Séquence - NRP Collège

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NOVEMBRE 2013
lettres
collège
Nouvelle Revue Pédagogique
N° 635 / 8,20 € / ISSN 1636–3574
NRP
Séquences
X Le type du valet balourd
dans la comédie
6e
X Masques et grimaces de l’amour
au théâtre
4e
X Le Dieu du Carnage,
de Yasmina Reza
3e
Héros et antihéros
au théâtre
NRP
Conformément aux dispositions sur le droit d'auteur
(Code de la Propriété Intellectuelle), la reproduction et
la représentation de tout ou partie de ce numéro de la NRP
notamment sur les sites web contributifs, les blogs, sont
strictement interdites et passibles de sanctions pénales et civiles
N°635
Sommaire
Nouvelle Revue Pédagogique
Collège / NOVEMBRE 2013
NOUVEAUTÉ 2013
16
Dossier
héros et anti-héros au théâtre
Par Carole Guidicelli
Toutes les fiches
à télécharger au format word sur
le site pour les abonnés numériques.
Adaptables aux besoins des élèves.
Actualité
4
Livres
6
Pédagogie
8
Spectacles
Séquences pédagogiques
9
Collèges d’ici
22
10
Par Édith Wolf
Par Jessica Pinhomme
et Claire Beilin-Bourgeois
Par Carole Guidicelli
Par A.W.
Cinéma
Par Marie-Laure Guétin
30
11
histoire du cinéma
12
Lire au CDI
13
Par Alain Barbé
40
Par Yannick Denoix
Le carnet d’écriture
Par Édith Wolf
Séquence 1 6e
Le type du valet balourd
dans la comédie
Par Franck Évrard †
Séquence 2 4e
Masques et grimaces de l’amour
au théâtre
Par Claire Beilin-Bourgeois
Séquence 3 3e
Le Dieu du carnage,
de Yasmina Reza
Par Mariane Zingraff
+ numériques
50
étude de la langue
6e 5e 4e 3e
Analyser la valeur des temps
et des modes
Par Amélie Berthou-Sergeant
58
Analyse filmique 6e 5e
60
Entraînement au brevet
3e
Indigènes, de Rachid Bouchareb
(2006)
Par Marie Pierre Lafargue
Huis-clos, de Jean-Paul Sartre
Par Mariane Zingraff
63
d’écrivains
14 Maisons
Par Rachel Druet
Les
Fiches pédagogiques
Latin 4e
L’humour noir d’Hannibal
Par Anne Sinha
Au fil de la revue, vous pourrez exploiter les ressources multimédia suivantes*, disponibles sur
le site NRP dans l’espace « Ressources abonnés ». Rendez-vous sur http://www.nrp-college.com.
En partenariat avec l’INA
Corrigés, bibliographies,
documents complémentaires, etc.
Fichiers audio
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* Certaines de ces ressources sont réservées aux abonnés numériques (abonnés papier + numérique ou 100 % numérique).
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adressé après la souscription, en simultané ou en différé au plus tard le 30 juin 2014, de l’assurance des risques professionnels OME associée : à l’assurance habitation RAQVAM (40 € remboursés) ou à
l’assurance auto VAM (100 € remboursés), ou aux deux (120 € remboursés). ** Appel gratuit depuis un poste fixe.
L’Offre Métiers de l’Éducation est un contrat proposé par la coassurance MAIF et USU. MAIF – Société d’assurance mutuelle à cotisations variables – 79038 Niort cedex 9. USU – Société d’assurance mutuelle des Autonomes de Solidarité Laïques à cotisations variables 7 Rue Portalis – 75008 Paris.
Entreprises régies par le Code des assurances. Fédération des Autonomes de Solidarité Laïque – Association régie par la loi de 1901 – 7 rue Portalis – 75008 Paris.
« Pour mon premier poste, j’ai dû quitter
Nîmes pour Brest . Ça m’a fait bizarre. À mon
compte en banque aussi. Heureusement,
côté assurance, la MAIF m’a bien aidée. »
Édito
Yun Sun Limet
Directrice
de la rédaction
Éditeur : Nathan, 25 av. P. de Coubertin
75013 Paris
Directrice de la rédaction : Yun Sun Limet
Conseillère pédagogique :
Claire Beilin-Bourgeois
Directeur de la publication : Catherine Lucet
Directeur délégué : Françoise Fougeron
Responsable d’édition : Annie Chouard
Révision : Eva Baladier
Assistante d’édition Web : Alexandra Guidal
Fabrication : Lucile Davesnes-Germaine
Iconographie : Laure Penchenat
Marketing/Diffusion : Marielle Bignos,
Catherine Coat, Évelyne Delcroix.
Impression : NIL, Allée Louis Blériot,
58500 Clamecy
Création de la couverture : Christophe Billoret
Création des pages intérieures : Élise Launay
Réalisation maquette : Alinéa, route de
Gallardon 28130 Yermenonville
Publicité : Mistral Media, Directeur
commercial : Luc Lehéricy ; Directeur de la
publicité : David Bichot, 365 rue de Vaugirard
75015 Paris. Tél. : 01 40 02 99 00
Partenariats : Christophe Vital-Durand.
Tél. : 01 45 87 52 83
Code article : 111623
N° d’édition : 101 97 358
Dépôt légal : novembre 2013
Commission paritaire : 0714T83332
Abonnement 1 an, France (5 numéros) :
39 € ; DOM/TOM : 51 € ; France (5 numéros et
5 suppléments) : 65,50 € ; DOM/TOM : 78,50 € – Abonnement 1 an papier + numérique
(5 numéros et 5 suppléments) : 67,50 € ;
DOM/TOM : 80,50 € – Abonnement 100 %
numérique à partir de 19 € sur
www.nrp-college.com – Numéro vert :
0800 032 032 – Abonnement pour la Suisse,
EDIGROUP SA, [email protected] –
Abonnement pour la Belgique, Edigroup Sprl,
email : [email protected] – ISSN
1636-3574 – Prix au n° : 8,20 €
Certains exemplaires sont accompagnés
d’une offre d’abonnement.
Nous ne sommes pas des héros…
Au quotidien, nous ne réglons pas les difficultés du métier
et de la vie en général à coups d’épée ou de sabres laser.
Et le théâtre est là pour nous rappeler, avec sa cohorte de
personnages, toute l’ambiguïté même de l’héroïsme, par les
conflits intérieurs et les images inversées des grands hommes
de la comédie ou la tragédie.
Et c’est aussi une tragédie que je voudrais ici évoquer. Franck
Évrard, fidèle collaborateur de la NRP depuis près de cinq ans,
qui a, dans les pages de cette revue, partagé avec enthousiasme
et ferveur son expérience d’enseignant, nous a brutalement
quittés le 20 juin dernier à l’âge de 52 ans. Ce passionné des
lettres, du théâtre, aimait son métier et ses élèves, qui le lui
rendaient bien. Il a « converti » au « français » bien des garçons
et filles qui n’appréciaient guère cette matière. Il a accompli
la belle mission de les éveiller aux puissances de la langue et
des œuvres, sans lesquelles nous sommes bien peu de chose.
Il a aussi été un auteur prolifique d’essais, de pièces de théâtre,
de nouvelles et récits que je vous invite à découvrir (sur le site
qui lui est dédié, http://franck-evrard.net/). Dans ce numéro, la
NRP a le triste honneur de publier son tout dernier texte sur le
« type du valet balourd dans la comédie ». Et le mot posthume
est bien difficile à écrire.
Nous ne sommes pas des héros… Nous adressons une pensée
toute particulière à son épouse et ses deux filles.
Cyrano
[…]
Dans ce trajet si court de la branche à la terre,
Comme elles savent mettre une beauté dernière,
Et malgré leur terreur de pourrir sur le sol,
Veulent que cette chute ait la grâce d’un vol !
Roxane
Mélancolique, vous ?
Cyrano, se reprenant
Mais pas du tout, Roxane !
Crédits photographiques
COUVERTURE : photo- AKG images/Sotheby’s, « Pavlova taking a bow », Dame Laura Knight @ Reproduced with permission of The Estate of Dame Laura Knight DBE RA 2013. All Rights Reserved. ; 7 : Audrey
Fournier ; 10 : DR/Cinémathèque française ; 11 LEEMAGE ; 13 Pierre Grosbois/JerryCom ; 16 WIKISPECTACLE/Christophe Raynaud De Lage ; 17 : BIS/Ph. Jeanbor © Archives Larbor ; 20 : ARTCOMART/Pascal
Victor ; 22 : BIS/Ph. Sergio Rossi © Archives Larbor ; 24 : BIS/Ph. Coll. Archives Larbor ; 27 : BIS/Ph. ©
Tournachon – Nadar/Archives Larbor ; 30 : BIS/Ph. Coll. Archives Larbor ; 32 : BIS/Ph. © Art Institut of
Chicago – Archives Bordas ; 36 : BIS/Ph. Coll. Archives Larbor – DR ; 37 : LEEMAGE/Photo Josse ; 40 : ARTCOMART/Pascal Victor ; 42 : ARTCOMART/Pascal Victor ; 45 : Coll. CHRISTOPHE L ; 46 : BIS/Ph. Jean-Alex
Brunelle © Fondation Dina Vierny-Musée Maillol, Paris © Succession Marcel Duchamp/Adagp, Paris… ;
49 : Coll. CHRISTOPHE L ; 62 : ARTCOMART/Pascal Victor ; 63 : BIS/Ph. © British Museum – Archives Larbor.
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NRP COLLÈGE
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Livres
Actu
Essai
Roman
Thomas Laqueur,
La Fabrique du sexe,
Essai sur le corps et
le genre en Occident,
trad. Michel Gautier,
Gallimard, « Folio essais »,
397 pages, 10,50 €.
Cécile Minard,
Faillir être flingué,
Rivages, 326 pages,
20 €.
Le sexe est-il une idée ?
La poésie du western
« […] la substance du discours de la différence sexuelle
ignore l’entrave des faits et demeure aussi libre qu’un jeu
de l’esprit. » La dernière phrase du livre en montre l’apparent paradoxe. Il ne s’agit pas d’analyser la construction
de la différence des genres mais bien celle de la différence
des sexes, et de prouver qu’elle est toujours une fabrication culturelle.
Le titre vilain et vulgaire (quelle image des lecteurs peut
bien guider des choix aussi consternants ?) annonce très
mal un récit plein de charme. Inspirée par la mythologie du
western, l’auteure prend un plaisir communicatif à en déployer les motifs : relations entre Indiens et Blancs, brutalité
des mœurs, voyage à travers les plaines dans des chariots,
naissance d’une ville (avec ses commerces rudimentaires,
son bétail, son saloon). Ces thèmes traités avec humour
donnent au roman sa dynamique. Les récits d’action sont
efficaces : les voyages, les rituels indiens, les bagarres font
voir dans le détail objets, personnages et lieux.
L’ouvrage présente une histoire en trois temps des représentations anatomiques et physiologiques du sexe féminin, dans les ouvrages de médecins, de théologiens, de
philosophes, de savants, de l’Antiquité à nos jours. De la
Grèce antique à la fin du xviie siècle, hommes et femmes
sont considérés comme fondamentalement semblables,
mais hiérarchiquement inégaux, la femme étant une
version incomplète de l’humain. Ses organes génitaux
sont dessinés comme ceux de l’homme et désignés par
les mêmes mots, mais placés à l’intérieur du corps, donc
imparfaits. Au xviiie siècle, les organes sexuels sont mieux
connus, et leurs différences sont interprétées comme le
signe d’une incommensurabilité totale, qui se retrouve
dans tout le reste du corps (nature des cheveux, de la
peau et, bien sûr, de l’esprit…). Dans la troisième période,
les découvertes montrant une indétermination de l’embryon modifient cette conception.
Toutefois, le passage d’une représentation à l’autre n’est
ni immédiat ni total, le modèle unisexe pouvant persister jusqu’au xixe siècle, voire jusqu’à aujourd’hui dans des
croyances populaires, et le second servant encore à justifier les places sociales « naturelles » des hommes et des
femmes.
C’est en cela que l’ouvrage est passionnant (notamment
pour les enseignants confrontés aux questionnements
des adolescents sur leur corps et leur identité) : il nous
montre à quel point, dans nos représentations du monde
(et des sexes), coexistent des conceptions modernes et
d’autres très archaïques. Une invitation érudite à questionner ce qui semble aller de soi.
Édith Wolf
Mais ce qui donne au livre sa poésie, c’est la présence de
la nature, et la manière dont les personnages l’affrontent,
s’en servent, s’y perdent ou s’y retrouvent. Chacun d’eux
est d’abord montré seul, tentant de survivre dans la
plaine, pendant que son but et son passé sont peu à peu
dévoilés. Personnage emblématique, la chamane Eauqui-court-la-plaine guérit par son savoir traditionnel les
hommes perdus dans la nature. Puis les trajets de tous
convergent vers une ville en train de naître. On assiste à
cette naissance au cours de laquelle chaque personnage
découvre sa vocation, participe à la création d’une société
et noue des liens de solidarité avec les autres.
Il s’agit donc d’un récit de fondation dans lequel les
hommes (les personnages féminins sont stéréotypés
comme dans les westerns) passent d’une survie solitaire,
dans la nature où l’autre est un ennemi, à une société
humaine. Cette dimension de mythe des origines ne fait
nullement du roman un récit didactique. La structure, très
maîtrisée, permet de passer en souplesse d’un personnage à l’autre. La tonalité, lyrique lorsque les hommes
affrontent la puissance de la nature, devient burlesque
à l’intérieur de la ville de western. Le jeu avec le genre
fait du lecteur un complice ravi, qui peut penser, par
moments (avec quelques couacs peut-être) à un Giono
du Far West.
Les élèves à partir de la 4e devraient se plonger avec délices dans ces aventures américaines.
Édith Wolf
4
NRP COLLÈGE
novembre 2013
aussi
Mythologie
Jean-Paul Savignac, Lougous
longue-main, illustrations de Jean
Mineraud, La Différence, 192 p.,
18 €.
Prix NRP
Les tendances de la
sélection 2013-2014
Avec le retour de l’année scolaire, le prix NRP a lui aussi
fait sa rentrée. Douze nouveautés de littérature de jeunesse ont été passées au crible par notre jury de professeurs de lettres et documentalistes. D’ores et déjà, nous
vous proposons de découvrir les grandes tendances de la
sélection 2013-2014.
Comme l’an dernier, le roman historique occupe les devants de la scène, que le lecteur se plonge dans une fratrie
des années 1970 (Jean-Philippe Arrou-Vignod, La Cerise
sur le gâteau, Gallimard), dans un xviie siècle pittoresque
(Odile Weulersse, La Poudre d’amour de Louis XIV, Pocket
Jeunesse) ou dans une Pompéi encore vivante (Annie Jay,
La Fiancée de Pompéi, Livre de Poche). Le passé se fait aussi l’écho des combats d’aujourd’hui, notamment contre
le racisme (Annelise Heurtier, Sweet Sixteen, Casterman).
De même, quand le monde contemporain est abordé,
c’est souvent pour sensibiliser le lecteur à ses aspects
sombres : sexisme (Charlotte Erlih, Bacha posh, Actes Sud
Junior), viol (Mireille Disdero, À l’ombre de l’oubli, Le Seuil
Jeunesse), méfiance envers les immigrés (Claire Clément,
Sami, Goliath, Oscar, Ousmane et les autres, Bayard), montée des extrémismes (Jérôme Leroy, Norlande, Syros).
Mais cette sélection 2013 voit émerger une nouvelle
tendance : la présence forte du personnage de l’artiste.
Des adolescents en mal de vocation artistique de Martin Page (Plus tard je serai moi, Éditions du Rouergue) et
Chris Donner (Mes débuts dans l’art, L’École des loisirs), au
génie tourmenté de Camille Claudel (Marie Sellier, Cœur
de pierre : Camille Claudel et Rodin, Nathan), en passant par
un écrivain en herbe pris au piège de l’écriture (N.M. Zimmermann, Une histoire terrifiante, Flammarion), la littérature de jeunesse s’interroge sur la création et la figure du
créateur.
Dès ce mois de novembre, vous pourrez retrouver l’ensemble de la sélection dans votre PDF enrichi (présentation, biographie des auteurs, extraits, avis du jury ), en
attendant le verdict final.
La mythologie des Gaulois,
peuple sans écriture, est mal connue.
Dans la collection « Les Hommes-dieux »,
Jean-Paul Savignac propose des récits sur
les personnages essentiels de cet univers.
Le premier, Lougous, rappelle Achille
et Héphaïstos mais certains épisodes
(métamorphoses animales, mariage avec une
femme-fleur) nous font entrer dans un monde
mythique autre et passionnant. À proposer en
extraits en 6e, pour l’étude de la mythologie,
et en 5e, pour présenter les sources de la
matière de bretagne. belles illustrations.
Livres
À lire
Actu
témoignage
Peurs sur l’école de Christophe
Varagnac, Jean-Claude Gawsewitch,
304 p., 19 €.
Le récit sincère de ce qui
a été une « affaire » de plus
d’agression d’un enseignant
par un élève en 2012 en région bordelaise.
Il permet de comprendre le contexte précis
d’une information souvent tronquée dans les
médias. Aucun manichéisme, aucun esprit
vindicatif : mais un constat et des pistes
de « mesures » à prendre. Si ces dernières
semblent bien modestes à l’égard de
l’ampleur des problèmes et des enjeux, il reste
sur la fin de ce livre l’essentiel : conserver le
« plaisir simple de la transmission ».
Anthologie
Esprit de Diderot, choix de citations
par L. Loty et É. Vanzieleghem,
Hermann, 160 p., 6 €.
Ce choix de pensées éparses
rend fidèlement compte de la
philosophie de Diderot, toute
en dialogues, questions et paradoxes. Utile à
l’enseignant (grâce à une préface excellente),
il peut fournir à l’élève des sujets de réflexion
ou servir d’introduction à l’étude des
Lumières.
Louise Roullier
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Pédagogie
Actu
Le théâtre de l’Aquarium, espace
ouvert aux publics scolaires
“
Paroles
d’experte
Par Jessica Pinhomme, responsable des relations publiques
au théâtre de l’Aquarium
Interview par Claire Beilin-Bourgeois
Depuis que le théâtre de l’Aquarium est
dirigé par le metteur en scène François
Rancillac, la troupe a voulu faire de l’accueil
des scolaires une priorité. Chaque année, de
nombreux élèves se rendent à ce théâtre, à
La Cartoucherie dans le bois de Vincennes,
pour une véritable immersion dans l’univers
du théâtre. Jessica Pinhomme, chargée des
relations avec les publics, nous parle de ces
expériences toujours fortes.
Des spectacles qui s’adaptent
aux publics
Claire Beilin-Bourgeois : Vous accueillez beaucoup de scolaires : avez-vous une
méthode ?
Jessica Pinhomme : Tout d’abord,
accueillir des élèves de collège et de
lycée est un axe très développé à l’Aquarium : c’est un choix personnel de François
Rancillac, et une exigence, une priorité à
intégrer dans le temps, l’espace et la disponibilité des artistes. Nous avons un principe
simple. Chaque fois qu’un projet scolaire
est en route, toute l’équipe est impliquée.
On travaille par étages. On accompagne
toujours les classes qui voient un spectacle.
Au minimum, on envisage, avant la représentation, une rencontre avec l’équipe,
souvent dans le cadre d’une visite du
théâtre, et, après, une nouvelle rencontre
sous la forme d’un atelier ou d’un débat.
Nous nous efforçons d’individualiser ces
interventions, en tenant compte, toujours,
du public auquel nous avons affaire : l’âge
des élèves, le type de classe, leurs centres
d’intérêt, etc.
C. B.B. : Vous insistez sur cette nécessité de
choisir des spectacles adaptés aux élèves…
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NRP COLLÈGE
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J. P. : En effet, car le théâtre n’est pas un
univers familier des élèves, et un mauvais
choix peut susciter de véritables rejets.
Cela dit, quand les classes sont accompagnées, on est souvent surpris par la réaction du jeune public. Un spectacle peut
finalement plaire à un groupe alors qu’on
craignait que ça ne marche pas.
Donner un avant-goût
du spectacle
C. B.B. : Quelles actions proposez-vous ?
J. P. : Ici, à l’Aquarium, nous privilégions le
travail sur la durée. On essaie de faire en
sorte que les élèves viennent voir deux
spectacles. En réalité, plutôt que par spectacle, on fonctionne par parcours. Pour
cela on utilise tous les dispositifs existants
[voir encadré ci-contre], avec des projets
qui permettent d’associer le fait d’assister
à un spectacle à des ateliers pratiques et
un travail d’analyse.
Nous menons des projets très divers, et
qui nécessitent un engagement plus ou
important de la part des enseignants.
Certains impliquent une classe ou même
un établissement sur une année entière.
D’autres interventions sont beaucoup
plus ciblées. Nous proposons ainsi des
dispositifs plus ponctuels et assez faciles à
mettre en œuvre pour les professeurs. Par
exemple, avant de faire venir les élèves au
théâtre, nous avons imaginé ce que nous
appelons désormais des « itinérances »,
des lectures théâtralisées avec un comédien ou une comédienne qui joue dans le
spectacle. C’est une sorte d’avant-goût, et
la représentation a lieu dans une salle de
classe puis est suivie d’une discussion. Ce
type d’intervention est très aisé à mettre
en place, d’autant qu’il n’y a pas à rechercher de financement, puisque c’est gratuit
pourvu que la classe aille voir une représentation. De manière générale, quand
un enseignant appelle pour des places de
spectacle, on lui propose toujours quelque
chose pour accompagner la représentation, ne serait-ce qu’une plaquette ou une
visite du théâtre, afin qu’un dialogue s’engage et que les élèves aient l’impression
de savoir pourquoi ils sont là, et d’avoir
choisi d’être là.
Faire entrer les élèves
dans le jeu
C. B.B. : Le fait de beaucoup travailler avec
des publics scolaires a-t-il une incidence
sur votre programmation ?
J. P. : Pas vraiment, car nous ne cherchons
pas à nous régler sur les programmes
scolaires. En réalité, chaque année, la
programmation s’articule autour d’un
fil thématique. Cela, François Rancillac y
tient beaucoup. Cette saison 2013-2014,
par exemple, a pour thème « (En)quêtes ».
Les spectacles sont variés, mais tous s’y
rapportent : quête de soi pour Œdipe
roi, petites enquêtes plus ludiques dans
Le mardi où Morty est mort de Rasmus
Lindberg, quête du passé… Nous partons plutôt du principe qu’un spectacle
bien choisi suscitera l’intérêt du public si
celui-ci est bien accompagné. Un professeur peut sélectionner un spectacle parce
qu’il s’inscrit dans le cadre du cours, mais
aussi parce que l’œuvre, l’angle adopté
sont intéressants en eux-mêmes. La programmation obéit donc, avant tout, à
des exigences thématiques et artistiques.
En revanche, nous tenons compte des
Quelques
actions
Les dispositifs académiques
• Ateliers artistiques : l’atelier artistique s’adresse à
un groupe d’élèves volontaires (quinze au minimum)
et se déroule en dehors des heures d’enseignement.
Sa durée est de deux heures hebdomadaires sur toute
l’année scolaire. Il est fondé sur un partenariat avec une
structure artistique et culturelle reconnue par la DrAC.
• Classes à PAC (projet artistique et culturel) : elles
permettent à l’enseignant de proposer une expérience
artistique et culturelle à toute la classe (et non aux
seuls volontaires), avec le concours d’artistes et de
professionnels de la culture qui interviennent entre 8 et
15 heures par an.
Pédagogie
publics scolaires pour le calendrier, et
programmons l’essentiel des spectacles
susceptibles d’intéresser des élèves et
leurs professeurs en dehors des vacances
scolaires. De plus, nous considérons qu’il
doit y avoir une continuité dans le travail
que nous proposons aux professeurs. C’est
pourquoi les intervenants sont toujours les
mêmes : ce sont désormais des complices,
comme Antoine Caubet, qui est associé
au théâtre, ou la comédienne Christine
Guênon qui vient souvent présenter son
travail à l’Aquarium. Sa version de L’Homme
qui rit de Victor Hugo, l’an dernier, a beaucoup séduit les élèves.
C. B.B. : Quels « retours » avez-vous de
leurs visites au théâtre ?
J. P. : On essaie de faire en sorte qu’ils
passent le plus de temps possible au
théâtre. Quand ils y vont, ils se trouvent
dans un lieu différent de la classe, plus
impliqués, plus concentrés. Des professeurs, ils en ont déjà. L’intérêt, c’est que
nous venons d’ailleurs. Nous parvenons
même parfois à réunir des classes de
différents établissements, ou plusieurs
classes d’un établissement, pour des ateliers communs, avec des résultats étonnants. Les faire venir et revenir au théâtre
est un choix toujours payant. Ce sont des
publics que nous sommes alors amenés à
connaître. C’est d’autant plus vrai que nous
cherchons toujours à rendre les élèves
acteurs, à les faire entrer dans le jeu. Lors
des ateliers qui ont lieu après la représentation, ils sont invités à une relecture du
texte, à faire de nouvelles propositions de
mises en scène, à revisiter le spectacle. Là,
il se passe toujours quelque chose de passionnant. Il y a un retour visible.
Actu
Les formules « maison »
• Les itinérances : des lectures théâtralisées effectuées
par un comédien dans les classes pour introduire le
spectacle et engager une discussion avec les élèves.
• Les Acolytes du théâtre de l’Aquarium, et les
Acolytes junior : des spectateurs sont invités à suivre
l’évolution d’un spectacle. Un groupe d’élèves peut
devenir « Acolytes junior », ce qui leur permet d’avoir une
expérience très concrète de la création.
• Les Ateliers du week-end : le théâtre propose aussi
aux adultes des ateliers autour de chaque spectacle. Il
s’agit d’un travail avec le metteur en scène, pratique,
concret, sur les enjeux dramaturgiques.
Contact
Théâtre de l’Aquarium, La Cartoucherie, route du Champ
de manœuvre, 75012 Paris – Tél. : 01 43 74 72 74
www.theatredelaquarium.net
Jessica Pinhomme : [email protected]
Atelier théâtre à l’Aquarium en 2012-2013, avec les élèves du lycée Camille-Claudel
à Pontault-Combault et du lycée Louise-Michel à Champigny-sur-Marne.
© Audrey Fournier, enseignante du lycée Camille-Claudel.
novembre 2013
NRP COLLÈGE
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Spectacles
Actu
« Du bienfait des
balades en forêt
dans l’éducation
des enfants »
Par Carole Guidicelli
Tel est le sous-titre du Petit Poucet (prix
Momix 2013), réécrit et mis en scène
par Laurent Gutmann d’après Perrault,
qui poursuit sa tournée cette saison.
Une transposition caustique
Du conte de Perrault, Laurent Gutmann
ne conserve que la trame narrative : Petit
Poucet, abandonné dans la forêt, échappe
à l’ogre, escroque l’ogresse et réintègre la
maison familiale grâce une valise pleine
de billets. Loin de toute visée morale,
cependant, Laurent Gutmann observe à la
loupe la cellule familiale contemporaine,
un couple à enfant unique : garçon pour
la famille pauvre, fille pour la famille riche.
La pauvreté des parents de Poucet est
moins matérielle qu’affective et culturelle : l’enfant fait obstacle à l’épanouissement du couple et ne correspond pas au
rêve de ses parents. La distribution sert à
merveille le propos. Poucet est joué par un
homme de petite taille (Jean-Luc Orofino)
plus âgé que les interprètes de la mère et
du père (Jade Collinet, David Gouhier).
8
NRP COLLÈGE
novembre 2013
Dans une scène très drôle, les parents, en
tenue de sport ample et ridicule à souhait,
encadrent leur fils en costume sombre
et cravate, juché sur de petites échasses
métalliques qui le haussent jusqu’à eux.
A contrario, la famille ogre – un riche trader
toujours plus vorace, une blonde glamour
digne des Desperate Housewives et une
petite princesse endormie – évolue dans
un monde doré et file le parfait bonheur.
On comprend que Poucet, jusque-là silencieux, s’accroche à l’ogresse de toute la
force de ses petits bras et use de tous les
trésors de sa rhétorique.
Les rêves et les épreuves
pour aider à grandir
« Il ne peut rien m’arriver chez vous, dit
Poucet à l’ogresse. Je suis dans un rêve.
Et on ne meurt pas dans les rêves. On se
Le spectacle
cité
Petit Poucet ou Du bienfait
des balades en forêt dans
l’éducation des enfants,
d’après Charles Perrault, écriture
et mise en scène de Laurent
Gutmann, avec Jade Collinet,
David Gouhier, Jean-Luc
orofino.
Dates :
– les 21 et 22 novembre à
belfort ;
– du 3 au 5 décembre à SaintÉtienne ;
– le 10 janvier à Draguignan ;
– le 31 janvier à Pau ;
– du 12 au 16 février à Cergy ;
– du 24 au 28 février à Lorient ;
– le 8 mars à nanterre ;
– le 8 et 9 avril à Colmar ;
– du 16 au 18 avril à
Angoulême ;
– le 24 avril à Foix.
réveille avant. » Le rêve vire pourtant au
cauchemar pour Poucet autant que pour
le public qui, plongé dans le noir tout
comme l’acteur, distingue soudain une
main armée d’un couteau, et une lampetorche qui balaie la salle pour trouver sa
proie. Laurent Gutmann nous fait perdre
nos repères et explore les peurs primitives
de l’enfance, celles de l’abandon et de la
dévoration.
Un dispositif scénique simple, délimité par
une série de tulles (peints de branchages
sombres pour la forêt ou mordorés pour la
maison de l’ogre) et complété de quelques
accessoires (une petite table, deux tabourets, une assiette en carton avec des morceaux de pizza versus un plat doré garni
d’un cochon de lait rouge sang), permet
de figurer tous les lieux et de décliner facilement toutes les ambiances et émotions.
Affronter ses angoisses, les surmonter par
le rire, se défier des apparences pour trouver sa place dans le monde : finalement,
l’abandon du Petit Poucet lui aura permis
de devenir adulte.
Actu
Collèges d’ici
Enseignements et parcours
culturels
Par A.W.
La présence de l’histoire des arts au brevet des collèges (DNB)
a été le point d’aboutissement d’un effort d’intégration de
ces domaines aux programmes. Pourtant, des inquiétudes
subsistent sur ses finalités et ses mises en œuvre, quand elles
n’ont pas des raisons encore plus profondes : qu’il soit lecteur,
spectateur, cinéphile ou mélomane, c’est en effet le rapport
même de l’enseignant à la culture que vient questionner cette
problématique.
Une pluralité d’approches
L’histoire des arts peut ainsi être l’objet
d’une double approche : la première, officielle, articule étroitement les contenus
d’enseignements à l’épreuve de fin de
troisième ; elle découle de choix d’objets
d’étude donnés, arrêtés localement et
ratifiés en CA. La seconde, que l’on qualifiera de discrète ou de souple, amène le
professeur à tirer parti de toutes les occasions pour faire acquérir aux élèves des
compétences de lecture et de réflexion.
Elle encourage ainsi une approche non
exclusivement muséale ; à titre d’exemple,
les réalisations architecturales ou urbanistiques contemporaines permettent d’initier les élèves à des problématiques qui les
touchent en tant que citoyens, citadins et
témoins critiques des tendances nouvelles.
Des partenariats avec
les acteurs culturels locaux
Aussi l’enseignant peut-il être amené à
changer de posture par rapport à sa discipline, sa pédagogie et son rôle dans
l’établissement. Le récent texte sur le
« Parcours d’éducation artistique et
culturelle » entérine cette évolution ;
prenant appui sur les acquis de l’histoire
des arts et sur l’existence – dans le projet
d’établissement ou le contrat d’objectif –
d’un volet artistique et culturel, ainsi que
sur les comités territoriaux de pilotage, il
invite l’enseignant à occuper un rôle charnière dans les partenariats qui peuvent
se nouer avec les acteurs culturels locaux
– cinémas, théâtres, compagnies de danse,
conservatoires, etc. –, sachant qu’il s’agit
de « conjuguer au mieux les trois piliers
de l’éducation artistique et culturelle :
connaissances, pratiques, rencontres (avec
des œuvres, des lieux, des professionnels
de l’art et de la culture) ». À l’initiative de
l’enseignant et des partenaires, ces rencontres peuvent prendre la forme d’enseignements spécialisés, de dispositifs de
sensibilisation, de fréquentation et même
d’initiation si les moyens le permettent
– on peut songer ainsi à l’audiovisuel, activité transversale par excellence. Les élèves
concernés par ces parcours doivent pouvoir en conserver la mémoire sur un support papier ou sous forme électronique ;
l’élaboration de ce document permet de
revenir, in fine, sur des activités permettant
de valider des compétences d’écriture et
de réflexion – à l’instar du journal de bord
de TPE, en classe de première.
rir des repères pour mieux comprendre
la création contemporaine et à ceux qui,
ayant suivi un parcours l’an passé, souhaitent approfondir leurs découvertes »,
ce dispositif mêle conférence et spectacle.
Son succès traduit l’intérêt croissant pour
l’offre culturelle locale, surtout quand elle
s’inscrit dans une politique volontariste
de mise en réseau des différents acteurs
culturels. À travers ces parcours – de l’élève
ou de l’enseignant – on voit ainsi aboutir
et converger trois tendances : l’intégration
des arts et de la culture au cursus scolaire,
l’articulation entre les établissements et
les dispositifs locaux et, enfin, le rôle nouveau de l’enseignant, à la fois pédagogue
et architecte de telles actions.
Professeur et spectateur
Outre des qualités d’initiative, il est
attendu des enseignants impliqués la
capacité à investir auprès de ses élèves
les centres d’intérêt qui les définissent en
tant qu’intellectuels ; de même, avoir une
connaissance des structures culturelles
et de leur offre est également souhaité. À
ce titre, des initiatives telles que le « parcours du professeur spectateur » (DAAC,
académie de Grenoble) méritent d’être
mentionnées. Destiné aux enseignants
non spécialistes « qui souhaitent acqué-
Références
organisation de l’enseignement de
l’Histoire des arts (bo no 32 du
28 août 2008) ;
Histoire des arts au Dnb (bo no 41
du 10 novembre 2011) ;
Le parcours d’éducation artistique et
culturelle (bo no 19 du 9 mai 2013) ;
Parcours du professeur spectateur :
http://tinyurl.com/puucdaw.
novembre 2013
NRP COLLÈGE
9
Cinéma
Actu
Cocteau : « Remuer cette grande
machine de rêves… »
Par Marie-Laure Guétin
« … se battre avec l’ange de la lumière,
l’ange des machines, les anges de l’espace
et du temps, voilà une besogne à ma
taille. » À l’occasion du cinquantenaire
de la mort de Jean Cocteau, l’automne
cinéphilique s’ouvrira sur la lutte exaltée
du poète avec le cinématographe.
écrire en pellicule
Du 25 septembre 2013 au 2 mars 2014, la
Cinémathèque propose une exposition
dévoilant l’ensemble des fonds collectés
sur le poète cinéaste. Autour notamment
de correspondances, photographies et
costumes, l’occasion est donnée d’entrer
dans le laboratoire poétique de Cocteau.
La réédition de La Belle et la Bête en version
restaurée, en salles et en DVD (comprenant des bonus inédits), constitue l’autre
événement majeur de cet anniversaire1. Le
journal tenu par Cocteau lui-même permet
d’alimenter et de prolonger la réflexion sur
le cinéaste : d’août 1945 à juin 1946, tout le
processus de création y est décrit au jour le
jour, dans le vif d’une écriture acérée. Lecture passionnante, ce journal raconte le
combat, mené jusqu’à l’épuisement, pour
qu’émerge enfin la traduction filmique
du sens poétique que Cocteau entend
conférer au conte2.
Les nuits du fiancé-animal
La Belle et la Bête, écrit par Mme Leprince
de Beaumont en 1758, prolonge le cycle
du fiancé-animal que Bruno Bettelheim
fait remonter au conte de Psyché (Les
Métamorphoses d’Apulée). Or, l’essentiel
du travail de transposition de Cocteau se
concentre sur cette figure monstrueuse.
Cocteau multiplie les séquences dans le
château et réinvente tout l’imaginaire qui
gravite autour de cet être hybride, tour
à tour humain et animal, magnétique et
charnel, qui attire comme il rebute.
Nourris visuellement par les illustrations
de Gustave Doré3, le château et ses envi10
NRP COLLÈGE
rons distendent l’espace à l’inconnu et le
réel à l’onirisme. Quant à la Bête, loin des
illustrations antérieures la représentant
en sanglier, vieil homme aux jambes de
bête ou encore satyre, elle acquiert ici le
statut de grand seigneur, reconfigurant le
monde de sortilèges en enchantements,
et qui n’a de bête que la tête et les mains.
Aussi participe-t-elle de ces êtres intermédiaires, aux limites de l’humain, dont la faiblesse, aux confins de la toute-puissance,
se mesure à l’aune de ses désirs indomptables, sublimes ou horrifiants.
Cette Bête rappelle l’essence quasi divine
que Cocteau reconnaît aux poètes,
capables, dans une expiration, de manifester les fantasmes nocturnes de la pensée humaine. « Ma nuit n’est pas la vôtre »,
confie la Bête à la Belle. Et c’est précisément dans ces nuits que Cocteau puise la
substance poétique nécessaire à son art.
Un véhicule de poésie
Cocteau a souligné combien ce conte correspondait à sa mythologie personnelle,
elle-même façonnée par les thèmes de
l’amour, la mort, le destin, la médiation
entre deux mondes. Toutefois ces thèmes
traditionnels s’incarnent dans une logique
du merveilleux, toute personnelle.
Ainsi, la fabrique du merveilleux s’ancre
surtout dans de multiples collusions entre
animé et inanimé. Tout vibre et s’anime
étrangement au rythme subtil des inventions visuelles de Cocteau. Des déplacements habités d’une « grâce d’un autre
monde » (p. 221) au décor noir inondé
d’une « forêt de lumière » (p. 194, le hall du
château), d’un détail travaillé pour « créer
novembre 2013
le malaise » (p. 192) à la « flaque d’encre »
(p. 214) près de laquelle agonise la Bête,
il s’agit toujours d’atteindre la vérité de
l’irréel. Épuré de tout pittoresque, le surnaturel porte le sens profond du conte,
puisqu’il intensifie les désirs entre les êtres.
Partant, c’est du réel, conçu comme une
réserve de merveilleux, qu’émane la poésie,
véritable circulation et dissonance entre
réel et rêve. Vertiges de la connaissance et
de la conscience, tout est ici question de
saisie, fugace et fulgurante, tendue vers
une mise en lumière des nuits hantées de
l’âme.
À cONSuLtER
Dossier consacré à La Belle et la
Bête sur www.cinematheque.fr
1. Une nouvelle adaptation de La Belle et la
Bête, réalisée par Christophe Gans, sortira en
février 2014.
2. Jean Cocteau, La Belle et la Bête. Journal
d’un film, Éd. du Rocher, 2003, p. 229 (citation
liminaire). Les autres citations renvoient à cet
ouvrage.
3. Une exposition consacrée à Gustave Doré
se tiendra au musée d’Orsay du 11 février au
11 mai 2014.
Actu
Histoire
Traîtres du Moyen Âge
Par Alain Barbé
La société féodale vit dans la hantise de la félonie
qui bouleverse l’ordre établi. Elle nous a légué
des figures de traîtres emblématiques.
Transgression
Parjure, forfaiture, complot : de l’Histoire des Francs de Grégoire de Tours au
vie siècle aux Mémoires de Commynes à la
fin du xve siècle, la trahison paraît être le
ressort de l’histoire médiévale. Elle touche
aussi bien les nobles que les roturiers, les
femmes que les hommes. Sa définition très
large inclut tout manquement à la parole
donnée. L’adultère, la rébellion, le refus de
l’autorité paternelle relèvent de la trahison.
Dans la société féodale qui repose sur le
serment prêté sur les reliques ou les Écritures, le traître devient un renégat qui met
en péril la famille, le lignage, l’État et les
valeurs chrétiennes. Les textes soulignent
le caractère diabolique de ce criminel, prédisposé à faire le mal. Son visage est décrit
comme maléfique et monstrueux, et il est
assimilé à un animal enragé. Sa punition
doit être infamante et exemplaire. Quand
le culte de l’honneur devient l’apanage de
la caste nobiliaire, il n’est pas rare de voir le
blason d’un chevalier félon exposé « sens
dessus dessous », c’est-à-dire renversé,
symbole de la subversion de l’ordre établi
dont il s’est rendu coupable.
Félonie
Des portraits types de traîtres imprègnent
les esprits. Dans la culture chrétienne,
le traître a un nom : Judas l’Iscariote.
Dans La Divine Comédie de Dante, on le
trouve au neuvième et dernier cercle de
l’enfer, au plus près de Lucifer. Lorsque
Louis XI condamne pour trahison le prince
d’Orange Jean de Chalon, en 1477, il le
qualifie de « prince des trente deniers » !
Avec l’essor des littératures profanes, la
traîtrise va s’incarner dans un autre personnage : Ganelon, le « félon modèle » qui
s’allie aux Sarrasins pour faire tomber le
preux Roland dans l’embuscade de Roncevaux. Pourtant, son cas est ambigu. Lors de
son procès, qui clôt La Chanson de Roland,
Ganelon se défend d’avoir trahi et soutient s’être simplement vengé de Roland.
Son lignage et la plupart des barons le
soutiennent. Seul un duel judiciaire permet d’établir sa culpabilité : en s’attaquant
à Roland, neveu et serviteur de Charlemagne, Ganelon a trahi son suzerain. Le
félon finit écartelé et trente de ses proches
sont pendus, car « qui trahit perd les autres
avec soi ». L’image du traître Ganelon est
très ancrée dans la culture populaire, au
point que l’expression « traître comme
Ganelon » devient proverbiale. Cependant,
c’est avec Mordred que la figure du traître
achève de se diaboliser.
Diabolisation
Dans les premières versions du cycle arthurien, Mordred est un simple vassal du roi
Arthur qui séduit la reine Guenièvre, puis
tente de s’emparer du trône avec l’aide
des Saxons. Arthur le tue à la bataille de
Camlan mais Mordred le blesse mortellement. Le cas de ce vassal félon ne cesse de
s’aggraver au fil des réécritures du mythe.
Au xiie siècle, Geoffroy de Monmouth en
fait le neveu d’Arthur, ce qui accroît encore
sa scélératesse. Les romans français du
xiiie siècle vont plus loin : Mordred devient
le fils incestueux d’Arthur. Antihéros parfait,
Mordred cumule toutes les transgressions
majeures : félonie, inceste et parricide. La
diabolisation du personnage se double
d’une instrumentalisation politique : ses
tares sont celles que la cour capétienne
attribue aux Plantagenêts, tout en révélant
une condamnation de plus en plus forte de
la traîtrise dans l’imaginaire collectif. Avec
l’affirmation d’une monarchie sacrée, la
traîtrise devient un crime de lèse-majesté
exhibé lors de grands procès politiques.
L’époque médiévale aura, en tout cas, produit des archétypes littéraires qui survivent
encore aujourd’hui, car comme disait
Hitchcock, « meilleur est le méchant, meilleur est le film ».
Mordred tue Arthur, miniature
d’un manuscrit de Boccace,
fin du xve siècle, British Library.
À lire
M. Billoré et M. Soria (dir.), La
Trahison au Moyen Âge, de la
monstruosité au crime politique, Presses
universitaires de Rennes, 2010.
C. Lucken, « Ganelon, félon modèle »,
in Le Magazine littéraire, no 533, juilletaoût 2013, dossier « La trahison ».
J. Verdon, Intrigues, complots et trahisons
au Moyen Âge, Paris, Perrin, 2012.
novembre 2013
NRP COLLÈGE
11
Lire au CDI
Actu
Aimer le théâtre
au CDI
Par Yannick Denoix, documentaliste au collège
Gérôme (Vesoul), Fadben
Il faut l’avouer, le théâtre n’est pas la star
principale de nos CDI. Caché dans un
coin, entre documents pédagogiques et
dossiers documentaires, souvent réduit
aux incontournables Molière, le rayon
théâtre fait pâle figure. Pourtant, si les
élèves ne se jettent pas sur les recueils
de pièces, ils adorent les jouer en classe !
Dès lors, comment réconcilier lecture et
mise en jeu d’une pièce ?
Un fonds documentaire adapté
Aux yeux des élèves, le théâtre a une
image poussiéreuse de vieux classiques
peu attirants, de mises en scène pompeuses et de tirades interminables.
Cependant, aujourd’hui, de nombreuses
collections en proposent des présentations attrayantes et vivantes, et accordent
une belle place aux textes de toutes les
époques, des « Étonnants Classiques »
de Flammarion jusqu’aux « Petits Classiques » de Larousse. Mais il est également
important pour le CDI de mettre en valeur
le théâtre contemporain, par exemple à
travers la magnifique collection de l’École
des loisirs et ses courtes pièces particulièrement travaillées, propices à des mises en
scène originales.
Il ne faudra pas non plus passer à côté de
la collection « Expression théâtre », chez
Retz, dont les pièces comportent de nombreux rôles (pour ne fâcher personne), des
décors facilement modulables en fonction
des contraintes pratiques et un vocabulaire adapté à l’âge des élèves. De même,
le recueil Scènes à lire et à jouer, de la 6e à la
3e d’Ariane Carrère chez Hatier, comporte
des textes courts et simples à mettre en
place. Quant aux éditions du Sablier, leur
belle collection, « En scène » fait partir le
lecteur sur les traces de personnages histo12
NRP COLLÈGE
riques à travers de brefs textes de théâtre.
Rois, médecins, femmes de lettres : autant
d’occasions de découvrir l’histoire en
s’amusant.
Mais, avant tout, le CDI doit montrer aux
élèves que, loin de se résumer aux grands
classiques, le théâtre est un art vivant,
fondé sur le spectacle et la mise en scène.
À ce titre, on pourra faire cohabiter avec
les livres les différents programmes des
théâtres de la région, en fonction desquels
seront proposées des sélections thématiques.
Pour comprendre le théâtre
Le théâtre sortira d’autant plus facilement
des rayonnages qu’il sera joué et compris.
Pour tout savoir sur le monde du théâtre,
on ne se lassera pas de feuilleter encore
et encore l’Histoire du théâtre dessinée
d’André Degaine, dont la présentation originale, l’écriture manuscrite et le contenu
particulièrement riche séduisent toujours
les lecteurs. Les éditions Thierry Magnier
ont, quant à elles, publié l’excellent
ouvrage La Fabrique à théâtre, qui présente
toutes sortes d’activités autour du théâtre :
améliorer sa diction, créer un spectacle de
marionnettes ou encore écrire une pièce.
Un livre indispensable pour désacraliser le
théâtre et le rendre captivant.
novembre 2013
Mettre les paroles en scène
Le théâtre peut facilement s’inviter dans
la vie du CDI. Si les « clubs théâtre » fonctionnent régulièrement et mettent en
scène de petites pièces ou des saynètes,
d’autres activités peuvent être imaginées.
À l’occasion d’une semaine thématique,
un groupe d’élèves pourra, par exemple,
déclamer des vers dans la cour pendant
une récréation, ou annoncer de façon
théâtrale le menu de la cantine lors de son
ouverture.
On peut également créer une mise en
scène dans laquelle les élèves prennent
la place des documentalistes et gèrent le
CDI selon différentes attitudes, pendant
une récréation ou une pause méridienne,
par exemple. Et pour aller jusqu’au bout,
on pourra imaginer que dans une classe,
un groupe d’élèves se charge de présenter
de façon théâtrale… le rayon théâtre !
Alors maintenant, levons le rideau sur nos
rayons, et tous en scène !
À lire
G. Beaudout et C. Franek, La Fabrique
à théâtre, Thierry Magnier, 2011.
A. Degaine, Histoire du théâtre dessinée,
Nizet, 1992.
d’écriture
Les saisons : un thème
et un langage
Par Édith Wolf
Traditionnel dans l’art et la littérature, le thème des saisons a
fourni un matériau littéraire immense : supports des métaphores,
échos des états d’âme, sources de jouissance esthétique, les
saisons sont à la fois expérience et signes de cette expérience.
Faire écrire les élèves sur ce thème, c’est leur permettre
de relier le cycle naturel à des faits vécus et de se familiariser avec un motif majeur de la littérature et de l’art.
Cet atelier d’écriture prend pour support L’Automne,
tableau de Giuseppe Arcimboldo (1573, musée du
Louvre). En 4e/3e, c’est l’occasion d’initier les élèves à la
figure de l’allégorie.
Écriture de liste
En 6e et 5e : on demande une liste fondée sur l’anaphore des termes : « L’automne, pour moi, c’est… /
C’est… ». Les notations peuvent être objectives et subjectives, ainsi que grammaticalement diverses. On lira
ces listes à voix haute, convergences et divergences
seront commentées.
En 4e et 3e : on fait noter des mots et expressions associés à l’automne puis quelques listes sont lues rapidement.
Recherches à faire à la maison
À tous : on donne des recherches à effectuer sur Arcimboldo (dates, pays, genres abordés, commanditaires).
On demande aussi une définition et une image des éléments suivants : coing, prunelle, millet, potiron, citrouille,
rave.
En 4e/3e : on invite la classe à définir le mot « allégorie », avec deux exemples, l’un dans un texte, l’autre
dans une œuvre plastique. On fait également chercher
des poèmes sur l’automne, dans les œuvres de Lamartine, Baudelaire, Verlaine, Jules Laforgue (« L’hiver qui
vient »), Apollinaire (deux textes), et préparer des lectures orales.
Observation et écriture en 6e/5e
On fait expliciter le principe de L’Automne d’Arcimboldo :
une figure humaine incarnant une saison. Puis on fait
compléter un texte dans lequel les élèves devront
retrouver les noms des végétaux qui composent cette
figure (voir compléments numériques en ligne) :
Pendant la correction les élèves justifient la présence
des éléments repérés.
Ensuite, les élèves inventent un âge, une profession, des
goûts et des traits de caractère à attribuer au personnage, dont ils font le portrait à partir du texte à trous
(qu’ils peuvent modifier) et des éléments inventés.
Enfin, en reprenant la liste faite au début de l’atelier,
chaque élève dessine un personnage incarnant « leur
automne » à qui ils donnent la parole : le personnage
se présente dans un texte où on pourra utiliser tous les
éléments de la séance. À la fin de l’atelier, images et
textes sont affichés dans la salle.
Atelier d’écriture
Actu
Le carnet
Observation et écriture en 4e/3e
Observation :
Après le repérage des éléments recherchés, on fait
expliquer en quoi il s’agit d’une allégorie – tous les
éléments visuels contribuent à construire l’idée – avec,
cependant, un sujet moins abstrait que dans le cas des
allégories traditionnelles. Pendant que l’on lit à l’oral
les poèmes trouvés lors de la phase de recherches, les
élèves prennent des notes sur l’image de l’automne
dans les textes, image que l’on oppose à celle d’Arcimboldo : le peintre présente une figure de la vie végétale
féconde, les poètes une image de la fuite du temps et
de la mort.
Écriture :
En utilisant la liste élaborée au début de l’atelier et
des éléments de l’observation, chaque élève fait une
nouvelle liste de mots ou expressions associés à l’automne ; il proposera soit une vision positive de cette
saison (comme le peintre), soit une image mélancolique (comme les poètes). Les termes abstraits comme
« Vie », « Temps » et « Mort » prendront une majuscule.
Les élèves écrivent ensuite un texte adressé à « leur
automne » et commençant comme le poème de Lamartine : « Salut !… » Ils peuvent y intégrer des éléments
trouvés dans les textes littéraires.
novembre 2013
NRP COLLÈGE
13
Maisons d’écrivains
Actu
La villa Arnaga d’Edmond Rostand
à Cambo-les-Bains
en région
« Toi qui viens partager notre
lumière blonde
Et t’asseoir au festin des horizons
changeants
N’entre qu’avec ton cœur, n’apporte
rien du monde
Et ne raconte pas ce que disent les
gens »
Tels sont les mots tracés à l’entrée de la villa Arnaga. Située à Cambo-les-Bains, entre Biarritz et
Pau, la maison que le poète a fait construire au
début du xxe siècle est un musée depuis 1962.
Le visiteur qui pénètre dans la propriété est d’emblée
impressionné par le parc : jardins à l’anglaise et à la française entourent l’immense villa de 1500 m² comportant
40 pièces, qui ne sont pas toutes ouvertes au public.
Rostand découvre Cambo en 1900 sur les conseils du
docteur Granger qui lui recommande la ville thermale
pour soigner une pleurésie. Il y achète alors un vaste
terrain avec vue sur les Pyrénées et où serpente l’Arraga,
« eau qui coule sur les cailloux » en basque, qui deviendra Arnaga. En 1906, le jeune académicien s’installe dans
ce bâtiment au style néo-basque, avec sa femme, la poétesse Rosemonde Gérard, et ses deux fils, Maurice et Jean.
Un décor de théâtre
Tout dans la villa Arnaga évoque le théâtre, à commencer par les décors savamment réfléchis par l’écrivain. La
salle de jeux des enfants est ornée de scènes illustrant
de vieilles chansons françaises. Le grand hall abrite un
balcon anglais depuis lequel Edmond aimait déclamer
des vers. La salle à manger joue les trompe-l’œil, avec ses
faux marbres et ses volets intérieurs abritant des miroirs.
La bibliothèque, entièrement dédiée à Cyrano de BerINFOS PRAtIQuES
Pour obtenir des informations :
gerac, renferme le César du meilleur acteur pour le film
éponyme de Rappeneau de 1990, offert par Gérard Depardieu. L’office s’orne de frises décoratives qui évoquent
Chantecler, pièce écrite à Arnaga en 1910. À l’étage, un
ensemble Art nouveau féerique compose le boudoir de
Rosemonde, et trois costumes d’académiciens rappellent
le destin d’Eugène, d’Edmond et de Jean. L’ancienne
chambre des enfants est consacrée à L’Aiglon et son interprète principale, amie de la famille, Sarah Bernhardt.
Le petit salon bleu contient des documents de famille,
lettres et photographies, dont celles prises en 1918 avec
Mary Marquet, la dernière compagne du poète. La salle
d’hydrothérapie montre à quel point, derrière une façade
rurale, la villa cache un confort très moderne : calorifère,
tableau électrique, système de passe-plats, appareils sanitaires… et plus de 40 domestiques.
Un musée vivant
Aujourd’hui, le musée reçoit près de 70 000 visiteurs par
an et accueille des expositions temporaires. Son site Internet regorge de fiches à télécharger pour préparer la visite
(2,50 euros / élève), et des stages de théâtre et d’expression y sont organisés. Les jardins comportent aussi des
parcours pédagogiques.
Tél. : 05 59.29.83.92 ou 05 59 29 94 97
Fax : 05 59 29 94 94
www.arnaga.com
[email protected]
Site complet : visite interactive, informations, manifestations, enregistrements et publications comme ce mémoire
de master 1 sur « les décors d’Arnaga » très riche et exploitable dans le cadre de l’Histoire des arts.
Autoroutes A63 et A64 ; sorties signalées à 20 km de
bayonne et de biarritz, sur la route départementale D932,
direction Cambo-les-bains.
Contact pour vos visites :
villa Arnaga – musée edmond rostand
route du docteur Camino
64250 Cambo-les-bains
14
Midi-Pyrénées
Par Rachel Druet
NRP COLLÈGE
novembre 2013
Accès :
Histoire
e
des arts 3
NOUVEAU !
Une offre transdisciplinaire, à la carte et multisupport
pour les professeurs d’Histoire, de Français, d’Arts plastiques
et d’Éducation musicale
ou
Le manuel
144 pages – 15,50 €
Le cahier
64 pages – 5,50 €
Pour compléter le manuel ou le cahier :
la banque de ressources
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Manuel et cahier à
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o
c
e
tr
o
v
e
d
s
rè
p
au
.nathan.fr
r www
Spécimen en ligne su
Dossier
Mise en scène
de Dom Juan de
Molière, par JeanPierre Vincent, avec
Serge Bagdassarian
(Sganarelle) et Loïc
Corbery (Dom Juan),
Paris, ComédieFrançaise, 2012.
Héros et antihéros
au théâtre
Par Carole Guidicelli,
professeur de lettres et docteur en études théâtrales
Sommaire
16
D
La figure du héros :
notion et évolution
17
Le héros classique :
un héros de tragédie
18
Du grand homme
au héros marginal
19
Du héros négatif
à l’antihéros
21
NRP COLLÈGE
novembre 2013
ans La Vie de Galilée de Bertolt
Brecht, Andrea, l’ancien élève de
Galilée, indigné par le renoncement de
son maître face à l’Inquisition, s’écrie :
« Malheureux le pays qui n’a pas de
héros ! » Et Galilée de lui rétorquer :
« Malheureux le pays qui en a besoin. »
Rodrigue, Don Juan, Médée, Tartuffe
ou Cyrano de Bergerac… autant
de figures de héros (ou d’antihéros)
dont la rencontre jalonne la découverte
des grands textes littéraires au collège.
En les resituant dans le contexte
historique et social de leur époque,
ce dossier permettra de mettre en
perspective les modèles héroïques
et les valeurs qu’ils incarnent.
Héros et antihéros au théâtre
La figure du héros :
notion et évolution
Du héros épique au héros tragique
Dans les civilisations de l’Antiquité, le héros se
distingue par ses origines (c’est souvent un demidieu), par son enfance (il a été abandonné à sa
naissance, exposé à la mort dans un espace sauvage, comme moïse, Œdipe, romulus et rémus),
parfois aussi par un signe distinctif (la chevelure
de Samson, la force d’Héraclès, les pieds percés
d’Œdipe…). radicalement autre, il accomplit des
actions exemplaires au profit de la communauté : il
tue les monstres qui la menaçaient (Thésée, Œdipe),
libère son peuple d’une situation d’asservissement,
le ramène sur son territoire (moïse) ou lui en trouve
un nouveau (Énée), fonde une cité (Cadmos, romulus et rémus) ou la sauve de ses ennemis (Horace,
Coriolan). Il est donc celui qui a été placé en dehors
de sa communauté tout autant que celui qui en
incarne et en sublime les valeurs.
La figure occidentale du héros revêt un triple
aspect :
– mythique : le héros est doué de facultés exceptionnelles, ses exploits repoussent sans cesse les
limites de l’humain ;
– politique : le héros est, sinon une figure royale,
du moins toujours un personnage central de la
société, un chef de guerre ou un chef de peuple ;
– littéraire : placé au centre du récit, le héros en
est le « sujet actantiel », et ce récit a pour fonction de
conter ses exploits. Le « héros » désigne donc alors le
« personnage principal ».
Si l’on prend l’exemple de la littérature grecque
de l’Antiquité, toutefois, on voit bien comment le
théâtre s’écarte des modèles construits par ces récits
héroïques, tels que nous pouvons les connaître à
travers l’Iliade et l’Odyssée. Là où la poésie épique
célèbre les héros en magnifiant leurs actions exemplaires, la tragédie les montre dans leurs échecs,
leurs souffrances (Prométhée enchaîné, Ajax) ou leur
monstruosité (La Folie d’Héraclès). en effet, pour les
spectateurs de la tragédie, au Ve siècle avant J.-C., les
héros étaient les témoins d’un temps archaïque, celui
des « tyrans », c’est pourquoi ils étaient marqués par
la démesure (hybris), un comportement inacceptable
aux yeux de la démocratie athénienne. Le théâtre naît
donc comme un regard critique porté sur les héros
épiques, c’est-à-dire, selon la célèbre formule de
l’historien Walter nestle, « quand on regarde le mythe
avec l’œil du citoyen ».
Dossier
le chevalier de rome, celui qui combat les Infidèles,
qui délivre le tombeau du Christ à Jérusalem ou qui
part à la recherche du saint Graal. Il est exemplaire
par la fermeté de sa foi, qui le rapproche du saint ou
du martyr, et, tout comme le héros de l’Antiquité, il
n’accomplit pas ses exploits pour sa seule gloire, mais
pour une cause qui transcende sa personne.
Ces modèles héroïques informent à la fois les
chansons de geste, les romans de chevalerie et la littérature de cour qui œuvre à l’éloge du souverain.
La notion de héros devient ainsi indissociable d’une
conception aristocratique du monde : si l’héroïsme
trouve naturellement sa légitimité dans une société
féodale qu’il contribue à maintenir, il est aisément
transposable dans une société monarchique avec des
ajustements (quand le héros n’est pas le souverain
lui-même, il est celui qui contribue à sa gloire). en
étudiant Le Cid en 4e, on pourra faire percevoir aux
élèves cette continuité du modèle héroïque.
«
mme
Le théâtre naît co or té
p
un regard critique s. »
e
sur les héros épiqu
Avec le développement de la bourgeoisie, aux
et XViiie siècles, les représentations du héros
sont mises en question, tantôt sur le mode du renversement comique (comme l’antihéros du roman
picaresque), tantôt sur le mode de la revendication
égalitaire, qui prône le libre exercice de la raison et
défend la liberté d’entreprendre (le Figaro de beaumarchais en est un bon exemple). Avec la généralisation des valeurs bourgeoises qui reposent sur l’éloge
des vertus domestiques, le héros ne sert plus qu’à
nourrir une mythologie populaire et n’en impose plus
XViie
Illustration
du Mariage
de Figaro,
1784.
Du héros chevaleresque à l’antihéros
Dans le monde chrétien, l’héritage gréco-romain
doit s’adapter à de nouvelles valeurs. Le héros est
novembre 2013
NRP COLLÈGE
17
« à l’honnête homme, l’homme éclairé, qui cherche à
se constituer en modèle en s’efforçant de développer ses propres qualités et vertus. C’est pourquoi il
trouve alors refuge dans le mélodrame.
Le Romantisme, passant au crible la figure du
héros, l’instituera de nouveau comme modèle,
mais selon d’autres caractéristiques. L’héroïsme
revu par les romantiques exalte le sentiment contre
la froide raison, développe des vertus plus spirituelles que guerrières, et se présente comme une
lutte contre l’adversité (une société corrompue, un
destin injuste). Plus encore, le héros romantique a
perdu sa place centrale (réelle et symbolique) dans
la société pour occuper la marge, vivre dans l’ombre,
ou connaître le déclassement. C’est ainsi que Jean
d’Aragon est devenu le bandit Hernani chez Victor
Hugo ou que le vertueux Lorenzo s’est transformé
chez Musset en Lorenzaccio, le débauché affublé de
tous les quolibets.
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e
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marge, vivre dans ssement. »
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ou connaître le dé
Dès lors, le héros, toujours personnage principal,
n’est plus pour autant systématiquement le moteur
de l’action, ni la figure exceptionnelle qui tendait
vers le mythe, ni la figure d’autorité réelle et symbolique que l’on serait en droit d’attendre. C’est à ce
moment-là qu’on peut sans doute commencer à parler d’antihéros, dans la mesure où celui qui devrait
accomplir l’exploit ou le geste libérateur attendu
diffère son geste, l’accomplit par accident ou pour
des motifs dénués de toute noblesse : des traits qui
ne cesseront de s’accentuer à l’époque moderne et
contemporaine, jusqu’à brouiller les distinctions du
héros, de l’antihéros et de l’homme ordinaire.
Le héros classique :
un héros de
tragédie
Le héros, figure cathartique
« Il n’y a de héros, au sens fort, explique Patrice
Pavis, que dans une dramaturgie présentant les
actions tragiques des héros ou des princes, si bien
18
NRP COLLÈGE
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que l’identification du spectateur a lieu en direction
d’un être divin ou inaccessible. Ses actions doivent
apparaître comme exemplaires et sa destinée librement choisie. Le héros est toutefois pris tragiquement entre la loi divine aveugle, mais irrépressible et
la conscience malheureuse, mais libre (tragique)1. »
Héritier de la tragédie grecque, le théâtre occidental fait en effet coïncider figure héroïque et figure
tragique. Les actions héroïques portées à la scène
ont pour cette raison non seulement un caractère
exemplaire, mais encore suscitent-elles la terreur et
la pitié. En tant que support d’identification, le héros
est donc aussi une figure cathartique.
À cet égard, il importe de distinguer le théâtre
antique du théâtre classique, notamment sur la
notion d’exemplarité. Œdipe est assurément un
héros, mais n’est certainement pas un exemple. Plus
précisément, si les héros tragiques grecs se caractérisent par l’hybris (la démesure), la tragédie romaine
nous montre la façon dont leur aveuglement (sous le
coup de la colère, du désir de vengeance, de l’obsession du pouvoir, de la passion amoureuse, etc.) fait
d’eux des monstres. Sommet du genre, l’œuvre théâtrale de Sénèque multiplie les actes sanglants comme
dans Thyeste où Atrée assassine ses propres neveux
pour les faire manger à leur père, son frère jumeau,
au cours d’un banquet cannibale censé célébrer leur
réconciliation.
Une exigence classique : l’exemplarité
Au contraire, les héros cornéliens sont exemplaires en ce qu’ils ont valeur de modèles : l’empereur
Auguste par sa magnanimité (Cinna), Polyeucte par
son consentement à mourir en martyr de la religion
chrétienne (son exemple a d’ailleurs pour effet de
convertir Pauline, sa femme, au christianisme, et à
lui inspirer le même esprit de sacrifice puisqu’elle
renonce à se remarier avec l’homme qu’elle aime).
Dans la tragédie classique, le conflit tragique oppose
le destin (sous la forme de la loi divine ou des devoirs
envers l’État) et la conscience malheureuse : d’un
côté il faut se soumettre au souverain, au code de
l’honneur, à l’intérêt collectif, de l’autre obéir au
mouvement spontané du cœur, à l’amour, à la foi
jurée, aux liens de l’affection (amoureuse, fraternelle,
filiale…). Ce conflit met en balance la sphère privée
et la sphère publique, le sentiment et la raison, et
même l’autorité royale et le peuple. Dans son essai
Corneille dramaturge, Bernard Dort souligne combien « la réconciliation entre un roi et son peuple,
par l’intermédiaire du héros, est nécessaire2 ». Si le
roi ne pardonne pas au héros, il est un tyran ; si, au
contraire, le héros ne se soumet pas au roi, il est un
rebelle. L’enjeu de cette réconciliation est la fondation ou la consolidation de l’État monarchique. Dès
la 3e, on pourra sensibiliser les élèves à la manière
dont cette notion d’« exemplarité » du héros a pu évoluer au fil des siècles.
Héros et antihéros au théâtre
De plus, le héros classique n’est pas seulement
au cœur du conflit : il en cristallise tous les aspects,
toutes les implications et interprétations possibles,
comme l’explique Patrice Pavis :
« Le héros classique coïncide parfaitement avec
son action : il se pose et s’oppose par le combat et
le conflit moral, répond de sa faute et se réconcilie avec la société ou avec lui-même lors de sa chute
tragique. Il ne peut y avoir de personnage héroïque
que lorsque les contradictions de la pièce (sociales,
psychologiques et morales) sont entièrement contenues dans la conscience de son héros : celui-ci est un
microcosme de l’univers dramatique3. »
Rodrigue, par exemple, porte en lui à la fois les
douleurs de l’honneur et celles de l’amour au point
de devenir le champ de bataille de ces forces opposées qui se livrent un combat incessant : « Contre mon
propre honneur mon amour s’intéresse » (Le Cid,
acte I, scène 6).
Du grand homme
au héros marginal
Un héros en devenir : l’homme du peuple
Dans ses dimensions morales et politiques,
l’idée du héros classique recoupe souvent celle du
grand homme, qu’il soit prince, gouvernant, chef de
guerre, homme d’Église… Les qualités qui font le
grand homme sont à la fois liées à l’excellence (éminence, ascendant naturel…), à la morale et à la religion (le désintéressement, l’absence d’affectation, la
foi), ainsi qu’à l’intelligence et au calcul (être plein
de ressources, volontaire, savoir tirer parti des circonstances…). En cela, il réalise une synthèse entre
l’héritage antique, les valeurs chrétiennes et l’idéal de
l’honnête homme ou de l’homme de bien. De plus, le
grand homme et le héros ont ceci de commun qu’ils
sont ceux qui font l’histoire – et l’histoire n’est-elle
pas, d’abord, celle des grands hommes ?
Inversement, le Romantisme, qui se développe
à une période agitée (Révolution française, Premier Empire, Restauration), prend acte de ce que
le peuple a montré qu’il était désormais lui aussi un
acteur essentiel de l’histoire. Dès lors, la vénération
d’un héros souverain et l’obéissance absolue d’une
population à un seul et unique détenteur du pouvoir
politique et spirituel apparaissent comme des comportements obsolètes. Autant la Révolution française que l’épopée napoléonienne ont décliné tour
à tour des modalités différentes de relation du grand
homme au peuple, du héros à la masse (les martyrs
de la liberté et héros de la Révolution comme Marat
ou Joseph Viala, les maréchaux napoléoniens issus
du peuple…). La période romantique rejette donc
Dossier
moins la notion de héros qu’elle ne la met en crise
de façon à la reconstruire selon de nouveaux modèles
de représentation sociale et politique amenés par les
transformations historiques. En particulier, l’on voit
se dessiner l’idée d’un devenir-héros de l’homme du
peuple, non plus seulement à travers la catégorie du
héros guerrier sur le modèle napoléonien, mais en
suivant le chemin d’une ascension sociale due aux
mérites personnels (ceux de Ruy Blas, par exemple).
« n’est
Le héros classique ur
cœ
pas seulement au
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du conflit : il en cr tes
u
tous les aspects, to
les implications et ibles. »
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Déclassé et rebelle, le héros romantique
De plus, Pré-romantisme et Romantisme multiplient les figures héroïques marquées par la négativité : personnages d’exclus, coupés du reste du
monde par une tare sociale (la pauvreté : Chatterton
de Vigny ; la bâtardise : Antony de Dumas ; une condition inférieure : Ruy Blas de Hugo), par une faute ou
par une caractérisation psychologique (la faiblesse :
Lorenzaccio de Musset, la rêverie ayant entraîné la
désobéissance aux ordres : Le Prince de Hombourg de
Kleist). Le héros est alors bien souvent un inadapté,
partagé entre deux ordres du monde, comme Hamlet
avait pu l’être entre le royaume féodal du Danemark
et l’enseignement humaniste de l’université de Wittemberg.
Ces figures découlent de plusieurs sources,
mythologiques et bibliques d’une part, populaires
d’autre part. Elles ont commencé de prendre forme
dans la littérature dès avant la Révolution française,
à travers une forme d’héroïsation de la révolte. Prométhée et Satan exercent ainsi une forte fascination
sur les romantiques, tant par le caractère grandiose
de leur rébellion que par la violence de la remise
en cause de l’ordre divin dans leurs plaintes, chez
Milton (Le Paradis perdu) ou Goethe (Prométhée) par
exemple. Ce motif de la grandeur dans le mal irrigue
de différentes manières le théâtre de l’époque.
L’imagerie populaire du hors-la-loi est aussi l’origine de la transformation du marginal en héros, que
ces figures soient au départ romanesques (le bandit
justicier Robin des bois) ou historiques (Mandrin,
Cartouche, plus tard héroïsés par la littérature). Le
mélodrame (dont le maître est Pixérécourt) reprend
ces figures, mais en leur imposant un cadre moral
simplificateur et contraignant : l’innocence est persécutée et le vice puni. Le partage des personnages
entre « bons » et « méchants » y est sans ambiguïté et
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19
Jérôme
Kircher dans
Lorenzaccio
de Musset,
mise en scène
de Jean-Pierre
Vincent, 2000.
«
les valeurs (familiales, morales) ne sont jamais attaquées, puisque le méchant lui-même se décrit comme
tel. Les valeurs héroïques sont fortement marquées
d’une part à travers le héros désintéressé et chaste,
qui rétablit l’innocence persécutée dans ses droits et
ressoude la famille après avoir démasqué le méchant,
d’autre part à travers la jeune fille victime du méchant,
enlevée, torturée, mais surtout toujours restée pure
afin que l’ordre familial soit complètement rétabli à la
fin. Le schéma actantiel fait généralement apparaître
le méchant en position de sujet dominant, comme
moteur de l’action et porteur d’un projet néfaste.
Face à lui s’oppose le héros comme « anti-sujet » (Anne
Ubersfeld), porteur des valeurs positives, mais qui ne
triomphe que pour mieux s’effacer, sans jamais tirer
de profit personnel des actions qu’il a accomplies.
onfère
Le Romantisme c vé
u
à la figure du répro restige
p
une autorité et un
renouvelés. »
Le romantisme, synthétisant ces différents
modèles, confère à la figure du réprouvé une autorité
et un prestige renouvelés. Si le héros mythique était
un être hors normes, qui devait parfois transgresser
les lois pour fonder un nouvel ordre, le héros romantique apparaît soit comme un révolté mis au ban de
la société et qui doit lutter pour être restauré dans
20
NRP COLLÈGE
novembre 2013
ses droits (Hernani), soit comme celui qui, placé en
situation d’accomplir un acte héroïque, s’en révèle
bien peu digne (Lorenzaccio) : dans les deux cas, le
héros semble ne plus pouvoir trouver sa place dans
le monde.
Le XXe siècle ou le crépuscule du héros
Prolongeant les figures romantiques, les héros
d’edmond rostand sont tout aussi solitaires et
incompris, montrés tantôt végétant dans l’ombre des
héros de l’épopée napoléonienne (L’Aiglon), tantôt
vivant par procuration un amour-passion parfait mais
factice (Cyrano de Bergerac). Quant au Tête d’or de
Claudel, il montre bien comment, lorsqu’un personnage traditionnel de héros, chef de guerre en révolte
contre la médiocrité des hommes, se trouve réinvesti
par le théâtre moderne, il échoue à imposer sa vision
d’un nouvel ordre du monde.
Le théâtre du XXe siècle, à son tour, hésite à
glorifier les héros, alors même que les événements
historiques (guerres mondiales, révolutions, guerres
civiles, résistance contre les armées d’occupation)
donnent largement matière, dans le reste de la création littéraire et plus encore au cinéma, à l’exaltation de comportements héroïques. Dans Morts sans
sépulture, par exemple, Sartre montre un groupe de
résistants captifs de la milice, confrontés à la torture,
qui sont traversés par toutes les faiblesses humaines.
Dans Les Mains sales, il établit une double distance à
l’égard de la figure du héros : non seulement Hugo,
Héros et antihéros au théâtre
tel un nouveau Lorenzaccio, assassine le leader politique Hoederer par jalousie et non par idéal politique,
mais l’élan final qui lui fait braver la mort criant qu’il
est « non récupérable » n’est, dans l’esprit de l’auteur,
que le signe d’un idéalisme petit-bourgeois qui doit
être dépassé.
Du héros négatif
à l’antihéros
Le mal sous une forme grandiose
À côté des formes contemporaines du héros
traditionnel encore très présentes au cinéma, prolifèrent aujourd’hui les figures du héros négatif et, plus
encore, celles de l’antihéros. Par héros négatif, il faut
entendre un personnage qui, tout en ayant un caractère d’exceptionnalité qui le distingue de la foule et
exerçant un véritable pouvoir de fascination sur celleci, accomplit des actes transgressifs qui n’ouvrent sur
aucune possibilité de fondation de nouvelles valeurs
mais cristallisent, au contraire, toutes les formes de
négativité. La figure du criminel endurci ou du meurtrier en série, telle que l’ont popularisée le roman
policier, le cinéma ou la télévision, en est l’exemple
le plus frappant. Au théâtre, le personnage de Koltès, Roberto Zucco, est doté d’un certain nombre de
caractéristiques propres au héros : personnage hors
du commun, voire mythique, il apparaît et disparaît
mystérieusement sur les toits de sa prison. Koltès en
fait à la fois un spectre sorti de la nuit et une créature
solaire qui réalise à la fin une ascension fusionnelle
avec l’astre du jour. Meurtrier, parricide et matricide,
il incarne des valeurs négatives, liées à la violence et
au mal, mais sous une forme grandiose. Les images
choisies par le dramaturge soulignent en effet combien ce héros moderne s’apparente à la fois à Samson, à David et à Icare.
L’antihéros, figure de la modernité
Le terme d’antihéros, pour sa part, connaît
aujourd’hui des définitions très variables, liées pour
beaucoup aux modèles développés par la culture
populaire : le sens de cette expression, dans l’usage
courant, nous renvoie surtout au cas de l’homme
ordinaire, montré tantôt dans toute la banalité d’une
vie quotidienne sans surprise (à la façon d’Ulrich,
le protagoniste de L’Homme sans qualités de Robert
Musil), tantôt comme un personnage « décalé » par
rapport à des circonstances qui le dépassent (tel
Meursault dans L’Étranger d’Albert Camus), et qui
donc n’aura pas l’envergure du héros. Surtout, alors
que l’héroïsme était intrinsèquement lié aux registres
Dossier
du tragique, du pathétique, voire au sublime, l’antihéros trouve généralement sa place dans un traitement réaliste, quand il ne participe pas tout
simplement du registre comique : le Don Quichotte
de Cervantès, retournement parodique des héros des
romans de chevalerie, et les protagonistes du roman
picaresque comptent parmi les premiers exemples
qu’on peut en donner. Tandis que le héros est une
figure fondatrice de la littérature de l’Antiquité, la
naissance de l’antihéros coïncide donc avec celle
d’une certaine conception de la modernité. Toutefois,
les scènes d’aujourd’hui semblent peu enclines à s’en
saisir, au contraire de la bande dessinée, du cinéma
et de la télévision.
« La naissance de
e
l’antihéros coïncid ine
r ta
avec celle d’une ce
conception de la
modernité. »
L’effacement de l’exceptionnel
Dans le théâtre moderne et contemporain en
effet, les personnages – quand ils existent encore – se
montrent souvent incapables de décider de leur sort
ou, même quand ils font le choix, comme Béranger
dans Rhinocéros de Ionesco, de résister au phénomène qui menace de les emporter, sont loin d’avoir la
volonté et la force requises pour mettre en œuvre leur
décision. Plus encore que la « crise du personnage »
(Robert Abirached), c’est sans doute celle de l’action
dramatique qui contribue le plus à faire disparaître
les marques distinctives du héros, positif ou négatif,
et même de l’antihéros. Le développement du théâtre
du quotidien dans les années 1970 et 1980 (Michel
Vinaver, Jean-Paul Wenzel), du théâtre documentaire,
de la création collective puis des formes dites « postdramatiques » (Hans-Thies Lehmann) réduit l’action
à une série de gestes infimes, de micro-conflits, où les
marques de l’exceptionnalité ne sont plus repérables,
où l’enchaînement causal et la chronologie des faits
n’ont plus d’importance. La notion même de héros
semble devenue illisible, voire se confondre avec celle
de spectaculaire, comme dans la pièce de Jean-Luc
Lagarce Nous les héros où ces derniers ne sont autres
que des acteurs.
Si donc nous avons encore besoin de héros, ce
n’est certainement plus au théâtre qu’il faut venir les
y chercher…
1. Patrice Pavis, « Héros », in Dictionnaire du théâtre, Dunod, Paris,
1996.
2. Bernard Dort, Corneille dramaturge, L’Arche, Paris, 1972, p. 6.
3. Patrice Pavis, « Héros », in Dictionnaire du théâtre, op. cit.
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21
6e Séquence
1
Le type du valet balourd
dans la comédie
Par Franck Évrard †, certifié de lettres modernes,
docteur ès lettres et ès arts du spectacle, collège Blaise-Pascal, Massy (91)
Présentation et problématique
Ghezzi, Arlequin et Polichinelle,
dessin.
Les
+ numériques
Dans cette séquence, vous pourrez
exploiter les ressources multimédia
suivantes*, disponibles sur le site NRP
dans l’espace « Ressources abonnés ».
Rendez-vous sur
http://www.nrp-college.com.
Écrire un quiproquo (revue)
Lexique du théâtre et polysémie
(+ icono des théâtres)
Fiche notion : les comiques de situation
Corpus de la séquence
Corrigés des fiches élèves
Archives NRP : Les grands types de
la Commedia dell’arte (texte + icono)
* Certaines de ces ressources sont
réservées aux abonnés numériques
(abonnés Papier + numérique
ou 100 % numérique).
22
NRP COLLÈGE
novembre 2013
• Dans la comédie et la farce, les auteurs dramatiques ont souvent
privilégié le type du valet balourd. Paresseux, grossier, préoccupé
par la satisfaction de ses besoins physiques (boire, manger, dormir),
le personnage fait figure d’antihéros. Faire-valoir du personnage
principal, doté de finesse d’esprit et souvent rusé, il comprend mal
la situation, n’a pas l’initiative de l’action en raison de sa position
de soumission par rapport à son maître, et parle maladroitement.
Le valet balourd est le plus souvent un personnage secondaire. Sa
fonction est d’assurer la dimension triviale de la comédie.
• Au théâtre, le « type », un personnage simplifié, réduit à quelques
comportements essentiels propres à sa catégorie sociale, est
condamné à répéter les mêmes actes et paroles, provoquant le rire
des spectateurs. Dans la comédie, le type du balourd permet de
faire jouer tous les ressorts du comique. Sa maladresse physique est
à l’origine d’un comique gestuel que la commedia dell’arte a exploité.
Le comique de mots vient de la singularité de son langage, qu’il
s’agisse du patois de Lucas dans Le Médecin malgré lui de molière,
du parler prosaïque d’Arlequin dans Arlequin poli par l’amour de
marivaux ou du français incorrect parlé par le domestique belge des
Pavés de l’ours de Feydeau. Sa naïveté confinant à la bêtise (comique
de caractère) favorise enfin le comique de situation marqué par de
nombreux quiproquos. Cependant, plus complexe qu’il n’y paraît,
le balourd peut acquérir une épaisseur en s’éveillant à un sentiment
comme l’amour ou en critiquant la société.
Le choix du corpus
• Le choix des textes a pour but de mettre en valeur les variations
des auteurs dramatiques autour d’un type littéraire qui appartient
au personnel comique traditionnel. Il s’agit aussi d’initier les élèves
aux genres théâtraux de la farce, de la comédie et du vaudeville.
La séquence proposée
• Après une première approche historique et esthétique, la séquence
propose de s’interroger sur les ressorts comiques de la balourdise
à travers deux extraits de molière et de marivaux, et leur associe
des activités de lecture et d’écriture. Centrée sur le quiproquo, la
troisième partie s’efforcera de montrer que le personnage simple
d’esprit est capable de créer une sorte de mécanique théâtrale, folle
et déréglée, comme dans le vaudeville de Feydeau. Une « mécanique
plaquée sur du vivant », dirait le philosophe bergson.
Le type du valet balourd dans la comédie
6e Séquence 1
Supports • Groupement de textes : Le Médecin malgré lui de Molière, 1666 ; Arlequin poli par l’amour de Marivaux, 1720 ;
Les Pavés de l’ours de Georges Feydeau, 1896 (in Théâtre complet, tome II, Classiques Garnier / Poche, 2012).
• Extrait audio d’Arlequin poli par l’amour
Objectifs • Enrichir son imaginaire et sa culture littéraire
• Lire et comprendre un texte théâtral
• Écrire un court texte de théâtre
ÉtAPE
Durée
1
• 6 séances de 1 à 2 heures pour un total d’une dizaine d’heures, histoire des arts incluse
Évaluation de compétences en lien avec le socle
commun
Identifier un personnage type
de comédie
Maîtrise de la langue / Lire
• Adapter son mode de lecture à la nature du texte proposé
et à l’objectif poursuivi (séances 3, 4, 5)
• Manifester, par des moyens divers, sa compréhension de textes
variés (séances 3, 4,5)
SÉANCE 1. Le valet balourd dans l’histoire du théâtre
➔ Repères
Supports : Les recherches des élèves, la fiche « Histoire des arts »
Objectif : Faire le lien entre l’histoire et l’art
Durée : 2 heures
Maîtrise de la langue / Écrire
• Enrichir le vocabulaire en percevant les nuances de sens (séance 2)
• Écrire un texte de théâtre en respectant les contraintes du genre
(séance 6)
SÉANCE 2. Autour du mot « balourd »
➔ Vocabulaire / Expression écrite
Avoir des connaissances et des repères (culture humaniste)
• Acquérir des repères en histoire, littérature et arts (séance 1)
2
La balourdise,
source de comique
SÉANCE 3. Le Médecin malgré lui, de Molière
➔ Étude de texte
Support : Le Médecin malgré lui, de Molière
Objectifs : Approfondir la lecture analytique d’un texte • Appliquer le
schéma actantiel pour dégager les enjeux d’un texte • Comprendre
la mise en abyme
Durée : 1 heure
SÉANCE 4. Arlequin poli par l’amour, de Marivaux
➔ Lecture
ÉtAPE
Support : Arlequin poli par l’amour, de Marivaux, extrait audio de la
scène
Objectifs : • Exprimer un point de vue subjectif • Écrire de façon
expressive • Enrichir le lexique de l’émotion
Durée : 1 heure
3
Balourdise
et mécanique théâtrale
1
ÉtAPE
ÉtAPE
Support : Fiche élève 1
Objectifs : Appréhender la richesse de la langue à travers les
différents moyens d’expression • Percevoir les nuances de sens
Durée : 1 heure
Support : Les Pavés de l’ours, de Georges Feydeau
Objectifs : Comprendre les enjeux d’un texte • Distinguer les
différentes formes de comique
Durée : 1 heure
SÉANCE 6. Écrire un quiproquo
➔ Expression écrite
Support : Fiche élève 2
Objectifs : Écrire un court texte théâtral • Comprendre le
fonctionnement comique du quiproquo
Durée : 2 heures
Séance 1
REPèRES
Le valet balourd dans l’histoire
du théâtre
• En relation avec l’histoire et l’histoire des arts, cette première
séance sera consacrée au type du valet balourd dans la farce ou
la comédie, et plus particulièrement à la figure d’Arlequin.
Déroulement de la séance
• Les recherches effectuées en amont par les élèves feront appa-
SÉANCE 5. Les Pavés de l’ours, de Georges Feydeau
➔ Lecture
Identifier un personnage
type de comédie
•
raître un certain nombre de noms ou de références : esclaves astucieux de la comédie latine (Pseudolus chez Plaute au iie siècle
av. J.-C.), gracioso espagnols burlesques et zanni de la commedia
dell’arte au xvie siècle, valets de Molière, personnage d’Arlequin
dans les comédies de Marivaux, etc.
Vous pourrez montrer comment la figure du valet balourd appartient à la tradition italienne de la commedia dell’arte, forme
théâtrale comique d’origine populaire, qui se caractérise par un
jeu improvisé des acteurs, l’utilisation de masques, et le recours
à des rôles-types. Dans la première moitié du xvie siècle en Italie,
les valets bergamasques étaient désignés par le nom typique de
zanni. Caricatures du paysan pauvre et ignare, ils portaient une
chemise blanche serrée à la taille par une corde munie d’une
escarcelle et d’une batte servant à l’attaque ou à la défense ; ils
parlaient un dialecte.
novembre 2013
NRP COLLÈGE
23
• Plutôt que de procéder à un historique du valet, de l’esclave de
•
•
la comédie antique jusqu’au valet Matti dans la pièce de Bertolt
Brecht ou même aux domestiques de Genet (Les Bonnes) et de
Beckett (Fin de partie), il serait plus pertinent de montrer que les
serviteurs ne forment pas un corps homogène mais sont pris dans
un jeu d’oppositions. Loin de constituer un type figé, ils sont capables d’évoluer au cours des siècles.
Rapidement, les zanni se différencièrent en deux catégories : le
valet rusé et fourbe comme Brighella et le serviteur balourd, grossier et cocasse comme Arlequin. Inspiré par la tradition italienne,
Molière perfectionne au xviie siècle les deux types de zanni, le
valet intrigant et vif d’esprit comme Scapin dans Les Fourberies
de Scapin qui ourdit d’ingénieuses intrigues et joue un rôle d’adjuvant précieux dans la course au bonheur des jeunes amoureux,
et le valet balourd, d’origine paysanne, parlant un patois indéterminé comme Lucas dans Le Médecin malgré lui, Martine dans Les
Femmes savantes, et complètement soumis à son maître comme
Sganarelle dans Dom Juan. Alors que le premier, vantard, cupide,
ivrogne, insolent, fait rire des autres, le second est victime du
rire du public. Cette opposition se retrouvera dans les couples
comiques formés au cinéma par Laurel et Hardy ou Bourvil et
Louis de Funès dans La Grande Vadrouille.
Vous pourrez enfin faire remarquer qu’un même type théâtral
comme Arlequin, apparu au xvie siècle en Italie, peut évoluer
sensiblement au cours des siècles. À l’origine, paresseux, gourmand, lourdaud et grossier, le personnage proche du clown
évolue au xviiie siècle vers un plus grand raffinement physique et
une psychologie plus complexe dans les pièces de Marivaux et
de Goldoni, comme par exemple Arlequin valet de deux maîtres
(1748) où le personnage se dédouble. Continuant à faire rire, il
peut exprimer des émotions.
De même, la relation du couple maître / valet au théâtre a évolué
au fil des siècles avec l’apparition au xviiie siècle de domestiques
revendiquant une égalité de dignité comme Arlequin dans L’Île
des esclaves de Marivaux, prenant l’initiative de l’action comme
Jacques dans Jacques le Fataliste (1778-1783) de Diderot ou affirmant des idées libérales comme Figaro, le valet contestataire du
Mariage de Figaro (1784) de Beaumarchais. Le valet n’est plus là
pour aider les couples d’amoureux ou pour faire rire. Mêlé personnellement à l’intrigue, il occupe une place centrale dans la
pièce et devient un héros à l’image de Ruy Blas, figure idéalisée
du peuple dans la pièce éponyme de Victor Hugo au xixe siècle.
Séance 2
2. Retrouvez l’intrus qui s’est glissé dans chacune des listes suivantes. Vous justifierez votre réponse.
Liste a : bête, bovin, baudet, cruche, âne, butor, buse.
Liste b : sot, ignorant, obtus, subtil, rustique.
Liste c : « avoir du mal à percuter », « ne pas avoir inventé la poudre »,
« ne pas avoir inventé le fil à couper le beurre », « être long à la détente ».
3. Pour indiquer à quel registre de langue appartiennent ces
synonymes du mot balourd, classez-les dans un tableau en trois
colonnes correspondant à chaque registre.
Synonymes : béotien, bêta, grossier, inepte, imbécile, abruti.
Colonnes à choisir :
Registre familier
Registre courant
Registre soutenu
Éléments de réponse
• Établir un champ lexical à partir d’un mot
1. Tableau complété :
Synonymes
Antonymes
Mots de la même famille
nigaud
habile
balourdise
stupide
raffiné
lourdeur
gauche
spirituel
2. Liste a : le mot cruche car les autres termes renvoient à des
animaux.
Liste b : le mot subtil car il s’agit d’un antonyme.
Liste c : l’expression « ne pas avoir inventé le fil à couper le beurre »
car elle ne fait pas référence au champ lexical des armes à feu et
de la guerre (percuter, poudre, détente).
• Identifier les registres de langue
3. Tableau complété :
Registre familier
Registre courant
Registre soutenu
bêta
grossier
béotien
abruti
imbécile
inepte
VO C A B U L A I R E / E X P R E S S I O N
Autour du mot « balourd »
• Cette séance à dominante lexicale permettra en particulier de
travailler la notion de champ lexical, et de se familiariser avec les
registres de langue (voir fiche élève 1).
Activités
1. Construisez un tableau à trois colonnes et intégrez dans celle
qui convient les mots de la liste suivante, synonymes, antonymes
et mots de la famille du mot « balourd » : habile, nigaud, balourdise,
lourdeur, stupide, raffiné, gauche, spirituel.
Colonnes du tableau (voir fiche élève 1, p. 28)
Synonymes
24
Antonymes
NRP COLLÈGE
Mots de la même famille
novembre 2013
Portrait de Molière en habit de Sganarelle, xviie siècle.
Le type du valet balourd dans la comédie
Étape
2
6. Les couleurs vert et jaune éveillent en lui l’image du perroquet,
ce qui le conduit à conclure naïvement que les patients du médecin sont des oiseaux exotiques. Lucas ne semble guère faire de
différences entre le monde humain et le monde animal.
La balourdise,
source de comique
Séance 3
6e Séquence 1
é tude de texte
Le Médecin malgré lui,
de Molière
•À l’ouverture de la séance, vous rappellerez le début de la pièce
et en particulier la scène d’exposition au cours de laquelle Sganarelle bat sa femme Martine.
L’explication de cet extrait pourra mettre en valeur la manière
dont Martine profite de la naïveté de Valère et Lucas pour préparer sa vengeance. En effet, la balourdise des deux domestiques lui
permet de mettre en place le quiproquo qui conduira Sganarelle
à être pris pour un fameux médecin.
Dans un second temps, à partir d’un relevé des répliques de Lucas, vous montrerez comment ce personnage est le prototype
du valet balourd. S’exprimant dans un patois comique, le paysan
pataud se caractérise par une grande naïveté.
•
Séance 4
Arlequin poli par l’amour,
de Marivaux
• Vous ferez écouter aux élèves l’extrait radiophonique (6.07 à 7.50)
•
•
Questions
1. Qui sont les trois personnages de la scène ? Que cherchent-ils ?
2. En quoi consiste le stratagème de Martine ? Quel moyen utiliset-elle pour rendre son affirmation véridique ?
3. Par quel moyen Molière fait-il en sorte que les spectateurs
soient au courant des intentions de Martine ?
4. Quelles différences repérez-vous entre les deux personnages
de Valère et Lucas ?
5. En quoi le patois de Lucas vous paraît-il comique ?
6. Pourquoi l’expression « le madecin des paroquets » est-elle
amusante ?
Éléments de réponse
1. Les personnages sont Martine, Valère et Lucas. Martine cherche
un moyen de se venger de son mari qui l’a battue. Valère et Lucas
sont deux domestiques qui se mettent en quête d’un médecin
afin qu’il soigne l’étrange maladie de la fille de leur maître.
2. L’« admirable invention » de Martine consiste à faire passer
son mari pour un grand médecin. Afin de prévenir les objections
futures, elle le présente comme un homme savant, rendu un peu
fou par son génie, ce qui explique son accoutrement extravagant
en bûcheron et son refus de se reconnaître comme médecin.
3. Grâce à l’aparté de Martine, les spectateurs connaissent son intention de se venger et sont en avance sur les deux domestiques.
4. Alors que Valère s’exprime avec aisance et comprend rapidement, Lucas, présenté comme un « nourricier » (le mari de la
nourrice), paraît lourdaud, s’exprime en patois et comprend lentement.
5. Lucas emploie de nombreux jurons (« parguenne », « testigué ! »), déforme les mots (« pardu », « vart », « paroquets »),
confond les personnes verbales (« j’avons », « je pensons »), commet des erreurs de construction (« ne sart de rian » au lieu de « ne
sert à rien », « v’êtes » au lieu de « vous êtes », « je vous demandons
excuse » au lieu de « je vous prie de m’excuser », etc.). Son discours
est comique en raison de l’emploi de verbes comme « boutez »
(« mettez ») ou « lantiponez » (« traînez ») et d’exagérations « une
gueble de commission » pour désigner une tâche qui n’a rien de
diabolique, et la référence à l’expression « y perdre son latin ».
lecture
•
•
lu à une voix par Michel Polac en 1954 [audio intégral].
www.youtube.com/watch?v=b79Yb9tqeZ8
À l’intersection du conte de fées et de la comédie (séquences
préconisées par les Instructions Officielles en 6e), l’extrait de la
pièce de Marivaux permet de mieux appréhender la balourdise
sur le plan psychologique. Vous rappellerez que cette comédie
féérique et pastorale en un acte et en prose, inspirée par un conte
de fées de Mme Durand, intitulé Le Prodige de l’amour, s’inscrit
dans la tradition de la commedia dell’arte puisqu’elle met en
scène Arlequin. La pièce fut d’ailleurs jouée pour la première fois
par les Comédiens italiens en 1720. Le personnage n’est pas un
valet mais un paysan aussi beau que bête, que l’amour rendra
ingénieux. Au début de la pièce, Arlequin est fidèle à ses origines : mélange comique de bêtise naïve et de goinfrerie, il n’est
pas encore ce personnage délicat, malicieux, à la fois crédule et
spirituel qui plaît aux spectateurs du xviiie siècle. Le comique de
geste souligné par les didascalies (« il siffle ») rappelle les pantomimes grotesques de la comédie italienne. Il serait intéressant
de demander aux élèves de rechercher la signification du verbe
« polir », présent dans le titre, pour mettre en valeur l’aspect brut
et non policé du type théâtral.
L’ignorance et la sottise du personnage peu raffiné viennent du
fait qu’incapable de percevoir les sous-entendus et les nuances
du langage, il prend au sens propre les expressions figurées (l’appel de l’amour), et trouve comique le regard amoureux de la Fée
(« Dame, cela est drôle ! »). Pas encore initié à l’amour, Arlequin
n’éprouve que des sensations physiques sollicitant l’ouïe, la vue
et le goût, jamais des sentiments. Au bonheur de la vie affective,
il préfère les plaisirs matériels qui investissent le corps (« un grand
appétit », « il soupire après sa collation »).
Dans cette scène, le comique naît du décalage entre le monde
réaliste du personnage enfantin, resté dans un état de minorité
affective, et la sphère féerique et merveilleuse de l’univers pastoral, placé sous le signe des arts. La scène burlesque joue sur
l’opposition entre le balourd Arlequin et le raffiné Trivelin, sorte
de majordome de la Fée.
Questions
1. Quels signes montrent qu’Arlequin reste insensible à l’appel
de l’amour ?
2. Quelle est la préoccupation principale d’Arlequin ?
3. Relevez deux termes dans les didascalies et le dialogue qui
dénoncent la balourdise du personnage.
4. En quoi Arlequin ressemble-t-il à un grand enfant ?
5. Quelles différences voyez-vous entre le langage du chanteur
et celui d’Arlequin ?
6. En quoi le climat de cette scène peut-il être qualifié de merveilleux et poétique ?
novembre 2013
NRP COLLÈGE
25
Éléments de réponse
1. Arlequin n’entend pas l’appel de l’Amour et la musique ne le
touche pas. Il ne sait pas déchiffrer le regard amoureux de la Fée.
Il s’ennuie rapidement et finit par s’endormir.
2. Arlequin est surtout préoccupé par l’idée de faire un bon repas.
3. L’adverbe « niaisement » dans la didascalie et le nom « ignorance » dans la réplique de la chanteuse montrent la balourdise
du personnage.
4. Arlequin, indifférent aux sentiments amoureux, est resté dans
le monde innocent de l’enfance, placé sous la tutelle bienveillante
des parents.
5. Alors que le chanteur s’exprime en vers poétiques, Arlequin
s’exprime en prose. Si le quatrain en octosyllabes révèle un langage raffiné, les répliques courtes du paysan montrent un lexique
simple et concret.
6. Le merveilleux est suggéré par la présence de la Fée qui a
enlevé Arlequin sur son île et le climat onirique (le sommeil du
jeune homme). Les chansons et les danses confèrent à la scène
une dimension poétique évidente.
Prolongement
•Il peut être intéressant d’évoquer la postérité du personnage
d’Arlequin dans la langue française : une arlequinade (pantomime
inspirée de la commedia dell’arte), un manteau d’Arlequin (panneaux en trompe-l’œil imitant des rideaux ouverts sur les côtés),
des habits d’Arlequin.
Étape
3
Balourdise et mécanique
théâtrale
Séance 5
lecture
Les Pavés de l’ours,
de Georges Feydeau
•Sans doute sera-t-il utile de rappeler le contexte social et histo-
rique de la Belle Époque. L’exode rural qui a commencé vers 1850
a conduit de nombreux habitants des campagnes à venir travailler en ville comme ouvrier ou comme domestique. Lassé de la
fourberie des domestiques parisiens, Lucien a engagé un homme
simple, au bon sens terre-à-terre et plein de bonne volonté, « un
diamant brut » qu’il veut façonner à sa guise.
Vous pourrez lire la fable de La Fontaine, « L’Ours et l’Amateur des
Jardins » qui permet de comprendre le titre de la pièce de Feydeau. Dans cette fable, un ours qui veut tuer la mouche posée
sur le nez de son ami, l’homme, lui jette un pavé dans la figure.
Les élèves saisiront vite la morale de l’histoire : il faut se méfier des
amis benêts et leur préférer des ennemis intelligents.
Dans ce vaudeville en un acte de Georges Feydeau, la balourdise
prend une forme hypertrophiée avec le personnage de Bretel.
Doté d’un franc-parler et usant d’une familiarité choquante dans
un milieu bourgeois, le domestique nouvellement engagé prend
au pied de la lettre les paroles de son maître et commet des impairs à répétition. La balourdise n’épargne pas le langage et la
communication qui deviennent fous : bégaiement de Madame
de Prévallon et discours débridé de Bretel.
•
26
NRP COLLÈGE
novembre 2013
•Il est possible de suggérer que cette mécanique folle n’est pas
entièrement gratuite. En effet, si la balourdise de Bretel, ignorant
des usages de la ville, est irrésistiblement drôle, elle met en relief
de manière satirique le poids des conventions sociales, l’hypocrisie des mœurs, la médiocrité des existences bourgeoises. Dans
cette scène, l’obéissance aveugle de Bretel, qui a voulu appliquer
à la lettre les recommandations de son maître, finit par remettre
en cause l’ordre établi.
Questions
1. Relevez et expliquez toutes les impertinences et grossièretés
prononcées par Bretel dans cette scène.
2. Pourquoi le bégaiement de Madame de Prévallon fait-il rire ?
3. En quoi le langage de Bretel est-il comique ?
4. En vous aidant du paratexte, quelles sont les conséquences de
la « gaffe » commise par Bretel ?
Éléments de réponse
1. Non seulement Bretel tutoie une personne de la haute société
mais il déforme son nom (« Madame Prévallon-butor ») en l’amputant de la particule de noblesse et en lui greffant une injure (« butor ») qui lui était destinée. Le domestique dévalorise son interlocutrice sur le plan physique en suggérant qu’elle est vieille et laide
(« affreuse »). Enfin, il la flanque à la porte de manière cavalière.
2. Le bégaiement de Madame de Prévallon a pour effet, en isolant des syllabes, de créer des mots saugrenus dans le contexte
(« pépé », « tutu », « coco », « lulu »), et, en coupant les mots, de les
détourner de leur sens. L’adverbe « affreusement », employé pour
caractériser la colère, devient ainsi l’adjectif « affreuse » qui qualifie le personnage féminin.
3. Le langage de Bretel fait sourire en raison de son mélange de
tutoiement et de vouvoiement (« savez-vous »), de sa syntaxe fautive (omission du « ne », redoublement du nom par un pronom
dans « M. Ferret, il reçoit que […]), le mauvais emploi du lexique
(« rigolo ») et la prononciation (l’accent belge).
4. En injuriant et en mettant à la porte la visiteuse, Bretel a compromis les projets de son maître qui voulait épouser la fille de la
riche Madame de Prévallon.
Prolongement
•Il serait intéressant de faire lire la scène suivante, au cours de la-
quelle Lucien découvre par la bouche de Bretel l’impair commis.
Les élèves pourront relever toutes les injures prononcées par le
maître à l’encontre de son domestique : « fou », « idiot », « crétin »,
« butor », « âne », « cet imbécile ».
Séance 6
expression é crite
Écrire un quiproquo
• Retrouvez cette activité dans les ressources complémentaires en
ligne et utilisez pour la conduire la fiche élève 2 p. 29.
Le type du valet balourd dans la comédie
Histoire
arts
des
Dans la commedia
dell’arte, au valet
balourd qu’est
Arlequin s’oppose
le naïf et honnête
Pierrot, dont les
gaffes provoquent
souvent des
quiproquos. Plus
qu’Arlequin, il
va connaître une
grande vogue dans
les années 1830 sur
les scènes du théâtre
parisien où son
personnage inspire
particulièrement
les acteurs de la
pantomime.
C’est un rôle dans
lequel triomphe
alors Jean-Gaspard
Deburau. Peut-être les
élèves le connaissentils sans le savoir car
c’est lui qui a inspiré
le rôle de baptiste,
joué par Jean-Louis
barrault dans le film
de marcel Carné,
Les Enfants du paradis.
Retrouvez
le questionnaire
élève de cette analyse
et son corrigé en
ligne.
6e Séquence 1
Pierrot muet
Le boulevard
du Crime
Le théâtre des Funambules où se
produit Deburau est situé sur le célèbre
« boulevard du Crime », ainsi nommé
à cause des crimes représentés tous
les soirs sur la scène de ses nombreux
théâtres. Le public s’y presse, y compris
les plus miséreux installés aux places les
moins chères, le « paradis » : entièrement
muet, son spectacle de pantomime, où
tout passe par les gestes et les expressions, est universellement accessible
et attire tous les publics. Il s’inspire
de l’art des forains qui, au début du
siècle précédent, s’étaient vu interdire
Photographie du mime Deburau
tout dialogue sur les tréteaux afin de
par Nadar en 1855.
ne pas concurrencer les acteurs de la
Comédie-française : le mime était un
des subterfuges qu’ils avaient trouvé pour contourner cette interdiction, et euxmêmes puisaient leur inspiration dans la commedia dell’arte.
C’est de Jean-Gaspard Deburau que nous vient l’image du Pierrot enfariné de
blanc dont les romantiques, enthousiastes, s’emparent pour en faire un doux rêveur
amoureux de la lune, probablement sous l’influence de la vieille chanson « Au clair
de la lune ». Le succès de Deburau est en effet tel qu’à sa mort, en 1846, son fils
Charles prend la relève. C’est ce dernier qui figure sur la photo ci-dessus, prise vers
1854-1855.
Le photographe photographié
Ce portrait, où l’artiste mime comme en miroir le photographe faisant signe
de ne pas le regarder mais de fixer l’objectif, provoque une amusante confusion
d’identité. entre les deux hommes d’abord : Deburau reproduit avec exactitude les
gestes qu’il voit son double effectuer en face de lui, sa main droite retirant le châssis à plaques de l’appareil – viendrait-il de photographier le photographe ? entre
Deburau et Pierrot ensuite : qui au juste est photographié ? C’est d’autant plus intéressant qu’à l’art de la pantomime répond ici l’art encore naissant de la photographie. on en est aux premières reproductions en série, aux premières expérimentations sur les négatifs. Le jeune homme de trente-quatre ans passionné qui a pris
ce cliché vient tout juste d’ouvrir un atelier avec son frère Adrien, et il place cette
photographie en tête de l’album qu’il va présenter à l’exposition universelle de 1855
et qui va recevoir une médaille d’or. Il se nomme Félix Tournachon et a pris pour
pseudonyme nadar. Ce grand gaillard fantasque aux cheveux roux, qui se définit
lui-même comme « un vrai casse-cou, un touche-à-tout, mal élevé jusqu’à appeler
les choses par leur nom, et les gens aussi », est en train de réaliser les portraits de
tous les artistes de la bohème parisienne, de Charles baudelaire à Sarah bernhardt.
expérimentateur enthousiaste, il invente l’éclairage artificiel, jouant sur tous ses
clichés comme ici avec les ombres et les lumières, dans un décor toujours très sobre.
Sa galerie de portraits va faire de lui l’emblème de la photographie du XiXe siècle.
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NRP COLLÈGE
27
cH
E ÉL È V
1
E
FI
Séquence 1 6e
Autour du mot « balourd »
Du moyen français « bellourd », dérivé de « lourd », le mot « balourd » employé comme adjectif ou comme nom commun
se dit de façon méprisante d’une personne grossière et stupide dans ses actions comme dans son caractère.
1. Établir un champ lexical à partir d’un mot
1. Vous remplirez le tableau en intégrant dans la bonne colonne les mots de la liste suivante.
Liste des mots : habile, nigaud, balourdise, lourdeur, stupide, raffiné, gauche, spirituel.
Balourd, nom commun et adjectif
Synonymes
Antonymes
Mots de la même famille
..........................................................
..........................................................
..........................................................
..........................................................
..........................................................
..........................................................
..........................................................
..........................................................
2. Retrouvez l’intrus qui s’est glissé dans chacune des listes.
Vous justifierez votre réponse.
• Liste a : bête, bovin, baudet, cruche, âne, butor, buse
• Liste c : « avoir du mal à percuter », « ne pas avoir inventé
la poudre », « ne pas avoir inventé le fil à couper le beurre », « être
long à la détente »
............................................................................................
............................................................................................
............................................................................................
............................................................................................
• Liste b : sot, ignorant, obtus, subtil, rustique
............................................................................................
............................................................................................
............................................................................................
............................................................................................
............................................................................................
2. Identifier les registres de langue
3. Classez ces synonymes du mot balourd selon leur registre de langue en les recopiant dans la colonne du tableau
qui convient.
Synonymes : béotien, bêta, grossier, inepte, imbécile, abruti.
Registre familier
Registre courant
Registre soutenu
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abonnés numériques. Adaptable
aux besoins des élèves.
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NRP COLLÈGE
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E ÉL È V
2
6e Séquence 1
E
FI
cH
écrire un quiproquo
Le quiproquo peut venir des mots eux-mêmes quand ils sont mal interprétés en raison de leur double sens ou de leur homonymie.
Apprenant que la mer est « démontée », un personnage de Raymond Devos demande quand on la « remontera ».
Une homonymie comme « Rome antique » et « Romantique » peut prêter aussi à confusion.
1. Repérer un quiproquo
1. Voici un extrait des Femmes savantes de Molière (1672) :
a. Quelle est la condition sociale de Bélise et de Martine ?
martine
mon dieu, j’avons pas étugué comme vous,
et je parlons tout droit comme on parle cheux nous.
[…]
............................................................................................
bélise
Ton esprit, je l’avoue, est bien matériel.
Je n’est qu’un singulier, avons est pluriel.
veux-tu toute ta vie offenser la grammaire ?
b. Quel mot est à l’origine du quiproquo de Martine et
pourquoi ?
martine
Qui parle d’offenser grand’mère ni grand-père ? »
............................................................................................
............................................................................................
............................................................................................
............................................................................................
molière, Les Femmes savantes, acte II, scène 8.
............................................................................................
............................................................................................
2. écrire une saynète fondée sur un quiproquo
2. Rédigez une saynète fondée sur un quiproquo qui mettra en scène un personnage balourd interprétant
au sens propre une expression figurée. Contrairement à toute attente, le balourd sortira vainqueur de la scène.
a. ÉtAPE 1 Choisissez l’expression figurée parmi les expressions proposées et complétez le tableau.
Expressions figurées : « prendre ses jambes à son cou », « poser un lapin », « jeter l’argent par les fenêtres »,
« avoir un chat dans la gorge », « mettre les pieds dans le plat », « demander la lune », « reprendre du poil de la bête ».
Ce qui est dit
Ce que le locuteur veut dire
Ce que le balourd comprend
« Tu te crois sorti de la cuisse de
Jupiter ! »
« Tu te crois supérieur aux autres ! »
« Tu es d’essence divine car ton père est
Jupiter. »
..........................................................
..........................................................
..........................................................
b. ÉtAPE 2 Choisissez deux personnages dont l’un incarnera le type du balourd.
.........................................................................................................................................................................................
.........................................................................................................................................................................................
c. ÉtAPE 3 Vous rédigerez une courte scène qui adoptera la présentation et la forme d’un dialogue
(une douzaine de répliques) en imaginant des didascalies.
.........................................................................................................................................................................................
.........................................................................................................................................................................................
.........................................................................................................................................................................................
......................................................................................................................................
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aux besoins des élèves.
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NRP COLLÈGE
29
4e Séquence
2
Masques et grimaces
de l’amour au théâtre
Par Claire Beilin-Bourgeois, professeur de lettres
Présentation et problématique
Demoiselle masquée,
aquarelle de 1586.
• Le théâtre est un monde d’apparences, c’est l’art du masque
et du travestissement. on y joue la vie, on y fait semblant. C’est
donc tout naturellement que nous pouvons orienter notre choix,
pour une séquence sur le théâtre en classe de 4e, vers le motif
du mensonge, de la traîtrise et de la dissimulation. Ces thèmes,
très présents dans les intrigues des pièces au programme pour
ce niveau, ont l’intérêt de révéler l’implication du public dans la
représentation théâtrale. Loin de s’identifier au personnage, le
spectateur « s’associe » à lui, complice de son mensonge ou sensible
au malheur de celui qui a été dupé. Pour cette séquence, on s’en
tient essentiellement aux intrigues amoureuses, aux histoires de
pères abusés, de maris trompés et d’amants échangés.
• on rit bien souvent quand apparaissent menteurs, affabulateurs
et traîtres. mais le mensonge ou la duplicité ont aussi des enjeux
moraux, et à travers ces situations particulières sont dénoncées
l’hypocrisie et la comédie sociale.
Le choix du corpus
Les
+ numériques
Dans cette séquence, vous pourrez
exploiter les ressources multimédia
suivantes*, disponibles sur le site NRP
dans l’espace « Ressources abonnés ».
Rendez-vous sur
http://www.nrp-college.com.
Le vaudeville ou la gaieté au théâtre
Connaissez-vous bien le vocabulaire
de la mise en scène ? test d’évaluation
Corpus de la séquence
Corrigés des fiches élèves
Arlequin et Colombine
Version en images du questionnaire
de la séance 1 (texte + icono)
Archives NRP : fiche HDA : les masques
au théâtre (texte + icono)
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30
NRP COLLÈGE
novembre 2013
• Une des ambitions de cette séquence est de faire lire ou de
montrer aux élèves de larges extraits de plusieurs pièces : L’Avare,
La Puce à l’oreille et Le Mariage de Figaro. Il n’est évidemment pas
question de les étudier complètement, mais d’y reconnaître le
thème de la traîtrise et du mensonge, et d’en apprécier le contenu.
La séquence proposée
• La séquence démarre par une phase de révision à la fois utile et
rassurante sur le théâtre, son histoire, son fonctionnement, et les
ressorts de la comédie. on en profite pour familiariser les élèves
avec la pièce de molière au programme de 4e : L’Avare. Le deuxième
volet de la séquence aborde un chapitre plus neuf pour des élèves
de 4e : le vaudeville et la comédie de mœurs. enfin, pour montrer
que le mensonge et la traîtrise n’appartiennent pas uniquement
à l’univers de la comédie, on prolonge la séquence par la lecture
d’un extrait de Cyrano de Bergerac afin d’ouvrir sur un registre plus
« sérieux » qui est celui du drame.
• Le traître se cache, il ruse, il manipule : les extraits étudiés
contiennent des apartés, des monologues, des quiproquos, autant
de procédés dramaturgiques qui font la spécificité du texte de
théâtre. L’illusion théâtrale permet toutes les situations, puisqu’elle
n’est pas soumise à une logique réaliste.
Masques et grimaces de l’amour au théâtre 4e
Séquence 2
Supports • Des extraits variés de pièces de théâtre : Molière, Beaumarchais, Feydeau, Rostand.
Objectifs • Montrer que dans le spectacle théâtral, en particulier le spectacle comique, le mensonge et la duplicité sont
un ressort de l’intrigue impliquant la participation du public.
• Proposer des repères dans l’histoire du théâtre, en abordant des auteurs différents.
• Revoir et analyser les procédés comiques.
1
• 10 heures
Le mensonge,
un ressort de la comédie
SÉANCE 1. La tromperie dans l’histoire de la comédie
➔ Repères
Supports : Images du théâtre antique et de la commedia dell’arte
Objectif : Comprendre qu’à ses origines, le théâtre est l’art
du déguisement et du masque
Durée : 1 heure
SÉANCE 2. M. de Pourceaugnac se déguise
➔ Expression écrite, vocabulaire
Support : Un extrait de Monsieur de Pourceaugnac dans lequel
le personnage éponyme se déguise en femme
Objectifs : Montrer avec quel brio Molière utilise l’effet comique
du travestissement – s’initier aux questions de mise en scène
Durée : 2 heures
SÉANCE 3. L’Avare ou L’École du mensonge
➔ Lecture cursive
Support : Trois extraits de L’Avare de Molière
Objectif : Mener une lecture cursive de L’Avare, à travers le prisme
du mensonge
Durée : 2 heures
SÉANCE 4. Le subjonctif dans les principales
et les subordonnées
ÉtAPE
➔ Grammaire, conjugaison
Supports : Un extrait de L’Avare de Molière
Objectifs : Revoir, ou apprendre la conjugaison du subjonctif
– s’interroger sur son emploi
Durée : 1 heure (+ exercices de la fiche élève)
2
Maris trompés, femmes bafouées
dans la comédie de mœurs
SÉANCE 5. Rire et satire sociale : La Puce à l’oreille
de Feydeau
➔ Étude de texte
Support : Extrait de l’acte I de La Puce à l’oreille de Feydeau
Objectif : Revoir le fonctionnement de la comédie
Durée : 1 heure
SÉANCE 6. Vaudeville et théâtre de boulevard
➔ Repères
Support : Ressources personnelles ou celles du CDI
Objectif : Découvrir l’histoire du vaudeville
Durée : 1 heure
SÉANCE 7. Quiproquos et comique de situation
➔ Repérages, vocabulaire, expression écrite
Support : Acte I, scène 8 du Mariage de Figaro de Beaumarchais
Objectifs : Reconnaître et analyser des procédés courants au
théâtre ; rédiger une scène avec un témoin caché ou un quiproquo.
Durée : 2 heures
Évaluation des compétences en lien avec le socle
commun
Lire
• Dégager l’idée essentielle d’un texte lu ou entendu : lecture
analytique ou cursive d’extraits de L’Avare ou de La Puce à l’oreille.
• Manifester sa compréhension de textes variés, qu’ils soient
documentaires ou littéraires : lecture analytique et cursive de textes
d’époques diverses.
Écrire
Rédiger un texte cohérent : la séquence est émaillée de plusieurs
exercices d’écriture documentaire ou d’invention.
S’exprimer à l’oral
Prendre la parole en public : une séquence sur le théâtre, et
davantage encore sur la comédie, est l’occasion de plusieurs séances
de lecture ou de jeu.
Avoir des connaissances et des repères
La séquence revient sur l’histoire de la comédie, de l’Antiquité
jusqu’au début du xxe siècle.
1
ÉtAPE
ÉtAPE
Durée
Le mensonge,
un ressort de la comédie
Séance 1
REPèRES
La tromperie dans l’histoire
de la comédie
• En posant quelques repères sur l’histoire du théâtre et celle de la
comédie en particulier, on met en évidence le rapport congénital entre le genre dramatique et le thème du mensonge. Pas de
théâtre sans masque ; pas de représentation qui ne se donne pour
objectif, justement, de lever les masques.
Questions préparatoires
1. Quelles étaient les caractéristiques du costume de l’acteur dans
l’Antiquité grecque et romaine ?
2. Qu’est-ce que la commedia dell’arte ?
3. Quels sont les personnages principaux de la commedia
dell’arte ?
Éléments de réponse
1. Les attributs de l’acteur dans l’Antiquité : le masque et le costume.
• Les masques ont une double fonction :
– amplifier les voix ;
– permettre aux acteurs de la troupe, qui sont seulement trois,
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NRP COLLÈGE
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d’incarner chacun plusieurs personnages, y compris féminins. Les
traits en sont grossis pour permettre aux spectateurs de deviner
aisément le statut de ce personnage (vieillard, esclave, roi,…) ou
ses émotions (haine, colère, pitié…).
Le masque tragique est plutôt réaliste. Celui du drame satyrique
porte une barbe, des oreilles pointues et un crâne chauve. Le
masque comique peut être très varié ; il s’agit souvent d’une caricature d’une personne bien connue des spectateurs. Très vite, différents masques sont apparus selon le type de personnage. Ainsi,
au iie siècle après J.- C., on a pu recenser une liste de 76 masques :
44 modèles comiques, 28 modèles tragiques et 4 modèles de
drame satyrique.
Au départ, le masque couvre – intégralement – le visage. Plus
tard, il se prolonge vers le haut du crâne pour permettre de fixer
une perruque ou, au contraire, de représenter un crâne chauve.
Fabriqués en bois, en cuir, en cire… les masques sont fragiles.
C’est pourquoi les masques originaux ont presque tous disparu.
Cependant, il existe des reproductions en terre cuite de plus petite dimension qui permettent d’avoir une idée assez proche de
l’apparence des véritables masques.
Le costume est lui aussi différent des vêtements portés habituellement à cette époque.
Il sert essentiellement à identifier le rôle, et cela est d’autant plus
nécessaire que les spectateurs sont placés loin de la scène.
Le costume comique masculin consiste souvent en un chiton
(tunique) et un manteau court. Il arrive que l’acteur utilise
également des rembourrages au niveau des fesses et du ventre.
Commentaire :
Le théâtre, dès ses origines, n’a rien de naturel ou de réaliste. C’est
un monde d’artifices qui ne cherche pas du tout à ressembler à
la réalité. D’une certaine manière, c’est là le premier mensonge
du théâtre.
•
•
•
3. Quelques personnages de la commedia dell’arte
Ce sont des personnages que nous connaissons encore aujourd’hui par des représentations ou des chansons, mais dont
nous avons oublié le rôle dans les représentations. On peut s’attarder sur quatre personnages : Arlequin, Colombine, Pantalon
et Polichinelle.
Arlequin est malin, fourbe, gourmand, coureur de jupons, et
n’aime guère travailler. Il est souvent valet mais il peut aussi être
barbier ou arracheur de dents. On le reconnaît à son costume fait
de pièces diverses car sa pauvreté ne lui permet pas d’acheter un
véritable morceau de tissu. Ce costume est aussi le reflet de son
caractère changeant.
Pantalon est un vieil avare bougon qui a perdu sa fortune. Il est le
jouet des fourberies de Scapin et d’Arlequin. Il porte une longue
culotte à laquelle il a donné son nom.
Colombine est la fille de Pantalon : elle est le modèle de la servante agréable et vive à la langue déliée qu’on trouvera chez Molière. Son père veut la marier à un homme riche, mais elle n’aime
qu’Arlequin.
Quant à Polichinelle, son nom signifie « petit poussin » et rappelle
la démarche de son grand-père qui marchait comme un canard.
Lui-même a un gros ventre, témoin de sa gourmandise. Il aime
les femmes mais celles-ci le raillent : Polichinelle est avant tout un
personnage ridicule qu’on ne peut prendre au sérieux.
•
•
•
•
2. La commedia dell’arte : l’art de la tromperie
xvie siècle mais tire ses
origines de la fin de l’Antiquité. Il s’agit d’un théâtre sans texte :
les acteurs costumés et masqués suivent des « patterns », des
scénarii qui sont toujours les mêmes, et à partir de ces canevas,
improvisent des scènes.
• La commedia dell’arte est née en Italie au
Un exemple de canevas :
La Fiancée enlaidie
Pantalon veut marier Colombine au Capitaine
Spaventa qu’il croit riche et courageux. Colombine
elle, aime Arlequin, un valet. Mais le vieil avare
s’oppose à ce mariage. Arlequin est chargé d’acheter
les gâteaux pour les fiançailles, mais, en cours
de route, il rencontre les fourbes Polichinelle et
Brighella. Ces derniers lui jouent un mauvais tour
en mangeant ses gâteaux, mais ils lui proposent
aussi un stratagème pour se débarrasser de son
rival : Colombine devra rencontrer le Capitaine en
l’absence de Pantalon et s’enlaidir le plus possible
pour lui inspirer crainte et répulsion.
Marcola, Commedia dell’arte à Vérone, xviiie siècle.
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NRP COLLÈGE
novembre 2013
Masques et grimaces de l’amour au théâtre 4e
Séance 2
exp. é crite , vocabulaire
M. de Pourceaugnac se déguise
• La scène extraite de Monsieur de Pourceaugnac est extrêmement
drôle, et le projet de la séance est d’en concevoir une représentation. On expliquera le texte, bien entendu, mais on pourra aussi
passer par des dessins pour imaginer le déguisement, et travailler
la lecture et la diction.
Objectifs et déroulement de la séance
•
•
1. Comprendre le texte.
2. Donner à « voir » les personnages
Consignes pour l’expression écrite : vous êtes metteur en scène et
vous vous proposez de représenter cette scène. Vous expliquez
donc aux acteurs la manière dont vous imaginez la scène :
– vous devez décrire les personnages et leur costume ;
– vous précisez leur position sur la scène et les uns par rapport
aux autres ;
– vous caractérisez la voix et les gestes de chacun.
La fiche ci-contre pourra être distribuée aux élèves pour les aider
dans ce travail.
3. Travailler la diction
Le mensonge et le travestissement passent aussi au théâtre
par un travail sur la voix et sur la manière de s’exprimer. Le personnage adopte alors l’accent, le style, ou les tics verbaux de
quelqu’un d’autre. C’est ce que désigne le mot « parlure ».
Ici, le travail sur les accents et sur la voix s’avère très amusant : il
s’agit d’imiter la voix des Suisses et celle de Pourceaugnac qui
contrefait une femme, et qui, progressivement, abandonne probablement cette posture pour retrouver sa virilité.
Séance 3
lecture cursive
L’Avare ou L’École du mensonge
Il est utile de prendre un peu de temps pour exposer la fable de
la pièce. Cette présentation sera facilitée par la projection d’une
version filmée de la pièce. On propose ensuite aux élèves un
groupement d’extraits à partir desquels ils doivent travailler.
Activités et questions
1. Complétez le tableau suivant en répertoriant les mensonges
de chacun et la manière dont ils sont ensuite démasqués (par des
aveux ou par la ruse d’un autre personnage).
Personnages
Mensonges
Frosine
…
Cléante
…
Mariane
…
Harpagon
…
Séquence 2
Petit lexique de la mise en scène
Le côté cour/côté jardin : afin d’éviter la confusion entre droite et gauche de la scène, les mots cour
et jardin sont venus remplacer côté du roi et côté de la
reine.
Le(s) rideau(x) : dans le vocabulaire du théâtre,
il y a plusieurs types de rideaux, le plus familier ou le
plus connu étant le rideau d’avant-scène. D’autre part,
et particulièrement lorsque ces rideaux sont des éléments de décors, on emploie surtout le mot toile.
Les pendillons (ou pendrillons) : rideaux, la
plupart du temps en velours noir, placés de chaque
côté du plateau. Les pendillons forment les coulisses.
La face : c’est le devant du plateau, la partie la
plus proche du public, opposé au lointain. Le plateau
étant en pente, descendre, c’est se déplacer du lointain à la face. On parle aussi de face pour la partie de
tout élément de décor orienté vers le public.
Le lointain : matérialisé par le mur du fond, le
lointain est l’endroit le plus éloigné de la scène, opposé à la face.
Les coulisses : c’est l’envers du décor, l’espace
non visible par le spectateur qui se trouve de part et
d’autre du côté cour et du côté jardin et qui contient
les pendillons.
La rampe : c’est la galerie lumineuse qui borde
l’avant de la scène d’un bout à l’autre.
Le mur du fond (ou mur de scène) : c’est le
mur qui clôt l’espace scénique face au public, derrière
le lointain.
La scène : c’est la partie du théâtre – considéré en
tant que bâtiment – où se passe l’action.
Le plateau : il s’agit d’un espace plus important
que la seule scène puisqu’il comprend aussi les coulisses et les dessous.
L’avant-scène : c’est la partie de la scène comprise entre la rampe et le rideau. C’est à l’avant-scène
que le metteur en scène vient pour diriger les acteurs
pendant les répétitions ; il quitte alors la table installée
au septième rang de l’orchestre pour faire des propositions de jeu ; c’est ce qui s’appelle descendre à l’avantscène.
Le manteau d’Arlequin : c’est la partie de la
scène qui commence au rideau et se termine aux premiers pendillons. Elle est généralement décorée d’une
draperie de couleur rouge.
2. Montrez que le thème de la tromperie et les procédés mis en
œuvre pour tromper sont à la source de la comédie.
3. Que dénonce Molière à travers ce thème du mensonge et de
la tromperie ?
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Éléments de réponse
1. Une accumulation de mensonges
Personnages
Rôles
Mensonges
Frosine
entremetteuse Elle flatte Harpagon en
prétendant que Mariane
n’a d’intérêt que pour les
hommes âgés.
Cléante
fils
d’Harpagon,
amant
de Mariane
Il adopte un double discours
pour déclarer sa flamme
à Mariane en prétendant
parler au nom de son père.
Mariane
amante de
Cléante,
convoitée par
Harpagon
Elle répond aussi à Cléante
par un discours à double
sens.
Harpagon
barbon, père
de Cléante
et d’Élise
Il ment à Cléante pour
le démasquer et révéler
ses intentions. Le piège
fonctionne et Cléante avoue
son amour pour Mariane.
2. Des scènes très drôles
Les propos flatteurs de Frosine et son portrait de la jeune fille
sont l’occasion d’un moment comique, qui offre au spectateur
le plaisir de voir le vieillard abusé. Sur scène, on imagine celui-ci
rempli d’aise, se rengorgeant à chaque phrase de l’entremetteuse.
Son langage imagé et hyperbolique ajoute encore au comique
de la scène. On éprouve le même plaisir en entendant les jeunes
gens encoder leur message d’amour. Le double langage est ici la
source d’une sorte de quiproquo. Enfin, la ruse d’Harpagon, très
efficace, met en lumière la naïveté des jeunes gens.
3. Une mise en lumière de l’hypocrisie, et de la violence des rapports entre les hommes
Les scènes comiques ont aussi quelque chose de sombre. La facilité avec laquelle Harpagon se laisse convaincre de sa capacité
de séduction révèle sa fragilité ; en proie à une forme de folie, ce
personnage essaie de soumettre le monde à ses manies. D’autre
part, le double discours de Cléante et Mariane, le piège tendu par
Harpagon dénoncent le conflit patent entre amour et mariage.
Séance 4
g rammaire , con j u g aison
Le subjonctif dans les principales
et dans les subordonnées
Questions
1. Trouvez des mots de la famille du mot « subjonctif ». Que pouvez-vous en déduire sur le sens de ce mot ?
2. Comment le subjonctif se conjugue-t-il ? Observez la conjugaison des verbes en gras dans l’extrait qui suit, puis apprenez la
conjugaison du subjonctif.
3. Pourquoi emploie-t-on le subjonctif dans la phrase suivante :
« qu’on mette donc les chevaux au carrosse ! »
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NRP COLLÈGE
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Cléante. – Voulez-vous que je trahisse mon cœur ?
Harpagon. – Encore ? Avez-vous envie de changer de
discours ?
Cléante. – Hé bien ! puisque vous voulez que je parle
d’autre façon, souffrez, Madame, que je me mette ici
à la place de mon père, et que je vous avoue que je
n’ai rien vu dans le monde de si charmant que vous ; que
je ne conçois rien d’égal au bonheur de vous plaire, et
que le titre de votre époux est une gloire, une félicité que
préférerais aux destinées des plus grands princes de la
terre. Oui, Madame, le bonheur de vous posséder est à je
mes regards la plus belle de toutes les fortunes ; c’est où
j’attache toute mon ambition ; il n’y a rien que je ne sois
capable de faire pour une conquête si précieuse, et les
obstacles les plus puissants…
Harpagon. – Doucement, mon fils, s’il vous plaît.
Cléante. – C’est un compliment que je fais pour vous à
Madame.
Harpagon. – Mon Dieu ! j’ai une langue pour
m’expliquer moi-même, et je n’ai pas besoin d’un
procureur comme vous. Allons, donnez des sièges.
Frosine. – Non ; il vaut mieux que de ce pas nous
allions à la foire, afin d’en revenir plus tôt, et d’avoir
tout le temps ensuite de vous entretenir.
Harpagon. – Qu’on mette donc les chevaux au
carrosse.
Molière, L’Avare (1668), acte III, scène 7.
Éléments de réponse
1. Subjectif, subjectivité, sujet sont des mots de la même famille
que subjonctif. Le subjonctif engage donc le point de vue de celui
qui parle : il donne son avis, émet un jugement comme dans « il
vaut mieux que de ce pas nous allions à la foire ». Il peut d’ailleurs être utile de revenir sur le mot indicatif et sa signification.
2. La conjugaison des verbes au subjonctif présent :
Terminaisons
Exemples
Que je…
-e
mette ; parle ; fasse, finisse,
aille, voie
Que tu…
-es
mettes ; parles, finisses ; ailles ;
voies
Qu’elle…
-e
mette ; parle ; finisse ; aille ; voie
Que nous… -ions
mettions ; parlions ; finissions ;
allions ; voyions
Que vous…
-iez
mettiez ; parliez ;
alliez ; voyiez
Qu’ils…
-ent
mettent ; parlent ; finissent ;
aillent ; voient
3. Cette phrase exprime un ordre d’Harpagon.
Pour les exercices, voir la fiche élève (p. 39).
finissiez ;
Masques et grimaces de l’amour au théâtre 4e
Étape
2
Maris trompés, femmes
bafouées dans la comédie
de mœurs
Séance 5
é tude de texte
Rire et satire sociale :
La Puce à l’oreille de Feydeau
• Cette séance et la suivante permettront de montrer comment le
•
rire dénonce le mensonge social. Elles seront aussi l’occasion de
définir la « comédie de mœurs » : dénonciation des travers d’une
société, de ses institutions.
La séance 5 est centrée sur la lecture d’un extrait de La Puce à
l’oreille de Feydeau :
en lisant le texte et en répondant aux questions, les élèves vont
retrouver les types de comique qu’ils ont rencontrés chez Molière.
Mais il sera intéressant de souligner ensuite l’écart considérable
entre ce dialogue écrit à la fin du xixe siècle et ceux du siècle de
Louis XIV ;
après avoir travaillé sur le sens du texte, une lecture préparée
et la plus expressive possible met en valeur la vivacité et la légèreté du dialogue.
–
–
Questions
1. Relevez dans le texte un exemple de chacune des formes de
comique suivantes : comique de situation, comique de répétition,
comique de mots, comique de geste, comique de caractère.
2. Montrez que les personnages sont bien ancrés dans la réalité
sociale de leur époque.
Éléments de réponse
1. La situation comique vient directement du thème du mensonge. Raymonde est confrontée à l’adultère de son mari. En
outre, elle-même a considéré qu’elle trompait son mari avec Tournel : il est donc paradoxal qu’elle se plaigne de son infidélité. Les
allusions grivoises amplifient le comique de la situation.
Le comique de répétition est provoqué par la reprise de mots ou
d’expressions d’un personnage à l’autre. Ainsi, le verbe « pincer »
est répété quatre fois au début de la scène.
Le comique de mots vient de l’emploi d’un vocabulaire familier, et
du grand nombre d’interjections comme « Ah », « Oh ».
Le comique de geste est suggéré par les didascalies, lorsque le
ton de la confidence rapproche les deux amies ou quand Raymonde monte sur la table, ou lorsqu’elle brandit les bretelles.
Le comique de caractère concerne la personnalité même de
Lucienne et de Raymonde. Lucienne adopte volontiers un ton
ironique. Ses réponses ne manquent pas de sel, en particulier
lorsque Raymonde lui demande d’imaginer qu’elle soit délaissée
par son mari. Quant à Raymonde, son indignation et sa colère la
rendent comique.
2. Les deux femmes se sont connues au couvent avant leur
mariage, comme la plupart des jeunes filles de la bourgeoisie.
On rappellera à ce sujet les récits contemporains, en particulier
les nouvelles de Maupassant. Le milieu est bourgeois : d’ailleurs,
Lucienne a fait un « beau » mariage, c’est-à-dire un mariage qui lui
a permis d’acquérir une particule. La pièce se situe dans un Paris
bourgeois, et on imagine aisément le décor : le canapé, la table,
les meubles. Les costumes sont également ceux de la bourgeoisie
Séquence 2
de cette époque : en témoignent les bretelles du mari, le chapeau
et le manteau de la dame. Enfin le colis postal ancre bien la pièce
dans ce xixe siècle de la Révolution industrielle. L’utilisation de la
poste est devenue quotidienne, banale.
Séance 6
rep é res
Vaudeville et théâtre
de boulevard
Questions
1. Quelles sont l’origine et l’ étymologie du mot « vaudeville » ?
2. Quelle est la définition du vaudeville au xixe siècle ?
3. Quels sont les deux auteurs qui ont inscrit le vaudeville dans
l’histoire de la littérature ?
4. Pourquoi assimile t-on souvent ce genre léger au « théâtre de
boulevard » ?
Éléments de réponse
1. Le vaudeville ou « vau de rire » est, au xviie siècle, une façon
plaisante et poétique de se moquer des gens et des choses.
Au xviie siècle, le vaudeville s’unit avec le théâtre pour proposer
des pièces courtes, parlées et chantées qui sont à l’origine de
l’opéra comique.
2. À partir du xixe siècle, le vaudeville désigne une comédie populaire pleine de rebondissements, de quiproquos et de situations
cocasses. À cette époque, où domine le drame sérieux, un public
bourgeois réclame du divertissement. Un point essentiel : vers
1860, le vaudeville perd sa dimension musicale (celle-ci est alors
récupérée par l’opérette) et devient un genre théâtral à part
entière.
3. Deux auteurs se distinguent : Georges Feydeau et Eugène Labiche. Avec eux, le vaudeville devient une mécanique théâtrale
d’une redoutable efficacité, bien souvent au service d’une satire
des habitudes et des conventions sociales.
4. On parle de théâtre de boulevard car, à la fin du xviiie siècle, de
nombreux théâtres étaient installés boulevard du Temple à Paris.
On l’appelait d’ailleurs aussi « Boulevard du crime » par allusion
aux nombreux crimes qui y étaient représentés chaque soir. À
partir du Second Empire, on y joue de nombreux vaudevilles.
Séance 7
rep é rag es , vocabulaire …
Quiproquos et comique
de situation
Déroulement de la séance
• On lira d’abord la scène 8 de l’acte I du Mariage de Figaro, dans
laquelle Suzanne est confrontée au comte en même temps qu’elle
tient Chérubin caché derrière un fauteuil, puis la scène dans laquelle le comte se retrouve face à sa femme alors qu’il croit avoir
rendez-vous avec Suzanne.
La démarche choisie
• Il faut d’abord comprendre les deux procédés choisis : le quipro-
quo et le témoin caché. Les deux sont facilement perceptibles
dans les deux scènes de Beaumarchais, à condition de bien sounovembre 2013
NRP COLLÈGE
35
•
ligner les jeux de scène et d’en faire une lecture expressive. De
ces lectures se dégage une définition de chacun de ces procédés :
– quiproquo : erreur qui consiste à prendre une personne ou une
chose pour une autre. Le quiproquo est l’un des ressorts de la
farce et de la comédie. En laissant ses personnages commettre un
contresens sur une situation, une personne ou une idée, tandis
que la vérité éclate aux yeux du public, l’auteur fait du spectateur
son complice et déclenche le rire. C’est un procédé efficace qui
ridiculise toujours celui qui en est victime ;
– scène à témoin caché : scène dans laquelle un personnage est
dissimulé. Le public est complice, ainsi que certains personnages
(ici, Suzanne), mais un personnage au moins ignore complètement sa présence (le comte). La présence de Chérubin modifie
sensiblement le sens de la scène, car il est en effet amoureux de
la comtesse, et les roucoulades du comte face à Suzanne ouvrent
pour lui des perspectives. Ainsi, le témoin caché complexifie l’intrigue tout en étant la matière même de la comédie.
On insistera sur le fait que ces procédés théâtraux favorisent la
participation et l’émotion du spectateur. Les élèves sont alors
prêts pour la rédaction d’une scène dans laquelle ils ont recours
à l’un ou l’autre de ces procédés.
Consignes pour l’expression écrite
• Le sujet : imaginez une scène qui contienne ou bien un quiproquo
ou bien un témoin caché.
• Quelques conseils :
– la présentation du texte de théâtre est importante ;
– les répliques ne doivent pas être trop courtes ;
– pour que la scène soit comique, le quiproquo peut porter sur un
personnage, ou encore sur le sens d’un mot ou d’une expression ;
– ceux qui choisissent un témoin caché peuvent décider de le
faire, ou non, intervenir dans la scène. Il peut par exemple communiquer par signes avec son complice. Dans ce cas, le personnage « naïf » tient des propos que le témoin caché ne devrait pas
entendre, d’où l’effet comique.
Prolongement
Malentendus et tromperie dans Cyrano de Bergerac d’Edmond
Rostand :
Notre séquence est centrée sur la puissance comique de la duplicité au théâtre. Mais on trouve dans d’autres genres – le drame,
la tragédie – des mensonges qui ne provoquent pas le rire, au
contraire.
La substitution des mots de Cyrano à ceux de Christian est un
des moments les plus émouvants de la pièce. Le spectateur se
fait complice de Cyrano, un peu aux dépens de Christian. Ce sont
les mots et la poésie de Cyrano qui séduisent autant Roxane que
le public.
Pour cette dernière séance, on choisira de préférence pour support la version filmée de Jean-Paul Rappeneau, afin de montrer
la manière dont, partout dans la pièce, Cyrano est une sorte de
double de Christian.
•
•
•
36
NRP COLLÈGE
novembre 2013
Le baiser de Roxane, illustration de Laurens
pour Cyrano de Bergerac de Rostand, 1910.
Masques et grimaces de l’amour au théâtre 4e
Histoire
arts
des
Séquence 2
théâtre et Nabis
Exubérant ou sobre,
le décor met l’accent
sur la dimension
non pas seulement
textuelle mais
visuelle du théâtre.
L’aspect esthétique s’y
conjugue donc avec
l’aspect fonctionnel,
voire le domine,
imposant plus souvent
la vision du metteur
en scène que celle de
l’auteur. Un mode
d’approche riche de
réflexions avec les
élèves. en écho à une
récente exposition
du Grand-Palais sur
les nabis, on leur
proposera de découvrir
l’œuvre d’Édouard
vuillard.
Édouard Vuillard, panneau représentant une scène du Malade imaginaire de Molière.
Des arbres jaunes
vuillard, né en 1868, a tout juste vingt et un ans et suit de manière assez dilettante les cours de l’École des beaux-arts lorsqu’il est persuadé par un de ses anciens
condisciples de lycée, maurice Denis, de rejoindre la « fraternité » des nabis réunie
autour de Paul Sérusier. Ce groupe s’est créé à partir d’un tableau, Le Talisman, que
Sérusier a peint lors d’un séjour à Pont-Aven en suivant les conseils de Gauguin :
« Comment voyez-vous ces arbres […] ? Ils sont jaunes. eh bien, mettez du jaune ;
cette ombre plutôt bleue, peignez-la avec de l’outremer pur… » Ainsi naît une
méthode basée non pas sur l’observation directe mais sur les émotions et sensations
éprouvées, où l’emportent les formes globales et les couleurs pures. Nabi signifie en
hébreu « prophète » car le groupe voit dans l’art un caractère sacré, mais vuillard s’y
rattache surtout par la prédominance accordée aux couleurs et par l’influence de
l’estampe japonaise.
Un effet de mise en scène
Retrouvez
le questionnaire
élève de cette analyse
et son corrigé en
ligne.
vuillard va trouver grâce à son goût pour le théâtre un vaste champ d’expérimentation. Parmi ses meilleurs amis, se trouve André Lugné-Poe, fondateur en 1893
du théâtre de l’Œuvre, qui lui demande de dessiner pour lui de nombreux décors,
costumes et programmes. Puis, en mai 1912, il reçoit une commande pour une série
de panneaux destinés à orner le nouveau théâtre de la Comédie des Champs-Élysées.
L’un des principaux doit représenter la comédie classique, et il choisit une scène tirée
du Malade imaginaire de molière. S’il est moins novateur que d’autres décors conçus
autour des répertoires d’Ibsen, Strindberg et maeterlinck, on y retrouve cependant le
goût pour les motifs style papier, les formes globalement dessinées, les visages à peine
esquissés, les juxtapositions de couleurs sourdes. Ces dernières sont aussi dues à sa
technique de peinture à la détrempe, qu’il a apprise des décorateurs de théâtre : une
technique qui exige une grande maîtrise, car la colle chauffée sèche très rapidement
en donnant au tableau un aspect mat, mais que vuillard emploie de plus en plus
fréquemment. Son activité de décorateur va ainsi grandement influencer toute son
œuvre : tous ses tableaux sont par ailleurs conçus comme autant de scénettes.
En classe : l’œuvre de vuillard pour le théâtre mérite d’être largement explorée ;
les élèves pourront aussi donner libre cours à leur sens de la décoration en allant
visiter sur Internet la scène dénudée du théâtre des Champs-Élysées.
novembre 2013
NRP COLLÈGE
37
cH
E ÉL È V
1
E
FI
Séquence 2 4e
Couleurs et formes
de la comédie
1. Les personnages de comédie
1. Quels sont habituellement les personnages de comédies ?
...........................................................................................
...........................................................................................
...........................................................................................
...........................................................................................
...........................................................................................
2. Les types de comique
2. Recherchez la définition de chacun de ces types
de comique.
• Comique de situation : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
...........................................................................................
...........................................................................................
• Comique de gestes :
.........................................................
...........................................................................................
...........................................................................................
• Comique de répétition :
....................................................
virginie. – Il ne s’agit pas de ça… m. Fadinard, votre
bourgeois1, se marie aujourd’hui… vous m’avez invitée
à venir voir la corbeille… voyons la corbeille !….
FéliX. – nous avons bien le temps… mon maître est
parti, hier soir, pour aller signer son contrat chez le beaupère… il ne revient qu’à onze heures, avec toute
sa noce, pour aller à la mairie.
virginie. – La mariée est-elle jolie ?
FéliX. – Peuh !…. je lui trouve l’air godiche2 ; mais elle est
d’une bonne famille… c’est la fille d’un pépiniériste de
Charentonneau… le père nonancourt.
eugène Labiche, Un chapeau de paille d’Italie, acte I, scène 1.
...........................................................................................
...........................................................................................
• Comique de mots :
...........................................................
...........................................................................................
...........................................................................................
• Comique de caractère :
.....................................................
4. Voici des mots qui désignent des nuances de comique :
expliquez chacun d’eux en vous aidant d’un dictionnaire.
• farce :
................................................................................
............................................................................................
...........................................................................................
• burlesque :
...........................................................................................
............................................................................................
3. Dans l’extrait suivant, quels types de comique observezvous ?
virginie, à Félix, qui cherche à l’embrasser : – non, laissezmoi, monsieur Félix !…. Je n’ai pas le temps de jouer.
FéliX. – rien qu’un baiser ?
virginie. – Je ne veux pas !….
FéliX. – Puisque je suis de votre pays !…. je suis de
rambouillet…
virginie. – Ah ! ben ! s’il fallait embrasser tous ceux qui
sont de rambouillet !….
FéliX. – Il n’y a que quatre mille habitants.
38
1. votre maître. 2. gauche, maladroite.
NRP COLLÈGE
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• grotesque :
........................................................................
........................................................................
............................................................................................
• parodie : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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aux besoins des élèves.
E ÉL È V
2
4e Séquence 2
E
FI
cH
Le subjonctif, conjugaison
et emplois
1. La conjugaison du subjonctif
1. Conjuguez les verbes suivants au subjonctif présent.
• Aller : qu’il
.........................................................................
• Choisir un autre modèle : qu’elle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
• Revoir sa leçon en silence : qu’il
.........................................
• Ne pas perdre son sang-froid : que je
.................................
2. Les emplois du subjonctif
2. Dans les phrases suivantes, employez le verbe proposé
au subjonctif ou à l’indicatif : attention à l’orthographe !
a. Penses-tu que le dossier (pouvoir) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
être complet pour la fin du mois ?
b. Il faudra bien qu’il (avoir) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
une explication franche avec sa sœur.
c. Les dés sont jetés. (Advenir) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
que pourra !
d. Nous souhaitons que vous (s’associer) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . tous à ce projet qui nous tient tellement à cœur.
3. Voici deux extraits de pièces de théâtre : soulignez
les verbes au subjonctif et justifiez leur emploi.
Extrait a. Corneille, Le Cid
roDrigUe
Je dois tout à mon père avant qu’à ma maîtresse :
Que je meure au combat, ou meure de tristesse,
Je rendrai mon sang pur comme je l’ai reçu.
Extrait b. Molière, Les Fourberies de Scapin
Géronte. – va-t’en, Scapin, va-t’en vite dire à ce
Turc que je vais envoyer la justice après lui.
SCapin. – La justice en pleine mer ! vous moquezvous des gens ?
Géronte. – Que diable allait-il faire dans cette
galère ?
SCapin. – Une méchante destinée conduit
quelquefois les personnes.
Géronte. – Il faut, Scapin, il faut que tu fasses ici
l’action d’un serviteur fidèle.
SCapin. – Quoi, monsieur ?
Géronte. – Que tu ailles dire à ce Turc qu’il me
renvoie mon fils, et que tu te mettes à sa place jusqu’à ce
que j’aie amassé la somme qu’il demande.
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NRP COLLÈGE
39
3e Séquence
3
Le Dieu du carnage,
de Yasmina Reza
Par Mariane Zingraff, professeur de lettres
Présentation et problématique
André Marcon et Isabelle Huppert
dans Le Dieu du carnage, mise en scène
de Yasmina Reza, théâtre Antoine, 2008.
Les
+ numériques
Dans cette séquence, vous pourrez
exploiter les ressources multimédia
suivantes*, disponibles sur le site NRP
dans l’espace « Ressources abonnés ».
Rendez-vous sur
http://www.nrp-college.com.
« Lire » la représentation théâtrale
Bibliographie du théâtre contemporain
Fiche notion : l ‘ironie
Corrigés des fiches élèves
* Certaines de ces ressources sont
réservées aux abonnés numériques
(abonnés Papier + numérique
ou 100 % numérique).
40
NRP COLLÈGE
novembre 2013
• La critique théâtrale autant que la critique universitaire s’est
longtemps montrée réticente face au théâtre de Yasmina reza.
• Après l’immense succès de sa pièce Art en 1994, Yasmina reza
tente à nouveau l’expérience de la mise en scène des conflits, en
écrivant Le Dieu du carnage. La pièce se déroule en un huis clos où
deux couples se retrouvent pour signer un constat à propos d’une
bagarre entre leurs deux fils. mais sous des apparences d’abord
calmes et policées, ils finissent par s’entredéchirer avec la violence
la plus crasse.
• Dans cette pièce de théâtre contemporain, Yasmina reza se sert
d’éléments classiques de la comédie tout en utilisant de nouveaux
éléments. Selon Denis Guénoun dans son essai Avez-vous lu Reza ?,
celle-ci « cherche à fonder une nouvelle comédie sans pour autant
tomber dans la régression esthétique et idéologique qu’on reproche
souvent à un théâtre qui fait rire ». Pour l’apprécier à sa juste valeur,
il conseille donc tout simplement de la lire attentivement.
• C’est ce que je me propose de faire dans cette séquence
consacrée au Dieu du carnage. Créée en 2008 au théâtre Antoine
à Paris, la pièce a rencontré un tel succès qu’elle a ensuite voyagé
en Angleterre, puis à broadway. elle sera d’ailleurs adaptée pour
l’écran en 2011 par roman Polanski, qui transpose la scène dans
un appartement de brooklyn avec des acteurs de langue anglaise.
La séquence proposée
• Le texte ne présente pas de difficulté de compréhension. C’est
pourquoi cette séquence peut débuter l’année scolaire. Les élèves
rient de bon cœur à sa lecture grâce au comique efficace de
reza. nous essaierons de dégager les procédés et les enjeux de
ce comique, qui ne sert pas seulement à divertir, mais plutôt à
exprimer une critique acerbe de notre société en traduisant la vision
pessimiste que porte Yasmina reza sur la condition humaine.
• L’étude de cette pièce permet également de réactiver les
connaissances des élèves sur le registre comique et sur le rôle d’une
scène d’exposition, mais aussi d’approcher la notion d’ironie.
• enfin, la lecture de cette pièce offre aux élèves un premier regard
sur le théâtre contemporain comme art vivant et moderne, loin des
représentations qu’ils se font généralement de ce genre littéraire.
Le Dieu du carnage, de Yasmina Reza 3e
Support
Séquence 3
• Le Dieu du carnage de Yasmina Reza, éditions Magnard, collection « Classiques & contemporains »
Objectifs • Étudier les procédés du comique et les enjeux du registre comique
• Découvrir la notion d’ironie
• Prendre la parole en public lors d’un exposé
• Environ 10 heures
ÉtAPE
Durée
1
SÉANCE 4. La satire, un savoureux mélange des registres
Découvrir
la pièce
➔ Lecture analytique, repères
Support : L’ensemble de la pièce
Objectif : Découvrir ou réinvestir les notions de registres
et de genres littéraires.
Durée : 2 heures
SÉANCE 1. Parcours de lecture
➔ Lecture
Support : Le Dieu du carnage en intégralité + Fiche élève 1
Objectif : Vérifier la lecture de la pièce
Durée : 1 demi-heure
SÉANCE 5. L’ironie, arme du polémiste
➔ Lecture analytique, vocabulaire
SÉANCE 2. Une scène d’exposition efficace
Support : L’ensemble de la pièce + Fiche élève 2
Objectif : Découvrir la notion d’ironie
Durée : 1 heure
ÉtAPE
Support : p. 8 à 14
Objectifs : Réactiver les connaissances des élèves sur les conventions
théâtrales, et notamment sur le rôle d’une scène d’exposition • Aider
les élèves à situer la pièce dans le registre comique et la forme
particulière qu’est le huis clos.
Durée : 1 heure et demi
2
Une comédie
grinçante
➔ Lecture analytique
Support : L’ensemble de la pièce
Objectifs : Révéler l’ambivalence des personnages • Montrer que cette
mise en scène des faux-semblants constitue une dénonciation de la
société contemporaine.
Durée : 1 heure et demi
Évaluation des compétences en lien avec le socle commun
La maîtrise de la langue française – Lire
Utiliser ses capacités de raisonnement, ses connaissances sur la langue,
savoir faire appel à des outils appropriés pour lire.
La maîtrise de la langue française – Dire
Développer de façon suivie un propos en public sur un sujet
déterminé.
La culture humaniste
• Être sensible aux enjeux esthétiques et humains d’un texte littéraire.
• Être capable de porter un regard critique sur un fait, un document,
une œuvre.
ÉtAPE
3
Élargir ses connaissances
sur le théâtre
SÉANCE 6. Découvrir le théâtre contemporain
➔ Recherches, expression orale
SÉANCE 3. Des personnages médiocres
1
ÉtAPE
➔ Lecture analytique, recherches
Découvrir
la pièce
Séance 1
LECTURE
Parcours de lecture
• Le Dieu du carnage est une courte pièce de soixante-dix pages. Il
est donc possible de la donner à lire à des élèves de 3e en une se-
Support : Ressources du CDI
Objectif : Découvrir les grandes figures du théâtre contemporain
Durée : 1 heure et demi
SÉANCE 7. Écrire une scène d’exposition à partir
d’un roman
➔ Lecture, expression écrite
Support : Un roman donné en lecture cursive.
Objectifs : Comprendre les caractéristiques des genres narratifs
et dramatiques • Écrire un texte théâtral.
Durée : 2 heures
maine. Je leur demande de lire dix pages par soir, et de compléter
le document « parcours de lecture » à la manière d’une enquête
(voir Fiche élève 1).
Ce document sera corrigé en classe mais ne fera pas l’objet d’une
évaluation ; il s’agit simplement de vérifier la lecture.
Séance 2
LECTURE ANALyTIQUE, REChERChES
une scène d’exposition efficace
• L’objectif de cette séance est de réactiver les connaissances des
élèves sur les conventions théâtrales, notamment sur le rôle d’une
scène d’exposition, et d’aider les élèves à situer la pièce dans le
registre comique et la forme particulière qu’est le huis clos.
Déroulement de la séance
Vous pouvez mener cette étude à l’aide du questionnaire suivant :
1. Regardez la didascalie initiale. Combien y a-t-il de personnages ?
La didascalie initiale nous indique d’emblée qu’il s’agit d’un huis
clos, c’est-à-dire une pièce dans laquelle les personnages, peu
nombreux, restent les mêmes du début à la fin de la pièce, et se
trouvent enfermés dans un endroit, ici un salon.
novembre 2013
NRP COLLÈGE
41
3. Quels autres éléments de la didascalie confirment cette idée ?
La suite de la didascalie précise des éléments de décor : « une table
basse, couverte de livres d’art. Deux gros bouquets de tulipes dans
des pots. » Ces détails montrent en effet une certaine importance
accordée à l’apparence, à l’envie de faire preuve de bon goût et de
montrer sa culture.
4. Quel est le rôle d’une scène d’exposition ? En quoi peut-on dire
que ces premières pages jouent ce rôle ?
Dès la première réplique de Véronique, on apprend que les fils des
deux couples se sont battus et que leurs parents essaient de se mettre
d’accord sur une déclaration. La deuxième réplique d’Alain coupe la
parole de Véronique et la reprend sur le mot « armé ». On comprend
dès lors que cette rencontre qui se veut placée sous les auspices de la
courtoisie va s’avérer plus complexe qu’il n’y paraît.
5. Quels mots Véronique propose-t-elle pour remplacer « armé » ?
Précisez la différence de sens entre ces mots.
Elle propose « muni » ou « doté ». « Armé » a un sens militaire, et
suppose de la part de Ferdinand une intention de blesser Bruno,
de se servir du bâton pour lui faire mal, dans une sorte de préméditation. « Muni » a également une connotation militaire (« munir »
et « munition » ont tous deux la même étymologie latine « munire »), tandis que « doté », du latin « dotare » signifiant « douer », a
plutôt une connotation positive. On comprend donc qu’Alain joue
sur les mots, plus pour contredire Véronique et ne pas la laisser
mener la discussion, que par réel souci du sens.
6. Quelles remarques pouvez-vous faire sur le vocabulaire employé par Véronique dans sa première réplique ? Quelle intention
de Véronique ce choix de vocabulaire traduit-il ?
Son vocabulaire est soutenu et précis : « altercation verbale », « tuméfaction », « brisure de deux incisives ». Ce vocabulaire se veut la preuve
d’une grande objectivité, mais il montre également que Véronique
tente de tenir ces événements à distance. Malheureusement, cette
trop grande sophistication manque de naturel et crée l’effet inverse
de celui qu’elle escomptait : on sent Véronique en ébullition et dans
la retenue de ses sentiments réels.
Le Dieu du carnage, mise en scène de Yasmina Reza,
théâtre Antoine, 2008.
42
NRP COLLÈGE
novembre 2013
• Ces premières pages remplissent bel et bien leur fonction de
scène d’exposition. Une exposition fort efficace, puisque l’on sent
très bien la tension entre les personnages et, derrière les fauxsemblants de courtoisie et de calme qu’ils affectent, une grande
violence qu’ils ne parviennent pas à contenir. Ainsi ces personnages qui se veulent des exemples sont-ils finalement en proie
aux défauts qu’ils dénigrent.
À l’issue de cette séance, vous donnerez un travail de recherches
à effectuer à la maison.
1. Quand et où cette pièce a-t-elle été créée ? (Rappelez au besoin ce qu’est la « création » d’une œuvre). Qui était le metteur
en scène ?
2. Quel est le sens propre du terme « huis clos » ? Que signifie-t-il
dans le domaine du théâtre ? D’où vient cette appellation ?
•
2
Étape
2. Que pouvez-vous dire des prénoms des personnages ?
Michel, Véronique, Alain et Annette sont des prénoms français très
classiques, qui peuvent indiquer l’appartenance à une certaine bourgeoisie.
Une comédie
grinçante
Séance 3
L ecture analy tique
Des personnages médiocres
• Cette séance prend appui sur l’ensemble de la pièce. Son objectif
est de révéler l’ambivalence des personnages et de montrer que
cette mise en scène des faux-semblants constitue une dénonciation de la société contemporaine de la part de Yasmina Reza,
qui critique ainsi la trop grande importance accordée aux apparences, le « politiquement correct » et les diktats d’une certaine
société bien-pensante.
Déroulement de la séance et activités
1. Sous des apparences courtoises…
• Complétez le tableau suivant. (Les réponses proposées ici sont
des suggestions, car il y a bien d’autres exemples dans la pièce,
dont vous pourrez faire un relevé plus complet en répartissant la
recherche par groupes.)
Parole courtoise
Geste courtois
Véronique
« Oh Annette !
Je m’inquiétais…
Vous êtes mieux ? »
(l. 771-772, p. 41)
Elle a acheté des fleurs,
elle a gardé
du clafoutis.
Michel
« On ne vous a rien
proposé, café, thé ? »
(l. 145, p. 15)
Il offre son meilleur
rhum et un cigare
à Alain.
Annette
« Elles sont ravissantes
ces tulipes » (l. 56,
p. 11).
« Succulent » (l. 195,
p 17)
Alain
« Très bon. Très bon. »
(l. 194, p 17)
2. … des personnages grossiers et mesquins
Avant de poursuivre la séance, vous pouvez faire un petit point de
vocabulaire et demander aux élèves comment ils définissent les
•
Le Dieu du carnage, de Yasmina Reza 3e
termes « grossier » et « mesquin ». La plupart du temps, les élèves
donnent une définition parcellaire du terme « grossier », ne tenant
compte que de l’aspect langagier du terme (« être grossier c’est
dire des gros mots »), et ne connaissent pas le terme « mesquin »
auquel ils substituent volontiers d’autres noms d’oiseaux…
Séance 4
• Complétez le tableau suivant :
Propos ou geste
grossier
tif est essentiellement de permettre aux élèves de découvrir ou
de réinvestir la notion de registres et de genres littéraires. Cette
pièce, dont le ton est résolument satirique, utilise le registre comique en mêlant des éléments caractéristiques de la farce et de
la comédie. Après un rappel des termes « farce » et « comédie », on
demandera aux élèves de chercher dans la pièce entière ce qui se
rapporte à chaque genre.
Déroulement de la séance et activités
1. Rappel de notions
Une farce est une pièce de théâtre d’inspiration bouffonne mettant en scène des personnages souvent grotesques et présentant
généralement un comique de mots, de gestes ou de situations.
Une comédie est une pièce de théâtre dont le propos est de faire
rire le public en brossant la peinture des mœurs et en mettant
en scène le ridicule des caractères. À l’époque classique, par
opposition à la tragédie, elle met en scène des personnages de
condition modeste ou privée, dans un cadre quotidien, et son
dénouement est toujours heureux.
Pour compléter ces définitions, voici les questions que je pose aux
élèves (les réponses sont en italique) :
a. Donnez un exemple de comique de mots (insultes, gros mots,
mots prétendument savants), de comique de gestes (coup de bâton, grimaces) et de comique de situation (quiproquo, répétition
d’une scène, renversement de situation).
b. Donnez le titre d’une comédie de mœurs (Tartuffe, Le Misanthrope…) et le titre d’une comédie de caractère (L’Avare, Le Malade
imaginaire…).
c. Molière a écrit dans la préface de Tartuffe : « […] rien ne reprend
mieux la plupart des hommes que la peinture de leurs défauts.
C’est une grande atteinte aux vices que de les exposer à la risée
de tout le monde. On souffre aisément des répréhensions ; mais
on ne souffre point la raillerie. On veut bien être méchant, mais
on ne veut point être ridicule. » Comment comprenez-vous cette
citation et que nous apprend-elle sur les intentions de la comédie
classique ? Qu’en est-il de la farce ? Molière pensait qu’en faisant rire
les gens de leurs défauts, la comédie pouvait ainsi les corriger. Tandis
que la farce a pour but le divertissement.
•
•
Propos ou geste
mesquin
Elle se saoule.
Elle s’inquiète
davantage pour
son livre d’art que
pour Annette qui est
malade.
« Je ne sais pas qui a
mis le clafoutis dans le
frigo. Monica met tout
dans le frigo, il n’y a
rien à faire » (l. 178-179,
p. 16. Elle accuse sa
femme de ménage).
Michel
« Qui nous fait chier
encore ? » (l. 1114,
p. 55).
Il abandonne le
hamster sur le trottoir
car il a peur de le
toucher.
Annette
Elle vomit.
« Amusant entre
parenthèses quelqu’un
qui se réclame
d’Ivanhoé et de John
Wayne et qui n’est pas
capable de tenir une
souris dans sa main »
(l. 1081-1082, p. 53).
Alain
Il répond sans cesse au
téléphone.
(À propos de la mère
de Michel qui prend
de l’Antril, équivalent
du Médiator et que
défend Alain.) « Si elle
en prend et qu’elle a
l’air normal, je la fais
citer comme témoin »
(l. 895, p. 46).
Véronique
L ecture analy tique , rep è res
La satire, un savoureux mélange
de registres
• Cette séance prend appui sur l’ensemble de la pièce. Son objec-
Rappel de vocabulaire
• grossier : qui n’a pas été affiné par la civilisation,
l’éducation, la culture ; qui est contraire à la
bienséance, ou à la décence ;
• mesquin : qui s’attache à ce qui est petit, médiocre,
aux détails infimes sans considération de l’ensemble ;
qui manque de grandeur, d’élévation, de générosité ;
qui s’attache bassement aux intérêts matériels.
Séquence 3
• Ces deux tableaux, que vous pouvez faire compléter lors d’un tra-
vail de groupe, montrent l’évolution des personnages. Les apparences courtoises sont vite démasquées par l’attitude grossière
et mesquine des personnages, qui se révèlent même violents à la
fin de la pièce, notamment les deux personnages féminins : Véronique se jette sur Michel et le frappe, Annette jette le portable
d’Alain dans le vase rempli d’eau et détruit le bouquet de tulipes.
•
2. Les éléments caractéristiques de la farce
a. Le comique de mots
L’utilisation de termes techniques qui sont du charabia pour le
spectateur rend les personnages ridicules à nos yeux, car on a
l’impression qu’ils sont prétentieux et imbus d’eux-mêmes : « l’Antril, antihypertenseur des laboratoires Verenz-Pharma, allant de la
baisse d’audition à l’ataxie » (p. 13, l. 92-93) ; « J’ai participé à un
ouvrage collectif sur la civilisation sabéenne » (p. 13, l. 106-107) ;
« au twelve, au kalachnikov, au grenade launcher » (p. 62, l. 1290).
La grossièreté soudaine d’Annette, en opposition avec le vocabulaire très soutenu qu’elle utilisait jusqu’à présent, et associée à
son ivresse, traduit une perte de contrôle qui nous fait rire : « Non,
je veux encore boire, je veux me saouler la gueule, cette conne
balance mes affaires et personne ne bronche » (p. 74, l. 15591560). Ou encore : « et vos droits de l’homme, je me torche avec ! »
(l. 1566).
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NRP COLLÈGE
43
b. Le comique de gestes
Comme nous l’indiquent les didascalies, Véronique bastonne son
mari : « Véronique se jette sur son mari et le tape, plusieurs fois,
avec un désespoir désordonné et irrationnel » (p. 63) ; pendant ce
temps, Annette vomit : « Annette vomit violemment. Une gerbe
brutale et catastrophique qu’Alain reçoit pour partie », « Annette
a un nouveau haut-le-cœur mais rien ne sort » (p. 35) ; « Annette
vomit de la bile dans la cuvette », « encore un peu de bile » (p. 36) ;
« Annette crache dans la cuvette », « Annette a un haut-le-cœur »
(p. 62).
Alain répond systématiquement à son téléphone plutôt qu’à ses
hôtes, et impose ainsi un silence contrit.
c. Le comique de situation
À plusieurs reprises, les Reille essaient de trouver une excuse pour
s’en aller, mais il y a toujours quelque chose qui les en empêche.
Ils sont comme prisonniers de l’appartement et de la situation.
Pendant qu’Annette et Alain sont dans la salle de bains, Michel et
Véronique se moquent d’eux : « – Comment il l’appelle ? – Toutou.
– Ah oui, Toutou ! » (p. 39). Au même moment, Alain sort de la salle
de bains et les entend, les Houllié sont gênés et se croient obligés
de révéler le surnom ridicule qu’ils se donnent : Darjeeling.
2. Les éléments caractéristiques de la comédie
a. Des personnages de condition modeste ou privée
Les quatre personnages sont certes des bourgeois, mais n’ont pas
de haute fonction, ne sont pas issus de la noblesse ou de l’aristocratie. Michel est grossiste en articles ménagers.
b. Dans un cadre quotidien
On sait que la pièce se passe dans l’appartement des Houllié. On
remarque également de nombreuses indications géographiques
réelles (tout se passe dans le 14e arrondissement de Paris) et des
indices sur les habitudes quotidiennes des personnages : « au
square de l’Aspirant-Dunant », p. 9 ; « Nous avons toujours dit le
parc Montsouris non, le square de l’Aspirant-Dunant oui. », p. 10 ;
« C’est le petit fleuriste du marché Mouton-Duvernet » ; « Dix euros
la brassée de cinquante », p. 11 ; « Donc ce clafoutis, c’est votre
mère ? – C’est une recette de ma mère, mais c’est Véro qui l’a fait »,
p. 19.
c. La peinture des mœurs
Dans cette pièce, Yasmina Reza raille les bienséances de notre
société bourgeoise, qui veut que l’on obéisse à certains codes,
édictés par le poids des apparences. Véronique tient absolument
à ce que Ferdinand s’excuse, mais elle craint de paraître grossière
et invite les Reille en prétendant à une rencontre amicale. Elle ne
veut pas sacrifier son image de femme modèle. Avec le dénouement en demi-teinte, où chacun repart comme il était venu, elle
remet également en cause la légitimité de porter un jugement
moral.
Conclusion : Avec ce mélange de farce et de comédie, Yasmina
Reza écrit une pièce très satirique, et fait ouvertement la critique
de la société contemporaine et de la condition humaine, qui
oscille constamment entre finesse et brutalité.
44
NRP COLLÈGE
novembre 2013
Séance 5
L ecture analy tique ,
vocabulaire
L’ironie, l’arme du polémiste
• Cette séance s’intéresse plus particulièrement au personnage
d’Alain, avocat de profession, qui pratique beaucoup l’ironie.
Même en 3e, les élèves la repèrent difficilement. Nous verrons
donc que l’ironie repose sur un ensemble de procédés stylistiques. Vous pourrez mener cette séance avec la fiche élève 2.
Déroulement de la séance et activités
1. Définition de l’ironie
Questions à poser aux élèves :
a. Que pouvez-vous dire de l’attitude du personnage d’Alain ?
Il est arrogant, on sent qu’il aime dénigrer ceux qui ne sont pas du
même avis que lui.
b. Par quels procédés cette attitude s’exprime-t-elle ? Donnez un
exemple. Cette attitude s’exprime par l’ironie, notamment quand il
prétend être intéressé par les mécanismes de WC, p. 31.
Rappel de vocabulaire
L’ironie : figure de rhétorique par laquelle on dit
le contraire de ce qu’on veut faire comprendre, dans
un but moqueur, sarcastique ou railleur.
•
•
•
•
•
2. Les procédés stylistiques de l’ironie
Voici les différents procédés stylistiques qui peuvent créer un
effet d’ironie. On demandera aux élèves d’en écrire la définition
et de relier chaque définition à un exemple extrait du texte.
L’antiphrase consiste à dire le contraire de ce que l’on pense.
(exemples c et e)
L’antithèse consiste en une affirmation contradictoire soit par
rapport à la pensée commune, soit par rapport à une autre affirmation présente dans le texte. (exemple f )
L’oxymore consiste à associer dans une même expression deux
termes antagonistes, opposés. (exemple d)
La litote consiste à édulcorer la réalité affirmée pour laisser entendre plus que ce qui est dit. (exemple a)
L’hyperbole consiste à exagérer la réalité affirmée, à l’amplifier,
notamment à l’aide d’expressions superlatives, d’énumérations.
(exemple b)
Exemples extraits du texte :
a. « Pain d’épice, délicieux… Au moins ça nous permet de découvrir une recette » (p. 17, l. 200).
b. « Madame, il faudrait beaucoup de choses. Il faudrait qu’il
vienne, il faudrait qu’il en parle, il faudrait qu’il regrette » (p. 24,
l. 358-359).
c. « vous avez visiblement des compétences qui nous font défaut,
nous allons nous améliorer mais entre-temps, soyez indulgente »
(p. 24, l. 360-361).
d. « Véronique, vous êtes mue par une ambition pédagogique qui
est sympathique » (p. 28, l. 461-462).
e. « Ah des mécanismes de WC. J’aime bien ça. Ça m’intéresse. […]
Ça m’intéresse. Le mécanisme de WC m’intéresse » (p. 31, l. 544545).
f. « Vous continuez à vous jeter des fleurs, c’est merveilleux »
(p. 48, l. 951).
Le Dieu du carnage, de Yasmina Reza 3e
Étape
3
élargir ses connaissances
sur le théâtre
Séance 6
rec h erc h es ,
expression orale
Découvrir le théâtre
contemporain
Déroulement de la séance
• Les élèves devront faire des exposés par groupe de 3, dont vous
leur donnerez les sujets. Voici une liste d’exemples de sujets possibles :
– André Antoine et le Théâtre Libre ;
– Le cartel des quatre : Jouvet, Dullin, Baty, Pitoëff ;
– Antonin Artaud ;
– Le théâtre de l’absurde : Ionesco, Beckett, Adamov ;
– Jean Vilar et le TNP ;
– Le living théâtre ;
– Peter Brook et les Bouffes du Nord ;
– Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil ;
– Henrik Ibsen ;
– Luigi Pirandello.
Séance 7
Séquence 3
L ecture ,
expression é crite
Écrire une scène d’exposition
à partir d’un roman
• Pour aider les élèves à bien comprendre les caractéristiques des
genres narratif et dramatique, j’aime bien les faire réfléchir sur
l’un et l’autre à l’aide de l’écriture d’une adaptation.
Déroulement de la séance
• Au cours du déroulé de la séquence, les élèves auront lu un
roman en lecture cursive. Ils devront transposer le début de ce
roman en une pièce de théâtre, dont ils écriront la (les) scène(s)
d’exposition. Cet exercice permet également de consolider les
connaissances sur le rôle d’une scène d’exposition. En donnant le
sujet, j’insiste bien sur le fait que la pièce doit être un huis clos. Le
roman que j’ai choisi de donner à lire est un roman de littérature
jeunesse : Nine Eleven de Jean-Jacques Greif, qui raconte les événements du 11 septembre 2001, selon le point de vue de lycéens.
De nombreux romans policiers fonctionnent sur le principe du
huis clos, notamment ceux d’Agatha Christie.
Prolongements
1. Comparer avec une autre pièce de Yasmina Reza : Art.
La pièce est disponible dans son intégralité sur Internet.
Vous pouvez regarder les dix premières minutes en classe et interroger les élèves sur les points suivants :
– Qui sont les personnages ?
– Quel est le thème de la pièce ?
– Quelle est sa visée ?
– Quels procédés présents dans Le Dieu du carnage reconnaissezvous ici ?
– Quelles remarques pouvez-vous faire sur les décors et les costumes ?
•
•
2. Comparer la pièce avec l’adaptation de Roman Polanski.
Avec vos élèves, regardez la bande-annonce du film :
http://www.youtube.com/watch?v=N6OiLrumyc8
Vous pourrez ensuite leur poser les questions suivantes :
– D’après les extraits présentés dans la bande annonce, cette
adaptation vous semble-t-elle fidèle à la pièce ? Justifiez votre
réponse en donnant au moins trois arguments.
– Que pensez-vous du choix des scènes mises en avant dans cette
bande-annonce ? Vous semblent-ils propres à susciter l’envie d’aller voir le film ? Quelles scènes auriez-vous choisies et pourquoi ?
•
•
3. Découvrir Huis clos de Jean-Paul Sartre.
Rendez-vous sur la page de la BNF consacrée à Huis clos.
http://expositions.bnf.fr/sartre/reperes/oeuvres/huis.htm
Après lecture de cette page, les élèves répondront aux questions
suivantes :
– Quand et où la pièce a-t-elle été créée ?
– Dans quelles circonstances la pièce a-t-elle été écrite ?
– Dans quel contexte historique la pièce a-t-elle été écrite ?
– Quelle réplique de la pièce est restée très célèbre ?
– Quel sens Sartre donne-t-il à cette réplique ?
•
•
Affiche de Carnage de Roman Polanski, 2011.
novembre 2013
NRP COLLÈGE
45
Histoire
arts
des
un « ready-made » de Duchamp
La dénonciation
des apparences,
du « politiquement
correct », des
diktats de la société
bien-pensante
se retrouve aussi
dans nombre de
créations plastiques
contemporaines. La
notion d’art se prête
d’ailleurs à toutes
les interrogations
sur tout ce qui fait la
réelle valeur d’une
œuvre.
Dans cette réflexion,
on doit beaucoup à
marcel Duchamp. Il
invente dans les années
1910 le concept du
« ready-made » qui
bouscule radicalement
les idées académiques.
Le plus célèbre d’entre
eux, Fontaine, ou
Urinoir, n’en finit pas
de poser des questions
sur la définition même
de l’art.
Retrouvez
le questionnaire
élève de cette analyse
et son corrigé en
ligne.
46
NRP COLLÈGE
Marcel Duchamp, Fontaine, 1917.
Already made
marcel Duchamp, né en 1887, est un peintre d’abord proche du cubisme mais
qui s’intéresse rapidement à la décomposition du mouvement. Installé aux ÉtatsUnis, il y est bientôt reconnu comme un des principaux représentants de l’avantgarde française.
en 1917, il achète un objet ordinaire, un urinoir, le dote d’un titre, Fontaine, et
l’orne d’une signature et d’une date : Richard Mutt, 1917. L’objet possède ainsi a
priori tous les attributs d’une œuvre d’art. La différence est que l’artiste ne l’a pas
fabriqué de ses mains, mais l’a acheté already made, c’est-à-dire tout fait. Ce n’est
pas le premier ready-made créé par Duchamp, mais celui-ci va provoquer une petite
révolution.
Il l’envoie anonymement au comité de sélection d’une exposition de la Société
des artistes indépendants de new York, dont le principe est que n’importe quelle
œuvre d’art doit y être acceptée sans passage devant un jury. or, l’objet est refusé
au motif que ce n’est pas une œuvre d’art. Un article, également anonyme, publié
dans la toute nouvelle revue The Blind Man, dont Duchamp est un des fondateurs,
dénonce la contradiction et déclenche la polémique.
novembre 2013
Histoire
arts
des
Est-ce sérieux ou est-ce une blague ?
Fontaine va donner lieu à un grand nombre d’interrogations. D’abord sur la notion même d’artiste. Car ce que marcel Duchamp conteste ici, c’est que l’artiste soit
une sorte de super-artisan ; pour lui l’idée prévaut sur la création : « Que richard
mutt ait fabriqué cette fontaine avec ses propres mains, cela n’a aucune importance,
il l’a choisie. »
ensuite, qu’est-ce qu’une œuvre d’art ? Fontaine n’a aucune des qualités d’élégance ou d’harmonie qu’on lie habituellement à l’art. mais Duchamp conteste la
notion de goût, le bon goût n’étant que la répétition de ce que la société approuve.
L’art, pour lui, est une drogue à accoutumance. Son souci est d’en écarter ses readymade dont le choix, insiste-t-il, n’est pas fondé sur une délectation esthétique mais
au contraire sur une réaction d’indifférence visuelle. Dès lors, c’est le simple choix
de l’artiste qui crée l’œuvre, et tout objet de la vie quotidienne peut être utilisé, avec
ou sans transformation.
L’œuvre d’art perd en outre avec Fontaine son caractère unique, original car la
première ayant disparu, il n’en existe aujourd’hui que des répliques, toutes considérées comme des « originaux », concept dont Duchamp se moque en appliquant sur
un autre de ses ready-made l’étiquette « antique certifié ». en fin de compte, c’est le
spectateur que Duchamp interroge, sur son propre regard sur l’art.
Exploitation en classe
Quelques questions possibles
Éléments de réponse
1. Que voyez-vous ?
2. Quelle est l’intervention de l’artiste sur cet objet ?
3. Le nom qui figure en signature est-il celui de l’artiste ?
4. Pourquoi, à votre avis ?
5. Selon vous, que cherche-t-il à dénoncer à travers cette mise
en scène ?
6. Que signifie le terme « ready-made » ?
1. Un urinoir.
2. L’artiste a donné à cet urinoir le titre ironique de Fontaine,
l’a signé, daté (1917) et l’a envoyé à la Société des artistes
indépendants en vue d’une exposition.
3. Duchamp a signé R. Mutt.
4. Il s’agit d’une mise en scène.
5. Le fait de soumettre Fontaine à la Société des artistes
indépendants est une ruse de Marcel Duchamp pour mettre
dans l’embarras les membres de cette institution : ou bien
les membres de cette Société obéissent à leurs principes
démocratiques et se ridiculisent dans ce cas auprès du public
et de la presse, ou bien ils refusent l’envoi de R. Mutt et se
constituent comme un jury au sens traditionnel, de sorte qu’il
n’y a plus alors d’artistes indépendants.
6. Le terme de « ready-made » désigne un objet tout fait.
Le poète surréaliste André Breton définit le « ready-made »
comme un « objet usuel promu à la dignité d’objet d’art par le
simple choix de l’artiste ».
novembre 2013
NRP COLLÈGE
47
cH
E ÉL È V
1
E
FI
Séquence 3 3e
Parcours de lecture
1. Un univers quotidien
1. Complétez la déclaration :
• Michel Houllié :
• Quand ?
...........................................................................................
...........................................................................................
• Annette Reille :
• Où ?
...........................................................................................
...........................................................................................
• Alain Reille :
...........................................................................................
• Coupable ?
...........................................................................................
3. Donnez trois ingrédients du clafoutis de Véronique.
...........................................................................................
• Victime ?
...........................................................................................
...........................................................................................
4. Quels sont les trois livres sur la table basse du salon ?
• Délit ?
...........................................................................................
...........................................................................................
...........................................................................................
• Conséquences ?
5. Quel est le surnom d’Annette ? D’où vient-il ?
...........................................................................................
...........................................................................................
2. Retrouvez les professions de chaque personnage.
• Véronique Houllié :
...........................................................................................
...........................................................................................
...........................................................................................
6. Quel surnom les Houllié se donnent-ils ? D’où vient-il ?
2. Une politesse aigre-douce
7. Complétez les mots manquants dans les phrases
ci-dessous, extraites de la pièce.
• « Alors si vous ne pensez rien, ne dites rien, ne faites pas ces
réflexions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . » (Annette).
• « Nous sommes très touchés par votre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ,
nous sommes sensibles au fait que vous tentiez d’aplanir
cette situation au lieu de l’. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . » (Annette).
• « Ça vous a . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . de dégobiller » (Michel).
• « La femme pense il faut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , il
faut………………………., comme si ça servait à quelque
chose » (Alain).
• « Nous avons la faiblesse de croire aux pouvoirs
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . de la culture » (Véronique).
• « L’honnêteté est une idiotie qui ne fait que nous
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et nous . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . »
(Véronique).
• « Quand on est élevé dans une idée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . de
la virilité, on n’a pas envie de régler ce genre de situation à
coup de conversations » (Alain).
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aux besoins des élèves.
48
NRP COLLÈGE
novembre 2013
E ÉL È V
2
3e Séquence 3
E
FI
cH
L’ironie dans la pièce
1. Définition
1. Que pouvez-vous dire de l’attitude du personnage
d’Alain ?
2. Par quels procédés cette attitude s’exprime-t-elle ? Donnez
un exemple.
...........................................................................................
...........................................................................................
...........................................................................................
...........................................................................................
...........................................................................................
3. Formulez une définition de l’ironie.
...........................................................................................
...........................................................................................
...........................................................................................
...........................................................................................
...........................................................................................
...........................................................................................
2. Identifier les procédés stylistiques de l’ironie
4. Voici les différents procédés stylistiques qui peuvent
créer un effet d’ironie. Retrouvez quelle phrase du texte
correspond à chaque procédé. (À chaque procédé
correspondent deux exemples.)
1. L’antiphrase consiste à dire le contraire de ce que l’on
pense.
2. L’antithèse consiste en une affirmation contradictoire soit
par rapport à la pensée commune, soit par rapport à une
autre affirmation présente dans le texte.
3. L’oxymore consiste à associer dans une même expression
deux termes antagonistes, opposés.
4. La litote consiste à édulcorer la réalité affirmée pour laisser
entendre plus que ce qui est dit.
5. L’hyperbole consiste à exagérer la réalité affirmée, à
l’amplifier (notamment à l’aide d’expressions superlatives,
d’énumérations).
Exemples extraits du texte :
a. « Pain d’épice, délicieux… Au moins ça nous permet de
découvrir une recette » (p. 17, l. 200).
b. « Madame, il faudrait beaucoup de choses. Il faudrait qu’il
vienne, il faudrait qu’il en parle, il faudrait qu’il regrette »
(p. 24, l. 358-359).
c. « Vous avez visiblement des compétences qui nous font
défaut, nous allons nous améliorer mais entre-temps, soyez
indulgente » (p. 24, l. 360-361).
d. « Véronique, vous êtes mue par une ambition
pédagogique qui est sympathique » (p. 28, l. 461-462).
e. « Ah des mécanismes de WC. J’aime bien ça. Ça
m’intéresse. […] Ça m’intéresse. Le mécanisme de WC
m’intéresse » (p. 31, l. 544-545).
f. « Vous continuez à vous jeter des fleurs, c’est merveilleux »
(p. 48, l. 951).
Kate Winslet et Christophe Waltz dans Carnage
de Roman Polanski.
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aux besoins des élèves.
novembre 2013
NRP COLLÈGE
49
ÉtuDE DE LA LANGuE
Analyser les valeurs
des temps et des modes
FIcHE
ENSEIGNANt
Par Amélie Berthou-Sergeant, professeur de lettres
Présentation
Déroulement
Ces pages sont constituées d’un test (évaluation diagnostique)
et de cinq fiches « Entraînement » suivies d’une évaluation
sommative. Le test a été conçu par paliers de difficulté croissante
avec, pour chaque niveau de difficulté, une fiche « Entraînement »
correspondante. Ainsi pourrez-vous orienter chaque élève vers
l’entraînement qui lui est utile : l’entraînement 1 si l’exercice n° 1
du test n’est pas réussi, ou l’entraînement 2 si le n°1 est réussi
mais pas le 2, et ainsi de suite. Une fiche « remédiation » est
téléchargeable sur le site de la NRP pour les élèves qui seraient en
difficulté face au test. L’évaluation finale permettra de mesurer les
progrès accomplis au terme de ce parcours d’entraînement.
Contenu
• Ces fiches couvrent l’ensemble des valeurs des temps et
des modes abordés au collège : les entraînements 1 et 2 peuvent
être faits dès la 6e mais toutes les fiches concernent la fin de 4e
ou la 3e.
• Les exercices portent d’abord sur la notion même de valeur,
puis sur trois temps simples de l’indicatif : le présent, l’imparfait
et le passé simple envisagés dans leur complémentarité. Les
temps composés sont ensuite traités ensemble pour leur aspect
accompli et le fait qu’ils expriment l’antériorité. Le futur simple est
rattaché aux modes impératif, infinitif et subjonctif du fait de leur
capacité à exprimer l’ordre. Enfin, le mode subjonctif est opposé
au mode indicatif et les élèves sont invités à analyser la diversité
de ses emplois, dans le domaine de la virtualité.
• La question des valeurs repose en effet sur la capacité à
analyser. La complexité de cette question tient à ce qu’il ne
suffit pas de reconnaître un temps ou un mode mais, en plus,
il faut comprendre sa signification (ce qu’il sert à exprimer)
dans un contexte donné. C’est un travail de lecture autant que
de conjugaison. C’est pourquoi, le plus souvent, les exercices
proposés dans ces fiches reposent sur une démarche inductive :
une phase d’observation guidée par des questions permet aux
élèves de construire eux-mêmes leur leçon. Ensuite seulement,
d’autres exercices leur permettent de découvrir la variété des
valeurs et leurs nuances.
Le + numérique : en ligne, une fiche de remédiation sur les
valeurs de base du présent, de l’imparfait et du passé simple.
éléments de réponse aux fiches
tESt
Je sais analyser la valeur des temps
et des modes
Chaque exercice permet à l’élève de s’évaluer sur 4 ou 5 points.
(Pour l’exercice n° 4, compter 1 point pour l’aspect.) Vous pouvez
estimer que l’élève a bien répondu avec 3 réponses correctes au
moins.
ENtRAÎNEMENt 1
Les valeurs du présent
Définition : « Chaque temps verbal peut avoir différentes valeurs
selon les phrases. La valeur d’un temps est son emploi, c’est-à-dire
ce qu’il sert à exprimer dans un contexte donné. »
ENtRAÎNEMENt 2 Les valeurs de l’imparfait
et du passé simple
Valeurs de l’imparfait (arrière-plan : 1, 2, 7 / description : 8, 9 /
habitude, répétition : 3, 4, 5, 6, 10, 11).
Les valeurs et aspects
des temps composés
ENtRAÎNEMENt 3
Les temps simples marquent l’aspect inaccompli alors que les temps
composés marquent l’aspect accompli. De plus, ils expriment
l’antériorité par rapport aux temps simples qui leur correspondent.
50
NRP COLLÈGE
novembre 2013
ENtRAÎNEMENt 4
L’expression de l’ordre
Le futur simple exprime le plus souvent des faits situés dans
l’avenir, mais il peut aussi exprimer l’ordre : c’est le « futur
catégorique ». On distingue de nombreuses nuances comme
l’ordre, la défense, le conseil ou la prescription.
ENtRAÎNEMENt 5
et subjonctif
Les valeurs des modes indicatif
Il montre l’opposition entre l’indicatif, mode de la réalité, et
le subjonctif, mode de la virtualité (nuances : souhait, ordre,
défense, supposition, éventualité, regret…). Quatre valeurs
circonstancielles entraînent l’emploi du subjonctif :
1. les subordonnées de temps exprimant l’antériorité (L’action
n’étant pas encore réalisée quand la principale se réalise, elle est
considérée comme virtuelle.)
2. le but (L’objectif est seulement visé mais pas encore atteint.)
3. la cause niée (La négation entraîne l’action dans le virtuel.)
4. la cause avec alternative « soit que… soit que… » (Aucune des
deux causes possibles n’est encore affichée comme réelle.)
Reconnaître Analyser Accorder
construire
Enrichir
ÉtuDE DE LA LANGuE
t E St
FIcHE
ENSEIGNANt
je sais analyser la valeur
des temps et des modes
Analyser les valeurs du présent
1. Vrai ou faux ?
3. « Je vais te lire une histoire. » Le verbe est ici conjugué au
1. La valeur du verbe dans « Tu danses maintenant »
est le présent de l’indicatif. . . . . . . . . . . . . . . . .
futur simple. . . . . . . . . . . . . . . . .
2. La valeur du verbe dans « Tu danses maintenant » est
le présent d’énonciation. . . . . . . . . . . . . . . . .
4. « En 1789, on prend la Bastille. » Le verbe ici aurait dû être
conjugué au passé simple. . . . . . . . . . . . . . . . .
Analyser les valeurs de l’imparfait et du passé simple
2. Entourez la bonne réponse parmi les deux propositions.
1. À Cannes, il montait les marches tous les soirs !
Le verbe est : à l’imparfait de description / d’habitude.
2. Alors qu’elle prenait son bain, le téléphone sonna.
L’imparfait indique : l’arrière-plan / le premier plan de l’action.
3. Son règne dura cent ans.
Le passé simple s’emploie pour des actions : bornées / non
bornées.
4. Il entra, vit le fauteuil confortable, s’installa et s’endormit.
Pour une succession d’actions, on emploie : le passé simple /
l’imparfait.
Analyser les valeurs et les aspects des temps composés
3. Reliez les propositions de façon à marquer l’antériorité
avec le temps qui convient :
Il faisait beau • • quand le printemps sera venu.
Il fait beau •
• quand le printemps était venu.
Il fera beau •
• quand le printemps est venu.
Il fit beau •
• quand le printemps fut venu.
4. Reliez les temps à l’aspect qui leur correspond :
temps simples • temps composés • • aspect accompli
• aspect inaccompli
Distinguer l’expression de l’avenir et celle de l’ordre
5. Dans les phrases suivantes, entourez le verbe qui
exprime un fait situé dans l’avenir et indiquez le temps
auquel il est conjugué. Dans les autres phrases, c’est
l’ordre qui est exprimé : indiquez par quel moyen.
Si, vous participerez à la collecte ! (……………………)
/ Dans cette chambre, vous dormirez au calme.
(………………….) / Monter les blancs en neige.
(……………….) / Montez le son. (…………………) / Il faut
absolument que tu nous rejoignes ! (……………………)
Comprendre les emplois du subjonctif
6. Expliquez l’emploi du subjonctif dans chaque phrase :
1. J’exige que tu enlèves tes chaussures chez moi !
4. Ils patientent en attendant que le spectacle commence.
...........................................................................................
...........................................................................................
2. Afin qu’il pleuve, il fait la danse de la pluie.
...........................................................................................
3. Il ne faut surtout pas que tu pleures !
...........................................................................................
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abonnés numériques. Adaptable
aux besoins des élèves.
novembre 2013
NRP COLLÈGE
51
EN
ÉtuDE DE LA LANGuE
AÎNEME
1
Nt
tR
Reconnaître Analyser Accorder
construire Enrichir
Les valeurs du présent
Comprendre ce qu’est la valeur d’un temps
1. Observez ces séries de trois phrases puis répondez aux
questions.
a. Ces verbes sont-ils tous conjugués au même temps ?
Si oui, lequel ?
1. Je marche vers la piscine. – J’arrive bientôt. – Toutes les
semaines, je vais à la piscine.
...........................................................................................
a. Ces verbes sont-ils tous conjugués au même temps ?
Si oui, lequel ?
b. Les trois actions exprimées par les verbes se déroulentelles en même temps ?
...........................................................................................
...........................................................................................
b. Les trois actions exprimées par les verbes se déroulentelles en même temps ?
2. Complétez la leçon suivante :
Chaque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . verbal peut avoir différentes
...........................................................................................
...........................
2. Il écoutait la radio ce soir-là. – Il se promenait toujours
avec son chien. – Il portait de grandes moustaches brunes
depuis qu’il était marié.
d’un temps est son emploi, c’est-à-dire ce qu’il sert à
selon les phrases. La . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
exprimer dans un contexte donné.
Les valeurs du présent
3. Surlignez sur chaque axe chronologique la partie qui
correspond aux actions exprimées par des verbes au
présent. (Le trait vertical indique le moment où l’on parle.)
4. Elle vient de voir passer Justin Bieber !
1. Je parle aussi fort que possible, m’entends-tu ?
5. Les fleuves se jettent dans la mer, c’est scientifique !
2. Depuis deux semaines, je lis un roman passionnant.
6. Tous les soirs, mon frère me réclame une histoire…
3. Mon père part à la retraite dans cinq ans.
7. Christophe Colomb découvre l’Amérique en 1492.
4. En vous aidant de l’exercice précédent, reliez les phrases données à la valeur du présent qui leur correspond.
1. Il se brosse les dents après chaque repas.
• présent d’énonciation
2. Je vais te confier un secret très important…
• présent étendu
3. En 1969, Neil Armstrong marche sur la Lune.
• présent d’habitude
4. L’eau gèle à zéro degré.
• présent de vérité générale
5. Cette année, les pivoines sont à la mode.
• présent à valeur de passé proche
6. Avec la marée, la mer monte à vue d’œil.
• présent à valeur de futur proche
7. Dommage ! Votre train part à l’instant !
• présent historique
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construire
AÎNEME
Nt
Reconnaître Analyser Accorder
tR
Les valeurs de l’imparfait
et du passé simple
Les valeurs de l’imparfait
1. Indiquez la valeur des verbes à l’imparfait du texte
en recopiant leur numéro dans le tableau.
Il était une fois un dragon qui se sentait bien seul. Chaque fois qu’il rencontrait quelqu’un, il
essayait de sourire mais alors il se mettait à cracher
des flammes qui faisaient fuir ses interlocuteurs. Un
jour, il aperçut une jeune fille qui pleurait . Malgré
ses larmes, il vit qu’elle avait les plus beaux yeux
qu’il n’ait jamais vus. Ses cheveux roux ondulaient merveilleusement. Au lieu de lui sourire, il la réconforta
par la chanson douce que son père lui chantait jadis
quand il était mélancolique. C’est ainsi que le dragon
solitaire se fit une amie.
arrière-plan
.........
.........
.........
.........
description
.........
.........
.........
.........
habitude, répétition
.........
.........
.........
.........
La complémentarité de l’imparfait et du passé simple
2. Complétez les leçons suivantes par « l’imparfait »
ou « le passé simple ».
a. Dans un récit, les actions à l’arrière-plan et les
descriptions sont à . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . alors que
l’on utilise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . pour les actions
principales.
b. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . s’emploie pour des actions
ponctuelles et bornées (c’est-à-dire des actions qui sont
situées dans des limites précises).
À l’inverse, pour des actions répétitives ou non bornées
(c’est-à-dire des actions envisagées dans leur durée, sans
limites précises), on emploie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
c. Dans le schéma narratif d’un récit au passé (un conte,
par exemple), on observe que la situation initiale est à
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . tandis que l’élément perturbateur
et les péripéties sont au . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
d. Pour écrire un portrait, on utilise plutôt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
alors que pour un récit de bataille on emploie
plutôt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
...............
3. Dans les phrases suivantes, conjuguez les verbes soit à
l’imparfait, soit au passé simple, selon leur valeur.
1. Il (être) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . une fois un rat d’égout qui
(vivre) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à Lyon. Un jour, il (recevoir) . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . la visite surprenante d’un crocodile qui ne
(passer) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . jamais par là d’habitude.
2. Une grosse moustache brune (retomber) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
sous un nez aquilin. Sa couleur foncée (trancher) . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . avec un visage livide et inexpressif.
......
3. Soudain, le cowboy (arriver) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . au
galop dans la rue principale ; il (sauter) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
de son cheval et (entrer) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . bruyamment
dans le saloon. Tous les regards (se tourner) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . vers lui.
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EN
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AÎNEME
3
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Nt
tR
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Les valeurs et aspects
des temps composés
Aspects des temps simples et des temps composés
1. a. Indiquez pour chaque phrase si le verbe marque
l’aspect accompli (action achevée) ou inaccompli (action
en cours).
3. Sa sœur avait grimpé au sommet de l’arbre.
b. S’il marque l’aspect accompli, modifiez son temps pour
qu’il marque l’aspect inaccompli, et vice-versa.
➭ aspect . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ➞ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Exemple : Elle boit son thé. ➞ aspect INACCOMPLI
➭ aspect ACCOMPLI = Elle a bu son thé.
1. Tu termines ton exercice. ➞ aspect . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
➭ aspect . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ➞ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2. Ce livre aura rencontré un grand succès.
➞ aspect . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
➭ aspect . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ➞ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
➞ aspect . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4. Pour cela, il faut lire attentivement le mode d’emploi.
➞ aspect . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
➭ aspect . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ➞ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2. D’après vos réponses, complétez la leçon suivante :
Les temps simples marquent l’aspect . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Les temps composés marquent l’aspect . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
L’expression de l’antériorité avec les temps composés
3. Complétez le tableau suivant :
temps composé
Passé composé
Il marque l’antériorité
par rapport au temps
simple suivant :
présent
Exemples
Placez les deux actions
sur un axe chronologique.
Quand il a mangé, il part.
(il a mangé) (il part)
Plus-que-parfait
imparfait
Quand il…
…
…
Quand il eut mangé, il partit.
Futur antérieur
…
Quand il…
4. Exprimez l’antériorité en conjuguant le verbe ranger
au temps qui convient :
2. Dès que tu (obtenir) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . la permission,
nous irons jouer au parc.
1. Tu ne sortiras que lorsque tu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
ta chambre !
3. Je (lire) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . encore un peu mais j’ai
déjà fini deux livres.
2. Tu peux sortir maintenant si tu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
ta chambre.
3. Il put sortir une fois qu’il . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . sa chambre.
4. Elle se souvenait très bien de ce qu’elle (voir) . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
................. .
4. Il sortait seulement quand il . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . sa chambre.
5. Conjuguez les verbes indiqués au temps qui convient
en cherchant quelle action est antérieure à l’autre.
1. Quand les invités eurent diné, ils (se lever) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
............. .
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AÎNEME
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L’expression de l’ordre
Les valeurs du futur simple
1. Complétez la leçon suivante :
• Le plus souvent, le futur simple exprime des faits situés
dans l’ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Exemple : Cet été, j’écrirai un poème sur les bords de mer.
• Mais il existe d’autres valeurs du futur, regroupées sous
le nom de « futur catégorique » : on peut en distinguer
quatre nuances principales.
Exemples : Tu fermeras la porte en sortant !
2. Soulignez en bleu les futurs qui expriment des faits
situés dans l’avenir et en vert les futurs catégoriques.
Quand vous irez dans la maison, vous verrez une pièce plus
sombre que les autres sur votre droite. C’est là que vous
prendrez la lampe et le tabouret et vous les chargerez dans
le camion. Par contre, vous ferez bien attention à ne pas
casser les vases. Vous ne les toucherez pas pour plus de
sûreté. Mes parents seront ravis du service que vous nous
rendrez alors.
= .............................................
– Tu ne tueras point. Tu ne voleras pas.
= .............................................
– Tu pourras peut-être vérifier que tu as ton billet.
= .............................................
– Vous prendrez ces médicaments avant le repas.
= .............................................
L’expression de l’ordre et de la défense
3. Observez les phrases suivantes puis complétez le tableau.
1. Ne bougez pas ! – 2. Entourer la bonne réponse. – 3. Vous n’oublierez pas votre sac. – 4. Regarde bien. – 5. Que la lumière soit ! – 6. Tu feras la vaisselle et le ménage ! – 7. Chantons en chœur ! – 8. Qu’ils entrent ! – 9. Ne pas se pencher. – 10. Faire le tour pour entrer. – 11. Faites-le !
Moyens employés pour exprimer
l’ordre ou la défense
Phrases données ci-dessus
(indiquez le numéro)
Le temps du
Le mode
Le mode
Le mode
.............................
.............................
.............................
.............................
.............................
.............................
.............................
.............................
4. Voici un extrait de recette de cuisine donné au futur catégorique. Récrivez-le trois fois en employant
les trois autres moyens (vus dans la question précédente) pour exprimer l’ordre et la défense.
Futur catégorique
Vous casserez les œufs et
séparerez les blancs des
jaunes. Surtout, vous ne
laisserez pas de bouts de
coquille dans le saladier !
...
...
...
.............................................
.............................................
Il faut que vous…
.............................................
.............................................
.............................................
.............................................
.............................................
.............................................
.............................................
.............................................
.............................................
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AÎNEME
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Les valeurs des modes
indicatif et subjonctif
Indicatif ou subjonctif ?
1. Observez les deux phrases suivantes pour répondre
aux questions, puis complétez la leçon.
Il vient me voir. – J’aimerais qu’il vienne me voir.
a. Le verbe « venir » est au présent dans les deux phrases,
mais de quel mode ?
– Dans la première phrase, le verbe est conjugué au mode
....................................
– Dans la seconde phrase, le verbe est conjugué au mode
....................................
b. Dans quelle phrase l’action du verbe « venir » est-elle
présentée comme certaine, réelle ? . . . . . . . . . . . . . . .
c. Dans quelle phrase l’action du verbe « venir » est-elle
présentée comme éventuelle, incertaine, virtuelle ?
...............
d. Leçon :
Le mode . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . est le mode de la réalité
alors que le mode . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . est le mode de
la virtualité.
2. Conjuguez les verbes indiqués soit à l’indicatif
soit au subjonctif en précisant le mode choisi.
1. J’apprends que tu (paresser) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . au
lieu de travailler ? (➞ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . )
2. Donne-moi une feuille pour que je (pouvoir) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
écrire. (➞ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . )
3. Cachons-nous afin qu’il (avoir) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
une surprise ! (➞ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . )
4. Elle est ravie que son orchidée (pousser) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
(➞ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . )
Les valeurs du subjonctif
3. Reliez les propositions suivantes à la valeur du subjonctif qui convient.
1. Que personne ne bouge !
• le souhait
2. Nous irons danser, que tu le veuilles ou non.
• l’ordre
3. Que la lumière soit !
• la défense
4. Dommage que la lune soit cachée par les nuages.
• la supposition
5. Pourvu que sa sœur lui pardonne !
• l’éventualité
6. Imaginez que le monstre sorte de sa grotte…
• le regret
4. Dans les propositions subordonnées conjonctives circonstancielles suivantes, expliquez l’emploi
du mode subjonctif en précisant sa valeur.
1. Nous sommes rentrées avant qu’il ne fasse nuit.
.................................................................................................................................................................................................
2. Il insiste pour qu’elle finisse la course.
.................................................................................................................................................................................................
3. Il n’a pas aimé ce film, non qu’il soit raté mais parce que le sujet lui déplaisait.
.................................................................................................................................................................................................
4. Elle n’a rien vu, soit qu’elle soit naïve, soit qu’il soit très discret.
.......................................................................................................................................
.......................................................................................................................................
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Enrichir
É
construire
LuAtIO
N
Reconnaître Analyser Accorder
VA
je vérifie mes connaissances sur
les valeurs des temps et des modes
Complétez le tableau après avoir lu le texte suivant.
Le nain, qui jugeait quelquefois un peu trop vite, décida
d’abord qu’il n’y avait personne sur la terre. Sa première
raison était qu’il n’avait vu personne. Micromégas lui fit
sentir poliment que c’était raisonner assez mal : « Car, disaitil, vous ne voyez pas avec vos petits yeux certaines étoiles de
la cinquantième grandeur que j’aperçois très distinctement ;
concluez-vous de là que ces étoiles n’existent pas ?
Verbe du texte
temps de l’indicatif
– Mais, dit le nain, j’ai bien tâté.
– Mais, répondit l’autre, vous avez mal senti.
– Mais, dit le nain, ce globe-ci est si mal construit, cela est si
irrégulier et d’une forme qui me paraît si ridicule ! »
Voltaire, Micromégas, chapitre IV (1752).
Aspect (accompli
ou inaccompli)
jugeait
inaccompli
décida
inaccompli
Valeur (Pourquoi ce temps ?
Cherchez le sens du texte.)
Je sais
répondre :
/2
/2
était
/3
avait vu
/3
aperçois
/3
ai tâté
/3
tOtAL :
/ 16
Reliez le mode à la valeur et à l’exemple qui lui correspondent.
VALEUR
MODE
EXEMPLE
mode de la réalité
•
•
indicatif
•
•
« Pourvu qu’il vienne ! »
mode de la virtualité
(ex : pour un souhait)
•
•
infinitif
•
•
« Il est venu hier. »
mode du verbe non conjugué, peut
servir à exprimer l’ordre ou la défense
•
•
impératif
•
•
« Ne pas faire de bruit dans les coulisses. »
mode qui sert surtout à exprimer
l’ordre ou la défense
•
•
subjonctif
•
•
« Faites un effort ! Concentrez-vous ! »
tOtAL :
/ 20
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ANALYSE FILMIQuE 6e-5e
Indigènes
de Rachid Bouchareb (2006)
FIcHE
ENSEIGNANt
Par Marie Pierre Lafargue, intervenante cinéma en milieu scolaire
Une page oubliée de l’histoire de France
• En 2006, avec Indigènes, le réalisateur Rachid Bouchareb
ouvre une page oubliée de l’histoire de l’immigration en
France, celle des 130 000 « sujets français » d’Algérie, des protectorats du Maroc et de la Tunisie et des colonies d’Afrique
Équatoriale et Orientale engagés au secours de la France
occupée aux côtés des Alliés et des forces de la France Libre
durant la Seconde Guerre mondiale.
• Outre sa portée historique et civique évidente, le film présente un autre intérêt pédagogique, car il engage une véritable réflexion sur le langage cinématographique et la place
du spectateur. Incarné par des acteurs populaires de renom et
soutenu par des formes et des effets inspirés du cinéma spectaculaire américain, Indigènes s’adresse clairement à un public
jeune dans une volonté de transmission. Mais en mêlant de
l’intime à l’épique, il transcende aussi les stéréotypes du film
de guerre et libère le regard sur l’histoire, condition sine qua
non de l’élaboration de l’esprit critique.
Cinéma et histoire
Le regard accusateur d’Abdelkader
• Constitué d’une mosaïque d’images d’archives en noir et
blanc et d’une musique orientale, le générique (1) manifeste
d’emblée l’intention du réalisateur de recomposer une part
de l’histoire du Maghreb. De la bataille de Monte Cassino (3)
qui ouvre aux Alliés la voie vers Rome, aux combats meurtriers
des forêts des Vosges (7) en passant par la libération de Marseille (5), Indigènes opère un travail précis de reconstitution
des faits militaires et révèle le rôle primordial joué par les soldats d’Afrique lors de la reconquête de l’Europe.
• Personnage central et chaînon manquant entre le récit historique et ses répercussions dans le présent, Abdelkader
incarne les questions politiques et morales revendiquées par
le film. Représenté tout d’abord assis en train d’écrire devant
sa copie d’examen, dans le lieu symbolique de Sétif, il figure
la lutte contre l’injustice et l’intégration par le mérite et la loi.
Porteur des réclamations de ses hommes (les tomates [4], la
permission [8]), il annonce les revendications nationalistes et
indépendantistes des pays du Maghreb.
• Le film rectifie le récit historique, toujours écrit par les vainqueurs comme en attestent les séquences des photographes
après les combats (3/11), et en reconstitue les pièces manquantes. Hommage aux anonymes sacrifiés, il s’adresse aussi à
la France d’aujourd’hui et, à travers le parcours de Saïd, Abdelkader, Messaoud, Yassir et Martinez, accuse une intégration
manquée.
• L’épilogue (12) fait de ce survivant à la fois le témoin et la
victime de l’ingratitude de la France : soixante ans plus tard,
seul au milieu des stèles anonymes du carré musulman d’un
cimetière militaire, Abdelkader se recueille sur les tombes de
ses compagnons. Avec son décor minéral et ses cadres frontaux, la mise en scène souligne le sort des soldats gisant dans
l’oubli. Puis l’espace se resserre autour du vieillard. En suivant
son trajet silencieux du tramway à la petite chambre d’une
HLM de banlieue, Indigènes révèle un paysage social morne et
indifférent que le regard d’Abdelkader, dans le dernier plan du
film, vient accuser comme il dénonce les carences politiques
d’un État capable de condamner une partie de ses citoyens à
un dénuement et une solitude sans fin.
De grandioses antihéros
• Indigènes repose sur des personnages fortement caractérisés. De leur apparition (1) à leur ultime combat (11), ils
obéissent à un système figuratif complexe qui confère au
film d’action une dimension métaphorique et soutient son
caractère critique.
58
• Venu « du fond de la misère », lié à sa mère qu’il quitte pour
aller défendre la « mère Patrie », Saïd est encore un enfant et la
guerre sera son rituel initiatique. Son rapport explosif à Martinez traduit la relation à la fois inégale, paternaliste et fusionnelle de la France et de l’Algérie. Emblématique, leur mort emporte ensemble l’enfant du bled et le pied-noir métis, enlacés
comme des frères ennemis (11). Une cavalcade de chevaux
introduit Yassir, le fier goumier marocain engagé par appât
du gain. Il se tient déjà aux côtés de son frère Larbi, auquel
il voue un amour immodéré. Son apparente sauvagerie (3)
révèlera une véritable figure christique, portée par le sens du
sacré, du sacrifice et de la transmission (5/7/9). Homme de
base entonnant Le Chant des Africains, Messaoud est représenté comme un homme debout. Tireur d’élite, toujours en
première ligne, il rêve cependant davantage d’amour et de
famille que de gloire. Finalement terrassé comme un géant
magnifique, dont un ralenti accompagne doucement la chute,
il ne connaîtra des joies du pater familias qu’un bref sommeil
dans une maison vide, sur un fauteuil abandonné, sous les
portraits d’une famille inconnue (10).
NRP COLLÈGE
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ANALYSE FILMIQuE 6e-5e
E ÉL È V
E
FI
cH
Indigènes
de Rachid Bouchareb (2006)
Après la projection du film, répondez aux questions et aux consignes.
1. Le générique
1. De quel type d’images est-il constitué ?
4. Quel genre de musique les accompagne ?
...........................................................................................
...........................................................................................
2. Que représentent-elles ?
5. Qu’évoque-t-elle ?
...........................................................................................
...........................................................................................
...........................................................................................
6. En quelle(s) langue(s) s’inscrit le titre du film ?
3. Quelle forme dessinent-elles ?
...........................................................................................
...........................................................................................
7. Que signifie le terme « indigène » ?
...........................................................................................
...........................................................................................
2. Cinq soldats
8. Citez les noms des cinq personnages principaux.
11. Décrivez-les en vous aidant du tableau suivant :
...........................................................................................
...........................................................................................
...........................................................................................
9. Dans quel lieu chacun apparaît-il ?
...........................................................................................
...........................................................................................
...........................................................................................
10. Quelle est leur situation au début du film ?
...........................................................................................
S…
Y…
A…
M…
M…
Posture
Vêtement
Attributs
Personnage associé
Rapport au
langage/écriture
Grade militaire
...........................................................................................
12. Qu’ont-ils tous en commun ?
...........................................................................................
...........................................................................................
3. La France et eux
13. Pour quelle(s) raison(s) chacun s’engage-t-il ?
17. Dans quel lieu se termine le film ?
...........................................................................................
...........................................................................................
14. Que représente La France pour eux ?
18. À quelle époque sommes-nous ?
...........................................................................................
...........................................................................................
15. À quoi sont-ils prêts pour elle ?
19. Qu'est devenu Abdelkader ?
...........................................................................................
...........................................................................................
16. Bénéficient-ils du même traitement que les autres ?
...........................................................................................
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59
ENtRAÎNEMENt BREVEt
Huis clos
de jean-Paul Sartre
FIcHE
ENSEIGNANt
Questions (15 points)
1. Les indices attendus sont : le découpage en scène, puisque
qu’il est indiqué au début du texte « Scène première », les
didascalies (il y en a plusieurs, l’élève doit en recopier au
moins une), et l’alternance des répliques indiquée par le nom
des personnages : Garcin et Le Garçon.
2. Les mots appartiennent au champ lexical de l’hôtellerie.
On peut supposer que la scène se passe dans une chambre
d’hôtel.
3. Il n’y a pas de miroirs, de fenêtres, de brosse à dents ni
de lit. Pour la seconde partie de la question, toute réponse
pertinente est acceptée.
4. a. Cette énumération fait référence à la torture.
b. L’article défini introduit un nom connu ou supposé connu
de tout le monde : cela vient confirmer l’idée que nous ne
sommes pas dans une quelconque chambre d’hôtel, mais
dans un lieu que tout le monde connaît.
5. Cette énumération et le titre de la pièce connotent un
univers carcéral et un procès.
6. Toute réponse évoquant l’enfer, le purgatoire ou le
jugement dernier sera acceptée.
7. Garcin utilise l’imparfait pour parler de lui-même : « Savezvous qui j’étais ? » ; cela nous indique qu’il est mort.
L’autre élément prouvant que les deux personnages sont en
enfer est la réplique du garçon : « Des personnes qui n’ont
jamais mis les pieds ici. Car enfin, si elles y étaient venues… »,
ainsi que le rire des deux personnages indiqué dans la
didascalie suivante : on comprend que personne n’est jamais
revenu de l’endroit où ils se trouvent.
Une troisième réponse peut-être acceptée, la réplique de
Garcin : « Voulez-vous que je vous raconte comment cela
se passe ? Le type suffoque, il s’enfonce, il se noie, seul son
regard est hors de l’eau et qu’est-ce qu’il voit ? Un bronze de
Barbedienne. » Il semble qu’il ait fait lui-même l’expérience
de son récit de mort, puisque le bronze face auquel le « type »
se réveille se trouve dans la chambre de Garcin.
8. « Et pourquoi se regarderait-on dans les glaces ? […]
J’imagine qu’il y a de certains moments où je regarderai de
tous mes yeux. »
a. Dans la première phrase, « regarder » est conjugué au
conditionnel simple, dans la deuxième phrase, ce verbe est
conjugué à l’indicatif futur.
b. Le conditionnel marque l’incertitude, le doute. Au
contraire, l’indicatif futur est la marque d’une action qui va
avoir lieu de manière certaine.
60
NRP COLLÈGE
novembre 2013
Par Mariane Zingraff, professeur de lettres
Réécriture (3 points)
« Qu’est-ce que vous voulez, chaque client pose (0,5 point)
la même question. Il s’amène (0,5 point) : “Où sont les pals ?”
À ce moment-là, je vous jure qu’il ne songe (0,5 point) pas
à faire sa (0,5 point) toilette. Et puis, dès qu’on l’(0,5 point) a
rassuré (0,5 point), voilà la brosse à dents. »
Dictée (7 points)
« Ce que le théâtre peut montrer de plus émouvant
est un caractère en train de se faire, le moment du
choix, de la libre décision qui engage une morale et
toute une vie. et comme il n’y a de théâtre que si l’on
réalise l’unité de tous les spectateurs, il faut trouver des
situations si générales qu’elles soient communes à tous.
nous avons nos problèmes : celui de la fin et des moyens,
de la légitimité et de la violence, celui des conséquences
de l’action, celui des rapports de la personne et de
la collectivité, de l’entreprise individuelle avec les
constantes historiques, cent autres choses encore. Il me
semble que la tâche du dramaturge est de choisir parmi
ces situations limites celle qui exprime le mieux ses
soucis et de la présenter au public comme la question
qui se pose à certaines libertés. »
Jean-Paul Sartre, Un théâtre de situations,
© éd Gallimard, coll. « Folio essais », 1992.
Barême : 0,5 point : fautes de grammaire, d’accords ;
0,25 point : fautes d’orthographe lexicale ;
0,5 point maximum pour les erreurs de ponctuation.
Rédaction (15 points)
Quelques conseils pour l’évaluation :
• Les copies rédigées dans une syntaxe et/ou une
orthographe trop approximative ne devraient pas être
notées au-dessus de 5/15.
• Les hors sujets ne devraient pas être notés au-dessus de
3/15.
• Le recours à une culture personnelle (littéraire ou autre)
sera valorisé.
ENtRAÎNEMENt BREVEt
E ÉL È V
E
FI
cH
Huis clos
de jean-Paul Sartre
Scène première
garCin, le garÇon D’étage.
Un salon style Second Empire. Un bronze sur la cheminée.
garCin, Il entre et regarde autour de lui. – Alors voilà.
le garÇon. – voilà.
garCin. – C’est comme ça…
le garÇon. – C’est comme ça.
garCin. – Je… Je pense qu’à la longue on doit
s’habituer aux meubles.
le garÇon. – Ça dépend des personnes.
garCin. – est-ce que toutes les chambres sont pareilles ?
le garÇon. – Pensez-vous ! Il nous vient des Chinois,
des Hindous. Qu’est-ce que vous voulez qu’ils fassent
d’un fauteuil Second empire ?
garCin. – et moi, qu’est-ce que vous voulez que j’en
fasse ? Savez-vous qui j’étais ? bah ! ça n’a aucune
importance. Après tout, je vivais toujours dans des
meubles que je n’aimais pas et dans des situations
fausses ; j’adorais ça. Une situation fausse dans une salle
à manger Louis-Philippe, ça ne vous dit rien ?
le garÇon. – vous verrez : dans un salon Second
empire, ça n’est pas mal non plus.
garCin. – Ah ! bon. bon, bon, bon. (Il regarde autour de
lui.) Tout de même, je ne me serais pas attendu… vous
n’êtes pas sans savoir ce qu’on raconte là-bas ?
le garÇon. – Sur quoi ?
garCin. – eh bien… (avec un geste vague et large) sur
tout ça.
le garÇon. – Comment pouvez-vous croire ces
âneries ? Des personnes qui n’ont jamais mis les pieds
ici. Car enfin, si elles y étaient venues…
garCin. – oui.
Ils rient tous deux.
garCin, redevenant sérieux tout à coup. – où sont les
pals1 ?
le garÇon. – Quoi ?
garCin. – Les pals, les grils, les entonnoirs de cuir.
Le garÇon. – vous voulez rire ?
garCin, le regardant.
– Ah ? Ah bon. non, je ne voulais pas rire. (Un
silence. Il se promène.) Pas de glaces, pas de fenêtres,
naturellement. rien de fragile. (Avec une violence subite :)
et pourquoi m’a-t-on ôté ma brosse à dents ?
le garÇon. – et voilà. voilà la dignité humaine qui vous
revient. C’est formidable.
garCin, frappant sur le bras du fauteuil avec colère. – Je
vous prie de m’épargner vos familiarités. Je n’ignore rien
de ma position, mais je ne supporterai pas que…
le garÇon. – Là ! Là ! excusez-moi. Qu’est-ce que vous
voulez, tous les clients posent la même question. Ils
s’amènent : « où sont les pals ? » À ce moment-là, je vous
jure qu’ils ne songent pas à faire leur toilette. et puis,
dès qu’on les a rassurés, voilà la brosse à dents. mais,
pour l’amour de Dieu, est-ce que vous ne pouvez pas
réfléchir ? Car enfin, je vous le demande, pourquoi vous
brosseriez-vous les dents ?
garCin, calmé. – oui, en effet, pourquoi ? (Il regarde
autour de lui.) et pourquoi se regarderait-on dans
les glaces ? Tandis que le bronze, à la bonne heure…
J’imagine qu’il y a de certains moments où je regarderai
de tous mes yeux. De tous mes yeux hein ? Allons,
allons, il n’y a rien à cacher ; je vous dis que je n’ignore
rien de ma position. voulez-vous que je vous raconte
comment cela se passe ? Le type suffoque, il s’enfonce,
il se noie, seul son regard est hors de l’eau et qu’est-ce
qu’il voit ? Un bronze de barbedienne. Quel cauchemar !
Allons, on vous a sans doute défendu de me répondre,
je n’insiste pas. mais rappelez-vous qu’on ne me prend
pas au dépourvu, ne venez pas vous vanter de m’avoir
surpris ; je regarde la situation en face. (Il reprend sa
marche.) Donc, pas de brosse à dents. Pas de lit non
plus. Car on ne dort jamais, bien entendu ?
Jean-Paul Sartre, Huis clos, 1944, © éd. Gallimard.
1. Pal : pieu aiguisé à son extrémité.
Questions (15 points)
1. À quels indices comprenez-vous que ce texte appartient
au genre du théâtre ? Relevez des indices précis pour
répondre. (3 points)
2. À quel champ lexical appartiennent les mots suivants :
« toutes les chambres » et « tous les clients » ? Où peut-on
supposer que la scène se passe ? (2 points)
3. Relevez dans le texte deux éléments qui devraient se
trouver dans une chambre d’hôtel, mais qui sont absents ici.
Comment l’interprétez-vous ? (2 points)
4. a. À quoi l’énumération « les pals, les grils, les entonnoirs
de cuir » fait-elle référence ? (1 point)
b. Dans cette énumération, justifiez l’emploi de l’article
défini. (1 point)
5. Mettez cette énumération en relation avec le titre de la
pièce. Qu’est-ce qui est ainsi connoté ? (1 point)
novembre 2013
NRP COLLÈGE
61
ENtRAÎNEMENt BREVEt
6. Où se trouvent réellement les deux personnages ?
Appuyez-vous sur vos réponses aux questions précédentes.
(1 point)
7. Relevez deux autres éléments du texte qui appuient votre
réponse. (2 points)
8. « Et pourquoi se regarderait-on dans les glaces ? […]
J’imagine qu’il y a de certains moments où je regarderai de
tous mes yeux. »
a. À quels temps et modes est conjugué le verbe regarder
dans ces deux phrases ? (1 point)
b. Expliquez la différence de sens entre les deux. (1 point)
Réécriture (3 points)
Réécrivez le passage suivant en remplaçant « tous les
clients » par « chaque client ». Faites toutes les modifications
nécessaires :
« Qu’est-ce que vous voulez, tous les clients posent la même
question. Ils s’amènent : “Où sont les pals ?” À ce moment-là,
je vous jure qu’ils ne songent pas à faire leur toilette. Et puis,
dès qu’on les a rassurés, voilà la brosse à dents. »
Dictée (7 points)
« Ce que le théâtre peut montrer de plus émouvant
est un caractère en train de se faire, le moment du
choix, de la libre décision qui engage une morale et
toute une vie. et comme il n’y a de théâtre que si l’on
réalise l’unité de tous les spectateurs, il faut trouver
des situations si générales qu’elles soient communes
à tous. nous avons nos problèmes : celui de la fin et
des moyens, de la légitimité et de la violence, celui
des conséquences de l’action, celui des rapports de la
personne et de la collectivité, de l’entreprise individuelle
avec les constantes historiques, cent autres choses
encore. Il me semble que la tâche du dramaturge est de
choisir parmi ces situations limites celle qui exprime le
mieux ses soucis et de la présenter au public comme la
question qui se pose à certaines libertés. »
Jean-Paul Sartre, Un théâtre de situations,
© éd Gallimard, coll. « Folio essais », 1992.
Rédaction (15 points)
Vous traiterez au choix l’un des sujets suivants :
Sujet 1 : Inventez la scène qui suit celle que vous venez de
lire.
Votre texte fera au moins deux pages.
Sujet 2 : À la fin de la pièce, Garcin s’exclame : « Pas besoin
de gril : l’enfer, c’est les Autres ! » Qu’en pensez-vous ?
Vous présenterez votre réflexion dans un développement
organisé.
Votre texte fera au moins deux pages.
Quelques conseils méthodologiques
• Pour le sujet 1, pensez à recopier la dernière phrase du
texte. Cela vous aidera à respecter la situation d’énonciation
(temps, personnages…).
• Pour le sujet 2, veillez à adopter une présentation en
paragraphes. Cela favorise la bonne intelligibilité de votre
propos. Il est vivement conseillé d’utiliser un brouillon sur
lequel vous ferez la liste de vos différents paragraphes.
N’oubliez pas : 1 paragraphe = 1 idée (+ 1 exemple si
possible).
Après cela, classez vos idées de la moins importante à la plus
importante.
François Marthouret, Claire Nebout et Claire Borotra dans Huis clos, mise en scène de Robert Hossein, 2000.
62
NRP COLLÈGE
novembre 2013
Par Anne Sinha, professeure agrégée de lettres classiques
FIcHE
ENSEIGNANt
Présentation
Ce texte, qui rapporte une plaisanterie d’Hannibal, est issu
des Saturnales de Macrobe (370-430), œuvre mettant en
scène un banquet philosophique et fournissant grâce à
ce dispositif toutes sortes d’anecdotes et de mots d’esprit.
Le texte ne présente pas de difficultés grammaticales
particulières, et la perspective de la pointe finale pourra
encourager les élèves à le traduire. La séance est prévue
pour une heure.
Traduction
Le Carthaginois Hannibal, réfugié chez le roi Antiochus,
fit une plaisanterie avec beaucoup de finesse. Son beau
mot fut le suivant. Antiochus montrait dans la plaine les
troupes immenses qu’il avait préparées en vue de faire la
guerre au peuple romain et faisait manœuvrer son armée
resplendissante d’insignes d’or et d’argent. […] Alors le
roi, tout fier de contempler son armée si grande et si ornementée, aperçut Hannibal et lui demanda : « Penses-tu
que tout ceci soit suffisant pour les Romains ? » Alors le
Punique, se moquant de la paresse et de l’inaptitude à la
guerre de ses soldats si richement armés, dit : « Je pense
que cela est tout à fait suffisant pour les Romains, même
s’ils sont très cupides. »
punique (218-202 av. J.-C.), dont le point de départ est la
prise de Sagone, en Espagne, par les Carthaginois. Hannibal
a alors l’idée d’attaquer Rome par voie terrestre, avec le
fameux épisode de la traversée des Alpes. Il remporte
de nombreuses victoires comme celle du lac Trasimène
(217 av. J.-C.) et de Cannes (216 av. J.-C.), avant de perdre
le combat à l’issue de la bataille de Zama en 201 av. J.-C.
Après la victoire romaine, il s’exile en Asie, où il fréquente
les cours de plusieurs souverains, dont Antiochus, et finit
par se suicider vers 183 av. J.-C., afin d’éviter d’être livré aux
Romains.
5. La plaisanterie d’Hannibal est explicitée par Macrobe
lui-même. Alors qu’Antiochus, certes fier avant tout
des richesses arborées par ses troupes, évoque dans sa
question le rapport de force numérique, Hannibal pense,
lui, au tribut que vont payer ces troupes, qui selon lui sont
assurées de perdre. Cette anecdote sert à mettre en avant
la grande finesse du personnage et, surtout, sa lucidité
quant à l’invincibilité de la puissance romaine à l’issue de la
Deuxième Guerre punique.
grammaire
1. La forme facturus est un participe futur, reconnaissable à
son suffixe -urus, a, um. Il peut se traduire par « sur le point
de ». On rappellera les trois formes de participes en latin,
deux actifs (participes présent et futur) et un passif (participe
parfait passif ).
2. La forme « comparaverat » est au plus-que-parfait, servant
à marquer l’antériorité dans un texte au passé.
3. Dans le groupe « imbelliam militum ejus », il y a deux
compléments au génitif. Le premier est le complément du
nom de imbellia et le deuxième est le génitif du pronom de
rappel is, ea, id et sert à indiquer la possession (traduction
littérale « de celui-ci »).
Civilisation
4. Hannibal Barca (247-183 av. J.-C.) est le fils d’Hamilcar.
Il grandit dans la détestation de Rome, qui a vaincu
Carthage lors de la Première Guerre punique (264-241
av. J.-C.). Il mène les opérations lors de la Deuxième Guerre
Monnaie d’argent de la famille d’Hannibal.
Cette fiche est à télécharger au
format word sur le site pour les
abonnés numériques. Adaptable
aux besoins des élèves.
novembre 2013
NRP COLLÈGE
63
LAtIN 4e
L’humour noir d’hannibal
FI
LAtIN 4e
E ÉL È
VE
cH
L’humour noir d’hannibal
Macrobe rapporte dans ses Saturnales une plaisanterie
d’Hannibal, alors en lutte contre les Romains et réfugié
auprès du roi Antiochus.
Hannibal Carthaginiensis apud regem Antiochum profugus facetissime cavillatus est. Ea cavillatio hujuscemodi fuit.
Ostendebat Antiochus in campo copias ingentes quas bellum
populo Romano facturus comparaverat, convertebatque exercitum insignibus argenteis et aureis florentem […]. Atque ibi
rex contemplatione tanti et tam ornati exercitus gloriabundus
Hannibalem aspicit et : Putasne, inquit, satis esse Romanis
haec omnia ? Tunc Poenus eludens ignaviam imbelliamque
militum ejus pretiose armatorum : Plane, inquit, satis esse
credo Romanis haec, etsi avarissimi sunt.
Macrobe, Saturnales.
grammaire
1. Identifiez la forme « facturus ».
...................................................................................................
2. À quel temps est la forme « comparaverat » ?
...................................................................................................
3. Analysez la construction « imbelliam militum ejus ».
...................................................................................................
...................................................................................................
Civilisation
4. Que savez-vous d’Hannibal ?
...................................................................................................
Traduction
...................................................................................................
Traduisez le texte à l’aide du vocabulaire suivant.
...................................................................................................
Hannibal, alis, m : Hannibal
...................................................................................................
Carthaginiensis, e : carthaginois, synonyme aussi de Poenus,
a, um
Apud + acc : chez
...................................................................................................
Rex, regis, m : roi
5. Expliquez sa plaisanterie.
Antiochus, i, m : Antioche
...................................................................................................
Profugus, a, um : réfugié
...................................................................................................
Facetus, a, um : plaisant, spirituel
...................................................................................................
Cavillor, aris, ari, atus sum : plaisanter
Cavillatio, onis, f : plaisanterie
Hujuscemodi : de cette manière
Ostendo, is, ere, ostendi, ostentum : montrer
...................................................................................................
...................................................................................................
...................................................................................................
Campus, i, m : plaine
...................................................................................................
Copiae, arum, f. pl. : troupes
...................................................................................................
Comparo, as, are, avi, atum : préparer
...................................................................................................
Converto, is, ere, verti, versum : faire manœuvrer
...................................................................................................
Floreo, es, ere, ui : avoir des couleurs brillantes
...................................................................................................
Insigne, is, n : insigne (militaire)
...................................................................................................
Gloriabundus, a, um : tout fier
...................................................................................................
-Ne : particule interrogative, est-ce que ?
Eludo, is, ere, lusi, lusum + acc : se moquer de
Ignavia, ae, f : paresse
Imbellia, ae, f : inaptitude à la guerre
Armatus, a, um : armé
...................................................................................................
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Cette fiche est à télécharger au
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aux besoins des élèves.
Plane : entièrement
Etsi : même si
NRP COLLÈGE
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Pretiose : à grand prix
64
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novembre 2013
Nouveauté
rentrée 2013
Les manuels
numériques élèves
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