Donc, après la Révolution de 1789, cette assemblée décida d’instituer un système économique capitaliste dont le principe est très simple : Origines historiques et structurelles de la Crise Dr. G. Casper Pourquoi la Crise dure -t- elle depuis 40ans ? Pourquoi chômage et boulots précaires ? Pourquoi ferme t’on écoles, hôpitaux ? Pourquoi retarder l’âge de la retraite ? Pourquoi en sommes nous arrivés là alors que le « progrès » nous promettait bien autre chose? Mon propos n’est pas de parler de compétitivité, de dette, d’allongement de la vie, de mondialisation, etc., comme on le fait constamment, mais d’analyser simplement l’évolution du système économique qui en contient les causes profondes. Analyse que les économistes qui se répandent dans les médias se gardent bien de faire… Il faut au préalable comprendre les principes de base du système économique et voir comment il a évolué depuis la Révolution française jusqu’au début de la « Crise » dans les années 1970, pour ensuite prendre un tournant radical. Ces évolutions ne sont pas tombées du ciel, comme on le laisse penser, mais sont la conséquence de choix politiques décidés par les gouvernements successifs. _____________________ Comme on l’apprend à l’école, le dernier roi de France a été destitué lors de la Révolution de 1789. La monarchie a été remplacée par une « démocratie ». Le peuple est, depuis, censé diriger le pays à travers des représentants « démocratiquement » élus, qui siègent à l’Assemblée nationale (les députés). Dans les faits, cette assemblée est essentiellement constituée de membres suffisamment fortunés pour avoir les moyens matériels et relationnels de faire une campagne électorale efficace. Et donc les classes les moins favorisées, pourtant les plus nombreuses, n’y sont pratiquement pas représentées. V100814 Le peuple peut être divisé en 2 classes : - Les propriétaires des Ressources naturelles (terrains, énergie, matières premières …) et Moyens de production (machines, brevets…), - Les employés (la grande majorité), qui ne peuvent vendre que leur force de travail à des propriétaires. En échange de ce travail les propriétaires leur céderont une partie des richesses issues du travail et du capital ainsi valorisé. Généralement sous forme d’un salaire. Ce salaire est fonction du « marché du travail » Il dépend largement du rapport de force qui s’exerce entre les syndicats de propriétaires, comme aujourd’hui le MEDEF, et les syndicats de travailleurs. Ce rapport de force est encadré par la législation écrite par les gouvernements dans le but - en principe - de favoriser une certaine harmonie sociale. Rappelons que les patrons, qui exploitent le capital que d’autres lui auront confié, défendent nécessairement et en priorité les intérêts du capital. Lesquels intérêts sont opposés, pour ce qui est du partage des richesses produites, à ceux du travail. (Une même personne peut appartenir aux 2 classes en même temps, tels les petits entrepreneurs. Mais cette catégorie sociale n’est pas représentative du système car, pour ainsi dire, elle s’exploite elle-même) 1 Voici donc résumés les grands principes qui sont à la base du système dont l’évolution a engendré une « crise » qui dure depuis 40 ans, et n’est pas terminée loin de là, nous allons voir pourquoi. Revenons à 1789 : Il y avait alors des personnes fortunées dont les besoins étaient immenses car tout était à inventer. On voyageait en voiture à cheval et il n’y avait aucun autre moyen de communication. On ne disposait pas d’électricité ni même d’eau courante, on peinait à se nourrir, et il fallait tout faire à la main. Ces fortunés étaient avides d’améliorer leur confort, et prêts à y risquer de leur fortune. Par ailleurs nombreux étaient les inventeurs et entrepreneurs qui ne demandaient qu’à développer leurs savoir faire, et suscitaient l’intérêt de ces classes aisées. Tout naturellement des entreprises se développèrent, absorbant toute la main d’œuvre qui se présentait. Il n’existait alors aucune loi sociale et les patrons dictaient leurs conditions (comme aujourd’hui dans les pays dits « en voie de développement ») Toutefois, du fait que les besoins en main d’œuvre étaient immenses (la mécanisation était quasi inexistante), les ouvriers, groupés en syndicats professionnels, avaient un pouvoir de pression sur les patrons et propriétaires grâce à la grève. Par ailleurs la France, comme tous les autres pays, souhaitait garder sa souveraineté pour préserver son économie et mener la politique qu’elle entendait. Les conditions de vie des « travailleurs » s’amélioraient donc progressivement, surtout après la guerre de 1939, et ils gagnaient aussi en libertés. Jusqu’au moment où les propriétaires prirent conscience (du moins tout s’est passé comme s’ils en avaient pris conscience) de ce que ce monde du travail, qu’ils considèrent comme leurs domestiques, risquait de prendre le contrôle du système à leurs dépends! Les évènements du printemps 1968 (qui avortèrent faute de programme politique cohérent) accélérèrent sans doute cette prise de conscience en France et partout en occident. Il y eut en effet une grève d’ampleur considérable, puisqu’elle paralysa le pays entier pendant 1 mois et les grévistes se comptaient par millions! Depuis ces évènements tous les gouvernements, à commencer par celui de Georges Pompidou jusqu'à l’actuel, affaiblirent le pouvoir des V100814 « travailleurs » au profit de celui des propriétaires sans toutefois toucher au droit de grève inscrit dans la constitution. En 1968 le chômage était presque inexistant. La sécurité de l’emploi était un fait. Il était possible pour la plupart des jeunes, et moins jeunes, de changer de travail du jour au lendemain pour de meilleures conditions. On pouvait, tout aussi bien, passer sa vie dans une même entreprise, et y projeter son avenir. C’est sans doute difficilement imaginable pour qui n’a pas vécu à cette époque. Cela ne veut pas dire pour autant que tout était rose, très loin de là, mais l’avenir était porteur de progrès: La machine allait libérer l’Homme du travail, et l’Homme pourrait ainsi s’adonner à des loisirs rendus merveilleux grâce à la science ! On voit ce qu’il en fut... La stratégie de ces gouvernements consista en des réformes économiques et financières radicales, bien que souvent d’apparence anodine. On a pas de preuve que cela fut pensé en tant que stratégie, mais toujours est-il que cela a été fait et que les conséquences socialement désastreuses sont bien enracinées. Tout d’abord examinons la situation avant ces réformes: L’Etat contrôlait alors la circulation des marchandises (droits de douanes et quotas pour les produits importés), il contrôlait la circulation des capitaux (il était nécessaire d’obtenir une autorisation pour sortir des capitaux du pays) et décidait de l’impôt, auquel même les plus gros contributeurs ne pouvaient échapper, finançant ainsi aisément le progrès social. Enfin il contrôlait la Banque de France qui ellemême pouvait financer l’Etat et régulait la création monétaire des banques privées. L’Etat avait tout pouvoir sur le monde économique et financier. Sa mission était de protéger l’économie et le développement du pays pour lui conserver son entière souveraineté et ainsi décider en particulier de sa législation sociale, sans avoir à se soucier outre mesure de compétitivité avec l’extérieur. Le progrès social suivait les gains de productivité, et s’accélérait dans le temps. Les charges salariales et fiscales pouvaient augmenter sans compromettre la compétitivité des entreprises, puisque toutes supportaient les mêmes! 2 La limite étant que le pouvoir d’achat ne dépasse pas les capacités de production, ce qui aurait entraîné une inflation incontrôlable… La compétitivité de nos produits à l’exportation pouvait s’adapter en jouant sur la valeur de notre monnaie vis-à-vis des autres. Et le gouvernement pouvait librement ajuster cette valeur (…), de sorte que nos exportations financent au mieux nos importations (en particulier le pétrole). L’exigence de « compétitivité » ne pesait alors pas sur la rémunération du travail, mais demandait seulement de la compétence dans nos entreprises. (D’où la nécessité d’un système d’éducation performant). Voici maintenant les mesures qui permirent de démultiplier les possibilités de profits pour le capital, et de laminer le pouvoir des travailleurs. Elles furent mises en place après les frayeurs du printemps 1968 : Rappelons d’abord, pour ce qui suit, que les finances de l’Etat se décomposent, comme celles d’un ménage, en des investissements, et des dépenses courantes. Normalement, les investissements se financent par le crédit, et les dépenses courantes par les revenus, c’est à dire impôt et taxes dans le cas de l’Etat. 1 - Giscard d’Estaing, alors ministre des Finances de Pompidou en 1973, interdit à l’Etat d’emprunter à coût nul à la Banque de France. (Alors que la création monétaire est de la responsabilité de l’Etat, qui d’ailleurs assume les dettes des banques privées s’il le faut…) L’Etat fait depuis appel aux marchés, pour financer ses investissements, (EDF, SNCF, autoroutes, hôpitaux, écoles...), et non plus à la Banque de France. Ensuite on légalisa certaines formes de fraude fiscale, rebaptisée « évasion fiscale ». (Tout en faisant mine de la déplorer et de la combattre… à coup de volumineux rapports jamais suivis d’effets). Ce qui coûte des dizaines de milliards d’euros par an. Et en cumulé, des milliers de milliards. On compensa le déficit de recettes fiscales, ainsi provoqué, par un endettement supplémentaire qui s’ajouta aux emprunts d’investissement, ruineux (pour l’Etat), mais juteux (pour les prêteurs). V100814 Giscard d’Estaing inaugura brillamment cette politique audacieuse (l’audace étant de faire avaler la couleuvre a un peuple entier) par un emprunt - indexé sur l’or - qui coûta des dizaines de milliards d’euros d’intérêts au budget. Milliards financés par de nouveaux emprunts... « La Dette perpétuelle », des pauvres envers les riches, prit ainsi son envol, justifiant du même coup les perpétuelles mesures d’économies faites sur son dos (recul de la retraite, réduction des prestations sociales et services publics…) Elle passa progressivement de quasiment zéro avant Giscard D’Estaing, à 2000 milliards d’euros aujourd’hui. Chacun des 60 millions de français a en moyenne déjà versé environ 30 000 euros à « ceux qui ont les moyens de prêter ». Le capital restant dû est actuellement du même ordre, et ne cesse de gonfler. 2 - On libéralisa la circulation des capitaux. Autrement dit, on autorisa les capitaux à sortir massivement du pays (ce qui facilite la fraude fiscale) Ainsi, plutôt que d’investir en France, et y payer des impôts, des capitaux partirent fructifier sous des cieux bienveillants, tels les paradis fiscaux, à l’abri du fisc. 3 - On libéralisa la circulation des marchandises. Autrement dit, on autorisa l’entrée massive de marchandises fabriquées hors du pays, dans des conditions souvent désastreuses. Cette politique a laminé des pans entiers de notre industrie… (si l’on souhaite aider des pays à se développer, il y a d’autres solutions…) 4 - On démultiplia les possibilités de spéculation (c’est à dire de parier, comme aux jeux) sur la valeur d’un tas de choses... L’imagination des financiers est sans limite pour prélever de la richesse produite par l’économie réelle, (celle où l’on produit les biens réels), ce qui occupe les plus brillants cerveaux. Alors que le rôle de la Finance est en principe de financer l’économie au moindre coût, il est devenu le moyen de prélever un maximum de richesses, sans aucune responsabilité, sinon celle de se remplir les poches, parfois même au-delà de la légalité puisque le pouvoir des banques est devenu supérieur à celui des Etats! 5 - Les machines automatiques, toujours plus efficaces, si elles libèrent bien l’Homme d’un travail souvent pénible, comme on l’apprenait à l’école dans les années 60, ne Lui permettent pas 3 pour autant de s’adonner à des loisirs merveilleux, puisque ses revenus lui sont rendus misérables! 6 - Pour couronner le tout, on imposa une monnaie unique en Europe interdisant ainsi aux Etats de jouer sur la valeur de la monnaie pour ajuster la compétitivité de leurs entreprises. Il n’y a donc plus aucun moyen d’ajuster cette compétitivité… sauf celui de réduire encore et encore le coût du travail, c'est-à-dire les salaires, la protection sociale, le financement des services publics, etc. La course au « moins disant » social, et aussi fiscal ou encore environnemental, est sans fin. Bref, on a retiré à l’Etat tous les leviers qui lui permettaient de réguler l’économie, sauf celui de faire pression sur les « travailleurs». Les propriétaires sont, par contre, particulièrement choyés puisqu’on les laisse jouer avec les économies du monde entier comme bon leur semble, ou presque. Toute forme de protectionnisme est bannie, afin de leur laisser le champ libre. Nos représentants, élus pour l’ont pour ainsi dire sabordé. piloter l’Etat, Et donc les « travailleurs », mis en compétition mondiale, confirmée par les Traités européens et sans règle ni syndicat, dans des conditions des plus disparates, furent contraints de modérer leurs prétentions, allant jusqu'à accepter des conditions parfois dignes du 19 ème siècle dans les pays riches, désormais en voie de sous développement. La « Crise » doit ainsi durer indéfiniment. Quant aux chômeurs, ils doivent de plus en plus se résigner à survivre de misérables allocations, en marge du système. Comment a-t-on fait accepter ces réformes anti sociales : Des économistes d’un genre nouveau, au style jeune, branché, maquillés par des publicitaires, prirent le devant de la scène. Il leur suffisait de «penser comme il faut penser ». Ceci est un art qu’ils apprennent dans des écoles spécialisées leur assurant un avenir doré, contrairement à celui de nombreuses branches utiles à l’économie réelle. V100814 Des pseudos journalistes, placés là où leur visibilité est maximum, à commencer par les journaux télévisés désormais en couleur, répétèrent à l’envie la « pensée » de ces mutants. On fit même appel au show bizz : en 1984, Yves Montand, vedette aux cachets faramineux, ancien admirateur du communisme, présenta, aux heures de grande audience, une émission intitulée « Vive la crise », pour expliquer au bas peuple qu’il vivait (pas lui…) au dessus de ses moyens. Par contre les personnalités un peu trop lucides et critiques du système sont curieusement écartées des médias. Ou alors, lorsque cela est impossible, disparaissent dans des conditions mystérieuses. Tel Coluche disparu dans un « accident » de moto. (Le plus grand mystère concerne les raisons pour lesquelles les principaux médias ont tous docilement raconté une fable, transmise par les autorités, concernant les circonstances de son « accident »). Giscard d’Estaing avait donc lancé un nouveau style dans la profession d’homme politique, ringardisant d’un coup les ministres du Général de Gaulle, à qui il succédait. Le peuple était sous le charme et s’est fait embobiner, mais avec goût. Pour ce qui est du fond, voici un exemple des procédés utilisés, cette fois dans l’opacité la plus totale. Une simple phrase, placée de manière anodine dans un texte de loi (souvent difficilement lisible par un non initié) peut suffire. Ce qui fut le cas, par exemple, pour cette fameuse interdiction faite à l’Etat de se financer auprès de la Banque de France. L’opinion publique ni même sans doute nombre d’élus, n’ont été informés des lourdes conséquences de cette petite phrase, alors que personne n’ignorait que Giscard jouait de l’accordéon, qu’il déjeunait chez la famille Michu, ou invitait les éboueurs parisiens à l’Elysée… Un nouveau genre de gouvernement était né. Il a depuis été repris par le monde politique aspirant aux affaires, rejoignant ainsi le style des Financiers dont ils se firent les serviteurs. Lorsqu’un président change ses montures de lunettes, sachez que ce n’est pas par hasard… _____________________ 4 Les qualités nécessaires pour conquérir le pouvoir, dans le système actuel d’élections bonimentées, sont sans rapport avec celles qu’il faut pour bien l’exercer. Ce qui rend tout à fait improbable d’en sortir un gouvernement compétent. Et pourtant les personnes compétentes ne manquent pas. Comment donc les amener au pouvoir, de manière aussi démocratique que possible ? En attendant, les rois et seigneurs sont revenus, à la différence près que leur pouvoir ne vient pas de leur sang, mais de leur fortune. Le pouvoir de l’Argent est bien au dessus de celui du peuple. Nous ne sommes pas en démocratie. Les dessins ci-dessous caricaturent le système, mais n’en reflètent pas moins la réalité de son évolution… Système tel qu'il était : Sphère de prod.- cons. En haut, on trouve la sphère de productionconsommation, (sphère où l'on vit) En bas, le sac à monnaie, qui supporte tout le système. Au milieu, la pompe (banques et bourses), qui fait circuler la monnaie entre la sphère de production-consommation et le sac à monnaie, en injectant l'investissement - et en récupérant les profits. Entre le sac à monnaie et la pompe, on trouve un circuit qui permet la spéculation: la pompe peut aspirer de la monnaie d'un coté du sac, pour la réinjecter de l'autre, sans la faire passer dans la sphère de production-consommation. N'est pas représentée, la Banque Centrale, qui alimente l'ensemble, en injectant de la monnaie dans la pompe. V100814 5 Système tel qu'il est devenu : Le sac à monnaie domine désormais le système. Il y est relié via l'anneau de spéculation, dans lequel circule une masse colossale de monnaie. Ce qui était la sphère de production/ consommation, est réduit à une sorte d'organe digestif... Notez la section des canalisations "profits" et "investissements", qui suggère que le flux de profits est supérieur au flux d'investissement. De la digestion ressort la population en voie d'exclusion, car inutile aux profits, qui sont LA finalité suprême. Enfin, notez les domaines du pouvoir financier et du pouvoir politique… Système tel qu'il sera : On y voit que l'économie réelle est une charge inutile au système financier. Celui-ci peut vivre de lui même, puisqu'il a LE pouvoir absolu. Son pouvoir est bien au dessus de celui des Etats et des peuples, qui sont soumis aux lois de la Finance. Le système financier tourne sur lui même. Les acteurs s'échangent des titres, certains font faillites, tandis que les « meilleurs » font des profits substantiels. Le Meilleur, deviendra LE tout puissant. 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