A. LES PRINCIPES LAPAROSCOPIQUES CHAPITRE I : La sélection du patient pour la chirurgie laparoscopique Chapitre II :Cœlioscopie opératoire : éléments anesthésiologiques CHAPITRE III : Le matériel spécifique Chapitre IV : Les espaces de la chirurgie laparoscopique A. L’ESPACE RÉTROPÉRITONÉAL B. L’ABORD LAPAROSCOPIQUE TRANS-PÉRITONÉAL OU CŒLIOSCOPIQUE C. ESPACE SOUS PERITONEAL PELVIEN Chapitre V : Les complications de la chirurgie laparoscopique 849 850 Chapitre I La sélection du patient pour la chirurgie laparoscopique A l’heure actuelle (juillet 1999), il est tout à fait impossible de donner des règles générales concernant les indications ou le mode de sélection de patients pour la chirurgie urologique cœlioscopique. Au niveau français, bien que les premières publications remontent à 1993, bien peu de réflexions ont été menées quant à la place de ces techniques ou au type de patients qui pourrait en profiter. Les centres ou les opérateurs qui ont une expérience importante de cette chirurgie sont peu nombreux. défaut d’information dans un nombre important de cas [5,7]. Il est important d’expliquer au patient la technique, les bénéfices attendus et les inconvénients potentiels en détail. Il ne s’agit pas de le convaincre à tout prix, mais d’obtenir un consentement serein. Force est de reconnaître que nous ne disposons pas d’arguments scientifiques de grande valeur, tels que les résultats d’études prospectives randomisées, qui sont considérés actuellement (pour l’instant…) comme le summum de la preuve scientifique. Mais ceci n’est pas particulier à la cœlioscopie. C ’est le cas de l’immense majorité des techniques chirurgicales (par exemple endopyélotomie contre pyéloplastie chirurgicale). Cela ne rend pas pour autant un traitement illégitime. Il faut donc s’appuyer sur son expérience personnelle afin d’évaluer au mieux les avantages et les inconvénients de la technique. Si un patient consulte pour une pathologie urologique à laquelle la laparoscopie est éventuellement applicable, les étapes de " sélection " sont les suivantes : 1. Recherche de contre-indications à la laparoscopie en général. En ce qui concerne la laparoscopie urologique, on peut considérer qu’il n’y a pas de contre-indication absolue à cette voie d’abord, pour autant que la patient soit par ailleurs opérable. Une insuffisance cardiaque congestive, une cardiopathie sévère, une insuffisance respiratoire importante doivent cependant faire peser tout particulièrement la balance bénéfice-risque pour le patient [2]. 2. Recherche de contre-indications spécifiques au geste envisagé, par exemple une lombotomie avant lomboscopie, ou encore des antécédents chirurgicaux intra -a bdominaux significatifs avant voie trans-péritonéale. Ces complications spécifiques seront détaillées intervention par intervention. 3. Information loyale du patient. Il s’agit là d’un point essentiel. L’analyse des cas ayant donné lieu à des suites judiciaires en matière de chirurgie cœlioscopique font clairement apparaître un 4. Evaluation de la balance bénéfice-risque“ pour chaque patient • Globalement, les bénéfices offerts par la laparoscopie en urologie sont d’ordre fonctionnel (douleur, mobilité, reprise de l’alimentation) et d’ordre cosmétique (réduction de la taille de l’agression cutanée). Ces bénéfices n’ont pas la même valeur pour tous les individus. De même leur valeur “sociale“ dépend des cas : une reprise précoce de l’activité professionnelle n’a que peu de sens pour un retraité…. En ce qui concerne les bénéfices " médicaux ", il n’y a pas actuellement de preuve que les résultats anatomiques ou carcinologiques d’une technique laparoscopique urologique soient supérieurs à ceux de l’intervention " classique " de référence. • Les risques dépendent beaucoup de l’entraînement 851 de l’opérateur. Les complications générales de la laparoscopie sont détaillées plus loin, ainsi que les risques spécifiques à chaque procédure. La plupart des articles consacrés au sujet rapportent une grande fréquence des complications en début d’expérience, le seuil au delà duquel les performances s’améliorent variant selon les auteurs de 10 à 50 procédures [1,3,4,6]. La balance bénéfice-risque pour le patient est donc variable au cours du temps. Les paramètres anatomiques jouent également un rôle déterminant (inflammations, adhérences) mais sont difficiles à prévoir [4]. REFERENCES C’est donc au cas par cas, et en considérant le triangle “malade-intervention-opérateur“ qu’il faudra déterminer si un patient a des chances raisonnables d’obtenir un plus grand bénéficie d’une intervention laparoscopique que d’une intervention “classique “. Il faudra ensuite lui en expliquer les raisons afin d’obtenir son consentement. 852 1. ERAKY I, EL-KAPPANY HA, GHONEIM M A. Laparoscopic nephrectomy : Mansoura experience with 106 cases. Br. J. Urol., 1995, 75, 271-275. 2. FREIERMUTH C, MARTY J. Anesthésie pour cœliochirurgie : sélection des patients avec un antécédent cardiovasulaire. in SCHOEFFLER P. ed, Anesthésie pour cœliochirurgie, Masson, Paris, 1993, pp 39-45. 3. GUAZZONI G, MONTORSI F, BOCCIARDI A, DA POZZO L, RIGATTI P, LANZI R, PONTIROLI A. Transperitoneal laparoscopic versus open adrenalectomy for benign hyperfunctioning adrenal tumors: a comparative study. J Urol 1995, 153, 1597-1600. 4. KEELEY FX, TOLLEY DA. A review of our first 100 cases of laparoscopic nephrectomy : defining risk factors for complications. Br. J. Urol. 1998, 82, 615-618. 5. ROUGE C, TUESCH JJ, CASA C, LUDES B, ARNAUD JP. Information du patient et obtention du consentement éclairé en chirurgie cœlioscopique. J Chir (Paris) 1997, 134, 340-344. 6. SEE WA, COOPER CS, FISHER RJ. Predictors of laparoscopic complications after formal training in laparoscopic surgery. JAMA 1993, 270, 2689-2692. 7. SOUTOUL JH, PIERRE F. Les risques médico-légaux de la cœlioscopie : Analyse de 32 dossiers de complications. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) 1988, 17, 439-451 . Chapitre II Cœlioscopie opératoire : éléments anesthésiologiques cœliochirurgie d’autant plus facilement que l’opérateur dispose d’un équipement vidéo de qualité et d’instruments performants. Les domaines particulièrement concernés sont : la chirurgie gynécologique ; la chirurgie digestive dans laquelle la cholécystectomie endoscopique est certainement l’indication la mieux validée, et la chirurgie urologique. PLAN I. EXAMEN PREANESTHESIQUE II. PRÉMÉDICATION III. INSTALLATION IV. INTUBATION OROTRACHEALE ET VENTILATION CONTROLEE D’autres indications séduisantes doivent encore être plus largement étudiées notamment en traumatologie, en chirurgie générale, ou en chirurgie cardiaque transdiaphragmatique. V. SONDE GASTRIQUE VI. LA VACUITÉ VÉSICALE La cœliochirurgie est proposée sur des terrains très divers comme la femme enceinte, le nourrisson et le jeune enfant, l’urgence, le sujet obèse. Les malades fragiles pour lesquels la laparotomie représente un risque important semblent constituer une catégorie susceptible de tirer un profit maximal des interventions peu invasives. Il en est ainsi de certains sujets cancéreux, de patients à fonction ventilatoire limite, de l’insuffisant rénal sous dialyse péritonéale continue ambulatoire, ou du transplanté rénal sous ciclosporine orale. Indépendamment de discussions sur le bien fondé de cette véritable explosion novatrice et de légitimes recommandations de prudence, le bénéfice apporté par la cœliochirurgie n’est pas admis unanimement pour toutes les indications publiées. VII. SURVEILLANCE MONITORAGE VIII. AGENTS ANESTHÉSIQUES IX. FIN DE LA COELIOSCOPIE X. SALLE DE SURVEILLANCE POST INTERVENTIONNELLE XI. PÉRIODE POSTOPÉRATOIRE XII. PERSPECTIVES Les progrès techniques en matière de cœlioscopie ont considérablement modifié les problèmes que ce type d’intervention pose à l’anesthésiste. La cœlioscopie diagnostique classique demeure une intervention fréquente. Elle tend à devenir un acte de chirurgie ambulatoire. L’essor de la chirurgie endoscopique, dont les avantages sont considérables, et la diffusion des méthodes de procréation médicalement assistée ont introduit les cœlioscopies de longue durée et les cœlioscopies itératives. L’expérience et la formation de l’opérateur sont déterminants dans l’importance des perturbations physiopathologiques et dans la fréquence des complications chirurgicales observées au décours des cœlioscopies. Le manque de recul, l’inhomogénéité des séries et le fait que toutes les complications ne sont pas publiées sont des facteurs de la grande variabilité des chiffres de la mortalité liée à la cœliochirurgie. Elle se situe en France entre 5,71 pour cent mille (QUERLEU et CHEVALIER; 17 521 cas de De nombreuses pathologies classiquement justiciables de laparotomie sont maintenant traitées par 853 1987 à 1991), et les 20 à 25 morts par an avancées par BOUQUET de la JOLINIERE pour les années 1990. Il ne persiste en définitive, que très peu de contreindications à la cœliochirurgie : urgence extrême, choc, emphysème bulleux et pneumothorax spontané récidivant, dérivation ventriculo-péritonéale ou péritonéo-ve ine use. Le dia gnostic préopératoire d’un cancer de la vésicule représente une contreindication à la cholécystectomie laparoscopique en raison des risques de métastases pariétales au niveau des points d’entrée des trocarts. L’anesthésie générale (AG) est la technique généralement mise en œuvre pour la pratique des cœliochirurgies. D’importantes séries de stérilisations tubaires cœlioscopiques ont été pratiquées sous anesthésie locale. L’anesthésie péridurale ou l’association rachianesthésie-péridurale ont également été proposées (bloc de T4 à S1). En revanche, pratiquer des endoscopies péritonéales sous sédation (péthidine 1,18 mg.kg-1 et diazepam 0,23 mg.kg-1 ) expose le patient à de profondes désaturations Ailleurs, l’appréciation individuelle du rapport bénéfice/risque aidée par l’avis du spécialiste concerné est préférable à une attitude dogmatique, à l’occasion trop limitante ou trop permissive. Le bon sens suggère une attitude particulièrement prudente en cas d’hypertension intracrânienne, de chirurgie ou traumatisme crânien récent, de glaucome aigu. Une surveillance adaptée autorise le plus souvent la cœlioscopie en cas de cardiopathie ou de pneumopathie et offre sur ces terrains les bénéfices d’une chirurgie peu invasive à mettre en balance avec le risque de décompensation. Chez l’insuffisant rénal, il faut tenir compte, lors de cette évaluation, de la baisse de perfusion rénale et de l’importante libération d’ADH induites par le pne umopé ritoine. L’association drépanocytose et insuffisance respiratoire a pu être responsable d’une hypoxémie sévère imposant la conversion en laparotomie. La communication inter-auriculaire est une circonstance aggravante d’une éventuelle embolie gazeuse en en favorisant le caractère paradoxal. L’hypertension portale et les troubles de la coagulation sont des facteurs de complications hémorragiques graves en cas de plaie vasculaire profonde ou pariétale. I. EXAMEN PREANESTHESIQUE Pratiqué à distance de l’acte endochirurgical, l’examen préanesthésique permet d’évaluer le patient et d’obtenir le consentement éclairé après explication «simple, approximative, intelligible et loyale», formalisée par un document signé. Il est fondamental d’avertir le patient de l’incidence élevée de la morbidité postopératoire mineure (douleurs, nausées, vomissements) surtout dans le cadre d’une chirurgie ambulatoire et de la possibilité de conversion en laparotomie. La cœlioscopie n’est jamais pratiquée en urgence extrême. Elle prend cependant une part grandissante dans le diagnostic et le traitement des urgences abdominales et pelviennes pour lesquelles la laparotomie ne s’impose pas d’emblée. Une stabilisation volémique et un bilan préopératoire standard peuvent être obtenus dans ces circonstances. L’évaluation pré-anesthésique permet d’éliminer une contre-indication à discuter avec le chirurgien. La femme enceinte représente un terrain pour lequel le recours à la cœlioscopie n’est pas réellement validé. Les séries sont peu nombreuses et les sociétés savantes peu prolixes. Seule la SAGES (société des chirurgiens gastro-entérologues américains) a proposé des recommandations de simple bon sens pour cette circonstance particulière. L’expérimentation animale suggère que la capnographie reflète mal le risque d’acidose au cours de la cœlioscopie en cours de la grossesse. La surveillance de la PaCO2 ou de la PCO2 transcutanée serait préférable. L’obésité ne semble plus devoir être retenue dans ce cadre mais représente un facteur de difficultés techniques. L’insertion trans-utérine de l’aiguille d’insufflation peut être une alternative chez la femme à condition d’en respecter les contre-indications notamment les inflammations pelviennes et la probabilité d’adhérences entre le fond utérin et l’intestin. L’ascite n’interdit pas la cœlioscopie. L’opérateur apprécie cas par cas les antécédents chirurgicaux abdominaux qui ne limitent pas souvent la réalisation du geste. Les conditions liées au matériel sont déterminantes dans le succès et la sécurité de la coeliochirurgie ; elles doivent être vérifiées avant l’intervention. 854 II. PRÉMÉDICATION IV. INTUBATION OROTRACHEALE ET VENTILATION CONTROLEE Indépendamment d’un tranquillisant, un antagoniste des récepteurs histaminiques H2 est justifiée pour certains par le risque de régurgitation per-opératoire. La clonidine intramusculaire (3 à 4,5 mcg.kg-1 , 45 à 60 minutes avant la cœlioscopie) permet de limiter les variations hémodynamiques et l’augmentation du taux de bêta endorphine en réponse à l’intubation et aux stimuli chirurgicaux. Ce type de prémédication peut être responsable d’hypotensions et de bradycardies et doit être réservée aux sujets ASA 1. L’intubation est généralement considérée comme indispensable pour les actes de cœliochirurgie mais des cœlioscopies très brèves pourraient être pratiquées au masque chez le sujet ASA 1. Si l’on considère les complications de la cœlioscopie, on constate en fait, que plus de la moitié des décès anesthésiques sont en rapport avec une hypoventilation. Cette hypoventilation est, en règle, prévenue par l’intubation et la ventilation contrôlée. L’intubation est également justifiée par le risque de régurgitation lié à l’augmentation de pression intra-abdominale et à la posture. Le masque laryngé a été l’objet d’évaluations au cours de la cœlioscopie. Cependant, de nombreux cas de vomissements ou régurgitations ont été rapportés lors d’anesthésies au masque laryngé chez des sujets à jeun notamment au cours de stérilisations tubaires réglées. Une étude au bleu de méthylène suggère même que le masque laryngé serait susceptible de favoriser les régurgitations. Le pneumopéritoine, même pour des pressions modérées, de l’ordre de 14 mmHg, provoque une stase veineuse objectivée au cours de cholécystectomies laparoscopiques et la maladie thromboembolique fait partie des causes de mort après ce type d’opération. Ces éléments justifient la contention élastique des membres inférieurs et la prévention de la maladie thromboembolique par une héparine de bas poids moléculaire. Une antibioprophylaxie est éventuellement pratiquée selon le consensus établi pour l’indication chirurgicale. La bonne position de la sonde d’intubation doit être vérifiée après chaque change ment de position notamment lors du passage en Trendelenburg qui peut entraîner une intubation sélective. L’intubation sélective de la bronche souche droite est également possible sous le seul effet d’un pneumopéritoine de pression modérée (15 mmHg.) et malgré une position proclive de 30°. III. INSTALLATION Le patient est installé en décubitus dorsal en tenant compte du type d’intervention, des habitudes du chirurgien et de l’éventualité d’une conversion en laparotomie. L’un ou les deux membres supérieurs, retenus dans le pli d’un champ, sont placés le long du corps pour livrer un accès optimal à l’opérateur. La voie veineuse et le brassard du tensiomètre sont placés du côté éventuellement maintenu en abduction. La position gynécologique est rarement nécessaire et l’écartement des membres inférieurs suffit le plus souvent. La ventilation contrôlée est actuellement considérée comme de règle lors des cœliochirurgies. La capnographie permet l’ajustement de la ventilation minute lorsque PETCO2 augmente en raison de l’absorption systémique de CO2 à partir du pneumopéritoine (de l’ordre de 40 ml.min- 1 ), de l’effet espace mort et de la baisse du débit cardiaque induits par la technique. En cas d’emphysème sous-cutané ou d’insufflation extra-péritonéale, la résorption systémique de CO2 peut être massive, responsable d’augmentations considérables de la PETCO2 . Durant la cœlioscopie, l’augmentation de la pression intra-péritonéale et de la pression intra-thoracique sont responsables d’une chute de l’index cardiaque de l’ordre de 30%. La cœlioscopie en ventilation spontanée (patients intubés sous leptocurare) s’accompagne volontiers d’hypercapnie, d’acidose gazeuse et parfois d’hypoxie par effet shunt. L’emploi des épaulières impose le contrôle strict de leur placement en regard des apophyses coracoïdes pour éviter les compressions vasculaires et nerveuses. Dans le cas de patients obèses soumis à une position proclive marquée et/ou prolongée, il est souhaitable de disposer d’un appui plantaire pour prévenir les compression jambières au niveau des sangles. 855 dans le 4ème espace intercostal) ou œsophagien permet de dépister tôt une embolie gazeuse par le classique bruit de rouet. Il s’agit d’une méthode de surveillance simple, peu onéreuse, non invasive, considérée comme la plus sensible et indispensable pour certains. V. SONDE GASTRIQUE La mise en place d’une sonde nasogastrique, après l’intubation et avant l’introduction de l’aiguille d’insufflation, permet d’éliminer une distension gastrique provoquée par la ventilation au masque. L’air insufflé dans l’estomac au cours de cette ventilation au masque précédant l’intubation, migre vers les anses intestinales dont il provoque la dilatation lors de l’administration de protoxyde d’azote. Indépendamment d’une gêne pour l’opérateur, la distension gastrique favorise les accidents de ponction de l’estomac; cette complication est relativement fréquente (3 des 15 accidents relevés dans l’étude prospective de Lüscher portant sur 18 186 cœlioscopies). La vidange gastrique par sonde n’est pas une mesure fiable de prévention des nausées et vomissements post opératoires (NVPO.). Si elle est de volume suffisant, l’embolie gazeuse se manifeste par l’association variable de troubles du rythme, d’une cyanose, d’une turgescence jugulaire et d’un collapsus. Le traitement se fonde sur l’administration d’oxygène pur (arrêt du N2O), l’exsufflation immédiate du pneumopéritoine, la posture déclive marquée en dévers latéral gauche tandis que l’on tente d’aspirer de la mousse par un cathéter veineux central. Les mesures aspécifiques de suppléance et de relance d’un arrêt circulatoire seront entreprises si nécessaire. L’embolie gazeuse survient classiquement au moment de l’insufflation initiale de CO2 en cas de malposition vasculaire de l’aiguille. Elle peut également se produire en cours de cœliochirurgie si des veines ont été ouvertes et que la pression y est inférieure à celle du pneumopéritoine ou si des tissus sont rendus très perméables au CO2 par une inflammation. Elle peut enfin se révéler à l’ex- VI. LA VACUITÉ VÉSICALE Elle est obtenue par miction avant une cœlioscopie brève (diagnostique, stérilisation tubaire). Pour les cœlioscopies opératoires une sonde est mise en place et retirée immédiatement après l’intervention. Cette sonde permet la réalisation d’une épreuve au bleu en cas de doute sur l’intégrité de la vessie. Lorsque le sondage est évitable, une réduction significative des infections urinaires post-cœlioscopiques est observée. sufflation si du CO2 est resté piégé dans la circulation veineuse en amont de la compression exercée par le pneumopéritoine. Le pronostic de l’embolie gazeuse dépend de la solubilité du gaz impliqué (ce qui justifie l’emploi du CO2) et de l’arrêt immédiat de sa source qui dépend d’un diagnostic instantané. La pollution du CO2 péritonéal par du N2 O pourrait représenter un facteur aggravant. Chez le sujet ventilé par un mélange comprenant 66% de N2O, il a été montré que des taux intra-péritonéaux de l’ordre de 30% de ce gaz sont retrouvés en moins d’une heure si aucune fuite ne se produit durant cette période. L’insertion directe du trocart, avant la création du pneumopéritoine pourrait réduire le risque d’embolie gazeuse à l’insufflation. Elle a été préconisée pour le sujet obèse, en cas de hernie hiatale ou d’antécédents de laparotomie. La pression intra péritonéale ne doit pas dépasser 20 cmH2O c’est-à-dire environ 14 mmHg et se situe usuellement entre 12 et 18 cmH2O. L’appareil d’insufflation doit être fiable, régulièrement contrôlé, muni d’un dispositif de sécurité et d’une alarme de surpression. La posture est également surveillée tout au long de l’intervention. VII. SURVEILLANCE MONITORAGE La surveillance de l’anesthésie générale pour cœlioscopie est fondée avant tout sur la présence et l’attention constantes de l’anesthésiste. Elle est optimisée par la capnographie et l’oxymétrie de pouls. La surveillance clinique est celle de toute anesthésie générale. De même le monitorage cardiaque, la surveillance de la pression artérielle et de la température, n’ont rien de spécifique. Une baisse du voltage du tracé ECG traduisant une isolation électrique du cœur peut révéler un pneumomédiastin associé ou non à un emphysème sous cutané thoracique et cervical. Le stéthoscope précordial (bord sternal gauche 856 Il importe de disposer de techniques de surveillance capables de déceler le plus tôt possible les perturbations de la fonction circulatoire et/ou respiratoire autrefois responsables d’une proportion importante des complications (53 des 194 accidents retrouvés par Mintz sur une série de 100 000 cœlioscopies). Cette surveillance est d’autant plus précise et invasive que les réserves fonctionnelles du patient sont faibles. Les répercussions physiopathologiques du pneumopéritoine sont mieux comprises. Sur le plan cardiocirculatoire elles sont essentiellement marquées par une baisse du retour veineux au cœur droit, une chute de 20 à 40% de l’index cardiaque et une augmentation paradoxale de la pression artérielle systémique en relation surtout avec une réponse ADH importante, à la distension du péritoine. Ces perturbations, bien tolérées chez le sujet sain, doivent être évaluées et contrôlées avec précision chez le porteur d’une pathologie préexistante. Un stimulateur de nerfs est indispensable pour affirmer la levée du bloc des pachycurares, mais également pour suivre précisément le degré du bloc induit, et ce notamment en raison de la très grande variabilité interindividuelle de la réponse à ces agents. La surveillance de la température en salle d’opération et en salle de réveil est souhaitable pour toutes les cœliochirurgies prolongées, surtout lorsque sont pratiqués d’abondants rinçages de la cavité péritonéale. Une hypothermie (température cutanée inférieure à 34°C ou température pharyngée inférieure à 35°C) est observée dans 6,2% des cholécystectomies laparoscopiques. Elle peut être limitée par une installation isolante du patient et le conditionnement des liquides et des gaz. Il semble que le réchauffement du CO2 sec soit inutile tandis que son humidification permet de prévenir l’hypothermie. Réchauffer le CO2 humidifié ne procure aucun bénéfice additionnel. La capnographie permet d’adapter les paramètres ventilatoires de manière à maintenir la PaCO2 dans des limites physiologiques. Elle favorise le diagnostic précoce des embolies gazeuses et améliore ainsi leur pronostic. Une chute abrupte de PETCO2 correspondant à la réalisation brutale d’un espace mort révèle les embolies sévères. Des passages systémiques de CO2 plus lents et moins volumineux peuvent se traduire par une augmentation franche de la PETCO2. L’oxymétrie continue permet de dépister rapidement une tendance à la désaturation en oxygène, d’adapter la FiO2, les paramètres ventilatoires, de limiter les perturbations causales et d’indiquer en cas de persistance, la conversion en laparotomie. Des pneumothorax au CO2 ont été décrits au cours de la cœlioscopie (lors d’interventions de Nissen par exemple, ou sans cause apparente). Une chute rapide de la SaO2 révèle précocement cet accident et permet sa correction avant l’apparition de signes de gravité. Lorsque l’aspiration du pneumothorax est nécessaire, l’identification du CO2 à l’aide du capnographe confirme le diagnostic. Le doppler précordial est extrêmement sensible dans la détection des embolies gazeuses mais la rareté de ces accidents et le manque de spécificité dans la détection de ceux qui sont cliniquement significatifs, expliquent vraisemblablement la faible diffusion de cette méthode de surveillance en cours de cœlioscopie. VIII. AGENTS ANESTHÉSIQUES La qualité des molécules actuellement à notre disposition et la grande variété des combinaisons décrites ne permettent pas de définir un protocole univoque d’anesthésie générale pour cœlioscopie. Certaines associations connues pour prédisposer aux hypertonies vagales sont potentiellement dangereuses dans le contexte réflexogène de la cœlioscopie. Elles ne doivent être mises en œuvre que sous couvert d’une imprégnation parasympathicolytique efficace. Il s’agit notamment de l’association étomidate - vécuronium - fentanyl, de l’association propofol - succinylcholine et vraisemblablement des combinaisons différentes de ces drogues. IX. FIN DE LA COELIOSCOPIE Après l’a cte endoscopique, le c hirurgien peut contrôler l’intégrité vésicale à l’aide d’une solution colorée. En cas de fuite intra péritonéale, la réparation de la brèche peut être effectuée immédiatement par laparotomie ou par suture endoscopique. La stabilité hémodynamique n’est pas restaurée dès l’exsufflation et le retour à l’horizontale. 857 L’exsufflation du pneumopéritoine est un moment crucial, marqué par un afflux brutal de sang riche en métabolites vers la circulation centrale (effet de levée de garrot sur la circulation cave inférieure) réalisant un véritable embole acide. Une embolie gazeuse peut également se révéler à cet instant. XI. PÉRIODE POSTOPÉRATOIRE 1. CŒLIOSCOPIES AMBULATOIRES La revue de Collins sur l’évolution postopératoire après cœlioscopie ambulatoire souligne une morbidité élevée souvent mal prise en compte en raison du caractère non vital des troubles. Les plaintes concernent surtout les nausées et vomissements, les douleurs abdominales ou myalgies diffuses, les céphalées, les diplopies, les irritations de gorge, l’asthénie. Les NVPO et les douleurs culminent volontiers après 24 heures et persistent souvent plus de 48 heures. La cœlioscopie est l’intervention de chirurgie ambulatoire qui entraîne le plus de ré-hospitalisations imprévues. L’ensemble de ces constatations souligne l’importance d’une information préopératoire objective et l’intérêt de l’alternative consistant à admettre les patients le matin de la cœlioscopie et à les garder hospitalisées la première nuit. Le retour à la position horizontale est progressif pour assurer graduellement une reperfusion homogène et prévenir les hypotensions sévères. La ventilation en oxygène pur est maintenue jusqu’au réveil complet et l’extubation est toujours précédée d’une aspiration pharyngée soigneuse et d’un contrôle de la fonction neuromusculaire. X. SALLE DE SURVEILLANCE POST INTERVENTIONNELLE Il est indispensable que la surveillance, l’oxygénothérapie et éventuellement le réchauffement soient poursuivis en salle de surveillance post interventionnelle (SSPI). L’incidence élevée (36 à 77 %) des NVPO et leur sévérité après la cœlioscopie sont bien documentées. Le risque de nausées et de vomissements est multiplié par 4 au décours des cœlioscopies pratiquées au moment des règles. Les antécédents de NVPO et/ou de mal des transports sont d’autres facteurs prédisposants. Les antagonistes des récepteurs 3 à la sérotonine (5HT3 ) (ondansetron, granisetron, tropisetron, dolasetron) ont fait la preuve de leur efficacité dans cette indication. Ils ont obtenu l’AMM pour le traitement des NVPO constitués mais leur administration prophylactique ne semble pas justifiée.Tout symptôme digestif persistant ou d’apparition différée doit faire éliminer une perforation méconnue. La période postopératoire peut être marquée par une hypercapnie avec acidose mixte. La PaCO2 peut s’accroître considérablement du fait de la résorption différée de CO2 persistant dans le péritoine ou passé en milieu extra péritonéal (0,02 à 1,2 % des cœlioscopies). Ce phénomène ne doit pas être aggravé par une dépression ventilatoire résultant de l’effet résiduel de l’anesthésie. La surveillance capnométrique est donc souhaitable en salle de réveil puisque des valeurs moyennes de FECO2 de 50 torr sont relevées durant 15 à 65 minutes chez 1/3 des patientes ayant subi un pneumopéritoine de plus d’une heure. 2. DOULEURS POSTOPÉRATOIRES Un choc hypovolémique peut s’installer progressivement en SSPI et révéler une plaie vasculaire. En général peu sévère, la douleur postopératoire est plus en rapport avec une irritation du péritoine diaphragmatique qu’avec l’incision ou le point de pénétration des trocarts. L’exsufflation demeure toujours incomplète et la persistance du C02 est responsable des classiques scapulalgies post cœlioscopie. Malgré sa solubilité élevée, le C02 peut rester visible à la radiographie de l’abdomen au-delà du 3ème jour. La douleur est souvent maximale le 2ème jour lors de la reprise d’activité. En fin de cœliochirurgie, l’admi- Des cas de pneumothorax au CO2 associés ou non à un emphysème sous-cutané se démasquant durant la période postopératoire ont été rapportés. Ces pneumothorax sont le plus souvent spontanément résolutifs en quelques heures et n’imposent pas toujours le drainage d’emblée. Leur surveillance et l’oxygénothérapie sont en revanche indispensables. La même attitude vaut pour un éventuel pneumopéricarde. 858 nistration intra-péritonéale de 20 ml de lidocaïne 0,5 % associée à l’infiltration des incisions cutanées par de la bupivacaïne 0,5 % (5 ml au total) est une méthode de prévention efficace. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ont été largement étudiés dans la prévention et le traitement de la douleur post-cœlioscopie, avec des résultats contradictoires. dans la compréhension des répercussions physiopathologiques de la cœliochirurgie. Les instruments et les dispositifs optiques ont également été considérablement perfectionnés. La conception de l’insufflation n’a, en revanche, pas évolué de manière significative. Or de nombreuses améliorations pourraient rapidement être mises en œuvre. Quelques exemples concernent l’humidification du CO2 insufflé, l’administration de médicaments par voie péritonéale, l’organisation de l’exsufflation avec analyse de la composition gazeuse du pneumopéritoine et renouvellement contrôlé par du CO2 pur, le dépistage des perforations digestives inadvertantes par détection de gaz intestinaux. L’insufflateur idéal pourrait dans l’avenir se rapprocher d’un appareil de ventilation artificielle, possédant une branche d’insufflation et une branche d’exsufflation, munies de contrôles de pression, de débit, de température et de composition des gaz. Des complications graves sont possibles après cœliochirurgie et imposent une interprétation attentive de tout symptôme d’appel durant la période postopératoire. La continuité du suivi est assurée par un transfert d’information efficace au médecin traitant lorsque le patient quitte l’hôpital. Les deux complications les plus fréquentes sont les plaies vasculaires et la perforation d’organes creux. L’infection est rare après cholécystectomie laparoscopique. Elle peut résulter de l’emploi de spray anti-buée contaminé qu’il faut proscrire au profit du Mercryl laurylé®. Certaines complications sont plus exceptionnelles comme le pneumothorax au CO2 , une hémorragie rétinienne responsable d’une perte transitoire de la vue, ou la cholelithoptysie de calculs égarés dans le péritoine. Après chirurgie coelioscopique il convient de poursuivre une prévention adaptée de la maladie thromboembolique. Le lecteur intéressé pourra trouver la bibliographie de ce texte dans le chapitre: Anesthésie généra le pour cœlioscopie. P. Diemunsc h, in Anesthésie pour cœliochirurgie, Schoeffler, Masson, Paris 1993, pp 66-85. XII. PERSPECTIVES Au cours des cinq dernières années, la communauté chirurgicale a produit un extraordinaire effort d’enseignement ayant abouti à une large diffusion des techniques opératoire s endoscopiques. Simultanément, des progrès significatifs ont été accomplis Autres références générales : The pa thophysiology of pneumope ritoneum . Rosentha l, Friedman and Phillips, Springer Verlag, Berlin 1998. Anesthesia for laparoscopic surgery. Jean L. Joris. in Anesthesia, Miller, 5th 859 860 Chapitre III Le matériel spécifique variable : 0°, 5°, 30° et 70°. Les deux premiers modèles sont les plus employés. PLAN I. LA CHAINE VIDÉO c) La caméra est indispensable au confort des opé rateurs et à la sécurité des patients. Elle peut être stérilisée par immersion, mais il est recommandé pour un usage régulier d’employer plutôt une housse stérile. Il est primordial (et difficile) d’éliminer la buée entre optique et caméra. On peut placer une compresse non tissée dans la housse, de façon à pouvoir à travers celle-ci essuyer les lentilles en cours d’intervention. D‘autre part il est essentiel de disposer la caméra à la verticale, c’est à dire donnant une image correctement orientée dans l’espace. Enfin la caméra dispose d’une molette permettant la mise au point de l’image. II. L’INSUFFLATEUR III. LES TROCARTS IV. QUE CHOISIR ? La chirurgie laparoscopique nécessite un équipement complexe et spécifique. Cependant une partie de celui-ci est commune avec l’équipement d’endoscopie endo-luminale. I. LA CHAINE VIDÉO L’unité électronique qui traite l’image en provenance du capteur permet d’équilibrer les couleurs et la luminosité en début d’intervention (balance du blanc). Elle est constituée par une source de lumière, une optique, une caméra, un ou des moniteurs et éventuellement un enregistreur. a) La source de lumière doit être puissante (350 à 500 Watts) et munie d’une lampe au xenon, au mercure ou halogène. L’intensité lumineuse est bien entendu réglable, manuellement et souvent par un système automatique couplé à la caméra. Une lampe de rechange doit être en permanence disponible. La lumière est conduite jusqu’à l’optique par un cable constitué de fibres optiques muni des raccords mécaniques spécifiques de la source et de l’optique. L’état des fibres doit être vérifié régulièrement par inspection visuelle de l’extrémité distale, les parties sombres de la section distale correspondant à des fibres endommagées dans le faisceau. d) Le moniteur est le dernier maillon de cette“ chaine de la vision“. Il est important de disposer d’un appareil de bonne dimension et de bonne qualité, limitant les distorsions inévitables dans la restitution de l’image. Certaines interventions requièrent l’utilisation de deux moniteurs, afin que tous les participants à l’intervention aient une bonne vision du champ opératoire. e) L’enregistreur vidéo permet la réalisation de films d’enseignement, ou éventuellement de revoir des procédures afin d’en analyser les qualités et les défauts. Idéalement ils doivent être munis d’une télécommande et leur fonctionnement ne doit pas interférer avec celui des moniteurs. Il convient donc d’être particulièrement attentif lors des branchements des différents appareils en sortie de caméra ou de moniteur. b) L’optique est disponible en différents diamètres. Le plus couramment utilisé est 10 mm. La résolution et la clarté de l’image sont d’autant plus grandes que le diamètre de l’optique est important. De même l’angle de vision par rapport à l’axe de l’appareil est 861 techniques recontrés lors de cette chirurgie " à haut niveau de technologie ". II. L’INSUFFLATEUR Le choix est difficile étant donné la multiplicité des références. Lors du choix entre usage unique et réutilisable, on doit prendre en compte de multiples paramètres résumés sur le tableau II. L’insufflateur permet l’introduction du dioxyde de carbone dans l’espace de travail laparoscopique à flux et à pression contrôlés. Après détente du gaz contenu dans la bouteille, ces paramètres sont contrôlés électroniquement. L’insufflateur est muni de cadrans qui indiquent : b) Certains trocarts offrent des caractéristiques particulières : - trocarts avec mandrin à pointe transparente, dans lequel on peut placer l’optique, permettent une traversée " à vue " de la paroi. - la pression intra-abdominale en mm de mercure - le flux de CO2 en litres/minute - le volume total insufflé en litres - trocarts munis de ballonnet de dilatation, permettant la création d’un espace de travail avant l’insufflation, utilisés par certains pour la laparoscopie rétropéritonéale. - la quantité de gaz restant dans la bouteille L’élément essentiel de l’insufflateur est le régulateur d’insufflation, qui arrête celle-ci dès que la pression intra-abdominale atteint un seuil pré-déterminé et réglable. Celui-ci se situe selon les chirurgiens et selon les procédures entre 10 et 15 mm Hg. Par ailleurs la vitesse d’insufflation est réglable, soit de manière continue, soit par palliers, généralement entre 0,5 et 10 L/mn. - trocarts pour abord par mini-laparotomie, muni d’un ballonnet intra-péritonéal destiné à assurer l’étanchéïté du pneumo-péritoine (Hasson). c) L’aiguille de Palmer (Veress) Cette aiguille, disponible en matériel réutilisable comme en matériel à usage unique, permet la ponction de la cavité abdominale. Elle est munie d’une gaine mousse protégeant son extrémité pointue. Lors de la traversée des tissus, la gaine est rétractée et laisse apparaître la pointe, mais dès que celle-ci est en péritoine libre, un ressort ramène la gaine en place et rend ainsi l’aiguille mousse. Un témoin sur la poignée de l’aiguille indique la position de la gaine. Ce système ne protège en rien les viscères qui adhèrent à la paroi, car dans ce cas la gaine ne peut revenir en position de sécurité. III. LES TROCARTS a) Les trocarts sont aujourd’hui disponibles sous de multiples formes. Ils sont soit réutilisables, soit à usage unique, soit encore mixtes, certaines pièces (notamment les valves) devant être changées à chaque intervention. Ils sont métalliques, en bakélite, ou en matière plastique, et disponibles par gammes de diamètre différent, généralement de 5 à 15 mm, mais des trocarts de 2 mm sont maintenant disponibles. Certaines gammes offrent une grande modularité concernant les systèmes de valve (caoutchouc, billes, clapets), la présence ou non d’un robinet d’insufflation, l’aspect du corps du trocart (lisse ou fileté) ou encore le mandrin adaptable (mandrin de sécurité, mandrin acéré ou mousse). Afin de permettre l’utilisation d’instruments de 5 mm de diamètre dans des trocarts de diamètre supérieur, différents types de réducteurs sont disponibles. IV. LES INSTRUMENTS Il existe actuellement une profusion d’instruments destinés à la chirurgie laparoscopique. Plutôt que de dresser un catalogue de ce matériel, nous examinerons les caractéristiques morphologiques des instruments. 1. TYPOLOGIE Les trocarts métalliques peuvent poser le problème de la conduction du courant électrique, ou celui, lors de la présence de conducteurs séparés par un isolant, des phénomènes de résistance capacitive. Il faut néanmoins reconnaître que ces problèmes sont de fréquence faible en regard des autres problèmes • Les poignées sont de type variable, notamment défini par l’angle de la poignée par rapport avec l’axe de l’instrument qui varie de 90° (poignée classique, ou “pistolet“) à 0° (poignée dans l’axe) (Figure 1). De même, les poignées peuvent être à 862 œilletons, à ressort, ou encore de type “micro-chirurgical“ (Figure 2), munies ou non d’une crémaillère de blocage. gréables, contrairement aux instruments mats. La majeure partie des instruments permettent une rotation des mors dans l’axe du corps, généralement au moyen d’une mole tte. Cette caractéristique est essentielle pour les ciseaux et les pinces. • Les lames ou les mors peuvent être à simple ou à double action (Figure 3), et plus ou moins angulés par rapport à l’axe de l’appareil, dans le plan de coupe ou dans le plan perpendiculaire à ce dernier. • Certaines gammes proposent des systèmes modulables, avec poignées interchangeables permettant la construction extemporanée d’instruments adaptés. • Le corps des instruments est de diamètre variable, essentiellement 5 et 10 mm, mais également 12 ou 15 mm pour certains. Il peut être métallique ou recouvert d’un matériau d’isolation électrique (dont il faut surveiller l’état pour les instruments réutilisables), et il peut être muni de canaux d’irrigation ou de nettoyage. La couleur n’est pas indifférente, les corps métalliques étant responsable de reflets désa- • Enfin, les instruments peuvent être réutilisables, à usage unique, à usage unique rechargeables ou mixtes (une partie réutilisable et une partie à usage unique). 2. INSTRUMENTS DISPONIBLES Ils sont résumés sur le tableau I Tableau 1 : Instruments pour chirurgie laparoscopique COUPER PRENDRE SUTURER CISEAUX - droits, courbes, à corps angulable - mousses ou pointus, en serpette BISTOURI - à lame fixe ou rétractable CROCHETS - pour électro-dissection - monopolaire PINCES - avec ou sans dents - fenêtrées ou pleines - permettant ou non la coagulation DISSECTEURS - droits, courbes, angulés POR TE -AIGUILLES POUSSE -NOEUDS “ MACHINE MANIPULER COAGULER - fixes ou articulés À COUDRE “ PALPATEURS - droits ou articulés ÉCARTEURS - en éventail, en losange - gainés ou non PINCES À COAGULER mono ou bipolaire BISTOURIS À ULTRA-SONS BISTOURI À FLUX D’ARGON CLIPER PINCES À CLIPS - à un coup ou à chargeur AGRAFEUSES LINÉAIRES COUPANTES - avec mors de 30 ou de 60 mm ASPIRER-LAVER ASPIRATEURS - IRRIGATEURS avec ou sans pompe combinés avec un crochet DIVERS SACS À EXTRACTION - épuisette ou souples SONDES ÉCHOGRAPHIQUES BRAS MÉCANIQUES 863 - à télécommande vocale A B Figure 1a, b : différents types de poignées Figure 2 : poignée axiale, type " micro-chirurgie " Figure 3 : mors simple ou double action 864 Le deuxième temps est celui de la constitution d’une boîte. Il faut en règle générale ne pas espérer le salut dans la pléthore de matériel, ni dans sa sophistication. Il faut pouvoir essayer le matériel au préalable. De même que pour la chirurgie “incisionnelle“ les habitudes d’équipement de chacun varient beaucoup, il est impossible de suggérer ici la boîte idéale. Celle-ci sera pour chacun le résultat de la réflexion et de l’expérience IV. QUE CHOISIR ? Au moment de s’équiper, l’opérateur se trouve donc devant un choix pléthorique. Le contexte d’exercice est important: matériel partagé avec d’autres spécialités ou non, volume annuel d’activité laparoscopique, disponibilité du personnel de salle de stérilisation. Le premier axe de réflexion concerne le choix entre matériel à usage unique ou réutilisable. Une partie des paramètres à prendre en compte lors de cette réflexion est résumée sur le tableau II. Tableau 2 : comparaison entre matériel à usage unique et matériel réutilisable Aspect financier Aspect technique Charge de travail “d’entretien“ USAGE UNIQUE RÉUTILISABLE Frais Investissement Dépense proportionnelle à l’activité Dépense “une fois pour toutes“ Performances optimales (pointes affutées, protections mécaniques) entretien nécessaire (affutage) Mandrin souvent non protégé Nulle Démontage-remontage Nettoyage Stérilisation Evolutivité dans le temps Optimale Réduite Conditions d’utilisation les plus appropriées Occasionnelle Régulière 865 866 Chapitre IV Les espaces de la chirurgie laparoscopique 1. DESCRIPTION DE LA LOGE RENALE EN A. L’ESPACE RÉTROPÉRITONÉAL LOMBOSCOPIE L’espace rétropéritonéal est habituellement abordé par dissection digitale au sommet de l’espace de Grynfelt (quadrilatère lombal) compris entre la masse musculaire sacro-lombaire et le muscle oblique interne. A ce niveau, le doigt introduit dans l’espace para-rénal postérieur traverse successivement le muscle grand dorsal qui recouvre le quadrilatère de Grynfelt puis l’aponévrose du muscle transverse le muscle carré des lombes et enfin le fascia parietalis. Cette manoeuvre permet d’amorcer la mobilisation de la loge rénale en séparant progressivement le fascia pariétalis du fascia périrénal postérieur (fascia de Zuckerkandl) e t du péritoine. Médialement le fascia pariétalis recouvrant la face profonde des muscles de la paroi abdominale et du muscle carré des lombes se poursuit avec le fascia iliaca recouvrant le muscle psoas. En avant du psoas et au niveau des loges rénales, les fascias iliaca et périrénal postérieur sont fusionnés, fermant ainsi la loge rénale en arrière et en dedans. Le psoas représente donc la limite interne du décollement possible au doigt de la loge rénale. Latéralement le décollement de la loge rénale est poursuivit entre le fascia pariétalis et le fascia latéroconal faisant suite à la fusion des fascia périrénaux antérieurs et postérieur. La limite externe du fascia latéroconal n’est pas toujours clairement identifiable lors d’une dissection mais le décollement digital du fascia latéroconal en prenant appui sur le fascia pariétalis permet de rester dans l’espaces pararénal postérieur sans perforer le péritoine. PLAN I. LA LOGE RENALE EN LAPAROSCOPIE RETROPERITONEALE II. LA CHIRURGIE I. LA LOGE RENALE EN LAPAROSCOPIE RETROPERITONEALE INTRODUCTION La chirurgie laparoscopique a connu un essor considérable au cours des dix dernières années si bien qu’elle permet désormais d’aborder la région rétropéritonéale pour réaliser la plupart des interventions sur le haut appareil urinaire. Cette technique, qui peut être réalisée par voie transpéritonéale ou rétropéritonéale nécessite un apprentissage spécifique. L’une des principales difficultés rencontrées par voie rétropéritonéale est la reconnaissance des espaces de décollement rétropéritoneaux et des éléments vasculaires du pédicule rénal, car leur angle d’approche est radicalement modifié. La vision du pédicule rénal est très différente de celle qu’offrent les schémas anatomiques classiques et ceci oblige l’opérateur à acquérir de nouveaux repères. Une description préalable de la loge rénale et de ses constituants tels qu’ils sont abordés lors d’une laparoscopie rétropéritonéale est donc nécessaire pour l’apprentissage de cette technique. La loge rénale est fermée caudalement par la réunion des fascias périrénaux antérieur (Gerota) et postérieur (Zuckerkandl). Ceux-ci forment une touffe 867 graisseuse dont la libération ne présente pas de difficultés particulières. iliaca avant de l’ouvrir pour aborder le pédicule rénal. Au cours d’une néphrectomie simple, une large ouverture longitudinale de la partie interne du fascia de Zuckerkandl permet habituellement de découvrir l’uretère et les vaisseaux gonadiques situés à l’intérieur même de la loge rénale [10]. L’abord laparoscopique du rétropéritoine peut se faire par voie lomboscopique ou par voie transpéritonéale, le choix entre les deux techniques étant une affaire d’école. Le principal reproche fait à la lomboscopie est l’étroitesse du champ visuel. Dans notre expérience, le décollement digital de la loge rénale dans le plan de clivage avasculaire compris entre le fascia de Zuckerkandl et le fascia parietalis, et l’installation du patient en lombotomie refoulant vers l’avant le contenu de la cavité abdominale ont toujours permis d’avoir un abord satisfaisant du rétropéritoine. D’autre part, la dissection digitale initiale en traversant la paroi lombaire postérieure en arrière de la ligne axillaire postérieure permet d’éviter une effraction du péritoine car la ligne de réflexion péritonéale est toujours située en avant de la ligne axillaire postérieure [1]. En dehors du rein, le fascia latéroconal est un repère constant qui sépare l’espace para-rénal postérieur de l’espace para-rénal antérieur et protège les organes digestifs rétropéritoneaux (duodénum, pancréas et colon). Il s’insinue entre le colon et le rein au moment de l’insufflation de l’espace para-rénal postérieur [11]. Pour effectuer une néphrectomie élargie, il est nécessaire de l’effondrer pour aborder l’espace para-rénal antérieur. En raison de la faible épaisseur habituelle de cet espace, le risque de rentrer dans la grande cavité péritonéale à ce moment est important. Une dissection minutieuse et l’utilisation éventuelle d’une coagulation monopolaire permettent de rester dans l’espace para-rénal antérieur et d’éviter d’ouvrir le péritoine. Plusieurs techniques de décollement de l’espace para-rénal postérieur ont été proposées [2,3]. Le ballonnet de dissection introduit par Gaur en 1992 [2] est l’une des plus répandue mais cette dissection se fait à l’aveugle et apprécie mal les limites internes et externes du décollement entre les fascias parietalis et de Zuckerkandl dont la fusion peut se faire à un niveau variable entre le muscle carré des lombes et le muscle psoas [6,7]. Un mauvais placement du ballon peut être à l’origine d’une rupture et de lésions tissulaires [13]. Elle est d’autre part insuffisante à libérer des adhérences secondaires à une intervention précédente ou une inflammation locale et rallonge la durée de l’intervention [5]. La palpation du muscle psoas lors du décollement initial permet de le repérer avec sécurité et de s’assurer qu’on est dans le bon plan de clivage. L’identification du muscle psoas est donc le premier temps fondamental de l’intervention, permettant par la suite d’aborder avec sécurité le pédicule rénal qui est situé immédiatement en regard. Au delà du bord externe du psoas, le choix est donné à l’opérateur d’entrer dans la loge rénale en passant en avant du fascia iliaca pour aborder le pédicule rénal dans la graisse péri-hilaire ou bien de poursuivre à l’aide d’instruments et sous contrôle de la vue, le décollement de la loge rénale emportant une partie du fascia iliaca et mettant à nu le psoas (Fig 1). Dans le cas d’une néphrectomie élargie pour cancer obligeant à retirer la loge rénale en totalité, on devra décoller le maximum de fascia La méconnaissance des fascias d’accolements rétropéritonéaux dont l’anatomie peut être modifiée par des interventions précédentes ou une inflammation locale est l’une des principales causes de conversion [5]. 2. DESCRIPTION DU PEDICULE RENAL EN LOMBOSCOPIE Le risque majeur de la chirurgie laparoscopique est la plaie vasculaire et en particulier la plaie veineuse. Dans une précédente étude, Thiel et al. [8] ont recensé 6 accidents vasculaires majeurs au cours de 274 interventions laparoscopiques transpéritonéales. Il s’agissait à chaque fois de plaies veineuses touchant la veine cave, les veines gonadiques ou lombaires. La grande variabilité anatomique des veines rétropéritonéales [4] associée à une modification de l’angle d’approche du pédicule rénal au cours de la laparoscopie rétropéritonéale sont en partie responsables de ces accidents. La chirurgie à ciel ouvert aborde le pédicule rénal selon des schémas anatomiques classiques avec pour le chirurgien, une vision antérieure ou postérieure directe du pédicule rénal en fonction de la voie d’abord (malade en position de lombotomie ou en décubitus dorsal). Au cours de la lomboscopie, le trocart de support de la caméra est introduit au dessus de la crête iliaque, sur la ligne axillaire postérieure, caudalement par rapport au hile rénal 868 Figure 1: A) Mobilisation du rein gauche et décollement de l’espace para-rénal postérieur (Gris) au cours de la lomboscopie. Les flèches indiquent l’axe de la caméra (1), la voie d’abord du pédicule rénal lors d’une néphrectomie simple (2) et élargie (3). Pe : péritoine. LF : fascia latéroconal. ZF : fascia de Zuckerkandl. FP : fascia parietalis. RV : veine rénale. AZV : tronc réno-azygolombaire . FI : fascia iliaca. PS : muscle psoas. AT : aponévrose du muscle transverse. SL : muscle carré des lombes. LD : muscle grand dorsal. B) Dissection sur cadavre : Abord de l’espace péri-rénal postérieur : Le rein gauche n’est pas encore luxé ventralement Figure 2: A) Rein droit et son pédicule tels qu’ils apparaissent au cours de la lomboscopie et position du trocart par rapport aux gros vaiseaux. RA : artère rénale. RV : renal rénale. Azv : tronc reno-azygo-lombaire. GV : veine gonadique. AV : veine surré nalienne. LK : rein gauche. LR : rein droit. IVC : veine cave inférieure. B) Position du trocart supportant la caméra par rapport à l’axe des gros vaisseaux (avant la mobilisation du rein droit). 869 et dorsalement par rapport au plan des gros vaisseaux (Fig 2). L’axe de vision de la caméra est donc orienté vers l’avant mais aussi vers le haut et le dedans du patient donnant ainsi une vision inférieure du pédicule. L’axe de vision n’est plus perpendiculaire à l’axe des gros vaisseaux comme en chirurgie classique mais forme avec ceux-ci un angle aigu et orienté d’arrière en avant vers le pédicule rénal. Par conséquent, la direction des gros vaisseaux apparaît sur l’écran en fuite oblique en haut et à droite du coté gauche et oblique en haut et à gauche du coté droit (Fig 2 et 3). proximale de la veine rénale se trouvent fortement basculés en avant alors que la position de la partie distale pré-aortique de la veine est peu modifiée en raison de la pince aorto-mésentérique et de la présence possible de veines lombaires ou d’un tronc réno-azygo-lombaire la reliant à la paroi. Baniel [9] a noté la présence d’un tronc réno-azygo-lombaire dans 43% des cas de curages ganglionnaires lomboaortiques pour cancer du testicule. Il en résulte que la caméra aborde la veine rénale dans l’aisselle du tronc réno-azygo-lombaire (Fig 3). Celui-ci peut alors être confondu avec la partie distale de veine rénale s’il est volumineux car sa direction se continue avec celle de la partie proximale de la veine et A gauche, du fait de l’insufflation initiale exclusive de l’espace para-rénal postérieur, le rein et la partie Figure 3: A) Rein gauche et son pédicule tels qu’ils apparaissent au cours de la lomboscopie. Le rein gauche est luxé ventrale ment en raison de l’insufflation initiale de l’espace périrénal postérieur. RA : artère rénale. pRV : veine rénale (partie proxima le). dRV : veine rénale (partie distale). Azv : tronc réno-azygo-lombaire. GV : veine gonadique. AV : veine surrénalienne. LK : rein gauche. LR : rein droit. Ao : Aorte. PS : muscle psoas. B) Vue correspondante per-opératoire. La caméra approche le pédicule rénal dans l’aisselle du tronc réno-azygo-lombaire. Si celui-ci est volumineux il peut masquer l’artère rénale ou être confondu avec la partie distale de la veine rénale. C) Etude sur cadavre : Vue du pédicule rénal gauche depuis la crête iliaque. Le rein gauche est mobilisé ventralement. 870 masque ainsi sa partie distale. L’artère rénale qui est aussi refoulée ventralement peut elle aussi être masquée sur l’écran dans sa partie proximale par le tronc réno-azygo-lombaire. Si celui-ci est confondu avec la veine rénale, il apparaît alors la vision inhabituelle d’une artère rénale pré-veineuse. Dans notre expérience, le segment veineux compris entre le tronc réno-azygo-lombaire et l’origine de la veine rénale ont toujours été suffisants pour placer une pince Endo-GIA® et sectionner la veine rénale. REFERENCES La découverte de la veine gonadique gauche se jetant dans la veine rénale est un repère précieux pour situer la veine surrénale qui s’abouche au dessus; cependant du fait de la vision inférieure du pédicule, la veine surrénale n’est réellement visible qu’après ligature ou refoulement vers le bas de l’artère rénale. A droite, la veine cave inférieure est située dans la loge rénale [6,7] et est facilement identifiable au bord interne du psoas après ouverture du fascia Zuckerkandl. Sa dissection progressive de bas en haut permet découvrir successivement la veine gonadique la veine rénale puis la veine surrénalienne qui sont situées dans un même plan. L’artère rénale ayant habituellement un trajet rétro-cave semble s’enrouler autour de la veine cave inférieure du fait de la luxation antérieure du rein (Fig 2). 1. CAPELOUTO, C.C., MOORE, R.G., SILVERMAN S.G. , KAVOUSSI , L.R.: Retro-peritoneoscopy : anatomical rationale for direct retroperitoneal access. J. Urol., 152: 2008, 1994. 2 GAUR, D.D.: Laparoscopic operative retroperitoneoscopy : use of a new device. J. Urol., 148: 1137, 1992. 3. GILL, I.S., GRUNE, M.T., MUNCH, L.C.: Access technique for retroperitoneoscopy. J. Urol., 156: 1120, 1996. 4. HOELTL, W., HRUBY, W., AND AHARINEJAD, S.: Renal vein anatomy and its implications for retroperitnoeal surgery. J. Urol., 143: 1108, 1990. 5. R ASS WEILER, J.J, SEEMANN, O., F REDE, T., HENKEL, T.O., ALKEN, P.: Retroperitoneoscopy : experience with 200 cases. J. Urol., 160: 1265, 1998. 6. HUREAU, J., AGOSSOU-VOYEME, A.K., GERMAIN, M., PRADEL, J.: Les espaces interpariétopéritonéaux postérieurs ou e spaces rétropé ritoné aux : 1ère partie : Anatomie topographique normale. J. Radiol., 72 : 101, 1991. 7. HUREAU, J., AGOSSOU-VOYEME, A.K., GERMAIN, M.: Les espaces interpariétopéritonéaux postérieurs ou espaces rétropéritonéaux : 2ème partie : Anatomie tomodensitométrique pathologique. J. Radiol., 72 : 205, 1991. 8. THIEL, R., ADAMS, J.B., SCHULM , P.G., MOORE, R.G., KAVOUSSI, L.R.: Venous dissec tion injuries during laparoscopic urological surgery. J. Urol., 155: 1874, 1996. 9. BANIEL, J., FOSTER, R.S., DONOHUE, J.P.: Surgical anatomy of the lumbar vessels : implications for retroperitoneal surgery. J. Urol., 153: 1422, 1995. CONCLUSION La lomboscopie apporte une nouvelle dimension à l’anatomie de la loge rénale. La modification des rapports et des repères anatomiques habituels doivent être connus du chirurgien car ils permettent d’aborder avec un risque minimal les éléments vasculaires. L’identification du muscle psoas est essentielle et constitue la première étape permettant ensuite de découvrir les éléments vasculaires du pédicule. A gauche, la partie distale de la veine rénale peut être confondue avec un volumineux tronc réno-azygo-lombaire. Celui-ci peut alors masquer une partie de l’artère rénale. A droite, la moindre complexité du pédicule rénal et l’identification aisée de la veine cave au bord interne du psoas permettent en général d’identifier successivement et de bas en haut, les veines gonadique, rénale et surrénalienne situées dans un même plan. 10. REDMAN, J.F.: Anatomy of the retroperitoneal connective tissue. J. Urol., 130: 43, 1983. 11. J. HI MPENS, M.D., P. VAN ALPHEN, M.D., G.B. CADIÈRE, M.D., R. VERROKEN, M.D. : Balloon dissection in extended retroperitoneoscopy. Surg.Lap. Endos., 5 : 193, 1995. 12. M OORE, R.G., DEM AREE, R.D., SANDA, M.G., KAVOUSSI, L.: Retroperitoneoscopy : Effects of insufflation media on surronding tissue during ballon rupture. J. Endourol., 9:67, 1995. 871 II. LA CHIRURGIE 1. INSTALLATION Le patient est installé en position de lombotomie avec un billot fortement remonté vers le haut, la table est cassée au niveau des hanches, environ 10 à 15°, les deux membres inférieurs sont repliés et placés au niveau de l’appui jambe antérieur. L’appui jambe postérieur est replié sous la table, ce qui laisse un espace de travail plus important, en particulier pour l’aide. Figure 4: Installation du patient en décubitus latéral. La table est «cassée» au maximum Trois appuis vont maintenant être mis en place : un appui pubien, un appui dorsal et un appui fessier. Au niveau des différents points d’appui seront mis en place des coussinets de gel de silicone, évitant ainsi des lésions cutanées, en particulier au cours d’interventions longues. Une fixation complémentaire est réalisée grâce à 2 bandes d’Elastoplast®, l’une thoracique, l’autre au niveau des hanches (Figure 4). L’installation du patient terminée, on pratique un badigeonnage à la Bétadine® prévoyant une éventuelle conversion en cas de nécessité. L’incision cutanée, qui serait éventuellement réalisée en cas de conversion, est tracée au feutre. Les points de ponction sont également tracés sur la peau (Figure 5). 2. MISE EN PLACE DES TROCAR TS Le nombre de trocarts utilisé pour la rétropériténéoscopie est extrêmement variable : 3 à 5 trocarts ont pu être utilisés par différents auteurs. Nous en utilisons 5. Ces 5 trocarts permettent une exposition d’excellente qualité et un travail aisé pour le chirurgien. En effet, 2 trocarts sont destinés à l’aide qui peut alors utiliser ses deux mains pour travailler, un des trocarts permet d’exposer le site opératoire, le second permet d’affiner l’exposition ou utiliser l’aspirateur. Le chirurgien peut alors opérer avec ses deux mains, une pince de préhension, qui peut être la pince bipolaire, et les ciseaux. Le 5ème trocart est utilisé pour l’optique qui peut être tenue par l’instrumentiste. Dans le cas où l’on ne mettrait que 3 trocarts, l’aide n’aurait qu’un seul trocart pour aider et le chirurgien qu’un seul trocart pour opérer. Dans le cas où l’on mettrait 4 trocarts, 2 trocarts sont destinés à l’aide et 1 au chirurgien ou l’inverse, en fonction des habitudes. Notre expérience initiale ayant été réalisée avec 4 trocarts, nous avions choisi de Figure 5 : Site d’insertion des trocarts. Le premier trocart est mis en place par une mini-lombotomie. laisser 2 trocarts pour l’aide, l’un des trocart permettant d’exposer et le second d’aider d’une façon un peu plus précise et un trocart pour le chirurgien qui peut utiliser alternativement en fonction des besoins les ciseaux, la pince bipolaire ou l’aspiration. Le nombre de trocarts étant défini à l’avance, en fonction des difficultés prévisibles et de l’habitude du chirurgien, la mise en place des trocarts va être réalisée et la technique de mise en place, elle-même, est variable en fonction des équipes. La technique de Gaur permet, après une incision première sous costale et un décollement digital de l’espace lombaire antérieur, de développer cet espace grâce à un ballon, contenant un litre de sérum physiologique gonflé dans la loge. 872 L’ensemble des trocarts étant mis en place, l’optique est placée au niveau du trocart situé au-dessus de la crête iliaque au niveau de la ligne axillaire moyenne. Le ballon, utilisé par Gaur est fait d’un doigt de gant noué autour d’une sonde urétrale rigide sans ballonnet. L’inconvénient de cette technique est l’éclatement possible du gant avec la nécessité d’aller chercher les morceaux de latex dans la loge, secondairement. Une variante de cette technique est l’utilisation d’un trocart gonflable à un litre, sous contrôle de la vue puisque l’optique peut être placée à l’intérieur du ballon et permet de voir se créer l’espace au fur et à mesure du gonflage. Cette technique est plus satisfaisante du fait de la bonne qualité du ballon utilisé, de la possibilité de contrôler l’extension de l’espace. Le coût de l’instrument en constitue l’inconvénient. Figure 6 : Insertion des trocarts secondaires sous contrôle digital. L’espace étant ainsi créé, le ballon est dégonflé et retiré. L’optique est mise en place au niveau du premier trocart puis, les autres trocarts sont placés par ponction, les uns après les autres. Ayant expérimenté l’une et l’autre technique, nous nous sommes résolus à simplifier la méthode au maximum en n’utilisant pas d’instrument de dilatation. Pour cela, après avoir décollé l’espace au doigt, très largement, le doigt étant introduit au niveau de la première incision, il est placé dans la loge lombaire en face de chacune des zones souhaitées pour la ponction. Ainsi après une incision cutanée adéquate, chacun des trocarts est mis en place en face du doigt qui fait saillie (Figure 6). Cette technique permet une certaine sécurité puisque le trocart sera enfoncé en face du doigt. Afin qu’il n’y ait pas de blessure du doigt, il faut mettre une protection constituée par un dé en latex épais qui ne sera pas perforé par le trocart (Figure 7). Les différents trocarts étant mis en place et fixés au niveau de la peau, il est alors possible d’insérer les instruments les uns après les autres afin de permettre le début de l’intervention (Figure 8). Figure 7 : L’index du chirurgien est protégé par un doigtier en latex. Dans la technique des 5 trocarts, l’optique est mise en place au niveau de la crête iliaque sur la ligne axillaire moyenne, l’aide tiendra 2 pinces de 5 mm et le chirurgien utilise la pince bipolaire ou l’aspiration au niveau de la main gauche, au niveau d’un trocart de 12 et les ciseaux coagulants au niveau de sa main droite au niveau d’un trocart de 5. Figure 8 : Disposition des trocarts. Seul le premier trocart est à usage unique. Les trocarts sont fixés à la peau par des fils pour éviter qu’ils ne sortent 873 3. POSITION DES TROCARTS Scénario 5 trocarts : • 2 sur la ligne axillaire postérieure, sous la dernière côte et au dessus de la crête iliaque. • 2 sur la ligne axillaire antérieure en face des 2 autres • 1 sur la ligne axillaire moyenne au dessus de la crête iliaque (trocart optique) Scénario 4 trocarts : Ne pas mettre soit 1 des 2 trocarts antérieurs soit 1 des 2 trocarts postérieurs. Scénario 3 trocarts : 1 trocart antérieur et 1 trocart postérieur. 4. PLACE DU Figure 9 : Disposition de l’équipe. Souvent, c’est l’instrumen tiste qui tient la caméra. Les membres inférieurs sont placés sur l’appui jambe antérieur. CHIRURGIEN Le chirurgien se place au niveau du dos du malade, l’aide se place en face du ventre du patient et l’instrumentiste est placé au niveau des fesses puisque les cuisses du patient sont fléchies. Les écrans vidéo sont placés de chaque côté de la tête du patient, s’il y en a deux, ou au niveau de la partie droite en face du chirurgien, s’il y en a qu’un, à proximité des anesthésistes (Figure 9). 5. COMMENT DÉBUTER UNE INTERVENTION Afin de diminuer au maximum le risque de buée en début d’intervention, pendant les 10 à 15 premières minutes, il est utile de préchauffer l’optique en le plaçant dans de l’eau chaude. Les instruments étant mis en place, l’intervention peut commencer. Le premier temps de l’intervention consiste à aller prendre contact avec le psoas en arrière, à suivre le psoas le plus loin possible en dedans, perpendiculairement à l’axe du trocart sous costal du chirurgien (Figure 10). Lorsque la face antérieure du psoas ne pourra plus être suivie, il faudra alors ouvrir le fascia qui recouvre le psoas, on entre alors dans la loge lombaire et on retrouve très rapidement les repères anatomiques importants qui seront la veine génitale, l’uretère, la veine cave inférieure à droite et le pédicule rénal. Ces repères anatomiques ayant été retrouvés, le reste de l’intervention dépendra du type d’intervention qui a été décidée : surrénalectomie, néphrectomie, pyéloplastie ou autres. Nous y reviendrons à propos de chacune des interventions. Figure 10 : Premier repère anatomique : le muscle psoas. La tête du patient est vers la droite de l’image Fermeture pariétale : l’intervention ayant été réalisée, on mettra un drain de Redon par l’un des trocarts antérieurs puis on fermera soigneusement les différents incisions. Les incisions de 5 mm n’auront besoin d’être fermées qu’au niveau de la peau, les incisions de 10 mm et plus devront être fermées au niveau musculaire afin d’éviter les hernies pariétales. La fermeture cutanée se fera par des surjets intradermiques de Vicryl® à résorption rapide afin d’éviter de retirer les points. 874 1. CONSIDÉRATIONS B. L’ABORD LAPAROSCOPIQUE TRANS-PÉRITONÉAL OU CŒLIOSCOPIQUE GÉNÉRALES. D’un point de vue chirurgical, il faut d’abord s’assurer qu’une sonde gastrique en bonne position a été mise. La pose d’une sonde vésicale est également systématique, dans le champ opératoire ou non, en fonction de la nature de la chirurgie. PLAN I. L’INSTALLATION DU PATIENT POUR LA CHIRURGIE TRANSPÉRITONÉALE Il est nécessaire de mettre des appuis de protection à chaque point de compression possible, quelle que soit la position de la table (inclinaison en procubitus, en Trendelenbourg, ou rotation plus ou moins exagérée). Les appuis sont d’autant plus importants que les durées opératoirs sont souvent longues au début de l’expérience, ce qui est un facteur supplémentaires de thrombophlébites, de compression nerveuse, voire de lésion musculaire (rabdomyolyse). II. CRÉATION DU PNEUMOPÉRITOINE L’abord laparoscopique trans-péritonéal ou abord cœlioscopique répond à une technique simple mais qui doit être bien connue et scrupuleusement suivie pour éviter les complications rares mais potentiellement graves voire mortelles. La majorité de ces complications majeures surviennent lors de création de la voie d’abord, c’est-à-dire lors de l’établissement du pneumopéritoine ou de l’introduction du premier trocart. Il faut donc prendre conscience que ces temps “préparatoires” à l’intervention que l’on envisage font déjà partie de l’intervention elle-même et nécessitent une sûreté absolue de l’opérateur. 2. CHIRURGIE DU HAUT APPAREIL. On peut décrire schématiquement 2 installations possibles dont on verra les différents avantages et inconvénients: l’installation en décubitus dorsal et en décubitus latéral. a) L’installation en décubitus latéral (Fig 11) • avantages: Il s’agit de la position de lombotomie plus ou moins complète. L’avantage essentiel est de Ce chapitre a pour objectif ambitieux de décrire les différents temps opératoires de l’abord cœlioscopique, de sa création jusqu’à sa fermeture, sans oublier les différentes complications possibles, et les manières ou de les éviter, ou de les résoudre. Il s’agit d’un chapitre essentiellement fondé sur l’expérience, qui s’enrichira donc naturellement avec le temps. Malgré ses imperfections et ses insuffisances, ce chapitre doit permettre de réaliser une intervention cœlioscopique avec toute la sécurité requise. I. L’INSTALLATION DU PATIENT POUR LA CHIRURGIE TRANS-PÉRITONÉALE Il s’agit d’un temps important car il va souvent engager le reste de l’intervention, tant au point de vue de l’exposition que de l’ergonomie dans la manipulation des instruments. Il est donc nécessaire de bien réfléchir à l’installation du patient avant l’application des champs opératoire des champs, et donc d’avoir déjà une repésentation mentale de tout le déroulement de l’intervention. Figure 11 : Installation en décubitus latéral droit. 1 chirur gien, 2 assistant, 3 instrumentiste, 4 table d’instruments, 5 moniteur principal ; 6 moniteur accessoire 875 permettre une mobilisation colique plus facile, dans la mesure où, une fois le fascia de Told incisé et l’angle colique disséqué, on doit obtenir une mobilisation spontanée des anses digestives par la simple déclivité. Cette situation idéale n’est souvent obtenue que chez les patients maigres, ou sinon au prix d’un décollement colique assez important. Un écarteur est souvent une meilleure alternative, mais nécessite alors un trocart supplémentaire. Les bras sont installés le long du corps de façon à ce qu’il ne réduisent pas la rotation de la table et également pour qu’ils ne soient pas poussés en hyperabduction avec le risques d’étirement du plexus brachial (situation possible en cas de chirurgie pelvienne). Surtout les appuis sont préférentiellement sur le thorax et le bassin et non sur les épaules et les bras pour éviter de possibles compressions vasculaires ou nerveuses. Il est nécessaire de se rappeler que les interventions laparoscopique sont, au moins au début de l’expérience, plus longues qu’en chirurgie conventionnelle. • inconvénients: la position peut-être source de lésion neurologique au niveau de l’épaule, en cas de durée opératoire prolongée. Surtout cette position ne permet pas de gestes endourologiques concomitants à l’intervention cœlioscopique, en particulier en cas de montée de JJ (cure de syndrome de la jonction pyélo-urétérale, chirurgie de calcul urétéral) voire en cas de désinsertion endoscopique du méat urétéral (néphro-urétérectomie). Enfin une troisième critique est que l’incision nécessaire à l’extraction d’une pièce volumineuse nécessite une courte lombotomie avec les risques inhérents à cette voie d’abord (lésion d’un nerf intercostal, hypotonie musculaire), et une douleur post-opératoire nette. • avantages: Cette installation permet l’accès au pelvis et autorise les manœuvres endo-urologiques éventuelles (cf ci-dessus); dans ces conditions la sonde vésicale sera mise dans le champ opératoire. L’accès à toute la paroi abdominale permet une laparotomie adaptée et esthétique quand elle est nécessaire (reprise de cicatrice préexistante ou incision de Pfannenstiel pour l’extraction de pièces opératoires volumineuses). De plus en fonction de l’intervention, cette installation permet à l’opérateur, à l’assistant ou à l’instrumentiste de se mettre entre les jambes du patient ce qui rapproche l’équipe du site opératoire sans augmenter le risque de se gêner. b) L’installation en décubitus dorsal (Fig. 12) Le patient est installé en position de la taille, les membres inférieurs en abduction /flexion. Enfin, et peut-être le point plus important, il s’agit d’une installation standardisée puisqu’elle permet aussi bien l’accès du haut appareil urinaire et celui du pelvis. Ainsi, pour chaque intervention, l’équipe opératrice, mais aussi anesthésique, infirmière ou de brancardage retrouve toujours les mêmes repères, source de rapidité et de sécurité. • inconvénients: ils ont été vus pour l’installation en décubitus dorsal. Évidemment la déclivité des anses digestives est moindre ce qui peut diminuer l’exposition du rétropéritoine. Chez un patient en décubitus dorsal, cet inconvénient peut être résolu, au moins partiellement, par une rotation complète de la table, ce qui permet une bonne mobilisation des anses digestives; à défaut, un écarteur sera introduit par un trocart supplémentaire. Dans cette situation, la morbidité de ce trocart reste très faible, car il est introduit dans la moitié sus-ombilicale de l’abdomen, sans risque de plaie de l’artère épigastrique. Figure 12 : Installation en décutitus dorsal (pour une inter vention sur le haut appareil gauche). 1 chirurgien, 2 assistant, 3 instrumentiste, 4 table d’instruments, 5 moniteur principal ; 6 moniteur accessoire 876 3. CHIRURGIE DU me pour éviter les risques de fuites gazeuses lors de l’insufflation. En fonction de l’incision cutanée utilisée ultérieurement pour l’introduction du trocart ombilical, cette première incision sera réalisée au bord supérieur ou inférieur de l’ombilic. BAS APPAREIL Comme nous l’avons déjà décrit ci-dessus, le patient est installé en position de la taille, les membres inférieurs en abduction /flexion (cf Fig. 12). Une attention particulière doit être portée aux cales des épaules de façon à éviter les risques de compression en cas de position de Tredelenbourg exagérée. Il est préférable d’utiliser des bandes adhésives thoraciques qui maintiennent aussi bien le patient, en évitant le risque de compression scapulaire. • l’insertion de l’aiguille L’aiguille de Veress doit être introduite lentement, en retenant la main qui imprime la pression afin d’éviter une pénétration incontrôlée dans la cavité abdominale. L’inclinaison de l’aiguille est d’environ 45°, en direction du cul-de-sac de Douglas. L’intérêt de la position de la taille est l’accès possible aux organes génitaux externes ou internes, et au rectum. Il est nécessaire d’avoir accès au besoin à ces éléments et donc de les laisser dans le champ opératoire. Ainsi une manœuvre endo-urologique pourra être réalisée si nécessaire, de même que la mobilisation du rectum ou du vagin, par une bougie de Hégar. L’opérateur doit ressentir deux ressauts lors de la progression de l’aiguille: - le premier correspond au contact et au franchissement de l’aponévrose, - le second correspond au contact et au franchissement du péritoine. Une fois l’aiguille introduite dans la cavité abdominale, elle ne doit plus être mobilisée avant que les manœuvres de sécurité n’aient été réalisées et que l’opérateur soit certain de sa bonne position intrapéritonéale (afin d’éviter d’agrandir une plaie vasculaire, par exemple…). II. CRÉATION DU PNEUMOPÉRITOINE Il peut être réalisé par ponction à l’aiguille ou bien sous contrôle visuel en insérant un trocart par une mini-incision de laparotomie. Il s’agit dans certains cas d’une affaire d’expérience ou d’habitude, et dans d’autre cas d’une attitude raisonnée. 1. PNEUMOPÉRITOINE À L’AIGUILLE DE Le fait de soulever la paroi abdominale n’éloigne pas les anses digestives de la paroi abdominale et ne diminue donc pas le risque de plaies digestives. Par contre, cette manœuvre éloigne la paroi des gros vaisseaux et elle est donc utile chez les personnes maigres. Par contre, dans ce cas, l’inclinaison de l’aiguille de ponction doit être de 90° et non de 45°. VERESS a) L’aiguille de Veress L’intérêt de l’aiguille de Veress est d’avoir un mandrin mousse rétractable. Il existe des aiguilles réutilisables ou à usage unique. Dans le premier cas, il faut vérifier avant chaque utilisation que l’aiguille n’est pas obstruée et que le ressort du mandrin fonctionne correctement. • les contrôles de sécurité Il est indispensable de s’assurer que l’extrémité de l’aiguille est bien dans la cavité péritonéale avant de continuer l’intervention. 1) À l’aide d’une seringue en verre (car la mobilisation du piston nécessite moins d’effort), la première étape consiste à vérifier que l’aspiration ne ramène aucun liquide. b) Les sites d’insertion de l’aiguille 1. insertion ombilicale Le site de ponction ombilical est le plus fréquemment utilisé, en particulier devant un abdomen vierge de cicatrices. En plus des raisons cosmétiques, l’intérêt du site ombilical est l’existence d’une zone adhérente entre le péritoine et l’aponévrose, ce qui réduit le risque d’insufflation pré-péritonéale. 2) Ensuite il est nécessaire d’injecter 5 à 10 ml d’air ou de sérum physiologique. Cette injection ne doit rencontrer aucune résistance et donc ne nécessiter aucun effort de pression. 3) Enfin, le réaspiration immédiate ne doit pas être possible et ne doit ramener ni gaz ni liquide. Cette éventualité témoignerait que l’injection a été réalisée • l’incision cutanée L’incision doit être seulement cutanée et punctifor877 3. LES INCIDENTS LIÉS À LA PONCTION dans un espace clos et non dans la grande cavité péritonéale. • ponction d’urine: la vessie n’a pas été évacuée et il est nécessaire de sonder le patient. L’aiguille est retirée et une nouvelle ponction peut être réalisée. La ponction de vessie n’a pas d’autre conséquence, si il elle n’entraîne pas d’hématurie massive. Il est de règle de répéter cette épreuve d’injectionaspiration pour être absolument convaincu de la bonne position de l’aiguille. 2. Les autres sites en cas d’antécédents de laparotomie • ponction de liquide jaunâtre: il s’agit probablement de liquide digestif. Il faut ressortir l’aiguille et recommencer la ponction, éventuellement en utilisant un autre site de ponction. La ponction grêle ou colique est en règle sans conséquence si la ponction est punctiforme et qu’elle a été reconnue tout de suite (le tube digestif n’a pas été insufflé). Dans tous les cas il est recommandé de réaliser un parage par un point de fil résorbable musculo-séreux de façon à éviter tout risque, même faible, de péritonite postopératoire. En cas d’antécédents de laparotomie, le site d’introduction de l’aiguille peut être modifiée de façon à diminuer le risque d’être gêné par une adhérence épiploïque ou de ponctionner un organe creux adhérent à la paroi. La règle est alors de ponctionner dans le cadran opposé aux antécédents chirurgicaux. Le deuxième site préférentiel, après l’ombilic, est l’hypochondre gauche, où le risque de perforation vasculaire est faible (Fig. 13). Le seul risque important est celui de la perforation gastrique qui en règle ne prête pas à conséquence si elle est punctiforme; une simple réparation chirurgicale par un point musculaire de fil résorbable est recommandée. Enfin ce risque doit être prévenu par le placement d’une sonde naso-gastrique mise en aspiration. Au niveau de l’hypochondre, on doit ressentir 3 ressauts lors du passage de l’aiguille de Veress. • ponction de liquide rouge: Si le risque de ponction des gros vaisseaux est envisagé, l’aiguille doit être laissée en place et une laparotomie doit être réalisée. Le plus souvent, il s’agit d’une plaie vasculaire pariétale ou de l’épiploon qui est en règle sans conséquence. L’aiguille peut être ôtée et une nouvelle ponction est réalisée. La ponction dans l’hypochondre droit est déconseillée du fait du risque de ponction hépatique. 4. L’INSUFFLATION L’autre site possible est la fosse iliaque droite, en sachant que ce site peut être dangereux du fait essentiellement du risque de plaie vasculaire. Enfin les ponctions en fosse iliaque gauche doivent être déconseillées du fait du risque important de plaie sigmoïdienne car le patient peut avoir présenté des antécédents de sigmoïdite, même s’il n’en rapporte pas les épisodes. DE CO2 . Une fois l’aiguille en place, après avoir vérifié toutes les manœuvres de sécurité, l’insufflation de dioxyde de carbone, (CO2) peut être débutée. L’insufflateur doit être mis à zéro et le débit d’insufflation limité à 1 litre/mn. Il est indispensable de contrôler la pression d’insufflation qui débute généralement autour de 3 mm Hg et qui augmente progressivement et régulièrement à fur et à mesure de l’expansion du pneumopéritoine. La dernière précaution est de n’augmenter le débit que lorsqu’environ 2 à 3 litres de CO2 ont déjà été insufflés et qu’ils n’ont entraîné aucun retentissement hémodynamique ni respiratoire. Dans ce cas, il est possible d’accélérer le débit d’insufflation jusqu’à 3 ou 4 litres/mn. Il est inutile de dépasser ce seuil car le diamètre interne de l’aiguille de Veress n’admet pas un débit supérieur. La percussion abdominale vérifie la bonne diffusion du pneumopéritoine, et la disparition de la matité pré-hépatique en est le meilleur signe. Figure 13 : En cas cicatrice sous-ombilicale, une ponction dans l’hypochondre gauche est réalisable. 878 5. LES ACCIDENTS D’INSUFFLATION. 1. LE SITE D’INSERTION Au cours de l’insufflation, en particulier à son début, il est nécessaire d’être extrêmement vigilant de façon à détecter le plus tôt possible toutes les complications possibles. Le site d’insertion est souvent celui du site d’insertion de l’aiguille de Veress, mais dans certain cas, l’introduction peut être éloignée par exemple en position para-rectale pour la chirurgie rénale. • haute pression lors de l’insufflation: l’aiguille est vraisemblablement dans l’espace pré-péritonéal. Il est nécessaire d’évacuer le gaz insufflé quand cela est réalisable et de tenter une nouvelle ponction. Celle-ci est souvent difficile dans un espace décollé, et une mini-laparotomie est souvent nécessaire. La réalisation du pneumopéritoine éloigne de la paroi abdominale les gros vaisseaux, mais inconstamment les organes digestifs, ce qui doit inciter en permanence à la prudence. Le site ombilical doit être préféré chaque fois qu’il est indiqué pour la disposition ultérieure des trocarts - en particulier pour la chirurgie pelvienne- car l’introduction à 45° vers le cul de sac de Douglas permet de minimiser les risques de plaies vasculaires. Une haute pression d’insufflation peut également témoigner de l’occlusion plus ou moins importante de l‘orifice de l’aiguille de Veress par une structure intra-abdominale, le plus souvent de l’épiploon. La mobilisation de l’aiguille est alors souvent suffisante. • le trocart rétractable ou non? L’utilisation d’un premier trocart rétractable est une sécurité, mais elle n’est absolument pas une garantie. Elle diminue théoriquement le risque de plaie d’éléments situés à distance de la paroi, en particulier les plaies vasculaire, les plus graves, tandis qu’elle n’a que peu de chances de diminuer le risque de perforer une anse digestive accolée sous la paroi. Enfin pour que le mandrin puisse se rétracter efficacement, il est nécessaire qu’il soit en bon état de fonctionnement, que la pénétration dans l’abdomen se fasse lentement, et que la distension abdominale soit suffisante. • crépitation sous-cutanée: l’aiguille est sous-cutanée et l’insufflation entraîne un emphysème. Il est nécessaire de retirer l’aiguille et de la replacer en recommençant les manœuvres de sécurité. • l’embolie gazeuse Elle est liée en pratique à une insufflation intra-vasculaire par l’aiguille de ponction. La capnométrie montre une chute de la capnie télé-expiratoire. Une désaturation et une hypotension surviennent rapidement. 2. LA TECHNIQUE D’INSERTION L’incision cutanée doit permettre la ponction sans frottement de la peau sur la gaine externe. En cas d’incision trop étroite, le danger est de forcer lors de l’introduction du trocart et de traverser ensuite brutalement la paroi abdominale sans avoir le temps de maîtriser son geste. C’est dans ces cas que le risque de plaie est le plus important. Le traitement spécifique comprend l’arrêt immédiat de l’insufflation, l’exsufflation, et la mise du patient décubitus latéral gauche et en position tête-en-bas prononcée afin de déplacer la bulle intra-cardiaque de CO2. Si un cathéter de pression veineuse centrale a été mis en place, l’aspiration du gaz en mobilisant le cathéter peut être tentée. À l’inverse une incision trop grande est inesthétique, moins étanche et retient moins la gaine lors des manœuvres de sorties répétées des instruments, qui risquent alors d’emmener la gaine ave c eux. L’incision cutanée doit donc être adaptée au diamètre externe de la gaine. III. INTRODUCTION DU PREMIER TROCART L’introduction du premier trocart est la plus dangereuse, source de la majorité des complications techniques de la laparoscopie. Il est donc indispensable de suivre toutes les étapes avec une grande maîtrise de sa gestuelle et en gardant toujours à l’esprit les dangers potentiels de ce premier geste. La forme de l’incision est adaptée au site d’introduction. Si elle n’est pas ombilicale, elle doit être orientée dans l’axe des plis cutanés pour des raisons esthétiques. 879 En cas d’incision ombilicale, l’incision peut être arciforme, inférieure si le champ opératoire est iliopelvien, ou supérieure si le champ opératoire est lombo-rénal. Il ne faut pas oublier que l’ombilic est à l’aplomb des vaisseaux iliaques primitifs droits et que le risque est permanent lors de l’introduction du premier trocart, en particulier. Une incision cutanée ombilicale radiale, plus esthétique, est également possible. Après le pneumopéritoine, l’ombilic se déplisse naturellement ce qui permet de réaliser une incision radiale, décalée vers le champ opératoire. Après exsufflation, cette cicatrice sera à nouveau enfouie dans les plis de l’ombilic et deviendra invisible. Il n’y a pas de bénéfice à modifier la position du patient pour cette introduction car on risque de modifier ses propres repères anatomiques: le patient est laissé à plat, en décubitus dorsal. Mais afin de réduire les risques lors de l’introduction du premier trocart, il est indispensable de suivre scrupuleusement 3 règles: 1) Utiliser un trocart bien aiguisé, de préférence rétractable. Un trocart aiguisé pénétrera facilement à travers la paroi abdominale, et nécessitera peu d’effort, ou en tous cas un effort maîtrisable. 2) Attendre que le pneumopéritoine soit complètement établi de façon stable, à 12 mm de mercure, au moins. L’introduction sans contre-pression suffisante à travers une paroi dépressible est dangereuse. Certains auteurs créent un pneumopéritoine avec une pression d’insufflation importante (20 mm Hg) de façon à avoir une distension plus importante et une plus forte contre-pression. Le premier trocart introduit, la pression du pneumopéritoine est diminuée jusqu’à la valeur usuelle de 12 mm Hg. 3) L’introduction doit être perpendiculaire à la peau puis orientée vers le cul de sac de Douglas. Il faut utiliser sa main dominante en laissant son index tendu le long de la gaine en butée, en cas de progression trop rapide; la main non dominante doit retenir la main qui progresse. Enfin, la pénétration doit être associée à des mouvements de rotation, de façon à éviter une perforation trop brutale de la paroi. Toutes ses précautions ont comme objectif commun de prévenir le risque de plaie des gros vaisseaux. La prévention d’un tel accident est essentielle: - une mini-laparotomie chaque fois que la technique n’est pas maîtrisée, ou de principe, - un pneumopéritoine bien établi, - une incision cutanée suffisante, - un trocart aiguisé, - un axe de ponction vers le pelvis, - la ponction avec la main dominante, index tendu de sécurité, main non dominante en retient. Le diagnostic de plaie vasculaire est évident dès que le mandrin du trocart est retiré. La couleur du sang et son débit permet un diagnostic différentiel inutile entre veine et artère. Il faut immédiatement: - arrêter l’insufflation du CO2 pour éviter le risque d’embolie gazeuse, surtout réel en cas de plaie veineuse, - ne surtout pas retirer la gaine du trocart qui participe à l’hémostase par tamponnade. - réaliser une laparotomie en urgence pour réaliser le contrôle vasculaire et la suture de la plaie. 4. LES INCIDENTS a) la ponction intra-pariétale • L’inspection ne révèle que de la graisse. S’il existe un crépitement sous-cutané, il s’agit de la graisse sous-cutanée. En l’absence de crépitement, il s’agit plus probablement de la graisse pré-péritonéale. Dans les 2 cas, il est nécessaire d’évacuer autant que possible le gaz insufflé par l’expression manuelle de l’abdomen. Il faut repositionner si besoin, l’aiguille de Veress si le pneumopéritoine n’a pas été réalisé, sinon on peut tenter d’introduire le trocart de l’optique. 3. LES COMPLICATIONS DE L’INSERTION a) l’accident: Il s’agit dans les deux cas de manœuvres difficiles dans une paroi remaniée et dans laquelle les repères tactiles ont disparu. Une mini-laparotomie est souvent la réponse la plus adaptée à cet incident. il s’agit de la plaie d’un gros vaisseau, que ce soit l’aorte, la veine cave inférieure ou les vaisseaux iliaques. 880 • l’inspection révèle une graisse granuleuse qui ne se dissèque pas sous la pression. L’endoscope est probablement dans le grand épiploon, adhérent à la paroi. • la fuite de CO2 La fuite autour du trocart est due à un orifice de ponction trop grand. On peut réduire simplement cet orifice par une bourse sous cutanée. Il est nécessaire de vérifier l’absence de saignement d’un vaisseau épiploïque, puis de tenter un seconde ponction dans un autre site. IV. INTRODUCTION PAR MINI-LAPAROTOMIE b) la plaie digestive • la plaie de la séreuse est sans importance, pour autant que l’on soit sûr du diagnostic. 1. INDICATIONS Le principe consiste à réaliser une laparotomie conventionnelle de façon à pouvoir pénétrer dans la cavité péritonéale avec le moins de risque possible, en particulier vasculaire. L’introduction des autres trocarts accessoires permettra d’exposer la plaie et de vérifier l’intégrité de la muqueuse. • la plaie digestive si elle est complète doit être refermée soigneusement après parage, en un plan de fil résorbable en cas de plaie grêle ou en deux plans en cas de plaie colique ou rectale. Ce parage peut être réaliser par laparoscopie selon l’expérience de l’opérateur; en cas de doute, une laparotomie est nécessaire. Cette mini-laparotomie peut être réalisée de principe ou de nécessité devant un abdomen avec de nombreuses cicatrices. Dans cette dernière situation, il est logique de réaliser la laparotomie dans le quadrant le plus éloigné des cicatrices abdominales. Il est indispensable de se rappeler que l’intérêt essentiel de la mini-laparotomie est d’éviter le risque de plaie vasculaire par un abord maîtrisé de la cavité abdominale. c) la plaie vésicale Elle est reconnue facilement. Elle doit être suturée en un plan de fil résorbable. Un point en X est en règle suffisant, associé au drainage vésical prolongé. Sa prévention passe par le sondage vésical systèmatique et une ponction ombilicale. Le risque de plaie digestive persiste naturellement: il suffit de se souvenir des difficultés que l’on rencontre parfois au cours d’une laparotomie conventionnelle pour réaliser une viscérolyse chez un patient déjà opéré. Dans ces conditions, le risque de plaie digestive est certainement élevé, d’autant que la vision obtenue par ces laparotomies exiguës est très réduite. 6. LES ENNUIS • la buée Il s’agit d’un ennui constant en laparoscopie. Pour diminuer son apparition, il faut travailler avec une optique réchauffée. Il faut donc laver l’extrémité de l’optique avec du sérum chaud et installer le tuyau de l’insufflation de gaz, froid, sur un autre trocart dès que possible. L’utilisation d’une solution anti-buée est généralement efficace. 2. TECHNIQUES. Une incision de 20 mm environ est suffisante pour le passage d’un trocart de 10 mm. Il faut s’évertuer à reconnaître tous les plans de la voie d’abord : abdominal, aponévrotique, musculaire puis péritonéal et à les repérer si possible avec des fils qui faciliteront l’étanchéité puis la fermeture de l’abord. Il ne faut pas oublier de renouveler régulièrement l’”atmosphère” abdominale en vidant le gaz et les fumées, si on est amené à utiliser fréquemment la coagulation. Bien évidemment, il faut éviter dans la mesure du possible les contacts avec les organes intra-abdominaux, et en particulier la graisse. Le trocart est introduit avec l’endoscope ce qui permet de contrôler la progression de la gaine du trocart et de vérifier sa position dans la cavité abdominale. Lors de sa progression, on vérifie l’absence de plaie digestive. Enfin il faut penser à nettoyer régulièrement la gaine du trocart qui se salit et «contamine» l’optique lors des rentrées successives. Deux types de trocarts peuvent être utilisés. Les trocarts conventionnels sont parfaitement adaptés tant que l’incision musculo-aponévrotique n’est pas trop 881 grande: une bourse sous-cutanée ou aponévrotique permet d’obtenir une étanchéité suffisante pour réaliser un pneumopéritoine dans de bonne situations. Il existe par ailleurs des trocarts spéciaux à usage unique qui permettent d’obturer plus ou moins efficacement l’incision à l’aide d’un cône ou d’un ballonnet qui évitent les fuites gazeuses. En dehors d’une exceptionnelle cœlioscopie diagnostique évidente, l’insertion d’autres trocarts est nécessaire. Recommandations: aiguille de Veress ou laparoto mie? La première question qui se pose est de savoir où il faut les installer. Il ne peut y avoir de recommandations strictes mais seulement des conseils de bon sens. 1. LES SITES D’INSERTION DES TROCARTS ACCESSOIRES. De nombreux chirurgiens réalisent de principe l’une ou l’autre des techniques pour réaliser un pneumopéritoine, sans pour autant que les uns soient timorés et les autres inconscients. En cas de doute sur le site d’introduction à réaliser du fait des cicatrices ou de difficultés à réaliser un pneumopéritoine, l’introduction du premier trocart par une mini-incision est toujours une sécurité, au moins vasculaire. Chez un patient maigre, le risque de plaie vasculaire peut être réellement suffisamment important pour justifier une incision de laparotomie de sécurité. Enfin, en cas d’inexpérience, il ne faut hésiter à recourir à une mini-laparotomie. À l’opposé, dans une situation habituelle, chez un opérateur entraîné et maîtrisant sa gestuelle, l’utilisation de l’aiguille de Veress pour créer le pneumopéritoine et permettre l’introduction “à l’aveugle” du premier trocart est licite. Le site dépend évidemment de l’intervention à effectués (les sites habituels seront décrits dans les chapitres correspondants), mais un certain nombre de règles doit être suivi pour une utilisation la plus ergonomique possible des instruments. VI. L’INTRODUCTION DES TROCARTS ACCESSOIRES Les trocarts opérateurs doivent être placés au mieux en triangulation isocèle par rapport au trocart de l’optique qui représente le sommet du triangle, situé vers l’opérateur. C’est cette position qui donne la vision la plus “physiologique”, avec l’instrument droit venant de la droite et l’instrument gauche venant de la gauche, de façon symétrique. Il est nécessaire d’avoir un écartement suffisant pour éviter un tricotage des instruments et une gène permanente de l’optique. L’angle des instruments au niveau du site opératoire doit être d’environ 70 à 90°, ce qui donne la plus grande liberté et efficacité de manipulation des instruments. Enfin, il faut anticiper l’insertion des trocarts d’exposition qui ne devront pas gêner les trocarts opérateurs ni l’optique. Au début de l’expérience, il n’est pas inutile de marquer au feutre les points d’insertion de façon à “visualiser” mentalement la distribution dans l’espace des instruments. V. L’INSPECTION INTRA-PÉRITONÉALE L’exploration de l’abdomen, avant l’introduction des autres trocarts, est le temps suivant de l’intervention. Cette exploration permet: 2. LES CHOIX DES TROCARTS 1) de vérifier que le pneumopéritoine a été réalisé dans de bonnes conditions et que le premier trocart est bien dans la cavité péritonéale; ACCESSOIRES Les trocarts disponibles varient entre un diamètre interne de 3 à 15 mm. Il est donc nécessaire de prévoir les instruments qui seront utiles ainsi que l’axe de pénétration avant d’installer les trocarts. Pour des interventions dont l’exposition peut varier en fonction des conditions anatomiques, le plus sage est d’insérer les trocarts les plus petits, en règle 5 mm. En fonction de l’exposition ultérieure, il sera toujours possible de le ou les remplacer par un trocart de taille plus grande, 10 mm (sac de laparoscopie, 2) de vérifier l’absence de plaie lors de l’introduction de l’aiguille de Veress puis lors de l’introduction du premier trocart; 3) de vérifier l’absence de difficultés prévisibles à l’introduction des autres trocarts et au déroulement ultérieur de l’intervention (brides, accollements digestifs,…) 882 pinces à clips, etc…) ou 12 mm (Endo-GIA® par exemple), voire 15 mm pour les sacs de laparoscopie les plus volumineux. ralement suffisant le temps de l’intervention, mais en fin d’intervention il faudra réaliser une hémostase définitive. Il est alors nécessaire d’agrandir l’incision cutanée de façon à pouvoir passer un fil résorbable de par et d’autre de l’incision. Le passage pariétal peut être réalisé à l’aiguille de Reverdin droite. Un fil résorbable est entraîné dans le chas de l’aiguille et récupéré dans l’abdomen par une pince. L’aiguille est ressortie puis placée à nouveau à travers la paroi sur l’autre versant de l’orifice. Le fil est alors chargé par l’aiguille et ressorti. Tandis que le fil est noué en sous-cutané, la caméra vérifie la qualité de l’hémostase intra-abdominale. Enfin, il faut adapter la longueur des trocart à l’épaisseur de la paroi: des trocarts trop longs sont peu ergonomiques; des trocarts trop courts se déplacent et gènent la pénétration des instruments. 3. LA TECHNIQUE D ’INSERTION DES TROCARTS ACCESSOIRES Les trocarts accessoires doivent être insérés sous contrôle visuel. Le risque de plaie d’un organe intra-péritonéal est donc théoriquement nul. Le seul risque important est celui de plaie des vaisseaux de la paroi de l’abdomen, et en particulier des vaisseaux épigastriques. Pour réduire ce risque, il est nécessaire de choisir le site d’insertion après une transillumination qui permet de repérer les vaisseaux pariétaux si l’épaisseur de la paroi n’est pas trop grande. VII. LA FIN D’INTERVENTION En fin d’intervention une inspection de toute la cavité abdominale et du site opératoire est nécessaire. La pression du pneumopéritoine peut être diminuée de façon à démasquer des hémorragies veineuses non visibles à une pression de 12 mm Hg. L’incision cutanée sera réalisée parallèlement aux plis cutanés pour des raisons esthétiques. Il faut limiter l’incision à la peau et non inciser l’aponévrose pour diminuer les fuites de gaz. Cette incision ne doit pas être trop grande de façon à ce que l’orifice soit étanche. Ces trocarts sont soumis à de nombreux allers & venues des instruments ce qui finit par agrandir l’orifice de ponction. Une adéquation entre le diamètre interne et l’incision cutanée est donc importante. Chaque quadrant de l’abdomen est vérifié et les épanchements sont aspirés. En cas de caillots, une irrigation-aspiration est utile. La mise en place d’un drain de Redon aspiratif peut se justifier selon les indications et le risque de suintement post-opératoire. En principe, les suitements minimes seront réabsorbés par le péritoine, et les suintements plus importants doivent être contrôlés en per-opératoire. Le drain, clampé, est facilement placé à travers un trocart de 5 mm et positionné dans le site opératoire. Une pince abdominale le maintient en bonne position tandis qu’il est fixé à la peau. L’axe de pénétration doit être celui de l’axe de travail des instruments de façon à diminuer la tension sur le trocart lors de leur manipulation, et donc diminuer la fatigue de l’opérateur. De plus, un mauvais axe est source de frottement et de lésion pariétale. Avant l’extraction des trocarts, il est nécessaire de vérifier l’absence de saignement au niveau des orifices. De la même façon, l’extraction des trocarts doit se faire sous contrôle visuel de façon à s’assurer de l’absence de plaie vasculaire tamponnée pendant l’intervention et qui saignerait secondairement (cf ci-dessus). 4. LES COMPLICATIONS Il s’agit essentiellement d’une plaie vasculaire lors de la traversée de la paroi, qui se traduit par un écoulement de sang le long d’un trocart et de son instrument. Il est important d’en faire l’hémostase de principe, car cette hémorragie, si elle due à une lésion de l’artère épigastrique peut être source de complication post-opératoire importante. Les orifices des trocarts de 5 mm et moins ne nécessitent aucune fermeture aponévrotique tandis que les orifices des trocarts de 10 mm ou plus imposent une fermeture aponévrotique de qualité, de façon à éviter le risque d’éventration secondaire. Cette fermeture peut être réalisée simplement avec un fil résorbable monté sur une aiguille de 16 mm, en écartant les berges cutanée avec des écarteurs. Cette fermeture Transitoirement, le temps de l’intervention, il peut être utile de réaliser une hémostase par un point trans-pariétal réalisé avec une aiguille droite, autour du trocart et noué sur une compresse. Cela est géné883 est de qualité si l’aponévrose est bien repérée et prise par l’aiguille, mais cela n’apparaît réalisable régulièrement que chez des patients maigres, quand il s’agit d’une incision de 12 mm. C. ESPACE SOUS PERITONEAL PELVIEN Dans tous les autres cas, il apparaît raisonnable de réaliser une fermeture trans-pariétale sous contrôle visuel intra-abdominal à l’aide de l’aiguille de Reverdin (cf supra). Cette fermeture est plus sûre car elle garantit la prise des deux berges de l’aponévrose et elle participe de plus à l’hémostase. Les fils sont placés avant l’extraction des trocarts accessoires. Une fois placés les fils de tous les orifices de 10 mm ou plus, les trocarts de 5 mm sont retirés sous contrôle visuel, puis les gaines des trocarts de 10 mm sont retiré et les fils noués. PLAN I. INTRODUCTION II. INSTALLATION DU PATIENT III. CRÉATION DE L’ESPACE I. INTRODUCTION Enfin, la peau des diverses incisions est rapprochée par des points inversants de fil à résorption rapide. Aucun pansement n’est nécessaire, en dehors de bandes adhésives de rapprochement cutané. L’espace sous péritonéal pelvien peut être abordé au cours des laparoscopies transpéritonéales lorsqu’il est nécessaire d’avoir accès à la face antérieure de la vessie ou de la prostate. L’abord de cet espace, dans ces conditions, sera traité ultérieurement. CONCLUSIONS L’espace sous péritonéal pelvien peut être abordé directement sans ouverture du péritoine lorsqu’on pratique une opération de Burch isolée ou un curage ganglionnaire rétropéritonéal. L’abord direct de cette région est facile à réaliser et permet d’éviter d’être gêné par les anses digestives, ce qui permet d’éviter la position de Trendelenburg. Il faut dire, cependant, que malgré ces avantages, cet accès direct est actuellement rarement utilisé. Le Burch simple est moins pratiqué et le curage ganglionnaire est généralement réalisé par voie transpéritonéale, que cela soit lors de la chirurgie d’exérèse ou lors de l’évaluation ganglionnaire avant radiothérapie. L’abord chirurgical par laparoscopie trans-péritonéale peut apparaître complexe par rapport à l’abord de la chirurgie conventionnelle, car son déroulement obéit à une procédure stricte. C’est pourtant justement ce caractère systématisé qui est le plus grand garant de sa sécurité. Il est donc indispensable de suivre scrupuleuseme nt, en toutes circonstances le “manuel opératoire”, avec toutes ses procédures de vérification, de façon à pouvoir réaliser l’intervention proprement dite dans les meilleurs conditions. La plaie vasculaire doit être, lors de chaque intervention, la hantise du “cœlioscopiste” et quelle que soit l’expérience de l’opérateur, ce risque demeure, et ne deviendra jamais nul. II. INSTALLATION DU PATIENT L’installation du patient dépend du type de chirurgie qui sera réalisé. Pour une intervention gynécologique, la patiente est installée en position gynécologique, les jambes légèrement surélevées afin de pouvoir réaliser, si nécessaire, un toucher vaginal. REFERENCES 1. BRUHAT MA, MAGE G, POULY JL, CANIS M, WATTIEZ A, CHAPRON C. La cœlioscopie: installation et matériel. in La Chirurgie abdomino-pelvienne par cœlioscopie Monographie de l’Association Française de Chirurgie. Rapport présenté au 94ème Congrès Français de Chirurgie. Bruhat MA et Dubois F. Springer-Verlag Paris, 1992, pp: 19-25 Pour un curage ganglionnaire rétropéritonéal, le décubitus dorsal est suffisant. Les deux bras sont allongés le long du corps après que les anesthésistes aient mis en place tous les accès nécessaires. 2. CLAYMAN, MCDOUGALL. E.M: Laparoscopic Urology. Quality Medical Publishing, Inc, St Louis, Missouri, 1993 884 Il est possible également de réaliser un curage ganglionnaire par cette technique. III. CRÉATION DE L’ESPACE Dargent a décrit une technique d’abord premier sus pubien qui permet d’avoir accès au territoire ganglionnaire par le bas plutôt que par l’ombilic. Nous préférons, pour notre part, la voie trans-ombilicale. La création de l’espace peut être réalisée après incision ombilicale, décollement du péritoine au doigt sans ouverture péritonéale. Le doigt peut être descendu assez bas et décoller le péritoine de chaque côté. Il est alors possible de mettre en place le premier trocart et d’insuffler le CO2. L’optique permet d’aller plus loin et d’élargir le décollement. Il est alors possible de mettre en place 3 trocarts supplémentaires, un au niveau du Mc Burney droit de 5 mm, un en miroir du côté gauche de 5 mm et un de 12 mm pour permettre la suture sur la ligne médiane 5 cm au dessous du trocart ombilical. Il est alors possible d’aller loin de chaque côté pour un curage ganglionnaire et loin vers le bas jusqu’au niveau du vagin lors de l’intervention de Burch. La découverte du pubis et des ligaments de Cooper ne pose aucun problème. L’intervention étant terminée, un drain de Redon est mis systématiquement par l’un des trocarts et seuls les orifices de trocarts de 10 et 12 sont refermés d’une manière parfaite afin d’éviter les hernies sur trocart. 885 886 Chapitre V Les complications de la chirurgie laparoscopique tant éventuellement une exsufflation rapide. La bulle de gaz qui a pénétré dans la circulation veineuse crée un obstacle vasculaire ventriculaire droit et artériel pulmonaire, responsable d’une défaillance cardiaque droite puis gauche aiguë. Le diagnostic repose sur la capnographie, qui montre une baisse du CO2 téléexpiratoire, et l’auscultation cardiaque, avec le classique " bruit de rouet ". Une désaturation et une hypotension surviennent rapidement. PLAN I. COMPLICATIONS MÉDICALES II. COMPLICATIONS TECHNIQUES III. COMPLICATIONS ONCOLOGIQUES L’état actuel de la littérature concernant spécifiquement la laparoscopie urologique ne permet pas de recueillir suffisamment d’informations pour dresser un bilan pertinent des complications de ces techniques. Nous avons donc étudié la littérature concernant la chirurgie laparoscopique en général, majoritairement trans-péritonéale. En effet beaucoup de complications sont communes à la laparoscopie urologique et à la laparoscopie digestive ou gynécologique. Le traitement spécifique comprend bien sûr l’arret de l’insufflation et l’exsufflation, et la mise du patient décubitus latéral gauche et en position têteen-bas prononcée afin de déplacer la bulle intra-cardiaque de CO2. Si un cathéter de pression veineuse centrale est en place, on peut tenter l’aspiration du gaz en mobilisant le cathéter. [12] 2. LES I. COMPLICATIONS MÉDICALES 1. L’EMBOLIE PERTURBATIONS MÉTABOLIQUES L’ hypoxie est due à plusieurs facteurs responsables d’une inadéquation entre ventilation et perfusion, essentiellement la diminution du jeu diaphragmatique par le pneumo-péritoine, éventuellement majorée par la position de Trendelenbourg. Cette anomalie est généralement facile à contrôler par une adaptation du respirateur. GAZEUSE La quasi-totalité des laparoscopies sont réalisées en utilisant le dioxyde de carbone pour l’insufflation, notamment en raison de sa solubilité dans le sang qui permet ensuite son é limination re spiratoire. L’embolie gazeuse est donc le plus souvent en rapport avec une insufflation directement intra-vasculaire. C’est le cas lorsque l’aiguille de Palmer est placée par erreur dans une grosse veine. Cet accident peut également survenir après une section d’une grosse veine, par exemple une veine rénale, si la pression intra-cavitaire est trop élevée. Un réglage adéquat (12 mm Hg) de la pression d’insufflation prévient en partie ce phénomène, mais en cas de décurarisation du patient, on peut assister à une augmentation importante de la pression intra-cavitaire indépendante de la pression d’insufflation, nécessi- L’ hypercapnie est secondaire à la réabsorption du dioxyde de carbone par le système vasculaire en raison du gradient de pression. Elle peut entrainer une tachycardie ou une hypertension artérielle. Par ailleurs, le dioxyde de carbone peut être stocké dans les tissus. La prévention et le traitement de l’hypercapnie reposent sur la surveillance continue de la capnographie [36]. Le CO2 télé-expiratoire doit être maintenu entre 35 et 45 mm Hg, ce qui assure généralement une PaCO2 50 mmHg. En cas d’hypercapnie, il faut accompagner l’augmentation de fréquence respiratoire d’une exsufflation temporaire. 887 3. LE RISQUE THROMBO-EMBOLIQUE mécanisme le plus fréquent étant une section directe involontaire ou après ligature ou clipage défectueux. Les vaisseaux les plus fréquemment concernés sont l’artère rénale et l’artère iliaque externe, ou leurs branches, mais une section de l’artère mésentérique supérieure a été décrite [10]. Il faut s’efforcer de pincer le vaisseau responsable le plus rapidement possible, car l’hémorragie, le caillottage et l’aspiration ont vite fait de rendre le champ opératoire méconnaissable. Si une fois le vaisseau identifié et pincé, une suture ou la pose d’un clip par laparoscopie semble faisable, il est tout à fait légitime de ne pas convertir. En revanche s’il existe un risque de reprise hémorragique, de mauvais contrôle ou de durée excessive pour la réparation, la conversion s’impose sans état d’âme. La conversion n’est pas une complication, c’est le traitement idéal de certaines complications. Bien qu’il n’y ait pas de série comparant le risque thrombo-embolique lié à la chirurgie urologique cœlioscopique à celui rencontré pour la même chirurgie par incision, certains travaux expérimentaux ou cliniques ont mis en évidence des facteurs de risque. Le flux de retour veineux des membres inférieurs est considérablement réduit par l’insufflation, ainsi que par la position de Trendelenbourg [5,19]. En revanche, l’insufflation au dioxyde de carbone et les modifications des gaz du sang qui en résultent semblent sans effet sur la coagulation sanguine ellemême [14]. Une partie importante des complications thrombo-emboliques observées sont de révélation tardive [5]. Dans l’état actuel, il n’y a pas de consensus concernant les mesures prophylactiques au cours de la chirurgie laparoscopique. La plupart des auteurs ayant publié sur ce sujet recommandent cependant une prophylaxie par les héparines de bas poids moléculaire, si possible poursuivie après la sortie du patient - et ceci d’autant plus que le séjour a été court - et l’emploi per-opératoire de bas pneumatiques de compression intermittente [24,31], ainsi que l’exsufflation per-opératoire périodique. Les plaies veineuses peuvent occasionner des problèmes immédiats ou retardés. En effet, la pression exercée par le pneumo-péritoine équilibre à peu près la pression veineuse. Il arrive qu’une section franche de la veine rénale par exemple, ne saigne pas, la pression pneumatique maintenant le sang dans le vaisseau. Il faut donc vérifier la qualité des hémostases veineuses par exsufflation ou baisse de la pression d’insufflation. L’absence de rigidité pariétale, au contraire d’une artère, rend quelquefois les sutures difficiles. Les principes régissant le traitement sont les mêmes que pour les plaies artérielles. 4. LES AUTRES COMPLICATIONS L’apparition d’un emphysème sous cutané n’est pas rare, notamment en cas de procédure longue [28]. Après les procédures pelviennes chez l’homme peut apparaître un pneumoscrotum. Des cas de pneumothorax ou de pneumomédiastin ont également été rapportés [36]. 2. LES PLAIES VISCÉRALES Elles peuvent survenir lors de chirurgie laparoscopique trans-péritonéale ou rétro-péritonéale. Les mécanismes sont soit la section directe (tentative de libération d’adhérences par exemple), soit le traumatisme par un écarteur (ponction, pincement), soit encore une plaie retardée par traumatisme électrique (contact avec un instrument coagulant hors du champ visuel, défaut d’isolation) qui représente environ 50% des étiologies [2]. Quand elles sont méconnues en per-opératoire, elles sont le plus souvent de révélation tardive. Les plus graves concernent les viscères creux, essentiellement l’intestin [2, 11, 30], mais aussi l’arbre urinaire (vessie, uretère) [28] ou encore des viscères pleins (rate, rein, foie, pancréas) [10, 11, 30]. Quand elles sont immédiatement reconnues, la réparation peut être envisagée par voie laparoscopique ou par conversion. Dans le cas des plaies intestinales, la conversion a été néces- II. COMPLICATIONS TECHNIQUES Ces complications per-opératoires consistent essentiellement en plaies vasculaires et plaies viscérales. Les complications pariétales seront détaillées plus loin lors de la description des voies d’abord. 1. PLAIES VASCULAIRES Les plaies vasculaires sont des incidents fréquents, notamment en début d’expérience. Elles ne constituent pas pour autant des complications à chaque fois. Cependant elles sont à l’origine d’un pourcentage important de conversions, et souvent responsables de transfusions sanguines [28]. Le diagnostic des plaies artérielles est le plus souvent évident, le 888 saire dans 80% des cas d’une série récente de huit plaies intestinales (sur 915 interventions laparoscopiques, soit 8,7%) [2]. Les plaies intestinales de diagnostic différé sont souvent de symptomatologie inhabituelle. Un signe évocateur devant un patient présentant une symptomatologie peu c laire au décours d’une laparoscopie est une douleur élective située sur l’un des orifices de trocart, associé à une diarrhée et un météorisme [2]. La fièvre, ainsi que le tableau classique de péritonite sont rares. Le pronostic des plaies coliques est mauvais. orifices de trocart ont été rapportés, d’abord après cholecystectomie pour cancer vésiculaire connu ou non , puis après colectomie pour cancer, ou encore après intervention pour cancer gynécologique [8, 17, 32]. L’information concernant cette complication est difficile à interpréter, car si les publications anecdotiques sont nombreuses, les études prospectives sont rares. En tout état de cause, l’incidence de l’implantation tumorale sur site de tocart est un phénomène généralement rare. Dans une revue récente, ALLARDYCE estime que l’incidence des métastases pariétales après laparotomie et après laparoscopie pour tumeur digestive est respectivement de 0,6% et 0,85% [1]. Dans une étude prospective française sur 131 patients opérés par laparoscopie pour cancer colique, l’incidence de métastases sur trocart était de 0,7% [6]. En Urologie, une revue récente a rapporté un seul cas de métastase sur site de trocart après lymphadenectomie laparoscopique pour cancer prostatique et quatre cas après évaluation laparoscopique de cancer vésical, soit une incidence estimée de 0,1% et 4% [9]. Etant donné la rareté du phénomène, ces indications concernant l’incidence ne peuvent en aucun cas être considérées comme fiables. A ce jour à notre connaissance, aucune métastase sur site de trocart n’a été rapportée après néphrectomie élargie. III. COMPLICATIONS POSTOPÉRATOIRES SPÉCIFIQUES Les douleurs de l’épaule sont une complication postopératoire fréquente, apparemment due à l’irritation du péritoine des coupoles diaphragmatique par le dioxyde de carbone [28]. Elles sont prévenues par une exsufflation la plus complète possible. Elles peuvent égalemement survenir après laparoscopie rétro-péritonéale, probablement par micro-brèches ou par diffusion trans-péritonéale. Les éventrations sur site de trocart sont rares, y compris chez les patients obèses [23, 28]. La prévention repose sur la fermeture des orifices de trocarts. Diverses techniques permettent le passage des points de fermeture des orifices de trocart sous contrôle laparoscopique. Les abcès de paroi sont rares. La conclusion d’une revue rédigée par PEARLSTONE en Juin 1999 après étude exhaustive de la littérature est que la métastase sur site de trocart est un évènement rare, de fréquence comparable aux métastases pariétales après laparotomie, et qui est associé aux conditions tumorales plutôt qu’aux conditions techniques [29]. Bien qu’il n’y ait pas de données cliniques prospectives, une étude expérimentale animale a permis de montrer que le risque d’adhérences post-opératoires après néphrec tomie était significativement plus faible après laparoscopie qu’après laparotomie [25]. 2. DONNÉES EXPÉRIMENTALES Pour terminer, répétons l’importance d’une installation soigneuse des patients, pour cette chirurgie potentiellement longue, afin de prévenir compressions et étirements neuro-vasculaires. Deux cas ont été rapportés sur 125 patients obèses dans une série récente [23]. Ces complications inattendues ont suscité de nombreuses études expérimentales. Elles ont en commun l’utilisation de lignées cellulaires expérimentales et cultivables chez des hôtes d’une autre espèce. Il s’agit généralement de cellules à croissance rapide dotées de grandes capacités d’implantation. Les facteurs qui ont étudiés sont la nature du gaz (pas de gaz, CO2, NO2, hélium), la circulation des cellules tumorales, les facteurs mécaniques, les traumatismes tumoraux, les défenses de l’hôte. IV. COMPLICATIONS ONCOLOGIQUES Une majorité des études comparant la laparoscopie avec insufflation par le CO2 à la laparoscopie par suspension a conclu à un effet favorisant de l’insuf- 1. DONNÉES CLINIQUES De nombreux cas d’implantation néoplasique sur des 889 neal tumor growth and abdominal wall metastases. Ann Surg 1996, 224, 694-700. flation sur la dissémination et la croissance tumorale [3, 4, 18, 20, 22, 33], mais une étude n’a pas retrouvé de différence [16]. Une étude comparant l’insufflation au CO2, au NO2, à l’air et à l’Hélium n’a montré aucune différence entre les trois premiers gaz mais une diminution significative des localisations pariétales après insufflation à l’Hélium [27]. Dans une étude animale, le nombre de localisations pariétales après laparotomie était supérieur à celui observé après laparoscopie au CO2, lui même supérieur à celui observé après laparoscopie par suspension [3]. Les auteurs mettaient en évidence le rôle péjoratif du contact direct de la tumeur avec l’orifice de trocart. Le rôle de la manipulation ou de la lacération tumorale a été mis en évidence dans d’autres études [ 21, 26]. Bien que les cellules tumorales n’aient pas été retrouvées ou retrouvées en très faible quantité dans le gaz effluent après laparoscopie pour cancer [7,15, 34, 35], on ne peut pas pour autant éliminer sa participation dans la dissémination tumorale, car des études ont montré qu’il favorisait la circulation intrapéritonéale de cellules malignes [13]. Les instruments semblent également transporter des cellules tumorales [13, 35]. 2. BISHOFF JT, ALLAF ME, KIRKELS W, MOORE RG, KAVOUSSI LR, SCHRODER F. Laparoscopic bowel injury : incidence and clinical presentation. J. Urol. 1999, 161, 887-890. 3. BOUVY ND, MARQUET RL, JEEKEL H, BONJER HJ. Impact of gas(less) laparoscopy and laparotomy on perito- 5. CATHELINE JM, GAILLARD JL, RIZK N, BARRAT C, CHAMPAULT G. Facteurs de risque et prévention du risque thrombo-embolique en cœlioscopie. Ann Chir 1998, 52, 890-895. 6. CHAMPAULT G, ALMAGRO RUIZ M, PANCHANA G, BARRAT C, CATHELINE JM. Métastases sur site de trocart. 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Au total, à partir d’un évènement clinique globalement rare, on a créé des modèles beaucoup plus "performants " en matière de métastases. Ils n’apportent cependant pas de réponse précise à la question fondamentale de la sécurité carcinologique de la laparoscopie. Des essais prospectifs contrôlés seront probablement très difficiles à mettre en route, en particulier en urologie car la pratique de la cœlioscopie y est encore largement minoritaire. Seule la surveillance extrèmement vigilante des patients urologiques opérés pour pathologie tumorale permettra d’apprécier au moins en partie le risque de métastases pariétales sur orifices de trocart. 1. 4. 15. IKRAMUDDIN S, LUCUS J, ELLISON EC, SCHIRMER WJ, MELVIN WS. Detection of aerosolized cells during carbon dioxide laparoscopy. J Gastrointest Surg 1998, 2, 580-584. 16. IWANAKA T, ARYA G, ZIEGLER MM. Mechanism and prevention of port-site tumor recurrence after laparoscopy in a murine model. J Pediatr Surg 1998, 33, 457-461. 17. 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