristique courant-tension d’une décharge à électrode planes et parallèles. Enfin nous avons présentons quelle que applications industrielles de la décharge contrôlée par barrière diélectrique. Le deuxième chapitre détaillera le modèle physique et mathématique, cette modélisation dite fluide. Ce modèle prend en compte la cinétique de formation des espèces chargées du plasma (électrons, ions et métastable) ainsi que leurs transports couplés à l'équation de Poisson pour le champ électrique. Nous décrirons le système d’équations macroscopiques mis en jeu, avec certaines hypothèses spécifiques et 3 Introduction génerale. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . grandeurs caractéristiques. Ensuite nous avons présenté queleque méthodes numériques pour la résolution de l’équation convection-diffusion, enfin nous présenterons les réactions chimiques du gaz utiliser. Dans le troisiéme chapitre, nous avons présenté les résultats numériques obtenir, dans le but de comprendre le comportement électrique de la phase gazeuse du plasma. Nous avons présenté les variations spatio-temporelles du champ électrique, le courant de décharge et les différentes densités des particules chargées et excitées. Dans le chapitre quatre, nous avons entamé une étude paramétrique de la décharge à barrière diélectrique dans laquelle nous avons analysé l’influence des paramètres de la décharge comme (tension appliquée, distance inter-électrode et fréquence d’excitation…..) pour la contribution à l’amélioration de l’efficacité de la décharge luminescente à la pression atmosphérique. Enfin, une conclusion générale ponctuera ce manuscrit, en rappelant les principaux résultats obtenus. 4 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Chapitre 1 Généralités sur les décharges électriques 5 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 1.1 Introduction Ce chapitre a pour objectif d’apporter aux lecteurs les notions théoriques sur les Décharges à Barrières Diélectriques (DBD) à la Pression Atmosphérique (PA). La première partie propose une familiarisation aux plasmas obtenus à la pression atmosphérique. Puis, en second lieu, nous présenterons les propriétés des différents type de DBD à la pression atmosphérique, et nous décrirons le procédé utilisé dans nos travaux : la Décharge Luminescente à la Pression Atmosphérique (DLPA). Pour finir, une brève étude bibliographique concernant les applications industrielles des plasmas par DBD sera présentée. 1.2 Plasmas froids Lorsque qu’on élève la température de la matière, elle passe successivement, depuis le ‘’ zéro absolu’’, par des états solide, liquide puis gazeux. Mais si on continue à la chauffer, elle subit une nouvelle transformation d’un autre ordre.les collisions entre particules de matière se multiplient et l’état gazeux initial, composé d’atomes ou de molécules neutres, passe dans un état ionisé, dans lequel cohabite une densité égale d’ions positifs et de charges négatives, arrachées aux nuages électroniques des atomes. Ce mélange de particules chargées s’appelle un plasma et constitue le ‘’quatrième état de la matière’’, largement présent dans la nature. Les couronnes stellaires (telle celle du Soleil), l’ionosphère qui entoure la Terre entre 60 et 700 km d’altitude, la foudre, les flammes s’échappant d’un feu sont des plasma d’origine naturelle. Sur le plan scientifique et technologique, l’intérêt pour les propriétés des plasmas ne date pas d’hier et leur première utilisation la plus répandue fut l’engouement pour l’éclairage au néon, il y a plusieurs décennies. Dans de nombreux domaines, la maîtrise de l’intensité énergétique des particules qui le composent, tout en maintenant les températures à des niveaux contrôlables, a ouvert des champs d’application considérables. Lorsqu’un matériau est déposé dans un plasma d’un gaz donné (la gamme des gaz utilisés est très variable) on peut, en effet, développer des processus remarquables de traitement de surface, quasiment impossibles à obtenir par les voies solides ou liquides classiques. A une toute autre échelle, c’est encore sur la physique des plasmas, cette fois à des températures extraordinairement élevées, que s’appuient toutes les recherches de pointe pour l’énergie futuriste de la fusion nucléaire. Les technologies sous plasma se basent en 6 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . outre sur des procédés physiques bien plus avantageux (notamment sur le plan environnemental) que les procédés chimiques liquides traditionnellement employés par l’industrie textile [1]. Ces derniers entraînent à la fois une consommation et une pollution importantes des ressources en eau. Les coûts de retraitement des effluents ainsi que l’énergie utilisée pour le séchage des fibres traitées sont élevés. Autant de nuisances qui rendent intéressants les traitements ‘’à sec’’ réalisés sous plasma, dont la réactivité beaucoup plus rapide (de l’ordre de quelque minutes, voir quelques secondes) est également avantageuse sur le plan énergétique. 1.2.1 Qu’est ce qu’un plasma froid ? Les plasmas constituent le quatrième état de la matière, faisant suite, dans l’échelle des températures, aux trois états classiques : solide, liquide et gaz. En théorie, un plasma est un gaz totalement ionisé dans lequel on a macroscopiquement la neutralité électrique. En réalité et par abus de langage, on désigne par le terme plasma tous les gaz ionisés quel que soit leur degré d’ionisation (Eq. 1.1). Celui-ci varie dans des proportions très importantes suivant la nature du plasma considéré : de 10 4 pour des plasmas de décharge à faible intensité à un pour les plasmas, complètements ionisés, de fusion (plasma thermonucléaire, étoiles, etc.). Un plasma étant un milieu énergétique, il peut contenir les diverses espèces suivantes : électrons, ions positifs et négatifs, photons, atomes, neutres (atomes ou molécules) excités ainsi que des fragments de molécules dissociées appelées radicaux [1]. i n n N (1.1) Avec : n : Densité du plasma ( n ne 0 n p 0 ) ; ne 0 : Nombre d’électrons libres par unité de volume ; n p 0 : Nombre d’ions positifs par unité de volume ; N : Nombre de neutres par unité de volume ; A température ambiante et à l’équilibre, les gaz ne sont pratiquement pas ionisés : il y a seulement quelques électrons libres par cm 3, ceux-ci étant généralement dûs aux 7 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . rayons cosmiques. Un premier moyen de créer un plasma consiste à élever la température du gaz. En effet, dans ce cas certaines molécules acquièrent une énergie d’agitation thermique suffisante pour que, sous l’effet des collisions, une partie de leurs électrons soient arrachés. Typiquement, si la température atteint environ 10 4 à 10 5 0 K , la plupart de la matière est ionisé [2]. En chauffant le gaz pour créer l’ionisation, on obtient un milieu à l’équilibre thermodynamique c’est-à-dire dans lequel toutes les particules (électrons, ions, neutres) ont la même température. Il est également possible de créer un plasma à des températures proches de la température ambiante en appliquant un champ électrique au milieu. On parlera alors de plasma créé par décharge électrique. Dans ce cas, le champ électrique a pour effet d’accélérer les électrons à des énergies suffisantes pour qu’ils puissent, par collision, ioniser les molécules. On a alors un phénomène d’avalanche électronique qui peut, si le champ est suffisamment élevé, conduire à la formation d’un plasma. Suivant la puissance dissipée, le plasma peut être: proche de l’équilibre thermodynamique : ce qui se traduit par une température électronique Te proche de la température du gaz Tg ; ou hors équilibre thermodynamique : dans ce cas, la température électronique Te est très grande comparée à la température du gaz Tg ; on parle alors de plasma froid ; dans ces conditions, le plasma est faiblement ionisé ; le degré d’ionisation i (Eq. 1.1) reste inférieur à 10 4 ; c’est ce type de plasma qui fait l’objet de cette thèse ; La figure 1.1 présente les différents types de plasma en fonction de leurs températures électroniques et densités respectives. Par la suite, nous nous focaliserons sur les plasmas froids hors équilibre à pression atmosphérique. 8 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Figure 1.1 : Température électronique des principaux types de plasma en fonction de leurs densités électronique. 1.3 Grandeurs caractéristiques du plasma 1.3.1 Densités des espèces La densité d’une espèce donnée représente le nombre de particules contenues en moyenne par unité de volume autour d’un point donné de l’espace et à un instant donné. Les densités sont souvent exprimées par cm-3 ou m-3. 1.3.2 Taux d’ionisation, de dissociation, d’excitation Le degré d’ionisation du plasma est directement donné par le rapport τi qui est le taux d’ionisation défini par : τi = ni /( ni + nr + n0 ). C’est le rapport de la densité des ions à la densité totale (densité des neutres + densité des radicaux + densité des ions). Le taux de dissociation τd est défini comme le rapport de la densité des fragments (radicaux) à la somme de la densité des radicaux et la densité des neutres τd = nr /( nr + n0). Enfin, le taux d’excitation est défini comme le rapport de la densité des particules excitées à la somme de la densité des particules excitées et la densité des neutres τ* = n* /( n* + n0 ). Dans nos plasmas réactifs qui sont des milieux faiblement ionisés ou partiellement ionisés dans certains cas, le taux d’ionisation ainsi que les taux de dissociation et d’excitation restent naturellement très inférieurs à 1, généralement de l’ordre de 10-5 à 10-4. 9 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 1.3.3 Potentiel plasma Le potentiel électrostatique moyen dans le plasma est bien défini, il est à peu près constant dans le volume du plasma dans le cas d’une géométrie plan-plan. On peut le définir à partir de l’énergie nécessaire pour transporter une particule chargée depuis le plasma jusqu’au endroit où le potentiel est nul. D’une manière générale le potentiel plasma est supérieur par rapport aux parois qui l’entourent [2]. 1.3.4 Fréquence plasma Si un volume élémentaire du plasma est écarté de sa neutralité électrique locale (par exemple déplacement des électrons d’un volume élémentaire à un autre), ce volume élémentaire revient à son neutralité en oscillant au voisinage de la fréquence plasma. (1.2) Avec 1.3.5 Longueur de Debye La longueur de Debye est la distance parcourue par un électron thermique pendant un cycle de la pulsation plasma: (1.3) Il peut être aussi donné par la formule suivante : La longueur de Debye donne l’échelle des distances typiques sur les lesquelles une perturbation électrostatique s’étend dans un plasma avant d’être écrantée par la réponse des charges du plasma. En particulier, du fait de son interaction avec les autres charges, une particule chargée voit son potentiel coulombien moyen à une distance r devenir : 10 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . (1.4) Le potentiel V(r) est écranté sur une distance de l’ordre de λD, et de même les épaisseurs des gaines sont quelques fois de l’ordre de la longueur de Debye. 1.3.6 Longueur de Landau On appelle longueur de Landau la distance pour laquelle l'énergie potentielle d'interaction entre deux électrons est égale à leur énergie cinétique d'agitation thermique. Cette distance est donc telle que : (1.5) 1.3.7 Classification des plasmas La théorie des plasmas s’applique à des milieux gazeux dont les densités peuvent varient d’environ 106 cm-3 à 1025 cm-3. De même les températures peuvent varier de 10-2 à 104 eV, quand on voit des décharges froides aux plasmas de fusion. On retiendra surtout que dans les plasmas de décharges appliquées au traitement de surface (pulvérisation, gravure, déposition) la densité varie de 108 à 1012 cm-3 (typiquement 1010 cm-3) et la température électronique peut varier de 0.1 à 10 eV (typiquement 1 eV). Ces plasmas sont classés comme cinétiques classiques, ils sont caractérisés par la double inégalité forte λL<<de<<λD (de est la distance inter-particulaire). L’inégalité λL<<de indique que les effets de corrélation sont négligeables et de<<λL signifie qu’il y a un grand nombre d’électrons dans la sphère de Debye. 11 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 1.4 Specificités de la pression atmosphérique . Le mécanisme de rupture d’un gaz non excité dépend de la valeur du produit pression x distances inter électrodes ( p.d ) . Ainsi pour des valeurs du produit ( p.d ) inférieures à quelques dizaines de Torr.cm, le claquage est habituellement de type Townsend ce qui conduit à une décharge homogène de grand rayon [3]. Pour des valeurs du produit ( p.d ) plus élevées, le claquage est normalement de type streamer ce qui conduit à une décharge de faible rayon très énergétique et non homogène [4]. Dans le cas d’un traitement de surface à pression atmosphérique, la distance inter électrodes est rarement inférieure à un millimètre. Par conséquent, la valeur du produit pression distance ( p.d ) est de quelques dizaines de Torr.cm : le mécanisme de rupture du gaz normalement observé est donc de type streamer [5]. Une fois le canal de décharge formé, le faible libre parcours moyen à pression atmosphérique conduit à une mise à l’équilibre thermodynamique du plasma, ce qui se traduit par une transition en régime d’arc. 1.5 Décharges contrôlées par barrières diélectriques Une DBD est une source de plasma froid hors d’équilibre caractérisée par la présence d’au moins un diélectrique entre les deux électrodes métalliques (Figure 1.2). La présence du diélectrique permet de limiter l’énergie qui passe dans chaque canal de décharge et ainsi d’éviter le passage à l’arc ; en contre partie, cela impose l’utilisation d’une excitation électrique alternative [6]. Figure 1.2 : Configuration classique d’une DBD. 12 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Principe Suite à l’application d’une tension suffisamment élevée sur les électrodes, le claquage du gaz conduit à la formation d’un canal conducteur appelé micro-décharge (Figure 1.3-a). Cette micro-décharge peut être représentée par le schéma équivalent de la Figure 1.3-d. Le diélectrique en vis-à-vis de la micro-décharge se comporte comme l’isolant d’un condensateur, C ds , dont les armatures sont d’un côté la décharge et de l’autre l’électrode. Notons que ce schéma équivalent n’a de sens que si l’on considère uniquement une seule micro-décharge ou une décharge homogène sur toute la surface des électrodes. Par la suite, nous noterons V a la tension appliquée sur la cellule de décharge, V g celle sur le gaz et enfin Vds celle sur le diélectrique. Le passage du courant induit une accumulation de charges sur la surface du diélectrique solide en vis-à-vis du canal de décharge qui se traduit par une augmentation de la tension Vds . Si l’augmentation de cette tension au fur et à mesure du développement de la décharge est plus rapide que l’augmentation de la tension, V a , elle cause une chute de la tension appliquée sur le gaz, V g , ce qui conduit à l’extinction de la décharge. Ainsi, la micro-décharge est bloquée bien avant d’avoir atteint un degré d’ionisation suffisant pour transiter en régime d’arc. Tant que la tension appliquée augmente, des micro-décharges s’initient à de nouvelles positions car la présence de charges résiduelles sur le diélectrique diminue le champ électrique appliqué sur le gaz aux positions où des micro-décharges se sont déjà développées (Figure 1.3-b). Au changement de polarité (Figure 1.3-c), les charges précédemment déposées sur le diélectrique permettent un claquage du gaz sous un champ plus faible que lors de la première alternance : V g Va Vds (avec V a et Vds de signes contraires lors du changement de polarité). La fonction première du diélectrique est de limiter la charge déposée sur les électrodes et par voie de fait le courant transitant dans le canal afin que la décharge ne devienne un arc comme cela peut arriver entre deux électrodes métalliques à pression atmosphérique. 13 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . De plus, l’utilisation du diélectrique a également pour conséquence de tendre vers une répartition plus uniforme des micro-décharges sur toute la surface des diélectriques [7]. Figure 1.3 : Principe de fonctionnement d’une DBD a) Etablissement d’une première micro-décharge b) Extinction de la première micro-décharge et amorçage d’une nouvelle c) Changement de la polarité appliquée sur les électrodes d) Schéma électrique équivalent d’une micro-décharge 1.5.1 Configurations typiques de DBD Outre la configuration classique présentée précédemment Figure 1.2, il existe d’autres configurations couramment utilisées. En effet, le terme de DBD regroupe toutes les configurations de cellule de décharge pour lesquelles un courant transite entre deux électrodes métalliques séparées par un gaz et par au moins une couche d’un matériau isolant. Suivant l’application visée, deux couches isolantes peuvent y être placées. Les configurations coplanaires typiques d’électrodes sont données en Figure 1.4. 14 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Figure 1.4 : Différentes configurations de Décharges contrôlées par Barrières Diélectriques (DBD) [8]. 1.5.2 Décharge filamentaire en régime DBD Le régime de décharge généralement observé dans le cas des DBD à pression atmosphérique est le régime filamentaire. Celui-ci est caractérisé par la création d’une multitude de streamers se développant indépendamment les uns des autres et conduisant à la formation de micro-décharges dont les caractéristiques sont données 15 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . dans le Tableau1.1. La Figure 1.5 présente une photographie rapide de l’espace interdiélectrique réalisée avec un temps de pause de 10 ns dans le cas d’une décharge filamentaire [9]. Durée Vitesse de propagation Rayon d’un filament Densité de courant Densité électronique Energie électronique moyenne 1-10 (ns) 108 (cm.s-1) 0.1 (mm) 100-1000 (A.cm2 ) 104-1015 (cm-3) 1-10 (eV) Tableau 1.1 : Ordres de grandeur des caractéristiques d’un canal de décharge filamentaire [10] Figure 1.5 : Photographie rapide avec un temps de pause de 10 ns d’une décharge filamentaire [11] Chaque micro-décharge induit une impulsion de courant d’une durée moyenne de quelques dizaines de nanosecondes visible sur la mesure du courant. Lorsque ces micro-décharges se développent indépendamment, l’oscillogramme du courant est constitué d’une multitude d’impulsions comme le montre la Figure 1.6. Figure 1.6 : Oscillogramme d’une décharge filamentaire à 10 kHz. [12] 16 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 1.5.3 Claquage de type Townsend : Décharge Luminescente Principe Pour les faibles valeurs du produit « pression × distance » (inférieures à quelques Torr.cm), le mécanisme d'émission secondaire d'électrons à la cathode joue un rôle fondamental dans l’auto-entretien de la décharge. Ce processus est initié par le bombardement de la cathode par les ions. Dans ce cas, le critère de claquage consiste à écrire que chaque électron émis à la cathode conduit à l’émission d’un autre électron à la cathode. Ce raisonnement conduit à la condition d'auto-entretien énoncée ci-dessous à partir de laquelle le critère de rupture de Townsend est établi: (1.2) avec : : Premier coefficient d’ionisation de Townsend, : Deuxième coefficient d’ionisation de Townsend. La condition de claquage de Townsend exprimée sous la forme de l’équation cidessus est satisfaisante si le courant de décharge est assez faible pour que la charge d'espace dans le gaz ne modifie pas le champ géométrique. Ce régime est appelé décharge sombre de Townsend (Figure 1.7.a). Si la densité de courant circulant dans la décharge croît, les densités de porteurs augmentent, induisant un accroissement de la charge d’espace positive puis une déformation du champ électrique qui est plus élevé à la cathode. La localisation du champ électrique entraîne une augmentation de la multiplication électronique telle qu'elle devient supérieure à celle requise par la condition d’auto-entretien. Cette évolution se poursuit jusqu'à ce que le champ à l’anode s'annule. Les électrons sont alors ralentis par le champ de charge d'espace ionique et un plasma se forme du côté anodique. Ce régime de décharge est appelé luminescent subnormal (Figure 1.7.b) 17 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Si la nouvelle distribution du champ est toujours telle que la multiplication électronique est supérieure à celle requise par la condition d'auto-entretien, la zone de plasma caractérisée par un champ quasi-nul se déplace vers la cathode. Le potentiel appliqué se redistribue, pendant cette évolution, dans une région située entre la cathode et le plasma qui devient la gaine cathodique. Lorsque la largeur de cette gaine correspond au minimum de la courbe de Paschen, arrive alors un état stationnaire qui constitue la décharge luminescente normale (Figure 1.7.c). La structure de la décharge luminescente normale est présentée sur la Figure 1.7. Elle est caractérisée par une succession d’espaces sombres et de régions lumineuses. Figure 1.7 : Distribution spatiale du champ électrique a) Dans une décharge de Townsend b) Dans une décharge luminescente subnormale c) Dans une décharge luminescente normale 1.6 Décharge Luminescente à la Pression Atmosphérique (DLPA) L’effet mémoire d’une décharge à la suivante peut rendre caduque la règle qui dit que pour un produit p.d supérieur à quelques Torr.cm un claquage de Townsend ne peut être observé. En effet, des études dans l’hélium [13] [14] [15] ont montré l’existence d’un régime luminescent, au sens basse pression du terme, à la pression atmosphérique. Ceci a été validé par le biais de photographies rapides de l’espace inter-diélectrique, d’un modèle numérique de la décharge développé par l’équipe de 18 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Pierre Ségur [16] mais également par l’étude des caractéristiques électriques de la décharge. Ainsi, cette étude a montré que les toutes premières avalanches se produisent dans tout l’espace inter-électrodes avant de se concentrer fortement et rapidement près de la cathode. Ce comportement s’accorde bien avec un amorçage de type Townsend suivi d’une transition en régime luminescent subnormal qui prévoit des avalanches successives dans l’espace inter-électrodes puis une décharge auto-entretenue par l’émission secondaire à la cathode. L’étude des caractéristiques de la décharge calculée à partir du modèle numérique (Figure 1.8) ainsi que des photographies rapides prises au maximum de courant (Figure 1.8) permet de mettre en évidence les similarités de structure entre la DLPA et les décharges luminescentes habituellement observées à basse pression. En effet, quatre régions spécifiques des décharges luminescentes peuvent être identifiées : une forte chute cathodique, la lueur négative, l’espace sombre de Faraday et la colonne positive [17]. Figure 1.8 : Evolutions spatiales du champ électrique et des densités de charges au maximum du courant de décharge. [18] Figure 1.9 : Photographie rapide de l’espace inter-électrodes dans le cas d’une décharge luminescente à la pression atmosphérique dans l’hélium. [19] 19 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . L’étude des caractéristiques électriques de la décharge (Figure 1.10) permet également de définir le type de décharge. En effet, la caractéristique tension - courant de la décharge (Figure 1.11) permet de mettre en évidence qu’une fois la décharge amorcée, la tension appliquée sur le gaz diminue alors que le courant continue à augmenter. Ceci est totalement en accord avec un claquage de type Townsend suivi de la construction d’une chute cathodique et donc une transition en régime luminescent subnormal (Figure 1.11) [20]. Figure 1.10 : Caractéristiques électriques d’une décharge luminescente dans l’hélium à pression atmosphérique (f =10 kHz, Va=2,4 kVcc) a) évolution temporelle de la tension appliquée b) caractéristique tension gaz en fonction de la densité de courant Figure 1.11 Caractéristique courant-tension d’une décharge à électrodes planes et parallèles. 20 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Le Tableau 1.2 présente les ordres de grandeur des densités ioniques et électroniques de la DLPA dans la chute cathodique [13], la lueur négative et la colonne positive. Densité ionique Densité électronique Chute cathodique 5.1011 .cm-3 …. Lueur négative 3.1011. cm-3 3.1011. cm-3 1010. cm-3 1010. cm-3 Colonne positive Tableau 1.2 : Ordres de grandeur des densités ioniques et électroniques dans une décharge luminescente à pression atmosphérique dans l’hélium. Figure 1.12 : Schéma des différentes régions caractéristiques d’une décharge luminescente normale. 21 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Figure 1.13 : Caractéristiques d’une décharge luminescente à électrodes planes et parallèles. 1.6.1 Région cathodique et lueur négative (I) En parcourant la région cathodique (Figure 1.12, Figure1.13) dans le sens cathode-anode, on rencontre successivement un espace sombre dit d’Aston, une gaine cathodique lumineuse puis un espace sombre dit cathodique ou Crookes. En effet, la décharge est entretenue par l’émission électronique secondaire due au bombardement de la cathode par les ions, les atomes neutres rapides et les photons à grande énergie (irradiation par les UV). L’espace sombre d’Aston n’émet pas de rayonnement car d’une part les électrons issus de la cathode ont des faibles énergies et ne peuvent pas exciter le gaz ; d’autre part, la grande vitesse des ions accélérés vers la cathode fait que dans cette région, la probabilité de recombinaison radiative est faible. 22 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Après que les électrons aient parcouru une certaine distance et donc gagné suffisamment d’énergie, les ions et les atomes du gaz sont excités et reviennent ensuite à l’état fondamental : c’est la gaine cathodique. En outre, les électrons qui n’ont pas perdu leur énergie en excitant les ions et les atomes au niveau de la gaine cathodique y sont accélérés par le champ électrique et dissipent leur grande énergie cinétique par collisions inélastiques et produisent une ionisation intense et donc une multiplication de charges. L’énergie des électrons libérés suite à cette ionisation est faible pour qu’il y ait de nouveau excitation du gaz, tandis que celle des électrons qui leur ont donné naissance est toujours trop élevée pour qu’il y soit recombinaison : c’est l’espace sombre cathodique. Dans la lueur négative, les électrons secondaires libérés dans l’espace sombre cathodique et accélérés par le champ électrique provoquent une excitation des atomes du gaz. Le retour des atomes excités à leur état fondamental s’accompagne d’une émission de photons, expliquant ainsi la lumière émise dans cette zone (bleuâtre dans l’air) et fait d’elle la zone la plus brillante de la décharge. Le plasma de la lueur négative est donc entretenu par les électrons accélérés dans la gaine cathodique et son largueur correspond à la distance de relaxation de ces électrons. Les ions libérés par les collisions ionisantes du type électron-neutre, subissent l’influence du champ électrique et sont attirés vers la cathode. Une fois arrivés à la surface, ces ions provoquent l’émission d’électrons secondaires avec un taux d’émission de l’ordre de 0.02 [21] s’il s’agit d’une surface diélectrique. 1.6.2 Espace sombre de faraday (II) Les électrons ont déjà perdu toute leur énergie au niveau de la lueur négative ; l’espace sombre de faraday est caractérisé principalement par l’absence d’ionisation et d’excitation des atomes du gaz et par une faible valeur du champ électrique. La lumière émise est alors très faible. 23 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 1.6.3 Colonne positive (III) Si la distance entre les électrodes est plus longue que la région cathodique et s’il existe des pertes de particules chargées (diffusion vers les parois, recombinaison, attachement, etc.), une région appelée colonne positive apparaît. Cette colonne n’est pas nécessaire au fonctionnement de la décharge luminescente et sa fonction consiste à fermer le circuit électrique entre la région cathodique et anodique. Son plasma est fortement chargé mais électriquement neutre et est déterminé par les processus locaux indépendamment de la situation près des électrodes. Le champ électrique au niveau de la colonne positive se stabilise à une valeur relativement faible mais supérieure à celle dans la lueur négative de telle manière que la création de charge par ionisation locale compense la perte de charge. Le courant dans cette colonne est essentiellement issu des électrons qui se déplacent par diffusion à faible vitesse et donc la mobilité est beaucoup plus importante que celle des ions. 1.6.4 Région anodique (IV) Dans la région anodique, on distingue l’espace sombre anodique et la lueur anodique. Les électrons qui ont traversé la colonne positive sont collectés par l’anode ; en revanche, aucun ion ne lui parvient et l’émission secondaire d’ions par l’anode est négligeable. Par ailleurs, le fait que les électrons soient capables d’ioniser le gaz près de l’anode veut dire qu’ils sont également capables de provoquer des excitations, ce qui est à l’origine de la lueur anodique. 1.6.5 Différents régimes luminescents Les différents régimes de la décharge luminescente occupent tout le domaine CDEF de la caractéristique courant-tension représentée sur la figure (1.11). Dans ce domaine, on distingue trois régimes différents selon la pente de la caractéristique : la décharge luminescente « subnormal » (partie négative CD), La décharge luminescente « normale » (partie plate DE) et la décharge luminescente « anormale » (partie positive EF). Conformément à l’équation du circuit E v Ri , il est possible d’augmenter le courant soit en réduisant la résistance R , soit en augmentant la force électromotrice E . Au voisinage du point C, la densité de courant atteint des valeurs assez importantes pour que la charge d’espace commence à modifier le champ géométrique. 24 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . L’ionisation et l’excitation du gaz dans ce champ sont plus efficaces et si intenses que la décharge est suffisante pour qu’elle soit auto-entretenue. La pente de la caractéristique est donc négative dans le régime subnormal. Après avoir chuté, la tension v atteint une valeur v1 et reste constante alors que le courant lui croit considérablement (DE). Un régime de décharge luminescente normal est alors atteint ; la propriété principale de ce régime réside dans le fait que pendant l’augmentation du courant, sa densité reste constante et la surface des électrodes recouverte par celle-ci augmente. Au niveau du point D, seul une partie de la cathode est couverte par la décharge. L’augmentation du courant s’accompagne d’une extension radiale de la décharge qui couvre donc progressivement toute la surface cathodique. Quand toute la surface de la cathode est couverte par la décharge point (E), une augmentation du courant nécessite une plus grande tension aux bornes du gaz. L’augmentation de cette dernière intensifie le processus d’émission secondaire à la cathode et le nombre d’électrons arrachés par unité de surface augmente. La caractéristique courant-tension devient alors positive : c’est le régime dit anormal (EF). L’augmentation de tension est également liée à celle des pertes par diffusion ambipolaire notamment dans la colonne positive. La colonne positive s’étend dans la direction axiale vers la cathode en diminuant ainsi la largeur de la gaine et la zone lumineuse est plus en plus proche de la cathode. La décharge luminescente est entretenue par les électrons secondaires émis par la cathode suite à son bombardement par des ions, des métastables ou des photons. Cependant, pour des densités de courant élevées, des processus du type émission thermoélectrique (échauffement de la cathode) ou émission par effet de champ deviennent prépondérants. 1.7 Caractéristiques électriques des décharges DBD Ces différentes décharges se distinguent par leurs caractéristiques électriques: évolution du courant de décharge I2, de la tension d'alimentation U2 et de la tension aux bornes du plasma, généralement désignée par Ugaz (Noter qu’en Figure 1.14c est montré un troisième type de décharge qui dérive de la décharge homogène: il s'agit de la décharge multi-pics). De ce point de vue, le régime filamentaire se caractérise par 25 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . une multitude de décharges de courte durée, distribuées aléatoirement dans l'espace inter-électrodes (Fig.1.14a). Ceci se traduit sur les traces de courant par une multitude de pulses très courts (quelques nanosecondes) dont la distribution est non reproductible d'une décharge à la suivante (Fig. 1.14a). Le régime homogène comprend deux types de décharge: la décharge luminescente (observée dans les gaz rares) ou de Townsend (observée en azote). Une décharge luminescente, comme celle obtenue en hélium, est caractérisée par un seul pulse de courant par demi-période, d'une durée de quelques microsecondes (Fig. 1.14b). Cette caractéristique intrinsèque de la décharge luminescente suggère un développement unique de la décharge dans tout l'espace inter-électrodes. Il en est de même pour la décharge de Townsend observée en azote (Fig. 1.14b), mais le pulse de courant en est plus étendu, d'une durée de quelques dizaines de microsecondes. Aussi pour un type de décharge (homogène, filamentaire ou à étincelle), la forme du courant reste la même, que l'alternance soit positive ou négative. La transition vers le régime filamentaire peut avoir lieu lorsque la puissance injectée augmente, et/ou que le taux d'impuretés ou de gaz électronégatif devient trop important [22] [23]. (a) (b) 26 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . (c) Figure 1.14 : Caractéristiques électriques à 5 KHz avec un flux de gaz d’une décharge. a)décharge filamentaire b) décharge luminescente (hélium) et de Townsend (azote) c)décharge multi-pics 1.8 Applications Décharges contrôlées par barrières diélectriques 1.8.1 Activation de surface On regroupe sous le terme d’activation de surface, les procédés ayant pour objectif de modifier l’énergie ou la réactivité de surface d’un matériau sans pour autant rajouter de matière. Par exemple, la modification de l’énergie de surface d’un polymère entraîne une modification de sa mouillabilité. La mouillabilité de surface est l’aptitude d’une goutte d’un liquide à occuper la plus grande aire possible sur cette surface : plus l’énergie de surface est grande, plus la mouillabilité est bonne et plus le liquide a tendance à s’étaler sur la surface. Ainsi, l’augmentation de la mouillabilité d’un film polypropylène peut, par exemple, permettre l’adhésion d’encres aqueuses (non polluantes contrairement aux encres à solvants) [24]. La modification de la réactivité de surface d’un matériau entraîne le greffage de groupements réactifs. Ces groupements peuvent ensuite réagir chimiquement avec un autre matériau. L’augmentation de la réactivité de surface peut, par exemple, s’avérer très utile dans le cas du collage de deux polymères. Notons qu’une modification de la réactivité de surface entraîne la modification de l’énergie de surface, cependant l’inverse n’est pas toujours vérifié. 27 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 1.8.2 Dépôt de couches minces Comme son nom l’indique, le dépôt de couches minces consiste à déposer une fine couche, de quelques nanomètres à quelques centaines de nanomètres, à la surface d’un matériau (substrat) afin de lui conférer une ou plusieurs propriétés spécifiques. Parmi celles-ci, citons le durcissement pour des applications mécaniques, l’antiréflectivité pour des applications optiques, l’isolation pour des applications électriques, la conduction pour limiter les effets électrostatiques … Dans chaque cas, la nature du matériau déposé dépendra évidemment de la propriété recherchée. Parmi ces matériaux, l’oxyde de silicium (SiO2) est largement utilisé. En microélectronique, il a d’abord servi comme couche de passivation, d’isolant inter couches, ou encore de masque pour la lithographie de circuit intégré [25]. Plus récemment, il a été utilisé comme isolant de grille dans les transistors à film mince [26]. Son domaine d’application ne se cantonne pas pour autant au seul domaine de l’électronique. En optique, il est utilisé comme couche anti-réflective et protectrice (verre de lunettes ou phare de voiture) [27]. Dans le domaine de l’emballage alimentaire, cet oxyde est employé comme couche barrière à l’oxygène [28]. La figure 1.15 résume l’ensemble des mécanismes intervenant dans un dépôt plasma. Il est à remarquer que des espèces formées dans la phase gazeuse peuvent interagir avec le film solide en formation pour former des entités volatiles. Autrement dit, il est fréquent que le même système donne lieu à la fois à du dépôt et à de la gravure. Ce sont les conditions expérimentales qui font que l’un ou l’autre de ces mécanismes devient prépondérant [29]. 28 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Figure 1.15 : Mécanismes globaux intervenant dans une polymérisation par plasma. 1.8.3 Gravure et Nettoyage Dans les cas où les conditions de traitement sont trop drastiques, par exemple lorsque la puissance délivrée par le générateur est très importante, des réactions d’ablation de la surface apparaissent [30]. Lorsque cette ablation est involontaire, on parle de dégradation de la surface. Cependant, cette propriété peut également être utilisée volontairement pour, par exemple, enlever une couche de contamination ou des additifs de faible poids moléculaire qui ont migré en surface du matériau. On parlera dans ce cas de nettoyage de la surface. Enfin, lorsqu’il s’agit d’une ablation volontaire d’une partie du matériau, on parle généralement de gravure. 1.8.4 Stérilisation Un plasma froid peut également être utilisé afin de décontaminer un matériau ou un aliment [31]. L’utilisation d’un plasma froid est intéressante par rapport aux méthodes traditionnelles dans le cas où le matériau à traiter ne supporte pas une température trop élevée ou un traitement chimique. Les espèces actives utilisées pour la stérilisation sont principalement les photons UV émis par le plasma qui peuvent pénétrer profondément dans le matériau et les radicaux qui réagissent avec la surface. 29 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 1.8.5 Traitement des polluants gazeux Depuis une bonne dizaine d’années, les milieux scientifique d’abord, industriels ensuite, à la possibilité d’utiliser les plasmas froids pour la dépollution des effluents gazeux. L’idée de base est d’exploiter la réactivité chimique des radicaux et espèces engendrés au sein du plasma pour transformer les molécules polluantes en molécules inoffensives, la réaction se déroulant dans l’air à la pression ordinaire et sans pertes thermiques. Les résidus obtenus peuvent en outre être parfois valorisables. Les polluants visés dans les développements actuels sont essentiellement les oxydes de soufre et d’azote (les COV ou Composés organiques volatils) et les molécules malodorantes. Le plasma froid est certainement sensiblement plus onéreux à mettre en œuvre, mais son développement beaucoup plus récent laisse encore de la place à des optimisations technico-économiques. En revanche, il bénéficie d’une grande souplesse d’utilisation et peut s’adapter à des débits de gaz très variables, puisqu’on envisage de l’utiliser aussi bien sur des cheminées de centrales que sur des pots d’échappement automobiles. 1.8.6 Plasma au conquêt du textile Apparues dans les années soixante, les applications industrielles des propriétés des plasmas à basse pression et à faible température ont connu un important développement dans le domaine de la gravure micro-électronique. Elles se sont étendues, dés les années 80, à de nombreux autres traitements de surfaces, en particulier dans le domaine des matériaux métalliques et des polymères. Les recherches en laboratoire menées dans les industries textiles ont également expérimenté les traitements sous plasma pour des multiples applications. 1.8.7 Nitruration Ce procédé consiste à faire diffuser de l’azote dans un substrat en vue d’obtenir superficiellement de nouvelles structures métallographiques recherchées pour leurs caractéristiques mécaniques et physiques. En effet, il est possible d’augmenter la dureté du matériau, sa résistance au grippage, ses limites de fatigues, etc.… Plusieurs méthodes de nitruration ont été développées dont la nitruration ionique appelée aussi ioni-truration ou nitruration sous plasmas froids ou encore nitruration sous décharges 30 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . luminescentes. La nitruration ionique s’effectue dans une enceinte sous vide dans laquelle on a introduit un gaz contenant de l’azote sous une pression partielle de quelques Torr. Les pièces à traiter sont mises au potentiel cathodique d’un générateur de tension continue pulsée. On provoque une décharge luminescente entre les pièces et l’anode. Les espèces actives ainsi formées recouvrent alors les pièces que l’on voulait traiter. Là encore, la compréhension des caractéristiques de la décharge luminescente est essentielle à la maîtrise et l’optimisation du procédé de nitruration. 1.8.8 Panneaux à plasma Ce sont des dispositifs de visualisation à écran plat utilisés pour l’affichage lumineuse des données numériques ou alphanumériques. Des panneaux à plasma monochromes sont déjà commercialisés alors que les recherches sur des panneaux sont en cours. Un panneau à plasma est constitué par un ensemble de deux réseaux électrodes croisées, l’un en ligne l’autre en colonne qui sont couverts par une plaque de verre. L’intersection entre deux électrodes perpendiculaires forme ainsi un ensemble de cellules élémentaires. L’espace intérieur du panneau est remplir d’un mélange de gaz rares (Ne-Ar pour les panneaux monochromes et He- Xe pour les panneaux polychromes) à une pression d’environs 400 torrs. Une décharge lumineuse est provoquée dans chaque cellule à éteindre, on maintient la neutralité électrique. L’un des aspects une étude de ces décharges luminescente de type capacitive (à cause du diélectrique qui s’interpose entre l’électrode métallique et le plasma) consiste à maîtriser les caractéristiques électriques et optiques de la décharge luminescente en fonction des différents paramètres (mélanges gazeux, géométrie des électrodes, alimentations électriques, etc.……) 1.8.9 Modifications de surfaces de polymères par plasma Les principes théoriques et les exemples d’utilisation de plasma froid à basse pression pour modifier les surfaces de polymères sont très bien documentés dans la littérature scientifique [32] [33] [34]. Dans la dernière décennie, les avancées technologiques et les connaissances accumulées sur les décharges homogènes à pression atmosphérique rendent ce type de plasma attrayant pour l’industrie. Il est généralement admis que les radicaux, les ions et les photons jouent un rôle important 31 Chapitre 1 : Généralités sur les décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . dans le transfert d’énergie du plasma à la surface du matériau. Le plasma produit aussi des radicaux sur la surface qui en font des sites préférentiels pour les réactions chimiques avec les espèces réactives dans le gaz. La proportion de neutres par rapport aux espèces chargées dans un plasma froid (densités d’électrons et d’ions de l’ordre -8 de <10 de la densité du gaz utilisée dans le cas d’une DBDT) fait en sorte que les interactions plasma-surface sont souvent dominées par l’effet des neutres et des radicaux et permettent de la traiter sans la chauffer significativement. Les radiations UV sont également présentes en grande quantité et constituent donc un acteur majeur des modifications observées pour les traitements de polymères. 1.9 Conclusion Dans ce chapitre, nous avons rappelé quelques notions simples sur les plasmas froids, leurs propriétés électriques et les différentes collisions mises en jeu dans une décharge. Les grandeurs électriques importantes ont été présentées, comme la capacité des barrières diélectriques et la tension de claquage du gaz. Nous avons ensuite évoqué les différentes régions créées dans l’espace inter électrodes lorsque la décharge est une décharge luminescente. Enfin, nous avons montré brièvement la grande variété des applications pour la DBD, le chapitre suivant présent les différentes modèles utiliser dans les décharges contrôlées par barrière diélectrique et les différentes méthodes numériques. 32 Chapitre 2 : Modélisation des décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Chapitre 2 Modélisation des décharges électriques 33 Chapitre 2 : Modélisation des décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 2.1 Introduction Ce chapitre est consacré à une présentation des outils de recherche que nous avons développés et utilisés pour l’étude d’une décharge à barrière diélectrique. Le fonctionnement de cette décharge, tout comme celui de toutes les décharges dans les gaz, est gouverné par une multitude de phénomènes physiques différents les uns des autres mais fortement couplés. Au niveau de la modélisation mathématique, la connaissance et la prise en compte de manière séparée de ces phénomènes ne peut être qu’irréaliste quant à la description de l’ensemble du système. Nous décrivons le modèle physique de décharge que nous avons utilisé, les approximations qu’il implique et les données de base qu’il utilise. Nous décrivons ensuite le modèle numérique associé à ce modèle physique, et qui a été utilisé dans les calculs présentés dans cette thèse. 2.2 Modèle physique 2.2.1 Equation de Boltzmann et modèle auto-cohérent La modélisation mathématique d’une décharge électrique hors-équilibre est relativement complexe à cause des nombreux phénomènes mis en jeu et de leur fort couplage, par exemple celui entre la variation des densités de particules chargées et celle du champ électrique. Dans les conditions de décharge qui nous intéressent dans ce travail, le degré d’ionisation est inférieur à quelques 10-4. Pour ces faibles degrés d’ionisation, l’équation de Boltzmann qui ne prend pas en compte les interactions à longue portée entre parties chargées, mais suppose que les collisions sont ponctuelles et instantanées pour décrire le transport des électrons et des ions, et leurs collisions avec les neutres. L’équation de Boltzmann fournit l’évolution spatio-temporelle de la fonction de distribution des vitesses des particules. Elle s’écrit: f z f z f z f z v a t t t t coll 34 (2.1) Chapitre 2 : Modélisation des décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Sachant que : f z est la fonction de distribution de l’espèce x (électron, ion positif ou négatif, atome ou molécule neutre) telle que f z r , v, t d 3 rd 3 v représente le nombre de particules du type x ayant leurs positions et leurs vitesses dans l’élément de volume d 3 zd 3 v d3zd3v de l’espace des phase r , v autour de la position r, v à l’instant t. f z caractérise l’action sur la fonction de distribution des forces t Le terme a agissant sur les particules. f z t Le terme v traduit l’effet du déplacement des particules sur la fonction de distribution. f z est terme de collision qui rend compte de l’action des t coll Le terme collisions sur la fonction de distribution. A partir de la connaissance de la fonction de distribution, il est possible de définir toute les grandeurs macroscopiques telles que la densité des particules, leur vitesse moyenne, leur énergie moyenne, on a : n z r , t f z r , v, t d 3 v (2.2) V v z r , t 1 vf z r , v, t d 3 v n z r , v, t V (2.3) Et, de manière générale, pour une quantité quelconque z v : z r , t 1 zf x r , v, t d 3 v n z r , t V (2.4) Après multiplication de l’équation 2.1 par la fonction z v et en intégrant sur l’espace des vitesses, on obtient l’équation suivante : n z f r .n z v na v z z d 3 v t V t coll 35 (2.5) Chapitre 2 : Modélisation des décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Les différentes équations que nous avons utilisées se déduisent de l’équation (2.5) en attribuant à z v une forme particulière. Dans les décharges luminescentes, la charge d’espace due à la présence d’ions et d’électrons est suffisante pour distordre le champ électrique géométrique. Ce phénomène doit être décrit en couplant les équations de transport électronique et ionique avec l’équation de Poisson pour le champ électrique. L’équation de Poisson s'écrit : e r E (ni ne nn ) (2.6) 0 L’équation de Boltzmann couplée à celle de Poisson forme un modèle électrique auto-cohérent de la décharge. 2.2.2 Approche microscopique L’approche qui consiste à résoudre les équations de Boltzmann électronique et ionique couplées à l’équation de Poisson permet une description fine du problème car elle donne accès aux fonctions de distribution des vitesses des particules chargées. Cette approche, que nous qualifierons d’approche microscopique est plutôt utilisée dans des conditions relativement peu collisionnelles (c’est à dire où les libres parcours des particules chargées ne sont pas très petits par rapport aux dimensions caractéristiques macroscopiques du problème). Dans le cas des décharges électriques dans un gaz a haute pression (de l’ordre de la pression atmosphérique) les méthodes microscopiques sont moins justifiées et plus difficiles à mettre en œuvre en raison des temps de calcul très élevés qu’elles impliquent. On a donc recours à une approche plus macroscopique des phénomènes dans laquelle les propriétés des particules chargées ne sont pas représentées par des fonctions de distribution des vitesses, mais par des grandeurs macroscopiques qui sont des moments dans l’espace des vitesses, de ces fonctions de distribution (densités, vitesses moyennes, énergie moyenne …). 2.2.3. Approche macroscopique – Modèles fluides Le transport des particules chargées est dans cette approche caractérisé par des grandeurs moyennes que sont la densité, la vitesse moyenne et l'énergie moyenne des 36 Chapitre 2 : Modélisation des décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . particules. L'équation de Boltzmann est alors remplacée par trois équations qui décrivent l’évolution spatio-temporelle de ces valeurs moyennes. Ce sont l'équation de continuité (2.7) pour les densités, l'équation de quantité de mouvement (2.9) pour les vitesses moyennes et l'équation de l'énergie (2.10) pour l'énergie moyenne des électrons. Souvent, dans les modèles de décharges hors-équilibre, la température des ions est supposée être égale à celle des neutres (300°K) et on n’écrit pas d’équation d’énergie pour les ions. Ces équations appelées moments de l'équation de Boltzmann sont les résultats de l'intégration de l'équation de Boltzmann (2.1) multipliée par les grandeurs macroscopiques physiques (1, mv, mvv ou ½ mv2) variant comme des polynômes de la vitesse sur l'espace des vitesses. En fait il faudrait une infinité d'équations de ce type pour obtenir une représentation équivalente à l'équation de Boltzmann. Equation de continuité : ne, p t ne, p .v e, p S e, p (2.7) Cette équation représente la conservation de la charge. n représente la densité de particules chargées (électrons, ions positifs ou négatifs). S est le terme source de l'équation de continuité, il rend compte des créations (ionisation) et des pertes (attachement, recombinaison) des particules chargées. Il s'écrit dans les cas les plus simples de la façon suivante : S ne vi r , t v a r , t r r , t ne n p (2.8) v i représente la fréquence d'ionisation et νa la fréquence d'attachement. r r , t est le coefficient de recombinaison électron-ion. Equation de transfert de la quantité de mouvement : nm V .r nF r. p nmVm .V smV t (2.9) F : représente les forces extérieures dues aux champs électrique et magnétique. P : est le tenseur de pression cinétique. Il est défini comme un flux de quantité de mouvement mais dans un référentiel se déplaçant à la vitesse v r . 37 Chapitre 2 : Modélisation des décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Le terme de droite représente la variation de la quantité de mouvement des particules considérées sous l'effet des collisions. (Vm) est la fréquence d'échange de quantité de mouvement νm dans les collisions particule chargée/particule neutre. Equation de l'énergie : 1 nmV 2 1 f 1 r nm V .V V nF .V m.V 2 . .d 3V 2 t 2 2 t coll (2.10) Le système formé par ces trois équations pour les électrons et les ions, couplées à l’équation de Poisson permet de décrire la décharge. Cependant, sous cette forme, le système n'est pas fermé (plus d’inconnues que d’équations) puisque certaines quantités ne peuvent pas être exprimées en fonction d'une des trois valeurs moyennes que sont la densité, la vitesse ou l'énergie. C'est le cas par exemple des termes de fréquences moyennes (fréquence d’ionisation v i , fréquence d'échange de quantité de mouvement (Vm). Ces fréquences sont en fait moyennées sur la fonction de distribution en énergie des électrons ou des ions qui n'est pas déterminée tant que l'équation de Boltzmann n'est pas résolue. Il est alors nécessaire d'effectuer des approximations sur la fonction de distribution en énergie des particules chargées pour fermer le système. Hypothèses de fermeture des modèles fluides Avant de discuter de l'approximation concernant la forme de la fonction de distribution en énergie pour le calcul des fréquences moyennes de collisions, il est nécessaire de discuter de quelques hypothèses choisies pour simplifier les membres de gauche (transport) des équations fluides. Dans les conditions des décharges la haute pression les plasmas sont assez collisionnels. Les temps caractéristiques de variation des phénomènes (champ électrique, courant, densités) déterminés par : E /(dE / dt ) de l'ordre de 10-9 s, sont très grands devant le temps entre collisions électron-atomes neutres du gaz qui est de l'ordre de 10 -2 s ( 1 v m ) à pression atmosphérique. Il est donc possible de négliger dans l'équation de quantité de mouvement (2.9) le terme ∂/∂t de variation temporelle du flux par rapport au terme de collision qui est en v m : n V Vm n.V t 38 Chapitre 2 : Modélisation des décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Une deuxième approximation utilisée souvent concerne l'énergie dirigée. Cette dernière, due à l'accélération par le champ électrique est négligée devant l'énergie d'agitation thermique. Ceci est valable pour des champs faibles. Il est évident que dans la gaine où le champ est fort cette hypothèse n'est plus aussi satisfaisante, mais si l’on peut supposer la gaine collisionnelles, le terme de mobilité est suffisant dans l’équation de quantité de mouvement. Enfin il est supposé que le tenseur de pression cinétique est diagonal et isotrope : P pI avec p nKT de manière à supprimer les équations tensorielles de l'énergie. A l'aide de ces approximations, les équations 2.9 et 2.10 peuvent s'écrire de la façon suivante : Equation de la quantité de mouvement ne, p V e, p ane, p e, p E De, p .ne, p (2.11) a 1 pour les ions positifs et a 1 pour les électrons et les ions négatifs. e, p De, p e m e, p v m KTe, p m e, p v m toujours positive correspond à la mobilité des électrons et des ions. est le coefficient de diffusion. L’équation de quantité de mouvement prend dans ces conditions la forme bien connue dite « dérive-diffusion » (le flux de particules est la somme d’un terme de dérive du champ électrique local, et d’un terme de diffusion, associé au gradient de densité). Cette forme de l’équation de quantité de mouvement est utilisée de façon systématique dans les modèles de décharges collisionnelles, en particulier pour décrire les différents régimes de décharge à pression atmosphérique. Equation d'énergie 5 ne e . ne e Ve .q ne eVe .E neVe e 3 (2.12) Avec q KT est le flux de chaleur. K est la conductivité thermique. Les équations de continuité, de quantité de mouvement, et d’énergie sous les formes ci-dessus, couplées à l'équation de Poisson (2.6) forment donc le système à 39 Chapitre 2 : Modélisation des décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . résoudre pour décrire une décharge au sein du DBD. Les termes de transport de ces équations (membres de gauche) ne dépendent maintenant plus que des trois variables choisies (densité, vitesse moyenne et énergie), mais il reste à trouver un moyen d’exprimer les fréquences de collisions qui apparaissent dans les membres de gauche de ces équations en fonction des variables choisies. 2.3 Modèle fluide à trois moments Dans ces modèles on conserve l’équation d’énergie, et on cherche à exprimer les fréquences moyennes de collisions en fonction de l’énergie moyenne des particules. Comme ces fréquences sont calculées à partir d’intégrales sur la fonction de distribution en énergie des particules, ceci implique qu’il faut exprimer (paramétrer) cette fonction de distribution en fonction de l’énergie moyenne. Une représentation évidente de la distribution en énergie des particules, en fonction de leur énergie moyenne (ou de leur température), est celle de la Maxwellienne : f A exp K .Te m avec A ne e 2KT (2.13) 32 Supposant que la fonction de distribution est Maxwellienne, on peut donc (si l’on connaît les sections efficaces de collisions) calculer et tabuler les fréquences moyennes de collisions en fonction de l’énergie moyenne et fermer ainsi le système d’équations fluides ci-dessus. L’hypothèse d’une distribution Maxwellienne n’est cependant pas satisfaisante dans la plupart des décharges collisionnelles. En particulier cette hypothèse ne permet pas de retrouver des fréquences moyennes et coefficients de transport exacts quand par exemple on est dans le cas extrêmement simple d’une décharge en champ uniforme (décharge de Townsend entre deux électrodes planes parallèles). D’autre part, dans ce cas simple d’un champ uniforme, on sait très bien calculer (en résolvant l’équation de Boltzmann homogène en champ uniforme) la fonction de distribution électronique, et cette fonction n’est pas Maxwellienne. En calculant cette fonction de distribution pour plusieurs valeurs du champ électrique réduit, on peut en déduire dans chaque cas l’énergie moyenne électronique et donc paramétrer la fonction de distribution électronique en fonction de l’énergie moyenne. L’idée est alors de supposer que la forme de la fonction de 40 Chapitre 2 : Modélisation des décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . distribution en point quelconque d’une décharge collisionnelle est la même que la forme de la distribution en champ uniforme, pour la même énergie moyenne. C’est donc une autre manière de paramétrer la fonction de distribution en fonction de l’énergie moyenne, avec une forme de fonction de distribution qui est exacte dans des conditions de champ électrique uniforme ou variant peu (sur des distances de l’ordre du libre parcours moyen électronique, ou en des temps de l’ordre du temps entre collisions). Cette approche a été utilisée par exemple dans des modèles de décharges luminescentes radiofréquence basse pression (voir par exemple Boeuf et Pitchford [15]), ou dans des modèles de décharges pour cellules d’écrans à plasma, à des pressions voisines de la pression atmosphérique (voir par exemple G. Hagelaar [35]). Dans les modèles de décharges à pression atmosphérique (décharges couronnes, DBD, streamers), pratiquement tous les auteurs utilisent une approche plus simple que celle des modèles fluides à trois moments pour les électrons. Ces modèles sont basés sur l’hypothèse de « l’équilibre local », et se réduisent à la prise en compte de seulement deux moments de l’équation de Boltzmann pour les électrons et pour les ions. Cette approche, qui a été la notre, pour les modèles utilisés dans cette thèse, est décrite ci-dessous. 2.4 Modèle fluide à deux moments Le modèle développé pour ce travail est basé sur la résolution des deux premiers moments de l’équation de Boltzmann. Dans ce modèle, les deux premières équations de transport (continuité et transport de la quantité de mouvement) sont couplées à l’équation de Poisson. Pour pouvoir supprimer l'équation de l'énergie, il est nécessaire d'utiliser l'approximation dite du "champ local" (LFA de l'anglais "Local Field Approximation"), qui consiste à supposer que la fonction de distribution des particules chargées à un instant et à une position donnés est la même que celle calculée pour un champ électrique uniforme, lequel correspond à la valeur du champ qui existe à cet instant et à cette position [36]. Dans ce cas les fréquences de collisions ainsi que les mobilités des espèces chargées peuvent être tabulées en fonction du champ électrique réduit (E/P champ sur pression, ou E/N champ sur densité de gaz). Cette approximation revient à écrire que l'énergie gagnée par les électrons sous l'effet du champ électrique à un instant et une position donnés est exactement compensé par les pertes dues aux collisions. Elle est donc équivalente à la prise en 41 Chapitre 2 : Modélisation des décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . compte d’une équation d’énergie dans laquelle les seuls termes conservés seraient d’une part le terme de force électrique ‘’chauffage ohmique’’, d’autre part le terme de pertes d’énergie par collisions. Tous les gradients du membre de gauche de l’équation d’énergie sont donc négligés, ainsi que le terme de dérivée temporelle. Il est clair que cette approche n’est en toute rigueur valide que si les grandeurs caractéristiques (en particulier le champ électrique) varient très lentement sur des distances de l’ordre du libre parcours moyen, ou en des temps de l’ordre du temps entre collisions. 2.5 Modèle utilisé Nous décrivons dans cette section le modèle physique de décharge que nous avons utilisé, les approximations qu’il implique et les données de base qu’il utilise. Nous décrivons ensuite le modèle numérique associé à ce modèle physique, et qui a été utilisé dans les calculs présentés dans cette thèse. 2.5.1. Equation de continuité (convection-diffusion) On obtient une équation aux dérivées partielles de type ‘’convection-diffusion’’ et qui écrit l’évolution spatiale et temporelle de la densité des particules. n z n z r , t Wz r , t 2 Dz r , t n z r , t s z r , t t r r 2 (2.14) 2.5.1.1. Approximation du champ électrique local La détermination des grandeurs W z , D z et s z doit en général s’effectuer à partir de la connaissance de la fonction de distribution. Cependant, comme nous ne résolvons pas l’équation de Boltzmann, il ne n’est pas possible de déterminer directement la variation spatiale, et temporelle de ces quantités. Il est donc nécessaire d’en effectuer une détermination simplifiée, justifiée par la situation physique que nous nous proposons de décrire. Dans le cas des décharges électriques à haute pression, les électrons et les ions effectuent un grand nombre de collisions avec les molécules du gaz. Cela signifie que leur libre parcours moyen est en général petit .Donc la variation du champ électrique à l’échelle d’un libre parcours moyen soit faible. Dans ces conditions, le mouvement des électrons ne doit pas trop s’écarter de celui qu’ils auraient si le champ électrique 42 Chapitre 2 : Modélisation des décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . était constant. Il s’en suit que l’on ne commettra pas une erreur importante si l’on considère que les différents paramètres de transport utilisés dans l’équation (2.14) sont identiques aux paramètres correspondants à l’équilibre pour la même valeur du rapport du champ électrique sur la pression. L’adoption de cette approximation consiste à utiliser pour les valeurs de la vitesse de dérive, du coefficient de diffusion et du terme source, les valeurs correspondantes obtenues dans des situations d’équilibre, c'est-à-dire lorsque les gradients dans l’espace des positions ou du temps sont négligeables. Dans ce cas, on sait que les paramètres macroscopiques sont uniquement des fonctions du rapport E N . Une fois connue la variation des paramètres de transport avec, leur variation spatiale s’obtient évidemment à travers la variation spatiale. Dans ce paragraphe, nous allons exposer les différentes équations relatives au transport des électrons et des ions. 2.5.1.2. Equation de convection-diffusion des électrons (2.15) avec : ne(z, t) est la densité électronique, Se(z, t) est le terme source des électrons, dont l’expression sera détaillée dans la suite, we(z, t) est la vitesse de dérive électronique telle que w e e (E ) avec e la mobilité électronique et De(z, t) le coefficient de diffusion électronique. 2.5.1.3 Equation de convection-diffusion des ions (2.16) ni(z, t) est la densité des ions, vi(z, t) et si(z, t) représentent respectivement les vitesses moyennes des différents ions et les termes sources qui leur sont correspondant. wi(z, t) et Di(z, t) sont respectivement la vitesse de dérive et le coefficient de diffusion ionique. 43 Chapitre 2 : Modélisation des décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 2.5.1.4 Equation des particules excitées Le terme de dérive de la vitesse de dérive de l’équation de transfert de la quantité de mouvement des particules excitées étant nul, leur transport est décrit par l’équation de convection-diffusion suivante : (2.17) nxk (x, t) est la densité de l’espèce excitée d’indice k variant entre 1 et k x (nombre total d’espèce excitées considérées par le modèle). Ces espèces peuvent être des états excités atomiques ou moléculaires de l’hélium ou de toute autre impureté présente dans l’enceinte de la décharge. Dzk(z,t) est le coefficient de diffusion de l’espèce excitées k. Les termes sources Szk(z,t) sont liés aux réactions prises en compte. 2.5.1.5 Equation de Poisson Cette équation relie le champ électrique E à la charge d’espace dans le volume inter électrode. Elle s’écrit : (2.18) Où ni et ne représentent respectivement la densité des particules chargées positivement puis celle des particules chargées négativement. Dans notre cas l’absence d’ions négatifs fait que ne est la densité électronique. e=1,6 10-19 C est la charge de l’électron et 0 =8,85 10-12 Fm-1 la permittivité du vide. 2.6 Transport des particules Suite à la théorie simplificatrice développée, nous avons eu recours à la modélisation dite « fluide ». La description du transport des particules chargées ou excitées est alors effectuée de façon macroscopique par résolution de l’équation de continuité et de l’équation de transfert de la quantité de mouvement. Les paramètres relatifs à ces particules sont alors : la densité, la vitesse de dérive et donc la mobilité, le coefficient de diffusion [37]. Ces paramètres en un point et à un instant donnés 44 Chapitre 2 : Modélisation des décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . sont, dans le cadre de l’hypothèse de l’équilibre local, supposés ne dépondre que du champ électrique local (au point et à l’instant considérés) et non pas de l’énergie. Finalement, le champ électrique est déterminé par la résolution de l’équation de Poisson. La présence de la paroi diélectrique est, prise en compte dans le modèle. En effet, cette dernière induit deux phénomènes fondamentaux quant au fonctionnement de la décharge dans un régime luminescent stable et permanent à pression atmosphérique. D’une part, l’émission secondaire due au bombardement ionique des diélectriques détermine au même titre que le coefficient d’ionisation du gaz, la tension de claquage de ce dernier. D’autre part, l’accumulation de charges sur les parois diélectriques, qui induit la tension mémoire Vds, est à la base même du fonctionnement en régime alternatif. 2.7 Conditions aux limites Le choix de ces conditions aux limites est très important vis-à-vis du modèle macroscopique développé étant donné que seul un modèle microscopique peut prendre en compte l’effet des parois diélectriques sur le fonctionnement de la décharge elle-même. 2.7.1 Flux de particules sur les parois Sous l’effet de la dérive et de la diffusion, les particules chargées bombardent les parois diélectriques recouvrant les électrodes. Ce bombardement induit une accumulation de charges sur ces parois au fur et à mesure que la décharge se développe et provoque une émission d’électrons (arrachés aux parois) s’il s’agit d’ions. Notons que cette émission secondaire peut également être provoquée par la diffusion des métastables vers les parois. Le flux des espèces ioniques et excitées, sur les diélectriques s’écrit : a.n k w k 0.25.n k v thk (2.19) Où nk est la densité de l’espèce considérée et wk sa vitesse de dérive. Le terme nkwk désigne le flux de dérive. Le coefficient a est égal à 0 pour les particules neutres. Il vaut 0 s’il s’agit des particules chargées dont la vitesse n’est pas dirigée vers la paroi diélectrique et 1 dans le cas contraire. 45 Chapitre 2 : Modélisation des décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . , négligé dans notre cas, représente le flux dû à l’agitation Le terme thermique.Où est la vitesse d’agitation thermique de la particule considérée. 2.7.2 Emission secondaire Si e désigne le flux électronique émis à partir de la paroi, k le flux des ions à la cathode et x celui des particules excitées (métastables). kp kp k 1 k 1 e k k x x (2.20) Sachant que x et k sont les coefficients d’émission secondaire des différentes particules excitées et ions qui rentrent en contact avec la paroi et qui sont pris en compte par le modèle. Ces coefficients sont définis comme étant le rapport du nombre total d’électrons quittant la paroi au nombre de particules incidentes. Le coefficient γ d’émission secondaire (à la cathode) dépend de la nature de l’électrode, du champ au niveau de la paroi, du type d’ions incidents et de leur énergie. 2.7.3 Charge des diélectriques Les conditions limites de tension pour les diélectriques sont mises en évidence en considérant le circuit électrique équivalent de la cellule de décharge. La tension des diélectriques solides, également appelée tension mémoire, est représentative de la décharge des diélectriques, vds =vds1+vds2. Soit i(t) le courant qui traverse le circuit dans le sens conventionnel de la figure 2.1 et j(x,t) la densité du courant de la décharge. Si vds1, vds2 et vg sont respectivement les tensions aux bornes des capacités Cds1, Cds2 et Cg. (2.21) Sachant que : v a (t ) v ds 1 (t ) v ds 2 (t ) v g (t ) s s cg c g 0 d d 0 46 (2.22) Chapitre 2 : Modélisation des décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Avec s la surface des électrodes, d la distance entre les faces internes des diélectriques. (a) (b) i (t ) Va i (t ) El ectrode Cds1 Vds1 Diél ectrique d Cg Vg Va G E Cds1 space Vds2 azeux Diél ectrique El ectrode Figure 2.1 : Cellule de décharge (a) et son schéma équivalent (b). v g t v a t v ds t (2.23) v ds t v ds 1 t v ds 2 t (2.24) Les relations (2.23) et (2.24) donnent : (2.25) Par intégration de l’équation 2.25 on obtient : (2.26) alors (2.27) avec b et c sont des constantes d’intégration. et (2.28) : la tension appliquée aux électrodes. : la tension du gaz. 47 Chapitre 2 : Modélisation des décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Cds est la capacité équivalente aux capacités Cds1 et Cds2 en série et c une constante d’intégration à t=0 et elle est nulle si et . 2.8 Méthode numérique Nous donnons un bref historique des schémas numériques développés dans la littérature. Plusieurs méthodes numériques ont été utilisées pour résoudre les équations de Boltzmann. Un certain nombre de notion est nécessaire lors de la résolution des lois de conservation scalaire au moyen de leurs équivalents discrétisés. Les trois principales sont la convergence, la stabilité et la consistance. 2.8.1 Méthodes numériques pour la résolution du système transport/Poisson 2.8.1.1 Intégration explicite C'est la méthode la plus directe de simulation. La connaissance à l'instant t des densités, de la tension appliquée permet de résoudre l'équation de Poisson à l'instant t et d'en déduire la valeur des flux et des termes sources à cet instant. Les taux de variation des densités à l'instant t se déduisent des gradients de flux et des sources. Le pas de temps d'intégration doit être inférieur à une condition sur le transport dite condition CFL et inférieur au temps de relaxation diélectrique dit temps de Maxwell. L'intégration explicite permet l'utilisation de schéma de discrétisation d'ordre élevé en espace (MUSCL, QUICKEST, etc....) et en temps (Runge-Kutta 2, 4 etc...). L'inconvénient essentiel de ce type de méthode est son énorme consommation de temps de calcul. 2.8.2 Intégration semi-implicite basé sur le schéma exponentiel L'intégration semi-implicite du système transport/Poisson a été développée dans l'optique de pouvoir s'affranchir des contraintes de stabilité sur les pas de temps. La méthode consiste à intégrer implicitement les équations de transport en estimant le champ électrique avec une certaine avance de phase. Le schéma de discrétisation spatial utilisé est dit exponentiel et est dû à Scharfetter et Gummel [38], il suppose un profil de flux constant entre deux cellules et s'intègre analytiquement en exponentiel. 48 Chapitre 2 : Modélisation des décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . L'équation de Poisson est résolue en prenant en compte un terme supplémentaire dû aux flux de particules chargées à l'instant t pour estimer le champ électrique à l'instant t+∆t/2. Le calcul des densités au pas de temps suivant se fait en résolvant un système linéaire pour l'équation de Poisson et pour chacune des densités considérées. La méthode numérique obtenue est inconditionnellement stable quelque soit le pas de temps utilisé et permet d'accélérer énormément les calculs. Par contre ce schéma est fortement diffusif. Les grandes familles de méthodes numériques de résolution d'équations aux dérivées partielles sont au nombre de trois: La méthode des differences finies. La méthode des volumes finis. La méthode des éléments finis. 2.9 Réactions et termes sources des équations de transport Les termes sources Se, Si et Sxk figurant dans les équations de convection diffusion et correspondant respectivement aux électrons, particules chargées et espèces excitées tiennent compte de la création et de la disparition de l’espèce considérée. Ils représentent le taux net d’apparition de la particule concernée et dépendent donc du bilan des réactions considérées. Leurs expressions contiennent les taux de réactions (ki) et les fréquences d’ionisation et d’excitation ainsi que les différentes densités de particules. 2.9.1 Cas simple dans l’hélium pur Dans le cas simple (l’hélium pur), les seules particules considérées sont les électrons et les ions atomiques de l’hélium et les deux termes sources, S e et Si, correspondants respectivement aux électrons et aux ions atomiques He +, sont égaux et donnés par l’expression suivante: S i S e nev e ni ne k r (2.29) Ou ne et ni représentent les densités électroniques puis ioniques et électronique moyenne dans la direction du champ électrique. 49 la vitesse Chapitre 2 : Modélisation des décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Le coefficient α désigne le premier coefficient d’ionisation de Townsend de l’hélium. 2.9.2 Cas hélium/impuretés A haute pression (dans notre cas), les niveaux excités de l’hélium jouent un rôle non négligeable dans la production de particules chargées que se soit par collisions ou par ionisation Penning des particules d’impuretés, même si la densité de ces dernières est nettement inférieure à celle des particules d’hélium. Etant donné l’importance des transferts d’énergie entre l’hélium métastables et les particules d’impuretés à la pression atmosphérique. Les expressions des termes sources Se, Si et Sxk des électrons, des ions He+ et des métastables He (23s) contiennent les taux de réaction (notés ki) et les fréquences d’ionisation et d’excitation ainsi que les différentes densités de particules. 2.9.2.1 Réactions prises en compte Les réactions considérées sont dans ce cas, ionisation, excitation et recombinaison. 2.9.2.2 Ionisations Penning L’ionisation d’une impureté dans l’état fondamental par collision avec un atome ou une molécule excitée de l’hélium (les métastables). 2.9.2.3 Ionisations Stepwise Réaction à deux corps correspondante à une désexcitation des métastables. 2.9.2.4 Recombinaisons radiatives C’est une transition des métastables (les particules excitées). 2.9.3 Termes sources des particules a) Pour les électrons se vne k i ne n xk k i n xk n p (2.30) Avec : v , ne , ni , n xk : sont respectivement fréquence d’ionisation, densité électronique, densité ionique et la densité du métastables. b) Pour les ions s i se vne k i ne n xk k i n xk n p 50 (2.31) Chapitre 2 : Modélisation des décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 2.9.4 Termes sources des particules excitées Les termes sources des particules excitées font intervenir la fréquence d’excitation du niveau métastable He (2 3s), produit par excitation directe (collisions inélastique électrons-hélium). L’expression du terme source de l’espèce excitée est : (2.32) s xk v 1ne n xk k i ne k i n p k i v 1 :est la fréquence d’excitation. : taux de réaction. 2.10 Hélium avec ou sans impuretés 2.10.1 Hélium pur Hélium est un gaz principalement caractérisé par ses niveaux métastables de haute énergie potentielle et par son faible potentiel de rupture, présente un diagramme des états excités particulier. En effet, la figure (2.2), présentant un diagramme simplifié des niveaux d’énergie de l’hélium, montre deux premiers niveaux métastables et donc de longue durée de vie. Ces deux niveaux sont le triplet He (23S) et le singulet He (21S) et sont respectivement situés à 19.82 et 20.61 eV. Pour une pression de 10 5 Pa, la durée de vie radiative est de 130 µs pour le premier et 8 µs pour le second. L’état triplet He (23P) situé à 20.96 eV est également un état métastable tandis que l’état He (21P) est résonnant. Le temps de relaxation radiative de ce dernier est de 4.3.10-4 µs. Celui correspondant à la relaxation radiative de l’état He (23P) vers l’état He (23S) est de 9.8.10-2 µs, ce qui est assez faible par rapport à la durée de vie « radiative » des métastables. Le diagramme de la figure (2.2), comprend également le seuil d’ionisation de l’hélium situé à 24.6 eV. Le nombre quantique principal des états représentés sur cette figure a été volontairement limité à 5 étant donné que la représentation des niveaux de nombre quantique principal supérieur à cette limite (jusqu’à 22) ne présente aucun intérêt et ne fait que compliquer la représentation. Pour cette même raison, nous nous sommes également limités aux orbitales (S, P et D). Des représentations plus détaillées des niveaux d’énergie de l’hélium, des 51 Chapitre 2 : Modélisation des décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . transitions permises et des longueurs d’onde correspondantes ont été répertoriées par plusieurs auteurs [39] [40] [41] [42]. L’apparition ou la disparition des différentes particules chargées sont liées à plusieurs phénomènes collisionnels [43]. Les réactions du type ionisation (α) ou excitation (γ) directes, à trois corps (tc), de transition radiative (tr) et de recombinaison (rec) sont schématisées sur la figure (2.2). L’ionisation et l’excitation des atomes d’hélium par impact électronique permettent de produire successivement les ions atomique, He+, et différents métastables, He*. e He He* H rec e He hv He 2 He2* hv rec He* He tc 2H He2 He He e e He He* H He hv e He* He** He* H 2He He* He He e He2 Figure 2.2 : Diagramme simplifié des différentes réactions. Les processus de création et de disparition des différentes particules, résumés sur la figure (2.2), ont des taux de réaction. La connaissance de ces facteurs, qui contrôlent la densité des différentes particules, est nécessaire à la compréhension et à la description de la décharge. 52 Chapitre 2 : Modélisation des décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Etant donné la haute pression de fonctionnement de la décharge, les réactions termoléculaires ou à trois corps, entraînant la fonction de la molécule diatomique excitées, He2 (a3Σu), ou ionisées, He2+, se sont avérés importants [44] [45]. Le premier niveau métastable He (23 S), l’excimer He2(a3Σu) et l’ion moléculaire He2+ sont à prendre en compte dans le modèle cinétique à cause de leur importante interaction avec les particules d’impuretés. En effet, Pouvesle et col [45] [46] ont établis que l’augmentation de la pression (à partir de quelques 102 Pa) provoque, de manière significative, la formation de molécules diatomiques excitées très stables et dont l’énergie de dissociation varie entre 2 et 2.5 eV. Pour une pression de l’ordre de l’atmosphère, l’étude expérimentale effectuée par ces auteurs a confirmé le fait que l’ion moléculaire He2+ joue un rôle prépondérant suite au processus d’association termoléculaires. Le taux de réaction correspondant, noté ( ) sur la figure (2.2) ; est de l’ordre de 1.5.10-31 cm6.s-1. L’ion He2+, produit par conversion à trois corps des ions He+, se trouve dans des états vibrationnels très élevés (v=15) [47]. Cette conversion à trois corps s’est avérée plus importante (deux ordres de grandeur) que le processus collisionnel radiatif produisant un atome excité He* après collision entre un ion atomique He+ et un électron. Il est cependant important de rappeler que le niveau 2 3P est un niveau favorable à la formation des molécules métastables He2(a3Σu+) par la réaction a trois corps (tc) dont le taux de réaction a été noté (δ) sur la figure (2.2). En ce qui concerne l’ionisation, le paramètre densité électronique joue un rôle prépondérant au niveau de l’importance relative de la puissance transférée par les électrons aux états excités de l’hélium [47]. Si cette densité est faible (≤1010 cm-3) l’ionisation se fait d’une part par impact électronique avec les atomes à l’état fondamental ou dans un niveau métastable et d’autre part par collisions binaires entre atomes métastables. Si, au contraire, elle est élevée (≥1012 cm-3) l’ionisation directe des atomes à l’état fondamental est dominée par l’ionisation des atomes métastables et par collisions binaires entre ces derniers. 53 Chapitre 2 : Modélisation des décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . En outre, à la pression atmosphérique [46] [48], les niveaux métastable 21S et 23P ont une durée de vie relativement faible par rapport au niveau métastable 2 3S qui se retrouve donc majoritaire. Etant donné cette importance relative du niveau 2 3S par rapport aux autres niveaux, une modélisation numérique de la décharge ne tenant compte que de ce niveau peut être justifiée. Néanmoins, la prise en compte des niveaux 2 1S et 23P ainsi que le niveau radiatif 21P peut s’avérer utile vis-à-vis du résultat de modélisation. Parmi les processus non représentés sur la figure (2.2), nous pouvons citer les collisions du type superélastique entre les électrons et les métastables atomiques ou moléculaires de l’hélium. Ces collisions provoquent la désexcitation des métastables vers un niveau énergétiquement plus bas et peuvent être traitées de façon identique à celles des collisions inélastiques. Les réactions conduisant à l’état fondamental s’écrivent : La recombinaison dissociative (αf et αm de la figure (2.2)) de l’ion He2+, dont le métastable produit est en majorité à l’état 23S [47], est, contrairement aux autres gaz rares, exclus à partir des premiers états vibrationnels (v=0, 1, 2,…..) de l’ion He 2+. 2.10.2 Bilan des réactions La réaction considérée est, dans ce premier cas simple, l’ionisation directe des atomes d’hélium par collision avec les électrons et la recombinaison des ions He + et des électrons : Réaction I II Type Ionisation directe Recombinaison Coefficient Taux de réaction α K1=5.10-6 cm3s-1 Tableau 2.1 : Table des réactions d’ionisation directe et de recombinaison dans l’hélium 54 Chapitre 2 : Modélisation des décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . La réaction prise en compte dans la deuxième partie de la modélisation numérique et mettant en jeux les électrons, les ions et les particules neutres excitées sont représentés dans les tableaux 2.2 et .2.3. Réaction Type Fréquence 1 Ionisation directe 2 Excitation directe Tableau 2.2 : Table des réactions d’ionisation et d’excitation directe de l’hélium Le tableau 2.2 concerne la réaction d’excitation et d’ionisation directes des atomes d’hélium par collisions inélastiques. La connaissance des taux de production des espèces excitées est particulièrement importante pour les métastables de l’hélium responsables de l’ionisation Penning. Réaction Type Taux de Référence réaction Réaction à trois corps 3 6.3.10-32 cm6s-1 [49] 4 5.10-27 cm6s-1 [50] 5 2.5.10-34 cm6s-1 [49] 6 2.10-12 cm3s-1 [51] 7 -20 cm s [49] 8 1.10-27 cm3s-1 [51] 9 5.10-10 cm3s-1 [50] 10 5.10-9 cm3s-1 [45] 11 2.10-20 cm6s-1 [49] 12 4.8.10-8 cm3s-1 [52] 13 -26 6 -1 [53] 2.9.10-9 cm3s-1 [49] Recombinaison 7.1.10 1.4.10 6 -1 cm s Réaction à deux corps 14 55 Chapitre 2 : Modélisation des décharges électriques. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 15 2.9.10-9 cm3s-1 [49] 8.10-11 cm3s-1 [52] [54] Ionisation Penning 16 Tableau 2.3 : Bilan des réactions dans l’hélium. 2.11 Conclusion Nous avons présenté dans ce chapitre les équations qui vont nous permettre de modéliser la décharge luminescente à la pression atmosphérique. L’ensemble des équations qui sont établies et décrites pour les particules chargées et excitées, les particules neutres et le champ électrique. Le problème central reste cependant la formulation mathématique du problème physique. La base d'un modèle général est la résolution simultanée des équations de transports, pour le champ électrique et les différentes particules chargées, de l'équation de Boltzmann, écrite pour chacune des espèces produites dans la décharge. On obtient alors, les distributions du champ électrique, les fonctions de distribution des vitesses des particules en fonction de la position dans la décharge et du temps, dont on déduit toutes les autres grandeurs d'intérêt. Dans le prochain chapitre nous présentons la méthode numérique de résolution de ces équations, discuter de sa validité et donner l’algorithme de résolution du système d’équations ainsi que les résultats obtenus. 56 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Chapitre 3 Résultats et discussions 57 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 3.1 Introduction La simulation de décharges à la pression atmosphérique est un problème complexe d'un point de vue numérique, en particulier par les différentes échelles spatiales et temporelles en jeu dans la dynamique des phénomènes. Le caractère multi-échelles impose en général de trouver un compromis entre temps de calcul et précision. Les densités de particules chargées rencontrées dans ce type de décharges peuvent être de l'ordre de 1015 m-3. Ceci implique, compte tenu des mobilités typiques des espèces chargées, qu'un champ de charge d'espace est susceptible d'apparaître en un temps de l'ordre de 10 -12 s (temps de relaxation diélectrique) [55]. Ce temps doit être résolu si l'on veut suivre la dynamique du plasma. Le transport des électrons peut avoir des temps caractéristiques du même ordre de grandeur. L'ordre de grandeur du temps caractéristique de formation du plasma est la nanoseconde. Si on considère un type de décharge à barrière diélectrique, les fréquences des signaux d'alimentation utilisés sont généralement situées autour du kHz. L'effet d'une telle décharge sur l'écoulement des neutres est susceptible de se manifester au bout de quelques dizaines de millisecondes voir plus. La première partie est consacrée à la modélisation du circuit électrique équivalent de la décharge luminescente en hélium. La deuxième partie se focalise sur la simulation numérique des équations de transport d'une décharge luminescente à la pression atmosphérique. 58 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 3.2 Modèle du circuit électrique équivalent Cette partie est dédiée à l’étude de la décharge luminescente à la pression atmosphérique (DLPA) dans l’hélium. Le développement du modèle de circuit électrique équivalent de la DLPA ayant été réalisé à partir des résultats expérimentaux [56] (utiliser les paramètres expérimentaux pour faire la modélisation du circuit équivalent), nous décrirons dans un premier temps les caractéristiques électriques et physiques de la décharge. Puis, dans un deuxième temps, nous présenterons le modèle et la détermination de ses différents paramètres. Le modèle sera validé par comparaison avec des résultats publiés [56]. 3.2.1 Caractéristiques électriques de la décharge Le comportement électrique d’une décharge dans un gaz est défini à partir du courant de décharge Id et de la tension appliquée sur le gaz Vg. Cependant, dans le cas d’une décharge contrôlée par barrière diélectrique (DBD), ces grandeurs ne sont pas directement mesurables, elles doivent être calculées à partir des mesures du courant Ic circulant dans la cellule de décharge et de la tension Va appliquée sur la cellule de décharge [57]. Nous décrirons le circuit électrique équivalent à la cellule de décharge. Et enfin, sur la base de ce circuit, nous déterminerons les relations liant les grandeurs électriques internes de la décharge aux courants et tension calculés [58]. 3.2.1.1 Circuit électrique équivalent de la cellule de décharge La Figure.3.1 présente le circuit électrique équivalent de la cellule de décharge. Le gaz non claqué est modélisé par la capacité Cg. Lors de l’amorçage de la décharge, l’impédance du gaz varie sans que la capacité Cg ne se modifie car le degré d’ionisation reste largement inférieur à 10-5. Cette variation peut donc être représentée par une conductance variable en parallèle avec la capacité Cg. Comme le montre la Figure.3.1, le courant qui circule dans le gaz peut être décomposé en 2 parties : Icg, le courant lié à la capacité Cg et, Id, le courant de décharge [56]. 59 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Gaz Figure 3.1 : Schéma électrique équivalent de la cellule de décharge Notons que la capacité Cs représente la capacité de la sonde haute-tension utilisée. Le courant Ic est calculé à l’aide de la résistance Rm. Ce courant est la somme du courant circulant dans le gaz, Ig, et d’un courant, Ip, provenant des éléments parasites du circuit d’alimentation haute-tension ainsi que de la cellule de décharge. Ces éléments parasites proviennent des courants de fuites, des connexions, des défauts d’isolements. Ils sont représentés au moyen du circuit Rp-Cp parallèle, dont les valeurs sont déterminées à partir du courant, Ic, et de la tension, Va, lorsque la décharge est éteinte (Figure.3.2). Paramétres électriques de circuit équivalent Suivant le modéle utilisé par F.Massines et N.Naudé [56] , voir Annexe A1 les paramétres sont donnée dans le tableau suivant : Cs 3 pF Rm 50 Ω Rp 100 MΩ Cp 3 pF Ccds1 166,6 pF Ccds2 48 pF Tableau 3.1 : Paramètres du circuit électrique équivalent de la décharge 60 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 10 2 Tension appliquée (kV) 1.5 1 0.5 0 0 -0.5 -5 -1 -1.5 Courant calculé -10 0 Courrant (mA) Tension (kV) 5 0.5 1 Temps (s) -2 1.5 -4 x 10 Figure 3.2 : Courant calculé, Ic, et de la tension appliquée sur les électrodes, Va, lorsque la décharge est éteinte En effet, dans ces conditions, le gaz est un milieu purement capacitif (Gg=0), de capacité Cg Eq. (3.1). Les diélectriques solides qui recouvrent chaque électrode sont, quant à eux, modélisés au moyen de la capacité Cds qui correspond à l’association série des capacités Cds1 et Cds2 qui représentent respectivement les capacités équivalentes des diélectriques recouvrant les électrodes reliées à la masse et à la haute-tension Eq. (3.2). Les valeurs de Cds1 et Cds2 dépendent de la section considérée. En effet, lorsque la décharge est éteinte, il faut considérer une section égale à celle des électrodes (12 cm2) alors que lorsque le gaz est claqué, il faut considérer la section de la décharge. La section de la DLPA étant égale à celle des électrodes, nous considérerons toujours la section des électrodes. Les valeurs des capacités Ccds1 et Ccds2 ont été déterminées expérimentalement à l’aide d’un analyseur d’impédance HP après avoir métallisé les diélectriques sur les deux faces : Ccds1 et Ccds2. Ainsi, la cellule de décharge peut être représentée par un circuit RC parallèle, dont la résistance est égale à la résistance parasite Rp, et la capacité correspond à la capacité, Cequ équation. (3.3), équivalente à l’ensemble des capacités de la cellule de décharge : Cp, Cds, Cg. Pour une surface des électrodes 12 cm² et une distance interdiélectriques de 5 mm, nous avons : 61 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . (3.1) avec : : permittivité du vide (8,854.10-12 F.m-1) ; : permittivité relative du gaz (1 dans le cas de l’hélium) ; S : surface des électrodes ; d : distance inter-diélectriques. (3.2) avec : : capacité équivalente au diélectrique recouvrant l’électrode reliée à la masse; : capacité équivalente au diélectrique recouvrant l’électrode reliée à la hautetension ; Le module et l’argument de l’impédance équivalente à la cellule de décharge Zequ sont calculés à partir des relevés equations suivants ; Eq (3.4) permet de déterminer la valeur de la résistance parasite, Rp, et de la capacité, Cequ. La valeur de la capacité parasite, Cp, est déduite de : Eq (3.3), les valeurs de Cds et Cg étant connues. Eq (3.5) permet de calculer le courant parasite, Ip, et donc de déduire le courant circulant dans le gaz, Ig, à partir du courant calculé, Ic. Par la suite, seul le courant Ig sera considéré Eq. (3.5). (3.3) et (3.4) (3.5) avec : 62 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 3.2.1.2 Calcul des grandeurs électriques internes de la DLPA Sur la base du circuit électrique présenté dans la Figure.3.1, il est possible de calculer le courant de décharge ainsi que la tension réellement appliquée sur le gaz. Comme nous l’avons dit précédemment, le courant circulant dans le gaz, Ig, peut être séparé en deux composantes distinctes : d’une part, le courant dû à l’effet capacitif du gaz, Icg, et d’autre part, le courant de décharge, Id, dû à l’ionisation du gaz. Lors de l’amorçage de la décharge, le gaz passe d’un état capacitif à un état résistif. Ce changement d’état est représenté par la conductance variable Gg qui caractérise l’état d’ionisation du gaz [56]. La tension appliquée sur le gaz, Vg, est déduite de la tension appliquée, Va, et de la capacité équivalente des diélectriques solides, Cds, (Eq 3.6). La tension d’alimentation étant sinusoïdale, la constante Vds(t0) est définie de manière à ce que la valeur moyenne de Vds(t) soit nulle. Connaissant Vg, il est ainsi possible de séparer le courant de décharge, Id, du courant capacitif, Icg (Eq 3.7). (3.6) avec : (3.7) avec : 63 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 3.2.2 Caractéristiques électriques et physiques de la décharge Toute modélisation passe par une phase d’étude et d’identification préalable du système à modéliser. L’objectif de ce paragraphe est d’étudier les caractéristiques électriques de la décharge luminescente à la pression atmosphérique (DLPA) afin d’en déduire les phénomènes physiques essentiels qui doivent être pris en compte pour modéliser au mieux cette décharge d’un point de vue électrique [59]. Sur la base du schéma électrique équivalent de la cellule de décharge et du calcul des grandeurs électriques internes, nous étudierons dans la première partie l’évolution temporelle des grandeurs électriques. 3.2.2.1 Evolution des caractéristiques électriques de la décharge sur une période de la tension appliquée (Va=Vcc=15 kV, Tension crête à crête) 10 4 Tension appliquée Tension gaz 3 5 2 1 0 0 -1 -5 -2 Courant gaz -10 0 Courant gaz (mA) Tension (kV) Les résultats pour une période sont présentés dans les figures (3.3, 3.4, 3.5, 3.6). 0.5 1 Temps (s) -3 -4 1.5 -4 x 10 Figure 3.3 : Evolution temporelle du courant circulant dans le gaz, Ig, de la tension appliquée sur les électrodes, Va, et de la tension sur le gaz, Vg, (f=6 kHz, Va=15 kV) 64 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 10 8 6 Tension appliquée Tension gaz Tension mémoire Tension (kV) 4 2 0 -2 -4 -6 -8 -10 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 Temps (s) 1.2 1.4 1.6 -4 x 10 Figure 3.4 : Evolution temporelle, de la tension appliquée sur les électrodes, Va, et de la tension sur le gaz, Vg, de la tension mémoire Vds (f=6 kHz, Va=15kV) 4 10 Courant gaz 3 8 6 4 1 2 0 0 -1 -2 Tension (kV) Courant gaz (mA) 2 -4 -2 Tension appliquée Tension de diélectrique Tension gaz -3 -4 0 0.2 0.4 0.5 0.6 0.8 1 Temps (s) 1.2 -6 -8 1.4 1.5 1.6 -10 -4 x 10 Figure 3.5 : Evolution temporelle du courant gaz, Ig, de la tension appliquée sur les électrodes, Va, et de la tension sur le gaz, Vg, de la tension mémoire V ds (f=6 kHz, Va=15 kV) 65 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 3 i i 2 p d Courant (mA) ig 1 0 -1 -2 -3 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 Temps (s) 1.2 1.4 1.6 -4 x 10 Figure 3.6 : Evolution temporelle du courant circulant dans le gaz, Ig, le courant de décharge I d et le courant parasite Ip (f=6 kHz, Va=15 kV) Une spécificité de cette décharge est de n’avoir qu’un seul pic de courant de faible amplitude (quelques mA) et de longue durée (quelques dizaines de μ.s) par alternance. La tension gaz, quant à elle, varie fortement entre deux pics de courant mais est quasi constante pour une valeur suffisante du courant. Le courant de décharge est formé d’une impulsion unique par alternance (dans la figure 3.6). Il est périodique et son amplitude maximale est de (2.45 mA) pour l’alternance positive et de (2.4 mA) pour l’alternance négative, son temps de montée qui est de l’ordre 2µs. Les impulsions de courant restent identiques d’une période à une autre et ont la même périodicité que la tension appliquée les impulsions positive et négative de ce courant peuvent être différentes en amplitude et en largeur et peuvent apparaître à des instants différents. Néanmoins, toutes les impulsions positives et négatives présentent des caractéristiques identiques. Cette dissymétrie entre les alternances positive et négative évolue en fonction des paramètres de la décharge. 66 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Pour les résultats de la (figure 3.4), les calcules sont effectués suivant les équations précédentes ont donné les variations temporelles de la tension gaz et de la tension mémoire (ou tension des diélectriques solides). Le résultat de cette figure met en évidence l’influence directe de l’accumulation de charges sur les diélectriques et le fonctionnement de la décharge. Le claquage dans le gaz, isolé par barrière diélectrique, est déterminé par la même condition qu’entre deux électrodes métalliques. Cette condition est donnée par la relation de Paschen. Pour un gaz donné, la tension de claquage dans un champ électrique homogène dépend seulement du produit pression distance inter-électrode (Pd). En appliquant une tension sinusoïdale, un claquage est induit une fois que le champ interne du gaz a dépassé le champ réduit de Paschen correspondant. La tension de Paschen est donnée par la plus petite tension nécessaire pour initier un claquage dans le gaz. Ainsi, au début de chaque alternance, les tensions gaz et mémoire sont égales et de signes opposés. La tension que voit le gaz au début d’alternance est égale à 1.6 kV. Cette tension n’est pas assez élevée pour provoquer le claquage du gaz et une augmentation de 1.5 kV induit par l’augmentation de la tension appliquée est nécessaire à l’amorçage de la décharge. Après la décharge, le déplacement puis, l’accumulation des charges crées dans le volume du gaz vers les surfaces des diélectriques qui recouvrent les électrodes induit une augmentation de la tension mémoire. Cette tension, proportionnelle à la polarisation des diélectriques solides fait rapidement décroître la tension gaz et provoque l’extinction de la décharge. La tension gaz, quant à elle, varie fortement entre deux pics de courant mais est quasi constante pour une valeur suffisante du courant. Ainsi, durant une demi période, quatre zones distinctes de fonctionnement peuvent être observées : la zone correspond à la période où la décharge est éteinte, c’est à dire où il n’y a pas d’ionisation dans le gaz, la zone à l’amorçage de la décharge, la zone à l’intervalle où la tension Vg est quasi constante et enfin la zone d’extinction de la décharge due à la décroissance de la tension Va. 67 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 3.2.2.2 Test de validation Pour valider et tester notre modèle développé dans le cadre de ce travail, nous avons effectué une étude de cette décharge en utilisant les mêmes conditions de simulation donnée par F.Massines et N.Naudé [56]. Les figures (3.7, 3.8, 3.9, 3.10) représentent les variations temporelles de la tension gaz, courant gaz, courant de décharge, courant calculé. 10 N. Naudé Simulation 8 Tension gaz (kV) 6 4 2 0 -2 -4 -6 -8 -10 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 Temps (s) 1.2 1.4 1.6 -4 x 10 Figure 3.7 : Evolution temporelle de la tension gaz (f=6 kHz, Va=15 kV) 68 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 3 N. Naudé Simulation Courrant gaz (mA) 2 1 0 -1 -2 -3 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 Temps (s) 1.2 1.4 1.6 -4 x 10 Figure 3.8 : Evolution temporelle du courant gaz (f=6 kHz, Va=15 kV) 3 N. Naudé Simulation Courrant décharge (mA) 2 1 0 -1 -2 -3 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 Temps (s) 1.2 1.4 1.6 -4 x 10 Figure 3.9 : Evolution temporelle du courant décharge (f=6 kHz, Va=15 kV) 69 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 2 N.Naudé Simulation Courrant calculé (mA) 1.5 1 0.5 0 -0.5 -1 -1.5 -2 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 Temps (s) 1.2 1.4 1.6 -4 x 10 Figure 3.10 : Evolution temporelle du courant calculé (f=6 kHz, Va=15 kV) 70 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 3.3 Modélisation des équations de transport Dans cette partie nous nous basons sur les modèles de calcul numérique utilisés pour résoudre les équations de transport des particules chargées dans une décharge luminescente à la pression atmosphérique. Notre but dans cette partie est de résoudre les équations macroscopiques de conservation des particules chargées au sein d’un gaz (hélium) soumis à un champ électrique dans une décharge luminescente à la pression atmosphérique, en appliquant la méthode de différence finie. Nous présentons aussi le modèle à une dimension. Nous rappellerons leurs équations, les principales hypothèses simplificatrices ainsi que les schémas adoptés pour l’élaboration des modèles [60] [61]. 3.3.1 Modèle des équations Le modèle fluide unidimensionnel élaboré est basé sur la résolution du système d’équations formé par les équations de transport des particules chargées couplées à l’équation de Poison. Pour le calcul des densités des électrons et des ions, les deux premiers moments de l’équation de Boltzmann sont retenus : l’équation de continuité et l’équation de transfert de quantité de mouvement. 3.3.1.1 Equation de transport Pour les électrons ne ne ve se t z (3.8) Avec ne,ve respectivement la densité et la vitesse moyenne des électrons. se le terme source. avec : e ne ve ne e E De ne z (3.9) 71 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . et (3.10) avec : E : champ électrique, e : flux d’électrons. e , De : respectivement la mobilité et le coefficient de diffusion des électrons. n 0 , n m , n p : respectivement la densité neutre, la densité métastable et la densité d’impureté. k em , k pm : respectivement le taux d’ionisation (stepwise) et le taux d’ionisation Penning. Pour les ions ni ni vi si t z i ni vi ni i E (3.11) Di ni z (3.12) avec : (3.13) E : champ électrique, i : flux d’ions. i , Di : respectivement la mobilité et le coefficient de diffusion des ions. n 0 , n m , n p : respectivement la densité neutre, la densité métastable et la densité d’impureté. k em , k pm : respectivement le taux d’ionisation (stepwise) et le taux d’ionisation Penning. 72 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Pour les métastables nm nm vm sm t z m Dm (3.14) nm z (3.15) avec : (3.16) avec : E : champ électrique, m : flux des métastables. e , Dm : respectivement la mobilité d’électron et le coefficient de diffusion des métastables. n 0 , n m , n p : respectivement la densité neutre, la densité métastable et la densité d’impureté. k em , k pm , k rm : respectivement le taux d’ionisation (stepwise), le taux d’ionisation Penning et le taux de recombinaison radiatif (fréquence radiative). Equation de Poisson Pour calculer le champ de charge d’espace, il faut donc une équation qui relie les inconnus des deux moments de l’équation de Boltzmann au champ électrique : E E e (ni ne ) z 0 0 (3.17) Le champ électrique E et le potentiel V sont liés par la relation : E V V z (3.18) avec : 0 est la permittivité du vide, est la densité de charge et e la charge élémentaire de l’électron. 73 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 3.3.2 Modèle numérique Comme cela a déjà été mentionné, le but d’un modèle fluide est de donner les bonnes tendances qualitatives qui nous permettent de savoir quels sont les phénomènes physiques prépondérants qui influent sur la décharge au sein de la décharge DBD. Dans ce genre de modèle, une étape très importante est de choisir le schéma numérique fiable, capable de déterminer avec précision les flux d’échange entre volumes contigus. Ainsi, le schéma doit être non dispersif (il ne doit pas introduire d’oscillations artificielles dans la solution) et non diffusif. De plus, il doit être conservatif (c’est-à-dire ne pas créer artificiellement une perte ou une création de particules) et maintenir la positivité de la solution. Enfin, les durées de calcul ne doivent pas être prohibitives. De manière générale la difficulté avec les schémas numériques est de trouver le bon compromis entre un ordre de précision supérieur et un temps de calcul raisonnable. Le choix entre la précision et le temps de calcul se fait toujours en fonction de notre besoin. Durant ce travail nous avons fait le choix d’un schéma à temps de calcul court (Sharfetter et Gummel [38]) tout en s’assurant de l’absence d’une grande diffusion numérique. 3.3.2.1 Schéma de Sharfetter et Gummel Nous résolvons l’équation de continuité à partir de la méthode des différences finies basées sur le schéma de discrétisation de Sharfetter et Gummel. Son principal avantage est lié à sa stabilité, et au fait qu’il peut rendre compte de façon continue de situation où soit le terme de dérive, soit le terme de diffusion des courants de particule chargée est dominant. Ce schéma nous permet de discrétiser l’équation de continuité implicitement et d’échapper aux contraintes de pas en temps imposées dans le cas d’une discrétisation explicite. Les discrétisations des densités des particules chargées et des flux ainsi que celle de l’équation de Poisson sont proposées en Annexe A2 (nous avons détaillé la discritisation des équations et présenté l’organigramme du schéma numérique dans l’annexe A2). 74 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 3.3.3 Données du modèle Pour pouvoir utiliser le modèle fluide, il est nécessaire de connaître les variations des termes de création et de perte des différentes espèces de particules et celles des paramètres de transport électroniques et ioniques comme les coefficients de diffusion et les mobilités en fonction du champ électrique réduit E/N. Les densités des différentes particules (chargées ou excitées) prises en compte sont alors décrites par l’équation de convection-diffusion, les paramètres de transport (vitesse de dérive, coefficient de diffusion) et les coefficients d’ionisation et d’excitation sont en fonction du champ électrique local. Le système d’équations est : Pour les électrons : (3.19) Pour les ions : (3.20) Pour les métastables : (3.21) 75 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . cm-3 : Densité impurté n0=2.33.1019 cm-3 : La densité du neutre : Le taux d’ionisation Penning : Le taux de recombinaison radiatif : Coefficients de diffusion ionique : Coefficients de diffusion métastable : Mobilité électronique : Mobilité ionique Tableau 3.2: Paramètres de transport [62] [63] [64] Coefficient d’ionisation stepwise [64] (3.22) Coefficient d’exitation [64] (3.23) 76 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Coefficient d’ionisation [64] (3.24) Coefficient de diffusion électronique [64] (3.25) 3.3.4 Conditions aux limites On suppose que les flux de particules chargées vers les parois du domaine de simulation sont nuls ce que l’on traduit par des conditions aux limites symétriques e n 0 . Par contre le flux de particules chargées vers le diélectrique a été écrit sous la forme : ne,i vth,e,i (3.26) e,i An e,i we,i 4 Avec : we,i e,i E . Où nei est la densité d’électrons(e) ou d’ions (i) à la surface de la paroi, we,i la vitesse de dérive et A un paramètre égal à 1 si we,i est dirigé vers la paroi sinon égal à zéro. 3.3.5 Présentation des résultats de la simulation Les caractéristiques électriques de la décharge luminescente dans l’hélium (densité électrique, ionique et métastable, champ électrique, …) sont représentants dans les figures. Les calculs ont été effectués pour des conditions spécifiées dans le tableau (3.3) et dans des conditions initiales. Gaz Hélium Epaisseur de l’intervalle gazeux Z=5 mm tension appliqué Vmax= 4kV Fréquence d’excitation F=4 kHz Tableau 3.3 : Conditions de simulation [62] 77 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 3.3.5.1 Variations spatio-temporelles Les variations spatiales du champ électrique et des densités électroniques, ioniques et métastables sont respectivement représenté sur les figures (3.11), (3.12), (3.13), (3.14). Figure 3.11 : Variation spatiale du champ électrique calculé pendant la premier alternance du deuxième période (à t=110 µs) Figure 3.12 : Variation spatiale de la densité électronique calculé pendant la premier alternance du deuxième période (à t=110 µs) 78 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Figure 3.13 : Variation spatiale de la densité ionique calculé pendant la premier alternance du deuxième période (à t=110 µs) Figure 3.14 : Variation spatiale de la densité métastable calculé pendant la premier alternance du deuxième période (à t=110 µs) 79 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Sur ces différentes figures, l’origine des distances est prise à l’anode chacun de ces représentations met en évidence la zones Allumage qui caractérisent la décharge. Sur les figures (3.11), (3.12), (3.13) la densité d’ions augmente progressivement, le champ dans l’espace inter-diélectrique est un peu perturbé par la charge d’espace ionique. La densité électronique est beaucoup plus faible, car le champ électrique est élevé et que la mobilité électronique est très supérieure à la mobilité ionique. On voit également que, malgré une tension inter-électrodes quasi-nulle à l’instant t=90 µs, le champ électrique dans le gap est suffisamment élevé pour conduire au claquage. Ceci est dû à la charge déposée sur les diélectriques au cours de l’alternance précédente, et qui est à l’origine du champ électrique positif dans les diélectriques, la densité ionique continue d’augmenter dans le gap sous l’effet de la multiplication électronique et de l’émission secondaire. Le champ électrique est distordu en raison de la charge d’espace ionique élevée. Sa valeur augmente côté cathodique et chute côté anodique, ce qui a pour conséquence un ralentissement des électrons côté anodique et une augmentation de la densité ionique. Le champ anodique a chuté à zéro, ce qui signifie que le champ de charge d’espace ionique est devenu du même ordre que le champ appliqué. Il en résulte le piégeage des électrons et la formation d’un milieu quasi-neutre, le plasma, côté anodique. Tant que l’on produit plus d’ions en volume que l’on en perd sur les électrodes, la densité de particules chargées croît, le plasma s’étend, et l’épaisseur de la région de charge d’espace ionique (la gaine cathodique) entre la surface diélectrique côté cathodique, et le plasma, diminue. L’épaisseur de gaine est minimale, et les densités de particules chargées maximales au voisinage du pic de courant. 80 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 3.4.5.2 Prise en compte de la variation du temps pendant la décharge On va tracer les caractéristiques de la décharge, le champ électrique et les densités des particules dans tous les régimes de la décharge (Extinction, Amorçage, Allumage de la décharge). Figure 3.15 : Variation spatiale du champ électrique (à t=30, 40, 50 µs) Figure 3.16 : Variation spatiale de la densité électronique (à t=30, 40, 50 µs) 81 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Figure 3.17 : Variation spatiale de la densité ionique (à t=30, 40, 50 µs) Figure 3.18 : Variation spatiale de la densité métastable (à t=30, 40, 50 µs) a) Extinction de la décharge Au début de l’alternance, avant la décharge, l’espace inter-électrodes gazeux peut être considéré comme un diviseur capacitif de tension. Quand la tension, aux bornes 82 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . de la cellule croît, la tension, appliquée au gaz croît aussi jusqu’à ce que le champ électrique atteigne la valeur requise pour initier une avalanche. Cette valeur particulière de la tension du gaz est appelée tension d’amorçage. L’ionisation conduit au développement d’une avalanche électronique qui se propage vers l’anode. Comme la mobilité des ions est nettement inférieure à celle des électrons (environ 1000 fois plus faible), ces derniers sont accélérés avec une plus grande vitesse vers l’anode. Ils laissent derrière eux les ions positifs quasiment immobiles. La tension du gaz est constante pendant cette phase. L’augmentation de la tension appliquée induit une augmentation du champ électrique et la densité ionique croit légèrement du côté de l’anode et de façon beaucoup plus marquée à côté de la cathode. La mobilité des ions étant beaucoup plus faible que celle des électrons et le déplacement rapide des électrons induit une charge d’espace positive et provoque une augmentation du champ électrique et donc la construction, prés de la cathode, d’une zone à champ fort : la chute cathodique. Les métastable qui sont créés par impact électronique, se déplacent par la diffusion. Et une partie de cette densité atteint la surface malgré la faible diffusion à la pression atmosphérique. Figure 3.19 : Variation spatiale du champ électrique (à t=60, 70, 80 µs) 83 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Figure 3.20 : Variation spatiale de la densité électronique (à t=60, 70, 80 µs) Figure 3.21 : Variation spatiale de la densité ionique (à t=60, 70, 80 µs) 84 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Figure 3.22 : Variation spatiale de la densité métastable (à t=60, 70, 80 µs) b) Amorçage de la décharge Les figures (3.19, 3.20….3.22) représentent les variations spatiales du champ électrique dans l’espace inter-électrodes, ainsi que les densités électroniques, ioniques et de métastables, qui sont les espèces majoritaires dans la décharge. Ces distributions sont présentées au maximum du courant. Comme nous pouvons le voir, le champ électrique garde une valeur quasiment constante sur l’ensemble de l’espace interélectrodes. La densité d’électrons varie exponentiellement, un tel comportement correspond à une décharge de Townsend, c’est-à-dire une décharge auto-entretenue par l’émission d’électrons à la cathode. Les électrons se multiplient exponentiellement pendant leur trajet de la cathode à l’anode puisque la densité d’ions est trop faible pour induire une localisation du champ électrique. Le champ étant quasi uniforme, la valeur du champ géométrique est forte, ce qui permet de maintenir l’ionisation. Le transfert d’énergie est maximal à l’anode où la densité électronique est maximale. 85 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Dans la zone cathodique la valeur maximale du champ électrique diminue. Dans les deux zones la colonne positive et la gaine anodique les densités de charge restent égales et le champ électrique est de plus en plus faible. Les valeurs maximales des densités électroniques et ioniques diminuent dans la zone cathodique mais restent constantes dans la colonne positive parce que ces particules chargées (électron et ion) sont piégés dans la colonne positive. Les densités métastables restent constantes parce qu’elles ne dépendent pas du champ électrique, ces espèces étant neutres, leur déplacement est conditionné par la diffusion, c'est-à-dire le gradient de concentration. . Figure 3.23 : Variation spatiale du champ électrique (à t=100, 110, 120 µs) 86 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Figure 3.24 : Variation spatiale de la densité électronique (à t=100, 110, 120 µs) Figure 3.25 : Variation spatiale de la densité ionique (à t=100, 110, 120 µs) 87 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Figure 3.26 : Variation spatiale de la densité métastable (à t=100, 110, 120 µs) c) Allumage de la décharge Sur les figures, on voit bien les distributions spatiales du champ électrique et les densités électroniques, ioniques et métastables dans un état stationnaire. A ce moment le plasma est déjà formé à la gaine cathodique, le plasma ainsi formé prés de l’anode, les densités des particules dans le plasma augmentent ensemble en fonction du temps. La dynamique du processus d’ionisation dans la phase active de la formation de décharge dépend des densités de charges accumulées dans le volume de décharge. On remarque que le champ électrique décroit lorsque la tension du gaz diminue. Cette décroissance ne pouvant plus se faire rapidement de côté de la cathode à cause de la densité ionique élevée dans cette zone et la diminution du champ électrique au niveau de l’anode, induit un déplacement des électrons, vers l’électrode qui deviendra la nouvelle anode (à droite) et les ions s’approchent de la nouvelle cathode. Le maximum de la densité métastable est très faible, mais ces espèces restent constantes sur toute la surface inter électrode puisqu’ils sont indépendants du champ électrique. 88 Chapitre 3 : Résultats et discussions. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 3.4 Conclusion Dans ce chapitre nous avons présenté les résultats de la modélisation de la décharge luminescente contrôlée par barrière diélectrique. Le modèle décrivant le comportement de la décharge, ce modèle permet d’analyser la formation de gaine et l’évolution pendant et après le claquage de la tension appliquée en fonction du temps et de la distance inter-électrode. Un premier niveau de validation a concerné les caractéristiques électriques de la décharge (courant et tension appliquée, tension gaz et tension mémoire). L’accord quantitatif et qualitatif est assez bon et nous pouvons considérer que la description globale du fonctionnement de la décharge est correcte. La distrubution spatial du champ électrique et des densités de particules chargées de l’amorçage à l’extinction de la décharge. L’apparition de points lumineux prés de la cathode puis celle d’une succession de zones sombres et lumineuses dont l’etendue relative évolue dans le temps ont pu être liée à la forme du champ électrique et des densités électronique et ionique dans l’espace inter électrodes. Nous avons, également, pu démontrer un faible potentiel d’ionisation est nécessaire à l’obtention d’un régime luminescent est stable dans l’hélium à la pression atmosphérique. 89 Chapitre 4 : Influence des paramètres de la décharge. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Chapitre 4 Influence des paramètres de la décharge 90 Chapitre 4 : Influence des paramètres de la décharge. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 4.1 Introduction Toute modélisation passe par une phase d’étude et d’identification préalable du système à modéliser. L’objectif de cette partie est d’étudier les caractéristiques électriques de la décharge luminescente à la pression atmosphérique et en déduire les phénomènes physiques essentiels qui doivent être pris en compte pour modéliser au mieux cette décharge d’un point de vue électrique, la décharge luminescente obtenue entre deux électrodes isolées par barrière diélectrique s’est avéré efficace sous certaines conditions et la variation de l’un des paramètres de la décharge peut modifier son régime et baisser l’efficacité. De manière analogue, nous avons étudié l’influence des différents paramètres de la décharge (fréquence et valeur efficace de la tension d’excitation, distance inter électrode…..) sur ses caractéristiques électrique. 4.2 Définition des caractéristiques électriques Nous allons, dans ce paragraphe, définir les différentes grandeurs choisies pour caractériser le courant de la décharge, la charge déposée sur les diélectriques, la tension gaz. Une fois définies, ces grandeurs feront l’objet d’une étude en fonction des paramètres de la décharge. 4.2.1 Courant de décharge Le courant de décharge est représenté par son amplitude maximale. Etant donné la dissymétrie plus ou moins importante entre les alternances positive et négative dune même période, nous avons, pour chaque grandeur électrique, distingué successivement les valeurs correspondant à l’alternance positive puis à l’alternance négative. Une fois déterminées, ces deux valeurs permettent de calculer la valeur moyenne. Le courant résiduel, mis en évidence, est d’une durée de quelques microsecondes. La stabilité de la décharge étant reliée à la présence de ce courant. 91 Chapitre 4 : Influence des paramètres de la décharge. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 4.2.2 Tension gaz L’évolution de la tension gaz durant une période est représentée dans le chapitre précédent. Elle est caractérisée par deux extremums. Le premier, représentant la tension d’amorçage de la décharge, est égal à la valeur maximale atteinte par la tension gaz. A partir de ce maximum, la tension gaz chute rapidement jusqu’à atteindre une valeur minimale. Pour les mêmes raisons de dissymétrie que précédemment, la tension gaz sera caractérisée par une tension d’amorçage et une tension minimale pour chaque alternance de la tension appliquée. Les signes (+) et (-) désignent respectivement les alternances positive et négative de la tension appliquée. La caractérisation de toute la période est alors effectuée par calcul des valeurs moyennes. La différence entre ces deux valeurs moyennes représente alors la chute de tension moyenne subite par le gaz durant le pic de courant. 4.3 Influences des paramètres Les paramètres dont l’influence sur les caractéristiques électriques de la décharge a été étudiée sont : la fréquence et l’amplitude de la tension appliquée, pour l’excitation électrique, puis la distance inter électrode, coefficient d’émission secondaire. 4.3.1 Fréquence d’excitation La fréquence d’excitation est un paramètre dont l’importante influence sur la stabilité de la décharge. Au niveau de la modélisation numérique, un comportement analogue à ce dernier a également été obtenu pour les basses fréquences et les variations du courant de décharge et ses différentes tensions ne sont plus reproductibles d’une période à une autre. Nous allons étudier l’influence de la fréquence d’excitation sur les variables de caractérisation de la décharge. Ainsi, nous avons, dans le cas des conditions de 92 Chapitre 4 : Influence des paramètres de la décharge. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . modélisation correspondants au courant de décharge, fait varier la fréquence d’excitation entre (2, 4, 6 kHz). Figure 4.1 : variation spatiale du champ électrique (pour f=2 , 4, 6 kHz, à t=40 µs) Figure 4.2 : variation spatiale de la densité électronique (pour f=2 , 4, 6 kHz, à t=40 µs) 93 Chapitre 4 : Influence des paramètres de la décharge. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Figure 4.3 : variation spatiale de la densité ionique (pour f=2 , 4, 6 kHz, à t=40 µs) Les figures (4.1, 4.2, 4.3) représentent l’influence de la fréquence sur l’évolution spatiale du champ électrique et les densités des particules. Toute augmentation de la fréquence induit une augmentation de la densité électronique et on remarque qu’au moment au le champ électrique est très faible la densité électronique est assez élevée parce que le temps de déplacement des électrons est très faible. Il faut souligner que dans certaines conditions, la densité électronique de l’avalanche initiale peut être relativement grande. Les avalanches secondaires provenant de la cathode peuvent atteindre la queue de l’avalanche initiale avant même que cette dernière n'atteigne l’anode. Il est alors difficile de déterminer la frontière entre ces deux phases, à partir de l’évolution du courant. Bien que sa fréquence d’échantillonnage vaut 4 kHz, ne permettait pas d'obtenir simultanément une gamme de temps étendue et une fréquence d'échantillonnage élevée, un pic peu marqué a donc pu être masqué. 4.3.2 Effet de la tension appliquée De la même manière que pour la fréquence, nous avons effectué les calculs et en faisant varier la valeur de la tension appliquée efficace (V=2,4, 6 kV). 94 Chapitre 4 : Influence des paramètres de la décharge. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Sur les figures, nous présentons les variations du champ électrique et les densités électroniques et ioniques pour plusieurs valeurs de la tension appliquée. Figure 4.4 : variation temporelle de la tension appliquée (pour V== 2, 4, 6 kV) Figure 4.5 : variation spatiale du champ électrique (pour V== 2, 4, 6 kV, à t=40 µs) 95 Chapitre 4 : Influence des paramètres de la décharge. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Figure 4.6 : Variation spatiale de la densité électronique (pour V== 2, 4, 6 kV, à t=40 µs) Figure 4.7 : Variation spatiale de la densité ionique (pour V== 2, 4, 6 kV, à t=40 µs) La tension d’amorçage qui dans nos conditions, correspond à la valeur maximale de la tension de l’espace inter-électrodes. Les tensions de claquage déduites des courbes de Paschen [66]. Elles sont données pour le claquage dans l’hélium pur entre 96 Chapitre 4 : Influence des paramètres de la décharge. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . deux électrodes métalliques planes. Ces tensions correspondent aux critères de claquage en régime continu dans un champ homogène. Selon Kogelschatz et al. [67], la tension d'amorçage pour l’espace inter-électrode, limité par une ou deux couches diélectriques, est pratiquement égale à celui d'un dispositif muni de deux électrodes métalliques à 4 kHz et aux plus faibles pressions de remplissage (P< 300 Torr), nos valeurs de tension sont 20% supérieures à celles déduites des courbes de Paschen [66]. Pour des pressions supérieures à 500 Torr, la tension apparente d’amorçage, dans nos conditions, est inférieure à celle déduite des courbes de Paschen. De plus, à 4 kHz, elle est toujours inférieure à celle obtenue à partir des courbes de Paschen. Ce qui signifie qu’à haute fréquence le processus de claquage électrique dans les DBD est lié à l’effet de pré-ionisation, due au fait que les charges ne sont pas totalement évacuées, qui est responsable de cette diminution de la tension de claquage. On remarque que lorsque la tension appliquée augmente, l’épaisseur de la gaine cathodique augmente. Cette région est caractérisée par une densité électronique qui devient plus en plus faible avec l’augmentation de la tension appliquée, ceci s’explique par le fait que l’augmentation de la tension appliquée entraine une augmentation du champ électrique ; ce dernier a pour conséquence d’augmenter la vitesse des particules chargées, en particulier les électrons qui sont beaucoup plus légers que les ions. Tandis que dans la colonne positive la densité électronique est la même quelque soit la tension appliquée. 4.3.3 Effet de la distance inter électrode La distance inter électrode, correspondant à l’épaisseur du gaz entre les deux diélectriques, a été variée de 3 à 7 mm. La décharge amorcée dans les mêmes conditions. Les variations spatiales du champ électrique et des densités des particules, représentées sur les figures. 97 Chapitre 4 : Influence des paramètres de la décharge. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Figure 4.8 : Variation spatiale du champ électrique (pour z= 3, 5, 7 mm, à t=40 µs) Figure 4.9 : Variation spatiale de la densité électronique (pour z= 3, 5, 7 mm, à t=40 µs) 98 Chapitre 4 : Influence des paramètres de la décharge. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Figure 4.10 : Variation spatiale de la densité ionique (pour z= 3, 5, 7 mm, à t=40 µs) A partir de cette étude, nous pouvons définir trois plages de variation de la distance inter électrodes ou les caractéristiques de la décharge sont identiques. Pour des distances comprises entre 3 mm et 7 mm, la décharge garde une structure luminescente et la diminution ou l’augmentation de la distance inter électrodes induit une diminution ou une augmentation de l’étendue de la colonne positive. En dessous de 3 mm, la colonne positive disparaît complètement et les zones restantes sont compressées : la décharge devient instable et commence à avoir un comportement particulier. Pour des distances inter électrode supérieures à 7 mm, la colonne positive atteint une taille critique et le champ électrique appliquée n’est plus assez élevé pour assurer l’auto entretient de la décharge. 4.3.4 Effet de la pression du gaz De la même manière que pour la fréquence, nous avons effectué les calculs et en faisant varier la valeur de la pression du gaz (p=700, 750, 800 torr). Sur les figures, nous présentons les variations du champ électrique et les densités électroniques et ioniques pour plusieurs valeurs de la pression du gaz. 99 Chapitre 4 : Influence des paramètres de la décharge. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Figure 4.11 : Variation spatiale du champ électrique (pour p=700, 750, 800 torr, à t=40 µs) Figure 4.12 : Variation spatiale de la densité électronique (pour p=700, 750, 800 torr, à t=40 µs) 100 Chapitre 4 : Influence des paramètres de la décharge. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Figure 4.13 : Variation spatiale de la densité ionique (pour p=700, 750, 800 torr, à t=40 µs) 4.3.5 Influence de l’émission secondaire par impact ionique Sur les figures, nous présentons les variations temporelles du courant de décharge, tension gaz et tension mémoire et variations spatiales du champ électrique, les densités électroniques et ioniques pour plusieurs valeurs (γ=0.06, 0.1, 0.5). Figure 4.14 : Variation temporelle du courant de décharge (pour γ=0.06, 0.1, 0.5) 101 Chapitre 4 : Influence des paramètres de la décharge. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Figure 4.15 : Variation spatiale du champ électrique (pour γ=0.06, 0.1, 0.5, à t=40 µs) Figure 4.16 : Variation spatiale de la densité électronique (pour γ=0.06, 0.1, 0.5, à t=40 µs) 102 Chapitre 4 : Influence des paramètres de la décharge. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . Figure 4.17 : Variation spatiale de la densité ionique (pour γ=0.06, 0.1, 0.5, à t=40 µs) Dans les figures (4.14, 4.15…..4.17). L’obtention d’un claquage de décharge luminescente à pression atmosphérique suppose d’une part, d’éviter la formation d’une grande avalanche et donc de diminuer l’ionisation α du gaz et d’autre part, d’accroître l’émission d’électrons secondaires à la cathode. La diminution de α s’explique par une ionisation du gaz très progressive commençant pour un champ inférieur au champ de claquage de gaz comme en témoigne l’augmentation significative de tension gaz durant la montée du courant. Ainsi, la tension de claquage effective du gaz est d’autant plus faible que l’effet mémoire est fort [68]. La forte contribution de l’émission d’électrons secondaires lors de l’amorçage de la décharge est expliquée par la diffusion des métastables vers la cathode. En effet, les travaux successifs réalisés dans l’équipe de F. Massines ont montré que la présence de métastables est une condition nécessaire à l’obtention d’une décharge luminescente à la pression atmosphérique d’hélium. Durant la DLPA, les métastables sont créés près de l’anode par impact électronique. A l’inversion de polarité de la tension gaz, lorsque l’électrode précédemment anode devient cathode, le flux de métastables sur le diélectrique qui la recouvre reste important puisqu’il est indépendant du champ électrique. Ainsi la diffusion des métastables induits une émission continue 103 Chapitre 4 : Influence des paramètres de la décharge. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . d’électrons par la cathode, ce qui se traduit comme nous l’avons vu précédemment par un courant de décharge non nul même lorsque la décharge est éteinte, c’est à dire lorsque le champ électrique est trop faible pour induire la formation d’avalanches électroniques. Ainsi les électrons émis par la cathode traversent l’espace interdiélectrique sans qu’il y ait amplification. Lorsque la tension gaz augmente, le développement d’avalanches électrique explique la croissance exponentielle du courant. L’importance de ce phénomène dépend fortement du coefficient d’émission secondaire, γ, de la surface. On définira ainsi γi comme le coefficient d’émission secondaire des ions et γm le coefficient d’émission secondaire des métastables. Ces mesures ne sont pas simples à mettre en œuvre notamment à cause de l’influence de la charge à la surface du diélectrique. En effet, le coefficient d’émission secondaire d’un diélectrique chargé négativement est plus important que celui d’un diélectrique non chargé. Dans le cas d’une DLPA, lorsque l’anode devient cathode les électrons préalablement déposés à la surface du diélectrique par la décharge précédente et qui se trouvent dans les pièges peu profonds sont facilement extractibles de la surface ce qui permet d’augmenter γ entre deux décharges et lors de l'amorçage de la décharge. En fait, c’est le cas jusqu’à ce que tous les électrons déposés pendant la décharge précédente soient neutralisés ou émis, ce qui correspond à l’instant où la tension mémoire est égale à 0. Ainsi, avec le modèle fluide, les meilleurs résultats ont été obtenus avec un coefficient γ variant de 0,5 à 0,06 suivant la charge du diélectrique. En effet, l’amorçage de la décharge se fait pour des tensions gaz inférieures à celles obtenues lors de son extinction. Ce phénomène est tout à fait en accord avec une diminution du coefficient d’émission secondaire, γ au cours de la décharge. Diminution qui suppose une augmentation de l’ionisation dans le gaz et donc de la tension gaz pour obtenir une valeur du courant donnée. 104 Chapitre 4 : Influence des paramètres de la décharge. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- . 4.4 Conclusion L’étude du comportement électrique de la décharge, en fonction des conditions d’excitation et de la configuration des électrodes, qui a fait l’objet de ce chapitre, il ressort que la densité de charges créés lors d’une décharge luminescente, et encore présentes lors de l’amorçage suivant, est déterminante pour l’établissement du régime luminescente à la pression atmosphérique. Cette densité de charges résiduelles dépend beaucoup de la tension appliquée et conditionne la tension d’amorçage de la décharge. Plus cette tension est forte plus la probabilité de formation d’une avalanche créant une forte charge d’espace et conduisant à la formation d’une décharge luminescente est grande. Une faible tension d’amorçage et donc un nombre de charges résiduelles suffisant permettront d’obtenir une décharge luminescente contrôlée par barrière diélectrique. 105 Conclusion générale. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Conclusion générale Des travaux précédents ont montré l’intérêt de la Décharge luminescente à la Pression Atmosphérique (DLPA). En effet, celle-ci peut, par exemple, être aussi bien utilisée pour l’activation de surface de films polymères, que pour les dépôts de couches minces. Néanmoins, les conditions d’obtention de cette décharge étaient trop limitées et trop mal comprises pour pouvoir développer un procédé de traitement de surface industriel. De plus, le temps de traitement apparaissait trop long pour des applications industrielles à grande échelle. Or, l’augmentation de la vitesse de traitement passe par un accroissement de la puissance dissipée dans la décharge a priori antinomique avec une décharge luminescente. Dans ce cadre, les objectifs de ce travail étaient, en premier lieu, l’amélioration de la compréhension de la physique de la décharge luminescente à la pression atmosphérique en gaz vecteur hélium afin de définir en particulier l’origine des différentes causes de sa déstabilisation qui limite la puissance dissipée dans la décharge. La DBD est une configuration d’électrodes particulières permettant d’obtenir un plasma froid à pression atmosphérique. Ensuite, une validation a été effectuée à l’aide de diagnostics électriques pour s’assurer de la possibilité d’obtenir les modes de décharge luminescent, théoriquement réalisables dans l’hélium à pression atmosphérique. Ces modes sont radicalement distincts dans leurs mécanismes de décharge et produisent donc des modifications de surfaces différentes. Nous avons utilisé le modèle fluide qui décrit le couplage entre les phénomènes de transport des particules chargées, et le champ électrique. L’interaction entre particules chargées et électrode est également considérée. Dans une décharge à pression atmosphérique le claquage et assuré par les électrons, accélérés par le champ électrique de gaine, ionisent le gaz est déposent leur énergie (ionisation, excitation) dans le plasma de la lueur négative. La multiplication électronique dans la région cathodique doit être d’autant plus importante que le coefficient d’émission secondaire est faible. Plus loin de la cathode, 106 Conclusion générale. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- le plasma de la colonne positive, uniforme axiale ment, diffère du plasma de la lueur négative. Par le fait que localement, le gain d’énergie électronique est composé par les pertes dues aux collisions. Le champ électrique s’y établit pour assurer la continuité du courant. Ceci se fait de telle sorte que le bilan de création (ionisation) et de disparition (diffusion) électronique soit nul. Les résultats de la distribution temporelle du courant de décharge montrent que La décharge luminescente contrôlée par barrière diélectrique dans l’hélium est maintenue. Sa particularité est d’être stationnaire, ce qui traduit par un courant de décharge périodique composé d’une seule impulsion par alternance. L’amplitude et la forme de ces impulsions ne sont pas les mêmes sur les alternances positives et négatives. Nous avons aussi montré d’après les résultats des distributions spatiales du champ électrique et des densités de particules (chargées et excitées) que la décharge est obtenue par générations successives d’avalanches qui se développent en des temps relativement longs de l’ordre de la microseconde et conduisent à la formation d’une charge d’espace positive à la cathode. Cette charge induite par le déplacement rapide des électrons vers l’anode provoque une augmentation du champ électrique et donc une chute cathodique commence à se former puis à se contracter jusqu’au maximum du courant de la décharge. Après le maximum du courant et dans l’inversion de la polarité du courant de décharge, le nombre d’électrons restant dans le gaz sera suffisant pour initier une nouvelle décharge à l’alternance suivante. Ainsi que la présence des métastables dans l’espace inter électrode constituent indirectement une réserve de particules chargées d’une décharge à la suivante, c'est-à-dire ces particules sont capables de fournir à travers des réactions de type Penning et indépendamment du champ électrique des particules chargées et cette réserve de charges favorise l’amorçage de la décharge suivante sous un champ électrique faible. Une densité résiduelle d’électrons dans l’espace inter électrode au moment de l’amorçage de la décharge, l’une des conditions d’obtentions du régime luminescent. 107 Conclusion générale. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Enfin, une étude en fonction des différents paramètres tels que la fréquence d’excitation et des valeurs de la tension appliquée a été effectuée et a mis en évidence l’influence de leur variation sur le régime de la décharge. 108 Bibliographie ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Bibliographie [1] Yu. 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A.1.1 : Schéma électrique équivalent de la cellule de décharge Modélisation du circuit équivalant de la décharge luminescente (DLPA) avec Matlab Simulink : Toute modélisation passe par une phase d’étude et d’identification préalable du système à modéliser. L’objectif de cette étude la modélisation des caractéristiques électriques de la décharge luminescente à la pression atmosphérique (DLPA) afin d’en déduire les phénomènes physiques essentiels qui doivent être pris en compte pour modéliser au mieux cette décharge d’un point de vue électrique avec un logiciel (Matlab, Simulink). 115 Annexes. -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 116 Annexes. -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Figure A.1.2: Modèle Simulink du circuit équivalent de la décharge luminescente à la pression atmosphérique 117 Annexes. -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Annexe A2 Les densités de particules chargées sont définies au centre de la cellule, Figure A.2.1. Dans l'équation de continuité et dans celle de transfert de quantité de mouvement, les flux des particules chargées suivant l'axe des (Z) sont définis entre les points (j-1, j, j+1). Zj-1 Zj Zj+1 Figure A.2.1 : Maillage utilisé dans le modèle numérique (1D). Discrétisation de l’équation convection diffusion Pour les électrons μ (A1.1) avec α μ (A1.2) Pour les ions 118 Annexes. -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- μ (A1.3) avec α μ (A1.4) Pour les métastables (A1.5) avec α μ (A1.6) Discrétisation de l’équation de Poisson (A1.7) la méthode des différences finies centrées (A1.8) (A1.9) d’où : (A1.10) avec (A1.11) L’équation (10) peut s’écrire (A1.12) on obtient une matrice tridiagonal qui varie de (2) a avec i=2, 3, 4…….nx-1 119 Annexes. -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Nous avons présenté sur la figure A2.2 l’organigramme de simulation de la décharge luminescente à la pression atmosphérique unidemensionnelle. Introduction des équations de transport des particules chargées et excitées entre et Calcul des différentes tensions (mémoire, gaz,...) et les différentes courants (de décharge, gaz) Calcul des densités électroniques, ioniques et métastables à et Calcul du champ électrique à et Affichage des résultats : Densités des particules chargées et excitées, champ électrique et les courants Figure A2.2 : Organigramme de fonctionnement du programme de modélisation ( est une variable physique à l’instant k) 120