IRM AVEC CLIAVIST@ DANS LE BILAN PRE OPERATOIRE DES METASTASES HEPATIQUES DE CANCER COLO RECTAL Journées Françaises de Radiologie 2007 E Hourna, V Le Pennec, C Noel, N Bouvard, E Salamé, L Chiche Pole d’Imagerie Médicale et d’Explorations Fonctionnelles Pole viscéral CHU Caen Le cancer colo rectal est un problème de santé publique avec une incidence de 36 000 nouveaux cas/an (45 000 nouveaux cas en 2020) et 16 000 décès/an (1). Le foie est le site métastatique le plus fréquent : 60% des patients porteurs de cancers colo rectaux développeront des métastases hépatiques (2). La résection hépatique est le seul moyen d’améliorer la survie (médiane après exérèse hépatique 39 mois, médiane après chimiothérapie exclusive 25 mois) (3). La résécabilité (3) des métastases hépatiques est de 23% d’emblée et de 12% après chimiothérapie. ATTITUDE CHIRURGICALE : RESECABILITE? La décision de résécabilité se fait d’après les critères techniques et carcinologiques suivants au sein d’une unité de concertation pluridisciplinaire oncologique d’après les RCP* : Les critères techniques sont les suivants : Soit il s’agit d’une résection classe I évidente : hépatectomie classique, 4 segments ou moins, laissant 40% au moins de parenchyme résiduel. Soit il s’agit d’une résection classe II possible : hépatectomie complexe ou très large requérant une procédure difficile et /ou risquée. Les critères carcinologiques quant à eux, inclus les données suivantes: métastases synchrones ou métachrones, association à la chimiothérapie, marge de sécurité, atteinte ganglionnaire ou extra hépatique. *RCP: recommandation commune professionnelle validée par l’ANAES TRAITEMENT CHIRURGICAL (RCP) La chirurgie des métastases d’origine colo rectale doit être réalisée par un chirurgien expérimenté ayant un échographe per opératoire dans une stucture de soins adaptée. Pour les métastases hépatiques résécables d’emblée, l’hépatectomie doit laisser un parenchyme intact (marge de sécurité d’au moins 5 mm et au mieux 1 cm) et suffisant ayant sa propre vascularisation et son drainage biliaire . Pour les métastases hépatiques non résécables d’emblée, plusieurs options thérapeutiques autre que la chimiothérapie sont possibles : La destruction locale des métastases hépatiques à l’aide de la cryothérapie, du laser, des micro ondes ou de la radio fréquence. Lorsque le volume du foie post chirurgical est estimé insuffisant (< 25% du foie total ou entre 25 et 40% dans certaines conditions comme le foie stéatosique ou post chimiothérapie), une embolisation portale sélective pré chirurgicale, percutanée ou per opératoire, induit une hypertrophie du foie restant. BILAN D’IMAGERIE PRE OPERATOIRE (RCP) Il doit être le plus précis possible (localisation métastatique, volumétrie hépatique) et nécessite une confrontation des différents examens d’imagerie (échographie, scanner, IRM) afin de d’affirmer et de guider au mieux le geste chirurgical. Dans le bilan pré opératoire, il est recommandé en 1ère intention : de doser le taux plasmatique d’ACE, de réaliser un scanner thoraco abdomino pelvien avec injection de produit de contraste iodé+/- une échographie hépatique pour préciser les lésions en cas d’allergie au produit de contraste iodé,indication à réaliser une IRM avec injection de gadolinium. En 2nde intention, il est recommandé de réaliser: une IRM avec injection de gadolinium, un TEP (si haut risque de dissémination extra hépatique sans retarder le traitement), Une Volumétrie hépatique si une résection large est envisagée. IMAGERIE DES METASTASES HEPATIQUES D’UN CANCER COLORECTAL ECHOGRAPHIE Nodules hyper échogènes dans la plupart des cas mais pouvant être hypo échogènes et plus rarement iso ou anéchogène (lésion hémorragique ou nécrotique). Calcifications Halo hypoéchogène autour possible avec aspect de lésion « en cible ». 2 lésions hyper échogènes Sensibilité d’environ 40% (4) Spécificité d’environ 63 % SCANNER Technique: Il est plutot recommandé lors d’un premier bilan d’imagerie de réaliser un angioscanner hépatique regroupant des hélices sans injection et après injection (phase artérielle, portale voire tardive) afin de différencier les lésions bénignes des métastases. Les bilans de suivi peuvent se limiter à une hélice injectée en phase portale uniquement. Métastases du IV et du VIII Résultats: spontanément, hypodensité avec ou sans calcification. après injection, hypodensité (métastases hypovascularisées) avec prise contraste périphérique. Sensibilité et spécificité : la sensibilité du scanner dans la détection de métastases hépatiques est estimée à 89% de même que la spécificité (4). Ss IV IV+ IMAGERIE PAR RESONANCE MAGNETIQUE Technique: Réalisation de séquence pondérées : T1 (double écho, séquence in et out), T2 (écho de spin rapide) avec saturation de graisse, séquence avec injection d’un chélate de Gadolinium avec phase artérielle, portale et tardive avec acquisition volumique 3D. Résultats: En T1, hyposignal des métastases avec un hypersignal intermédiaire en T2 (limites floues et aspect hétérogène). Après injection de Gadolinium, absence de rehaussement et halo périphérique hypointense tardif (pathognomonique). La sensibilité et la spécificité de l’IRM avec injection de chélates de Gadolinium est sensiblement équivalente avec celle du scanner. kyste métastase métastase IRM AVEC INJECTION DE NANOPARTICULES D’OXYDE DE FER Ce produit de contraste négatif permet d’augmenter la sensibilité de l’IRM (séquence T2) dans la détection des métastases hépatiques (Se 75-94%, Sp 89-99%) [8,9,10,11] L’ Endorem est le produit de contraste hépato spécifique généralement utilisé. Il nécessite une injection IV très lente (30 à 45 min) afin de limiter les effets secondaires qui peuvent être, Allergique: du bronchospasme jusqu’à la réaction anaphylactique. Cardio vasculaire: tachycardie, douleur thoracique, variation de la tension artérielle. Respiratoire: dyspnée. Musculo squelettique: douleurs surtout lombaires. Gastro intestinaux: nausées ,vomissements, douleurs abdominales, Généraux: sensation de chaleur, frissons, sueurs, céphalées, rougeur. Il permet une imagerie T2 jusqu’à 8h après injection. Résultats: En T2, les métastases hépatiques apparaissent en hyper signal. T2 cliavist@ T2 sat fat Gado CLIAVIST® (5) Avec une AMM de 2003, le ferucarbotran (Cliavist@ Bayer Schering Pharma) est composé de nanoparticules d’oxyde de fer enrobés de carboydextran. Propriétés: Il possède 1 phase vasculaire initiale et une phase d’accumulation cellulaire secondaire permettant la réalisation d’examen d’imagerie entre 10 minutes et 8 heures après l’injection. L’ injection se fait en bolus IVD. Administration: Pas d’adaptation de dose nécessaire. Les doses recommandées sont de 0.9 ml pour les moins de 60kg et 1.4 ml au-delà. Intérêts: Il diminue le T2 et l’intensité du signal hépatique. La captation des macro molécules de fer du CLIAVIST@ se fait par le système réticulo endothélial des cellules de kuppfer du foie, ce qui va diminuer le signal hépatique. De part l’absence de cellules de Küpffer dans les métastases hépatiques, ces dernières ne modifient pas leur signal et apparaissent en hypersignal par rapport au reste du parenchyme, d’où l’hypersignal des métastases hépatiques en T2. Effets indésirables (étude HAS 2004): 2004 Ils ont été rapportés chez 10 % des patients. Sur 463 patients, 2 réactions graves ont été rapportées: réaction anaphylactique et paresthésies. Les autres effets secondaires mis en évidence comprennent des céphalées, des paresthésies et une vaso dilatation. D’ après les résultats de la commission de transparence sur CLIAVIST@ (études réalisées sur plus de 600 patients avec une méthodologie rigoureuse) le nombre de lésion détectées a été augmenté de 3 à 14% selon les séries avec une sensibilité et une spécificité supérieure à 90%. La littérature démontre que le bilan standard (écho, CT) pré opératoire des métastases hépatiques d’origine colorectale omet 25 à 40% de lésions mise en évidence par l’échographie per opératoire (7) qui a les meilleures sensibilité (98%) et spécificité (95%). Il est donc nécessaire d’améliorer la cartographie préopératoire des métastases hépatiques afin de guider au mieux le geste chirurgical. Intérêt d’une étude évaluant l’IRM avec injection de Cliavist@ versus l’IRM avec injection de Gadolinium et le scanner avec injection de produit de contraste iodé. ETUDE CAENNAISE Entre mars 2006 et juin 2007, 13 patients porteurs de métastases hépatiques d’un cancer colorectal, résécables, ont été inclus. Une étude prospective du bilan d’imagerie pré opératoire (scanner hépatique, IRM hépatique avec injection d’un chélate de Gadolinium et de nanoparticules d’oxyde de fer) a été réalisée afin de déterminer les performances de ces différents examens dans la cartographie pré opératoire des métastases. Les résultats de l’imagerie étaient corrélées aux données de l’examen clinique et de l’échographie per opératoires ainsi qu’aux données anatomopathologiques. CARACTERISTIQUES DE L’ETUDE 13 patients 9 hommes pour 4 femmes Age moyen 63,4 ans 11 cancers coliques et 2 cancers rectaux Métastases hépatiques synchrones (8/13) ou métachrones (5/13) Une chimiothérapie pré opératoire était réalisée chez 10 patients 2 patients avaient un antécédent de résection hépatique pour métastase (2 métastasectomies et une hépatectomie droite) TECHNIQUES D’IMAGERIE TOMODENSITOMETRIE Les scanners étaient réalisés au CHU sur un Brillance 40 @ (Philips) Une phase portale (70’’) était acquise après injection de 120 cc de Ioméron 350@ (Bracco Altana) à un débit de 3ml/s IRM Les IRM hépatiques étaient réalisées au CHU sur un Signa @ 1.5 T (GE) avec une antenne Torso « Body » Le protocole comportait les séquences suivantes : Ax T1 EG double écho (phase.contraste de phase) Ax T2 FSE sat fat Injection IVD de Cliavist@ Étude volumique en T1 EG après injection d’un chélate de gadolinium (Dotarem@, Guerbet) en phase artérielle (35’’), portale (70’’) et tardive (4’) – Ax T2 FSE sat fat 10’ après l’injection de Cliavist@ – – – – TDM T2 sat fat Gado TPS portal Cliavist@ RESULTATS 70 lésions sont visualisées en imagerie préopératoire (scanner et IRM hépatiques) La taille moyenne est de 15.1 mm [3-55] Le nombre de métastases par patient allait de 1 à 21 La répartition selon la segmentation de Couinaud est la suivante : 19 8 15 5 5 1 9 8 RESULTATS 89 métastases sont diagnostiquées en anatomo-pathologie La tomodensitométrie retrouve 46 lésions (Se 51.7%) La séquence IRM T2 sat Fat retrouve 57 lésions (Se 64%) La séquence IRM T1 EG injectée en phase portale retrouve 56 lésions (Se 62.9%) La séquence IRM T2 sat Fat post Cliavist@ retrouve 66 lésions (Se 74.1%) L’échographie per opératoire retrouve 76 lésions (Se 85.4%) 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 CT T2 GADO T2 Cliavist EPO RESULTATS 13 lésions bénignes sont diagnostiquées (kystes) 2 faux positifs sont retrouvés en CT et en IRM : un kyste un angiome T1 kyste GADO tps PORTAL métastase T2 cliavist@ RESULTATS 12 procédures chirurgicales sont concordantes avec le bilan radiologique pré opératoire Pour un patient, le bilan n’a pas pu établir la non résécabilité (lésions infracentimétriques non détectées) Pour 2 patients, l’EPO a confirmé la non résécabilité établie en imagerie Efficacité de l’IRM T2 sat fat avec injection de Cliavist@ permettant: une meilleure détection des lésions, à savoir, sur 89 métastases retrouvées pour l’ensemble des patients, l’IRM T2 sat fat avec injection de Cliavist@ a permis la détection de 66 lésions, contre 46 pour le scanner injecté , 57 pour l’IRM T2 sat fat et 58 pour l’IRM avec injection de gadolinium. une amélioration de la sensibilité atteignant 74,1%. Par comparaison, la sensibilité du scanner injecté n’est que de 51.7% , celle de l’IRM T2 sat fat de 64% et celle de l’IRM avec injection de gadolinium de 62.9%. La comparaison de nos données avec celles de la littérature ,montre une concordance de résultats sur la supériorité de l’IRM avec oxyde de fer par rapport au scanner avec injection (8,12,13,14). la comparaison CLIAVIST@versus GADOLINIUM est difficile vu le peu d’études à ce sujet. Le Cliavist@ hormis sa bonne sensibilité dans la détection des métastases de cancer colo rectal, est bien toléré et simple d’utilisation. Cependant, il est moins performant dans la caractérisation des lésions hépatiques surtout pour les lésions infra centimétriques. En effet, les kystes, angiomes et métastases hépatiques sont en hypersignal ,sur les séquences avec Cliavist@, signal plus ou moins intense selon le type de lésion et ceci peut être source de faux positifs (patient numéro 8 de notre série). Selon notre étude, il existe un intérêt à pratiquer une IRM avec injection de CLIAVIST@ dans le bilan pré opératoire de métastase hépatique de cancer colo rectal car on observe: une meilleure sensibilité par rapport aux autres moyens d’imagerie étudiés (scanner avec injection de produit de contraste, IRM T1 et T2 sat fat et avec injection de chélates de Gadolinium). une simplicité d’utilisation du produit de contraste. une bonne tolérance du Cliavist@ (aucun effet secondaire dans notre étude). un faible rallongement de la durée de l’examen IRM (35 minutes contre 30 minutes en moyenne dans notre série) BIBLIOGRAPHIE 1. Cancer incidence and mortality in France over the period 1978-2000. Rev.Epidemiol.SantePublique 2003,51: 3-30 2. Thérapie génique et métastases hépatiques. Schweiz Med Wochenschr 1999 129: 1187-95 3. Prise en charge thérapeutique des métastases hépatiques des cancers colo-rectaux Recommandations pour la pratique clinique . ANAES: janvier 2003 4. Comparison of contrast –enhanced ultra sonography versus baseline ultrasound and contrast-enhanced computed tomography in metastatic disease of the liver:diagnosic performance and confidence. Eur Radiol 2006,16(7): 1599-609. 5. CLIAVIST Avis de la commission, commission de la transparence, 24/11/04 6. Rescue surgery for Unresectable Colorectal Liver Metastases Downstaged by chemotherapy. A model to predict Longterm survival. Ann surg 2004,240:644-658. 7. Intra opérative ultrasonography versus helical computed tomography with arterioportography in dianosing colorectal liver metastases:lesion-by-lésion analysis. World J Surg 2000,24(1):43-7,discussion 48 8.Detection and characterization of liver metastases:16-slice multidetector computed tomography versus superparamagnetic iron oxide-enhanced magnetic resonance imaging Eur Radiol 2006,16(6):1337-45. 9.Hepatic metastases:detectiion with multi-detector row,SPIO-enhanced MR imaging,and both techniques combined. 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