La mangrove : dynamique d’un écosystème complexe Exemple de la mangrove casamançaise du

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La mangrove :
dynamique d’un
écosystème complexe
Exemple de la mangrove casamançaise du
Sénégal
BERTHUIN Tiffany & FRANCOIS Pierrick
–
Juillet 2009
Sommaire
1. Approches globales
1.1 Géographie
1.2 Une économie dépendante du milieu
1.3 La déforestation mangrovique en Casamance
2. Etude
écologique d’un
intertidale particulier
écosystème
2.1 Définition
2.2 Composantes pédologiques et topographiques
2.2.1 Pédologie stricte
2.2.2 Le potentiel Hydrogène
2.2.3 La salinité
2.2.4 La topographie
2.3 Formations végétales
2.4 Faunes liées à cet écosystème
2.4.1 Notion de réseau trophique
2.4.2 Téléostéens, Mollusques et Décapodes
2.4.3 Ornithologie casamançaise
2.4.4 Hexapodes
2.4.5 Etude d’un cas de parasitisme des
palétuviers
3. Conclusion
Annexe
1
1. Approches globales
1.1 Géographie
L’Afrique de l’Ouest occupe une surface d’environ 6 140 000 km2, soit
quasiment un cinquième du continent africain. La grande majorité de la région
est composée de plaines dont l’altitude est inférieure à 350 mètres, même si
quelques sommets bordent la côte. La partie septentrionale est occupée par le
Sahel, zone de transition aride à semi-aride entre le désert du Sahara et l’Afrique
intertropicale. L’Afrique de l’Ouest comprend approximativement les pays au
nord du golfe de Guinée jusqu’au Sénégal, ainsi que les états de l’arrière-pays
sahélien. Officiellement nommé République du Sénégal, le Sénégal est un pays
côtier situé à l’extrémité ouest du continent africain ; il est compris entre les
latitudes 12º30’N - 16º30’N et 11º30’ - 17º30’ de longitudes ouest. Le Sénégal
est limité au nord par la République islamique de Mauritanie, au sud par les
Républiques de Guinée et de Guinée Bissau, à l’est par le Mali et à l’ouest par
l’océan Atlantique (cf. annexe I).
1.2 Une économie fortement liée au milieu naturel
De part sa latitude et son réseau hydrographique national relativement
dense (cf. annexe II), le pays dispose de zones humides importantes tant sur le
plan National, avec notamment les fleuves Sénégal et Casamance,
qu’International avec, bien sûr, l’Océan Atlantique (cf. annexe III et IV). Ces
zones humides, participent largement au développement socio-économique du
Sénégal de part les énormes ressources halieutiques dont elles disposent.
Parmi les secteurs économiques les plus productifs on peut citer la pêche ;
cette dernière bénéficie de conditions naturelles favorables avec un littoral long
de 700 km reliant du nord au sud, la région de Saint-Louis à celle de la
Casamance. Les pêches les plus productives et par conséquent les plus
pratiquées au Sénégal concernent l’ensemble de l’ichtyofaune, les crustacés avec
essentiellement les nombreuses espèces de crevettes présentes et la
conchyliculture sauvage. L’espace maritime national couvre une superficie
d’environ 198 000 km². La pêche artisanale et industrielle est le pilier de
2
l’économie nationale. En effet, celle-ci fournit près de 112,802 milliards de
francs CFA (soit environ 170 millions d’euros) à l’économie nationale ; elle
devance ainsi le tourisme, les produits dérivés du traitement du phosphate et la
culture de l’arachide. En Casamance où la zone littorale s’étend sur 86 km la
pêche artisanale joue un rôle important dans la dynamique socio-économique,
notamment en termes d’emploi et d’alimentation des marchés locaux en
protéines animales.
Les faibles moyens de l’ensemble des acteurs de la pêche au Sénégal ont
poussés les membres du SRPSZ, Service Régional des Pêches et de la
Surveillance de Ziguinchor, à faire des recherches sur les zones de pêche les
plus couramment utilisées. D’après leur rapport paru en 2004, 95 % de la pêche
en Casamance s’effectue sur le littoral Atlantique, c'est-à-dire à moins de 20
kilomètres des côtes, et dans le réseau hydrographique du fleuve Casamance.
Comment peut-on expliquer une si large exclusivité des zones de pêches ?
Evidemment les faibles moyens en matériels, filets, pirogues ou bateaux etc. des
pêcheurs autochtones peuvent nous laisser imaginer qu’il est impossible voire
dangereux de s’aventurer plus au large dans l’Atlantique. Cependant, divers
témoignages allant tous dans la même direction, nous on spécifié qu’il était
inutile de s’écarter abondamment du littoral pour pêcher. En effet, la production
serait meilleure aux abords de la côte et dans le fleuve qu’en plein océan. Nous
dégageons deux grandes explications pour expliquer ces observations :
-
D’abord, comme nous l’avons dit, les techniques de pêches africaines ne
permettent pas de réaliser de nombreuses prises au large, de part, la
profondeur, des importants mouvements de masse d’eau et de part les
composantes physico-chimiques des eaux profondes marines
(températures, salinité …) qui poussent les espèces biologiques à un
mode de vie différent des espèces biologiques côtières.
-
Ensuite, la quasi-totalité de la côte maritime casamançaise ainsi que les
rives du fleuve Casamance sont colonisés par la mangrove ce qui
constitue une zone de reproduction et de croissance pour de nombreuses
espèces de poissons, de crevettes et de coquillages.
D’après une équipe de chercheurs de l’Université de Montpellier, le rôle de la
mangrove sur le littoral Sénégalais auraient encore une influence sur la vie
marine à une distance de 30 kilomètres au large des côtes. Peut-être faut-il y voir
un début d’explication aux observations de terrains effectuées par nos pécheurs
autochtones.
3
1.3 La déforestation mangrovique en Casamance
La mangrove constitue une zone de reproduction et de croissance pour de
nombreuses espèces de poissons, de crevettes et de coquillages. Cependant, face
à la pauvreté, les pêcheurs ont tendance à pratiquer une exploitation peu
soucieuse des générations futures et de l’écologie du milieu. S’il est certain que
les choix politiques internationaux s’accordent sur la nécessité de replacer
l’Homme au cœur des activités de conservation de la nature, les options de
développement dans les pays en voie de développement menacent la survie des
zones humides et des ressources qu’elles abritent.
A partir de la fin des années 1960, le déficit pluviométrique observé dans
toute la zone sahélienne a contribué à la fragilisation voire à la dégradation de la
mangrove. De plus, dans un souci d’accroitre la production de la pêche, les
pêcheurs n’hésitent pas à réaliser des coupes abusives dans la mangrove pour
pouvoir pêcher encore davantage et encore plus loin dans les eaux. De même la
conchyliculture pousse les ramasseurs à couper les racines des arbres pour y
extirper les coquillages qui se développent sur les racines. Enfin, la mangrove
est également dégradée car elle est nécessaire aux autochtones en tant que
matière première du charbon de bois utile au fumage des produits halieutiques et
à la consommation de ceux-ci. La déforestation est telle qu’en 30 ans et selon
certaines estimations, la Casamance a perdu juste un peu moins de la moitié de
sa mangrove, soit près de 75 000 hectares. Au Sénégal, les mangroves
occupaient en 1990 un peu moins de 300.000 ha. Les mangroves occupent
actuellement l'estuaire de la Casamance, elles s'étendent de la frontière de
Guinée-Bissau au sud jusqu'à Diouloulou au nord et occupent une bande
importante sur la rive nord du fleuve qui s'amenuise après Ziguinchor pour
n'apparaître que sur des îlots ou en minces rideaux le long des rives jusqu’en
amont de Sédhiou. Sur la rive sud du fleuve Casamance, les mangroves sont
moins étendues (cf. annexe V).
En Basse-Casamance, les données récentes de la superficie de mangroves
sont lacunaires et des valeurs de 60.000 à 150.000 ha sont citées, ce qui peut
s’expliquer par la définition donnée aux mangroves, c'est-à-dire si les tannes
sont considérées comme en faisant partie ou non.
4
Données brutes :
Année
Hectares
1973
142000
1979
110150
1983
97750
1987
85500
1995
79950
2005
74500
Tableau évaluant la superficie mangrovique Casamançaise en hectares.
Nom bres d'hectares
Evolution de la superficie de la zone mangrovique
en Casamance entre 1973 et 2005
160000
140000
120000
100000
80000
60000
Hectares
40000
20000
0
1973
1979
1983
1987
1995
2005
Années
Ces données ont été reconstituées en essayant de ne comptabiliser que les zones
végétalisées et donc en omettant les tannes que nous avons considérer comme
faisant parties des zones de déforestation.
5
Les retombés écologiques dû à la rapide dégradation de cet écosystème
sont nombreuses et de plus en plus préoccupante. Il est désormais urgent de
comprendre les conséquences de l’ensemble des actions anthropiques néfastes à
la mangrove et aux ressources de celle-ci. L’importance est autant écologique
qu’économique car assuré la gestion du milieu assurera une production pour les
années à venir et tendra ainsi vers une stabilisation plus importante de
l’économie locale.
2. Etude écologique
intertidale particulier
d’un
écosystème
2.1 Définition
La Mangrove est un écosystème défini comme étant l’ensemble des
formations végétales, arborescentes ou buissonnantes, qui colonisent la zone de
balancement des marées des régions littorales intertropicales (cf. Annexe VI)
Les mangroves sont les écosystèmes les plus productifs en biomasse de notre
planète. Le milieu mangrovique est caractérisé par des conditions physicochimiques très variables dans le temps. Ces variations sont dues au phénomène
de fluctuation du niveau d’eau, au mélange des eaux continentales et marines,
aux apports nutritifs etc. Les mangroves diffèrent également des autres
écosystèmes forestiers par le fait qu’elles reçoivent de grands apports de
matières et d’énergie en provenance du milieu terrestre comme du milieu marin.
Elles montrent un fort degré de diversité structurelle et fonctionnelle, ce qui les
situe parmi les écosystèmes les plus complexes. D’un point de vue écologique,
les mangroves fournissent la matière organique à la base des chaînes
alimentaires des cordons littoraux et des eaux côtières peu profondes.
La mangrove, outre son importance socio-économique, rend plusieurs "services"
dont les plus importants sont :
- De servir de support de nidification, de sites alimentaires, d’abris pour de
nombreuses espèces d’oiseaux ;
- La protection et la stabilisation des écosystèmes du littoral ;
- D’être à la base des chaînes trophique grâce à son importante productivité
primaire et la quantité de détritus produite ;
- La modération des effets des tempêtes et des cyclones côtiers ;
6
- Le maintien d’une qualité de l’eau en retenant les charges alluviales et en
filtrant et retenant les charges polluantes ;
- De servir d’aires de croissances et de nutrition à de nombreuses espèces de
poissons, de crustacés et de mollusques qui profitent de la richesse
halieutique et de la caractérisation spéciale du milieu.
2.2 Composante pédologique et topographique
2.2.1 Pédologie stricte
La pédologie est une discipline qui s'appuie sur l'étude des réactions
réciproques entre les différentes phases (liquide, gazeuse, solide) composant le
sol. Plus simplement, la pédologie représente l’étude des sols et des
composantes de ceux-ci. De façon logique, la pédologie est étroitement liée aux
conditions climatiques.
La plupart des sols des zones de mangrove sont de types vaseux. Il s’agit
donc d’un substrat meuble et instable. La vase est composée de sédiments
apportés par la rivière au fur et a mesure du temps et de matière organique. La
vase des mangroves est relativement noire à cause d’un taux important de
matière organique dissoute dans le sol. Cette matière organique vient des
déchets de feuilles de palétuviers et des alluvions acheminées par l’océan. Ces
dépôts de vases comportent une slikke de ce que les locaux appellent le potopoto qui est de la vase molle découverte à marée basse et colonisée par la
mangrove. En arrière de celle-ci, se retrouve souvent le schorre, c’est à dire les
dépôts vaseux mieux égouttés, soit stériles, soit couverts d’une végétation
herbacée de petite taille. Ces structures pédologiques s’expliquent par
l’alternance exondation/inondation due au flux et reflux des marées, entraînant
des périodes prolongées de dessiccation et d’immersion.
Schéma d’une zone au
sédiment vaseux
7
Les mangroves du Sénégal sont avant tout caractérisées par le rôle
prépondérant que jouent la salinité et la teneur en souffre de leur sol dans la
pédogenèse. Ces sols de mangroves présentent la caractéristique d’avoir un
important taux de souffre sous forme de pyrite et sont appelés « sols sulfatés
acides ». Ce sont des sols saturé en pyrite, théoriquement très acides et pauvres
en oxygène.
2.2.2 Le potentiel Hydrogène
Le pH normal des mangroves est proche de la neutralité avec des
variations saisonnières. De manière simplifiée, nous pouvons dire que le pH est
sous l’influence de l’alternance saisonnière d’engorgement et de dessiccation
qui
modifie
le
potentiel
d’oxydo-réduction.
En période engorgée, la réduction affecte le fer des particules et des grains de
quartz SiO2 ainsi que le souffre des sulfates. Les produits de la réduction, les
sulfures de fer et la pyrite Fe2S, s’accumulent au niveau racinaire des
Rhizophora
et
atteignent
des
concentrations
de
5
à
6%.
En saison sèche lorsque le niveau de la nappe baisse, une partie des sulfures est
oxydée en acide sulfurique faisant baisser le pH parfois de manière importante :
jusqu’à une valeur de 3 à 2 lorsque le sol est très sec. Cette acidification
augmente de la mangrove externe en direction des tannes qui sont les zones les
plus acides de l’écosystème
Dans nos mesures, nous avons tenté de mesurer l’acidité du milieu à l’aide
d’un simple papier pH. Lors de l’expérience le but était de mesurer le pH de
l’eau en fonction de l’âge des palétuviers de la parcelle d’études.
Les résultats sont exprimés dans ce tableau :
Année de plantation
2006
2007
2008
pH
7
7,5
7
Avec ces mesures l’on s’aperçoit que le pH de l’eau n’évolue pas avec les
années. Cette affirmation a d’ailleurs était confirmer par les tests statistiques
effectuées, qui ont tous invalidés l’hypothèse que la plantation de palétuviers
influençait l’acidification du milieu. Cependant, en prenant le recul nécessaire
concernant nos mesures, il apparait comme évident qu’une erreur à été faites
lors de cette expérimentation. En effet, au lieu de mesurer le taux d’acidité de
l’eau environnante des plants de palétuviers c’est le pH du sol de la parcelle de
replantation qu’il fallait mesurer. Il est évident que les palétuviers ne peuvent
influencer, ou alors de façon mineure et négligeable pour la précision de nos
8
mesures, l’acidité de l’eau, puisque celle-ci va et vient suivant les mouvements
des marées de l’Atlantique, qui remonte le fleuve Casamance. Effectivement, il
est établi que les sols de mangrove s’acidifient considérablement au séchage,
alors que dans l’état naturel et original, le pH de ces sols s’établit autour de 6,5
ou 7. Dès lors, on en revient à nos premières affirmations qui corrélaient la
pédologie et les conditions climatiques. Ici ce sont l’acidité des sols qui sont
liées aux changements climatiques.
La sécheresse qui sévit depuis maintenant plusieurs décennies en Afrique de
l’Ouest, a provoqués une acidification brutale d’importante superficie de terres.
De nombreux travaux et observations montrent que la sécheresse conduit petit à
petit à la tannification ce qui implique une perte de la richesse spécifique
végétale et à une hyperacidité du milieu. Mais comment expliquer le phénomène
de tannification ? L’augmentation constant des températures de l’air ambiant et
de déficit récurent en pluviométrie entraînent la libération d’aluminium par les
argiles qui peut repasser dans l’eau libre et mouvante et se fixer sur les sols,
abaissant davantage leur pH et pouvant exercer une action toxique non
négligeable. L'acidité et la toxicité alumino-ferreuse constituent les principales
contraintes des sols sulfatés acides qui peuvent de la sorte devenir stérile et
aboutir à la tannification. Si l’on considère un cycle annuel et saisonnier, les
diminutions des durées des périodes pluvieuses et par voie de fait
l’augmentation des saisons sèches entraine une baisse du niveau de la nappe
phréatique, une partie des sulfures est oxydée en acide sulfurique faisant baisser
le pH parfois de manière importante, parfois jusqu’à une valeur de 3. Cette
acidification, est très faiblement neutralisée car le milieu contient peu de bases.
De façon générale, après ces dernières décennies « sèches », il apparaît donc
aujourd’hui que l’acidité, si elle est toujours potentielle dans les mangroves et
spectaculaire, est aujourd’hui masquée par une salinité extrême qui affecte tous
les niveaux des bassins fluvio-marins avec parmi les conséquences les plus
visibles :
- au niveau des vasières : un rétrécissement de la mangrove à
Rhizophora sur les bras principaux et sa disparition presque totale sur les bras
secondaires comme à Koubalan. Son remplacement par une mangrove à
Avicennia mieux adaptée à l’excès de sel bien qu’elle soit parfois elle aussi
atteinte de mortalité massive.
-au niveau des tannes : une augmentation considérable des surfaces
hypersalées, hyperacides et stériles appelés "tannes vives" qui se développe
aux dépends de la mangrove.
-au niveau des rizières de mangroves : l’abaissement de la nappe d’eau
douce et sa contamination par les nappes salées ont comme première
9
conséquence une salinisation et un abandon de la riziculture. L’intrusion du
front salin atteint parfois même la palmeraie qui présente alors une forte
mortalité. Les conséquences sont alors dramatiques pour les populations qui
voient leurs zones de cultures diminuée par l’effet de la salinisation.
2.2.3 La salinité
Le premier facteur qui détermine la salinité est le bilan évaporation –
précipitation. Ainsi, les effets de la très forte évaporation au niveau des
anticyclones subtropicaux apparaissent nettement dans la distribution de salinité
de surface. Inversement, les précipitations abondantes de la région équatoriale
font que la salinité est plus faible au voisinage de l'équateur. La salinité dans les
sols de mangroves est donc des phénomènes naturels résultants des
caractéristiques climatiques saisonnières. En Casamance, pendant la saison
sèche, l’eau de la mangrove à Avicennia, très superficiellement drainée,
s’évapore, augmentant ainsi la concentration en sel. Dans les tannes, c’est
l’évaporation des eaux des nappes, alimentées souterrainement par la pulsation
des marées, qui concentre le sel avec des teneurs bien plus élevées encore. Lors
de la saison des pluies, l’eau dissout le sel accumulé provoquant une circulation
inverse. De plus, les importantes précipitations de l’hivernage diluent le sel et
font chuter considérablement les concentrations. Les problèmes de sécheresse
actuelle modifient ce schéma provoquant une sursalinisation pouvant se
manifester par des dépôts solides ou l’on atteint des concentrations de sels en
excès.
2.2.4 La topographie
La rivière au Nord est la
Casamance avec ses multiples
bolongs et affluents. Celle du
Sud en Guinée-Bissau et le
Rio Cacheu.
Photographie satellitaire de la Casamance
et de la Guinée-Bissau
Source : Google Earth
10
La Casamance étant une région relativement plate d’un point de vue de
l’altitude, sa principale caractéristique topographique se retrouve dans son
réseau hydrodynamique très important (cf. Annexe VIII et IX). En plus d’être
vaste, le réseau de la Casamance est tout aussi important et intéressant de part la
zone estuarienne à l’Ouest et de ce fait de part les impacts que va avoir l’océan
Atlantique sur la rivière et sur les mangroves. Nous avons parlé précédemment
de l’alternance exondation/inondation. Celle-ci est un résultat direct des effets
des marées sur les côtes Atlantiques. La Casamance suit un cycle de marée
semi-diurne. C'est-à-dire un cycle où l’on retrouve deux basses mers et deux
pleines mers avec un intervalle théorique de 12 heures entre deux pleines mers.
L’estuaire de la Casamance, bien que n’entrant de façon exacte dans aucune
classification estuarienne précise, s’apparenterai à un estuaire de type synchrone
à l’Ouest puis légèrement hyposynchrone dans certain bolongs plus à l’Est.
D’ordre général l’onde de marée converge dans la rivière mais subit très peu de
frottement habituellement dû aux berges et au fond. Par conséquent le marnage,
qui est la différence entre la hauteur d’eau lors de la basse mer et celle lors de la
haute mer est sensiblement la même que ce soit à hauteur de l’embouchure que
plus loin à l’Est. Les différences entre les marnages de l’embouchure et de
Ziguinchor par exemple ne sont dues qu’au faible frottement qui ralentisse
l’onde de marée. Etant situé assez proche de l’Equateur les marées en
Casamance sont très faibles et n’excédent pas un marnage de 1m40 à
l’embouchure sauf dans le cas de marée de vive-eau très fortes ou de marées de
vive-eau d’équinoxe. Nous avons pût observer à Tobor un marnage d’environ
90cm, adéquate au développement des mangroves et des palétuviers.
L’alternance exondation/inondation étant nécessaire à la mangrove, on imagine
mal un marnage comme en France supérieur à 5mètres ou les palétuviers
subiraient une trop forte inondation. Même si les palétuviers sont adaptés a des
conditions particulières de marées, les racines peuvent êtres immergées mais pas
les feuilles. On s’aperçoit ainsi que les effets d’un estuaire impact fortement les
écosystèmes en amont de celui-ci.
2.3 Formations végétales
C’est un biotope très dense mais qui comporte cependant une faible
diversité végétale. Effectivement, en comparaison aux autres types de
végétations tropicales, la mangrove compte peu d’espèces végétales et toutes
sont adaptées à ce milieu ultra-sélectif. Il existe 1.150 espèces végétales en
Casamance et seulement 7 sont recensés dans les mangroves d’Afrique de
l’Ouest. Parmi ces 7 espèces, celles qui ont un véritable effet écologique et qui
participent activement à la stabilité du milieu sont les palétuviers. Les
palétuviers sont des arbres ou arbustes tropicaux capables de prospérer le long
des rivages marins dans la zone de balancement des marées (cf. Annexe X et
11
XI). Ils supportent l'ennoiement régulier de leur base dans l'eau salée, vivent en
colonies et forment de véritables forêts amphibies. Les autres espèces présentes
appartiennent notamment aux familles des Combrétacées et des Aizoaceae.
Parmi les 7 espèces présentent dans la mangrove Casamançaise, deux
ont principalement retenu notre attention, étant comme nous l’avons dit des
espèces clés de voûte du milieu :
-
Rhizophora mangle, ou palétuvier rouge. Appartenant à la classe des
Magnoliospida, à la sous-classe des Rosidae, à la famille des
Rhizophoraceae et au genre Rhizophora le palétuvier rouge est un arbre
tropical sempervirent qui pousse dans l'estran et qui peut mesurer jusqu'à
30 m en hauteur. Comme tous les palétuviers, il joue un rôle important
de nurserie et de fixation des littoraux vaseux ou vaso-sableux. Ils
possèdent des racines échasses, appelés rhizophores : celles-ci
permettent non seulement un bon ancrage dans le substrat, mais donnent
également une certaines souplesse qui permet de résister aux
mouvements de flux et de reflux des marées.
Jeune plant de Rhizophora mangle
-
Avicennia africana, ou palétuvier blanc. Appartenant à la classe des
Magnoliospida, à la sous-classe des Asteridae, à la famille des
Verbenaceae et au genre Avicennia, le palétuvier blanc se caractérise
entre autres par sa tolérance aux fortes salinités (plus que les
Rhizophora) et la présence de pneumatophores au niveau des racines.
12
Contrairement aux Rhizophora, qui se développent sur le substrat vaseux
à l’intérieur des eaux, l’Avicennia occupe les hautes terres et n’est en
contact avec les eaux que pendant les heures de marées montantes.
Jeune plant d’Avicennia africana
L’adaptation des palétuviers aux conditions écologiques, notamment
morpho-sédimentologiques et hydro-climatiques commande la zonation
observée dans le réseau hydrographique de la Casamance. Il existe une zonation
caractéristique de la végétation liée à la topographie, à la fréquence des
submersions, soit par les marées, soit par les pluies et donc, par voie de fait, à la
salinité. Il existe différents types de séquences, propres à chaque région et qui
peuvent évoluer dans le temps avec les conditions climatiques. Les différences
entre les besoins nutritifs et les différences entre les adaptations évolutives chez
les différentes espèces de palétuviers sont apparus au cours du temps. Ces
différences dues biotope environnementale souvent hostile ont poussé les arbres
à une spéciation parapatrique. C’est à dire que des populations, d’espèce
identiques ou non (ici les espèces sont différentes avec d’une part Avicennia
africana et d’autres part Rhizophora mangle, on parle de population
interspécifique), en divergence ne sont pas totalement isolées géographiquement
mais possèdent une zone de contact étroite (cf. Annexe VII). Les migrations
entre populations sont cependant limitées puisque ces dernières se perpétuent
dans des conditions environnementales différentes (salinité par exemple). Le
schéma que nous avons pu observer sur place et qui est, à priori, unanimement
13
adopté dans l’ensemble de la Casamance est, de la terre vers le fleuve, le
suivant :
-
Prairie très légèrement herbacées et buissonnantes
-
Avicennia africana de petites tailles et très distants les uns des autres
-
Avicennia africana de taille plus importante mais restant éparpillés
-
Avicennia africana regroupés, populations parfois dense.
-
Rhizophora mangle regroupés de façon dense si absences de tannes
-
Rhizophora racemosa (Non observé de près, dû à leur éloignement du
rivage).
Coupe schématique de la mangrove Casamançaise
On observe sur ce schéma :
- Une étroite bande de Rhizophora racemosa ;
- Une bande très large de Rhizophora mangle plus petit en taille que Rh.
Racemosa ;
- Une bande plus ou moins large dans laquelle se retrouvent associés Rh.
Mangle et surtout Avicennia africana;
- Une bande plus étroite d’Avicennia africana avec un tapis de Sesuvium
portulacastrum, famille des Aizoaceae, s’éclaircissant vers le tanne.
14
Cependant, les zones de tannes sont de plus présentes. Un tanne désigne la partie
d’un marais maritime la moins fréquemment submergée et aux sols
généralement hypersalés, nus ou peu végétalisés, se développant aux dépens
d'une mangrove.
Photographie représentant les terre salée d'un tanne
Actuellement et suite aux problèmes de sécheresses des trois dernières
décennies, cette séquence-type à tendance à ce raréfier C’est la bande à
Rhizophora sp., plus sensible qu’Avicennia à la salinité, qui a été la plus atteinte.
Reste à leur place une zone de tanne inondée ou une mangrove dégradée. En
effet après la déforestation, la salinité n’a cessé d’augmenter des suites du
manque d’arbres pour capter et puiser le sel. Le paradoxe est venu qu’une
population d’arbre halophyte, Rhizophora sp, puisse décliner à cause d’un taux
de salinité trop élevé.
Les mangroves de la Casamance sont donc maintenant composées en grande
partie de seulement deux espèces: Rhizophora mangle et Avicennia africana. La
première, parfois absente, constitue des peuplements à peu près purs en bordure
des marigots. Dès que l'on atteint des sols moins humides et plus sablonneux
l’Avicennia constitue l'essentiel des mangroves. Elle envahit aussi les rizières
abandonnées soumises à l'influence des marées. Des arbustes buissonneux,
caractéristiques des sols salés, notamment Conocarpus erectus et Sesuvium
portulacastrum, se trouvent aux lisières des terres fermes qui font suite aux
mangroves.
15
C’est ainsi que la plupart des mangroves autour de Ziguinchor se présentent
avec une étroite bande de Rhizophora, parfois non continue, derrière laquelle
s’étend une très large bande d’Avicennia et les tannes.
Durant nos travaux nous avons réalisé des mesures de jeunes palétuviers
de façon à estimer la croissance de ceux-ci. Des plants de 2008, 2007 et 2006
ont été mesuré concernant les rhizophoras et des plants de 2006 concernant les
avicennias. Nous avons mesuré 100 plants à chaque fois puis réaliser la
moyenne de chaque taille. Les résultats sont concentrés dans le tableau qui suit :
Rhizophora
Année de plantation
2006
2007
2008
Moyenne
40,3728155
42,945098
46,2454545
Moyenne de la taille des Rhizophora en fonction de l’année de plantation
A la vu des résultats présent dans ce tableau, on obtient un ordre d’idée de ce
que peut être la croissance d’un palétuvier dans les trois premières années de
croissance. On s’aperçoit qu’entre la première et la seconde année, les
Rhizophora grandissent d’environ 2,5cm tandis qu’entre la deuxième et la
troisième année ils croissent d’environ 3,3 cm. Nous avons vu précédemment
que l’espèce Rhizophora mangle pouvait mesurer jusqu’à 30m de hauteur. Nous
savons que la croissance d’un arbre suit une courbe à tendance exponentielle,
c'est-à-dire que celui-ci va pousser davantage chaque année jusqu’à atteindre
une taille dîtes « adulte », cependant les résultats du tableau peuvent nous laisser
imaginer qu’à raison de 6 cm en 3 ans, et en modélisant une courbe de
croissance exponentielle, il faudrait environ 25 ans pour ces arbres atteignent
une taille de 30 mètres.
16
Taille (en cm)
Moyenne taille Rhizophora
47
46
45
44
43
42
41
40
39
38
37
Moyenne
2006
2007
2008
Année de plantation
Graphique montrant la croissance sur les trois premières années
Le tableau qui suit nous permet de comparer les résultats des mesures entre les
Rhizophoras et les Avicennias tout deux planter en 2006. Le fait qu’il soit planté
la même année nous permet d’établir s’il existe des différences entre les
croissances des deux genres de palétuviers.
Moyenne (cm)
Rhizophora
Avicennia
46,2454545
56,29
Tableau comparatif des deux espèces considérées
Avec ces résultats on s’aperçoit qu’en 3 ans le palétuvier du Genre Avicennia à
poussé de 10 cm de plus que le Genre Rhizophora. On peut donc conclure que la
croissance de l’Avicennia est en moyenne plus rapide que le Rhizophora, au
moins sur les trois premières années de sa vie.
2.4 Faunes liées à cet écosystème
2.4.1 Notion de réseau trophique
La mangrove est un milieu hyper-productif. La productivité primaire des
arbres de mangroves par unité de surface est estimée à sept fois supérieure à
17
celle du phytoplancton côtier, ceux-ci étant parmi les systèmes végétaux les plus
productifs. Cette importante productivité primaire est essentiellement liée à un
turn-over élevé de la matière organique fournie par la litière. Les productions
algales issues des processus de minéralisation de la litière ou des apports
nutritifs d’origine océanique et continentale sont très importantes et représentent
la base de tout un réseau trophique complexe. La chaîne commence donc avec
la production d'hydrates de carbone et de carbone par les palétuviers, par le
procédé de la photosynthèse. La litière de feuilles mortes est ensuite fragmentée
par les amphipodes et les crabes qui s’en nourrissent. Le processus se poursuit
avec la décomposition bactérienne et fongique des détritus foliaires et
l’utilisation et la réutilisation des particules détritiques (sous forme de matières
fécales), par toute une gamme de détritivores commençant par de minuscules
invertébrés (meiofaune) et finissant par des espèces telles que vers, mollusques,
crevettes et crabes, lesquels servent à leur tour de proie aux carnivores de niveau
inférieur. La chaîne alimentaire se termine avec les carnivores de niveau
supérieur tels que les gros poissons, les oiseaux de proie, les chats sauvages ou
l’Homme. Néanmoins d'autres sources d'énergie et de carbone pour les
organismes consommateurs des écosystèmes de mangrove a élargi le précédent
modèle trophique de base de façon à y inclure les apports du phytoplancton, des
algues benthiques et des herbes marines, ainsi que des épiphytes des racines. Par
exemple, le phytoplancton peut être une source d'énergie importante dans les
mangroves comprenant de vastes plans d'eau relativement claire et profonde.
Exemple schématique d’un réseau trophique type d’un écosystème mangrovique
18
2.4.2 Téléostéens, Mollusques et Décapodes
Nous avons vu en introduction le rôle plus qu’essentielle des mangroves dans le
maintien des ressources naturelles d’un pays mais également dans l’utilité de
celle-ci dans l’économie que ce soit à une micro échelle (pour un pécheur par
exemple) ou à une macro échelle (au niveau National). Les mangroves sont les
écosystèmes les plus performants en termes de nurseries. Le nombre d’espèces
marines appartenant aux groupes des Téléostéens trouvant refuges dans les
mangroves avant de migrer vers l’Océan sont indénombrables. Très peu de
travaux ont étudié les poissons mais il semblerait que la Casamance à elle seul
compterait environ 170 espèces différentes de poissons. Les mangroves sont des
niches écologiques formidables pour des millions d’alevins se développant dans
les mangroves.
Le Périophtalme est le
poisson caractéristique
des mangroves.
Le
Genre
Periophthalmus
regroupe des espèces de
poissons de la famille
des Gobiidés appelées
Périophthalmes, aussi
appelés
Poissons
grenouilles, et qui sont
capables
de
vivre
provisoirement à l'air
libre, sur la vase ou les
branches
de
la
mangrove où ils se
nourrissent d'insectes et
de petits invertébrés.
Périophtalme appartenant, a priori, à l’espèce Periophtalmus variatus
Cet habitat constitue donc une importante zone de frai pour beaucoup d’espèces
de poissons et offre de nombreuses ressources alimentaires aux alevins,
constituant ainsi une véritable nurserie. La mangrove assure également une
protection contre les prédateurs et amorti les perturbations physiques liées à
l’activité hydrodynamique des marées. Au niveau de la faune ichtyologique, les
eaux saumâtres tropicales sont essentiellement composées par des espèces
euryhalines à affinité marine mais aussi, dans une moindre mesure, par des
19
espèces dulcicoles qui pénètrent dans les eaux peu salées. Les poissons marins
tropicaux sont moins sensibles aux variations de salinité que les espèces
dulcicoles généralement très sensibles. L’importance de l’écosystème mangrove
pour les espèces marines tropicales est incontestable puisque plus de 80% de
celles-ci séjournent à un moment de leur vie dans les estuaires de ce milieu
Paradoxalement pour de telles zones humides, l’herpétofaune est peu
représentée. Alors que des reptiles tels que les crocodiles, tortues, serpents,
varans,… sont ou étaient présents, les amphibiens eux sont inexistants. Ce
dernier groupe est d’ailleurs très peu représenté au Sénégal puisque seule deux
espèces d’Anoures sont connues.
De même que pour les poissons, les Crevettes par exemple, appartenant à l’ordre
des Décapodes représentent une base nutritive pour de nombreuses espèces
animales prédatrices mais également pour l’Homme.
Crevette appartenant aux sous-ordre des Dendrobranchiata
Par ailleurs on trouve dans les mangroves des milliers de petits crabes tropicaux.
Ces derniers sont, comme les crevettes, des Décapodes qui appartiennent aux
Genre Uca sp. Ils sont plus connus sous le nom de Genre des « Crabes
Violonistes ». Il est appelé ainsi à cause de l'énorme pince du mâle. Celle-ci est
longue de 10 centimètres alors que son autre pince ne mesure que 2,5 cm. La
femelle ne possède pas cette pince démesurée qui sert aux mâles à se livrer
bataille devant elle pour la parade. La particularité de ces crabes est qu’ils
creusent des terriers dans le sol des mangroves dans lesquels ils peuvent rentrer
à l’approche d’un danger quelconque. La prolifération de ces crabes dans
l’estuaire de la Casamance devient problématique et mériterait une étude
complémentaire débouchant sur des actions de gestion et de limitation de la
prolifération de cette espèce. En effet, il semblerait que ce crabe s’attaque aux
racines et aux troncs des jeunes palétuviers, et a priori, surtout au Genre
20
Avicennia. Un nombre trop important de crabe aurait donc tendance à nuire et à
dégrader la mangrove en inhibant la prolifération des jeunes Avicennias.
Uca sp, en Casamance
Le milieu mangrove se caractérise par une forte hétérogénéité spatiale grâce aux
importants entrelacs formés par leurs racines échasses et pneumatophores, ce qui
constitue un habitat de choix à de nombreux mollusques parmi lesquels
Crassostrea gasar, Brachidontes niger, Chihamalus rhizophorae,
Tympanotonus fuscatus,… Les mollusques et les crustacés comme le crabe Uca
sp. sont, en termes de biomasse, les animaux les plus importants. Les
mollusques par leur diversité et leur biomasse représentent une énorme source
de nourriture pour les populations locales.
2.4.3 Ornithologie casamançaise
Les oiseaux que l’on peut rencontrer au Sénégal représentent environ 630
espèces dont un peu moins du tiers sont des oiseaux migrateurs européens. Une
si grande diversité (il n’y a que 500 espèces en France) s’explique par des
conditions écologiques assez particulières :
- il y a la bande côtière que suivent tous les oiseaux de mer et les limicoles ;
- il y a, au nord, le fleuve Sénégal qui est la première zone offrant des plans
d’eaux en nombre et en surface suffisants pour les canards et les échassiers
ainsi que des berges arborées où les insectivores migrateurs trouvent leurs
proies, après la longue traversée du désert mauritanien ;
- il y a les zones intermédiaires soudano-sahéliennes, du désert du Ferlo
jusqu’en Casamance, qui offrent des possibilités de nourriture et d’abris
variant en fonction de la saison sèche et de la saison des pluies.
21
Beaucoup d’espèces vont se déplacer tout au long de l’année et l’observateur
doit en être averti.
De nombreuses espèces d’oiseaux exploitent le milieu mangrovique
même si elles ne s’y nourrissent pas toujours. Il semblerait que la moitié des
espèces seulement trouvent leur nourriture dans les mangroves et deviennent
ainsi des consommateurs secondaires de notre réseau trophique. Parmi ceux-ci,
bien sûr, nous pouvons citer les échassiers appartenant à la Classe des Aves. Ces
espèces se nourrissent essentiellement de poisson ou de microfaune vivant dans
les mangroves. Ces écosystèmes étant des niches écologiques efficaces, comme
nous l’avons précédemment vu pour les poissons et autre animaux aquatiques,
les oiseaux trouvent assez de ressources biotiques pour y séjourner. Dans le cas
où les oiseaux ne se nourrissent pas dans la mangrove, celle-ci est alors utilisée
comme support pour la nidification, comme abri ou encore comme perchoir pour
la nuit ou lors des marées hautes. La liste complète des espèces d'oiseaux des
mangroves de Casamance comprend entre 100 et 150 espèces en comptant les
nombreuses espèces de migrateurs.
Les oiseaux localisés en Casamance ont été très peu étudiés mais beaucoup
observé. C’est pourquoi voici quelques photos témoignant de la richesse
spécifique ornithologiques de la région.
Le Martin-pêcheur pie ou
Alcyon pie, Ceryle rudis
est une espèce d'oiseau de
la famille des Alcedinidae.
L'alcyon pie vit dans
divers habitats humides et
peut être vu aussi bien le
long des fossés bordant les
routes ou au bord des
mares
des
villages
qu'autour
des
grands
réservoirs et des lacs. Il
fréquente également les rivières lentes, les fleuves, les rizières, les zones
inondées et les marais. Dans certaines parties de son aire de répartition, comme
l'Afrique de l'Ouest, l'alcyon pie habite les estuaires envasés, les lagunes côtières
et les mangroves. Il est commun le long des rivages sableux ou rocheux où il
pêche en plongeant dans les vagues. L'alcyon pie est un authentique martinpêcheur qui se nourrit donc de poissons qu'il capture en plongeant dans l'eau. Il
préfère les petits cichlides et les barbeaux, mesurant en moyenne 6 centimètres
et pesant 4 grammes, mais il peut capturer des poissons de 25 g. Il mange
22
environ 44 grammes de nourriture par jour mais en attrape davantage lorsqu'il
nourrit ses jeunes.
Le Pélican blanc, Pelecanus
onocrotalus, est un membre de la
famille des pélicans. Il se nourrit
exclusivement de poissons. Il fait
preuve d'un appétit vorace et sa
consommation quotidienne varie
entre 1 kg et 1,5 kg.
Le Balbuzard pêcheur,
Pandion haliaetus est
une espèce de rapace
diurne
de
taille
moyenne ; c’est un
piscivore spécialisé et
cosmopolite.
Ce
rapace, singulier sur le
plan morphologique,
est assez différent des
autres rapaces. Pour
cette
raison,
son
classement sur l'arbre
phylogénétique est très discuté : plusieurs hypothèses ont été émises, mais
l'hypothèse la plus répandue rapproche cette espèce des Accipitridae, famille
formée entre autres par les aigles, les buses et les vautours. Ce balbuzard se
nourrit de poissons capturés à la surface de l'eau : ils pèsent généralement entre
150 et 350 grammes mais ils peuvent atteindre exceptionnellement jusqu'à 1 kg.
Après quelques années d'un déclin accusé, il semble que la population, au moins
à quelques endroits, ait commencé une récupération. Dans le passé, la chasse et
la destruction des nids étaient ses menaces principales. Actuellement, des
spécimens sont encore abattus mais la disparition des habitats et la pollution par
organochlorés sont ses problèmes, les plus graves et cela, dans le monde entier.
23
Le
Courlis
cendré,
Numenius arquata, est un
limicole appartenant à la
grande
famille
des
scolopacidés. C'est le plus
grand limicole de son
genre, avec une longueur
de 50-57 centimètres et
une envergure de 1 m. Le
courlis cendré se nourrit à
découvert dans les limons
et vasières. Son long bec
particulièrement adapté à
la capture de vers et de
mollusques sonde profondément la vase. A l'extrémité, des cellules très sensibles
au toucher lui permettent de localiser ses proies.
Merci à Laurent Jouanneau pour ses photographies
Ces quelques exemple d’oiseaux, choisit parmi tant d’autres témoignent de la
corrélation existante entre ces espèces et la mangrove de part la nourriture. On
retrouve ces oiseaux dans les écosystèmes où la ressource alimentaire et la plus
élevé, c'est-à-dire dans les mangroves où se trouve toute l’ichtyofaune
nécessaire à leur survie.
2.4.4 Hexapodes
Les hexapodes sont plus communément connus sous le nom nonscientifique des insectes. Pour les populations locales, la mangrove sert de niche
écologique aux moustiques responsable du paludisme. Le paludisme aussi
appelé malaria est une maladie infectieuse due à un parasite du genre
Plasmodium, propagée par la piqûre de certaines espèces de moustiques
anophèles. Les anophèles sont des moustiques de l'ordre des Diptera, de la
famille des Culicidae, sous famille des Anophelinae appartenant au genre
Anopheles et qui sont responsables de la transmission du paludisme aux
animaux homéothermes. Les larves de l'anophèle vivent dans des eaux très
variées selon les espèces. Les larves viennent respirer à la surface de l'eau.
Comme nous l’avons dit, de nombreuses personnes pensent que le moustique se
développe au sein de la mangrove. Ce dogme à entrainer les populations à
accentuer la déforestation, celle-ci ayant le but de limiter la propagation des
moustiques. Cependant, il est établit désormais qu’aucun moustique ne se
développe dans les mangroves. Les œufs de moustiques et les larves ne peuvent
24
croitre que dans une mare d’eau douce. L’eau salée ou saumâtre des mangroves
ne permet pas aux moustiques de vitre.
L’utilisation de piège Barber à d’ailleurs confirmer qu’il n’y avait pas de
moustique dans les mangroves puisque aucun hexapode de l'ordre des Diptera
n’a été capturé. On peut
ajouter un appât au
fond de ce piège, pour
attirer certains types
d'insectes, ou encore un
liquide, pour tuer les
insectes qui y tombent.
S
Schéma d’un piège Barber utilisé pour capturer divers hexapodes
L’utilisation d’assiette colorée comme piège, servant à attirer les
hexapodes volant par leurs couleurs vives n’a pas relevé la présence de
moustiques. De plus on peut même dire qu’un insecte n’a été capturé dans le
milieu mangrovique. Les nombreuses espèces de Diptera, Coléoptèra ou autres
hexapodes que nous avons observés ou prélevés, l’on été dans les zones de
forêts subtropicale et non pas dans les mangroves.
2.4.5 Etude d’un cas de parasitisme des palétuviers
Nous savions que de nombreux jeunes plants de palétuvier était atteint et
parasité par une espèce jusqu’alors non-identifié. En effet une toile se formait
autour des jeunes arbres, en resserrant les feuilles de ceux-ci et en bloquant ainsi
le développement des bourgeons par lesquelles se fait la croissance de la plante.
A long terme, cette pression de la toile autour des feuilles peut aller jusqu’à la
mort de l’individu parasité. En effet, les feuilles ne pouvant s’ouvrir, c’est
l’ensemble des mécanismes photosynthétiques qui ne peuvent opérer
normalement. Les processus de photosynthèses étant nécessaires à la croissance
et à la survie de la plante, l’inhibition de ceux-ci augmente les taux de létalités
dans les populations de palétuviers. Pour endiguer ce problème, les responsables
sylvicoles des parcelles de mangrove doivent nettoyer deux fois par an, un par
un, chaque jeune plant parasité en ôtant les toiles et ainsi en libérant les feuilles.
On imagine facilement que ce travail fastidieux fait perdre beaucoup de temps
aux responsables locaux qui visent à protéger le milieu. C’est pourquoi nous
avons essayé de déterminer la source du problème, d’un évaluer l’importance et
25
l’impact exacte et enfin de tenter de trouver des solutions de façon à limiter le
taux de parasitisme des palétuviers et par conséquent à réduire la main d’œuvre.
Tout d’abord, lorsque nous avons réalisé nos différentes mesures de plants de
jeunes palétuviers, nous avons systématiquement noté si la propagule était
parasitée ou non. De la sorte nous avons obtenu sur 100 plants, divers
pourcentage résumé dans ce tableau et exprimé dans le graphique suivant :
Espèce
Rhizophora
Année de plantation
2006
2007
2008
Pourcentage
atteint de toiles
81
90
96
d’arbre
Tableau comparatif du pourcentage de Rhizophora parasité
Pourcentage de toile
100
Pourcentage
95
90
Pourcentage de toile
85
80
75
70
2006
2007
2008
Année de plantation
Ces données nous permettent de voir que plus les arbres ont été plantés
récemment, plus le taux de parasitisme est élevé. Cela s’explique assez
facilement par le fait qu’après un certain nombre d’années, l’arbre développe
des tiges et des pédoncules assez forts et solides qui lui permettre de s’ouvrir
même en présence d’une toile. Ce problème touche donc principalement les
jeunes plants en développement qui n’ont pas la force de s’ouvrir après avoir été
bloqué par une toile. On se rend compte également, à la vue de ces résultats que
l’on obtient un taux de parasitisme proche de 100% dans la parcelle des
palétuviers plantés depuis l’été 2008. Ce problème n’est donc pas négligeable et
l’on estime que sans les actions de responsables qui enlèvent les toiles deux fois
26
par an, le taux de létalité avoisinerait les 20%, soit un cinquième des
replantations annuelles.
En enlevant les toiles des palétuviers sur lesquels nous travaillions, nous
avons finit par identifier clairement les espèces responsables de ce processus. En
effet nous avons identifié au moins 6 espèces différentes d’aranéides, les
aranéides étant le nom d'ordre ou de sous-classe attribué aux araignées. En
réalité, ces araignées créé une toile autour des feuilles des palétuviers, non pas
pour y capturer des insectes comme source éventuelle de nourriture mais plutôt
comme créer à l’aide des feuilles repliés sur elles-mêmes, une sorte de cocon ou
seront pondus de nombreux œufs et où les juvéniles pourront se développer. Les
palétuviers que nous avons traités lors de ces travaux ayant un pied toute l’année
immergés dans l’eau, nous nous sommes demandé comment ces araignées
pouvaient coloniser la tête des plants. En réalité, nous n’avons pas réussit à
identifier les espèces d’aranéides en présence mais nous nous sommes aperçu en
nettoyant les jeunes arbres, que lorsque les araignées étaient propulsé dans l’eau,
ou plutôt à la surface de celle-ci, elles parvenaient parfaitement à ce déplacer.
C’est de là que vient la clé de cette colonisation. Le sujet n’est évidemment pas
ici de parler de l’histoire des espèces et de leur colonisations à l’échelle
mondiale mais au sein de cet écosystème propre, on peut établir clairement que
ces araignées flottent et se déplacent à la surface de l’eau soit en se déplaçant
par elles-mêmes à l’aide de leurs pattes, soit au gré du courant et du clapot. Elles
se déplacent jusqu’à trouver un tronc de palétuviers sur lequel elles vont
parvenir à monter puis finir par le coloniser et le parasité quand le plant est
jeune.
On voit bien la toile
bloquant les feuilles
et l’araignée située à
gauche.
Photographie d’un plant parasité
27
Même après avoir prélevé les araignées, nous n’avons pu déterminer avec
précision les espèces présentes, responsables du parasitisme des palétuviers.
Cependant l’observation des caractéristiques morphologiques et leurs capacités à
s’adapter aux milieux aquatiques nous fait penser que ces aranéides
appartiennent à la famille des Pisauridae. La famille des Pisauridae rassemble
de grandes araignées à longues pattes. Les deux pattes antérieures sont
généralement tenues rapprochées l'une de l'autre lors du repos. La famille est
très similaire aux Lycosidae, mais s'en distingue par sa taille plus modeste.
Cette photographie n’est qu’une illustration du Genre Dolomédes. Cette espèce
est Européenne et non, Africaine. Nous n’avions malheureusement aucune
illustration des espèces prélevées en Afrique.
Photographie d’une araignée appartenant au Genre Dolomédes
Le mâle des Pisauridae capture une proie qu'il offre, enveloppée dans de
la soie, à sa femelle en guise de dot de mariage, dit-on, et plus prosaïquement
sans doute pour ne pas lui servir de proie. Les femelles font de grands cocons
qu'elles transportent dans les chélicères ou sous le sternum. Dans cette famille
on distingue deux Genres distincts, les Dolomédes et les Pisauras. Les araignées
trouvées dans les palétuviers appartiendraient aux Genres des Dolomédes. Les
Dolomédes sont des araignées aranéomorphes, qui possèdent donc des
chélicères modifiées, et de grande taille. Elles se nourrissent de petits insectes
aquatiques (comme les gerris) mais aussi de demoiselles de mouches bleues, de
têtards et d'alevins qu'elles attirent à la surface en faisant vibrer l'eau de leurs
pattes antérieures. Les Dolomédes femelles tissent, lors de l'éclosion des
28
nouveau-nés, une toile de "nurserie" dans laquelle elles déposent leur sac d'œufs.
Cette "nurserie" est souvent associée à des feuilles qui en forment la voûte ou les
faces. Les bébés-araignées y stationneront jusqu'à leur deuxième mue.
Bien qu’ayant identifié la source du problème qui oblige les travailleurs
locaux à nettoyer les jeunes plants, il apparait comme délicat de développer une
solution qui leurs permettent de ne plus avoir à faire ce fastidieux travail. Bien
sûr l’utilisation d’insecticides ou d’autres produits seraient une possibilité. Les
technologies modernes en matières de luttes contres le parasitisme végétale
pourraient limiter fortement le développement de ces araignées. Cependant
l’utilisation de produit pour lutter contre celle-ci pose plusieurs problèmes.
D’abord le problème est d’ordre économique. La reforestation étant une activité
issue du monde associatif, ils n’ont pas les moyens pour investir dans des
produits chimiques, insecticides ou pesticides pour endiguer le développement
des toiles sur les palétuviers. Le second problème lié à l’utilisation de produit est
évidemment d’ordre écologique. Les mangroves étant des écosystèmes fragiles,
on peut remettre en question l’intérêt à long terme de l’utilisation des produits
chimiques. Ces produits étant des polluants important et difficilement
dégradable, leur présence dans l’environnement ne peut être souhaitée. Enfin le
dernier problème lié à l’utilisation d’insecticide est d’ordre social. Pour en avoir
parlé avec les responsables locaux, le temps qu’ils passent avec de nombreux
bénévoles des villages concernés par la reforestation à enlever les toiles
d’araignées est en réalité utile. En effet, même si l’opération parait longue, les
responsables considèrent cela comme nécessaire car cela permet de fournir de
l’activité aux jeunes bénévoles qui sont souvent aux chômages et qui manque
d’activités et surtout car cela permet de faire des journées importantes de
sensibilisation quand aux problèmes liés à la déforestation.
3.Conclusion
Au fur et à mesure que l'on connaîtra davantage les relations et les interactions
trophiques, les forestiers parviendront à mieux gérer leurs ressources sans porter
atteinte à l'environnement.
Pour gérer les mangroves, il est donc essentiel d'adopter une approche intégrée
et de garantir la survie de l'écosystème tout entier. Il est impératif de conserver
ou de promouvoir la biodiversité en sélectionnant les essences qui doivent être
coupées et régénérées et en protégeant les habitats de divers animaux marins et
terrestres, mais aussi de maintenir la fonction de protection des mangroves, en
bordure des fleuves et des côtes.
29
La végétation des bords de fleuve ne devrait donc jamais être coupée sans
discernement, car l'érosion des rives augmente la turbidité de l'eau et a un effet
négatif sur la faune aquatique, en particulier les larves de crevettes, les
mollusques et la reproduction d'importantes espèces estuariennes. Les zones
ayant une fonction de protection devraient aussi être mises hors exploitation
dans la mangrove, en vue de conserver les espèces de la faune et de la flore
sauvages qui présentent un intérêt particulier.
Lorsqu'il est nécessaire de convertir des zones de mangrove pour répondre à la
demande de terres pour l'agriculture ou l'aquaculture, les sites devraient être
évalués attentivement au préalable, en vue d'endommager le moins possible
l'écosystème de mangrove dans son ensemble.
Pour finir, n’oublions pas que la mangrove est un écosystème fragile dont
l’intérêt économique, social et environnemental est au cœur du Sénégal et de
nombreux autres pays. C’est, en partie, de la protection et de la gestion de cet
écosystème si particulier que dépend l’équilibre du pays. Le Sénégal possède
une biodiversité parmi les plus riches de la planète qu’il faut à tous pris gérer et
protéger pour que les générations prochaines puissent jouir de la diversité
écologique du pays. A l’échelle globale et pour conclure, inspirons nous de ces
quelques mots d’Antoine de Saint Exupéry datant des années 1940 et encore si
important aujourd’hui : « On n'hérite pas la terre de nos ancêtres, on l'emprunte
à nos enfants ».
30
Annexe
Annexe I
Carte politique de l’Afrique de l’Ouest
31
Annexe II
Carte du réseau hydrographique Sénégalais
32
Annexe III
Carte générale de la République du Sénégal
33
Annexe IV
Carte géographique de la Casamance
34
Annexe V
Carte du couvert végétale en Casamance en 2002
35
Annexe VI
Carte de la répartition mondiale des zones mangroviques
36
Annexe VII
Représentation schématique des trois principaux types de spéciation
Dans notre cas, nous nous intéressons particulièrement à la représentions
parapatrique car c’est celle qui se rapproche le plus de notre modèle. Même si
nous ne connaissons pas exactement l’évolution phylogénétique des palétuviers,
il semblerait que l’on se trouve bien dans ce schéma. La population verte
représenterait les Rhyzophora et la population bleue, les Avicennia. On observe
bien une zone de léger contact avec deux populations proches géographiquement
mais pas superposables entièrement.
37
Annexe VIII
Image satellitaire de l’estuaire de la Casamance
38
Annexe IX
Image satellitaire de la rivière Casamance et le l’important réseau hydrographique autour de Ziguinchor
39
Annexe X
Image satellitaire de la ville de Ziguinchor
Sur cette photographie on aperçoit la ville de Ziguinchor mais également les
deux ponts qui permettent de passer sur la rive Nord de la Casamance et de se
rendre à Tobor ou la zone mangrovique est très importante.
40
Annexe XI
Image satellitaire de la Nationale 04 menant à Tobor
Ici on aperçoit la Nationale 04 qui permet de se rendre à Tobor puis à Baila. Ces
notamment le long de cette route qu’a lieu une grosse partie de la replantation.
Le long de la route on aperçoit la mangrove (le carré vert en montre une faible
partie) puis à droite, un bras de la Casamance (carré jaune) qui est sujet aux
marées et dont le niveau va fluctuer notamment à gauche jusqu’à la Nationale
04. Enfin on peut apercevoir une tanne (le carré rouge en montre une de belle
taille).
41
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