ÉDITORIAL La place de l’imagerie après le diagnostic de cancer du sein Imagery after a breast cancer diagnosis C es 15 dernières années, l’imagerie a pris une place prépondérante dans la prise en charge des cancers. Bien qu’il s’agisse d’un organe superficiel, en théorie facile à examiner cliniquement, le sein n’a pas échappé à ce mouvement. L’imagerie a un rôle essentiel au cours des différentes étapes diagnostiques du cancer du sein : détection, caractérisation, bilan d’extension et suivi d’un cancer traité. C’est sans doute dans l’évaluation de son rôle pour le bilan d’extension du cancer du sein que les controverses et les interrogations sont les plus prégnantes aujourd’hui. Jean-Rémi Garbay Institut Gustave-Roussy, Villejuif. Patrice Taourel CHU de Montpellier. Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Dans ce numéro de La Lettre du Sénologue, nous vous proposons un “arrêt sur image” illustrant et discutant les certitudes d’aujourd’hui et les controverses sur la place de l’imagerie, une fois que le diagnostic de cancer du sein est posé, en tentant de répondre à des questions très pratiques et quotidiennes : comment l’IRM s’est-elle imposée comme l’examen le plus sensible ? Pourquoi et chez quelles patientes faut-il savoir parfois ne pas prescrire d’IRM dans l’évaluation locale d’un carcinome in situ, voire d’un carcinome infiltrant ? Les paramètres de plus en plus techniques utilisés dans l’évaluation de la réponse à la chimiothérapie néo-adjuvante parviendront-ils à supplanter l’histologie et à changer les modalités de cette prise en charge thérapeutique ? Les innovations techniques − tomosynthèse en dépistage, angiomammographie − vont-elles entrer dans les standards et rajeunir la mammographie en fournissant des images innovantes libérées de toute la trame fibroglandulaire normale ? Il s’agirait alors d’une vraie révolution pour le clinicien… Dans quelle mesure la recherche par échographie de ganglions axillaires et leur biopsie, une recommandation actuelle, vont-elles modifier les indications respectives du ganglion sentinelle et du curage axillaire ? Les nouveaux protocoles de chimiothérapie vont-ils changer les indications et les non-indications des bilans d’extension métastatique ? Comment ne pas céder à la toute-puissance de l’imagerie, à la volonté de trop bien faire, à l’origine de surdiagnostics et de surtraitements, générateurs d’angoisse et de morbidité ? Nous remercions vivement les auteurs de ces pages d’avoir tenté de répondre à ces questions de façon à la fois simple et argumentée. Cela n’est qu’un “arrêt sur image”, tant il est vrai que les choses bougent vite, et parfois même très vite en imagerie. C’est l’une des spécialités médicales qui ont le plus changé ces 20 dernières années, mais c’est certainement celle qui a encore les plus importants potentiels d’évolution à l’avenir. L’imagerie fonctionnelle de demain permettra certainement de faire le diagnostic bénin-malin aussi bien que l’histologie, voire mieux, en apportant de multiples paramètres de sensibilité aux traitements en même temps que le diagnostic. Les certitudes d’aujourd’hui seront sans doute remplacées par d’autres, les questions et controverses trouveront des réponses. C’est pourquoi nous vous donnons d’ores et déjà rendez-vous prochainement sur les mêmes sujets ! La Lettre du Sénologue • No 61 - juillet-août-septembre 2013 | 5