A Kathy Orr Qui m’a appris l’importance de la diffusion des connaissances vers les enfants puisqu’on ne protège bien que ce qu’on connaît et qu’on aime depuis son plus jeune âge. Liliane Frenkiel A Cosette, Emilie et à tous les enfants des Caraïbes, parce qu’ils sont l’avenir Dalila Aldana Aranda La liberté d´aimer n´est pas moins sacrée que la liberté de penser Victor Hugo Qui pense peu se trompe beaucoup Leonard de Vinci Résurrection des mollusques Strombus gigas La vie du Lambi, La vida del Caracol rosa, The Queen conch life story Le lambi est symbole de vie l'artiste qui l'a créé ne lui a pas donné vie seulement au travers de la forme mais par l'union du volume et du rythme il atteint, avec des lignes qui s'évasent doucement, le mouvement constant et éternel du symbole vital Dans son infinie beauté le lambi nous rappelle l'eau, la mer, la pluie, la fertilité et enfin, tout ce qui fait la vie...” Eduardo Matos Moctezuma Strombus gigas La vie du Lambi La vida del Caracol rosa The Queen conch life story Ce livre doit etre cité de la façón suivante: Frenkiel Liliane y Aldana Aranda Dalila. 2003. Strombus gigas, la vie du Lambi, la vida del Caracol, the Queen conch life story. CYTED. Programa Iberoamericano de Ciencia y Tecnología para el Desarrollo. Yucatán, México. 170 pp ISBN 84-96023-11-7 D.R. Cyted. Programa Iberoamericano de Ciencia y Tecnología para el Desarrollo www.cyted.org DIRECTION ET COORDINATION GENERALES Liliane Frenkiel [email protected] www.archipel-des-sciences.com Dalila Aldana Aranda Laboratorio de Biologia y Cultivo de Moluscos, Centro de Investigacion y de Estudios Avanzados – CINVESTAV-IPN. [email protected] www.mda.cinvestav.mx ILLUSTRATIONS Vonic Laubreton [email protected] EDITION, MAQUETTE et COMPOSITION Miguel Angel Tapia Arjona, Centro de Investigacion y de Estudios Avanzados – CINVESTAV-IPN. [email protected] IMPRESSION Impresos Profesionales Aranda Merida, Yucatan, Mexico. Droits réservés: Les éditeurs souhaitent être informés de toute utilisation. Tout ou partie du CD ou de livrets issus du CD peuvent être reproduits librement pour tout document à but éducatif en citant les sources. Tout usage commercial est soumis à autorisation écrite conformément aux droits d’édition (copyrights). Strombus gigas La vie du Lambi La vida del Caracol rosa The Queen conch life story Liliane Frenkiel Dalila Aldana Aranda édité par Programa Iberoamericano de Ciencia y Tecnología para el Desarrollo Novembre, 2003 Strombus gigas La vie du Lambi CONTENU Prologue ………………...................................................... i Préface ………………........................................................ iii Remerciements ………………............................................ vii Introduction ………………................................................. Comment naissent les Lambis? …………………….....…..…. Où vivent les bébés Lambis? ………………........................ Comment grandit un Lambi? ………………........................ Comment se reproduisent les Lambis? …………............... Qui mange les Lambis? ………………................................ La disparition des Lambis ………………............................ Pourquoi? ……………….................................................... Pourquoi y a-t-il une telle augmentation de l’effort de capture des lambis? ………………..................................... Alors que faire? ………………............................................ 1. Espaces protégés ………………................................... 2. Petit lambi deviendra grand: Laisse le vivre! ………… 3. Laisser les lambis adultes s’accoupler et pondre . . . . 4. Plongée en apnée ou plongée en bouteille? . . . . . . . . . 5. Limiter la pêche pour maintenir une production durable ………………................................................... Glossaire ………………...................................................... Bibliographie genéralé ………………................................. Bibliographie citée ………....….…………….…………......… 1 7 9 13 18 20 24 24 25 26 30 31 31 32 33 38 50 50 Présentation L'expérience que a signifié pour moi diriger le parc natural de Xel-Há a été une privilège pour moi et pour mon équipe. Cette expérience m'a permis créer richesses et emplois qui sont très nécessaires pour le Mexique. Je me suis aussi involucré à la connaissance du développement durable, et nous avons adoptés une gestion ayant responsabilité sociale. Ce travail a fortifié notre esprit et nous sommes maintenant des citoyens plus responsables. Nous sommes des citoyens de la terre plus conscients et engagés. Nous avons eu la chance de participer à différents projets de recherche et de conservation de la flore et la faune de notre région, lesquels sont fondamentaux pour le développement du Quintana Roo. Pour nous un projet fascinant est et sera Le Lambi Strombus gigas : Connaissance Integral pour sa Gestion Durable. Ce projet présente une telle importance écologique, social, économique, politique et culturelle, qu'il constitue un défi pour les pays, les états, les institutions, les chercheurs qui y participent. Devant cette réalité il est nécessaire que l'initiative privée apporte financement et appui. Pour le Parc de Xel-Há c'est un honneur et un compromis de présenter cet extraordinaire livre “La vie du Lambi Strombus gigas” car il représente un produit du Programme Lambi, lequel a pour objectif l'éducation et le transfert des connaissances nécessaires à la mise en place de mesures de gestion rationnelle de la ressource. Nous remercions tous les participants de ce projet et en particulier au docteur Dalila Aldana Aranda pour ses efforts, son lidership, surtout pour son dévouement et surtout pour nous offrir l'opportunité de participer à cet effort dédie à la conservation d'une espèce aussi belle et importante pour la région des Caraïbes Francisco Córdova Lira Director Ejecutivo Grupo Xcaret Prologue Le lambi Strombus gigas est un mollusque d’importance économique, alimentaire et écologique dans toute la Caraïbe. En 2002, son volume de capture a été estimé à 3 131 tonnes pour une valeur de 60 millions de dollars US. La connaissance est la base indispensable pour la gestion responsable d'une ressource renouvelable mais non inépuisable, et l'éducation est le moyen pour transmettre les connaissances au grand public, de manière à assurer une utilisation rationnelle des ressources naturelles. Cet ouvrage contient des informations sur la biologie, l'écologie et les réglementations de la pêche au lambi, et son objectif est d'établir un pont entre chercheurs et éducateurs de manière à transmettre les connaissances scientifiques au grand public et en particulier aux enfants. Les éditrices remercient tous les collègues et amis qui ont participé à ce travail destiné à la protection du lambi Strombus gigas patrimoine culturel, social et économique des peuples et pays de la Caraïbe. Liliane Frenkiel Dalila Aldana Aranda i ii Préface Le document actuel a pour origine le livret intitulé « La vie des Lambis » de Liliane Frenkiel qui était, lui-même, une édition revue et enrichie de « La vie des Lambis » publié en 1985 par Katherine Orr et Liliane Frenkiel au Centre de documentation pédagogique de Guadeloupe, et la communication « Education pour la sauvegarde du Lambi Strombus gigas en Guadeloupe » présentée à la session spéciale sur les Strombes au 55e congrès du Gulf and Caribbean Fisheries Institute (GCFI)qui s’est tenu à Xel-Ha sur la riviera maya en Novembre 2002. Miguel Rolon du Caribbean Fisheries Management Council (CFMC) a immédiatement réagi en proposant à Liliane le financement nécessaire pour éditer un disque CD comportant les textes illustrés dans les 3 langues officielles du GCFI qui sont les 3 langues de la Caraïbe, avec la finalité de distribuer largement des documents pédagogiques dans tous les pays où ils peuvent être utiles. Liliane est une chercheuse confirmées dans le domaine de la reproduction, du développement et de la nutrition des Mollusques ; au cours des dernières années, elle a réalisé un iii important travail de développement de programmes d’éducation à l’environnement, principalement dirigé vers les enfants dans le cadre d’Archipel des Sciences (Centre de culture Scientifique et Technique de la Guadeloupe), dans les Antilles françaises. Liliane m’a invitée à participer à cette initiative, ce que j’ai considéré comme un honneur parce que travailler avec elle est une expérience enrichissante pour son professionnalisme mais aussi pour ses qualités humaines, sa générosité et sa simplicité ; sans compter le fait d’être une femme infatigable et passionnée par son travail, capable de communiquer aux autres, énergie et joie. Notre collaboration nous permet de présenter ici aux Iles Vierges britanniques, au 56e congrès du GCFI , le livre et le disque compact intitulés « Strombus gigas, La vie du Lambi, La vida del Caracol rosa, The queen conch life story » Ce travail se compose de 3 parties: Il commence par la biologie et l’écologie du Lambi Strombus gigas; la deuxième partie explique le pourquoi d’une pêche excessive de plus en plus grave ; la dernière partie propose des actions pour limiter la surpêche et revenir à un état d’équilibre entre la production et l’exploitation. iv Tout au long du texte, on trouve des mots écrits en caractères gras qui sont définis dans le glossaire. La larve véligère du Lambi baptisée Conchita, mascotte du programme « Le lambi, Strombus gigas, gestion intégrale et durable » guide le lecteur dans les différentes parties du livre. Ce livre est écrit pour que des enfants puissent le lire avec leurs professeurs. Il peut être utile aussi pour les personnes qui travaillent avec Strombus gigas... chercheurs, administrateurs des Pêches, administrateurs de Parcs et de Réserves, associations de marins-pêcheurs, clubs de plongée, associations de protection de l'environnement, ONG, et tous les citoyens intéressés à la conservation de ressources naturelles qui constituent un patrimoine économique, social et culturel de la Caraïbe. Dalila Aldana Aranda v vi Remerciements La parution de ce petit livre résulte d’évènements qui ont permis de rassembler l’essentiel des informations sur la Biologie, l’écologie et l’état de la pêcherie de Strombus gigas et en particulier sur les réglementations nécessaires et les conséquences du non respect des réglementations de la pêche de cette espèce. La mise en chantier de ce travail a débuté en Novembre 2002 au cours du 55° congrès du Gulf and Caribbean Fisheries Institute (GCFI) qui a été organisé conjointement par le parc de Xel-Ha, merveille de la Nature sur la riviera maya et un centre de recherche, dans lequel je travaille, el Centro de Investigacionès Avanzadas (CINVESTAV). C’était la 3ème fois que j’avais l’honneur d’organiser le congrès annuel du GCFI et j’exprime toute ma gratitude aux docteurs Alejandro Acosta, LeRoy Creswell et Robert Glazer ainsi qu’à tous les membres du bureau directeur du GCFI. Depuis Novembre 2002, Liliane Frenkiel et les équipes de Xel-Ha et du laboratoire de Biologie et culture des Mollusques du CINVESTAV IPN ont uni leurs efforts, leurs appuis logistiques et financiers pour faire que cette œuvre constitue un apport scientifique, culturel et éducatif pour la vii conservation et la réhabilitation des populations du Lambi Strombus gigas, ressource surexploitée dans toute la région Caraïbe. Les tâches ont été multiples et parfois invisibles mais sans l’appui de la direction et de mes collègues des différents services du CINVESTAV, il n’aurait pas été possible de mener à bien ce travail et de présenter le livre et le disque compact Strombus gigas, La vie du Lambi, La vida del Caracol rosa, The Queen conch life story, ici au 56° GCFI à Tortola, aux Iles Vierges anglaises. Merci à Miguel Tapia Arjona, étudiant en postgraduation et boursier du CONACYT pour la réalisation de la maquette de cet ouvrage en version CD et en version papier. En ce qui concerne l’entreprise Xel-Ha , je souhaite exprimer mes remerciements à son Directeur général, Francisco Cordova Lira, au gestionnaire du Parc de Xel-Ha , Eduardo Briones et au responsable du service d’éducation à l’environnement, Manuel Sanchez Crespo, ainsi qu’à tous les collègues et amis de ce parc, en particuliers à ceux du service d’éducation. Leur travail, leur appui logistique et les compléments de financement ont rendu possible la réalisation de cet ouvrage à la fois sous forme CD et sous forme papier. viii Merci aussi au Centre de Culture Scientifique et Technique de de Guadeloupe (CCSTI) , Archipel des Sciences et merci en particulier à Vonic Laubreton et à Monique Barillot qui ont généreusement contribué à l’illustration du livre et à la création des personnages qui accompagnent notre propos. Merci à l’Ambassade de France qui a financè une mission pour Liliane Frenkiel, en nous permettant travailler les materiux de cet livre. Merci à Megan Davis, à Gabriel Delgado à Bob Glazer, Silvia Manzanilla, Mari-Luz Nicaise, Miguel Rolon et Stephanie Thiele, qui ont apporté leur appui tout au long de cette année pour corriger et améliorer notre livre. Au Conacyt, organisme partenaire de CYTED (Ciencia y Tecnologia pour le développement) et au projet II-7 qui s’est associé à cette initiative, mes remerciements vont aussi à Clara Moran de la sous direction des collaborations multilatérales. Cependant, le personnage clé de cette initiative reste Miguel Rolon du Caribbean Fisheries Management Council (CFMC – NOAA). Miguel est un homme visionnaire qui rend possible le passage à l’action dans de multiples projets. Travailler avec lui est un honneur, car c’est une personne de grande qualité tant professionnelle qu’humaine, impliqué dans ix la conservation et la réhabilitation des espèces marines de la Caraïbe, dont l’importance est fondamentale dans le fonctionnement de ces écosystèmes. Toute notre gratitude à Miguel Rolon pour leur appui financier pour l’élaboration de cet ouvrage. Avec énergie, passion et espérance j’écris ces lignes pour dire à tous les participants ma confiance et mon amitié. Merci. Dalila Aldana Aranda J’ajouterai mes remerciements chaleureux à ceux de Dalila à tous ceux qui ont répondu présents pour corriger, améliorer, enrichir notre travail. Merci tout particulièrement à Megan Davis qui m’a depuis des années offert la possibilité d’utiliser pour les actions éducatives que je mène en Guadeloupe, les superbes photos de larves de lambis qui ont servi de modèles pour bien dessiner les larves. Mais j’ajouterai que si j’ai eu l’idée de diffuser sous une forme facilement accessible les informations de base nécessaires à la protection de nos ressources communes, je n’aurai jamais pu mener à bien cette entreprise sans la collaboration, l’enthousiasme, le x sens de l’humour et la détermination de Dalila. J’espère qu’audelà de ce travail commun nous irons vers de nouvelles collaborations pour que nous unissions encore plus nos efforts pour la sauvegarde du bien commun et partagé que représente le Lambi dans la Région Caraïbe. Liliane Frenkiel xi xii Introduction Dans la région Caraïbe, vit depuis très longtemps, plus longtemps que l'arrivée des premiers hommes, un grand et beau coquillage que tous les Caribéens connaissent et à qui ils ont donné une quantité de noms différents. On l’appelle Caracol rosa au Mexique, mais dans le Mexique préhispanique, les Aztèques l’appelaient Teccizmama. On le connaît sous le nom de Botuto au Venezuela, Cambombia au Panama, Cambute au Costa Rica, Caracol gigante au Honduras, Caracol pala en Colombie, Caracol au Nicaragua, Carrucho à Puerto Rico, Cobo à Cuba. En Floride, aux Bahamas et dans tous les pays où on parle anglais, on l’appelle Queen conch. En français, on l’appelle Strombe géant mais, en 1 Guadeloupe et en Martinique, tout le monde le connaît sous le nom de Lambi, qui vient des temps lointains où les petites Antilles étaient habitées par des peuples indiens venus d’Amérique du Sud. On l’appelle aussi Lambí à Haiti et à Saint Domingue. Tous ces noms traditionnels, différents dans chaque pays, sont des noms populaires ou noms vernaculaires. Les biologistes l’appellent Strombus gigas; c’est son nom scientifique, c’est à dire celui qui permet de le reconnaître pour les biologistes du monde entier, quelle que soit la langue qu’ils parlent. Maintenant que nous connaissons sa multitude de noms, pour simplifier, nous l’appellerons dans ce livre, soit par son nom scientifique soit Lambi en Français, soit Caracol rosa en Espagnol, soit Queen conch en Anglais. Il a été très utilisé depuis que les hommes ont colonisé les îles et les pays de la région Caraïbe. Les peuples amérindiens en faisaient des outils, des hameçons et aussi des œuvres d’art; ils mangeaient sa chair probablement grillée sur les plages où on retrouve des restes de coquilles qui portent des traces de feu. Plus tard, au temps de l’esclavage, il permettait de communiquer de colline en colline pour annoncer les grands 2 événements de la vie; naissance, mariage, mort, mais aussi les révoltes. Il annonçait l’arrivée des canots de pêche et donnait le signal de la récolte des ignames. C’était à la fois la radio, le téléphone et un instrument de musique. Les plus belles coquilles décoraient les tombes des pêcheurs. Les autres ont été utilisées pour faire des digues et il reste encore des fours à chaux, témoins de son utilisation industrielle. Il faisait partie de la vie de tous les jours, des jours de fête et des jours de deuil. Aujourd’hui, sa chair fait partie de la cuisine traditionnelle dans beaucoup de pays de la Caraïbe. Sa coquille, recouverte à l’intérieur de nacre rose, est vendue aux touristes comme souvenir. Il retrouve sa place comme instrument de musique et participe aux fêtes traditionnelles comme le carnaval. Si on cherche les recettes de cuisine à travers la Caraïbe, il y en a encore bien plus. Dans les différents pays, on le mange en ceviche, macéré dans le citron, comme au Mexique, mais d’autres le préfèrent en brochettes; on le mange aussi avec une sauce pimentée et du riz et pois rouges. Aujourd’hui, en Guadeloupe, on fait même du boudin de lambi et du poulet farci au lambi! Si on va plus au nord, aux 3 Bahamas, on mange du lambi en salade mais surtout des conch fritters et une délicieuse soupe qui s’appelle conch chowder. Savez-vous que les lambis font de très jolies perles roses et que leur coquille est sculptée et très utilisée en bijouterie aux Bahamas et dans certaines îles de la Caraïbe? Malheureusement, au soleil, et même dans l’ombre, avec le temps, la nacre perd aussi sa couleur rose! Mais le malheur des lambis, est qu’ils sont tellement appréciés pour leur coquille et pour leur chair, partout dans la Caraïbe que les pêcheurs, les consommateurs et les entrepreneurs ne sont pas convaincus que la mer ne pourra pas toujours nous en fournir en plus grande quantité. Ils ont oublié qu’il s’agit d’une ressource naturelle renouvelable à condition de l’utiliser raisonnablement. Dans certains pays, on consomme beaucoup plus de lambis que les pêcheurs peuvent en récolter dans leurs zones de pêche. Dans d'autres pays, les lambis sont surtout pêchés pour être exportés vers les pays consommateurs. Actuellement ce commerce international qui peut représenter un bon revenu pour certains pays de la Caraïbe, est une source d’enrichissement rapide pour les entrepreneurs de certains 4 pays de la Caraïbe, mais il peut aussi conduire au désastre écologique que serait la disparition de cette ressource surexploitée un peu partout, si on n'arrive pas à établir et à respecter des règles de pêche durable. Pour une exploitation durable, les captures doivent être limitées à la capacité de régénération de la ressource qui tient compte du rythme de reproduction et de la vitesse de croissance de l’espèce exploitée. Depuis plusieurs années, petit à petit, les lambis sont devenus plus rares. Ils ont même disparu dans certains endroits et on a fini par se demander “mais que faut-il faire pour conserver cette ressource?” Alors, on s’est retourné vers les biologistes et on leur a demandé: “Est ce qu’on pourrait élever les lambis dans des fermes comme on élève des poulets“? Et les biologistes ont répondu: “Il faut d’abord bien connaître les lambis, savoir comment ils vivent, ce qu’ils mangent, qui les mange, comment ils se reproduisent, comment ils grandissent, jusqu’à quel âge ils vivent? Et c’est seulement quand on aura répondu à toutes ces questions qu’on pourra dire si oui ou non il est possible de les élever dans des fermes marines“ 5 Mais les biologistes ont pensé à deux autres pistes de travail car l’aquaculture d’une nouvelle espèce n’est pas simple à mettre au point et n’est pas forcément l’unique solution aux problèmes d’exploitation durable des ressources marines et du Lambi en particulier. Les biologistes ont proposé d’autres voies raisonnables pour maintenir cette ressource et son leur utilisation durable: a) Protéger les lambis dans des réserves naturelles où ils existent encore. Ces réserves peuvent être de différentes sortes; réserves de biosphères, réserves régionales, parcs marins, dans lesquels tous les animaux et toutes les plantes sont protégées; on ne doit rien récolter, rien pêcher. Ce sont des sanctuaires de reproduction. b) Mener une grande campagne d’éducation en particulier pour expliquer aux enfants comment vivent les Lambis, quels sont leurs problèmes, et l’importance d’établir une protection pour le Lambi comme il est important de l’établir pour les tortues et pour toutes les espèces que la surexploitation met en danger. 6 Depuis 40 ans les biologistes ont travaillé et ce petit livre raconte ce qu’ils ont appris et aussi ce qu’on ne connaît toujours pas sur la vie du Lambi Strombus gigas. ” ita ch n o “C Certains des enfants qui liront ce livre seront les biologistes de demain et certains continueront à travailler pour que les lambis soient toujours une espèce vivante que tous les peuples de la Caraïbe pourront continuer à exploiter de manière durable, digne de l’humanité en harmonie avec son environnement, et non une pièce de musée. Comment naissent les Lambis? Oeuf de Lambi Oeuf de tortue Oeuf de poule 7 Le bébé lambi naît dans un œuf comme les poussins ou les bébés tortues. Mais les œufs de lambi sont beaucoup plus petits que des œufs de poule ou de tortue. Ils sont plus petits que des grains de sable, tellement petits qu’on ne peut pas les voir à l’œil nu. Les oeufs sont cachés dans un cordon de gelée collante que la maman lambi dépose avec son pied. Elle se balance doucement à droite et à gauche pour bien enrouler le cordon comme on fait une pelote de ficelle. La femelle lambi dépose toujours sa ponte sur un fond de sable ou de gravier. Les grains de sable collent au cordon, au fur et à mesure qu’elle le dépose. Quand la ponte est terminée, c’est un long cordon qui mesure jusqu’à 30 mètres si on le déroule mais qui, bien pelotonné, forme un croissant de 10 à 15 cm tout enrobé de grains de sable. Cette ponte contient environ 400 000 œufs. 8 Dès qu’elle a fini de pondre, la maman Lambi abandonne sa ponte, camouflée dans le sable et s’en va. Dans la ponte, chaque œuf se transforme et devient un embryon qui deviendra un petit lambi. Au bout de 5 jours, les œufs éclosent et il en sort des bébés lambis qui ne ressemblent pas du tout à leurs parents. Où vivent les bébés Lambis? 6 jours 9 jours 2 jours 0,5 mm Quand ils sortent de leurs œufs, les bébés lambis sont si petits qu’on ne peut toujours pas les voir à l’œil nu. On peut en trouver au moins 10 dans une goutte d’eau et il faut un microscope pour les voir. Un bébé lambi qui vient d’éclore a deux voiles arrondies bordées de cils qui battent très vite. Ces voiles forment le velum qui permet au petit lambi de nager, de 9 respirer et d’envoyer des algues microscopiques vers la bouche pour les manger! Le velum est donc très important pour la vie du bébé lambi qui s’appelle une larve véligère. La larve véligère a déjà une minuscule coquille transparente. Les bébés lambis vivent dans le plancton et se laissent porter par les courants marins pendant 3 semaines à un mois. Et il est difficile de dire où ils arriveront après ce long voyage mais on sait, par exemple, qu’en un mois ils peuvent aller du Mexique à la Floride. (3) (4) (2) (1) (5) (7) (6) Comme le bébé lambi (1), les autres mollusques (2) les langoustes (3), et les autres crustacés (4), les oursins (5), les 10 palourdes (6), les poissons (7) et bien d’autres animaux ont des bébés qui flottent dans la mer durant les premiers jours ou semaines de leur vie. Tous les petits animaux et toutes les algues microscopiques qui flottent dans l’eau de mer forment le plancton. Mais dans le plancton, tout le monde ne vit pas en paix. Il y a des larves comme toutes les larves de Mollusques qui mangent seulement des algues microscopiques (on peut dire qu’elles sont herbivores) mais d’autres sont carnivores. Par exemple, les larves de langoustes et de crabes mangent d’autres petits animaux comme les bébés lambis et les bébés palourdes. Larve pédivéligère 20 jours Après 3 semaines passé dans le plancton, le bébé lambi mesure à peu près 1 millimètre; il devient lourd à cause de sa coquille qui a grandit et il descend se poser sur le fond de la 11 mer. En même temps, il se métamorphose (comme la chenille qui devient papillon ou le têtard qui devient grenouille). Le velum, qui lui permettait de nager, respirer et de manger, disparaît. En même temps, il a un pied qui pousse et qui va lui permettre de ramper ou de sauter sur le fond. Dans son mufle pousse une petite râpe appelée radula qui lui permettra de brouter d’autres algues que celles qu’il rencontrait dans le plancton. Il a aussi une branchie qui lui permettra de respirer différemment. A partir de ce moment, il commence à ressembler à l’anatomie d’un lambi… et il ne pourra plus jamais nager. Juvénile plantigrade 25 jours Le petit lambi métamorphosé s’enfonce dans le sable et se cache pendant un an!!! Mais il sort quand même la nuit pour manger des algues minuscules et des bactéries collées à la surface des feuilles de l’herbier et il grossit. Il avale aussi du sable pour récupérer les algues et les bactéries collées sur les grains de sable. C’est devenu un lambi miniature qui 12 ressemble à ses parents mis à part le pavillon de la coquille qui n’appartient qu’aux adultes. Comment grandit un Lambi? Le lambi construit sa coquille dès qu’il sort de l’œuf et peut-être même avant. A l’éclosion, sa coquille est transparente et elle a un tour et demi. Quand il se métamorphose, sa coquille est devenue opaque; elle a 4 tours et elle est devenue assez grande pour qu’il puisse s’y abriter. Sa coquille grandit au fur et à mesure que son corps grossit. Puis elle devient dure et épaisse. 1 cm 3 mois 1 mm 1 mois Quand il a 2 ou 3 mois, sa coquille est blanche; quand il a 5 ou 6 mois elle commence à porter des dessins bruns. A 1 an, la surface interne de la coquille a la coloration rose- 13 orangée de la nacre typique du lambi. Sur son pied, se forme un opercule dur qui lui permet de s’enfermer lorsqu’il se met à l’abri au fond de sa coquille. 1 an 2 ans 10 cm 15 cm 3 ans 4 ans 20 cm 25 cm 14 Quand on commence à voir les petits lambis de 8 ou 10 centimètres, dans les herbiers, ils ont déjà à peu près un an. Leur coquille forme des épines pointues, une vraie forteresse! Quand le Lambi grandit, sa coquille s’allonge et continue à s’enrouler en spirale. A deux ans il est toujours enroulé en spirale avec un bord coupant. Quand il a 3 ans, sa coquille commence à former un large pavillon étalé qu’on appelle aussi lèvre. Ce pavillon montre que le lambi a fini de grandir et qu’il sera bientôt mûr c’est à dire capable de se reproduire. Le Lambi est comme un adolescent; le pavillon de sa coquille est encore fin et fragile. Il s’épaissit et atteint sa taille adulte à peu près entre trois ans et demi et quatre ans. Après 4 ans la lèvre est épaisse. Quand il vieillit, sa coquille devient de plus en plus épaisse et plus lourde. Les épines qui étaient longues et pointues deviennent émoussées, usées ou cassées. Souvent, la coquille se couvre d’algues et même de petits animaux se fixent dessus comme si c’était un rocher. Sa coquille épaisse est souvent plus petite que celle du Lambi adulte parce que le bord est usé. On appelle ces vieux lambis “Samba Conch” dans de nombreuses îles de la Caraïbe, dans d'autres on les appelle "stone conchs" ce qui veut dire "Lambi de pierre". 15 Ils sont tous petits dans cette école Dans ma famille, pour grandir, on doit descendre au fond de la mer et se métamorphoser Quand ils grandisse nt ils vont au collège Et au fond de l'eau, on grandit jusqu'à ce qu'on ressemble à nos parents avec une coquille qui a un beau pavillon rose Beaucoup de gens croient que chaque coquille (grosse, petite, avec lèvre, sans lèvre, avec des épines longues ou des épines courtes) appartiennent à des espèces différentes. Et 16 pourtant ces différentes formes sont seulement les différentes étapes de la croissance du lambi, exactement comme un bébé est bien différent d’un enfant et encore plus d’un adulte ou d’un vieillard. Comme les hommes, tous les lambis adultes n’ont pas la même taille. On peut trouver des lambis plus ou moins grands avec un large pavillon. Mais il y a aussi des Strombes beaucoup plus petits avec une coquille épaisse et un pavillon blanc qui appartiennent à une autre espèce mais à la même famille (systématique). On les appelle Strombe laiteux, leur nom scientifique est Strombus costatus; ils sont exploités localement pour compléter la production de lambis mais n’entrent pas sur le marché international. Il existe aussi d’autres espèces, tellement plus petits qu’ils n’intéressent pratiquement que les collectionneurs comme le Strombe coq, Strombus gallus. Certaines petites espèces comme le Strombe combattant, Strombus pugilis sont exploitées localement dans certains pays comme le Mexique. 17 Comment se reproduisent les Lambis? penis Canal ovigère mâle femelle accouplement Comme chez la plupart des animaux, il y a des mâles et des femelles mais on ne peut pas reconnaître les lambis mâles des lambis femelles sans les sortir de leur coquille car leurs coquilles ne sont pas assez différentes. Lorsque les lambis ont fini de grandir et sont devenus adultes, la femelle a développé son appareil génital qui se 18 termine par un sillon qui court le long du côté droit du pied et qui lui permet de pondre ses œufs. L`appareil génital du mâle se termine grand pénis noir placé à droite en arrière de la tête et au-dessus du pied. Il est devenu capable de fabriquer les spermatozoïdes nécessaires pour féconder les œufs et leur permettre de se développer. Quand les lambis s’accouplent, ils se mettent tout près l’un de l’autre jusqu’à ce que leurs coquilles se touchent. Le mâle se met derrière la femelle; le pénis du mâle s’allonge sous le manteau de la femelle pour déposer le sperme et féconder les œufs. Ça fait combien de millions de bébés lambis? ” ita ch n o “C Chaque femelle adulte est capable de pondre 8 fois chaque année et dans chaque ponte il peut y avoir 400 000 œufs. Alors on peut se demander ce que deviennent tous ces petits lambis pour qu’il y ait de moins en moins de lambis adultes dans la mer. 19 Qui mange le Lambi? Qui mange les petits lambis dans le plancton, qui mange les petits lambis quand ils se métamorphosent et qui les mange quand ils ont grandit? Et surtout combien, des millions de bébés lambis qui naissent chaque année, survivront jusqu’à devenir des adultes capables de se reproduire? 20 Beaucoup de petits animaux carnivores du plancton mangent les bébés lambis qui ne sont pas encore protégés par une coquille solide. Quand ils se métamorphosent et jusqu’à ce qu’ils aient un an, ils se cachent dans le sable et ne sortent manger que la nuit mais beaucoup sont quand même mangés par des poissons et par de nombreux animaux carnivores. Ils mangent les petits lambis ” ita ch n o “C (1) (2) (5) (3) (4) 21 Quand ils ont un an et une coquille assez solide, ils sortent plus souvent mais ils sont obligés de se défendre contre leurs cousins carnivores les conques (1), contre les langoustes (2), les bernard-l’ermite (3), les autres crabes carnivores (4), les poissons carnivores (5) et tous les animaux qui, dans la mer, sont leurs prédateurs naturels. Ceux qui ont survécu jusqu’à deux ans sont presque sauvés car leur coquille est devenue assez dure pour bien les protéger. Ceux-là mangent aussi les gros lambis ” ita nch o “C (7) (6) (8) (9) 22 Les tortues (6), les poulpes (7) et les raies (8) arrivent encore à manger des jeunes lambis de deux ou trois ans et même des lambis adultes. Mais plus encore que tous ces animaux, l’homme est le plus grand ennemi des lambis lorsqu’ils sont assez gros pour se défendre contre leurs prédateurs naturels. Un lambi peut se défendre en se retournant brusquement et en donnant un bon coup de pied aux agresseurs. Il peut aussi rentrer dans sa coquille et fermer l’opercule. Mais que faire contre les plongeurs (9) qui les attrapent pour les remonter à la surface et les tuer en les sortant de leur coquille ? Leur dernier moyen de défense est de descendre dans les herbiers profonds, là où les pêcheurs de lambis ne vont pas. Comme partout dans la nature, des animaux mangent et sont mangés mais il s’établit un équilibre qui fait que, sur les millions de petits lambis qui naissent, il en reste toujours assez pour qu’ils puissent se reproduire et remplacer leurs parents. Tout fonctionne très bien tant que les hommes ne détruisent pas l’équilibre de la chaîne alimentaire. 23 La disparition du Lambi Autrefois, les pêcheurs attrapaient autant de lambis qu’ils voulaient et chaque année les lambis qui restaient, produisaient assez de jeunes pour remplacer ceux qui avaient été pêchés. Maintenant, il est de plus en plus difficile de trouver des lambis adultes et même des jeunes. Pourquoi? Tout simplement parce que, dans les pays consommateurs, de plus en plus de restaurants touristiques et de plus en plus de gens achètent des lambis même s’ils coûtent cher et de plus en plus de pêcheurs se sont mis à les pêcher parce qu’ils rapportent beaucoup d’argent. Alors, s’est développé un marché international vorace qui dépasse largement la Caraïbe et qui exige d’acheter toujours plus de Lambis pour satisfaire la demande du marché. Les pêcheurs travaillent dur pour pêcher de plus en plus de lambis chaque année et ils pêchent aussi bien les jeunes que les adultes. Et ainsi l’effort de capture par tous les moyens 24 qui s’exerce sur les populations de lambis devient chaque année plus fort. Et maintenant, les lambis adultes qui restent dans la mer ne sont plus assez nombreux pour remplacer chaque année ceux qui sont pêchés. Et les pêcheurs vont pêcher de plus en plus profond, là où les adultes reproducteurs pouvaient vivre tranquillement. Pourquoi y a-t-il une telle augmentation de l’effort de capture des lambis? Parce qu’il est très demandé en particulier par les restaurants touristiques, parce qu’il est assez cher sur le marché pour rapporter beaucoup d’argent, parce qu’il représente une source de travail, parce que c’est un animal assez grand pour être bien visible et facile à capturer. Sa seule défense contre ses prédateurs naturels est sa coquille. Au contraire, pour l’homme, c’est justement sa coquille qui le met en danger, parce qu’elle est grande et bien visible, et parce qu’il n’a pas de moyens de s’échapper vu qu’il ne peut ni courir, ni mordre, ni piquer, et qu’il n’a pas de venin! 25 Le Museum d’Histoire naturelle de Paris a des étiquettes pour des animaux disparus qui disent: "Je ne mords pas, je ne pince pas, je ne cours pas, mais ne me touchez pas parce que je suis le seul exemplaire qui reste". Et si on ne laisse pas assez de lambis adultes dans la mer pour faire des petits lambis, ils finiront par disparaître aussi des écosystèmes de la Caraïbe, et en tout cas, ils seront tellement rares que l’excès de pêche aura tué la pêche. ” hita c n “Co Aujourd’hui, il n’y a pas assez de lambis pour que chaque pêcheur puisse prendre tous les lambis qu’il trouve, n’importe où, et n’importe quand. Alors que faire ? A la question « alors que faire? » On peut répondre en prenant différentes mesures: ü ü Arrêter de pêcher les lambis. Pêcher tous les lambis qu’on veut jusqu’à ce qu’il n’y en 26 ait plus du tout, et alors on ne pourra plus jamais, ni en manger, ni en vendre. ü Prendre encore des lambis, mais en en laissant assez pour qu’ils se reproduisent, exactement comme on doit toujours garder des vaches et un taureau si on veut avoir des veaux l’année suivante. Chaque pêcheur n’aura pas pêché autant de lambis qu’il aurait voulu mais il continuera à pêcher et après lui, ses fils, ou d’autres jeunes pêcheurs pourront encore pêcher. Et le lambi restera une source de nourriture et de travail pour les habitants de la Caraïbe. Beaucoup de gens pensent que cette dernière solution est la meilleure et la réglementation de la pêche doit permettre aux lambis de se reproduire pour qu’on puisse continuer à pêcher. Tous les pêcheurs doivent savoir combien ils peuvent pêcher (respecter les quotas de capture), comment ils peuvent pêcher (respecter les techniques de pêche autorisées) et quand ils peuvent pêcher (respecter les interdiction de pêche saisonnières) et ne pas prendre tous les lambis qu'ils trouvent, n’importe où, et n’importe quand. 27 Mais de plus en plus de scientifiques et même de pêcheurs pensent que la situation du lambi est tellement grave dans toute la Caraïbe, que nous n’aurons bientôt plus d’autre solution que d’arrêter complètement de pêcher pendant plusieurs années avant qu’il soit trop tard pour que les populations de lambis puissent se reconstituer. Et comme chacun ne peut pas décider tout seul comment utiliser un bien commun, les scientifiques, les représentants des pêcheurs et des autres usagers de la mer se sont mis d’accord avec les administrateurs des affaires maritimes et de la pêche des différents pays pour établir des règles que tout le monde devra respecter. Une fois qu’on sait comment vivent et se reproduisent les lambis, il est plus facile de comprendre pourquoi ont été prises les décisions de réglementation, de les respecter et d’expliquer aux autres pourquoi c’est l’intérêt de tout le monde d’essayer de sauver les ressources de la mer et en particulier les lambis qui constituent une pièce fondamentale de la chaîne trophique des écosystèmes de récifs coralliens et qui représentent un patrimoine commun à tous les peuples de la Caraïbe. 28 Certains pays ont réussi à établir un plan de gestion de la ressource en lambis; d’autres ne sont pas encore convaincus de l’urgence de protéger les populations de lambis dans leurs eaux pour en organiser l’exploitation durable. Dans ces pays, les pêcheurs et autres usagers de la mer ont un accès non contrôlé à cette ressource. D’autres pays encore ont une réglementation de la pêche mais les pêcheurs ne sont pas convaincus du fait que tous doivent respecter ces règles pour maintenir une exploitation durable du Lambi. Enfin certains pays ont une réglementation de la pêche tellement insuffisante qu’elle permet en particulier la capture de juvéniles qui ont un pavillon mince et qui n’ont donc pas eu le temps de se reproduire; dans ce cas la réglementation est dangereuse puisqu’elle ne tient pas compte de la réalité des connaissances pour assurer la protection de façon efficace. Il existe différents moyens de protection, pour la ressource en lambis. Les différents moyens de protection sont basés sur les études de dynamique de population, sur la connaissance de la biologie de l’espèce et sur les discussions et les accords entre usagers de la mer et autorités de gestion de la pêche qui veillent à l’application des règles pour la capture de cette ressource. Et l’ensemble doit être porté à la 29 connaissance de tous par un programme de publicité et d’éducation qui ne doit pas se limiter à l’information rapide des pêcheurs. Nous pouvons résumer ici les principales méthodes de gestion de la ressource en Lambis mais différentes méthodes peuvent être employées pour limiter l’effort de capture à un niveau correct en fonction de l’état de la ressource et de la capacité à faire respecter mieux une limitation qu’une autre, dans chaque pays. 1. Espaces protégés Pour protéger l’ensemble de l’environnement marin et les ressources marines, on a délimité des zones de réserves naturelles de biosphère et des réserves régionales: dans ces réserves, tous les animaux et toutes les plantes sont protégés. On ne peut pas y pêcher et on ne doit rien récolter, ni les pierres, ni les coraux, les gorgones, les mollusques, les crustacés, et autres organismes; ce sont des sanctuaires pour la reproduction de tous les animaux et des plantes qui y vivent. Les réserves doivent être bien surveillées. Ce sont aussi des lieux privilégiés d’étude des espèces qui y vivent sans 30 agressions majeures. Les réserves peuvent permettre des activités et des revenus autres que la pêche comme les observations d’animaux et d’autres activités ecotouristiques. 2. Petit Lambi deviendra grand: laisse le vivre ! En tout temps et en tous lieux, il est interdit de récolter les jeunes lambis dont la coquille n’a pas de pavillon. Cette règle est vraiment très importante parce que ces lambis sont les survivants de la grande disparition des jeunes qui sont soumis à la prédation naturelle. Leurs chances d’arriver à l’âge adulte sont très importantes si on laisse faire la nature parce qu’à partir de la taille de 15 cm, ils ont peu de prédateurs à part l’homme. Le problème est que ces petits lambis vivent de préférence dans les herbiers peu profonds et qu’ils peuvent être récoltés par n’importe qui, même par des enfants. 3. Laisser les lambis adultes s’accoupler et pondre Pour garder suffisamment de lambis adultes pour assurer la reproduction on doit interdire la pêche pendant la principale saison de reproduction. L’interdiction peut être de 4 31 à 8 mois en fonction des conditions de milieu et de populations de chaque pays. Cette réglementation est nécessaire et doit être appliquée strictement pour protéger la période d’accouplement et de ponte et éviter que les lambis de toute une région disparaissent parce qu’ils se sont rassemblés pour s’accoupler. 4. Plongée en apnée ou plongée en bouteille? Pour la vie des jeunes et des lambis: Stop a la pêche en bouteille ! ” ita nch o “C Dans de nombreux pays, il est interdit de pêcher les lambis, et aussi les langoustes et les poissons, en utilisant des bouteilles de plongée ou des compresseurs qui permettent de respirer sous l’eau et donc d’aller de plus en plus profond durant des temps de plus en plus longs pour capturer des animaux qui n’ont aucune chance d’échapper. Il est important que les adultes reproducteurs qui vivent au dessous de 20 m ne soient pas pêchés. 32 De plus la pêche avec des bouteilles de plongée met en danger la vie des pêcheurs du fait que la plongée doit respecter des règles de sécurité que les jeunes qui font la pêche illégale des lambis ne connaissent pas. En braconnant le lambi, ils risquent leur vie ou risquent de rester handicapés à cause d’accidents de plongée. Mais pour le marché, ne comptent ni le respect des ressources renouvelables ni la vie des hommes; seule compte la loi du marché et du profit. Les bouteilles de plongée doivent servir à travailler sous l’eau, elles doivent aussi servir à observer les animaux dans leur milieu; pas à les chasser sans aucun respect des règles d’exploitation durable. Ce serait un objectif important pour les conférences internationales d'obtenir que l'interdiction de pêche avec équipement de plongée soit adoptée par l'ensemble des pays de la Caraïbe. 5. Limiter la pêche pour maintenir une production durable Quand le suivi d'une pêcherie montre que le nombre de lambis récoltés par un bateau pendant le même temps de 33 pêche diminue, au cours des quelques mois d’ouverture, c'est un signal de surexploitation. Il est urgent dans ce cas de limiter l'effort de pêche. Cette limitation peut être différentes selon les pays: limitation par bateau, par jour, nombre de jours de pêche autorisés dans la semaine, le mois ou l'année, quotas de pêche pour l'année, limitation du nombre de bateaux autorisés à pratiquer cette pêche ou limitation du nombre de mois de pêche dans l'année. Il peut même être nécessaire d'arrêter complètement la pêche durant une période de récupération ou de reconstitution du stock qui peut être de 4 ans ou plus. Mais pour que l’ensemble des règles de survie des populations de lambis soient efficaces, il faut que tous les pays de la Caraïbe passent de sérieux accords pour que les lambis pêchés dans un pays ne puissent pas être vendus dans un autre. Une première étape devrait être pour tous les pays de la Caraïbe le respect des règles de gestion les plus urgentes: ü Tous les pays sont encouragés à mettre en réserve des zones naturelles et à s’engager à faire respecter leurs zones de réserve naturelles qui sont la garantie pour l'avenir non 34 seulement des lambis mais de toutes les ressources du milieu marin. Et si on vend les lambis sans la coquille comment reconnaître si ce sont des adultes qui avai ent un large pavillon épais? ” ita nch o “C C’est facile; il faut les peser et il ne doit pas y en avoi r plus de 4 pour faire un kilo. Mais cette norme doit être vérifiée dans chaque pays parce qu’il peut y avoi r des popul ations où les adultes sont plus ou moins grands ü Tous les pays devraient s'engager à respecter au moins: a) La limite de taille et de poids à des niveaux corrects pour protéger sérieusement les juvéniles et ne pas permettre la pêche de lambis qui n’ont pas pondu pendant au moins une saison. 35 b) Existence d’un pavillon assez épais pour ne pas être cassé à la main et poids correspondant de chair lorsque les animaux sont vendus sans coquille (4 lambis dans 1 kilo). Ces deux limites appliquées correctement sont les seuls moyens de protéger les jeunes qui n'ont pas encore eu le temps de se reproduire. ü Tous les pays devraient être encouragés à organiser le suivi de leur pêcherie. Mais il est important pour tous d'appliquer le principe de précaution qui veut qu'on décide de mesures de protection sans attendre les résultats des études. Il est plus facile de diminuer la protection que de reconstituer ce qui a été détruit. ü Tous les pays doivent pouvoir respecter une limitation de production en relation avec leurs zones de pêche. Et il faut aussi une grande concertation entre tous les pays et un grand effort pour éliminer la pêche illégale qui est une véritable piraterie du bien commun. Cette pêche pirate ne sera éliminée que par un effort d’éducation pour que tout le monde comprenne que c’est à la fois l’intérêt des pêcheurs et celui des consommateurs et de 36 tout le monde d’instituer une exploitation durable des ressources de la mer. Mais il ne suffit pas d’établir des règles, il faut aussi que tous les pays soient prêts à organiser la surveillance de leurs ressources et de leurs réserves naturelles et à punir sévèrement ceux qui ne les respectent pas. ü Tous les pays doivent être encouragés à organiser des programmes éducatifs sur le bon usage des ressources de la mer et à prendre le lambi comme exemple d'une gestion sage des ressources aussi bien pour les enfants que pour les pêcheurs et pour les consommateurs. Et ce livre et les documents qui l'accompagnent sont faits pour aider les pays de la Caraïbe à mettre en chantier leur programme d'éducation. Rendez-vous dans quelques années, pour savoir si ces mesures ont permis de reconstituer le stock de lambis. Il faut des millions de jeunes lambis pour qu’il y ait des lambis adultes reproducteurs en quantité suffisante si on veut laisser des ressources normales à nos enfants et aux enfants de nos enfants. 37 Glossaire ACCOUPLEMENT. L’accouplement se fait avec un allongement très important du pénis qui pénètre dans la bourse copulatrice sans gêner la ponte qui se fait jusqu’à la gouttière de ponte qui court le long du côté droit du pied. Mais les œufs pondus ne sont pas ceux qui viennent d’être fécondés puisqu’ils transitent dans l’utérus où ils sont entourés par les enveloppes protectrices. Le mâle profite plutôt de l’immobilité de la femelle pendant la ponte. L’accouplement n’est pas très sélectif puisqu’on a observé des mâles essayant de s’accoupler avec des femelles d’autres espèces. De plus, une femelle peut avoir été fécondée par plusieurs mâles ce qui met en compétition les spermatozoïdes. ANATOMIE. Toutes les espèces de Strombes ont en commun des caractères anatomiques caractéristiques. Ils ont en particulier des pédoncules oculaires (voir oeil) très grands et des tentacules oculaires très petits, un long mufle appelé proboscis, un pavillon ou lèvre plus ou moins grand de la coquille qui se développe chez les adultes. Tous ces caractères ont été décrits surtout chez Strombus gigas mais sont valables pour les autres espèces. APPAREIL GENITAL FEMELLE. L’appareil génital femelle comporte un ovaire brun qui est situé dans la région superficielle des derniers tours de spire de la masse viscérale et un appareil plus compliqué que celui du mâle puisqu’il comporte des poches qui permettent l’accouplement (bourse 38 copulatrice), le stockage du sperme (réceptacle séminal) et une région sécrétrice très développée qui participe à la formation des enveloppes protectrices de chaque œuf et à la constitution des enveloppes protectrices de la ponte, qu’on appelle «utérus» mais qui n’a pas du tout le même rôle que l’utérus d’une femelle de mammifère. La disposition des différentes parties de l’appareil génital permet l’accouplement en même temps que la ponte avec des trajets bien distincts pour les œufs et pour le sperme. APPAREIL GENITAL MALE. L’appareil génital mâle comporte un testicule qui est la glande blanche qui occupe l’extrémité spiralée de la masse viscérale. En réalité le testicule recouvre la glande digestive et n’occupe que la région superficielle des 3 derniers tours de spire même en période de reproduction. Les tubules du testicule débouchent dans un canal très replié (canal déférent ou vas deferens) qui contient les spermatozoïdes murs. Ce canal se prolonge par une gouttière formée par la prostate et le manteau qui arrive jusqu’au pénis qui est situé sur la droite de l’animal au dessus du pied et en arrière de la tête. Le développement du pénis est le repère le plus évident de l’état adulte de maturité. Cependant ce n’est que la partie la plus visible du développement du tractus génital. Chez les juvéniles l’ébauche de pénis forme une petite protubérance jaune. CONCHITA. En espagnol "Conchita" signifie petit coquillage. Conchita c’est une larve veligère du Lambi. Elle est la mascotte de ce livre et du Program Lambi. 39 COQUILLE. Strombus gigas, comme la plupart des mollusques fabrique sa coquille dès les premiers stades du développement embryonnaire, c'est à dire avant l'éclosion de l'œuf. La coquille des Strombes est spiralée comme celle de la plupart des Gastéropodes Au moment de l'éclosion, la petite coquille est transparente parce qu'elle n'est pas encore calcifiée mais elle a déjà un tour et demi. Elle est constituée uniquement par la trame protéique de la coquille. Elle a 4½ tours au moment de la métamorphose et elle est devenue opaque à cause du dépôt de calcium mais c'est encore une coquille larvaire qui restera au sommet de la coquille adulte qui commence à grandir au moment de la métamorphose. Formation de la coquille adulte. Les Strombes ont une croissance limitée qui s'arrête peu avant la maturité sexuelle. A partir de 3 ans, le Strombe forme le pavillon de la coquille en 2 temps. (voir pavillon). Structure de la coquille. La coquille est formée par le dépôt de cristaux de carbonate de calcium dans une matrice protéique. Elle comporte 3 parties : La couche externe brune qui se dessèche et se détache à la surface externe des coquilles mortes est le periostracum qui se forme à partir du bord de manteau La coquille proprement dite formée de prismes de conchioline (partie protéique) et de carbonate de calcium sous forme de calcite ou 40 d'aragonite s'agrandit avec la croissance à partir du bord palléal comme le périostracum. La nacre est la couche interne de la coquille, lisse, brillante et colorée, qui est déposée par toute la surface externe du manteau Elle s’épaissit par dépôt de nouvelles couches par toute la surface du manteau qui peut aussi produire des perles si des petites particules sont introduites entre le manteau et la coquille. La nacre pigmentée en rose du pavillon, perd sa couleur au soleil et même avec le temps à l'obscurité. LARVE VELIGERE. La larve de Strombe est une larve véligère qui possède un velum qui lui permet de nager, respirer, se nourrir. La larve véligère a une petite coquille transparente qui est assez grande pour qu'elle puisse se rétracter et se mettre à l'abri dans sa coquille mais ceci n'empêche pas de nombreux animaux planctonophages (mangeurs de plancton) d'engloutir des quantités de petits animaux du plancton. Il y a donc une perte très importante de juvéniles durant la vie larvaire. LEVRE de la coquille = PAVILLON. MANTEAU. Le manteau est le tissu qui sécrète la coquille ; il recouvre le corps de tous les mollusques en contact avec la coquille. Il recouvre la cavité palléale dans laquelle se trouve la branchie et dans laquelle débouche le tube digestif, le rein et l'appareil génital. Il forme chez le lambi un bourrelet orangé qui borde la coquille et qu'on appelle bourrelet palléal ou bord palléal. C'est la région du manteau 41 qui permet à la coquille de grandir au fur et à mesure que l'animal grandit. Cependant l’épaississement de la coquille se fait par toute la surface. METAMORPHOSE. La métamorphose est l'ensemble des modifications anatomiques et physiologiques qui permettent de passer d'un milieu de vie à au autre au cours du développement. Chez les strombes comme chez beaucoup d'autres mollusques, les œufs éclosent en donnant une larve très différente de l'adulte: larve nageuse planctonique appelée larve véligère. Au cours de la métamorphose, la larve véligère perd son organe essentiel qui est le velum et devient benthique. Elle acquiert essentiellement un pied qui lui permet de se déplacer, une branchie qui lui permet de respirer et une radula qui lui permet de manger. La larve qui est prête à la métamorphose a déjà un pied fonctionnel mais pas encore de branchies. La métamorphose est une période de la vie durant laquelle la mortalité naturelle est très importante du fait que la destruction du velum ne permet plus une bonne respiration alors que la nouvelle branchie n’est toujours pas fonctionnelle. Le stade intermédiaire entre la larve véligère planctonique et le juvénile métamorphosé qui est benthique s'appelle pédiveligère (ce qui signifie qu'il a en même temps un pied et un velum). Les problèmes de la métamorphose ne sont pas particuliers aux strombes ni même aux Gastéropodes mais concernent tous les mollusques. Comme chez beaucoup de mollusques, le succès de la métamorphose dépend pour les strombes de la présence de facteurs environnementaux qui permettent une métamorphose rapide. La connaissance de ces facteurs déclenchants de la métamorphose est 42 essentielle pour la réussite d’élevages en aquaculture. Pour les strombes, le principal facteur déclenchant reconnu est une algue rouge mais la métamorphose peut aussi être déclenchée par d’autres facteurs chimiques. ŒIL. Comme tous les escargots de mer, les strombes ont des yeux placés à la base des tentacules céphaliques alors que les yeux sont au bout des tentacules chez les escargots terrestres. Mais, avec des yeux à la base des tentacules, Strombus gigas, à l'abri sous son grand pavillon ne voyait pas grand-chose à l'extérieur. Le pédoncule oculaire (c'est à dire la base de l'œil) s'est allongé de telle façon que ce pédoncule ressemble à un tentacule. Le vrai tentacule est la toute petite excroissance qui a l'air de faire une petite casquette pour protéger l'œil. Et pour mieux surveiller l'ennemi, les Strombes ont un pli spécial au bord du pavillon de la coquille qui leur permet de surveiller d'un œil tout ce qui se passe à l'extérieur. OPERCULE. L'opercule est une plaque cornée dure qui est fixée à la partie dorsale postérieure du pied qui existe chez la plupart des Gastéropodes Prosobranches. L'opercule de Strombus gigas a une forme caractéristique en virgule; il est pointu d'un côté et arrondi de l'autre. Cet opercule joue deux rôles: il permet de fermer l'orifice de la coquille quand l'animal se cache au fond de la coquille. Chez Strombus gigas, la taille assez réduite de l'opercule ne permet pas de fermer correctement l'ouverture de la coquille. L'animal est obligé de se rétracter au fond de la coquille pour que l'opercule s'adapte à une section plus étroite. Les poulpes arrivent à forcer l'ouverture de la coquille et à manger même des lambis adultes. 43 Le rôle très particulier de l'opercule chez les strombes est qu'il permet à l'animal de prendre appui sur le sol et d'effectuer des sauts en utilisant la puissance musculaire du pied. Ce comportement joue un rôle important dans la défense contre les prédateurs. PAVILLON ou LEVRE de la coquille. Le pavillon commence à se former à partir de 3 ans en deux étapes. Le bord de la coquille commence à s'étaler et atteint sa taille maximale en environ 6 mois. Ensuite, la coquille continue sa croissance uniquement en épaisseur. Les études sur la reproduction et la croissance ont montré que la maturité sexuelle est atteinte chez les Strombes de 4 ans dont le pavillon mesure plus de 4 mm d'épaisseur. Cette mesure est trop compliquée à prendre pour être utile dans le domaine de la réglementation. Il est par contre facile de vérifier la solidité du pavillon. Si on peut casser le bord à la main, l'animal n'est pas encore mûr. Il faut lui laisser une saison de reproduction supplémentaire. Cette caractéristique devrait être introduite dans les projets de réglementation PIED. Le pied du Lambi est constitué essentiellement de muscles très puissants. Sa surface extérieure est riche en cellules qui produisent le mucus qui permet le glissement mais les lambis sont capables de faire de véritables sauts soit pour se retourner soit pour échapper à des prédateurs. Pour le faire, ils prennent appui au sol sur l'extrémité pointue de l’opercule qui est fixé à la face dorsale du pied. 44 Le pied et le muscle columellaire (muscle qui fixe les Gastéropodes à leur coquille) sont les deux parties de l'animal qui sont principalement consommées. PLANCTON. On appelle plancton, l'ensemble des petits animaux et des petites algues qui flottent librement dans la mer. L'ensemble du plancton dérive avec les courants et peut donc parcourir des distances importantes. L'ensemble des cellules qui possèdent du pigment photosynthétique constitue le phytoplancton. L'ensemble des petits animaux forme le zooplancton. Le zooplancton est constitué à la fois d'animaux, de petite taille qui passent toute leur vie en pleine eau et de stades larvaires d'animaux dont les adultes vivent au fond de l'eau comme les strombes et beaucoup de mollusques et de crustacés. Dans ce cas on dit que l'adulte est benthique et que les stades larvaires sont planctoniques. La phase larvaire planctonique permet par sa grande mobilité de disperser l'espèce sur de grandes surfaces. Cependant des études génétiques sont encore indispensables pour connaître avec précision le niveau de brassage ou d'isolement de certaines populations. La phase planctonique est une phase de déperdition très importante en nombre d'individus par rapport au nombre de larves issues des pontes. Le passage du stade planctonique au stade benthique se fait par une transformation très importante des organes vitaux de l'animal qui est la métamorphose. 45 PONTE. La ponte est à la fois le fait d’émettre les œufs qui sont déjà fécondés (fécondation interne) et le résultat de cette ponte, c’est à dire le cordon contenant les œufs organisé pour former une masse en forme de croissant contenant les œufs. La ponte constitue un dispositif très efficace de protection des œufs durant les premiers jours du développement. Chaque œuf est enveloppé dans une gangue muqueuse et possède une coque protectrice particulièrement résistante. Et l’ensemble est enveloppé dans un tube muqueux qui agglutine les grains de sables ce qui renforce la protection en terme de résistance et en terme de camouflage. PROBOSCIS. Probablement toujours en relation avec l'existence du pavillon, la bouche est placée à l'extrémité d'un mufle très extensible qui peut s'allonger jusqu'à arriver au bord du pavillon. C'est ce mufle qui s'appelle proboscis. Dans la bouche une petite bandelette qui porte des dents constitue la radula (ou petite râpe). RADULA. La radula est un ruban situé dans le bulbe buccal et la bouche qui existe chez tous les Gastéropodes. Sur la radula sont fixées des dents cornées qui permettent de râper la surface des feuilles de Thalassia ou de manger des algues plus tendres. STYLET CRISTALLIN. Le lambi possède un bâtonnet gélatineux translucide qui mesure à peu près 10 cm et qu'on voit sortir de la masse viscérale lorsqu'on les nettoie pour les préparer. A travers toute la Caraibe court la légende de ce bâtonnet qui aurait des propriétés aphrodisiaques. En réalité, ce bâtonnet est un élément du tube digestif qui existe chez la plupart des 46 mollusques; il est sécrété par la paroi d'une annexe du tube digestif appelée sac du stylet. C'est un comprimé d'enzymes qui se dissout progressivement dans l'estomac et participe à la digestion. SYSTEMATIQUE. Le Lambi Strombus gigas est l’espèce la plus étudiée des 72 espèces de la famille des Strombidae et des 55 espèces du genre Strombus qui vivent dans les mers tropicales et subtropicales du monde. Il vit dans la grande région Caraibe des Bermudes au nord, jusqu'au Brésil au sud. Il appartient à l'embranchement des Mollusques (animal mou protégé par une coquille calcaire dure), à la classe des Gastéropode (qui veut dire « qui a l'estomac près du pied »). Comme tous les Gastéropodes, il a subit la torsion qui ramène la cavité palléale vers l'avant ce qui a d'importantes conséquences sur son anatomie puisque les Gastéropodes n'ont qu'une branchie, qu'un rein, qu'une gonade. Il n’a aussi qu’un pied comme tous les Mollusques même ceux qui n’ont pas subi la torsion. Il appartient à la sous-classe des Prosobranches avec la branchie située vers l'avant. Il appartient à l'ordre des Caenogastropodes et à la famille des Strombidae. Les autres espèces de Strombes. Dans la région Caraibe, Strombus gigas est la seule grande espèce de Strombe. Il existe 4 espèces plus petites : le Strombe blanc, Strombus costatus qui a un pavillon blanc très épais; le Strombe combattant Strombus pugilis qui a un petit pavillon rouge; le Strombe coq, Strombus gallus et le Strombe aile de faucon moins fréquent, Strombus raninus qui ne sont récoltés qu'occasionnellement et vendues comme objets touristiques. 47 Au nord, on peut aussi trouver Strombus alatus uniquement en Floride, et au sud Strombus goliath, encore plus grand que Strombus gigas, qui existe au Brésil. Pour plus de détails, il faut consulter American sea shells de Abbott (1974). TENTACULE. Les vrais tentacules sont très réduits chez les strombes. Ils ne doivent pas être confondus avec les pédoncules oculaires qui portent les yeux et qui sont très allongés chez les Strombes. Les tentacules sont des organes sensoriels qui portent différents récepteurs. Ils peuvent détecter des substances chimiques (chemorecepteurs), qui permettent d'identifier soit la nourriture, soit les partenaires sexuels soit les prédateurs. Les tentacules peuvent aussi porter des récepteurs qui permettent de détecter les mouvements. (mécanorecepteurs). Il n'y a pas d'étude particulière des récepteurs sensoriels chez les strombes. VELIGERE= LARVE VELIGERE. VELUM. Le velum est formé par des lobes transparents bordés de cils qui battent ce qui permet un renouvellement rapide de l'eau, un déplacement et l'envoi de particules de nourriture vers la bouche. C’est un organe qui permet de respirer, de nager et de manger en capturant les particules du phytoplancton qui sont envoyées vers la bouche. Les véligères de mollusques sont des microphages, pas des filtreurs. 48 Le velum des strombes grandit pendant toute la vie larvaire. A l'éclosion de l'œuf, il possède deux lobes et avant la métamorphose il en a six. 49 Bibliographie générale http://www.oakhammockbooks.com/conchnews http:// www.savetheconch.org. Aldana Aranda D. et Tapia Arjona M. A. [2002]. Literatura de Strombus gigas. México. CD interactive. Aldana-Aranda, D. (ed.). 2003. El Caracol Strombus gigas: Conocimiento Integral para su Manejo Sustentable en el Caribe. CYTED. Programa Iberoamericano de Ciencia y Tecnología para el Desarrollo. Yucatán, México. 165 p. Bibliographie citée DAVIS M. and SHAWL A.L. 2003. A guide for culturing queen conch, Strombus gigas Manual of Fish Culture American fisheries Society in press DELPUECH A. 2001. Guadeloupe amérindienne. Monum Editions du patrimoine Paris EGAN B. D. 1985. Aspects of the reproductive biology of Strombus gigas. M. Sc. Thesis. Departament of Zoology. Univ. of British Columbia Vancouver. Canada. 147pp Frenkiel L. [2002]. La vie des Lambis. Archipel des Sciences ; Conseil Général de la Guadeloupe. 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