JOURNAL DE BORD D’UN ASTROLOGUE, MARS – AVRIL 2012 Par JACQUES HALBRONN TABLE DES MATIÈRES 1. L’hermétisme dans les premiers quatrains et dans la Préface à César. 2. L’astrologue jugé par ses pairs 3. Le XXIe siècle face à la dialectique yin yang 4. L’alternative Formation/ programmation astrologiques. 5. Le qualitatif et le quantitatif en astrologie 6. Le design de l’astrologie. 7. La femme, enjeu majeur du XXIe siècle. 8. Comment vivre au mieux la période martienne actuelle 9. La tradition d’une semaine coupée en deux : Mardi‐Vendredi. 10.La Préface à César et les Clavicules de Salomon 11.La place des éditions Macé Bonhomme dans la chronologie des éditions centuriques 12. Les révélations de l’astrologie du Grand Albert 13. L’enseignement des jours de la semaine 14. De l’individualisme aux identités collectives. 15. L’irresponsabilité des fanatiques du végétarisme 16. Les Quatre Eléments et le décrochage Astrologie/astronomie 17. Le thème natal comme Moi externe. 18. L’adresse au fils dans la littérature alchimique médiévale 19. Pour une approche alchimique de l’Astrologie 20. Líinfluence díune adresse ‡ Reginald de Piperno sur la PrÈface ‡ CÈsar 21. La Préface à César et la Lettre (alchimique) d’Aristée à son fils 22. Recherches en anthropologie du manque 23. Réflexions sur Vénus et Mercure en astrologie 24. La centralité de la dialectique Mars‐Vénus 25. La fin de l’astrologie des 12 signes 26. Vers une astrologie de prévention 27. L’imbroglio des luminaires et la question du masculin et du féminin 28. Repenser la question de l’individu et sa traduction astrologique 29. Les interpolations dans la transmission astrologique 30. Le rapport de l’homme à l’animal au regard de l’Astrologie 31. Epistémologie des sciences traditionnelles. Le cas de l’Astrologie Cyclicité et crise de l’alternance 32. L’astrologie au service de l’excentricité ? 33. Identité cyclique de l’Astrologie 34. Perturbations structurelles et conjoncturelles du modèle et du savoir astrologiques 35. La dialectique Mars‐Vénus, clef de la prévision astrologique. 36. Thème natal et généthliomancie. 37. La filiation de la Préface à César de Rouen 1589 à ‐ Macé Bonhomme 1555. JOURNAL DE BORD D’UN ASTROLOGUE, MARS­AVRIL 2012 L’hermétisme dans les premiers quatrains et dans la Préface à César. Par Jacques Halbronn Il semble que l’on puisse établir un lien entre les deux premiers quatrains du corpus centurique (qui au départ n’était pas divisé en centuries, cf. Ruzo Testament de Nostradamus(1982, Ed Rocher) sur l’édition Rouen du Petit Val 1588) et l’idée même d’une épître de Nostradamus à son fils (cf. nos précédentes études). Ces premiers quatrains viennent en fait confirmer notre thèse d’une influence hermétique chez les rédacteurs du dit corpus, dans la mesure où nous tendons à minimiser le rôle direct joué par Michel de Nostredame dans cette entreprise collective tant au niveau rédactionnel qu’exégétique. Il importe de resituer le texte en prose qui a servi à la composition des deux premiers quatrains – ce passage de la prose aux vers étant un phénomène typique de la production centurique, que l’on se souvienne des emprunts à la Guide des Chemins de France ou plus largement de l’origine des quatrains(présages) des almanachs de Nostradamus (cf. notre post doctorat numérisé, sur propheties.it) Au départ, il s’agit d’une réponse (« sur les solutions et difficultés ») d’un certain Abamon à une attaque de Porphyre (Ive siècle de notre ère) adressée à Anebo (‐nom sous lequel Porphyre aurait en fait désigné Jamblique[1]) contre les mancies et dans les deux cas on a affaire à des épitres, l’une que l’on ne connait que partiellement (par reconstitution) et l’autre qui nous est apparemment parvenue dans son intégralité. Les deux textes comportent inévitablement quelques ressemblances puisque l’un répond à l’autre et le cite comme Couillard du Pavillon réagit (Prophéties, 1556) à un texte, perdu, de Nostradamus. Il y a eu de nombreux travaux académiques consacrés à ce corpus, tant en français qu’en anglais ou en allemand et il n’est pas étonnant qu’un beau jour quelqu’un ait fait le rapprochement entre un passage du Livre III des Mystères d’Egypte de Jamblique et le début de la première centurie. En revanche, la dimension épistolaire de l’hermétisme ne semble pas avoir été cernée comme ayant pu être à l’origine de la Préface de Nostradamus à son fils. (cf. nos précédentes études sur le site de Mario Gregorio, n°40 et se). Les Branchides (au sud de Milet( Carie), en Asie Mineure) étient une tribu de prétres se disant descendre de Branchus, fils d’Apollon et d’une milésienne ayant reçu le don de prophétie[2]. Ils seront par la suite déportés en Sodiane et y fondèrent la ville de Branchide.(source Wikipedia) Il ne semble pas que l’on puisse parler de prophétesses – ce sont des hommes ‐ sauf en ce qui concerne l’épouse de Branchus. Porphyre mentionne trois grandes écoles oraculaires : celle de Colophon (Apollon), celle de Delphes et celle des Branchides. « Les uns ont bu de l’eau comme le prêtre d’Apollon Clarios, à Colophon, les autres se tiennent auprès des gouffres,, comme celles qui prophétisent à Delphes, d’autres enfin sont insufflés par des eaux, comme les prophétesses des Branchides » En ce qui concerne les Branchides (ou Didymes, terme qui signifie les jumeaux), il s’agit de pétres du temple d’Apollon, à Didyme en Ionie. What is it that takes place in divination? For example, when we are asleep, we often come, through dreams, to a perception of things that are about to occur We are not in an ecstasy full of commotion, for the body lies at rest, yet we do not ourselves apprehend these things as clearly as when we are awake. Traduction anglaise du passage de la Lettre de Porphyre à Anebo consacré à la divination: “In like manner many also come to a perception of the future through enthusiastic rapture and a divine impulse, when at the same time so thoroughly awake as to have the senses in full activity. Nevertheless, they by no means follow the matter closely, or at least they do not attend to it as closely as when in their ordinary condition. So, also, certain others of these ecstatics become entheast or inspired when they hear cymbals, drums, or some choral chant; as for example, those who are engaged in the Korybantic Rites, those who are possessed at the Sabazian festivals, and those who are celebrating the Rites of the Divine Mother. Others, also, are inspired when drinking water, like the priest of the Klarian Apollo at Kolophon; others when sitting over cavities in the earth, like the women who deliver oracles at Delphi; others when affected by vapor from the water, like the prophetesses at Branchidæ; and others when standing in indented marks like those who have been filled from an imperceptible inflowing of the divine plerome. Others who understand themselves in other respects become inspired through the Fancy: some taking darkness as accessory, others employing certain potions, and others depending on singing and magic figures. Some are affected by means of water, others by gazing on a wall, others by the hypethral air, and others by the sun or in some other of the heavenly luminaries. Some have likewise established the technique of searching the future by means of entrails, birds, and stars.” ( trad. Alexander Wilder, London: William Rider & Son Ltd. 164 Aldersgate Street, New York: The Metaphysical Publishing Co. 1911) Ceux qui composèrent les deux premiers quatrains ne retiennent que le deuxième et le troisième cas et encore ne citent‐ils nommément que le troisième, celui des Branchides. On pourrait fort bien concevoir un quatrain reprenant des éléments concernant le premier cas. Peut‐ être fut‐il composé, qui sait ? Toujours est‐il qu’il faut attendre que le dit Abamon, que l’on identifie généralement à Jamblique, aborde l’exemple de Delphes pour que des mots fassent écho au premier quatrain : « Que la prophétesse de Delphes rende aux hommes ses oracles grâce à un souffle subtil, igné, exhalé de quelque fissure par le gouffre ou qu’elle prophétise assise dans le sanctuaire sur un siège de bronze à trois pieds ou encore sur le siège à quatre pieds consacré au dieu, de toute manière, elle se livre ainsi au souffle divin et est illuminée par le rayon du feu divin » (trad. Edouard des Places (SJ), Les Belles Lettres, Paris 1993, Préface de François Viéri, p. 89, Livre III, 11) Ce qui donne au niveau des quatrains nostradamiques : Estant assis de nuit secret estude Seul repoussé sus la selle d’airain Flambe exigue sortant de solitude Fait proférer qui n’est à croire vain » On trouve « Assis » à la place d’ »assise » et « selle d’airain pour « siège de bronze » et « flambe » pour « feu » et « igné’. Visiblement, on n’aura pas souhaité garder la dimension féminine du texte en prose. Et il en sera de même pour le troisième cas : « La prophétesse des Branchides, elle, qu’elle soit remplie de la clarté divine en tenant la verge qui lui a été à l’origine transmise par un dieu ou qu’elle prédise l’avenir sur un essieu ou que en trempant de l’eau ses pieds ou une tresse ou en se laissant insuffler par l’eau, elle reçoive le dieu etc. « Ce qui donne pour le deuxième quatrain de la première Centurie : « La verge en main mise au milieu de Branches De l’onde il moulle & le limbe & le pied Un peur & voix frémissent par les manches Splendeur divine. Le divin près s’assied » Si le premier quatrain était marqué par le feu, le deuxième l’est par l’eau. On retrouve la « verge » et bien entendu le mot Branches, pour Branchides, onde pour eau. Ajoutons que le texte même de la Préface comporte « exigue flamme » puis plus loin « flambe exigue », expressions qui se retrouvent dans le premier quatrain. Cette Lettre apologétique d’Abamon (en hébreu Ab : le père) alias Jamblique censée être adressée à un disciple ayant été le destinataire d’une Epitre critique de Porphyre à Anébon n’est évidemment pas sans s’apparenter au genre de la révélation épistolaire, d’autant plus que le dit Abamon répliquant aux doutes de Porphyre s’adresse à lui non sans une certaine condescendance comme on le ferait à l’intention d’un fils qui a encore beaucoup à apprendre. Il nous a donc paru souhaitable de souligner que les deux premiers quatrains étaient tirés d’une correspondance. Mais ceux, comme Pierre Brind’amour, ont relevé une telle ‘filiation » textuelle n’ont pas signalé, dans leurs travaux, que le genre même de la Préface à César relevait de la littérature « hermétique ». Pour en revenir à l’adresse de Salomon (Clavicules de Salomon), à Roboam (Rehoboam, en hébreu) responsable du schisme qui coupera en deux le royaume‐la fortune de ce texte est assez étonnante puisque le XXe siècle lui accordera encore plusieurs éditions. Ainsi, Papus, avec son Traité Elémentaire rebaptisé Méthodique de Magie Pratique, dont on connait encore une édition en 1973 chez Dangles, reprend le «Discours de Salomon à Roboam son fils « (pp 466‐467) sous une forme résumée (attribuée à Mgr Barrault, archevêque d’Arles, vers 1640). Ce Discours sous sa forme concise se prête à une comparaison assez flagrante dont nous avons déjà traitée dans une version plus longue : cela commence carrément par « Mon fils Roboam » et sur le ton du testament : » « J’ai cru en mourant devoir te laisser un héritage plus précieux que toutes les richesses dont je jouis ». La forme « mon fils « apparait 4 fois sur les 2 pages. Mais cela n’aura pas suffi apparemment aux dernières générations de nostradamologues. Certes, dans la Préface à César, Nostradamus n’évoque pas directement sa mort mais tout indique que vu le très jeune âge de l’enfant, on est bel et bien dans ce cas de figure encore que Nostradamus prenne la peine de préciser « si tu vis l’âge naturel & humain » car un enfant en bas âge peut fort bien ne pas survivre à son père. C’est probablement l’occasion de mettre en garde contre un bagage insuffisant chez nombre de chercheurs dans ce domaine qui ne connaissent que le corpus nostradamique au sens étroit du terme. Si le nom de Nostradamus ne figure pas dans un texte ils ne s’y intéressent pas. C’est ainsi que des bibliographes lyonnais comme Chomarat ou Benazra n’avaient pas intégré (en 1989/1990) la production Coloni, dont l’iconographie était pourtant, dans les années 1570, reprise du corpus nostradamique et dont la Bibliothèque Municipale de Lyon La Part Dieu comportait des exemplaires. Une Chantal Liaroutzos a enrichi en 1986 la recherche des sources dans le sens des ouvrages de voyages. En ce qui nous concerne, notre thèse d’Etat sur Le texte prophétique en France (1999, sur propheties.it) évitait de se limiter au seul corpus Nostradamus, en mettant en évidence des procédés de redatation qui étaient assez commun dans le genre et dont l’existence dans le dit corpus n’aurait pas du surprendre. On notera que Marsile Ficin traduira tant les Mystères d’Egypte de Jamblique que le Corpus Hermeticum, les deux ouvrages recourant l’un comme l’autre au genre épistolaire. JHB 12. 04.12 L’astrologue jugé par ses pairs Par Jacques Halbronn Nous avons à plusieurs reprises mis en garde les astrologues en ce qui concerne leur manque de technicité dans le cadre de leur consultation. Il y a là en effet un paradoxe, plus l’astrologue devenait plus technique et plus cela impliquait d’épargner au client de parcourir tous les méandres de sa science. Or, ce faisant, le client ne pouvait juger le travail de l’astrologue que par le truchement de la traduction qui lui était soumise, c'est‐ à‐dire par le biais d’une oralité (cf notre texte sur l’oralité féminine, dans la présente livraison du Journal de bord d’un astrologue Avril 2012) qui fait écran avec la structure visuelle, mandalienne, de l’Astrologie, à savoir d’articuler un discours parlé sur un certain formalisme graphique, qui ne serait pas condamné à n’être qu’un simple décor.(on montre le thème mais on ne l’explicite pas parce qu d’ailleurs en son état, il ne peut être exposé).. Ce fut notamment le cas d’Astroflash qui clivait ainsi le discours de l’astrologue en deux : d’une part les « calculs », de l’autre l’interprétation, étant entendu que le client de base sautait des calculs inévitablement abscons, un peu comme pour le latin des médecins de Molière. Et voilà pourquoi votre fille est muette. Le client entendait que ceci ou cela pouvait s’expliquer astrologiquement. Mais comme dans le sketch de Pierre Dac, on devait se contenter d’un « Il peut le faire », il fallait croire sur parole dans la mesure où le client moyen n’était pas en mesure de suivre le propos technique de l’astrologue. A contrario, d’ailleurs, autant l’astrologie s’appuyait sur un grand nombre de dispositifs, autant la « prose » astrologique ordinaire se référait‐elle à une sémantique du tout venant à consommer immédiatement et sans se prendre la tête.. Combien d’astrologues ont‐ils compris qu’ils tombaient ainsi dans un piège ? Car sans ses structures spécifiques, l’astrologie est nue. Elle se réduit à du verbe, de la même façon que le serait la voyance, la divination. On en arrive alors à des réflexions du genre : tel astrologue a prévu ceci ou cela : c’est le quoi qui l’emporte sur le comment. Or, l’astrologie se situe d’abord et avant tout dans le comment. Et c’est pourquoi nous avons intitulé le présent texte ‘L’astrologue jugé par ses pairs », comprenez : et non point par ses clients ou par ses lecteurs, du moins s’ils ne sont pas qualifiés. Certes, l’astrologue a‐ t‐il raison de repousser ceux des critiques qui n’y connaissent rien mais il ne devrait pas oublier que ceux qui abondent dans son sens n’en savent pas, le plus souvent, davantage, à commencer par ses clients. Entendons que l’astrologue n’est pas un oracle qui produit des formules lapidaires dont on montre ensuite la pertinence. Il est essentiel que l’astrologue expose pleinement sa méthode et que l’on puisse en juger. Car cc facteurs peuvent interférer avec l’astrologie tout comme des prévisions mal étayées peuvent être validées par le plus heureux des hasards et encore, une telle validation peut être suspendue à d’autres sondages à venir car, en astrologie, une hirondelle ne fait pas le printemps. Nous sommes tous à peu près d’accord, entre astrologues, pour considérer que l’important est d’améliorer l’outil astrologique dont les praticiens pourront se servir si ce n’est que les dits praticiens ne contribuent aucunement‐à subventionner à la recherche astrologique et il ne semble pas que la FDAF ait réussi ou même tenté quoi que ce soit dans ce sens. Or, tant que les praticiens ne se plieront pas à une certaine discipline méthodologique, on ne pourra pas tester les modèles proposés. On est donc en pleine anarchie. Idéalement, il conviendrait que non seulement les praticiens s’acquittent d’une taxe recherche mais aussi qu’ils travaillent dans le cadre de laboratoires de recherche, ce qui impliquerait qu’ils fissent des rapports Or, pour l’heure, pas d’impôts et pas de compte‐ rendus.. Nous dirons que l’astrologie ne saurait déroger à un certain statut et qu’une certaine incurie est inadmissible qui fait l’économie de toute formalisation du discours astrologique. En fait, c’est le client qui serait en quelque sorte celui qui vient « valider » le modèle du fait de la pertinence de ce que l’astrologue lui a déclaré au nom du dit modèle. On dit bien « au nom » car le dit modèle en fait est absent, il en est réduit à faire de la figuration. Le rôle des colloques nous apparaît au demeurant comme un espace où l’astrologue est confronté à ses pairs, c’est en tout cas ainsi que nous l’entendons depuis quelques décennies. C’est dire que ce n’est pas un lieu de tout repos. Ce que l’astrologue faire valider avant toute chose, c’est le modèle dont il se sert et ce, non pas au regard de ses résultats mais bien du fait de la maîtrise dont le praticien fait preuve pour en gérer les tenants et les aboutissants (cf. le Colloque « Cycles et Symboles » sur teleprovidence.com). Ces colloques devraient s’inscrire dans le cadre d’une formation permanente et devraient être subventionnés par la communauté astrologique et par les instances qui prétendent la représenter. Autrement dit, les astrologues doivent se fréquenter car la fréquentation de leurs seuls clients, on est bien d’accord, ne suffit pas pour faire progresser leur outil. Idéalement, l’assistance à des colloques devrait en effet permettre de développer un consensus dynamique et partagé, quitte à renoncer à certaines pratiques rejetées ou jugées dépassées. Sans de vrais débats, sans de vraies discussions, les colloques ne servent à rien et l’on n’a vraiment avancé que si l’on a accepté de changer quelque chose dans sa façon de faire, de s’exprimer, de travailler. En ce qui concerne l’outil lui‐même, il nous semble aller de soi qu’il doit respecter un certain nombre de principes dont celui d’égalité des phases est actuellement le moins bien respecté. Or, ne sommes‐nous pas habitués à ce que toutes les semaines, tous les mois, toutes les années soient globalement équivalents en durée. Pourquoi en serait‐il autrement en astrologie ? Que répond l’astrologue à une telle objection ? Sa réponse, telle que nous l’entendons, est la suivante : l’astronomie ne nous permet pas de nous en tenir à un tel cahier de charges. Il y a tant de planétes et ces planétes s’entrecroisent si bien qu’au bout du compte, on n’est pas en mesure de vous offrir ce que vous nous demandez. Désolé. Et d’ajouter, ce qui est vrai pour le cycle soli‐lunaire ne peut être transposé car les cycles des « planétes » sont nombreux et on ne peut en négliger aucun. Ah c’était le bon temps quand l’astrologie se limitait aux lunaisons ; ce qui donnait les semaines et les mois. On aura compris que nous abordons là la question du prévisionnel dont on pourrait espérer qu’il pût offrir une cyclicité assez régulière, à l’instar du quinquennat ou du septennat. En revanche, chaque signe solaire n’occupe‐t‐il point le même espace sur l’écliptique ? Le problème de l’astrologie moderne, c’est qu’elle ne peut s’appuyer sur aucune unité de temps. Elle ne peut même pas revendiquer un cycle de 7 ans qui a ses lettres de noblesse (le Songe de Pharaon) ou bien ce ne sera jamais qu’un cycle parmi d’autres, ce qui gâche tout. Nous avons préconisé l’adoption par tous les astrologues d’un cycle central dont tous les autres dépendraient. Paradoxalement, on n’exclut pas qu’un tel projet ne rencontre plus de succès chez les voyants et les thérapeutes qui en comprennent peut être mieux la nécessité et l’utilité. Un modèle, en effet, ne peut se défendre, en dehors de ses qualités formelles, que si l’on dispose d’un grand nombre d’expériences/expérimentations, réalisées selon un seul et même schéma, invariable, qui ne change pas d’une fois sur l’autre. Car si le modèle n’est jamais le même, quel est le point commun entre tous ces modèles qui n’ont en partage que de puiser dans le même corpus d’astres ? Cela fait penser à des gens qui déclareraient vivre de la même façon parce qu’ils habitent dans la même ville, vont faire leurs courses dans les mêmes rues etc. Or, dans la « rue » astrologique, on trouve tout et n’importe quoi. C’est là épistémologiquement une similitude beaucoup trop vague. En fait, le mot qui semble bien résumer tout le débat est un adverbe : astrologiquement. Peut‐on astrologiquement expliquer ceci ou cela ? Cet adverbe renverrait à tout facteur figurant dans la littérature astrologique. On pourrait aussi dire « nostradamiquement » ou « centuriquement » pour dire que tel événement peut s’expliquer par tel quatrain parmi plus de mille. Mais on a l’embarras du choix. Suzel Fuzeau‐Braesch avoir voulu épouser une telle philosophie tout comme son « disciple » Serge Bret‐Morel avec la notion de « savoir faire astrologique ». L’idée fuzélienne serait la suivante : l’Astrologie est un corpus qui s’enseigne, qui est attesté par toute une littérature ; Serait astrologue celui qui a hérité de ce bagage, allant puiser dans un tel vivier. Et du moment que ce qu’il en tire est pertinent, il ne serait pas nécessaire d’aller y voir de plus près : approche fort pragmatique. Mais au XXIe siècle, un tel discours n’est plus de mise. A l’idée de corpus fait suite celle de modèle débouchant notamment sur une unité de temps astrologique (UTA). Ce qui revient à dire que chaque phase astrologique a la même durée, qu’elle prévoit tant de temps pour que les choses se fassent. On nous objectera que l’astrologue n’a pas grand‐chose à dire avec un « support » aussi peu bavard. C’est bien mal connaitre la nature humaine qui précisément ne cherche pas nécessairement à vivre dans la pénurie de temps. Bien plus, l’astrologie serait née selon nous d’une volonté de ne pas vivre à la petite semaine, ou à la « fin de mois » ou d’une année sur l’autre. Elle est née pour embrasser de plus grands espaces de temps. C’est alors que l’on nous sort l’Ere du verseau ou tel grand cycle. C’est passer d’une extrême à l’autre. Un temps trop long n’est d’aucune utilité. Hélas, force est de constater que l’astrologie ne cesse d’osciller entre le temps immédiat, qui est celui de l’urgence, du moment et le temps séculaire qui est celui de la rétrospective historique. CE qui est pour le moins étrange, c’est de voir nombre d’astrologues se servir de l’ère du verseau pour sonner quelque sonnette d’alarme et qui interprètent des phases de quelques années comme si elles correspondaient à quelque fin du monde ou d’un monde. C’est vraiment le grand écart. Pour nous, l’astrologie nous aide à relativiser le présent hic et nunc, à voir les choses d’un peu plus haut, ce qui permet de percevoir le relief, ses monts et ses vaux, non pas à l’échelle de la Lune (29 jours, divisés en 4) ni à celle de quelque précession des équinoxes (25920 ans divisés en 12) mais à celle de Saturne (29 ans divisés en 4). .Il est temps que chaque astrologue cesse de s’enfermer dans sa tour d’ivoire et se mette à œuvrer en faveur de cette pierre philosophale qu’est l’Unité de Temps Astrologique ; Sans cette clef, pensons‐nous, le déclin de l’astrologie ne pourra que s’aggraver et l’astrologie ne sera plus qu’un support parmi d’autres. Pour éviter cette dérive, il convient de multiplier les rencontres astrologiques et d’utiliser intelligemment le temps qu’elles permettent en principe. L’astrologie a besoin de disposer d’un schéma directeur et celui‐ci ne saurait être ni le thème individuel parce qu’il est justement individuel ni un tableau récapitulatif comme on en dressait à la Renaissance avec la roue des signes, celle des maisons et celle des planétes (cf aussi les schémas de Jean‐Pierre Nicola ou de Lisa Morpurgo, les constructions d’un Jacky Alaïz, sur le blog facultelibredastrologiedeparis), ni un graphique en dents de scie comme l’indice d’André Barbault. L’Astrologie a besoin d’un véritable outil en forme de sinusoïde (voir nos graphiques dans L’Astrologie Sensorielle, in Cosmopolitan janvier 1977), que chacun appliquerait sur son terrain (sur la dimension masculine du visuel, voir notre étude sur le Yin Yang dans la présente livraison du Journal de Bord d’un astrologue, avril 2012). JHB 10. 04. 12 Le XXIe siècle face à la dialectique yin yang Par Jacques Halbronn Les deux phénomènes les plus remarquables de ces dernières décennies sont probablement Internet et les téléphones portables. Nous pensons que cela perpétue une très ancienne dualité, celle de l’oral et de l’écrit. Il y a quelques années nous aurions pu penser que l’écrit était en déclin par rapport à l’oral, le visuel par rapport à l’ouïe. Même les portables ont du accepter les SMS (texto), ce qui exige un minimum de maitrise d’un alphabet sinon d’une orthographe. Mais il n’en a rien été, les deux modes de communication ont prospéré parallèlement correspondant à des demandes symétriques que l’on peut qualifier de masculine et de féminine. Spontanément, des clivages émergent qui montrent que si « l’on chasse le naturel il revient au galop » Nous montrerons que le siècle qui s’offre à nous est plus celui du Yang que du Yin, plus celui de l’écrit que de l’oral. On ne surprendra personne en proposant de relier le féminin à l’oralité et le masculin à l’expression graphique, dans toutes les acceptions du terme. On notera aussi que très souvent l’oralité et plus largement le son est sous‐tendue par l’écrit : un interprète lit une partition, et un conférencier s’appuie sur un texte (cf. les prompteurs, les souffleurs). Le cinéma muet, qui utilisait des panneaux de texte, a du à partir des années Trente accepter le son (cf. le film The Artist). Les bandes dessinées, cependant, perpétuent en notre XXIe siècle un monde d’où l’oralité est absente (Les Aventures de Tintin). Les arts plastiques, l’architecture, se passent fort bien du son et plus encore de la parole. Mais dans les transports en commun (bus, trains), dans les cafés, à côté des lecteurs de journaux (qui eux non plus n’ont pas disparu), on capte bien des bavardages qui souvent émanent de femmes. En quelque sorte, deux civilisations coexistent. Et même les non voyants peuvent lire grâce au braille. Encore faut‐il distinguer entre celui qui parle et celui qui écoute/entend, entre l’émetteur et le récepteur. Les hommes écoutent plus qu’ils ne parlent, les femmes parlent plus qu’elles n’écoutent, dirons‐nous. (cf. nos études à ce sujet dans le Journal de bord d’un astrologue, sur Ie web). Elles ont plus de profit à s’exprimer, à perfectionner qu’à glaner, à capter des informations ici et là, dans une écoute flottante comme le font les hommes, plus indulgents car percevant les choses au second degré en les retravaillant. Il y a quelques jours nous avons vu le film « Young adult » avec Charlize Théron. Une des scènes clefs du film aura été le moment où invitée à une réception, elle prend la parole pour dire des choses qui lui tiennent à cœur et qu’elle ne peut contenir, garder pour elle bien que par ailleurs l’héroïne écrive avec plus ou moins de bonheur. Le cinéma est truffé de ces prises de parole féminines qui font scandale et souvent font basculer le cours des choses : indiscrétions, révélations, confessions. C’est par la femme que le « scandale arrive », elle qui a besoin de dire les choses « tout haut », comme on dit « lire à voix haute », réciter, ce qui signifie oraliser l’écrit et ipso facto se l’approprier.(cf. les clubs de poésie où chacun, à son tour, va déclamer un texte de lui ou d’un autre) en lui insufflant un petit quelque chose en plus (valeur ajoutée). Les concerts de musique classique se prêtent au même exercice consistant à passer du visuel à l’auditif alors qu’il est bien rare que quelqu’un joue une pièce qui n’a pas été écrite, ce qu’on appelle improviser. Car l’oral est fugitif laissé à lui‐même encore que l’on puisse enregistrer mais dans ce cas, personne ne peut se l’approprier. Il faut qu’il y ait texte pour que la magie de l’oralité ressemble à celle de la dialectique conception/naissance. L’homme donnerait le texte et la femme donnerait « vie » au texte, le « porterait » en elle (par cœur). C’est en cela que les femmes sont meilleures interprètes que compositeurs ou en tout cas sont aussi nombreuses que les hommes dans l’exécution des œuvres musicales (direction d’orchestre mise à part) voire théâtrales ou cinématographiques. Rappelons qu’au cinéma, le texte joue un rôle déterminant, le comédien devant impérativement s’en tenir à ce qui est écrit, même si à aucun moment on ne le voit lire. (oreillettes), l’écrit étant dans ce cas relégué dans les coulisses, dans le back office. Pour celui qui est dans l’oralité, le défi est de réactiver l’écrit, de faire oublier qu’il y a un écrit sous‐jacent et c’est bien là le drame. En fait l’oral se ferme sur lui‐même car il ne peut être repris à la lettre par autrui, il ne peut s’objectiver sinon par le biais d’un enregistrement mais on ne peut retrouver un message oral aussi aisément qu’un message écrit, ce que permet la numérisation. La grande force de l’écrit, c’est qu’un autre que son auteur initial peut se l’approprier, comme on le voit lors d’un concert où l’on finit par oublier le compositeur au profit de l’interprète. Celui qui improvise peut certes inspirer son prochain si celui‐ci est doué mais il ne lui fera pas don de sa propre substance si celui‐ci ne l’est pas. Contrairement à ce que semble dire le récit de la Création (Et Dieu dit), ce n’est pas le verbe qui caractérise le Maître mais l’écrit, le Livre car le verbe est soit l’expression de l’esclave qui répète la « parole » écrite (on notera la contradiction), soit celle du maître qui ne veut pas asservir mais qui attend que l’autre l’entende sans pour autant le copier littéralement, ce qui serait le propre du vrai disciple, par opposition à l’élève..Face au Mektoub de l’Islam (« ce qui est écrit »), il y a le « ce qui est dit est dit », il y a la parole donnée. A plusieurs reprises, nous avons émis l’hypothèse –et nous ne sommes pas seul à le penser‐ selon laquelle l’humanité que nous connaissons serait due au croisement entre deux humanités s’étant développé différemment. Nous dirons que les hommes perpétuent une humanité qui passait par le signe visuel (geste, objet symbolique etc.) alors que les femmes incarneraient une humanité recourant au son, à l’oralité. D’où la difficulté que l’on a à constituer un modèle quant à la genèse du langage, du fait de cette ambivalence. L’homme est « enfant », c'est‐à‐dire celui qui (étymologiquement) ne parle pas mais écrit, inscrit ou demande au scribe, au secrétaire, de recueillir ses propos et dans ce cas le verbe n’est pas une fin mais un moyen, ce qui fait que l’homme peut tout à fait être son propre scribe. DE nos jours, c’est ce qui se passe : l’homme ne dicte (de dire) plus, il tape lui‐même son texte en silence, les sténodactylos ont disparu. Un Napoléon enverrait aujourd’hui ses textos sans avoir à verbaliser à l’adresse de son secrétaire. Ainsi, la fonction de la parole est de moins en moins essentielle : on peut vivre normalement en étant sourd muet, grâce à la technologie mais c’était déjà possible depuis l’invention de l’écriture. Seuls les écrits restent, dit‐on et que sait‐on de la parole orale de ceux qui nous ont précédé avant la fin du XIXe siècle et l’invention du disque alors que l’on dispose de leurs écrits, de leurs tablettes, de leurs monuments ? Ceux qui se sont contentés de lire à voix haute les textes d’autrui ou qui ne sont pas passés par l’écrit ne relèvent pas de la postérité. Que seraient pour nous Socrate ou Jésus sans l’écrit qui nous est parvenu de leur « parole » ? Ce clivage écrit/oral n’aurait, selon nous, nullement disparu et les femmes continueraient à privilégier la parole sur l’écrit, le parlant sur le muet, d’où ces constants passages à l’acte par des verbalisations plus ou moins compulsives et qui ne s’ajustent pas forcément sur un interlocuteur précis, cela correspond d’abord à un besoin intérieur de dire les choses, de s’en décharger en quelque sorte de façon assez peu contrôlée et que l’on pourrait qualifier de désinhibée dans une certaine forme de transgression, de défoulement. Il y a là un clivage qui prévaut sur toutes les classifications caractérologiques (de Le Senne aux horoscopes en passant par Hippocrate et ses tempéraments) et dont on ne fait pas actuellement l’usage adéquat. On aura noté, au demeurant, que l’oral, en bien des cas, se soumet à l’écrit mais aussi, que par à coups, il s’en émancipe et c’est alors que les femmes sont les plus redoutables voire les plus asociales, quand elles ne sont pas liées à une « partition ». Quelle femme n’a pas en mémoire quelque incident où elle se dit qu’elle aurait mieux fait de se taire, où elle a perdu une occasion de le faire, où elle a manqué de tact et cela a pu lui coûter très cher, au nom de sa « vérité » qui n’est pas toujours « bonne à dire » ? L’homme, instinctivement (à l’exception des homosexuels) tend à se méfier de toute prise de parole qui n’a pas été élaborée préalablement par le passage par l’écrit. Mais il arrive que les femmes tentent d’échapper au « Surmoi » de l’écrit, qui est souvent associé à la domination masculine dans son Inconscient ancestral. La parole désenchainée/déchainée, « sauvage », est la marque d’une rébellion face à un ordre « domestique ». Au fond , la femme aurait été apprivoisée par l’homme, elle serait, plutôt que le cheval, sa plus belle conquête et d’ailleurs ce travail est toujours à l’œuvre dans toute rencontre entre un homme et une femme(cf. Shakespeare, La Mégère apprivoisée) et cela vaut pour nos relations avec toute la faune que l’on côtoie dans la rue (pigeons dans les villes, poules dans les campagnes, que l’on nourrit, chiens en laisse, chats en liberté (au Moyen Orient), jardins zoologiques, d’acclimatation etc.) Mais une autre tentation existe pour la femme, d’où la dualité de son discours qui passe soit par une affirmation de sa différence (souvent assez mal définie par elle, d’ailleurs) soit par une ambition égalitaire. Opposition entre vierge folle et vierge sage. Dans le second cas de figure, la femme s’empare de ce qu’elle reçoit de l’homme et que celui‐ci lui accorde non sans quelque naïveté et elle se l’approprie en lui apportant un « plus ». Il est vrai que le stock de choses écrites est déjà si considérable qu’elle peut penser qu’elle peut penser qu’elle a des provisions pour longtemps. C’est un peu le même raisonnement qui se tient à propos des ressources naturelles, et notamment des formes d’énergie (pétrole etc.) qui sont un très lointain héritage face à des énergies nouvelles qui sont encore largement tributaires du génie masculin. D’où la conflictualité par rapport à l’énergie nucléaire qui rappelle trop une dépendance à l’égard des hommes, l’échec ou l’arrêt de cette filière étant emblématique d’une certaine déchéance masculine, aux yeux des femmes, dans leur tentative de créer un monde sans hommes, où les hommes ne seraient plus, en tout cas, indispensables ; où l’on pourrait à terme s’en passer. Dire que les femmes doivent se libérer du « joug » masculin correspond bel et bien à une certaine prise de conscience d’un état millénaire. Mais ce qui n’est pas dit, c’est que cette libération ne serait viable que si elles récupèrent tous les stocks conservés dans les bibliothèques. Quelque part, la destruction des bibliothèques, serait beaucoup plus désastreuse pour la gent féminine que pour la gent masculine. Certes, ces lieux sont‐ils des temples érigés initialement pour les hommes par les hommes pour célébrer et perpétuer le génie des hommes mais de nos jours, ce sont des espaces que les femmes doivent s’approprier – et elles sont d’ailleurs fort nombreuses dans les professions de conservateur, de bibliothécaire‐ car on y trouve la clef de leur survie sans les hommes. Les bibliothèques remplaceraient en quelque sorte les hommes ou si l’on préfère les femmes actuelles feraient alliance avec les hommes du passé (donc morts) pour s’émanciper du pouvoir masculin présent, notamment en minimisant l’apport récent du dit pouvoir. (comme on peut le voir avec la défaveur de la musique contemporaine qui est rarement jouée dans les concerts de façon à ne pas perpétuer l’image de grands génies musicaux contemporains). Les femmes préfèrent une humanité quelque peu décadente, gérant des trésors (masculins) du passé – d’où l’importance de la numérisation accélérée des œuvres ‐ à une humanité masculine continuant à affirmer sa supériorité créatrice au XXIe siècle. En fait, l’humanité masculine serait à terme condamnée à une sorte de fossilisation à l’instar de toutes les autres énergies dites fossiles, une humanité ayant produit une matière première que les femmes seraient les mieux à même de raffiner et d’exploiter. Les guerres, à ce propos, dont on sait qu’elles consomment beaucoup plus d’hommes que de femmes (à commencer par la « Grande Guerre » de 14‐18 mais cela vaut déjà pour les guerres napoléoniennes) ont d’ailleurs été perçues comme une opportunité remarquable au XXe siècle, qui aura fortement contribué à l’ascension féminine. Mais il n’est pas certain que le XXIe siècle serait un aussi gros consommateur que le XXe, du moins en Occident, sinon dans certains pays comme Israël, depuis que les choses se sont calmées dans l’ex Yougoslavie. Que conclure ? Nous pensons avoir brossé à grands traits certains enjeux majeurs du XXIe siècle. Nous arrivons à un stade involutif, où toute une partie de l’humanité peut considérer qu’il vaut mieux saborder la créativité masculine actuelle si l’on veut parvenir à mettre en place une domination féminine. Le problème, c’est qu’il faudrait que l’Humanité évolue dans une seule et même direction, ce que la mondialisation peut faire craindre. Il reste que le scénario le plus probable, pour l’heure nous semble être le suivant : les femmes savent qu’il existe des « réserves » énergétiques accumulées considérables même sans création de nouvelles ressources et cela vaut aussi au niveau des brevets, de la technologie. Donc dans un premier temps, elles pourraient faire illusion en les exploitant. Mais il suffirait que dans une certaine partie du globe, le pouvoir masculin se perpétue pour qu’à brève échéance, cette prise de pouvoir ne soit qu’une brève parenthèse. Toute la question serait donc d’éradiquer une telle éventualité dans les plus brefs délais et à très grande échelle. En ce sens, le monde arabo‐musulman apparait comme le bastion de résistance le plus inquiétant au regard d’un tel plan de subversion. Le ‘printemps arabe » aura été une tentative de déstabilisation de l’Islam mais il ne semble pas que la cause des femmes ait beaucoup profité de telles révolutions. Il nous semble que la meilleure géostratégie pour le monde musulman serait d’attirer le plus grand nombre de chercheurs et de créateurs du monde entier. Le problème actuel représenté par l’Iran (musulman) et l’énergie nucléaire est emblématique en ce que l’Iran est probablement, sur le plan scientifique et technologique, le pays musulman le plus avancé. On en revient à la question de l’origine du langage. Selon nous, l’oral ne fait sens que par rapport à l’écrit alors que l’on tend souvent à penser que l’oral précède l’écrit. Certes, les humains ont appris à produire des sons mais le passage à l’écrit est d’un autre ordre, constitue une véritable révolution dans l’évolution de l’espèce humaine, et ce n’est que dans un deuxième temps que l’oral et l’écrit se seraient conjugués. Nous avons montré dans de précédents textes que les langues se construisent autour d’un nombre limité de radicaux et que tout le reste (préfixes, suffixes, déclinaisons, conjugaisons) ne sont que des « entailles » sur un objet matériel (qu’est le radical). Le traducteur c’est au départ celui qui confère une oralité à l’objet ainsi codifié mais il n’est pas autonome. Posons – nous la question : en quoi avons‐nous besoin de passer à l’oral, nous qui de plus en plus communiquons par l’écrit ? Si le XXIe siècle était « féminin », c’est l’oral qui aurait prévalu mais l’oral ne vaut que pour l’aveugle et encore dispose‐t‐il du braille mais le braille ne suffit pas à capter tous les signes qui se présentent à nous dans l’instant. D’où l’hypothèse d’une humanité à la vision très faible, vivant dans la pénombre, dans la nuit, dans la caverne (Platon) et qui aurait besoin de l’oralité face à une humanité de la lumière qui, elle, aurait développé la communication visuelle. Le Yin et le Yang sont représentés par ce contraste entre la nuit et le jour : Lu sur Wikipédia : « Le symbole du Yīn et du Yang, le tàijí tú (souvent entouré de 8 trigrammes) est bien connu dans le monde occidental depuis la fin du XXe siècle. Le yin représente entre autres, le noir (ou souvent le bleu), le féminin, la lune, le sombre, le froid, le négatif, etc. Le Yang, quant à lui, représente entre autres le blanc (ou souvent le rouge), le masculin, le soleil, la clarté, la chaleur, le positif, etc. Cette dualité est également associée à de nombreuses autres oppositions complémentaires. » Notre lecture de cette symbolique serait donc la suivante : le monde du yin et de l’obscurité passerait par l’oralité et le monde du yang et de la clarté s’exprimerait par le visuel et donc par l’écrit. Ces deux mondes se seraient rencontrés et l’un aurait été colonisé par l’autre, la parole du monde yin étant asservie au « dessin » du monde yang et ce dessin, la voie des signes, se serait révélé plus formateur. Le yin semble limité à l’espace, au présent tandis que le yang accède à la temporalité, du fait de la perpétuation du texte. Même si les conditions de vie ont changé, nous restons largement marqués par le passé. Les femmes continuent à fonctionner comme si elles vivaient encore dans l’obscurité, quand le seul contact passe par le verbe ou par le toucher. Si elles attachent autant d’importance à leur aspect, c’est par rapport aux hommes si sensibles au visuel et si les hommes parlent, c’est pour communiquer avec elles. Chacun va dans le sens de l’autre et c’est en cela que l’on commet de nombreux contresens à propos des hommes et des femmes, en ne faisant pas la part des choses, à savoir ce que l’on fait pour l’autre. C’est le point blanc sur fond noir et le point noir sur fond blanc. Les femmes ne sont dans le visuel que parce que cela fait sens pour les hommes et quand (l’âge venant) elles ne maitrisent plus leur visuel, elles se replient sur elles‐mêmes. Quand les hommes passent par la parole non structurée/structurante (le «tchat »), ils se situent sur le mode féminin du témoignage. C’est ainsi que les femmes accordent la plus grand importance à l’apprentissage de la lecture pour accéder au monde masculin et en exploiter les ressources. JHB 11. 04. 12 L’alternative Formation/ programmation astrologiques. Par Jacques Halbronn C’est l’histoire d’un homme qui sort de l’hôpital psychiatrique où il était soigné en ce qu’il se prenait pour une souris. Est‐il vraiment guéri ? A la vue d’un chat, il s’affolée. Mais immédiatement, il s’explique : je sais que je ne suis pas/plus une souris mais le chat, lui, le sait‐il ? Voilà qui illustre d’une certaine façon notre rapport ambigu à la modernité. En ce qui concerne l’astrologie contemporaine, on nous explique que l’astrologie doit « avancer », qu’elle doit tenir compte des nouvelles données astronomiques qui lui « manquaient » alors qu’en réalité il ne s’agit que d’additions (cf. la même problématique avec Nostradamus, voir nos textes « Halbronn’s Research » sur le site propheties.it). Or, ce qui importe, ce n’est pas tant de faire avancer l’astrologie mais de voir dans quelle mesure l’humanité a changé au cours des millénaires écoulés. (cf notre texte sur le Yin Yang dans la présente livrison du journal de bord d’un astrologue Avril 2012). Or, nous pensons que les clefs du comportement notamment des hommes et des femmes sont à chercher dans un passé fort lointain. En fait, il faudrait, pour bien faire, remonter avant la rencontre entre l’humanité masculine et l’humanité féminine ou si l’on préfére l’humanité dont les hommes descendent et celle dont les femmes descendent. (cf nos travaux sur ce sujet qui rejoignent la thèse actuellement envisagée par certains d’une double filiation de notre humanité) Contrairement à ce que certains astrologues modernistes croient, le salut de l’astrologie ne passe nullement par une fuite en avant dans une modernité toujours en devenir. La « modernité » de l’homo astrologicus date d’il y déjà bien longtemps. On oppose ici l’homo astrologicus (formule que nous avons employé pour la première fois en 1969, il y a donc 43 ans dans un article paru à Jérusalem) au savoir astrologique. Ce que nous appelons Homo Astrologicus, c’est l’être humain dans son rapport inconscient aux astres alors que l’astrologie, c’est le discours sur ce rapport et qui peut fort bien être totalement décalé. Et, selon nous, l’H.A. n’a pas grand‐chose à voir avec le portrait qu’en donne l’Astrologie et notamment l’Astrologie des transsaturniennes (Uranus, Neptune, Pluton). Chacun d’entre nous est un homo Astrologicus alors qu’astrologues et astronomes constituent des cercles limités même s’ils sont répartis sur toute la surface du globe. D’ailleurs, l’être humain a –t‐il changé anatomiquement depuis des millénaires en dépit des mutations de la Techno‐Science qui voudrait nous imposer sa loi et nous enchainer à ses découvertes et à ses inventions ? Et ne voilà pas que l’Astrologie qui devrait être le rempart contre de telles menaces se met à prôner un alignement sur une telle dynamique ! Il est vrai que les femmes – si nombreuses dans le public astrologique « éclairé », sont des adeptes du progrès en ce qu’il va dans le sens du dépassement d’un statut ancien qu’elles rejettent au risque de perdre les clefs leur permettant de se comprendre dans leur spécificité originelle et pérenne et de respecter et de s’accepter pleinement à ce titre. Qu’est ce d’ailleurs que le devenir sans le provenir et le souvenir ? Les gens ne vont pas et ne pourront pas changer leur programmation ancestrale sous prétexte que les choses ne sont plus ce qu’elles sont. Les humains ne sont pas des machines que l’on peut modifier du jour au lendemain. C’est là une fausse idée du devenir même si paradoxalement c’est l’Homme qui conduit les transformations des machines et les progressions de la Science. Cela ne signifie pas, en effet, pour autant, que l’Homme puisse changer son déterminisme propre. Ce qui s’est joué dans un passé lointain est seul capable de nous expliquer ce que nous sommes et notamment en tant qu’hommes et en tant que femmes mais aussi en tant que chacun d’entre nous est un homo astrologicus. Il en est de même pour nos langues qui, à quelques détails près, sont du même ordre que celles que nos aïeux élaboraient et pratiquaient il y a des millénaires. Doit‐on créer un « espéranto » comme le préconisait Zamenhof ? De nos jours, il y a deux personnages face à face, l’homo astrologicus qui est l’humain ancestral qui a un rapport très minimal et constant avec le cosmos et l’astrologue qui perçoit et se perçoit au prisme de la grille astrologique telle qu’elle s’est instaurée au fil des siècles et telle qu’elle continue à évoluer. Entre cette astrologie instituée de très longue date et qui sous tend l’ensemble des comportements humains en tant qu’espèce et cette astrologie en devenir qui ne concerne qu’un cercle très étroit de sectateurs, il n’y a guère de communication possible au point qu’il semble difficile de se servir du même terme dans les deux cas. On dira qu’est « astrologue » celui qui a fait ses classes, qui a acquis un savoir faire technique, qu’il s’en serve ou non professionnellement comme l’on dira de quelqu’un qu’il a eu une « formation » dans tel ou tel domaine. On dira qu’il a une « formation astrologique », ce qu’il faut entendre à différents degrés. En face, il y a celui que l’on pourrait appeler l’astrologicus, à savoir quelqu’un qui partage avec ses congénères une programmation cyclique qui se limite à une sorte d’équation binaire. On dira qu’il croit en une « programmation astrologique » qui n’exige aucune « formation », un inné qui serait dans notre ADN et non un acquis culturel en quelque sorte qui se nourrirait des dernières trouvailles de l’astronomie. Il est clair qu’épistémologiquement, ces deux « formations » ne sont pas promises au même futur en ce XXIe siècle naissant. . JHB 11. 04. 12 Le qualitatif et le quantitatif en astrologie Par Jacques Halbronn On a souvent utilisé le terme d’infalsifiabilité impossible en ce qui concerne les pseudosciences : autrement dit, on leur reprocherait de ne pas pouvoir développer une approche critique à leur encontre. Et de fait, il nous semble que les astrologues prennent un malin plaisir à se placer sur un terrain qui est à leur avantage et qui se prête assez mal à une attaque frontale. On prendra des exemples pris dans la vie courante : quand quelqu’un vous raconte ce qu’il a fait la veille, à moins d’être dans la police ou dans la justice, comment irait‐on vérifier la véracité de ses dires ? On peut constamment se mettre dans des situations où l’on ne peut pas contrôler vos dires et où l’on n’est pas en position de mener une enquête comme lorsque quelqu’un déclare n’avoir pas le « temps » ou pas « envie. ». Or, quand l’astrologue se réfère aux « résultats » qu’il aurait obtenus en cabinet, la question n’est pas de savoir si le client confirme mais si ce qui lui a été dit découle de la seule Astrologie et mieux encore d’un modèle astrologique qui ne change pas d’un client à l’autre. Comment admettre que le client isolé puisse être le garant de l’astrologue voire de l’Astrologie toute entière ? C’est aller un peu vite en besogne ! Tout se passe en fait comme si, plus ou moins délibérément, l’astrologue appliquait le principe de Peter, c'est‐ à‐dire faisait en sorte que son interlocuteur dépasse son propre seuil de compétence sans qu’il veuille l’admettre. En fait, le client est flatté d’être mis en situation d’arbitre et il en est reconnaissant à l’astrologue avec les effets que l’on peut imaginer. Il est des gens qui ne se sentent bien que dans l’obscurité et dans l’opacité et qui ont carrément peur de la lumière. D’où l’importance qu’il y a en la circonstance à préciser les limites de nos facultés cognitives. Nous dirons qu’elles se situent sur un plan qualitatif et sur un plan quantitatif. Le plan qualitatif recouvre la cohérence même du modèle. Les tests de quotient intellectuel mesurent nos facultés à percevoir les anomalies dans une série du fait d’interpolations ou de perturbations dans l’ordre logique des choses. On peut chercher à améliorer la qualité d’un modèle, notamment en termes de réversibilité : une chose et son contraire, comme l’Eté et l’Hiver. Tout modèle doit en effet comporter une forme de dualité présence/absence.(opposition chère à Jean Carteret) Le plan quantitatif implique que l’on ait pu observer un phénomène un grand nombre de fois. Les choses se sont répétées à l’identique. Mêmes causes, mêmes effets. L’enfant ou l’animal observent que telle chose se passe quand on fait ceci ou cela, par exemple avec le feu. D’où l’importance accordée aux sondages, aux statistiques. Maintenant la question qui se pose est la suivante : est ce que le client de l’astrologue est placé dans une de ces deux situations ? Au niveau qualitatif, il n’a qu’une connaissance très furtive du modèle astrologique et au niveau quantitatif, il ne connait que son propre cas d’autant que le modèle ne sera plus le même avec quelqu’un d’autre, entendons le thème de naissance. Car chaque thème est un modèle astrologique spécifique. Par un certain abus de langage, d’aucuns tenteront de faire accepter l’idée que l’ensemble de tous les thèmes de naissance constituent un seul et même modèle, ce qui conduirait à dire que les thèmes sont interchangeables, ce qui n’est nullement le cas structurellement, ce qui nous ramène à la question du qualitatif. N’importe qui peut constater que les thèmes ne sont pas superposables, ne sont pas identiques et d’ailleurs s’ils l’étaient, cela ferait problème pour l’égo du client concerné. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. A contrario, les 12 signes sont un modèle qui est relativement accessible tant sur le plan qualitatif que quantitatif, en ce sens que l’on peut en faire le tour et que le client peut le valider autour de lui. Autrement dit, quand le client se rend chez l’astrologue, avec ce modeste bagage, c’est pour apprendre que cela n’a pas de valeur ! Mais que lui propose‐t‐ on à la place ? Un « machin » sur lequel il n’a plus aucune prise cognitive, tant qualitativement que quantitativement et donc parfaitement infalsifiable (Popper). A cela vient s’ajouter l’hypothèse que nous avons exposée dans un précédent texte à savoir que les gens (et notamment ceux qui s’adressent à l’astrologue et/ou à l’astrologie) se connaissent mal ou si l’on préfère ont un mauvais rapport, un médiocre dialogue avec eux‐mêmes, qu’ils ne consultent pas leur corps ni leur affect et leur infligent des traitements (sadomasochistes) qui ne sont pas forcément très bienveillants. On connait le lit de Procuste qui plaçaient ses victimes sur des lits soit trop petits soit trop grands, ce qui conduisait soit à la mutilation, soit à l’écartèlement. Bien des gens sont leur propre Procuste. On est d’accord, du moins peut‐on l’espérer, pour ne pas admettre que l’astrologue change de modèle d’un client à l’autre. On pourrait admettre à la rigueur qu’il dispose de quelques modèles selon les symptômes de ses clients. Mais dans un cas comme dans l’autre, on reste dans un certain quantitatif, ce qui signifie aussi que le client peut prendre connaissance du modèle qui lui est appliqué et en apprécier la cohérence structurelle‐ on est alors dans le qualitatif. Dans bien des cas, le critère qui joue est le suivant ; tel modèle est largement utilisé sur un grand nombre de cas, donc l’on peut dire qu’il « marche ». Etrangement, l’astrologue se tient souvent à lui‐même ce discours : mes clients me confirment que mon modèle marche. Or, l’usage du singulier – « mon modèle », « mon astrologie » – est tout à fait discutable puisque en pratique, il y a autant de modèles que de clients. Qu’est ce au vrai qu’un modèle qui ne vaudrait que pour un seul client et qui serait de ce fait, de surcroit, bien alambiqué ? Déontologiquement, nous considérons que l’astrologue n’a pas le droit d’utiliser des modèles qui n’ont été testé ni qualitativement, ni quantitativement, au sens où nous avons défini ces termes plus haut. Que va‐t‐on nous répliquer ? Que l’astrologie‐ c’est un postulat‐ est la « science’ de la personnalité/personne et qu’il est donc logique qu’elle dispose de modèles personnalisés et en quelque sorte uniques qui ne sont que des déclinaisons, d’ailleurs, d’un modèle central, à savoir le système solaire, qui est bien d’un seul tenant. Le problème, c’est qu’entre le systéme solaire et le thème natal, il y a une certaine différence. Jean‐Pierre Nicola, il y a un demi‐siècle, s’était évertué à montrer que le passage de l’astronomie à l’astrologie suivait une pente logique, que la signification des astres découlait directement de leurs positions respectives dans le ciel. En fait, l’idée qu’il faille autant de modèles que d’individus est parfaitement inacceptable et ne peut être acceptée que par quelqu’un dont l’égo est en surcompensation. Toute personne raisonnable sait pertinemment qu’elle n’est pas la seule dans son cas. C’est d’ailleurs ce dont est conscient le lecteur d’horoscopes dans les journaux. Même les journaux féminins ne proposer pas du ‘sur mesure » mais des conseils qui vont intéresser des tas de lectrices. En fait, tout se passe dans le rituel de la consultation astrologique comme si le praticien faisait lui‐même le travail de son client/patient, les questions et les réponses. Or, c’est bien au client de « personnaliser » ce qu’on lui dit, ce n’est pas à la charge du modèle dont se sert l’homme de l’art. En ce sens, on bascule dans une pseudoscience au sens de science qui dépasse les bornes de la Science, d’hyperscience. Tout se passe comme si le tranfert du client de l’astrologue exigeait que l’on satisfît un tel fantasme d’un savoir aussi omniscient que Dieu lui‐même. L’astrologie de la personnalité‐ formule chère à Dane Rushyar‐ serait en fait l’idée d’une astrologie personnelle. JHB 09. 04. 12 Le design de l’astrologie. Par Jacques Halbronn Celui qui se contente de pratiquer l’astrologie n’a pas besoin de se demander quel est le concept qui sous‐tend celle‐ci, il a, en revanche, les réponses toute faites qu’il peut réciter. Mais celui qui s’est donné pour tâche d’en renouveler, d’en repenser le « design », c'est‐à‐dire le dessein –se doit de revenir au concept originel par delà ses déclinaisons et ses dérivations successives.. « Jadis, le cordonnier était celui qui fabriquait et vendait des chaussures et le savetier celui qui les réparait (Petite encyclopédie pour jouer avec les mots, Ed France Loisirs, 2012, p. 144) Il semble que la plupart des « astrologues » soient des savetiers plutôt que des cordonniers mais il existe aussi quelques astrologues cordonniers. De nos jours, l’on distingue entre le marchand de chaussures‐ mais les fabrique‐t‐il, est‐il un artisan ? ‐ et le cordonnier (de la ville de Cordoue) qui est en fait un savetier (dont on dit qu’ils sont les plus mal chaussés). La question qui se pose est la suivante : quelle proportion de cordonniers et de savetiers est souhaitable dans une profession ? Qu’est‐ce qu’un artisan, celui qui fabrique ou celui qui répare ? La confusion entre ces deux métiers est‐elle grave ? On accéde là au lancinant probléme, si mal vécu de nos jours, de la dualité au niveau psychosociologique. Que vaut en vérité la comparaison entre savetier et astrologue ? Est‐ce qu’un individu est comparable à une chaussure à réparer ? Et qui « fabrique » les humains ? Ne se rapproche‐t‐on pas davantage du médecin en distinguant celui qui fait avancer la science médicale et celui qui répare, qui soigne ou qui fait de la prévention/prévoyance ? A moins que ce ne soit l’astrologie qui soit à repenser ou à réparer ? L’astrologue cordonnier serait celui qui entend réformer l’astrologie et en ce sens c’est un « grossiste » alors que l’astrologue savetier serait un détaillant. Or, il est deux façons de rénover l’astrologie : soit en y ajoutant quelque chose à la façon que nous dirons vénusienne, soit en en enlevant ce qui a pu se greffer à un moment ou à un autre, ce qui correspondrait à la façon que nous qualifierons de martienne. Ce ne sont pas les mêmes facultés qui sont exigées dans les deux actions. Le travail de celui qu’on appelait autrefois le savetier et que l’on désigne à présent sous le nom de cordonnier consiste, à l’instar d’un garagiste, à remettre l’objet considéré « en l’état », « comme neuf », à lui restituer au moins une apparence de normalité. En fait, ce n’est là qu’une illusion. Quant au travail du cordonnier, dans son sens d’origine, il consiste à créer un nouveau design, une nouvelle forme qui ne prend pas modèle sur ce qui existe déjà. On pense notamment à de nouvelles formes de meubles ou d’immeubles, tout en retrouvant et en maintenant, tout de même, le principe sous jacent qui se reconnait. Une chaise reste une chaise, sa fonction se perpétue sous aspects renouvelés.. La comparaison entre astrologie et métiers de la chaussure fait sens dès lors que l’astrologie se présente comme un outil. Après tout, la chaussure est fonction du corps humain. L’astrologue‐savetier va ajuster la « pantoufle » astrologique à son client/patient. Mais celui‐ci vient‐il pour que l’on « répare » la dite astrologie comme on irait chez un garagiste ? En fait, par delà l’astrologie, le client vient « réparer », « revoir » les discours, pas forcément astrologiques, qui ont pu lui être proposés jusque là et qui ne fonctionnent peut‐être pas très bien. En ce sens, l’astrologie se situe de plein pied dans l’aréne psychosociologique tous courants confondus, elle est une façon parmi d’autres de « chausser » la personne, ce qui implique quelque part que la personne se « glisse » en elle, et cela vaut pour toutes les techniques du genre..Mais précisément, quelle astrologie proposer ? On a l’impression que chez les astrologues, l’innovation reste très relative et somme toute assez peu audacieuse. On n’ose pas. On a peur que le public soit perdu si l’astrologie changeait quelque peu de visage. Mais dans l’ensemble, les astrologues préfèrent recourir à quelque nouveau gadget – genre astéroïde‐ plutôt que de se délester des anciennes formes auxquelles ils attribuent souvent une ancienneté exagérée, ce qui les empêche d’accéder à une certaine simplicité. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Pour notre part, nous sommes en faveur d’un nouveau design pour l’astrologie mais en précisant que pour ce faire, il importe de remonter à la source du concept par delà ses avatars successifs. Ce qui revient à se demander quelle est la vocation primordiale de l’Astrologie, à quoi elle peut bien servir. Et notre réponse sera la suivante : elle sert à fixer une certaine périodicité dans les activités humaines en se référant à certains rythmes d’ordre astronomique articulés sur une certain typologie mythologique. Tout le reste n’est que fioritures vénusiennes qui ne sont pas partie intégrante du concept d’origine. Le problème de tant d’astrologues est de croire que des solutions provisoires auraient acquis un statut définitif, qu’’elles seraient indispensables et ils vont jusqu’à les qualifier de « bases ». Sine qua non. Or, quand on demande une définition de l’Astrologie, au singulier, il est impératif de remonter jusqu’au concept, faute de quoi sous le terme Astrologie, on englobe toutes sortes de strates dont la raison d’être ne saurait être que ponctuelle. En vérité, le thème astral collectif (en astrologie dite judiciaire) n’est nullement central et cela vaut pour le thème natal individuel .(astrologie généthliaque), il reléve d’époques où il était plus facile de décrire un ciel à un moment donné que d’’extrapoler astronomiquement sur plusieurs années. Au siècle dernier, les astrologues ne disposèrent longtemps que des éphémérides de l’année en cours (Chacornac) ou à venir, ce qui leur suffisait. On est bien loin de ce temps mais les techniques conjoncturelles correspondantes se sont maintenues jusqu’à nos jours. L’espace a pris ainsi le pas sur le temps. Notre idée du design astrologique implique la disparition totale, l’éradication de la technique du « thème » au profit de la technique du « cycle » monoplanétaire, que le public est en mesure d’intégrer beaucoup plus commodément et promptement. Tout ce débat autour des véritables fondements de l’Astrologie nous fait songer à des architectes modernes qui ne parviendraient pas à dissocier l’idée d’édifice de techniques révolues qui n’ont plus leur raison d’être à l’instar de ces astrologues qui, comme Jean‐Pierre Nicola, n’ont pu s’empêcher de sauvegarder la division en 12 de l’écliptique dont l’astrologie n’a tenu compte qu’à certains stades de son développement. Or, il semble bien que notre « anima » soit plus portée vers la conservation, à l’accumulation insatiable des acquis alors que notre « animus » étouffe sous les habits et les habitudes et exige de retrouver la nudité de l’objet ou du concept par delà les moyens (du bord) utilisés à un moment donné. Notre anima cherche des solutions immédiates, dans le partage des codes, au sein d’un espace donné (jus soli) tandis que notre animus est en quête de références communes plus profondes, plus anciennes (jus sanguis) transgénérationnelles, recouvertes par le « manteau » de Vénus. Rappelons l’épisode du manteau de Noé. (Genèse IX, 18‐29). Celui des fils –Cham‐ qui ne couvrit pas la nudité de son père (« Le Roi est nu ») fut maudit. C’est Mars qui nous invite à cerner le grand « dessein » de l’Astrologie par delà le foisonnement de la Tradition vénusienne. Mars est le cordonnier, Vénus le savetier. Le dilemme du designer tient au fait qu’il ne peut ni trop s’éloigner de la forme de l’objet, ni en rester trop proche. Dans les deux cas, il aura échoué. Il doit en tout état de cause retrouver la raison d’être du dit objet, sa fonctionnalité radicale. Mais il ne pourra pas non plus éviter qu’un objet puisse être détourné peu ou prou de son usage premier. On peut faire flèche de tout bois. Et c’est aussi la justification de repenser le design de quelque chose que d’en évacuer les acceptions parasites. On connait ces églises reconverties en étables, on connait ces « ready made » décalés au nom de l’art (Marcel Duchamp). Or, force est de constater que l’astrologie actuelle ne respecte plus guère la vocation première de ce domaine, qu’elle s’est égarée, décentrée, elle est devenue un « langage » qui permet d’expliquer tout et n’importe quoi, avec la lourdeur d’apprentissage qu’implique un langage exotique pour le novice. Or, qu’est ce qu’un langage si ce n’est formuler les choses que l’on sait autrement, les translater, les traduire ? Pour notre part, nous refusons l’idée que l’astrologie soit un langage touche à tout. Les langues sont le cimetière de la pensée quand elles ont été vidées de leur contenu et de leur cohérence, de leur fond et de leur forme d’origine et qu’elles ne sont plus que des mercenaires, à la solde de ceux qui veulent bien les employer. JHB 09. 04. 12 La femme, enjeu majeur du XXIe siècle. Par Jacques Halbronn La femme est l’alter ego de l’homme en ce qu’elle ce qui ressemble le plus à l’homme, à ce qui peut le plus aisément se faire passer pour l’homme, voire se substituer à lui pour un œil mal exercé. Rien ne ressemble plus à un homme qu’une femme et bien entendu elle en profite. Ce qui permet à la femme d’entretenir et de maintenir une telle illusion est le don qu’elle a de la parole. Mais c’est par les mains qui lui permettent de tenir toutes sortes d’outils qu’elle peut donner le change car sans la technique, la femme ne parviendrait pas à « égaler » l’homme, à franchir l’espace qui la sépare de lui. On peut appeler é « x » cette distance que l’on déclarera périodiquement abolie, comme étant le suprême miracle, le but ultime... Si l’on admet qu’à certains moments (que l’on associera à Vénus), les hommes ont intérêt à laisser agir certaines apparences, à d’autres (que l’on associera à Mars), au contraire, une telle imposture leur devient insupportable. Il y a là une cyclicité. Le problème, c’est que les femmes voudraient bien pérenniser le temps de Vénus et nier leur différence. Encore ne faut‐il pas jouer sur les mots : il ne s’agit pas là de nier une différence biologique mais bien de nier que les femmes ne peuvent réaliser ce que font les hommes que lorsqu’il s’agit de les imiter. Mais est‐ce qu’imiter l’autre revient pour autant à devenir l’autre ? Est‐ce qu’un pianiste qui joue du Beethoven devient ipso facto Beethoven ? Est‐ce quelqu’un qui lit à haute voix du Baudelaire devient, par là même, Baudelaire même s’il lit son texte mieux peut‐être que ne l’aurait fait Baudelaire voire qu’il le mémorise alors même que le poète aurait pu en oublier la lettre ? C’est un peu l’enjeu des saturnales, lorsque les esclaves, à Rome, jouaient à se faire passer, pendant quelques jours, pour leurs maîtres. Il est clair que les femmes ont fait la preuve qu’elles pouvaient égaler les hommes mais égaler n’est jamais ici que synonyme d’imiter, voire de singer. En revanche, l’on peut dire plus justement qu’un Einstein a « égalé » un Newton mais c’est en le dépassant et non en faisant du Newton. D’ailleurs, dans le domaine scientifique, celui qui ne peut que répéter ce qui a déjà été exprimé n’est jamais qu’un copieur, un plagiaire. Et il en est de même dans le domaine artistique. Même à une minute près, ce qui a été dit n’est plus à dire, c'est‐à‐dire a été définitivement défloré. On se demande donc bien comment l’on pourrait considérer que celui qui répète ce que j’ai dit ou fait puisse affirmer m’égaler. En fait, il faut comprendre dans la bouche des femmes que le mot égaler ne vise que des hommes inférieurs qui sont eux‐mêmes en position de soumission à des hommes supérieurs. Il y a comme une erreur de modèle. La femme égale l’esclave pas le maître tout comme d’ailleurs la machine ne peut rivaliser qu’avec les dimensions subalternes de l’activité humaine (voir notre article « tselem’, sur le site hommes‐et‐faits.com). En fait, dans le cas de la vraie créativité, c’est le singulier et non le pluriel qui est de rigueur. En effet, encore une fois, gardons‐nous des mirages du langage ! Si les hommes n’avaient pas pris la mauvaise habitude de s’approprier l’œuvre des génies qui sont parmi eux, les femmes n’auraient pas été tentées de les « égaler ». Les hommes qui se comportent en esclaves se mettent leur humanité au niveau des femmes. Et c’est pour cette raison qu’aucun homme ne devrait baisser la garde en s’emparant du mérite d’un autre car ce faisant il ouvre une brèche par laquelle les femmes s’engouffrent. Ce sont les hommes les plus médiocres, ceux qui ne sont pas à la hauteur de leur « métier » d’homme qui entretiennent les illusions paritaristes des femmes. Ce sont eux le maillon faible ! C’est l’arroseur arrosé, l’imitateur imité. Ces hommes qui trahissent leur camp sont une menace à la fois pour les « vrais » hommes et pour les femmes car ils sèment la confusion des genres. En fait, ces hommes se féminisent, c'est‐à‐dire prennent la place des femmes comme dans le théâtre de la Renaissance où les rôles féminins étaient tenus par des hommes. En cela l’homosexualité fait‐elle problème de par l’ambigüité qu’elle nourrit. D’ailleurs, en bonne logique, il devrait y avoir bien moins d’hommes que de femmes au sein d’une société. Les hommes sont en surnombre. Or, de deux choses l’une, soit on admet qu’une partie des hommes soient des « sous hommes », dans un monde sans femmes, soit l’on exclut ces hommes qui trichent en faisant croire qu’ils ont les vertus des hommes alors que ce n’est pas le cas et alors, les femmes ont leur place. Autrement dit, le mythe de l’égalité ne serait pas né chez les femmes mais chez les hommes. C’est parce que les rapports entre les hommes ont été faussés du fait de toutes sortes de plagiats (cf. la faible du geai qui s’orne des plumes du paon, La Fontaine) que les femmes ont pu développer une idéologie égalitariste en imitant les imitateurs. Par ailleurs, l’essor du machinisme a contribué peu à peu à minimiser la question de la puissance physique (électricité, vapeur) mais aussi mentale (développement de l’écriture, de la notation musicale, de l’informatique) chez l’homme. Il ne s’agit pas de nier une certaine complémentarité entre hommes et femmes. Celle‐ci ne se conçoit au demeurant que si l’on admet l’existence d’une certaine cyclicité qui permet de faire alterner les phases d’eugénisme, qui permettent de recruter les éléments les plus doués sur le mode des Olympiades (‐Mars), en évitant toute forme d’imposture, de postiche et les phases d’intégration collective qui recourent à toutes sortes d’artifices visant à gommer les différences. (Vénus). Notons que la notion maniériste d’individu ne convient ni pour le processus vénusien, ni pour le processus martien. Si Vénus tend à masquer, à lisser les aspérités, Mars, quant à lui, cherche à éliminer les différences superficielles et artificielles pour restituer une certaine hiérarchie fondée sur les ressources naturelles, les vrais rapports de force, ceux qui sont inhérents et non ceux qui sont surajoutés. Mais revenons à cette question du féminin qui sera certainement un des tout principaux enjeux du XXIe siècle comme la question juive le fut pour le XXe siècle. Que va‐t‐on faire des femmes ? On entend des déclarations sur l’avenir triomphal des femmes. Etrangement, au siècle dernier, la Shoah aura cohabité avec l’idéologie sioniste, soit deux voies radicalement différentes en apparence. On réfléchira encore longtemps sur les liens de cause à effet entre ces deux phénomènes « historiques ». Or, il nous semble que l’on assiste présentement à un cas de figure assez comparable, où le pire et le meilleur –pour les femmes‐ se profile pour les prochaines décennies. Peut être une certaine angoisse alimente‐t‐elle certaines déclarations féministes tonitruantes et outrancières voire irresponsables. ..Pour notre part, notre humanité se trouve devant un terrible dilemme aggravé par la mondialisation qui tend vers une certaine pensée unique. Si l’on en reste à des expériences limitées dans le temps et en tout cas dans l’espace, le risque est moins grand de prises de décisions irréversibles à l’échelle de la planète. Or, tout se passe comme si l’on préparait l’opinion à l’adoption d’une « solution’ devant s’imposer à tous, au nom de l’urgence, de l’interdépendance. En tout état de cause, il nous semble infiniment plus prudent de multiplier les expériences dans des directions très diverses. Rien ne serait plus dangereux qu’un monde unipolaire et linéaire, sans alternance et sans alternative, une fois les choix entérinés. Ce péril existe aussi bien par une forme d’impérialisme idéologique, médiatique qu’économique ou militaire, avec droit d’ingérence étendu à l’échelle mondiale, au nom de la bonne conscience. On ne peut donc qu’encourager les foyers de résistance face à ce rouleau compresseur et en ce sens l’Islam nous apparait comme le rempart le plus solide contre les « bienpensants féministes, depuis que le Rideau de fer a été aboli en 1989. . Existe‐t‐il une autre vision de l’avenir possible ? Nous pensons qu’il faut exiger une double orientation et donc une vraie alternative, pour ne pas mettre tous les œufs dans le même panier. Or, cette idée d’alternative tend à être balayée. On voit s’approcher le temps où l’on ne tolérera plus certaines choses dans certains pays, où les opinions publiques seront manipulées non plus de l’intérieur mais de l’extérieur. On assiste à la mise en orbite d’une tyrannie mondiale sans plan B. Il nous apparait que l’Islam peut constituer une alternative. Non pas que nous adhérions à la religion musulmane mais plutôt à la civilisation islamique sur le plan géopolitique. La question israélo‐palestinienne, avec sa dimension terroriste et antisémite, est ici désormais un enjeu tout à fait marginal et le monde arabo‐musulman devrait désormais tourner la page, si ce n’est que l’Etat d’Israël est traversé par un clivage qui n’est pas étranger à la question du statut de la femme, au regard des milieux religieux. Si l’Islam a été une des clefs du problème juif au XXe siècle, il pourrait apparaitre comme une des clés du problème féminin en ce XXIe siècle, notamment en approfondissant le discours qu’il tient sur cette question, discours qui ne semble pas bien formellement maîtrisé, il faut l’avouer. La question du féminin est liée, nous l’avons dit, à tous les processus d’imitation, de contrefaçon, à toutes les techniques de plagiat, d’emprunt, ce qui met en jeu tout ce qui a trait à la machine, laquelle tend à fausser le débat en en truquant les cartes. On ne peut pas en effet régler la question du féminin sans affronter celle de la machine. Ce qui permet d’allumer un contre‐feu : on notera en effet que ceux qui parlent d’écologie n’abordent jamais directement les conséquences de l’essor du machinisme (bien illustrées par la Science Fiction, de Dune à Matrix). Le temps est venu de traiter des menaces que le surdéveloppement technique représente pour l’avenir de l’Humanité et de souligner précisément à quel point la technologie contribue puissamment aux illusions égalitaristes au point que temps n’est pas si loin où les singes pourront s’intégrer pleinement au sein des sociétés humaines, où les handicapés mentaux ne se feront plus remarquer, tant ils seront appareillés : ce qui distinguera les gens ne sera plus ce qu’ils sont mais ce qu’ils ont et ce qu’ils ont dépendra de leur équipement technique. JHB °08. 04. 12 Comment vivre au mieux la période martienne actuelle Par Jacques Halbronn Si nos calculs sont exacts, nous sommes entrés depuis un an environ dans une nouvelle phase martienne du « tétracycle » de Saturne, le tétracycle correspondant à un quart du cycle monosidéral de cette planète, monosidéral signifiant le retour de l’astre sur un même point du ciel ce qui est le point de vue de l’astronomie. Ce cycle de 30 ans n’étant pas intéressant existentiellement, les astrologues d’antan l’ont coupé en 4, sur la base de 4 repères sidéraux (4 étoiles fixes dites royales) prenant en cela modèle, matriciellement, sur le parcours de la Lune divisé visuellement en 4. Au moment où nous écrivons, nous sommes en « pleine lune ». Comment vivre au mieux une période d’environ 3 ans sous la houlette de Mars ? Rappelons que cela n’a strictement rien à voir avec la position de la planète de ce nom dans le ciel, ni avec le mois de ce nom d’ailleurs. Attention aux faux amis ! Mars est ici une tonalité, un climat, non un point, pas davantage un instant. Certains diront que 3 ans, c’est long, d’autres que c’est trop court. Il semble que ce soit une bonne durée qui permette d’accomplir un certain travail, dans une certaine continuité, sans être interrompu ou distrait par quelque transit de tel ou tel astre, comme cela se pratique si souvent en astrologie traditionnelle. Il est regrettable que Dane Rudhyar, en créant ce qu’on appelle en France l’Astrologie Humaniste, n’ait pas élagué l’astrologie prévisionnelle de toutes ses scories et notamment n’ait pas restitué des phases de durée égale et d’un seul tenant, c'est‐à‐dire sans être perturbées par la topographie du thème natal. Nous plaidons en effet en faveur d’une astrologie qui se déroule comme un « long fleuve tranquille », avec un nombre très restreint d’échéances, à savoir une tous les ¾ ans. Ni plus ni moins. On nous objectera que certains « clients » veulent un encadrement beaucoup plus « serré » ; à très court terme. Mais l’astrologie a plus une vocation préventive, correspond plus à une certaine hygiène de vie qu’elle n’est appropriée à des interventions dans l’urgence. Si l’astrologue s’est mis dans la galère des « urgences », qu’il se débrouille avec les moyens du bord de la divination ordinaire ! En pratique, chacun sait qu’il faut laisser du temps au temps. Et c’est ce que notre astrologie permet et encourage et qui fait d’elle un « guide » pour bien gouverner sa barque, quitte à ce que l’astrologue fasse le point sur la situation de la personne qui vient le consulter en lui précisant combien de temps il lui reste au sein de la phase en cours, qui est d’ailleurs la même pour tout le monde mais qui génère des défis propres à chacun, ce chacun n’étant pas déterminé par l’astrologie. Au fond, l’astrologue est là pour améliorer, optimaliser la connexion d’une personne donnée avec le schéma général et l’aider à corriger le tir si elle a fait fausse route, pour la ramener à la norme et bien évidemment il n’existe pas de norme individuelle puisque nous sommes tous, à la base, semblablement constitués. Sans norme, pas de thérapie, pas d’objectif, pas de cure. Il importe que les règles du jeu soient aussi simples que possible. L’astrologie doit se dévêtir de son habit d’arlequin. Cela tombe bien puisque l’on est en phase martienne, qui est marquée par un impératif de dépouillement, de vérité. Ce n’est plus le bal masqué de la phase vénusienne qui a précédé et qui suivra inévitablement. On est entré, à nouveau, pour un temps, en phase martienne qui est une phase du collectif et non de l’individuel, comme chez Vénus. Mais contrairement à la rhétorique de tant d’astrologues, il ne s’agit pas d’une nouvelle « ère » de quelques siècles (21, excusez du peu) ni même de quelques décennies mais de ¾ ans et comme le nombre de périodes que nous vivons tout au long d’une vie est assez considérable, une bonne douzaine de phases de Mars et une bonne dizaine de phases de Vénus, on aura, quand même, le temps d’apprendre à les vivre, à en tirer les leçons, et le brassage Mars‐Vénus a faire son œuvre, par le jeu de l’alternance. Tel est notre véritable karma. En phase martienne, nous devons apprendre à évacuer tous les déguisements vénusiens, les cache misère qui nous font endosser des habits qui ne sont pas les nôtres, des identités que nous avons empruntées et qui brouillent les pistes car ce faisant, chacun d’entre nous fait sa petite cuisine personnelle, joue son rôle de composition, endosse des habits, trop grands ou trop petits. A vouloir tous nous ressembler, nous aboutissons au résultat inverse, c'est‐à‐dire à du bricolage personnel, à quelque chose d’hybride. Celui qui imite, paradoxalement, aboutit à quelque chose d’assez monstrueux (que l’on « montre » tel un phénomène de foire, comme la femme à barbe) En phase martienne, on l’aura compris, la comédie est finie (finita la comedia). Bas les masques. Il faut s’assumer comme l’on est, c'est‐à‐dire selon ses vraies potentialités et ses vraies appartenances socioculturelles, socioreligieuses. Là encore, attention aux paradoxes : en phase martienne, on n’est soi‐même qu’en se ressourçant, en se recentrant dans son milieu d’origine, parmi ses pareils. C’est le temps du démaquillage, de la dénonciation du faux semblant, du trompe l’œil. Il importe donc de faire son examen de conscience, de détecter toutes les dissonances, les porte à faux et de s’en nettoyer. Il faut surtout éviter de vivre dans son coin. Le temps est au collectif, d’être avec les « siens ». Le drame de Toulouse aura surtout été l’occasion, l’opportunité d’un certain resserrement des liens au sein de la communauté juive. En cela, il aura été instrumentalisé mais c’est de bonne guerre. En 1967, la Guerre des Six Jours, toutes proportions gardées, également en phase martienne, aura suscité un renforcement du sentiment d’appartenance, ce qui est bel et bien un dépassement du stade individuel. Le Printemps arabe obéit à cette même dynamique collective, de rassemblement. Le problème, c’est la question des traditions face à la tentation de la modernité qui n’est souvent qu’un phénomène de « mode ». Faut‐il par exemple accepter la règle générale de la démocratie pour tel ou tel pays ? N’est‐ce pas là le fait d’une influence étrangère dans certains cas ? Si l’individualisme est intolérable en phase martienne, l’identité communautaire fait sens dès lors qu’elle cimente le groupe en son unité. Il faut bien comprendre que la notion de bien et de mal est ici très relative : ce qui est bien d’un point de vue martien ne le sera pas d’un point de vue vénusien et vice versa. C’est à l’astrologie de donner le « la » au monde en quelque sorte, du moins pour un temps donné. En fait, c’est en phase vénusienne que l’on peut recourir à des replâtrages, à des rapprochements plus ou moins contre nature, comme c’est le cas pour certaines constructions fédératives qui seront à la peine, en phase martienne. L’intérêt du modèle astrologique que nous proposons c’est qu’il est compatible avec celui des démocraties à l’américaine, à savoir des mandats à durée intangible –grâce à la fonction du vice‐ président qui succède d’office au président en cas de décès ou de démission, avec impossibilité de dissoudre les Chambres. Or, l’astrologie occidentale actuelle est absolument incapable de présenter un modèle à phases égales, du fait de son lien excessif avec l’astronomie dont elle est saturée. Notre modèle, de par la durée égale des phases et par leur durée limitée à trois‐quatre ans, garantit une alternance sereine entre Mars et Vénus, sans crispation et sans rancœur. On est loin de ces annonces tonitruantes sur des changements à long terme autour notamment de l’entrée pour 15 ans de Neptune en poissons. Cette astrologie là que nous révoquons est marquée non pas par le 2 mais par le 12 et nous avons dit ailleurs à quel point il est inconcevable de disposer d’un modèle à 12 entrées avec qui plus est un cycle sidéral de 165 ans, ce qui empêche quasiment tout processus cyclique à une échelle raisonnable. Il est d’ailleurs assez étrange de voir cohabiter actuellement, de concert, une astrologie hyperindividuelle et une astrologie divaguant sur de très longues périodicicités (sans parler de l’Ere du Verseau), bien au‐delà du champ de conscience des individus ! Notre objectif à terme est ni plus ni moins de refonder le Droit constitutionnel – ce qui fut notre première formation – car selon nous l’Astrologie est une affaire de loi, au sens religieux, comme on parle de la Loi (Tora) de Moïse, des Tables de la Loi. (reçues au Sinaï). On peut même penser que le Droit est né de l’Astrologie dès lors qu’il s’inscrit dans un calendrier dictant ses impératifs, ce qui ressort du commandement sur le repos du Septième jour. (Shabbat). Le XXIe siècle verra une révolution dans l’idée de Droit en ce qu’il devra tenir compte d’une certaine réalité cyclique alors que l’on est présentement dans le désordre le plus complet en matière constitutionnelle, à l’échelle européenne, en dehors des élections dites « européennes » qui de toute façon ne respectent pas l’alternance Mars‐Vénus. Au fond, il s’agirait de conférer à cette discipline qu’est le Droit (en anglais Law, la Loi) un nouveau statut épistémologique alors que pour l’heure on en est à des schémas temporels qui n’ont pas d’assise scientifique. JHB 07. 04. 12 La tradition d’une semaine coupée en deux : Mardi­Vendredi. Par Jacques Halbronn L’un des principaux débats divisant tant les astrologues que les historiens de l’astrologie est la question des rapports entre astronomie et astrologie. Ceux qui sont marqués par une certaine culture alchimique tendent à soutenir la thèse d’un environnement, d’une écologie cosmique qui affecterait aussi bien les humains que les animaux (non humains), aussi bien les végétaux que les minéraux (d’où les talismans, les pentacles, sur la base de correspondances métaux/planétes, cf. l’ouvrage d’Etienne Guillé, Ed . Rocher, avec Christine Hardy, L’alchimie de la vie. Biologie et Tradition). D’autres, qui ont une approche plus anthropocentrique, géocentrique pensent que les hommes sont parvenus au cours des âges à instituer une relation privilégiée avec certains corps célestes en développant une réceptivité particulière à certains de leurs mouvements réguliers et récurrents, créant ainsi un écosystème dont il convient de déterminer les limites. . Les travaux de Michel Gauquelin en ne trouvant rien pour Mercure ni pour Uranus et les autres transsaturniennes plaident dans le sens d’une approche sélective, d’une dépendance qui est fonction d’un savoir, d’une perception, à une certaine époque. La découverte de nouvelles données ne semble rien pouvoir modifier au regard de l’astrologie contrairement à ce qu’affirment tant d’astrologues qui ne recourent plus, notamment en mondiale, qu’aux trois transsaturniennes (cf notre récent entretien avec Didier Geslain, pour teleprovidence.com), créant ainsi une coupure radicale entre astrologie contemporaine et littérature astrologique antique ou médiévale, à commencer par le Tetrabiblos au point que l’on est en droit de se demander comment les astrologues d’antan pouvaient travailler ou si le monde a si fondamentalement changé depuis deux siècles.. Cela pose donc la question des origines de l’astrologie, de sa genèse : soit les « Chaldéens » ont observé les corrélations planète par planète selon une méthodologie à préciser, soit les premiers astrologues furent des législateurs, des constitutionalistes qui décrétèrent que les membres de telle société devaient s’organiser en conformité avec certaines configurations célestes arbitrairement fixées mais néanmoins astronomiquement repérables, sous la forme notamment de calendriers(hémérologie). Les jours de la semaine qui portent, jusqu’à nos jours (avec la parenthèse de la période révolutionnaire) le nom des 7 astres du Septénaire n’ont évidemment aucun rapport avec l’étude des positions réelles des dits astres. On retrouve le nombre 7 dans le récit de la Création et dans l’importance accordée au Shabbat parmi les Dix Commandements, le Septième Jour, la semaine étant le rythme principal de notre mode de vie. (les nouveaux films sortent chaque mercredi par exemple, en France). On peut cependant se demander ce qui se serait passé si pour les 7 jours, il n’y avait pas eu la connaissance de sept astres. On a signalé plus haut que dans le système Gauquelin, on ne trouvait pas Mercure mais c’est vrai aussi pour le Soleil qui ne donne aucun résultat statistique probant quant à sa position à l’instant de la naissance. Quant à l’importance du 7, elle tient à la Lune, dont le cycle se divise visuellement en 4 temps de 7 jours, alors que parallèlement Saturne, sur le même modèle, donne des périodes de 7 ans. Ces deux astres selon nous ont des cycles astronomiques déterminants à la différence des autres planétes (Mercure, Vénus, Mars et Jupiter qui correspondent à des « phases » successives) Nos dernières recherches (cf. le Journal de bord d’un astrologue, mars 2012) concernant le classement des planétes, notamment à partir du Grand et du Petit Albert, recueils qui véhiculent des traditions qui ne coïncident pas nécessairement avec la « doxa » ou la « vulgate » astrologiques, nous conduisent à penser que la semaine était divisée en deux, ce qui correspond en gros à deux fois trois jours et, si l’on passe de la Lune à Saturne, deux fois trois ans. Rappelons que pour nous, la semaine constitue l’unité de base de la cyclicité astrologique, ce qui implique de diviser par quatre un cycle « sidéral », le terme sidéral désignant un point stellaire. Selon nous, il faut passer à un « tétrasidéralisme », avec quatre ‐et non pas une étoile ‐fixes. Le point vernal n’est lui‐même que l’un des pôles qui doit être complète par le point ‘estival ». D’ailleurs le dispositif des domiciles s’articule sur l’axe solsticial et non sur l’axe équinoxial (qui est lié aux exaltations). Résumons notre thèse : on a trois planétes « fâcheuses », Lune, Mars et Mercure et trois planétes « bénéfiques », Jupiter, Vénus, Saturne. Nous renvoyons au tableau des planétes du Grand Albert, au Livre II, chapitre III (repris dans le Dictionnaire Infernal de Collin de Plancy, au XIXe siècle), lequel comporte d’ailleurs, certaines variantes au niveau des significations liées à chaque planète. A titre d’exemple cette liste attribuée à l’évêque Stanislas mais il y manque Mercure: « Saturne : domine sur la vie et les changements Jupiter domine sur les souhaits et les richesses, Mars domine sur les mariages et dans les couples Le Soleil domine sur l’espérance de profit, le bonheur, argent, héritage, Venus les Amis, les amoureux, les amants, voyages La Lune blanche ou noire domine le reste de vos souhaits » Le texte le plus répandu, rappelons‐le, est celui qui suit Saturne : édifices, mutations (ou les changements, selon d’autres versions) Jupiter : honneurs, richesses Mars guerre (ou bataille), prisons, Soleil : espérance, gain, héritages Vénus : amitiés, amours Mercure : maladies, pertes, dettes Lune plaies, songes, larcins Dans une édition troyenne, chez Jacques Oudot (c 1700), on trouve un certain nombre de coquilles : playes (plaies) devient palais. On trouve à la place de « pertes »… marisson et tout à l’avenant Si on organise cette liste selon le modèle des jours de la semaine, à savoir Soleil‐Lune‐ Mars‐Mercure‐Jupiter‐Vénus‐ Saturne, force est de constater que Lune, Mars et Mercure constituent un trio assez sinistre à l’opposé du trio Jupiter‐Vénus‐Saturne qui est plus positif. Notons que chaque groupe comporte une planète « intérieure », Vénus dans un cas et Mercure dans l’autre, une planète « extérieure, Jupiter dans un cas, Mars dans l’autre. Quant à la Lune et Saturne, l’on peut dire que Saturne est l’octave supérieure de la Lune sur la base d’un an pour un jour. Le passage de la partie « négative », « nocturne » à la partie « positive » et « diurne » se situe entre Mercure et Jupiter, soit entre le mercredi et le jeudi. A Mercure correspond Jupiter, à Vénus, Mars, à la Lune Saturne, par symétrie par rapport à la Terre (en héliocentrique) ou au Soleil. (en géocentrique). En tout état de cause, on ne peut avoir Mars, qui même s’il est rapide, n’en est pas moins du même côté que ses deux grands voisins‐ et Saturne, deux planétes extérieures dans un même groupe. On note pour Saturne que la notion de changement était déjà associée à Saturne avant que l’on ne se serve d’Uranus. Rappelons que les jours chômés dans les écoles furent successivement le jeudi (« la semaine des 4 jeudis ») et le mercredi (actuellement). En russe comme en allemand, mercredi se traduit par une formule indiquant le milieu : Mittwoch (littéralement milieu de semaine), Srieda. Par delà donc la division en 7 jours, nous avons affaire à une division en deux temps de 3 ans environ. C’est au nombre deux d’ailleurs qu’il faut toujours revenir en astrologie, si l’on adopte une approche alchimique de « réduction ». Evitons de nous perdre dans les spécificités de chaque planète (ou de chaque signe) et mettons en évidence des divisions plus englobantes. Force est de constater que la tradition astrologique telle qu’elle nous est parvenue ‐ ou en tout cas ce qui en est retenu ‐ ne coïncide pas parfaitement avec ces données. D’une part, en raison de ce qui en est dit de Mercure, qu’elle tend à mettre en position neutre, d’autre part en ce qui concerne les significations mêmes des planétes et leur catégorisation en « bonnes » ou « mauvaises ». On voit bien en effet que dans le dispositif des jours de la semaine, c’est le Soleil qui est en position singulière et non Mercure. Dans l’astrologie de Jean‐Pierre Nicola, Mercure fait partie des trois groupes de planétes (RET) et c’est la Lune qui est à part. Ces trois astres se retrouvent donc, à tour de rôle, en position « neutre ». On notera qu’André Barbault n’a consacré aucun ouvrage à Mercure, à la différence des dialectiques Soleil‐ Lune, Mars‐Vénus, Jupiter‐Saturne et Uranus‐Neptune. Or, le dispositif des domiciles (que ne rejette nullement Barbault, par ailleurs, à la différence de Nicola) vient confirmer l’agencement des planétes dans la série hebdomadaire en établissant des couples Mercure‐Jupiter (gémeaux‐sagittaire, vierge—poissons) à côté de Mars‐Vénus et de Lune‐Saturne. Si l’on se situe au niveau des glyphes, on a effectivement le couple Jupiter‐ Saturne mais est‐ce suffisant pour constituer cette dialectique ? Il faut avoir en tête l’ensemble des dispositifs et les hiérarchiser dans le temps, en ne mettant pas tout sur le même plan. Pour notre part, nous accordons la plus grande importance au dispositif des jours de la semaine, pour la compréhension de la pensée astrologique en ce que ressort ainsi une dualité temporelle qui est la bienvenue et qui renvoie au Yin et au Yang. Nous pensons en effet que l’astrologie s’embourbe et s’isole quand elle tente de se situer au‐delà du Deux. Disons‐le nettement, nous sommes très sceptiques quant à toute division au‐delà du 2, qu’il s’agisse des planétes, des signes, des maisons, des aspects, des caractères, des périodes. D’ailleurs, les astrologues ne tendent‐ils pas à distinguer entre « bons » et mauvais » aspects au point que cela soit là un critère majeur de leur interprétation, que feraient‐ils sans cela, on peut se le demander ? Mais d’une façon générale, l’astrologie contemporaine souffre d’un manque de dualisme et se perd dans la multiplicité et la complexité, ce qui la confine dans un certain ghetto épistémologique (cf. notre interview avec Marc Lalvée, sur la vulgarisation ésotérique, pour teleprovidence.com) et encourage le corporatisme au nom d’un savoir faire durement et longuement acquis, qui n’est plus guère de mise de nos jours, où triomphe la binarité (ouvert/fermé, ouvrable/férié) pas plus, d’ailleurs, qu’il ne le fut à l’origine des structures sociales. La complexité se situe dans une optique thérapeutique et pathologique. Le discours de l’astrologue actuel est présentement inaudible et il ne porte que par le biais d’une « traduction » cache‐misère, voilant un extrême désordre venant légitimer l’intervention de « l’homme de l’art ». Certes, l’humanité a une tendance innée à se diversifier à l’infini et chaque langue par exemple a sa spécificité même si l’on a été tenté de distinguer entre langues indo‐ européennes et sémitiques avec les implications que l’on sait. Il n’est ni heureux de tout uniformiser sous un seul et unique format ni de subdiviser excessivement. Le deux reste une voie somme toute raisonnable et gérable. En tout état de cause, appréhender toute la diversité spatiale du monde en se servant d’un modèle unique est une tâche bien vaine. Le but de l’astrologie nous semble être de faire ressortir la dualité derrière l’’apparente pluralité subversive ou d’inscrire la pluralité au sein de la dualité. C’est un peu la quadrature du cercle. Rien ne nous horripile davantage que ces astrologues qui s’échinent à nous expliquer qu’il y a 12 types zodiacaux voire 4 types élémentaires avant de commencer par l’instauration d’une dualité que l’on aura toujours loisir ensuite de diversifier comme l’on coupe un gâteau en un certain nombre de « tranches ». Même la typologie planétaire rappelée plus haut entre 7 astres nous semble artificielle. Si l’on donne un prénom différent à chaque enfant d’une même famille, cela ne signifie pas pour autant, que chacun sera défini par ce prénom. C’est le « nom de famille » qui compte au niveau psycho‐généalogique, avec les deux branches du père et de la mère. En ce sens, nous dirons que le fait de nommer les choses entraine une différenciation qui n’a pas lieu d’être car spatialement il faut bien que nous nous situions. Quand les astronomes disent que telle planète est dans telle constellation et pas dans telle autre ou qu’elle s’appelle de tel nom et pas de tel autre, cela ne va plus loin.D’ailleurs, les astrologues l’ont bien compris qui ont superposé sur les signes les sept planétes (en domicile et en exaltation) ou encore les quatre éléments ou les trois « modes » (cardinal, fixe, mutable), ce qui est une façon de prendre ses distances avec une division en 12. La leçon principale que nous tirerons de cette semaine divisée en deux volets est la suivante : tout cycle passe par deux phases, l’une qui consiste à détruire (Mars) et l’autre à construire (Vénus) et Mars supprime ce que Vénus a ajouté alors que Vénus recouvre ce que Mars a dénudé. Et l’on trouve pour chaque phase en transposant d’un jour vers un an, de la Lune vers Saturne, (ou par progression secondaire) des phases de 3 ans environ, soit le huitième d’un cycle sidéral complet. Nous venons de voir à la Cinémathèque le film « Danton » du cinéaste polonais Wajda, avec Gérard Depardieu dans le rôle titre. C’est une excellente illustration de la dialectique Mars‐Vénus. En fait, cela ressemble parfois à une sorte de cercle vicieux. Le peuple d’un côté et ses représentants de l’autre et même la Convention choisit des Comités et ainsi de suite. A un certain stade, le peuple veut évacuer ce qu’il a laissé se mettre en place et cela ne se fait pas sans peine, quitte à ce qu’un peu plus tard, il élise une nouvelle direction. Ce qu’il faut comprendre, au regard de l’enseignement que l’on reçoit selon nous de l’Astrologie, c’est que, comme dit l’Ecclésiaste, il y a un temps pour tout et il importe de ne pas aller à contretemps. S’il est parfois nécessaire de passer de la démocratie directe à la démocratie dite indirecte, celle des « représentants », il est tout aussi vital de ne pas laisser s’incruster des émanations au‐delà d’une certaine durée. Mars fait le vide et son rôle n’est pas tant de proposer des solutions que de nettoyer, de récurer car souvent le problème réside précisément dans tout ce qui est venu se greffer. Enlever, dégraisser peut être plus utile qu’ajouter. A l’heure actuelle, nous sommes en phase martienne (cf. nos recherches dans le Journal de Bord d’un astrologue des derniers mois), c'est‐à‐dire que l’on parle beaucoup de restrictions, de suppressions de mauvaises pratiques et tout le monde doit s’y mettre. On est dans une logique d’abolition des privilèges. Cette attitude ne durera certes pas indéfiniment et c’est justement le rôle de l’Astrologie de nous donner des durées plus encore que des dates car les choses prennent du temps à se déployer. Le tort de bien des astrologues est de donner tantôt trop de temps (15 ans par exemple), tantôt pas assez (quelques semaines) alors que la bonne mesure est de l’ordre de 3 ans. La première partie de la semaine peut être résumée par Mars –(le Mardi) et la seconde partie par Vénus (le Vendredi). On peut éventuellement répartir d’un cycle de 7 ans entre les 7 « planétes » mais on en revient toujours à une dualité Mars‐ Vénus. En période martienne, la question n’est pas tant d’élire un président et c’est pourquoi quelque part la campagne tant en France qu’aux Etats Unis tend à patiner. Une élection, c’est avant tout une affaire vénusienne mais notre système démocratique n’en a cure. C’est pourquoi, l’important semble être davantage d’évacuer que de construire, à commencer par le gouvernement en place. Mars veut faire tomber des têtes. Le peuple est prêt à accepter une politique d’austérité, dès lors qu’elle ne sera pas conduite par une équipe relevant d’une logique vénusienne (« bling, bling », un peu clinquante, aussi brillante soit‐elle), provisoirement révolue. Il y a une approche de rejet, de refus, de suppression chez Mars qui semble préférable à tout décorum, à tout apparat. On est plutôt en quéte de techniciens, de technocrates que de politiciens. JHB 07. 04 12 Lenain et la Thréicie 1585‐1789 ????? La Préface à César et les Clavicules de Salomon Par Jacques Halbronn Il y aurait certainement une belle thèse de doctorat à consacrer à la littérature ésotérique liée à la transmission du père au fils, d’Hermès Trismégiste (s’adressant à son fils Tat) à Geber, du Petit Albert à Limojon de Saint Didier – autour d’Aristée ‐ en passant par Thomas d’Aquin comme on l’a vu dans nos précédentes études. Encore ne faudrait‐il pas oublier le cas des Clavicules de Salomon. Notons que les nostradamologues avaient jusque là, à notre connaissance, le problème des similitudes de genre entre le corpus nostradamique et d’autres corpus connexes. De tels cloisonnements sont dommageables à la recherche historique, au nom d’un structuralisme mal compris. L’Histoire d’un texte ne se limite pas à la recension de ses occurrences mais passe aussi par la question de ses emprunts. Nous avons deux grandes directions qui empruntent peu ou prou le langage de l’astrologie : l’alchimie et la magie, l’une en ce qui concerne les métaux, l’autre pour ce qui est des anges. Abordons la question des ressemblances entre la Préface à César et les Clavicules (petites clefs) de Salomon. Nous n’en fournirons que des extraits, tant en français qu’en anglais. Nous avons souligné par des caractères différents les passages les plus frappants. Dans son ‘Discours préliminaire » ‐ ce qui équivaut à une « Préface », le roi Salomon, fils de David, s’adresse à son fils Roboam. Notons cependant qu’au début le texte est à la troisième personne, on parle de Salomon s’adressant à son fils. Ce n’est qu’ensuite que l’on passe à une adresse du roi à son fils. Rappelons le début de la Lettre à César, en français et dans la première traduction anglaise (1672) « te délaisser mémoire après la corporelle extinction de ton progéniteur » « I might leave a Memorial of me after my death to the common benefit of Mankind” Rappelons que “Mémoire” renvoie ici à un « testament, à un document et non à quelque « souvenir » comme l’a cru Pierre Brind’amour. Clavicules : « Etant pour ainsi dire sur sa fin il laissa a son fils ROBOAM un Testament Traduction anglaise cf. dans le corps du texte infra) : On notera que la ville d’Arles en Provence dont il est question fait pendant à Salon de Provence, surtout si l’on situe cette Préface, initialement, dans un contexte posthume, outre les origines juives de Nostradamus : « Ce Testament fut anciennement traduit de l' Hébreu en Langue Latine par le Rabin Abognazar qui le transporta avec lui dans la Ville d' Arles en Provence, où par un insigne bonheur, l'ancienne Clavicule Hébraïque, c'est à dire la précieuse traduction d'icelle tomba entre les mains de l'Archevêque d'Arles, après la destruction des Juifs en cette Ville, qui du Latin la traduisit en langue Vulgaire & dans les mêmes termes qui s'ensuivent sans avoir altéré ni augmenté l'originale traduction de l'Hébreu » On reprendra le début de cette adresse de Salomon à son fils : on éprouve là une certaine sensation de « déjà vu » « MON FILS ROBOAM; comme de toutes les Sciences il n'en est point de plus naturelle, & de plus utile que la connaissance des mouvemens Célestes, j'ai crû en mourant devoir te laisser un héritage plus précieux que toutes les Richesses dont je jouis ». Tout le texte des Clavicules (nous renvoyons le lecteur à la lecture du document tout entier, aisément trouvable sur Internet) est truffé de références aux dieux‐planétes. Retenons deux passages : Clavicules : « Tout d'un coup j'aperçus au fond d'une allée époisse d'arbres, une lumière en forme d'Etoile ardente » Préface à César « le glaive mortel s’approche maintenant de nous ». On sait que cela se réfère à un phénomène céleste. Clavicules : « Si tu n'avais le dessein de bien user des secrets que je t'enseigne; je t'ordonne de jeter plutôt ce Testament au feu » Préface à César « faire présent à Vulcain », ce qui réfère au feu auquel on donne un document à brûler. (Les Véritables Clavicules de Salomon, traduites de l'Hebreux en langue Latine par le Rabin Abognazar.) Cf. Les Clavicules de Salomon. Traduit de l'hébreux en langue latine par le rabbin Abognazar et mis en langue vulgaire par M. Barault J. Jaubert de Barrault,... M.DC.XXXIV [ The Veritable Clavicles of Solomon, Translated from Hebrew into the Latin Language by Rabbi Abognazar. Edited from British Library, Lansdowne MS. 1203. 74 folios. 4°. Copyright 2001, Joseph H. Peterson. LES VÉRITABLES CLAVICULES DE SALOMON Traduites de l'Hébreu en langue Latine Par le Rabin ABOGNAZAR. [ DISCOURS PRÉLIMINAIRE. TOUT l'Univers a sçu jusqu'a ce jour que de tems immémorial SALOMON possédait les sciences infuses par les Sages enseignemens d'un Ange, auquel il parut si soumis & obéissant, que par surcroit du Don de Sagesse qu'il demanda, il obtint avec profusion toutes les autres Vertus, ce qui fit que pour ne pas inhumer avec son corps des Sciences dignes d' une mémoire Eternelle étant pour ainsi dire sur sa fin il laissa a son fils ROBOAM un Testament qui les contenoit toutes & dont il a joui jusqu'a sa mort. Les Rabins qui après lui ont été soigneux deles cultiver nommérent ce Testament, Clavicule de Salomon qu'ils firent graver sur des écorces d'Arbres & les Pentacules sur des plaques de cuivre en Lettres Hébraïques pour être soigneusement conservées dans le Temple que ce Sage avait fait construire. LES VÉRITABLES CLAVICULES DE SALOMON. MON FILS ROBOAM; comme de toutes les Sciences il n'en est point de plus naturelle, & de plus utile que la connaissance des mouvemens Célestes, j'ai crû en mourant devoir te l'aisser un héritage plus précieux que toutes les Richesses dont je joüis. Et pour te faire comprendre de quelle maniére je suis parvenu â ce dégré, il faut te dire qu'un jour contemplant la puissance de l'Etre Suprême, l'Ange du Grand Dieu s'apparut devant moi dans le tems que je disois O quam mirabilia opera Dei, Que les Ouvrages de Dieu sont surprenants & admirables. Tout d'un coup j'apperçus au fond d'une allée époisse d'arbres, une lumiére en forme d'Etoile ardente qui me dit d'une voix tonnante Salomon, Salomon, Salomon ne t'étonne point? le Seigneur veut bien satisfaire ta curiosité en te donnant la connaissance dela chose qui te sera la plus agréable. Je t'ordonne de lui demander ce que tu désires surquoi étant revenu de la surprise où j'etais, je répondis à l'Ange, qu'après la volonté du Seigneur, je ne désirais que le Don de Sapience, & par la bonté du grand Dieu j'obtins par surcroit la jouissance de tous les Trésors Célestes & la connaissance de toutes choses naturelles. C'est mon Fils par ce moyen que je posséde toutes les Vertus & Richesses dont tu me vois jouir à present, & pour peu que tu veuille être attentif à tout ce que je vais raconter, & que tu retienne avec soin ce que je te vais dire, je t'assure que les Graces du grand Dieu te seront familiéres, & que les Créatures Célestes & terrestres te seront obéïssantes, Science qui n'opére que la force & la Puissance des choses naturelles & des Anges purs qui les régissent dont je te donnerai les Noms par Ordre, leurs exercices & emplois particuliers auxquels ils sont déstinés, ensemble les jours auxquels ils président particuliérement, pour que tu puisse venir à bout de tout ce que tu trouveras dans ce mien Testament, Dont je promets la réussite, pourvû que tous tes ouvrages ne tendent qu'à l'honneur de Dieu qui m'a donné la force de dominer non seulement sur les choses Terrestres mais aussi sur les Célestes c'est à dire sur les Anges dont je puis disposer à ma volonté & obtenir d'eux des Services très considérables. Premiérement, il faut que tu sache que Dieu ayant fait toutes choses pour lui être soumises, il à bien voulu porter ses oeuvres jusqu'au dégré le plus parfait en faisant un ouvrage qui participe, du Divin & du Terrestre, c'est‐à‐dire l'homme, [dont le Corps est grossier & terrestre, & l'ame Spirituelle & céleste, auquel il a soumis toute la terre & ses habitans, & lui a donné des moyens par lesquels il peut se rendre les Anges familiers que j'appelle Créatures célestes, qui sont déstinés, les vns à regler le mouvement des Astres, les vns a habiter les Elémens, les autres à aider & conduire les hommes, & les autres à chanter continuellement les Louanges du Seigneur; tu peux donc par le moyen de leurs Sceaux & Caracteres teles rendre familiers pourvu~ que tu n'en abuse pas en exigeant d'eux des choses qui leurs sont contraires, car maudit celui qui prendra le Nom de Dieu en vain & qui mal emploira les sciences & les biens dont il nous a enrichis. Je te commande Mons Fils, de bien graver en ta mémoire tout ce que je te dis, pour qu'il n'en sort jamais. Si tu n'avais le dessein de bien user des secrets que je t'enseigne; je t'ordonne de jetter plutôt ce Testament au feu que d' abuser du pouvoir que tu auras de contraindre les Esprits, car je t'avertis que ces Anges bienfaiteurs fatigués & lassés par tes illicites demandes, pourraient à ton malheur exécuter les Ordres de Dieu, aussi bien qu'à celui de tous ceux qui mal intentionnés abuseraient des secrets qu'il lui à plû me donner & reveler; ne crois pas pourtant mon Fils, qu'il ne te soit permis de profiter des biens & plaisirs que les Esprits Divins peuvent te rendre, au contraire, c'est pour eux un trés grand plaisir de rendre service à l'homme avec qui plusieurs de ces Esprits ont beaucoup de penchant & d'affinité, Dieu les ayant destinés à la conservation & conduite des choses Terrestres qui sont soumises au pouvoir de l'homme. Il y a de différentes sortes d'Esprits, selon les choses auxquelles ils président, ils y en a qui régissent le Ciel Empiré, d'autres le premier Mobile, d'autres le premier & Second Cristallin, d'autres le Ciel Etoilé, il y a aussi des Esprits au Ciel de Saturne que je nomme Saturnites, il y a des Esprits Jovials, Martials, Solaires, des Véneriens, Mercuriels & Lunaires; il y en a aussidans les Elémens aussi bien qu'aux Cieux, il y en a dans la Région ignée, d'autres dans l'Air; d'autres dans l'Eau, & d'autres sur la terre, qui tous peuvent rendre Service à l;homme, qui aura le bonheur de les Connaitre & de savoir les attirer. En conclusion, nous dirons que si la Préface à César s’inscrit dans un genre largement attesté, le rapprochement avec les Clavicules de Salomon nous semble le plus frappant. Rappelons cette mention des « Vaticinations perpétuelles » dans la Préface . Or, que sont les Clavicules sinon un système qui permet, en se servant d’une terminologie planétaire, de se passer des données astronomiques en les remplaçant par une forme de cyclicité numérique qui apparait du fait des emprunts au Livre de l’Estat et Mutation de Richard Roussat et qui renvoie à Trithème voire à Abraham Abenezra (Ibn Ezra) ? Il nous semble que les lecteurs éclairés des XVIe et XVIIe siècles étaient peu ou prou familiers avec cette forme épistolaire ‐ le père transmettant au fils ‐ quand il s’agissait de révéler quelque enseignement tenu secret. Mais on n’imagine mal Michel de Nostredame user une telle forme en se prenant en quelque sorte pour Salomon ou pour Hermés Trismégiste. C’est bien plutôt à ses thuriféraires qu’il convient d’accorder une pareille démarche hagiographique. Ce genre épistolaire est intrinsèquement de l’ordre de la contrefaçon. Autrement dit, l’œuvre nostradamique, plus que jamais, nous apparait comme dépassant le personnage et le temps de Nostradamus. On accède ici à la constitution d’un mythe. JHB 06. 04. 12 La place des éditions Macé Bonhomme dans la chronologie des éditions centuriques Par Jacques Halbronn Si l’on part des récentes observations de Mario Gregorio au sujet des liens existants entre les éditions Macé Bonhomme et l’édition de Rouen 1589, chez Raphaël du Petit Val, cela nous éclaire sur la date de fabrication des dites éditions mais nos conclusions sont loin de coïncider avec celles de notre ami Italien. En effet, on ne peut ignorer que les éditions parisiennes de la Ligue correspondent à des états antérieurs à celui de Rouen 1589, notamment en ce qui concerne la centurie IV. Dans les éditions parisiennes (1588‐1589), il est indiqué qu’on a ajouté des quatrains après le 53e. Cette mention a disparu dans Rouen 1589. On ne peut pas non plus négliger le fait que l’édition Rouen 1588, chez le même libraire, qui ne nous est connue que par une description de Daniel Ruzo, ne comporte que 349 quatrains (non classés en centuries par ailleurs), elle correspond donc à un état antérieur à Macé Bonhomme 1555. En outre, les éditions Macé Bonhomme comportent toute une série de mots intégralement en capitales (majuscules), ce qui n’est pas le cas de Rouen Petit Val 1589 (dont nous disposons d’un exemplaire fourni par Mario Gregorio) Cette pratique de l’usage de majuscules n’est pas non plus attestée dans l’édition Antoine Du Rosne (Bib. Budapest), elle existe en revanche dans l’autre édition Du Rosne (Bib. Utrecht), plus tardive et comportant un second volet (disparu mais annoncé au titre). Cette pratique des majuscules est caractéristique du Janus Gallicus (1594) et il semble que Gregorio n’ait tenu aucun compte de ce critère qui peut servir au niveau de l’établissement d’une chronologie des éditions. On pourrait certes nous objecter qu’on ne voit pas l’intérêt de produire à la fin du XVIe siècle une édition qui ne comporterait que 353 quatrains en 4 centuries alors que paraissent, depuis 1588, au plus tard, des éditions à 6 ou 7 centuries, pour ne pas parler des centuries VIII à X, à Paris, Rouen, Anvers et Cahors.(édition qui selon nous est la matrice des éditions Benoist Rigaud 1568, cf. nos études sur le site propheties.it) Notons que ces éditions Macé Bonhomme 1555, bien que distribuées en 4 centuries, ne comportent même pas en leur titre « divisées en 4 centuries » alors que ce titre a existé puisqu’il est repris par Petit Val 1588. Ajoutons que tout indique que la première édition n’était pas divisée en centuries à la différence des éditions Macé Bonhomme 1555, et qu’elle comportait 349 et non 353 quatrains (cf. la description Ruzo reprise par R. Benazra, RCN). La page de titre des éditons Macé Bonhomme ne correspond donc pas à leur contenu, du fait qu’elle ne précise pas une division en centuries. Ce genre de bévue se conçoit de la part d’éditions tardives qui ne sont pas au fait de tous ces éléments et c’est justement le cas. On aura voulu faire du « faux ancien, c'est‐à‐dire établir un premier état d’édition centurique mais on l’a fait maladroitement et sans imaginer que certaines éditions permettraient de montrer les lacunes d’une telle entreprise. Il faut bien comprendre que la dite entreprise rétrospective ne se souciait que très relativement de vraisemblance historique. On a ici affaire à des pseudo‐savants, à des pseudo‐érudits s’adressant à un public bien incapable de critiquer une telle reconstitution. Ce qui est regrettable c’est que de nos jours, alors que nous disposons des moyens pour le faire, nous ne le faisions pas avec toute la rigueur voulue, ce qui ne peut que discréditer les études nostradamologiques. On ne saurait en effet sous estimer l’importance accordée dans les années 1580‐1590 à une certaine mise en scène du passé, ce qui va jusqu’à situer les dites éditions du vivant même de Nostradamus. Le rôle du faussaire ne se réduit pas, en effet, à parler au nom de Nostradamus en lui attribuant des textes qui ne sont pas de sa plume mais il lui faut aussi abandonner la thèse posthume – documents retrouvés à sa mort‐ par une thèse impliquant une parution avant sa mort, s’étalant à partir de 1555 et allant jusqu’à 1560 (cf. les sous titres des éditions parisiennes « pour l’an 1561 », addition de 38/39 articles) La tentation était donc forte pour crédibiliser une telle entreprise rétroactive de suggérer que le corpus centurique s’était constitué en une série d’éditions du vivant même de Nostradamus, à 4 puis à 7 centuries (sans parler de probables éditions intermédiaires à 6 centuries). Chronologie d’ailleurs assez proche de la genèse véritable du corpus mais simplement déplacée, transférée dans le temps, d’une trentaine d’années en arrière. Bien entendu, il n’était pas question de réaliser autant d’éditions antidatées qu’il y avait eu de stades pour la fabrication d’édifiions successives. Et c’est là que le bât blesse. ! On dut se contenter de quelques cas parmi tant d’autres : une édition à 353 quatrains, une édition à 7 centuries (mais à 99 quatrains seulement à la VI) et 40 quatrains à la VII et une autre à 42 quatrains à laVII mais accompagnée d’un second volet (sinon les deux éditions eussent fait double emploi) et que l’on connait par la réédition de 1568 ( Lyon Benoist Rigaud) qui n’est pas posthume en sa présentation et qui n’est qu’une réédition de Antoine du Rosne 1557 (Utrecht, à deux volets) : on ne signale même pas la mort (1566) de Nostradamus au titre ! une nouvelle tentative aura lieu vers 1716 avec la fabrication d’une édition 1566 Pierre Rigaud qui elle comporte cette dimension posthume avec la reproduction de la pierre tombale. Pour conclure, nous dirons que l’édition Petit Val 1589 est tardive, elle est à 7 centuries, mais comme elle est tronquée, on ne connait pas le nombre de quatrains à la VII, probablement intérieur à 40 comme semble l’indiquer l’édition St Jaure Anvers 1590, à 35 quatrains seulement à la VII, ce qui fait d’elle un état antérieur à Antoine du Rosne 1557 (Budapest, à 40 quatrains à la VII).En tout état de cause et c’est ce que Mario Gregorio se refuse présentement à admettre, l’édition Macé Bonhomme ne peut qu’être issue de Petit Val 1589 et certainement pas en être à l’origine. Elle appartient à un chantier de contrefaçons antidatées – c'est‐à‐dire ne comportant pas la date réelle de fabrication à la différence des éditions de Rouen et de Paris, avec mention de libraires de la période de la Ligue‐ qu’il faut situer dans le cours des années 1590 et dont les liens avec Jean Aimé de Chavigny (Janus Gallicus 1594) nous semblent fort probables du fait du recours à des mots en capitales dont la raison d’être mérite une étude en soi. Reconnaissons que peu de chercheurs sont en mesure de se retrouver dans le labyrinthe des éditions centuriques des XVI et XVIIe siècles. Un dernier mot sur l’édition lyonnaise Antoine Besson (c 1691). Contrairement à ce qu’affirme Mario Gregorio, il ne s’agit nullement, en ce qui concerne les épitres, de versions abrégée des textes en prose mais au contraire des premiers états avant que des interpolations n’aient été effectuées, ce qui situe les éditions Macé Bonhomme 1555, quant au contenu de la Préface à César, dans la série des contrefaçons, à un stade relativement tardif. Rappelons que l’édition anglaise de Théophile de Garencières (1672) recoupe très largement la Préface à César reprise dans la dite édition Besson et est issue d’une édition française disparue. JHB 04. 04.12 Les révélations de l’astrologie du Grand Albert Par Jacques Halbronn Nous poursuivons le cours de nos études « albertiennes » qui nous ont déjà conduit à une nouvelle approche de la Lettre à César de Nostredame, en nous intéressant à la façon dont ce diptyque aborde l’agencement du septénaire (luminaires plus les cinq planétes connues jusqu’en 1781) Nous croyons pouvoir observer la cohabitation de plusieurs systèmes correspondant à des strates successives mais qui n’en cohabitent pas moins comme c’est si souvent le cas. Nous reprendrons le débat autour de Mercure abordé dans une toute récente étude (Journal de bord d’un astrologue de Mars 2012) Nous partirons de deux passages issus du Grand Albert, – (à partir du personnage d’Albert le Grand, dominicain ayant donné son nom à la Place Maubert à Paris, réduction de Maître Albert), un recueil comme tout recueil assez hétérogène, voué à une fortune qui pourrait rivaliser avec celle d’un Nostradamus, dont le corpus ne l’est pas moins. Mais le Tetrabiblos, également, est un recueil. Reproduisons le « Tableau des Astres et des Planétes ». (Ed. Belfond, 1978, p. 149) « Saturne domine sur la vie, les édifices, la science et les changements Jupiter domine sur l’honneur, les souhaits, les richesses et la propreté aux h habits Mars préside à la guerre, dans les prisons, aux mariages et dans la haine Le Soleil donne bonne espérance de profit, le bonheur et les héritages Vénus domine sur les amis, les amoureux, les amants et les voyageurs Mercure préside aux maladies, aux pertes, aux dettes et à la crainte La Lune domine sur les plaies, les songes, le négoce et les larcins » L’on observe ici que Mercure et Mars sont les planétes défavorables et que Jupiter et Vénus sont les planétes favorables. On notera que Saturne n’est aucunement associé ici à des données négatives. Le caractère fâcheux de Mercure est ici on ne peut plus flagrant –on est loin de son statut de planète « neutre », dont le caractère change selon le contexte/ Mercure est ici le contrepoids de Jupiter tout comme Vénus l’est pour Mars. La Lune, quant à elle, semble être assez néfaste par opposition au Soleil. On note aussi que Saturne se voit attribuer les changements, ce qui tendrait à lui accorder certaines caractéristiques souvent associées à Mercure. Or <quelques pages plus haut – (p. 146 de notre édition), on pouvait lire : « La manière de se servir utilement de tous les secrets dont on a parlé est d’en faire l’expérience sous une planète favorable et propre, comme sous celles de Jupiter et Vénus et quand on veut s’en servir pour faire du mal, sous celles de Saturne ou de Mars » Cette fois, le dispositif est différent et il n’est plus question de Mercure qui semble avoir été remplacé par Saturne. On retrouve le classement entre fortunes et infortunes. Nous avons fait observer précédemment que les infortunes correspondent à deux planétes « supérieures » alors que les fortunes se répartissent entre planétes intérieures et extérieures, ce qui serait le cas si Mercure remplaçait Saturne. On notera que le système des « joies » des planétes dans les maisons s’articule sur cette dualité avec les mauvaises maisons VI et XII dominées par Mars et Saturne et vice versa pour Vénus et Jupiter. A quelques pages de distance, on nous propose deux systèmes décalés l’un par rapport à l’autre. On nage en plein syncrétisme ! Le « tableau » nous semble, en tout état de cause, correspondre à un état plus ancien et plus cohérent. L’on retrouve de telles contradictions chez ceux qui tout en distinguant d’une part Mars et Saturne et de l’autre Jupiter et Vénus s’en tiennent par ailleurs aux domiciles des planétes qui placent Mercure à l’opposé de Jupiter et non point Saturne. En fait, on a un axe de symétrie, avec le soleil au centre, entre Mars et Vénus : Deux catégories de planétes outre le soleil qui joue le rôle d’aiguille de la balance ; 1 Les 2 curseurs qui passent d’un signe à l’autre Saturne (neutre) à un bout du zodiaque et la Lune (neutre) à un autre 2 les 4 « phaseurs » qui sont activés tour à tour ; Puis Jupiter (supérieur et positif) faisant pendant à Mercure (inférieur, négatif) Et enfin Mars (supérieur et négatif) vis‐à‐vis de Vénus (inférieur et positif) Il convient de comprendre le véritable sens de la notion de « neutralité » en astrologie. Un astre neutre est un astre qui désigne, comme un doigt qui montre. Il ne faut pas regarder le doigt mais la cible. Le soleil, par exemple, indique (d’index) le signe. Il ne « marque » pas le signe mais c’est le signe qui le marque de sa spécificité. En ce sens, le soleil est masculin et le signe féminin (quel que soit le signe) mais entre les signes, il y a quatre séries associées aux quatre planétes signalées plus haut et qui correspondent aux quatre saisons et aux quatre Eléments. . Autrement dit, au sein du septénaire, tel qu’il est décrit actuellement se sont glissées deux erreurs ou plutôt il y a eu permutation entre deux astres, Mercure et Saturne, ce qui aura eu de très graves conséquences sur tout le système astrologique car Saturne doit impérativement jouer un rôle de leader au dessus de la mêlée alors que Mercure doit rentrer dans le rang et assumer son statut de ‘petit Mars », tout comme Vénus est un « petit Jupiter » Il importe en tout cas de réintégrer le « tableau » signalé plus haut au sein de l’enseignement de l’astrologie. En relisant le dit tableau, on a vraiment l’impression que les domaines attribués aux planétes évoquent les maisons astrologiques. Reprenons son étude : « Saturne domine sur la vie, les édifices, la science et les changements Jupiter domine sur l’honneur, les souhaits, les richesses et la propreté aux h habits Mars préside à la guerre, dans les prisons, aux mariages et dans la haine Le Soleil donne bonne espérance de profit, le bonheur et les héritages Vénus domine sur les amis, les amoureux, les amants et les voyageurs Mercure préside aux maladies, aux pertes, aux dettes et à la crainte La Lune domine sur les plaies, les songes, le négoce et les larcins » Tout nous conduit à penser qu’un tel dispositif n’a aucunement besoin des maisons astrologiques. Que l’on songe à Mercure et à la maison VI (on a vu plus haut que Mars est en joie en VI. Or Mercure a été remplacé par Mars). L’on pense à Jupiter et à la maison X, à Vénus à l’axe V‐XI, Mars à la maison VII. Tout est à l’avenant. Ce qu’il faut retenir, c’est cette similitude de tonalité entre significations des maisons et des planétes qui nous fait penser que les maisons sont d’apparition tardive, elles doivent probablement leur spécificité au caractère des planétes qui leur furent attribuées. Entendons par là qu’initialement, selon nous, les planétes étaient liées à des maisons, on disait la maison de telle planète et de fil en aiguille, les dites maisons se sont appropriées les significations des dites planétes. De la même façon, l’on pourrait dire que les planétes ont été associées à tel ou tel secteur de l’écliptique et que progressivement, ces secteurs ont adopté les significations des planétes correspondantes. (cf. le Colloque « Cycles et symboles », sur teleprovidence.com), si bien que tel signe n’est que l’allégorie de la planète qui lui avait été attribuées. Au départ, ni les signes, ni les maisons ne comportaient de symbolisme, celui‐ci a été emprunté aux planétes et à leurs attributions. JHB 03. 04. 12 L’enseignement des jours de la semaine Par Jacques Halbronn Les astrologues, en régle générale, n’accordent guère d’intérêt au dispositif planétaire tel que transmis par les jours de la semaine dont ils connaissent pourtant l’impact auprès du public, puisque quotidiennement, par l’usage, il nous est rappelé l’existence d’un tel agencement. Heptagramme représentant les jours de la semaine Dom Néroman (cf Grandeur et pitié de l’astrologie, Ed. Sorlot, 1940) avait montré le lien entre les deux séries, celle de la semaine et celle de l’ordre des domiciles, autour de l’Etoile des Mages. Nous‐mêmes, avions (Clefs pour l’Astrologie, Paris Seghers 1976) défendu la thèse selon laquelle le dispositif des exaltations, une fois « rectifié » correspondait à celui des jours de la semaine. En fait, cet ordre ne laisse de nous intriguer et il ne coincide pas nécessairement avec certaines représentations véhiculées dans la littérature astrologique. On abordera successivement le cas de Mercure et celui de Saturne. I Mercure en couple avec Mars · Si l’on s’en tient à l’ordre « hebdomadaire » à savoir Soleil‐Lune‐Mars‐ Mercure‐Jupiter‐Vénus et Saturne (pour Sunday, Lundi, Mardi, Mercredi, Jeudi, Vendredi, Samedi (Saturday), on note que les deux ‘fortunes », Jupitet et Vénus se suivent alors que les deux infortune traditionnelles sont séparées, Mars et Saturne · Heures de jour Heure N° Planète Début Fin 1 Mars 07:20 08:26 2 Soleil 08:26 09:31 3 Vénus 09:31 10:37 4 Mercure 10:37 11:42 5 Lune 11:42 12:48 6 Saturne 12:48 13:53 7 Jupiter 13:53 14:59 8 Mars 14:59 16:04 9 Soleil 16:04 17:10 10 Vénus 17:10 18:15 11 Mercure 18:15 19:21 12 Lune 19:21 20:26 Heures de nuit Heure N° 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Heure: 12 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 Minutes: 45 Planète Saturne Jupiter Mars Soleil Vénus Mercure Lune Saturne Jupiter Mars Soleil Vénus Début 20:26 21:21 22:15 23:09 00:03 00:58 01:52 02:46 03:41 04:35 05:29 06:24 Fin 21:21 22:15 23:09 00:03 00:58 01:52 02:46 03:41 04:35 05:29 06:24 07:18 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 Or, si l’on devait respecter une certaine symétrie, Mercure devrait faire couple avec Mars, tout comme Vénus avec Jupiter, formant ainsi un ensemble de quatre dieux placés symétriquement autour de la Terre ou du Soleil (dans les représentations médiévales du Ciel). C’est d’ailleurs ainsi qu’est constitué un autre dispositif celui des heures planétaires : Saturne‐Jupiter‐Mars‐Soleil‐Vénus‐Mercure‐Lune. On aura compris que selon nous c’est Mercure qui devrait être la « petite » infortune comme Vénus est la « petite » Fortune. Il n’est d’ailleurs pas logique que la petite infortune soit Mars qui est une planéte extérieure alors que Vénus la petite fortune est une planéte intérieure (par rapport à l’orbite terrestre ou solaire, en géocentrique) II L’axe luminaires‐Saturne Nous avions déjà souligné l’existence d’un tel axe que l’on retrouve tant dans le dispositif des domiciles que dans celui des exaltatiions : dans les deux cas, Saturne occuppe une extrémité du sysyéme et soleil /lune l’autre. On retrouve la même situation avec le dispositif de la semaine planétaire. 1. Cela montre bien que ce n’est pas Mercure mais bien Saturne qui est LA planéte neutre, par excellence, celle qui s’imprégne des tonalités des secteurs qu’elle traverse et non Mercure qui n’est qu’une des 4 planétes au territoire circonscrit à certaines zones de l’écliptique et qui n’ a pas autorité sur l’ensemble du cycle. Mercure est une planéte‐phase par opposition à Saturne, planéte‐cycle.(un cycle passant par une série de phases./ · . Notons une autre erreur concernant le statut de Saturne qui a induit André Barbault à consacrer un ouvrage collectif à Jupiter‐Saturne.(et avant lui un Max Heindel). En effet, ces deux glyphes sont inversés. Cela n’a pas selon nous de pertinence astrologique et cela reléve plus d’un agencement astronomique, les deux planétes se suivant spatialement. Les vrais couples astrologiques sont : Luminaires‐Saturne Mercure‐Jupiter Vénus‐Mars Seul le troisiéme a été correctement appréhéndé par les astrologues du siècle dernier. On ne parlera pas ici du couple Uranus‐Neptune. En fait les planétes en couple ne sont pas censées se suivre mais être en symétrie. Le cas de Mars et Vénus ne déroge pas à cette régle car ils sont en symétrie par rapport à la terre (ou au soleil en géocentrique) D’ailleurs ce sont ces mêmes couples que l’on trouve dans ledispositif des domiciles : Mercure en gémeaux face à Jupiter en sagittaire, Mercure en vierge face à Jupiter en dans le signe des Poissons et ainsi de suite. Là encore, on ne voit pas ce qui justifie la « neutralité » de Mercure, le terme convenant plus à Saturne et aux luminaires qui structurent l’écliptique et qui sont l’interface entre astronomie et astrologie. Pour en revenir à l’ordre des jours de la semaine, nous noterons qu’au samedi saturnien fait suite le dimanche solaire. C’est l’ouroboros, le serpent qui se mord la queue alors que dans le dispositif des domiciles, le passage de Saturne vers les luminaires implique de refaire tout le trajet à rebours. JHB 03. 04. 12 De l’individualisme aux identités collectives. Par Jacques Halbronn Individualisme et universalisme sont les deux faces d’une même utopie. Nous pensons que le XXIe siècle s’organisera autour d’une multitude de petites entités au sein desquelles l’intercompréhension sera optimale. Il convient de se défier de faux semblants dont le processus de traduction est probablement le plus symptomtique d’une idée très minimale de la communication. Il ne faudrait pas, en effet, trop attendre des traductions. Et ce n’est pas pour rien que l’on traite le traducteur de traître (en Italien, tradutore, traditore). La traduction est en quelque sorte un commentaire qui ne s’avoue pas comme tel. Dans bien des cas, traduire permet de passer du signifié au signifiant, c'est‐à‐dire que les mots ne sont plus les mêmes, ce qui modifie de facto non seulement l’interprétation du texte mais sa substance, le texte étant a priori perçu comme la source. La traduction substitue, en quelque sorte, une source factice à une autre, authentique. (cf. notre étude du Janus Gallicus (1594), au sujet de la traduction latine (par J. .A. de Chavigny) des quatrains attribués à Nostradamus). La traduction fait écran avec l’originel/original. Le principe de la traduction, pourrait‐on dire, est de produire une certaine impression/illusion d’intellegibilité qui n’est nullement la garantie d’une quelconque véracité du texte d’origine. La traduction semble pouvoir dispenser celui qui en profite de tout effort de compréhension de la spécificité d’un texte étranger. Elle en gommerait en fait l’étrangeté. Avec la traduction, au fond, la question de l’étranger ne se poserait plus, elle serait réglée puisque l’on a évité ce trouble face à une sorte d’OVNI. Il suffirait de quelques traducteurs, interprètes pour que l’on accédât à l’universalité. Est‐il cependant préférable de se passer de traduction quand on ne connait pas une langue ? Cela se concevrait à la rigueur dans l’oralité et c’est pourquoi l’on ne traduit pas nécessairement les chansons. Selon nous, on n’échappe pas à un certain appauvrissement de la communication. Face à un texte, chacun est responsable de ce qu’il capte et ne capte pas. Il n’y a pas de limite au contenu sémantique d’un texte mais cela vaut aussi pour un propos libre de toute textualité. Même celui qui a appris une langue étrangère connait certaines limites de compréhension. Ce qu’il saisit de ce qu’il comprend ou croit comprendre relève aussi d’une forme de traduction, de transposition. Autrement dit, à cette situation d’étrangeté, il n’est guère de remède que l’on passe par un traducteur ou que l’on soit son propre traducteur. Quitter sa langue est un sacrifice tout comme se confronter à une autre langue, à une autre culture. L’on sait que le fait de partager une même langue n’épuise nullement les décalages culturels, régionaux. C’est pourquoi nous sommes en faveur d’une multiplication des identités collectives en lieu et place d’un certain individualisme qui est ruineux pour la communication (cf. nos textes sur l’hyperinformation). Ce que nous entendons par « identité collective », c’est l’appartenance pleine et entière à un certain groupe dont les rapports entre les membres offrent une certaine fluidité. C’est au sein d’un tel microgroupe homogène que l’on peut s’épanouir. D’ailleurs, c’est ce qui se fait en pratique, au niveau des rapprochements qui s’opèrent, selon tel ou tel critère plus ou moins explicite. Même quand on vit à l’étranger, il est conseillé de fréquenter des gens de même origine, de même pédigrée en rappelant que faire partie d’un groupe ce n’est pas seulement émettre mais aussi recevoir. Une machine émet, elle reproduit, mais elle ne ‘comprend’ pas. Il est plus facile de parler une langue que de la comprendre. Un disque peut répéter inlassablement la même information mais il ne capte pas ce qui se passe autour de lui et n’ajuste pas son discours à son environnement. . Il ne s’agit point là de prôner quelque communautarisme mais de faciliter le vécu sociétal, ce qui permet de vaincre la solitude, le sentiment d’incompréhension. Il n’est pas question, par exemple, de considérer telle ou telle minorité comme épuisant le problème car l’on sait qu’au sein d’une même minorité existent toutes sortes de clivage. Notre propos est de proposer de ne plus considérer l’individu comme une entité viable et de remplacer cette notion par celle d’identité collective, ce qui peut notamment se développer par le jeu des réseaux sociaux sur Internet. Ce qui compte, ce n’est pas tant ce que nous sommes que notre mode de fonctionnement qui ne fait sens qu’au sein d’un groupe qui reconnait et pratique celui‐ci. Tant l’individualisme que l’universalisme faussent la communication, soit en en complexifiant les termes et les conditions à une échelle dérisoire – cela exige trop de temps d’apprendre le fonctionnement d’une personne isolée, toute rencontre d’autrui doit avoir des implications sociales d’une certaine ampleur, soit en réduisant la communication à un niveau très primaire, celui des dictionnaires et du mot à mot, ce qui nous place au niveau des machines. L’irresponsabilité des fanatiques du végétarisme Par Jacques Halbronn Dans un article paru dans l’Ecolomag pour mars‐avril 2012, on lit sous la plume de Philippe Schell, un récapitulatif classique de tous les arguments en faveur du végétarisme « 7 raisons pour être végétarien ». Hâtons‐nous de préciser que les arguments développés dans le dit article ne sont nullement propres à son auteur et que c’est l’ensemble des tenants de cette doctrine que nous visons et non tel auteur en particulier, nous retrouvons ces mêmes arguments chez un astrologue comme Jacky Alaïz (cf teleprovidence.com) En vérité, il y a parmi les arguments avancés par les tenants de ce courant des éléments qui sont susceptibles de nous faire frémir mais dont les auteurs n’ont visiblement pas pesé correctement les implications. Citons Schell : « L’élevage industriel met la biodiversité de la terre en péril : on rase des forêts pour faire pousser de l’herbe pour le bétail (comme en Amazonie). Les sols se dégradent, les ressources en eau s’appauvrissent » (point 2), « Il n’est pas nécessaire de tuer ou faire souffrir des animaux pour se nourrir » (point 3). « Une bonne part de la production des protéines végétales est consommée par le secteur bovin : il faut une moyenne de 15 kilos de protéines végétales pour produire 1 kilo de viande « (point 4) Voici nos commentaires : si l’on devait suivre les conseils des végétariens, l’on en arriverait à la quasi disparition de toute une série d’animaux jugés inutiles et pis encore nuisibles de par leur mode alimentaire précisément végétarien. Si ces animaux qui vivent dans notre proximité (par opposition aux animaux « sauvages » (de silva, la forêt, en latin) ne mangeaient pas de « végétaux », ils feraient donc moins problème. Ce qui ressort de tels discours pro‐végétariens, c’est la condamnation à mort de ces animaux dont nous nous nourrissons et dont les rares spécimens se retrouveraient dans des zoos. C’est une guerre déclarée de la part des hommes contre ces troupeaux de bêtes qui consomment trop et que nous aurions la stupidité d’élever, ce qui ressemble fort à un comportement suicidaire. Une humanité carnivore court, à entendre ces avocats du végétarisme, à sa perte, surtout au vu de notre démographie galopante. On ne peut plus se payer le luxe d’entretenir toutes ces bêtes. C’est la fin d’une ère, nous dit‐on. On est bien là en face d’un dilemme : ‐ ou bien l’on renonce à élever des animaux pour notre consommation et donc ceux‐ci ne sont plus souhaitables si ce n’est en quantité minimale, marginale : ils sortent du cadre de l’économie humaine. Paradoxalement, nos animaux familiers, les chiens et les chats, eux, sont carnivores. Les boucheries leur seraient à terme exclusivement réservées. ‐ ou bien l’on continue à développer l’élevage d’animaux qui vivent dans notre vicinité et qui sont le résultat de longs siècles d’accoutumance : le cheval, dit‐on, est la plus belle conquête de l’Homme. Au fond, les machines auraient porté le coup de grâce à toute cette population animale jugée indésirable et dont la présence n’est plus souhaitée vu que si le monde devient végétarien, on ne va pas continuer à laisser ces bêtes se nourrir à nos dépens. Peut‐on parler d’une sorte de génocide annoncé par les fondamentalistes du végétarien ? En apparence, on pourrait naïvement croire le contraire puisque l’on refuse de les manger et donc de les tuer, de les faire souffrir. (Voir l’affaire du hallal). Mais, en réalité, cela signifie bel et bien que l’on va réduire de la façon la plus draconienne qui soit (bien plus que les décimer, on n’en garderait que 10%) les montants de ces animaux de boucherie, tout comme, toute proportion gardée, l’on supprimerait les centrales nucléaires, les deux projets cohabitant fréquemment. Disons‐le, clairement, de tels propos nous inquiètent. On ne nous dit pas que l’on va massacrer ces animaux mais que l’on ne va pas, à terme, les laisser se reproduire, quitte à les stériliser. Il serait d’ailleurs souhaitable de tuer les dits animaux dans les meilleurs délais, au plus jeune âge, vu l’urgence. Pour nous qui sommes d’origine juive, de tels discours ne peuvent que nous alarmer car certains rapprochements peuvent difficilement être évités. Il suffit que telle population fasse problème pour que l’on décrète qu’elle n’est plus qu’en sursis. On pourrait aussi aborder le problème du colonialisme qui là aussi débouche sur un dilemme : soit l’on « colonise » une population, soit on la laisse comme elle est. Qu’est ce qui est le pire ? Nous aurions tendance à croire que l’on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Dans la vie, il y a des contreparties et quelque part tout se passe comme si certains champions du végétarisme se refusaient à l’admettre. Qu’on ne nous dise pas que la Bible interdit de tuer des animaux alors même qu’elle précise ceux qui sont permis ! il y a un équilibre qui existe : on nourrit l’animal et puis l’on s’en nourrit. Sa mort obéit à une logique cyclique plus évidente que celle des hommes qui est bien plus aléatoire. Le scandale, c’est justement d’abattre les hommes comme l’on abat les animaux c'est‐à‐dire sans même le prétexte alimentaire à moins d’être anthropophage. Mais s’il y a génocide par les meurtres en masse, nous considérons que la suppression d’une espèce « pour son bien », pour qu’on ne la tue pas est fort ambiguë d’autant que l’on nous rappelle que ces animaux mangent trop. L’abstinence de viande conduit à se polariser sur le contact humain qui devient le seul contact buccal avec une chair chaude ou conduit à des formes de relation douteuses avec des animaux dits de compagnie. La consommation de viande régule, selon nous, les pulsions sexuelles. Nous rappellerons enfin qu’historiquement le végétarisme a souvent été un pis aller, lié à une privation, à un manque, d’où une présence carnée symbolique dans un très grand nombre de plats à base végétarienne, de la choucroute au cassoulet, du couscous au hachis Parmentier. Il semble au demeurant que prochainement les conditions de production de viande soient vouées à évoluer. S’il est vrai que les humains n’aient pas été carnivores à l’origine, ce dont témoigne leur organisme (longueur de l’intestin notamment), le fait de faire cuire, bouillir la viande, a changé la donne et nous n’avons pas besoin des dents de fauve qui déchirent une viande crue. En tout état de cause, les humains consomment des végétaux en mangeant des animaux végétariens. Or, ces végétaux transformés par les animaux que nous consommons comportent une qualité de fer que nous ne pouvons obtenir par une consommation sans intermédiaire de végétaux. On retrouve d’ailleurs la même problématique sur le marché du travail. C’est le problème de l’exploitation de la main d’œuvre. Faut‐il remplacer celle‐ci par des machines ? Mais alors, on bascule dans le phénomène du chômage et dans un certain malthusianisme qui condamne toute une partie de la population assistée à une forme de parasitisme qui peut déboucher sur une réduction et à une restriction des naissances, ce qui constitue une certaine forme de « génocide » soft au niveau des fins sinon des moyens. Parfois, le remède peut se révéler pire que le mal, la solution plus dramatique que le problème. JHB 02. 04.12 Les Quatre Eléments et le décrochage Astrologie/astronomie Par Jacques Halbronn Serge Hutin avait une compréhension assez remarquable de la Tradition. (nous avons publié avec lui l’Etrange Histoire de l’Astrologie, Ed. Artefact, 1986). Dans son Que Sais je, sur L’Alchimie (PUF, 1951, pp. 70‐74, Reed 1991), il expose une approche des Quatre Eléments dont les astrologues feraient bien de s’inspirer (cf A. Barbault, L’Univers astrologique des Quatre Eléments). Il y a en France un courant qui confère aux Eléments une importance déterminante pour l’astropsychologie à telle enseigne que les logiciels d’astrologie y calculent la répartition des planétes entre les Quatre Eléments, ce qui permet de connaitre la dominante « élémentaire» d’un thème natal... Reprenons ce que Hutin écrit sur les Quatre Eléments : « Pour éviter tout malentendu, il convient d’insister sur le point suivant : les quatre Eléments (Eau, Terre, Air, Feu) ne désignent pas les réalités concrètes dont ils portent les noms. Ce sont des états, des modalités de la matière. » Et de citer Berthelot (Origines de l’Alchimie, p. 253) : « Les quatre éléments répondent, en effet, aux apparences et aux états généraux de la matière. La Terre est le symbole et le support de l’état solide. L’Eau est le symbole et le support de la liquidité. L’Air est le symbole et le support de la volatilité. Le Feu, plus subtil encore répond à la fois à la notion substantielle du fluide éthéré, support symbolique de la lumière, de la chaleur, de l’électricité et de la notion phénoménale du mouvement des dernières particules des corps » Hutin complète : « Une conception souvent utilisée est celle dite du cycle de Platon : il y a échange périodique continu entre les éléments (le Feu se condense en Air ; l’Air se change en Eau ; l’Eau, en se solidifiant devient Terre ; la Terre se change en Feu. Puis la transformation se reproduit en sens inverse » Lors de notre dernier Colloque « Cycles et Symboles » (cf. Teleprovidence.com), nous avions insisté sur l’importance qu’il y avait à inscrire un symbole au sein d’une série, en mettant en évidence sa place dans le cours d’un processus. En fait, il est toutes sortes de façons qui s’équivalent, grosso modo, d’illustrer une cyclicité. Quelque part, cela revient au même et ce serait une erreur de les opposer les unes aux autres, les différences devant être résorbées, comme le prône d’ailleurs la pensée alchimique. Rappelons que l’ordre des Eléments en Astrologie est le suivant : Feu, Terre, Air, Eau et ainsi de suite, trois fois au cours d’un cycle zodiacal complet. Est‐ce que cet ordre est satisfaisant ? Comme il a été noté, les quatre éléments peuvent être lus dans un sens et dans l’autre. Si l’eau peut se changer en terre, c'est‐à‐dire en glace, la terre peut‐elle se changer en eau, le solide en liquide ? Or, dans le dispositif véhiculé par l’astrologie, terre et eau ne se suivent ni dans un sens, ni dans un autre. Où est donc passée la dimension cyclique ? Certes l’eau peut‐elle s’évaporer mais dans ce cas, on ne voit pas comment l’on passe ensuite à la Terre. Mais ce que nous retiendrons, avant tout, c’est le fait que les Eléments constituent une série, qu’il n’y a donc aucune raison pour dire que telle personne est plus marquée par tel Elément plutôt que par tel autre puisqu’elle devra passer de l’un à l’autre, au cours de ce que l’on peut appeler une « transmutation ». Nous avons déjà dans de précédents textes rejeté l’idée d’une division ternaire du Zodiaque en trois groupes de 4 signes, associés aux Quatre Eléments. Si les Quatre Eléments ont une raison d’être, c’est par rapport aux Quatre Saisons : un Elément par saison, ce qui vient confirmer la nécessité d’une cyclicité des Eléments. Mais, comme il a été dit, plus haut, on peut parcourir un cycle dans les deux sens, comme c’est le cas pour les doubles domiciles qui vont des luminaires jusqu’à Saturne puis de Saturne aux luminaires ou comme la précession des équinoxes qui prend le zodiaque à rebours. Evolution, involution... Ce qui nous déplait singulièrement dans le recours systématique que font certains (dans la ligne de Claire Santagostini et de sa Méthode Globale) à la distribution des planétes entre les 4 Eléments, c’est au fond de dépendre d’un dispositif problématique car qui sait si l’ordre des Eléments, en astrologie, est le bon ? On quitte le symbolisme des signes et des planétes pour celui des Eléments mais, cette fois, sans aucun fondement astronomique. Est‐ce un progrès pour l’Astrologie que de plaquer sur tout le système planétes/signes ces Quatre Eléments qui ne sont évidemment dotés d’aucune rythmicité précise au regard de l’astronomie ? Nous avons déjà exprimé notre sentiment selon lequel l’astrologie avait très vite pris ses distances avec l’astronomie, qu’elle avait opéré un tri parmi les données astronomiques « utiles ». Mais de là à se polariser sur des classifications de signes qui ne respectent même pas la division en 4 de l’écliptique comme c’est le cas pour les « triplicités », qui proposent une répartition des Eléments entre les 12 signes qui n’obéit à aucune cohérence accessible (même si le cycle Jupiter‐Saturne s’inscrit dans ce cadre ternaire), il y a un pas que l’on ne saurait allégrement franchir. Les Quatre Eléments en astrologie, c’est carrément une rupture avec l’astronomie. Certes, ce sont les positions des planétes dans les 12 signes qui déterminent la puissance de tel ou tel Elément dans un thème mais c’est bel et bien fonder l’Astrologie sur des bases des plus fragiles, avec des planétes considérées non plus qualitativement mais quantitativement : tant de planétes dans des signes de tel élément et ainsi de suite, approche qui aura conduit à l’indice de concentration planétaire (cf. Barbault. Les astres et l’histoire, Paris, Pauvert, 1967) qui là encore s’éloigne fort de la référence astronomique en introduisant une sorte de cyclicité « globale » (Barbault a travaillé avec Santagostini, dans les années Cinquante du siècle dernier) d’’assez mauvais aloi. Toute approche « synthétique » des données astronomico‐astrologiques nous apparait comme suspecte. Certains nous expliquent par exemple qu’ils utilisent toutes sortes de techniques, de facteurs de façon à pouvoir opérer des recoupements, à calculer des coefficients. C’est ce que nous tendrions à appeler le désordre organisé. Au lieu de s’efforcer –alchimiquement‐ de décanter en amont, c’est en aval que les choses devraient se décider. On perçoit là une tension entre deux approches des choses, l’une masculine et l’autre féminine, l’une au niveau du signifiant, l’autre à celui du signifié. JHB 02. 04. 12 Le thème natal comme Moi externe. Par Jacques Halbronn Que ne projette‐t‐on pas sur le thème natal ? Du fait de sa position originelle – il est fixé dès la naissance voire avant‐ d’aucuns y voient le karma personnel voire l’âme (Alaïz), ou l’être. Pour notre part, nous faisons partie des astrologues qui n’accordent aucune importance au moment de la naissance, au regard de l’Astrologie car pour nous le rapport de l’homme aux astres se situe dans le temps tout comme pour nous le cycle d’un astre se divise en quatre stades. Il y a des relais comme pour une diligence (stagecoach, le coche à stations) Dire que le thème correspond à notre âme nous paraît singulièrement improbable. Car notre âme est censée transcender telle ou telle existence, tel ou tel avatar, elle ne saurait s’identifier et/ou se résumer à une structure aussi complexe que l’est un thème astral. D’autres y voient la préfiguration, la programmation (karmique ou autre) de notre existence telle qu’elle aurait été fixée par avance, dans ses moindres détails ou dans ses grandes lignes. Nous continuons à penser qu’en tout état de cause, le thème natal ne fait sens que pour un dirigeant et il représente l’entité qu’il représente. Selon nous, d’ailleurs, nous n’existons pas individuellement mais au sein d’une communauté donnée. Et l’Astrologie est bien incapable de nous aider explicitement à trouver « notre » communauté. Car cette communauté, ce n’est ni celle des gens de tel signe ou de telle planète. Mais il en est une que nous connaissons, c’est celle des hommes et des femmes. L’astrologie ne saurait proposer des appartenances de substitution pour des personnes en crise identitaire. D’ailleurs, le thème natal tend délibérément à brouiller les pistes puisqu’il mixe tous les facteurs, les combine, les brasse inlassablement comme s’il voulait nous persuader de notre radicale unicité et de la vanité de toute appartenance à un ensemble marqué historiquement, culturellement. Là encore, l’astrologie crée une distorsion des données astronomiques en considérant une interaction entre planétes qui prévaudrait sur le processus cyclique d’une planète donnée. Suivons les conseils des alchimistes à savoir qu’avant de combiner les facteurs, il importe de les isoler et de les tester séparément. Nous avons longuement réfléchi sur le mode de relation pouvant exister entre les astrologues et leurs clients, entre le savoir astrologique et ceux qui s’y initient, selon nous la réponse est la suivante : La thèse que nous défendons actuellement est la suivante : les personnes qui viennent à l’Astrologie ont un problème relationnel avec elles‐mêmes. Elles ne sont plus vraiment à l’écoute de leur corps, de leur psychisme, ne leur demande pas leur avis. Elles ne sont plus guère réceptrices. Autrement dit, elles préfèrent émettre et imposer ce qui leur semble « bon » pour elles, sans trop « consulter » leur ressenti. En partant d’un tel constat, on bascule dans une sorte de cercle vicieux. Le client ou l’élève n’a pas de feed back intérieur et ne désire pas en avoir. Il ne risque donc pas d’être contredit, exerçant une sorte de dictature sur une partie de lui‐même. Nous avons eu la révélation de ce type de fonctionnement lors d’une conférence où il était question de végétarisme. L’orateur développa toute une série d’arguments en concluant que les enjeux sociaux, écologiques étaient trop importants pour que l’on ait à se soucier de ce que notre corps appréciait ou non. C’était là l’aveu d’une sorte de coupure de la communication, du contact entre deux plans de conscience différents. Par le biais de l’astrologie et notamment du thème natal, il y a substitution d’un moi externe à un moi interne, comme chez certains malades ayant subi de lourdes opérations, ce qui, à terme, peut déboucher sur une forme de schizophrénie. Dès lors, le client qui déclare que ce que lui a dit l’astrologue était « juste », « vrai » utilise une certaine langue de bois. Il est en mauvaise posture pour parler au nom d’une partie de lui‐même avec laquelle il communique mal. Nous préférons dire que le propos de l’astrologue lui « fait de l’effet », l’impressionne, dans tous les sens du terme, c'est‐à‐dire laisse une empreinte, ne serait‐ce que parce que, précisément, c’est censé être fondé sur un savoir particulier, qui est l’Astrologie et auquel il est disposé à faire confiance plus qu’à son ressenti intérieur refoulé. Le thème apparait comme une prothèse psychique, d’une transplantation qu’il s’agirait pour le praticien de greffer en évitant les risques de rejet. JHB 02. 04.12 L’adresse au fils dans la littérature alchimique médiévale Par Jacques Halbronn C’est en lisant (p.. 21) le Que Sais je de Serge Hutin sur « L’alchimie » (PUF, 1951, rééd 1991) que d’autres textes que ceux présentés dans nos trois premièrs études sont venus s’ajouter. Hutin s’y référe incidemment à la Summa Perfectionis de Geber. « Prends, mon fils, pour commencer la pierre que tu sais pour remède ». Il se confirme ainsi que l’adresse au fils serait une figure obligée de la littérature alchimique, au vu du nombre de récurrences observées et que ce point n’avait pas été mis en avant par les historiens de l’ésotérisme, à commencer par le dit Serge Hutin, auteur également de textes sur Nostradamus. Nous en proposons ci‐dessous deux nouveaux échantillons : l’un attribué au mythique Hermès Trismégiste, l’autre, justement, à l’Arabe Jabir Ibn Hayan dit Geber. I Summa Perfectionis du pseudo Geber ( XIIIe siècle) Portrait de Geber du XVe siècle, Codici Ashburnhamiani « J’ai réduit brièvement en cette Somme de la Perfection toute la Science de Chimie, ou de la Transmutation desM é t a u x . D a n s m e s a u t r e s L i v r e s , j ’ e n a v a i s f a i t plusieurs Recueils que j’avais tirés et abrégés des Ecritsd e s A n c i e n s : m a i s e n c e l u i ‐ c i j ’ a i a c h e v é c e q u e j e n’avais qu’ébauché en ceux‐là. J’y ai ajouté en peu de paroles ce que j’avais omis dans les autres ; j’y ai mis t o u t a u l o n g c e q u e j e n ’ a v a i s d i t a i l l e u r s qu’imparfaitement, et j’y ai déclaré entièrement et aux m ê m e s e n d r o i t s c e q u e j ’ a v a i s c e l é d a n s m e s a u t r e s Œuvres. Et je l’ai fait afin de découvrir aux personnes intelligentes et sages l’accomplissement et la perfection d’une si excellente et si noble partie de la Philosophie. Ainsi, ô mon cher Fils ! Je puis t’assurer avec vérité que d a n s l e s C h a p i t r e s g é n é r a u x d e c e L i v r e , j ’ a i m i s suffisamment le Procédé de cet Art tout entier et sans n u l l e d i m i n u t i o n . E t j e p r o t e s t e d e v a n t D i e u , q u e quiconque travaillera comme ce Livre enseigne de le faire, aura la satisfaction d’avoir trouvé la véritable fin de cet Art, et d’y arriver. Mais, mon Cher, je t’avertis aussi que celui qui ignorera les Principes naturels de la Philosophie, est fort éloigné de cette Connaissance, p a r c e q u e l e v é r i t a b l e f o n d e m e n t , s u r l e q u e l i l d o i t appuyer son dessein, lui manque ; comme au contraire e n e s t b i e n p r è s c e l u i q u i c o n n a î t d é j à l e s P r i n c i p e s naturels des Minéraux. Ce n’est pas que pour cela il ait encore la véritable racine, ni la fin profitable de cet Art très caché : mais ayant plus de facilité à en découvrir l e s P r i n c i p e s q u e c e l u i q u i f o r m e q u e l q u e p r o j e t d e notre Œuvre sans en connaître la voie ni la manière, ile s t a u s s i m o i n s é l o i g n é q u e l u i d e l ’ e n t r é e d e c e t t e Science. Mais que celui qui connaîtra tous les Principes de la Nature, quelles sont les Causes des Minéraux, et de quelle manière la Nature les forme, il n’y a que fort peu à dire qu’il ne sache l’Œuvre toute entière, quoique s a n s c e p e u l à q u i l u i m a n q u e , i l s o i t a b s o l u m e n t impossible de faire notre Magistère. Parce que l’Art ne peut pas imiter la Nature en toutes ses Opérations, mais il l’imite seulement autant qu’il lui est possible. Et c’est ici un Secret que je te révèle, mon Fils, qui est que c e u x q u i r e c h e r c h e n t c e t A r t , e t l e s A r t i s t e s m ê m e , manquent tous en ce qu’ils prétendent imiter la Nature e n t o u t e l’étendue et en toutes les différences et les p r o p r i é t é s d e s o n a c t i o n . A p p l i q u e ‐ t o i d o n c soigneusement à étudier nos Livres, et attache‐toi surtout à celui‐ci. Considère et médite m e s p a r o l e s attentivement et très souvent, afin que t’étant rendu familière notre manière de parler, et entendant notre idiome ou langage particulier, tu puisses pénétrer dans n o t r e v é r i t a b l e i n t e n t i o n e t l a d é c o u v r i r . C a r t u trouveras dans les Livres sur quoi faire un Projet assuré de ce que tu cherches ; tu y apprendras à éviter toutes les erreurs, et par ce même moyen tu sauras en quoi tu peux imiter la Nature dans l’artifice de notre Œuvre ». Bibliographie : Somme de la perfection ou l'Abrégé du Magistère Parfait Geber Œuvre chymique de Geber, philosophe arabe, avec une introduction de Charles‐ Gustave Burg, Paris, Ed. Trédaniel Cf aussi Ed Maçonniques 2006 avec des études de J. Feuillebois et Y. Ghernaouti. ( à partir d’une édition du XVIIe siècle) II Le corpus hermeticum et le fils d’Hermès dénommé Tat. Le Corpus Hermeticum met en scène des entretiens entre le père Hermès Trismégiste et le fils, Tat. Tantôt Hermès s’adresse à son fils sous la forme d’un monologue, tantôt c’est une discussion de type plutôt socratique.(cf. l’édition de Ménard, Ed Trédaniel, 1976) Un des fragments hermétiques met quant à lui une rencontre entre Isis et son fils Horus ou Horos (dont le père est Osiris). "L'intellect, ô Tat, est tiré de la substance même de Dieu, s'il y a du moins quelque substance de Dieu (...). La grande maladie, c'est la négation de Dieu, puis l'opinion erronée, d'où découlent tous les maux (...). Tous les hommes sont soumis à la fatalité, à la naissance et au changement (...) mais les hommes en possession du verbe, dont nous avons dit qu'en eux l'intellect commande, ne les subissent pas de la même manière que les autres (...). Tout est un (...) : tu trouveras, mon enfant, qu'en réalité c'est sur toutes choses que domine l'intellect, c'est‐à‐dire le moi de Dieu, sur la fatalité (...). La parole aussi est une, elle se traduit de langue en langue, et l'on découvre alors qu'elle est la même en Égypte et en Perse comme en Grèce. (...) Dieu est tout; et le Tout pénètre toutes choses et enveloppe toutes choses. Adore ce Verbe, mon enfant, et rends‐lui un culte. Or il n'y a qu'un moyen de rendre culte à Dieu, c'est de ne pas être mauvais." Il n’est donc pas étonnant que l’on ait par la suite produit Sept Traités ou Chapitres Dorés, attribués à Hermès Trismégiste et qui campent à nouveau le fils d’Hermés Trismégiste, dont on a localisé une édition en français, en 1626 chez Laurent Houry fils (Trois Anciens traités de la Philosophie Naturelle, BNF Resac R 53862, trad. Charles Hulpeau). Rappelons que sous la même enseigne parisienne paraitra en 1686 le texte de Limojon de Saint Didier, La Lettre d’un philosophe sur le secret du Grand Œuvre. Chapitre I. (….) Mon fils, cette pierre est environnée de plusieurs couleurs, et est née en une couleur ; sache‐le, et le scelle, par icelui, avec la grâce de Dieu, vous chasserez de vous toutes grandes maladies, tristesse, tout dommage et angoisses : par son moyen vous viendrez des ténèbres à la lumière, des déserts à l'habitation, et de l'affliction à la joie. Chapitre II. Mon fils je vous avertis par dessus toutes choses de craindre Dieu, vers lequel est tout l'effort de votre disposition, et l'union de toutes choses séparées. Mon fils raisonnez sur tout ce que vous entendez, car je ne crois pas que vous soyez privé de raison et ignorant : c'est pourquoi recevez mes exhortations, et méditez et établissez votre cœur de la même façon que si vous étiez l'auteur des exhortations, car si celui qui est de nature chaude, se fait froid, il n'en recevra aucun dommage : semblablement que celui qui use de raison chasse de soi toute l'ignorance de peur qu'il ne soit trompé sans y penser. Mon fils, prenez le volatil qui vole, submergez‐le et le divisez, tirez et chassez de lui sa couleur qui le tue, à ce qu'il soit fait vif, et qu'il vous réponde, ne volant point par les régions, mais qu'il contienne actuellement ce qui vole, car si vous le tirez de l'affliction, après l'affliction dans les jours qui vous sont connus, vous serez Roi par raison, il vous sera un compagnon convenable, et vous serez décoré par icelui Mon fils, tirez du rayon son ombre et ordure, parce que les mers surnagent au‐dessus de lui, le gâtent, et l'empêchent de [manifester] sa lumière, parce qu'il est brûlé par l'affliction et sa rougeur. Mon fils, prenez cette rougeur corrompue par l'eau, comme le feu en est le porteur, qui est cendre vive, laquelle si vous ôtez toujours de lui jusqu'à ce que la rougeur vous soit purifiée, vous avez une compagnie par laquelle il est échauffé, et en laquelle il repose Mon fils, rendez à l'eau le charbon éteint par les trente jours que vous connaissez, c'est pourquoi vous êtes Roi couronné, reposant sur le puits de l'orpiment qui n'a point d'humeur. J'ai maintenant réjoui les cœurs des écoutants qui espèrent en toi, et les yeux qui te regardent par l'espérance de ce que tu contiens. Mon fils, sache que l'eau était auparavant en l'air, puis en la terre, rendez‐la aussi aux Supérieurs, changez‐la discrètement par ses conduits, puis conjoignez‐la derechef à son esprit rouge assemblé. Sachez, mon fils, que notre terre est un onguent, soufre, orpiment, feu, et colcothar qui est Mercure, orpiment, soufre, et semblables choses desquelles chacun est plus vil que l'autre, auquel se trouve diversité, desquels aussi est l'onguent de colle, qui est cheveux, ongles, et soufres, desquels aussi est l'huile de pierre et cervelle qui est orpiment, desquels est encore l'ongle des chats qui est Mercure, desquels est encore l'onguent des blancs et l'onguent de deux argents vif Orientaux qui cherchent les soufres, et contiennent les corps. Je dis, que le soufre teint et fixe, et est contenu, et est par la connexion des teintures, or les onguents contenus dans le corps, teignent et fuient qui sont contenus dans le corps qui est la conjonction des [matières sublimées] et le poids ou soufre alumineux, qui contiennent le fugitif. Mon fils, la disposition recherchée par les Philosophes est unique en notre œuf, ce qui ne se trouve point en l'œuf de la poule, et de peur que dans l'œuf ne soit éteinte une si grande sagesse divine de la poule, sa composition est faite des quatre Eléments. Sachez mon fils, que dans l'œuf de la poule il y a une grande aide et une grande proximité en la nature, car en icelui est la spiritualité et la comparaison des Eléments et la terre de sa nature est l'or. Le fils dit à Hermès, quels sont les soufres convenables à notre œuvre, célestes ou terrestres ? Hermès répond, les uns sont célestes, les autres terrestres Le fils : Mon père, je pense que le cœur des choses supérieures est le Ciel, et des choses inférieures, la terre. Le père : Il n'en est pas ainsi, mais le mâle est le Ciel de la femelle, et la femelle la terre du mâle]. Le fils : Mon père, lequel des deux est le plus digne d'être Ciel ou d'être terre ? Hermès répond, ils ont besoin l'un de l'autre, car la médiocrité est commandée par les préceptes, comme si vous disiez : Le sage commande à tous les hommes : car le médiocre est meilleur, parce que toute la nature s'unit, comme accompagne sa nature, nous avons trouvé que la médiocrité s'unit à la vertu de la sagesse. Le fils : Mon père, laquelle de ces choses est le médiocre ? Le père : de chacune trois, sont deux. Premièrement l'eau est utile, et après l'onguent et au‐dessous demeure l'ordure. Le dragon demeure en toutes ces choses, et sa noirceur est en iceux, et par icelle il monte en l'air, parce qu'il est le Ciel de leur Orient, mais quand la fumée demeure en icelle, ils ne sont point perpétuels, mais ôtez la fumée de l'eau, et de l'onguent la noirceur et des fèces la mort, et la dissolution étant faite, vous triompherez, par le don duquel les possesseurs vivent. Sachez, mon fils, que l'onguent médiocre, qui est le feu, est le milieu entre l'ordure et l'eau, et le scrutateur de l'eau, parce qu'ils sont appelés onguent et soulphre, il y a une très étroite proximité, parce que comme le feu monte, ainsi monte aussi le soulphre. Sachez mon fils, que toutes les sagesses qui sont au monde sont sujettes à cette mienne sagesse. En ces admirables Eléments cachés, les arts sont casuels. Il faut donc que celui qui veut être introduit en cette notre sagesse cachée, chasse de soi le vice d'arrogance, et qu'il soit pieux et homme de bien, et excellent esprit, aimant son prochain d'une face joyeuse, courtois et fidèle gardien des ses secrets. Et sachez cela, mon fils, si vous savez mortifier et introduire la génération, vivifier les esprits, les modifier, et introduire la lumière jusqu'à ce qu'ils soient combattus, colorés et purifiés de leurs taches et ténèbres, vous ne savez rien, et ne perfectionneraient rien : que si vous savez cela, vous serez élevé à une très grande dignité, de sorte que les Rois même vous révéreront. Mon fils, il nous faut conserver ces sciences, et les sceller à tous les méchants et ignorants. Et sachez, mon fils, que notre pierre est composée de plusieurs choses, et diverses couleurs des quatre Eléments qu'il nous faut diviser et couper par pièce, et séparer leurs membres, mortifier en partie la nature qui est en icelle, conserver le feu et l'eau qui habite en elle, et est composé des quatre Eléments, et contenir leurs eaux, par son eau, qui n'a point la forme de l'eau, mais un feu montant sur les eaux, et les contenant en un vase pur et sincère, de peur que les esprits ne s'enfuient des corps ; car par ce moyen ils sont fait tingents et permanents. O bénite forme d'eau pontique ! qui dissoue les Eléments ; il faut aussi qu'avec cette forme d'eau, nous possédions une âme sulfureuse, et la mêler avec notre vinaigre, car quand par la puissance de l'eau le composé se dissout, c'est la clef de la restauration, alors la mort et noirceur s'enfuit d'icelle, et la sagesse en sort ». C’est dire que notre corpus « Mon fils » s’enrichit et que la thèse d’un emprunt de l’idée même de Préface à César au dit corpus se renforce. On assiste là à une transposition qui place ainsi Nostradamus, ipso facto, au sein d’un club fort honorable, si ce n’est que la totalité de ces textes semblent avoir été des contrefaçons antidatées, ce qui vaut, selon nous, tout aussi bien pour le dit Nostradamus. Il resterait à comparer plus systématiquement ces diverses pièces pour en déterminer les variantes et notamment d’établir une chronologie. Une certaine inspiration alchimique semble avoir participé à la mise en place du canon centurique. On parle de « clef » ou de ‘pierre » c’est selon. Le nom des planétes fait également sens au regard de l’alchimie pour désigner les métaux (voir I, 16), ce qui confère un air de famille entre alchimie et astrologie, tant à la prose des épitres qu’à un certain nombre de quatrains. Les deux premiers quatrains de la Centurie Première ne sont pas sans comporter une dimension magique reprise de Jamblique. Notons que ce type de recherche est singulièrement facilité par la numérisation des textes et pas seulement des titres. Cela permet de réunir très vite toutes sortes de documents présentant certains points communs. JHB 02.04. 12 Pour une approche alchimique de l’Astrologie Par Jacques Halbronn Récemment, à l’occasion de nos recherches nostradamologiques, nous avons eu l’occasion de nous plonger dans la littérature alchimique médiévale et nous y avons trouvé un écho singulier à nos réflexions méthodologiques et épistémologiques concernant la question, la quête astrologique. Citons à titre d’exemple ce texte attribué à St Thomas d’Aquin (XIIIe siècle) extrait du Traité de la pierre philosophale (Ed. Chamuel,1898) : « J’ai séparé les quatre éléments de plusieurs corps inférieurs de façon à les obtenir séparément, j’ai purifié (..)chacun de ces éléments l’un après l’autre par une opération secrète et ceci accompli je les ai conjoints ensemble et j’ai obtenu une chose admirable qui n’était soumise à aucun des éléments inférieurs » Intuitivement, cela fait bien longtemps (une bonne trentaine d’années) que nous pensons qu’il faut « purifier », « décanter » le savoir ésotérique en général et astrologique en particulier (cf. nos Mathématiques Divinatoires, Paris, La Grande Conjonction, Guy Trédaniel, 1983, préface de Jean‐Charles Pichon) avant de procéder à quelque combinatoire que ce soit. Or, beaucoup d’astrologues « combinent » les facteurs sans procéder à une « clarification » des symboles ou des notions, à une « dissolution » préalable à toute « coagulation » ( solve coagula). Le « dis » doit précéder le «con », si l’on s’en tient aux préfixes. La matière sur laquelle l’astrologue doit travailler ce sont tous les textes rassemblés d’une part et de l’autre c’est le microcosme et le macrocosme. Et ce travail, ce « grand œuvre » sur ce qui est transmis par l’écrit ne saurait s’arrêter à ce que l’on appelle selon une formule quelque peu abusive, les « bases » car même les dites bases sont à nettoyer, à « laver », à purger, comme l’a récemment montré le Colloque « Cycles et Symboles » (repris sur teleprovidence.com). Bien plus, ce sont précisément ces « bases » qui sont un point de départ non pas pour une pratique mais pour une recherche, une quête, ce sont elles qui sont à revoir, dont les divers facteurs doivent être isolés avant d’être amalgamés. Dire que l’on s’en tient aux « bases » sur lesquels on ne « revient » pas n’est pas sérieux puisque ces bases sont le matériau que l’alchimie astrologique aura à dégrossir, à dégraisser. C’est d’ailleurs tout bénéfice pour les élèves qui auront ainsi – et garderont‐ la tête bien faite et pas seulement bien pleine car le matériau brut ne se prête guère à une bonne intelligibilité. Tout le travail que nous conduisons, jour après jour, dans ce Journal de bord d’un astrologue, consiste à « purifier » ces « bases » de toutes sortes d’ajouts, d’emprunts, ne serait‐ce que parce que toute cyclicité implique un processus périodique de décantation. Quant à la « transmutation », autre terme clef de l’alchimie, il signifie pour nous que chaque phase d’un cycle correspond à une évolution intérieure, qui fait que nous ne nous identifions plus avec la phase antérieure. L’idée de transmutation est parfaitement compatible avec celle de prévision, de changement, elle l’est beaucoup moins avec celle de thème natal. Les astrologues sont tout fiers de pouvoir offrir à leurs clients un document qui fait foi une fois pour toutes en place et lieu d’un « tirage » ponctuel comme au tarot. Mais pourquoi figer notre psychisme de la sorte, surtout si on le représente de façon aussi alambiquée ? Certes, le mot « alambic » renvoie au champ de l’astrologie mais il sert à purifier la matière, il est un moyen et non une fin en soi. C’’est ainsi qu’il est bien plus facile d’exposer un savoir bien décanté que de persuader des astrologues de renoncer à des savoirs mal maîtrisés et dont il faut montrer les failles, les incohérences. Mais une fois ce travail de « réduction » effectué, les choses sont simples. En revanche, quand ce travail n’a pas été correctement mené à bien, la complexité nous accompagne à chaque instant, tant au niveau du savoir que de la perception du monde, tant extérieur qu’intérieur. L’idée de « conjonction » en alchimie ne fait sens qu’une fois la purification des éléments effectuée, opérée. Il en est de même pour le couple : il ne fait pas sens de s’unir à l’autre tant que l’on n’a pas évacué tous les facteurs parasitaires de nos représentations. Il serait donc sage d’œuvrer avec des notions simples, autonomes, se suffisant à elles – mêmes avant de tenter de les relier entre elles. Ne mettons pas la charrue devant les bœufs ! Le problème des astrologues est qu’ils mettent d’entrée de jeu en exergue le thème natal. Certes, l’on peut supposer que l’astrologue va s’efforcer de décanter le – thème, d’en extraire la quintessence, la substantifique moelle mais il ne le fera le plus souvent que par un processus qui se jouera dans le cadre même de la consultation laquelle peut être assimilée à une opération alchimique. En fait, le plus à plaindre sera l’élève en astrologie qui n’est ni un chercheur véritable qui avec le temps « creuse », ‘approfondit » un savoir – en général, cet élève va assez vite plafonner comme on le voit dans bien des réunions astrologiques, ni un client qui sera « capté » par le praticien au prisme d’une dynamique particulière. Ces élèves et anciens élèves sont situés dans une sorte de « purgatoire », ils sont sous la coupe d’une astrologie qui ne parvient pas à se transcender, ni par le haut par le biais de la réflexion, ni par le bas, par la magie de la consultation. Ils croient dur comme fer que ces « bases » qu’ils ont acquises se suffisent à elles‐mêmes et qu’il suffit de les acquérir comme on se procurerait un outil, mot très à la mode quand on parle d’astrologie mais qui induit en erreur car précisément, cet outil est à conquérir, à explorer et celui qui s’en contente sous sa forme « basique » ne sera ni un bon praticien, ni un bon chercheur. Il ne sera que le « gardien » d’un savoir dont il n’a pas la clef. JHB 31.03.12 Líinfluence díune adresse ‡ Reginald de Piperno sur la PrÈface ‡ CÈsar Par Jacques Halbronn Dans une précédente étude nous évoquions l’éventualité d’une influence « aquinienne » ou pseudo‐aquinienne sur la formation du corpus centurique (quatrains plus épitres). En fait, le personnage du Frère Réginald n’apparait pas uniquement dans la "Lettre sur L'Art de l'alchimie" (à ne pas confondre avec son texte sur la Pierre Philosophale(cf.Thomas d'Aquin, [Ps.], Traité de la pierre philosophale, traduit du latin pour la première fois et précédé d'une introduction ( Paris, Chamuel, 1898) . On le trouve Ègalement, semble‐t‐il en ce qui concerne une autre lettre, sur líAstrologie, celle l‡ authentique (cf ëSaint Thomas d'Aquin et l'influence des astres de Paul Choisnard, 1926, †Reed 1983, Ed Traditionnelles,† ††et †Thomas Litt, Les corps cÈlestes, dans líunivers de Saint Thomas díAquin, Louvain, 1963) Qui est ce RÈginald, dominicain ‡ líinstar díAlbert, de Thomas et de cet auteur que nous avons ÈtudiÈ ‡ propos de Nostradamus, au XVIIe siËcle, Jean GiffrÈ de RÈchac (cf sur le site propheties.it)† sans parler de Campanella ? On trouve un article wikipedia le concernant que nous reproduisons partiellement : : « RÈginald de Piperno ou encore Reginaldus ou Reynaldus, ou encore RaynaldnÈ ‡ Piperno (c'est‐‡‐dire Priverno dans le diocËse de Terracine, Sezze, et Pipernoen) en 1230 et mort entre 1285 et 1295 ‡ Anagni, est un dominicain, thÈologien, maÓtre enseignant (au studium gÈnÈrale de Naples et Orvieto, vers 1263‐1265), prédicateur, confesseur et secrÈtaire de Thomas d'Aquin puis compilateur. ´ RÈginald de Piperons fait partie des secrÈtaires dont s'entourait Thomas d'Aquin. Celui‐ ci le guÈrit un jour de la fiËvre et il lui succËdera au Studium de Naples en 1272, pour compagnon intime (socius), c'est‐‡‐dire secrÈtaire (il lui dÈdiera quelques úuvres), collaborateur, confesseur, puis compilateur. ´ SecrÈtaire de Thomas d'Aquin, il vit dans l'ombre du saint. Il rapporte, parfois de mÈmoire (nota) ses enseignements pour les mettre par Ècrit. Il recueille aprËs sa mort tous les manuscrits du saint et les compile (SupplÈment de la Summa Theologiae et Livre IV du Commentaire des Sentences) et organise la Somme Théologique (Opuscula Postillae super Epistolas S. Paul, Postilla super Tres Nocturnos Psalterii, Lectura super Primum de Anima) en plus des Ècrits qui lui furent dictÈs par saint Thomas. On lui attribue aussi une partie de Postilla In Iohannem, la fin de l'úuvre qui aurait pu Ítre corrigÈe par Saint Thomas. Il aurait composÈ le catalogue ´officiel ª des úuvres de saint Thomas. ´ FrËre Reginald rapporte le souvenir d'une extase de saint Thomas en 1247: pendant quelques jours, le saint refuse de lui dicter quoi que ce soit, contrairement ‡ son habitude. Il lui demande alors la raison. FrËre Thomas díAquin lui dit alors ´ Jíai vu des choses que la langue de líhomme ne peut exprimer : ¿ cÙtÈ de ce qui mía ÈtÈ rÈvÈlÈ, tout ce que jíai Ècrit et dit míapparaÓt comme rienª. L'extase met fin aux recherches thÈologiques du saint Docteur et plus jamais saint Thomas, qui meurt cette mÍme annÈe, ne dicta quoi que ce soit ‡ frËre †RÈginald est compilÈ ‡ partir du Commentaire du livre des Sentences, et traite de la pÈnitence, de l'ordre, du mariage, de l'extrÍme‐onction et surtout des fins derniËres. ´ Il succËde ‡ Saint Thomas d'Aquin au couvent de Naples. Il meurt entre 1285 et 1295 ‡ Anagni. On trouve mention de frËre Reginald dans les explicit de saint Thomas : ´ Fin du vingt‐sixiËme Opuscule, c'est‐‡‐dire De l'astrologie, d'aprËs saint Thomas d'Aquin, au trËs cher frËre Reginald son confrËre bien‐aimÈ ª. Reginald écrivait à propos de Thomas: ´Tant qu'il vÈcut, mon MaÓtre m'empÍchait de rÈvÈler les merveilles dont j'ai ÈtÈ le tÈmoin. Il devait moins sa science ‡ l'effort de son esprit qu'‡ la puissance de sa priËre. Toutes les fois qu'il voulait Ètudier, discuter, enseigner, Ècrire ou dicter, il recourait d'abord au secret de l'oraison, pleurant devant Dieu pour trouver dans la vérité les secrets divins, et par l'effet de cette priËre Ètant avant l'oraison dans l'incertitude, il s'en revenait instruitª ´ Bibliographie : Mauro Turrini.‐ RÈginald de Piperno et le texte original de la Tertia Pars de la Somme de thÈologie de saint Thomas d'Aquin.‐ Vrin.‐ 1989.‐ P. 233‐247 .‐ in Revue des sciences philosophiques et théologiques.‐ avril 1989, tome 73, n ∞ 2. Sermons de RÈginald Piperno .‐ Dondaine A. ‐ Biblioteca Apostolica Vaticana Sur PersÈe. Antoine Dondaine .‐Secrétaires de saint Thomas.‐ Rome, 1956.‐ (Publications de la Commission léonine pour Ve Èdition des úuvres de saint Thomas ďAquin). Pierre Mandonnet, Des Ècrits authentiques de saint Thomas d'Aquin, Revue thomiste, L'åuvre de Saint‐Paul, 1909‐1910 Tiziana Suarez‐Nani, "Reginald von Piperno", in: J. Vijen, Thomistenlexikon, Vienne, 2006. AbrÈgÈ de thÈologie ou Bref rÈsumÈ de thÈologie pour le frËre Raynald, Thomas d'Aquin (saint) : Compendium theologiae introduction .‐traduction franÁaise et annotations par Jean‐Pierre Torrell, Le Cerf, collection ´ Dictionnaires ª.‐ao˚t 2007. Livre Ècrit ‡ la demande de Reginald de Piperno ª Cíest ce FrËre Reginald, auquel Thomas díAquin síadresse en líappelant ´ mon fils ª, dans le texte alchimique qui lui est faussement attribuÈ‐ le Tractatus D. Th. De Aquina† datus fratri Reinaldo in Arte Alchimiae(trad. franÁaise, Paris, Chamuel, 1898) †car on y cite des traitÈs alchimiques bien plus tardifs‐ qui aurait pu, selon nous, inspirer le ton et le concept mÍme de la PrÈface de Nostradamus ‡ son fils, quíil síagisse díúuvres authentiques ou controuvÈes de Thomas díAquin. Cette Lettre sur líalchimie, reprise dans notre prÈcÈdente Ètude, et considÈrÈe le plus souvent comme un faux fait pendant ‡ une autre sur líastrologie qui est, quant ‡ elle, acceptÈe comme authentique et que nous reproduisons ci‐aprËs. Le fait que RÈginald soit le dÈdicataire de cette lettre est toutefois dÈbattu. (on connait deux textes alchimiques de Thomas díAquin, tous deux figurant in† Thomas d'Aquin, TraitÈ de la pierre philosophale, traduit du latin pour la premiËre fois et prÈcÈdÈ d'une introduction (anonyme) ( Ed. Chamuel, Paris, 1898) 110 pp. En revanche, le texte alchimique fut bel et bien publiÈ ‡ líadresse du dit FrËre. On en prÈsente ici un texte bilingue (trad. franÁais de Pierre Monat, 2007) comme probable interlocuteur díune lettre du Docteur AngÈlique. Mais ce texte níoffre quant ‡ lui aucun caractËre de ressemblance avec la PrÈface ‡ CÈsar si ce níest quíil traite díastrologie. La forme ´ mon fils ª ‐ou plutÙt son Èquivalent latin ne figure pas. † † Prooemium Prologue [69900] De iudiciis astrorum, Les arrÍts des astres. Quia petisti ut tibi scriberem an liceret Puisque tu m'as demandÈ de t'Ècrire s'il iudiciis astrorum uti, tuae petitioni Ètait permis d'avoir recours aux arrÍts des satisfacere volens, super ea quae a astres, Ètant donnÈ que je voulais sacris doctoribus traduntur, scribere satisfaire ‡ ta demande, j'ai pris soin curavi. d'Ècrire ce qui nous a ÈtÈ transmis l‡‐ dessus par les saints docteurs. Les influences physiques des astres [69901] In primis ergo oportet te scire, Tout d'abord, il te faut savoir que la quod virtus caelestium corporum ad puissance des corps cÈlestes s'Ètend immutanda inferiora corpora se jusqu'‡ modifier les corps infÈrieurs. extendit. Dicit enim Augustinus, V de Augustin (CitÈ de Dieu, 5,‐) dit : ´ on peut civitate Dei: non usquequaque absurde soutenir sans aucune absurditÈ que dici potest, ad solas corporum certains souffles astraux parviennent ‡ differentias afflatus quosdam sidereos provoquer des variations dans les corps ª. pervenire. Et ideo si aliquis iudiciis DËs lors, si on a recours aux arrÍts des astrorum utatur ad praenoscendum astres pour connaÓtre d'avance des effets corporales effectus, puta tempestatem physiques, par exemple tempÍte et temps et serenitatem aeris, sanitatem vel calme, santÈ ou maladie du corps, infirmitatem corporis, vel ubertatem et abondance et pauvretÈ des rÈcoltes et sterilitatem fructuum, et cetera toutes les choses de ce genre, qui huiusmodi quae ex corporalibus et dÈpendent de causes physiques et naturalibus causis dependent, nullum naturelles, il est clair qu'il n'y a pas de videtur esse peccatum. pÈchÈ. Nam omnes homines circa huiusmodi De fait, tous les hommes, quand il s'agit de effectus aliqua observatione utuntur faits de ce genre, ont recours ‡ caelestium corporum: sicut agricolae l'observation des corps cÈlestes : ainsi les seminant et metunt certo tempore, quod paysans sËment et moissonnent ‡ un observatur secundum motum solis; moment donnÈ, qui est dÈterminÈ d'aprËs nautae navigationes vitant in plenilunio, le mouvement du soleil ; les marins Èvitent vel in lunae defectu; medici circa de naviguer ‡ la pleine lune ou en Èclipse aegritudines criticos dies observant, qui de lune ; les mÈdecins, en face des determinantur secundum cursum solis maladies, respectent des jours critiques et lunae. qui sont dÈterminÈs par la course du soleil ou de la lune. LÈgitimitÈ de líastronomie et danger de l ªíastrologie Unde non est inconveniens secundum C'est pourquoi il n'est pas condamnable aliquas alias occultiores observationes d'avoir recours, en suivant d'autres stellarum circa corporales effectus uti observations moins visibles sur les Ètoiles, astrorum iudicio. Hoc autem omnino d'avoir recours aux arrÍts des astres en tenere oportet, quod voluntas hominis matiËre de phÈnomËnes physiques. non est subiecta necessitati astrorum; Toutefois, il faut absolument maintenir que alioquin periret liberum arbitrium: quo la volontÈ de l'homme n'est pas soumise ‡ sublato non deputarentur homini neque une fatalitÈ astrale ; sans cela, ce serait la bona opera ad meritum, neque mala ad fin du libre arbitre ; et si on le supprimait, culpam. Et ideo certissime tenendum est ni les bonnes actions ne seraient alors cuilibet Christiano, quod ea quae ex comptÈes comme un mÈrite pour l'homme, voluntate hominis dependent, qualia ni les mauvaises comme une faute. Et c'est sunt omnia humana opera, non ex pourquoi tout chrÈtien doit soutenir necessitate astris subduntur: et ideo fermement que tout ce qui dÈpend de la dicitur Ierem. X, 2: a signis caeli nolite volontÈ humaine, c'est le cas de toutes les metuere, quae gentes timent. actions humaines, ne dÈpend pas d'une fatalitÈ astrale : c'est pourquoi il est dit (JÈr. 10,2) : ´ ne craignez rien des signes du ciel que redoutent les nations ª. Le risque du diable Sed Diabolus ut omnes pertrahat in Mais le Diable, afin d'entraÓner tous les errorem, immiscet se operibus eorum hommes dans l'erreur, se mÍle aux actions qui iudiciis astrorum intendunt. Et ideo de ceux qui prÍtent attention aux arrÍts des Augustinus dicit in II super Gen. ad astres. C'est pourquoi Augustin dit (Gen. ad litteram: fatendum, quando ab Litt. II) : ´ il faut reconnaÓtre que, quand astrologis vera dicuntur, instinctu des choses vraies sont dites par les quodam occultissimo dici, quem astrologues, elles sont dites sous l'effet nescientes humanae mentes patiuntur: d'une inspiration bien cachÈe, ‡ laquelle quod cum ad decipiendos homines fit, les esprits humains sont soumis sans le spirituum immundorum et seductorum savoir ; comme cela se fait pour tromper operatio est; quibus quaedam vera de les hommes, c'est une opÈration des temporalibus rebus nosse permittitur. esprits immondes et trompeurs, auxquels Et ideo Augustinus dicit in II de doctrina il est permis de savoir un certain nombre Christiana, quod huiusmodi de choses vraies sur les rÈalitÈs observationes astrorum referendae sunt temporelles. C'est pourquoi Augustin dit ad quaedam pacta cum Daemonibus (Doct. chr. II) que ce genre de rÈussites des habita. astres doit Ítre mis sur le compte de pactes passÈs avec les DÈmons. Est autem omnino Christiano vitandum Le chrÈtien doit absolument Èviter de pactum vel societatem cum Daemonibus passer un pacte ou une alliance avec les habere, secundum illud apostoli, I dÈmons, selon le mot de l'ApÙtre (I Cor. Corinth. X, 20: nolo vos fieri socios 10,20) : Je ne veux pas que vous deveniez Daemoniorum. Et ideo pro certo alliÈs des DÈmons. Voil‡ pourquoi il faut tenendum est, grave peccatum esse, tenir pour assurÈ que c'est un grave pÈchÈ circa ea quae a voluntate hominis d'avoir recours aux arrÍts des astres ‡ dependent, iudicio astrorum uti. propos de ce qui dÈpend de la volontÈ de l'homme. La source qui aurait ainsi servi ‡ camper Nostradamus síadressant ‡ son fils ‡ líinstar díun Thomas fut en latin et non en franÁais. Les premiËres dates díimpression connues sont Cologne 1579, chez†† Daniel Van Broekhuiser, ainsi que† Leyde 1598† et †Lyon 1602.† Ces textes seront repris en 1659, au sein du Theatrum Chemicum. †La date de 1579 nous semble tout ‡ fait convenir puisque cela níaurait prÈcÈdÈ que de quelques annÈes la parution de la PrÈface ‡ CÈsar que nous situons au milieu des annÈes 1580. LíidÈe díimaginer une telle Epitre de Nostradamus ‡ son fils fut Èvidemement inspirÈe par le fait que dans un texte disparu mais que Couillard reprend et dont les faussaires devaient disposer, Nostradamus Èvoquait, en 1555, la rÈcente naissance de son fils CÈsar. Cíest díailleurs le texte largement ÈtudiÈ par les nostradamologues comme Robert Benazra, díAntoine Couillard, sieur du Pavillon Les Lorriz (ProphÈties, 1556) ‐ par ailleurs auteur de Contreditz ‡ líencontre de Nostradamus et díautres astrologues (1560)‐ qui servira ‡ constituer la substance de la dite Epitre, ce qui en fait un faux utilisant des ÈlÈments authentiques tout comme le Centiloque, faussement attribuÈ ‡ PtolÈmÈe fut repris du Tetrabiblos.(cf notre Ètude en postface au ´ Centilogue ª de Bourdin, Paris, La Grande Conjonction‐TrÈdaniel, 1993, cf sur la confection des faux, notre ouvrage sur les Protocoles des Sages de Sion, Lyon, Ed. Ramkat, 2002)† ‡ moins que le texte (perdu) que parodie Couillard níait ÈtÈ accessible ‡ líÈpoque. Bien entendu, l'influence de cette lettre sur l'alchimie aura également servi pour la pièce figurant dans le Petit Albert (vers 1722), comme émanant d'Aristée ‐(et non plus de Thomas d'Aquin)‐ récupérant ainsi une pièce elle‐même considérée comme un faux et datant de deux siècles avant notre ère.(Lettre d'Aristée à Philocrate, son frère). C'est donc cette même pièce qui sera reprise par Limojon de Saint Didier, en 1686, étant entendu que la pièce du recueil albertien est plus proche de l'original que celle reprise par la Lettre d'Aristée à son fils, publiée anonymement (avec anagramme) par le dit Limojon[3] (sur la réception de ce traité, cf Der alchemistische Traktat « Von der Multiplikation von pseudo Thomas von Aquinas. Untersuchungen von D Goltz, J. Telle, H. J. Vermeer, Sudhoffs Archiv, Beiheft 19, 1977, pp. 87 et seq) On notera que dans cette lettre‐ que líon pourrait qualifier de ´†mÈmoire†ª pour user díune formule de la PrÈface ‡ CÈsar ‐† Thomas díAquin† laisse entendre quíil a dÈj‡†† transmis díautres informations dans le passÈ. ´†Il ne me reste autre chose que les clefs de la nature que jíay jusquíici conservÈes avec un trËs grand soin†ª. ††Cette idÈe de† transmettre† le ´†restant†ª díun ensemble† se retrouve díailleurs dans líEpÓtre ‡ Henri II, inspirÈe dans sa forme centurique de la PrÈface ‡ CÈsar qui y est mentionÈe†: ´†ces trois Centuries du restant de mes ProphÈties, parachevant la miliade†ª. JHB 31.03.12 La Lettre apocryphe de Saint Thomas d’Aquin sur l’alchimie et ses rapports avec la Lettre d’Aristée à son fils. Par Jacques Halbronn En 1686, dans son édition parue à La Haye en 1686 (puis à Paris, en 1688), Limojon de Saint Didier ne prétend nullement être l’auteur de cette Lettre. C’est là une supposition de Bernard Husson qui pourtant connait les deux textes, celui du Petit Albert et celui de La Lettre d’un philsophe sur le magistère du Grand Œuvre. Ne pourrait‐on en fait remonter au grand disciple d’Albert, à savoir Thomas d’Aquin, lui aussi auteur (prétendu) d’une Lettre sur l’Alchimie ? I La comparaison Petit Albert‐ Limojon de St Didier Nous avons ci‐dessous mis en évidence les différences et les variantes entre les deux documents, en mettant entre crochets ce qui ne figure que chez Limojon et entre parenthèses ce qui ne figure que dans le Petit Albert. Différences assez sensibles si on les compare, par exemple, à celles qui distinguent les diverses versions de la (pseudo) Préface à César de Nostredame par son père. Il est évident que ce travail ne peut se faire sur des traductions car il s’agit de s’assurer que les mots sont globablement les mêmes dans les deux versions et ne dérivent pas d’une autre source. En dépit des différences, les similitudes restent flagrantes. Le paragraphe 5 retiendra particulièrement notre attention. Notons cependant que la version du Petit Albert n’est pas découpée en paragraphes numérotés : 5. « Lors qu'on est [en possession] (sans la possession) de cette clef, les richesses deviennent méprisables ; d'autant qu'il n'y a point de Tresor, qui puisse luy estre comparé. » Il semble bien que la version Petit Albert soit préférable. L’auteur entend que celui qui n’a pas résolu ses problèmes de santé ne peut être heureux de ses richesses. A contrario, celui qui n’a plus à craindre de la maladie peut apprécier les autres plaisirs du monde. Ce que vient confirmer le début du paragraphe suivant figurant à l’identique dans les deux versions, ce qui semble signifier que Limojon ne maîtrise pas son texte et donc qu’il peut difficilement en être l’auteur : 6. En effet dequoy servent les richesses, lors qu'on est sujet à estre affligé des infirmitez humaines ? Le paragraphe 33 ne se retrouve pas dans le Petit Albert : 33. [C'est un secret qui passe la portée de l'esprit de l'homme, sçavoir tirer de l'air, l'Arcane Celeste]. En revanche, les paragraphes 44 et 45 sont beaucoup plus étoffés chez le Petit Albert que dans Limoujon de St Didier : 44. Ajoute (Tu ajouteras) en suite à cet air (cuit) un nouvel air, non en grande quantité; mais autant qu'il luy en faut. (c'est‐à‐dire un peu moins que la première fois. Continue ainsi jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un demi‐bocal d’air liquide qui n’ait point été cuit.) 45. Fais en sorte qu'il (ce qui a été cuit) se liquefie doucement (par fermentation au fumier chaud), [qu'il se pourrisse], qu'il noircisse, qu'il durcisse (s’endurcisse), qu'il s'unisse (s’unifie), qu'il se fixe, & qu'il rougisse. Nous avons été voir dans la littérature alchimique quel usage se faisait de ce « fumier chaud », absent de la Lettre de 1686. On y reviendra plus loin. Au‐delà du paragraphe 50, qui est conclusif chez Limojon, on trouve ce développement uniquement chez le Petit Albert ; (Je t’en laisse un petit échantillon dont la bonté te sera prouvée par la parfaite santé dont je jouis, étant âgé de plus de cent huit ans. Travaille et tu seras aussi heureux que je l’ai été, ainsi que je le souhaite, au nom et par la puissance du Grand Architecte de l’Univers) Les deux versions croisées : 1. Mon Fils, après t'avoir donné la connoissance de toutes choses, & t'avoir apris comment tu dois vivre, & de quelle manière tu dois régler ta conduite par les maximes d'une excellente Philosophie; 2. Aprés t'avoir instruit aussi de tout ce qui regarde l'ordre & la nature de la Monarchie de l'Univers; 3 Il ne me reste autre chose à te communiquer, que les clefs de la nature, que j'ay jusques icy conservées avec un tres grand soin. 4. Entre toutes ces clefs, celle qui ouvre le lieu (saint) fermé (aux plus sublimes génies) tient sans difficulté le premier rang (doit tenir le rang) elle est la source généralement (générale) de toutes choses, & l'on ne doute point que Dieu ne luy ait particulièrement donné une propriété toute Divine. 5. Lors qu'on est en possession (sans la possession) de cette clef, les richesses deviennent méprisables ; d'autant qu'il n'y a point de Tresor, qui puisse luy estre comparé. 6. En effet dequoy servent les richesses, lors qu'on est sujet à estre affligé des infirmitez humaines ? à quoy sont bons (tous) les tresors, lors qu'on se voit terrassé par la mort ? 7. Il n'y a point de richesses qu'il ne faille abandonner, lors que la mort se saisit de nous ; 8. Il n'en est pas de même, quand je possede cette clef ; car pour lors je vois la mort loin de moy, & je suis asseuré que j'ay en mon pouvoir un secret qui m'ôte toute sorte de crainte.(toute l’appréciation des misères de cette vie) 9. J'ay les richesses à commandement, & je ne manque point de Tresor (s); la langueur fuit devant moy, & je retarde les approches de la mort, lors que je possede la clef d'or (dorée du grand œuvre). 10. C'est de cette clef, mon Fils, que je veux te faire mon héritier ; mais je te conjure par le nom de Dieu, & par le lieu Saint qu'il (que j’) habite, de la tenir enfermée dans le cabinet de ton cœur, & sous le sceau du silence. 11. Si tu sçay t'en servir, elle te comblera de biens, & lors que tu seras vieux ou malade, elle te rajeunira, te soulagera, & te guérira: 12. Car elle a la vertu particulière de guérir toutes les maladies (et) d'illustrer (sic) les métaux, & de rendre heureux ceux qui la possedent. 13. C'est cette (une) clef que nos Peres nous ont si fort recommandée sous le lien (sceau) du serment. 14. Apprend donc à la connoître, & ne cesse point de faire du bien au (x) pauvre (s) (à la veuve), & à l'orphelin, & que c'en soit‐là [le sceau &] le véritable caractere. 15. (Sache donc que) Tous les estres qui sont sous le Ciel divisez en especes différentes, tirent leur origine d'un même principe, & c'est à l'air qu'ils doivent tous leur naissance, comme à leur principe commun. 16. La nourriture de chaque chose fait voir quel est son principe ; puisque ce qui soutient la vie, est cela même qui donne l'estre. 17. Le poisson joüit de l'eau, & l'enfant tette (tête) sa mere : l'arbre ne produit aucun fruit lorsque son tronc n'a plus d'humidité. 18. On connoist par la vie le principe des choses, la vie des choses est l'air, & par consequent l'air est leur principe. 19. C'est pour cela que l'air corrompt toutes choses, & comme il leur donne la vie, il la leur ôte aussi de même. 20. Les (le) bois, le fer, les pierres prennent fin par le feu,(et le feu ne peut subsister que par l’air)[ & enfin toutes choses sont reduites en leur premier estat.] 21. Mais telle qu'est la Cause de la corruption, telle (l') est aussi de la generation. 22. Quand par diverses corruptions il arrive enfin que les creatures souffrent, soit par le temps ou par le defaut du sort, l'air (leur) survenant (à leur secours) les guerit [aussi tost ] qu’elles soi(en)t imparfaites, ou languissantes. 23. La terre, l'arbre, & l'herbe languissant par l'ardeur de trop de secheresse, mais toutes choses sont reparées par la rosée de l'air. 24. [Toutefois] (néanmoins) Comme nulle creature ne peut estre reparée & rétablie qu'en sa propre nature, l'air estant la fontaine & la source originelle de toutes choses, il en est aussi pareillement la source universelle. 25. On voit manifestement que la semence, [la vie], la mort, la maladie & le remede de toutes choses sont dans l'air. 26. La nature y a mis tous ses tresors (avec les principes de generation et de corruption de toutes choses), & les y tient renfermez comme sous (derrière) des portes particulieres & secrettes. 27. Mais c'est (véritablement) posséder la clef d'or (dorée) (de ces portes, que de sçavoir ouvrir [ces portes] (assez heureusement), & puiser l'air de l'air. (Cet air) 28. [Car si l'on ignore comment il faut puiser cet air], il est impossible d'acquérir ce qui guérit généralement toutes les maladies, & qui redonne (ou conserve) la vie aux hommes. 29. Si tu désires donc (ô mon fils) de chasser toutes les infirmitez, il faut que tu en cherches le moyen dans la source générale. (primitive et universelle) 30. La nature ne produit le semblable, que par le semblable, & il n'y a que ce qui est (semblable ou) conforme à la nature qui peut faire du bien à la nature. 31. Apprends donc, mon Fils, à prendre l'air ; apprends à conserver la Clef de la nature. 32. les Creatures peuvent bien connoistre l'air; mais pour prendre l'air, il faut avoir la clef de la nature. 33. [C'est un secret qui passe la portée de l'esprit de l'homme, sçavoir tirer de l'air, l'Arcane Celeste]. 34. C'est un grand secret de comprendre la vertu que la nature a imprimée aux choses. Car les natures se prennent par des natures semblables. 35 Un poisson se prend avec un poisson; un oiseau avec un oiseau ;& l'air se prend avec un autre air, comme avec une douce amorce. 36. La neige & la glace sont un air que le froid a congelé, la nature leur a donné la disposition qu'il faut pour prendre l'air. 37. Mets (Tu mettras) une de ces deux choses dans un vase (vaisseau de terre ou de métal qui soit bien) fermé(et bien bouché). Prends (Tu prendras) l'air qui se congele à l'entour (de ce vase) pendant un temps chaud, [recevant] ce qui distille dans un vaisseau profond, (et bien) étroit,(par le col) épais, fort & net, afin que tu puisses faire comme il te plaira, ou les rayons du Soleil, ou de la Lune (c'est‐à‐dire l’or et l’argent). 38. Lors que tu en auras rempli un vase, bouche le bien, de peur que cette celeste éteincelle, qui s'y est concentrée, ne s'envole dans l'air. 39. Emplis de cette liqueur autant de vases que tu voudras ; écoute ensuite ce que tu en dois faire, & garde le silence. 40. Bâtis un fourneau, places y un petit vase moitié plein de l'air (liquide) que tu as pris (recueilli), & scelle (et lute [4] le dit vase) le exactement. 41. Allume ensuite ton feu, en sorte que la plus legere partie de la fumée monte souvent en haut, & que la nature fasse ce que fait continuellement le feu central au milieu de la terre, où il agite les vapeurs de l'air, par une circulation qui ne cesse jamais. 42. Il faut que ce feu soit leger, doux & humide, semblable à celuy d'un oiseau qui couve ses oeufs. 43. Tu dois continuer le feu de cette sorte, & l'entretenir en cet état, afin qu'il ne brûle pas ; mais plûtost qu'il cuise ce fruit aérien, jusques à ce qu'après avoir esté agité de mouvement pendant un long‐temps, il demeure entierement cuit au fond du vaisseau. 44. Ajoute (Tu ajouteras) en suite à cet air (cuit) un nouvel air, non en grande quantité; mais autant qu'il luy en faut.(c'est‐à‐dire un peu moins que la première fois. Continue ainsi jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un demi‐bocal d’air liquide qui n’ait point été cuit.) 45. Fais en sorte qu'il (ce qui a été cuit) se liquefie doucement (par fermentation au fumier chaud), [qu'il se pourrisse], qu'il noircisse, qu'il durcisse (s’endurcisse), qu'il s'unisse (s’unifie), qu'il se fixe, & qu'il rougisse. 46. Ensuite la partie pure estant séparée de l'impure, par le moyen du feu (légitime), & par un artifice tout divin. 47. [Puis] tu prendras une partie [pure] d'air crud, que tu méleras avec la partie pure qui a esté durcie. 48. Tu auras soin que le tout se dissolve & s'unifie (s’unisse), qu'il devienne médiocrement noir, (puis) blanc, [dur], & enfin parfaitement rouge. 49. C'est icy la fin de l'Oeuvre, & tu as fait cet elixir qui produit toutes les merveilles (que nos Sages devanciers ont eu raison de tant estimer [ que tu as vues] 50. Et tu possedes (posséderas) par ce moyen la clef d'or (dorée), du plus inestimable secret de la nature, l' (le vrai) or potable (et) la médecine universelle,[ & un tresor inépuisable.] ( Je t’en laisse un petit échantillon dont la bonté te sera prouvée par la parfaite santé dont je jouis, étant âgé de plus de cent huit ans. Travaille et tu seras aussi heureux que je l’ai été, ainsi que je le souhaite, au nom et par la puissance du Grand Architecte de l’Univers ) II Le texte alchimique attribué à St Thomas d’Aquin Abordons à présent un ouvrage qui s’est offert à nous à propos du « fumier chaud ». Ce n’est autre que’ le TRAITÉ DE SAINT THOMAS D’AQUIN SUR L’ART DE L’ALCHIMIE. Dédié au frère Reinaldus (Reginald). Rappelons que Thomas fut le disciple d’Albert le Grand qui est cité à deux reprises, fort élogieusement. Or, dans ce traité considéré comme apocryphe, Thomas s’adresse au frère Reinaldus en l’appelant, plusieurs fois, « mon fils », usage bien connu et qui n’implique aucun lien de parenté. CHAPITRE I A tes prières assidues, mon très cher frère, je me propose de te décrire en ce bref traité divisé en huit chapitres, certaines règles simples et efficaces pour nos opérations, ainsi que le secret des véritables teintures ; mais auparavant je t’adresse trois recommandations. Premièrement : ne prête pas beaucoup d’attention aux paroles des Philosophes modernes ou anciens qui ont traité de cette science, parce que l’Alchimie consiste entièrement dans la capacité de l’entendement et dans la démonstration expérimentale (37). Les Philosophes voulant cacher la vérité des sciences, ont parlé presque toujours figurativement. Deuxièmement : n’apprécie jamais ni n’estime la pluralité des choses ni les compositions formées de substances hétérogènes (38), car la nature ne produit rien que par les semblables, et quoique le cheval et l’âne produisent le mulet, ce n’en est pas moins une génération imparfaite, comme celle qui peut se produire par hasard exceptionnellement avec plusieurs substances. Troisièmement : ne sois pas indiscret, mais surveille tes paroles, et comme un fils prudent, ne jette pas les perles aux pourceaux. Conserve toujours présente à ton esprit la fin pour laquelle tu as entrepris l’œuvre. Tiens pour certain que si tu gardes constamment devant tes yeux ces règles qui me furent données par Albert‐le‐Grand, tu n’auras rien à quémander aux Rois et aux grands, mais, au contraire, les Rois et les grands te couvriront d’honneurs (39). Tu seras admiré de tous, en servant par cet art les Rois et les Prélats, car non seulement tu subviendras à leurs besoins mais encore tu subviendras à ceux de tous les indigents, et ce que tu donneras ainsi vaudra dans l’éternité autant qu’une prière. Que ces règles soient donc gardées au fonds de, ton cœur sous un triple sceau inviolable, car dans mon autre livre, donné au vulgaire, j’ai parlé en philosophe, tandis qu’ici, confiant en ta discrétion, j’ai révélé les secrets les plus cachés. CHAPITRE II DE L’OPERATION Comme l’enseigne Avicenne dans son épître au roi Assa, nous cherchons à obtenir une substance véritable au moyen de plusieurs intimement fixées, laquelle substance étant placée dans le feu, l’entretienne et l’alimente, et qui soit en outre pénétrative et ingressive, qui teigne le mercure et les autres corps; teinture très véritable, ayant le poids requis et surpassant par son excellence tous les trésors du monde. Pour faire cette substance, comme le dit Avicenne, il faut avoir de la patience, du temps et les instruments nécessaires. De la patience, parce que selon Geber, la précipitation est l’œuvre du diable; aussi celui qui n’a pas de patience doit suspendre tout travail. Du temps, parce que dans toute action naturelle résultant de notre art, le moyen et le temps sont rigoureusement déterminés . Des instruments, nécessaires non pas en grand nombre comme on le verra dans la suite, puisque notre œuvre s’accomplit au moyen d’une $chose, d’un vase, d’une seule voie et d’une seule opération (in una re, uno vase, una via et una operatione) comme l’enseigne Hermès. Il est permis de former la médecine de plusieurs principes agglomérés; toutefois, il n’est besoin que d’une matière et d’aucune chose étrangère, sinon du ferment blanc ou rouge. Toute l’Œuvre est purement naturelle; il suffit d’observer les diverses couleurs suivant le temps où elles apparaissent. Le premier jour, il faut se lever de grand matin et de voir si la vigne est en fleurs et se transforme en tête de corbeau; puis elle passe par diverses couleurs entre entres lesquelles il faut remarquer le blanc intense parce que c’est celle‐là que nous attendons et qui révèle notre roi, c’est‐à‐dire 1 ‘élixir ou la poudre simple, lui a autant de noms qu’il y a de choses au monde. Mais Pour terminer en peu de mots notre matière ou magnésie est appelée Terre d’Espagne ou Antimoine, mais remarque bien que je ne désigne pas par‐là le mercure commun dont se servent les sophistes et qui ne donne qu’un résultat médiocre, malgré les grandes dépenses qu’il occasionne, et s’il te plaisait de travailler avec lui, tu parviendrais incontestablement à la vérité, mais après une interminable coction et digestion Suis donc Plutôt le bienheureux Albert le Grand, mon maître, et travaille avec le vif argent minéral, car en lui seul est le secret de l’œuvre. Puis, tu opéreras la conjonction des deux teintures, blanche et rouge, provenant des deux métaux parfaits qui, seuls, donnent une teinture parfaite; le mercure ne communique cette teinture qu’après l’avoir reçue; c’est pourquoi en les mêlant toutes deux, elles se mélangeront mieux avec lui et le pénétreront plus intimement. DE LA COMPOSITION DU MERCURE ET DE SA SÉPARATION Et quoique notre œuvre s’achève au moyen de notre mercure seul, il a besoin néanmoins du ferment rouge ou blanc ; il se mêle alors facilement avec le Soleil et la Lune, car ces deux, corps participent beaucoup de sa nature et sont aussi plus parfaits que les autres. La raison est que les corps sont plus parfaits suivant qu’ils contiennent plus de mercure. Ainsi le Soleil et la Lune, en contenant plus que les autres, se mêlent au rouge et au blanc et se fixent dans le feu, parce que c’est le mercure seul qui parfait l’Œuvre en lui, nous trouvons tout ce qui nous manque pour notre œuvre, sans que nous ayons besoin d’y rien ajouter. Le Soleil et la Lune ne lui sont pas étrangers, parce qu’ils sont réduits dès le commencement de l’Œuvre, en leur matière première, c’est‐à‐dire en mercure; ils tiennent donc de lui leur origine. Certains s’efforcent de parachever l’Œuvre au moyen du seul mercure ou de la simple magnésie, les lavant dans le vinaigre très aigre, les cuisant dans l’huile, les sublimant, les brûlant, calcinant, distillant ; extrayant leur quintessence, les mettant à leur torture par les éléments et une infinité d’autres supplices (martyrizationibus) croyant que leur opération leur sera très profitable; et finalement, ils n’en tirent qu’un résultat modique. Mais crois‐moi, mon fils, tout notre mystère consiste seulement dans le régime et la distribution du feu et dans la direction intelligente de l’Œuvre. Nous n’avons que peu de chose à faire, c’est la vertu du feu bien dirigé qui opère sur notre œuvre , sans que nous ayons grand travail, ni grande dépense, car je suppose que lorsque notre pierre était dans son état premier, c’est‐à‐dire Eau première, ou Lait de la Vierge, ou Queue de dragon on l’ait dissoute, elle se calcine alors, se sublime, se distille, se réduit, se lave, se congèle elle‐même et par la vertu du feu bien proportionné s’achève seule dans un vase unique sans aucune autre opération manuelle. Sache donc, mon fils comment les philosophes ont parlé figurativement des opérations manuelles et afin que tu sois assuré de la purgation de notre mercure, je t’en enseignerai la simple préparation. Pends donc du mercure minéral ou Terre d’Espagne ou Antimoine ou Terre noire, ce qui est la même chose et qui n’ait été employé auparavant à aucune autre œuvre. Prends en vingt‐cinq livres ou un peu plus et fais les passer par drap de lin un peu épais, et ceci est le véritable lavage (lotio vera). Regarde bien après l’opération s’il ne reste aucune ordure ou scorie, car alors le mercure, ne, pourrait être employé à notre œuvre. Si rien n’apparaît, tu peux le juger excellent. Remarque bien qu’il n’est besoin de rien ajouter à ce mercure et que l’œuvre peut être ainsi achevée. DE LA MANIERE DE FAIRE L’AMALGAME Puisque notre Œuvre s’accomplit par le seul mercure sans l’addition d’aucune autre matière étrangère, je traiterai brièvement de la manière de faire l’amalgame. Car ceci est très mal compris de beaucoup de philosophes qui croient que l’œuvre peut s’accomplir par le seul mercure sans être pourtant uni à sa sœur ou sa compagne (compar ejus) Je te dis donc avec assurance que tu dois travailler avec le mercure uni à son compagnon, sans ajouter, aucune matière étrangère au mercure, et sache que l’Or et, l’Argent ne sont pas étrangers au mercure, mais au contraire participent plus de sa nature que tous les autres corps. C’est pourquoi réduit en leur première nature, on les appelle sœurs ou compagnes du mercure, car de leur composition et de leur fixation, résulte le lait de la Vierge. Si tu comprends clairement ceci et si tu n’ajoutes rien d’étranger au mercure, tu obtiendras la réalisation de tes vœux. DE LA COMPOSITION DU SOLEIL ET DU MERCURE Prends le soleil commun bien épuré, c’est‐à‐dire chauffé au feu ce qui donne le ferment rouge; prends en deux onces et coupe‐le en petits morceaux avec les pinces; ajoute quatorze onces de mercure que tu exposeras au feu dans une tuile creuse, puis dissous l’or en le remuant avec une baguette de bois. Lorsqu’il sera bien dissout et mêlé, place‐le tout dans l’eau claire et dans une écuelle de verre ou de pierre, lave le et nettoie‐le jusqu’à ce que la noirceur s’en aille de l’eau alors si tu y prends garde, tu entendras la voix de l’oiseau (vox turturis) dans notre terre. Et lorsqu’elle sera bien purifiée, place l’amalgame dans un morceau cuir bien lié à sa partie supérieure en forme de sac, puis tu presseras fortement pour qu’il passe au travers. Lorsque deux auront été ainsi pressées les quatorze qui restent sont aptes à être employées à notre opération. Prends bien garde de n’en extraire que deux onces ni plus ni moins. S’il y en avait plus, retranches‐en ; s’il y en avait moins ajoute. Et ces 2 onces ainsi exprimées, et qui sont appelées lait de la Vierge, tu les réserveras pour la deuxième opération. Transvase maintenant la matière dans un vase de terre et mets ce vase dans le fourneau décrit ci‐dessus. Puis ayant allumé une lampe au‐dessous, chauffe ainsi avec ardeur nuit et jour sans jamais éteindre. Que la flamme soit entièrement enfermée et environne l’athanor qui sera bien fixé sur le lut de sapience. Si après un mois ou deux tu as observé les fleurs éclatantes et les couleurs principales de l’œuvre c’est‐à‐dire la noire, la blanche, la citrine et la rouge, alors sans aucune autre opération de tes mains, par la direction du seul feu, ce qui était manifeste sera et ce qui était caché sera manifeste. C’est pourquoi notre matière parvient d’elle‐même à l’élixir parfait, se convertissant en une poudre très subtile appelée terre morte ou homme mort dans le sépulcre ou magnésie sèche; cet esprit est caché dans le sépulcre, et l’âme en est presque séparée. Lorsque vingt‐six semaines se sont écoulées depuis le commencement de l’œuvre, alors ce qui était grossier deviendra subtil, ce qui était rude deviendra mou, ce qui était doux deviendra amer et par la vertu occulte du feu la conversion des principes sera achevée. Lorsque tes poudres seront complètement sèches et que tu auras achevé ces opérations, tu essaieras la transmutation du mercure; ensuite je t’enseignerai les deux autres opérations parce qu’une partie de notre œuvre ne peut encore transmuer que sept parties de mercure bien épuré. DE L’AMALGAME AU BLANC On suit la même méthode pour obtenir 1e ferment blanc ou ferment de la Lune. On mélange ce ferment blanc avec sept parties de mercure bien épuré comme on a fait pour le rouge. Car dans l’œuvre au blanc il n’entre aucune autre matière que le blanc et dans l’œuvre au rouge aucune autre que le rouge ; de même notre eau devenant rouge ou blanche suivant le ferment ajouté et le temps employé à l’œuvre, on peut teindre le mercure au blanc comme on l’a fait pour le rouge. Remarquons en outre que l’argent en feuilles est plus utile ici que l’argent en lingot (argentum massale) par ce qu’il se lie plus facilement au mercure et se doit amalgamer avec le mercure froid et non pas chaud. Ici beaucoup ont erré en dissolvant leur amalgame dans l’eau forte la composition de l’eau forte, ils reconnaissent qu’elle ne peut que la détruire. D’autres, voulant travailler avec l’or ou l’argent selon les règles de ce livre, errent en disant que le soleil n’a pas d’humidité selon les de té, et le font dissoudre dans l’eau corrosive puis le laisse digérer dans un vaisseau de verre bien fermé pendant quelques mois; mais il vaut mieux au contraire que la quintessence soit extraite par la vertu du feu subtil, dans un vase de circulation appelé à cause de cela Pélican . Le soleil minéral ainsi que la Lune sont mêlés de tant d’immondices que leu purification est, nécessaire et n’est pas une œuvre de femmes ni un jeu d’enfants; au contraire la dissolution, la calcination et les autres opérations pour le parachèvement du grand Œuvre sont un travail d’hommes robustes . DE LA SECONDE ET DE LA, TROISIEME OPERATION Cette première, partie, achevée, procédons à l’accomplissement de la seconde. Il faut ajouter sept parties de mercure, au corps obtenu dans notre première œuvre et appelé Queue de, dragon ou Lait de la Vierge. Fais passer, le tout à travers le cuir et retiens‐en sept parties; lave et mets‐le tout dans le vase de fer, puis dans le fourneau comme tu as fait la première fois et tu y emploieras le même temps ou à peu près, jusqu’à ce que la poudre soit de nouveau formée. Tu la recueilleras et tu la trouveras beaucoup plus fine et subtile que la première parce qu’elle est plus digérée. Une partie en teint sept fois sept en Elixir. Procède alors à la troisième opération comme tu as fait pour la première et pour la seconde ; ajoute au poids de la poudre obtenue dans la seconde opération sept parties de mercure épuré et mets‐le dans le cuir de telle sorte qu’il en reste sept parties du tout, comme ci‐dessus. Fais cuire le tout de nouveau, réduis en poudre très subtile, laquelle projetée sur le mercure en teindra sept fois quarante‐neuf parties, ce qui fait trois cent quarante‐trois parties. La raison en est que plus notre médecine est digérée, plus elle devient subtile; plus elle est subtile, plus elle est pénétrative; et plus elle est pénétrative, plus elle transmue de matière. Pour finir, remarque bien que si l’on n’a pas de mercure minéral, on peut indifféremment travailler avec le mercure commun ; quoique ce dernier n’ait pas la même valeur, il donne néanmoins un bon profit. DE LA MANIERE DE TRAVAILLER LA MATIERE ou MERCURE Passons maintenant à la teinture du mercure. Prends une coupelle d’orfèvre et enduis en un peu l’intérieur avec de la graisse et places‐y notre, médecine suivant la proportion requises le tout sur feu lent, et lorsque le, mercure commence à fumer projette, la médecine enfermée dans de la cire propre ou dans du papier (papyrus) et prends un gros charbon embrasé et spécialement préparé pour cet usage que tu mettras sur le fond du creuset; puis donne un feu violent, et lorsque tout sera liquéfié, tu projetteras clans un tube enduit de graisse et tu auras de l’or ou de l’argent très fins suivant le ferment que tu aura ajouté. Si tu veux multiplier la médecine, opère avec le fumier de cheval suivant le moyen que je t’ai déjà enseigné oralement comme tu le sais, et que je ne veux pas écrire, parce que c’est un péché de révéler ce secret aux hommes du siècle qui recherchent la science plutôt par vanité que dans le but du bien et pour l’hommage dû à Dieu, auquel gloire et honneur soient dans les siècles des siècles. Amen ! Remarque bien que j’ai toujours vu accomplir par le Bienheureux Albert le Grand cet œuvre que je viens de décrire en style vulgaire, au moyen de la terre Hispanique ou Antimoine, mais je te conseille de n’entreprendre que le petit Magistère que je t’ai brièvement décrit, dans lequel il n’y a nulle erreur et qui s’accomplit avec peu de dépense, peu de travail, et en peu de temps ; alors tu arriveras à la fin désirée. Mais, mon très cher frère n’entreprends pas le Grand Magistère, parce que pour ton salut et pour le devoir de la Prédication du Christ, tu dois plutôt attendre les richesses éternelles que les biens terrestres et temporels. Ici finit le Traité de Saint­Thomas sur la multiplication alchimique, dédié à son frère et ami, le Frère Reinaldus pour le Thesaurus secretissimus. Nous terminerons par cette réflexion : est‐ce que la forme « mon fils » que l’on trouve dans la Préface (centurique) à César, dans le Petit Albert et dans la Lettre « au sujet de ce qu’Aristée a laissé par écrit à son fils, touchant le magistère ne trouvent point leur origine dans ce pseudépigraphe attribué à Thomas d’Aquin. Mais dans ce cas, pourquoi ce recours à Aristée ? Parce qu’il est l’auteur (prétendu) d’une Lettre célèbre (adressée à son frère Philocrate). Ce genre d’amalgame est assez courant chez les faussaires. L’ouvrage de notre regretté ami Serge Hutin (Nostradamus et l’alchimie, Ed. du Rocher 1988) montre assez la marque de la culture alchimique en plus d’un quatrain (on pense, entre autres, à ce quatrain où Jupiter est désigné par l’étain (et non l’estang (cf aussi V. Derkaoui, Le Grand Œuvre er l’allégorie alchimique de Nostradamus, ed/ OSSMI, 1993, pp. 81 et seq). Selon nous, parmi les rédacteurs du corpus centurique devait figurer un personnage imprégné de littérature alchimique et c’est lui qui aurait eu, notamment, l’idée de cette Lettre de Nostradamus à son fils. Faut‐il rappeler que si Nostradamus mentionne son fils dans un texte repris par Antoine Couillard (Prophéties, 1556), il ne s’agissait pas alors d’une épitre à lui dédiée comme ce sera le cas dans les contrefaçons des années 1580. En vérité, le corpus centurique est fort hétéroclite et hétérogène et mérite vraiment d’être qualifié de compilation, allant de la géographie des pèlerinages à l’alchimie des grimoires, des emprunts au Livre de l’Estat et mutation de Richard Roussat comme au Compendium de Savonarole. Y voir l’expression d’un seul auteur et d’une seule et même époque historique nous semble bien vain. JHB 28. 03. 11 La Préface à César et la Lettre (alchimique) d’Aristée à son fils Par Jacques Halbronn A la fin du XVIIe siècle, le genre épistolaire campant un père s’adressant à son fils allait s’enrichir d’un nouveau fleuron, voué à une assez jolie carrière. A la lettre de Nostradamus à son fils César allait faire pendant une lettre d’Aristée à son fils dont on peut penser qu’elle fut inspirée par la première. Il semble que ce soit la première fois qu’un tel paralléle ait été proposé. Hutin n’évoque pas ce point dans son Nostradamus et l’Alchimie. En ce sens, les multiples éditions de cette (pseudo) Lettre d’Aristée font partie intégrante du champ nostradamique.. Dans un premier temps, nous comparerons les textes et dans un deuxiéme temps nous aborderons certains problémes de chronologie bibliographique. Et enfin, l’on examinera l’original antique dont Nostradamus a pu s’inspirer. I Le texte de 1686 En 1686, parut, sous un anagramme Dives sicut ardens, un ouvrage d’ Alexandre Toussaint de Limojon, Sieur de Saint‐Didier [1630‐]. la Lettre d'un philosophe, sur le secret du grand oeuvre. Ecrite au sujet des instructions qu'Aristée à laissées à son fils, touchant le magistere philosophique.. Paris: chez Laurent d'Houry, 1686. La Lettre, censée traduite (« Paroles d'Aristée à son Fils, faite sur la prose rimée Latine, qui a esté composée sur une copie écrite en caractere, & en langue Schite ») est articulée autour de 50 paragraphes dument numérotés. Nous l’avons fait suivre pour nos lecteurs anglophones de deux traductions anglaises. 1. Mon Fils, après t'avoir donné la connoissance de toutes choses, & t'avoir apris comment tu dois vivre, & de quelle manière tu dois régler ta conduite par les maximes d'une excellente Philosophie; 2. Aprés t'avoir instruit aussi de tout ce qui regarde l'ordre & la nature de la Monarchie de l'Univers; 3 Il ne me reste autre chose à te communiquer, que les clefs de la nature, que j'ay jusques icy conservées avec un tres grand soin. 4. Entre toutes ces clefs, celle qui ouvre le lieu fermé tient sans difficulté le premier rang ; elle est la source généralement de toutes choses, & l'on ne doute point que Dieu ne luy ait particulièrement donné une propriété toute Divine. 5. Lors qu'on est en possession de cette clef, les richesses deviennent méprisables ; d'autant qu'il n'y a point de Tresor, qui puisse luy estre comparé. 6. En effet dequoy servent les richesses, lors qu'on est sujet à estre affligé des infirmitez humaines ? à quoy sont bons les tresors, lors qu'on se voit terrassé par la mort ? 7. Il n'y a point de richesses qu'il ne faille abandonner, lors que la mort se saisit de nous ; 8. Il n'en est pas de même, quand je possede cette clef ; car pour lors je vois la mort loin de moy, & je suis asseuré que j'ay en mon pouvoir un secret qui m'ôte toute sorte de crainte. 9. J'ay les richesses à commandement, & je ne manque point de Tresor; la langueur suit devant moy, & je retarde les approches de la mort, lors que je possede la clef d'or. 10. C'est de cette clef, mon Fils, que je veux te faire mon héritier ; mais je te conjure par le nom de Dieu, & par le lieu Saint qu'il habite, de la tenir enfermée dans le cabinet de ton cœur, & sous le sceau du silence. 11. Si tu sçay t'en servir, elle te comblera de biens, & lors que tu seras vieux ou malade, elle te rajeunira, te soulagera, & te guérira: 12. Car elle a la vertu particulière de guérir toutes les maladies, d'illustrer les métaux, & de rendre heureux ceux qui la possedent. 13. C'est cette clef que nos Peres nous ont si fort recommandée sous le lien du serment. 14. Apprend donc à la connoître, & ne cesse point de faire du bien au pauvre, & à l'orphelin, & que c'en soit‐là le sceau & le véritable caractere. 15. Tous les estres qui sont sous le Ciel divisez en especes différentes, tirent leur origine d'un même principe, & c'est à l'air qu'ils doivent tous leur naissance, comme à leur principe commun. 16. La nourriture de chaque chose sait voir quel est son principe ; puisque ce qui soutient la vie, est cela même qui donne l'estre. 17. Le poisson joüit de l'eau, & l'enfant tette sa mere : l'arbre ne produit aucun fruit lorsque son tronc n'a plus d'humidité. 18. On connoist par la vie le principe des choses, la vie des choses est l'air, & par consequent l'air est leur principe. 19. C'est pour cela que l'air corrompt toutes choses, & comme il leur donne la vie, il la leur ôte aussi de même. 20. Les bois, le fer, les pierres prennent fin par le feu, & enfin toutes choses sont reduites en leur premier estat. 21. Mais telle qu'est la Cause de la corruption, telle l'est aussi de la generation. 22. Quand par diverses corruptions il arrive enfin que les creatures souffrent, soit par le temps ou par le defaut du sort, l'air leur survenant les guerit aussi tost, soit imparfaites, ou languissantes. 23. La terre, l'arbre, & l'herbe languissant par l'ardeur de trop de secheresse, mais toutes choses sont reparées par la rosée de l'air. 24. Toutefois Comme nulle creature ne peut estre reparée & rétablie qu'en sa propre nature, l'air estant la fontaine & la source originelle de toutes choses, il en est aussi pareillement la source universelle. 25. On voit manifestement que la semence, la vie, la mort, la maladie & le remede de toutes choses sont dans l'air. 26. La nature y a mis tous ses tresors, & les y tient renfermez comme sous des portes particulieres & secrettes. 27. Mais c'est posseder la clef d'or, que de sçavoir ouvrir ces portes, & puiser l'air de l'air. 28. Car si l'on ignore comment il faut puiser cet air, il est impossible d'acquerir ce qui guérit généralement toutes les maladies, & qui redonne la vie aux hommes . 29. Si tu desires donc de chasser toutes les infirmitez, il saut que tu en cherche le moyen dans la source générale. 30. La nature ne produit le semblable, que par le semblable, & il n'y a que ce qui est conforme à la nature qui peut faire du bien à la nature. 31. Apprends donc, mon Fils, à prendre l'air ; apprends à conserver la Clef de la nature. 32. les Creatures peuvent bien connoistre l'air; mais pour prendre l'air, il faut avoir la clef de la nature. 33. C'est véritablement un secret qui passe la portée de l'esprit de l'homme, sçavoir tirer de l'air, l'Arcane Celeste. 34. C'est un grand secret de comprendre la vertu que la nature a imprimée aux choses. Car les natures se prennent par des natures semblables. 35 Un poisson se prend avec un poisson; un oiseau avec un oiseau ;& l'air se prend avec un autre air, comme avec une douce amorce. 36. La neige & la glace sont un air que le froid a congelé, la nature leur a donné la disposition qu'il faut pour prendre l'air. 37. Mets une de ces deux choses dans un vase fermé. Prends l'air qui se congele à l'entour pendant un temps chaud, recevant ce qui distille dans un vaisseau profond, étroit, épais, sort & net, afin que tu puisses faire comme il te plaira, ou les rayons du Soleil, ou de la Lune. 38. Lors que tu en auras rempli un vase, bouche le bien, de peur que cette celeste éteincelle, qui s'y est concentrée, ne s'envole dans l'air. 39. Emplis de cette liqueur autant de vases que tu voudras ; écoute ensuite ce que tu en dois faire, & garde le silence. 40. Bâtis un fourneau, places y un petit vase moitié plein de l'air que tu as pris, & scelle le exactement. 41. Allume ensuite ton feu, en sorte que la plus legere partie de la fumée monte souvent en haut, & que la nature fasse ce que fait continuellement le feu central au milieu de la terre, où il agite les vapeurs de l'air, par une circulation qui ne cesse jamais. 42. Il faut que ce feu soit leger, doux & humide, semblable à celuy d'un oiseau qui couve ses oeufs. 43. Tu dois continuer le feu de cette sorte, & l'entretenir en cet état, afin qu'il ne brûle pas ; mais plûtost qu'il cuise ce fruit aérien, jusques à ce qu'après avoir esté agité de mouvement pendant un long‐temps, il demeure entierement cuit au fond du vaisseau. 44. Ajoute en suite à cet air un nouvel air, non en grande quantité; mais autant qu'il luy en faut. 45. Fais en sorte qu'il se liquefie doucement, qu'il se pourrisse, qu'il noircisse, qu'il durcisse, qu'il s'unisse, qu'il se fixe, & qu'il rougisse. 46. Ensuite la partie pure estant séparée de l'impure, pat le moyen du feu, & par un artifice tout divin. 47. Puis tu prendras une partie pure d'air crud, que tu méleras avec la partie pure qui a esté durcie. 48. Tu auras soin que le tout se dissolve & s'unifie, qu'il devienne médiocrement noir, blanc, dur, & enfin parfaitement rouge. 49. C'est icy la fin de l'Oeuvre, & tu as fait cet elixir qui produit toutes les merveilles que tu as vues 50. Et tu possedes par ce moyen la clef d'or, l'or potable, la médecine universelle, & un tresor inépuisable. FIN Traduction anglaise par John O’Brien, conservée en manuscrit à la British Library MS. Sloane 3640 The Words of Father Aristeus to his Son done out of the Scythian character and language into Latin Rhyme. 1 The Knowledge of all things being now explained to you And the way of living and of Governing with the best Philosophy. 2 And the true Monarchy of the World being delivered: 3 There only remains to me the Keys of Nature, which hitherto, my Son, I have taken care of. 4 Of these, the golden Key has the precedence of all the rest which opens what is shut up. It is the fountain of the Work of Universality, Wherein is said to be the great Gift of the Divinity. 5 Riches grow vile, when this is in possession, no treasure ever is compared with this. 6 What are Riches to me, if sickness be a companion? What will Riches profit me, if I'm oppressed with Death? 7 Snatched away by Death, I leave my Treasures. 8 While I hold my Key, Death will be afar off. While I possess the Key, I have the Secret. While I have the Secret, I fear no fear [danger]. 9 Riches are at hand, treasures are not wanting Sickness flies away, Death is tardy, having got the Key. 10 Now, my Son, I'll make you the heir of it. But I conjure you by God [and] his holy Seat, That you keep it closed up near the Cabinet of your heart, And concealed with the seal of Silence. 11 If you use it, it will greatly enrich you If you shall be old or sick, it will heal, ease, renew. 12 By its own Power it cures all sicknesses, It illuminates metals, it blesses [its] possessors. 13 This is it which our forefathers have sworn unto And which they have recommended under the obligation of art. 14 Therefore learn it: do always good unto The indigent Pupil; let this be for a Seal. 15 All things which are beneath the heavens distinguished into several. Are made out of one Principle, All things came out of one Principle, They made all things out of the River [the emanations] of the [...] 16 All nourishments bear witness of their Fountain, Since things live by that by which they are nourished. 17 The fish enjoys the Water, the Infant sucks the Mother Let the tree want moisture, [and] the fruit of the wood flies away. 18 By the Life the beginning of things is known, The Life of things is Air, therefore the beginning of things. 19 Moreover the Air corrupts all Bodies: That which gives the gift of Life, destroys life also. 20 Wood, Iron, Stones are dissolved by Fire And all things are reduced into their first State. 21 But the same is the cause of generation Which (how different is it?) is of Corruption. 22 At last when it happens that Creatures suffer Either by some [long] Time, or by the defect of Fate. The Air relieves them, they are healed by Air, Whether they be imperfect, or rendered infirm. 23 The Earth, a Tree, an Herb languish with ardent heat. Each are amended by the Dew of the Air. 24 Yet since no creature can be repaired But in its own Nature Since Air is the original fountain of all Consequently, it is also the universal Fountain. 25 In this itself the Seed, the Life, the Death, The lanquishing, the remedy, of all things are acknowledge to be plucked. 26 Nature also has included all Treasures In this, and shut it in its proper Doors [enclosure]. 27 It is the golden Key to know how to open The Doors and to draw Air from Air. 28 For it being unknown how the Air is fished, It is impossible it should be gotten, That which cures particular and universal diseases, And calls also Mortals back to Life. 29 For you must seek out the common Fountain If you desire thoroughly to heal all diseases 30 Nature produces like from like. Nature leads forth Nature out of Nature. 31 Learn therefore, my Son, to catch Air, Learn to keep the golden Key of Nature. 32 The Creatures may know the Air But how to catch Air, is the Key of Nature. 33 This is a great Secret and more than Human, To take the heavenly Secret from the Air. 34 This is a great Secret, the inbred power of things. Natures are captivated by their own Species. 35 A fish is caught by a Fish, and a Bird by a Bird, The Air is also taken by a sweet Air. 36 Snow and Ice are Air which cold has congealed. These nature has prepared to catch the Air [again]. 37 Put one of these into a sealed Vessel, And you will catch the Air congealed about [it]. Receive this distilling in another deep little Vessel. Close shut up, thick, strong, clean, In a hot time that you may make The Rays of the Sun, or the Lunar. 38 When the Vessel shall be full, seal up the mouth well least the heavenly Spark fly away into the [open] Air. 39 Fill as many Vessels as you would fill, what you shall do afterwards, learn and be silent. 40 Build a small furnace, fit your vessel Half full of Air [which you have] catched, seal it up. 41 Then kindle a fire, let the pure lighter part of the Fume ascend often; as Nature does, Which always maintains a fire in the middle of the Earth. By which she moves the Vapours of the Air by always circular. 42 Let its fire be gentle and moist, sweet Like [that] wherewith a sitting Bird hatches Eggs. 43 Which keeping always so made That it burn not, but bake [or boil] the golden Fruit; Until for a long time being agitated by motion, It rest baked in the Bottom of the Vessel. 44 To this Air add fresh Air Not too much but a convenient part. 45 Make it gently flow, putrefy, grow black, Grow hard, grow together into one, and being fixed become red. 46 Then the impure part being divided from the pure By the assistance of fire and by divine Art; 47 At length take one part of pure Air With which join again the pure hard part. 48 Let them be dissolved, joined, slightly grow black, Be made white, be hardened, and at last become red. 49 This is the end of the Work; you have made the Elixir Making all the miracles which you have seen. 50 You have the golden Key, potable Gold, The Medicine of all things and perpetual Treasure. II Problémes de chronologie On trouve ce même texte figurant chez Limojon de Saint Didier dans un ouvrage qui connaitra une large diffusion à savoir le Petit Albert. (cf Le Grand et le Petit Albert, Ed. P. Belfond 1982 préface de Bernard Husson pp. 65‐66 et texte pp. 350 et seq). Secrets merveilleux de la Magie Naturelle & Cabalistique du Petit Albert traduit exactement sur l'original latin, intitulé Alberti ParVI LUCII, Libellus de mirabilibus Naturae Arcanis. Enrichi de Figures mistérieuses & la manière de les faire, nouvelle édition Revue et augmentée (édition de 1729 chez les Héritiers de Beringos Fraires à Lyon). Une étude comparative nous conduit à penser que la pièce figurant dans le Petit Albert est dans un état plus ancien que celle reprise par Limojon de Saint Didier (voir une prochaine étude). Dès lors, il ne sera pas exclu de penser que la Préface à César ait pu être marquée par cette Lettre d’Aristée à son fils. Il convient de noter que le texte de Limojon de Saint Didier est bilingue, le français étant censé être traduit du latin qui est placé en vis‐à‐vis. Notons que la Préface à César est truffée de passages en latin. On observera, par exemple, que dans le petit Albert – non divisé en 50 paragraphes numérotés, le texte de la Lettre est plus long que chez Limojon de Saint Didier : ‐il se poursuit ainsi : « Je t’en laisse un petit échantillon dont la bonté te sera prouvée par la parfaite santé dont je jouis, étant âgé de plus de cent huit ans. Travaille et tu seras aussi heureux que je l’ai été, ainsi que je le souhaite, au nom et par la puissance du Grand Architecte de l’Univers » On ne trouve pas non plus chez Limojon, en sa Lettre d’un Philosophe le chapeau introductif qui figure dans le Petit Albert « Si le grand nom d’Aristée n’était pas devenu célébre chez les artistes du grand Œuvre, on aurait peine à croire ce qu’il dit dans un écrit qu’il adresse à son fils pour son instruction dans l’entreprise du grand œuvre philosophique . On découvre à travers les obscurités de cet écrit qu’Aristée a eu la pensée que la pierre mystérieuse des philosophes devait se faire avec l’air condensé et rendu palpable artistement. Voici de quelle manière il instruit son fils sur ce grand sujet’ Ces quelques lignes pourraient militer en faveur de l’antériorité non pas du Petit Albert mais de la dite pièce sans que cela résolve la question de l’auteur de la dite Lettre. En effet cela donne une fin moins abrupte que dans la version de Limojon et renforce d’ailleurs quelque peu la similitude avec l’Epître à César Nostradamus dont les dernières lignes sont « Priant Dieu immortel qu’il te veuille prester une longue et bonne et prospère félicité ». On notera qu’en français le tutoiement confère à ce texte un statut particulier au sein de l’ensemble du recueil. La traduction anglaise de Waite utilise le « thou » et non le « you » comme l’autre traduction. On peut se demander si la formule « Petit Albert » elle‐même, ne se référe pas justement à une filiation du père au fils telle qu’elle est présentée dans cette Lettre à Aristée. Signalons qu’il exista dans l’Antiquité une telle Lettre tout aussi apocryphe,probablement conue en milieu juif, dotée d’un autre contenu et adressé à un frère et non à un fils.(cf J.G. Février La date la composition et les sources de la Lettre d’Aristée à Philocrate Paris, Champion 1924 qui ne signale pas d’apocryphes et Lettre d'Aristée à Philocrate, Introduction, texte critique, traduction et notes, index complet des mots grecs par André Pelletier, éditions du Cerf, Paris, 1962) Version du Petit Albert. Traduction anglaise par A. E Waite en 1893 (Ruland Lexicon of Alchemy). On pourra relever un certain nombre de variantes avec le texte du recueil de Limojon. »My son, after having imparted to thee a knowledge of all things, and after having taught thee how to live, after what manner to regulate thy conduct by the maxims of a most excellent wisdom, and after having also enlightened thee in that which concerns the order and the nature of the monarchy of the universe, it only remains for me to communicate those Keys of Nature which hitherto I have so carefully held back. Among all these Keys, that which is most closely allied to the highest spirits of the universe deserves to take the first rank, and there is no one who questions that it is very specially endowed with an altogether divine property. When one is in possession of this Key, the rich become miserable in our eyes, inasmuch as there is no treasure which can possibly be compared to it. In effect, what is the use of wealth, when one is liable to be afflicted with human infirmities? Where is the advantage of treasures, when death is about to destroy us? There is no earthly abundance which we are not bound to abandon upon the threshold of the tomb. But it is no longer thus when I am possessed of this Key, for then I behold death from afar, and I am convinced that I have within my hands a secret which extinguishes all fear of misfortunes in this life. Wealth is ever at my command, and I no longer want for treasures; weakness flees away from me; and I can ward off the approach of the destroyer while I own this Golden Key of the Grand Work. My son, it is of this Key that I propose to make thee the inheritor; but I conjure thee, by the name of God, and by the Holy Place wherein He dwelleth, to lock it up in the cabinet of thy heart, under the seal of silence. If thou knowest how to make use of it, it will overwhelm thee with good things, and when thou shalt be old or ill, it will rejuvenate, console, and cure thee; for it has the special virtue of curing all diseases, of transfigurating metals, and of making happy those who possess it. It is that Key to which our fathers have often exhorted us under the bond of an inviolable oath. Learn, then, to know it, cease not to do good to the poor, to the widow, to the orphan, and learn its seal of me, and its true character. Know that all beings which are under heaven, each after its own kind, derives origin from the same principle, and it is, as a fact, unto Air that all owe their birth as to a common principle. The nourishment of each existence makes evident the nature of its principle, for that which sustains the life is that which gives the being. The fish joys in the water; the child sucks from its mother. The tree no longer bears fruit when its trunk is deprived of humidity. It is by the life that we discern the principle of things; the life of things is the Air, and by consequence Air is their principle. It is for this reason that Air corrupts all things, and even as it gives life, so also it takes it away. Wood, iron, stones, are consumed by fire, and fire cannot subsist but by Air. Now, that which is the cause of corruption is also the cause of generation. When, by reason of divers corruptions, it comes to pass that creatures fall sick and do suffer, either through length of days or by mischance, the Air coming to their succour cures them, whether they be imperfect or languishing. The earth, the tree, the herb languish under the heat of excessive drought; but all things are recuperated by the dew of the Air. But, nevertheless, as no creature can be restored and re‐established except by its own nature, Air being the fountain and original source of all things, it is in like manner the universal source. It is manifestly certain that the seed, the death, the sickness, and the remedy of all things are all alike in the Air. There has Nature stored up all her treasures, establishing therein the principles of the generation and corruption of all things, and concealing them as behind special and secret doors. To know how to open these doors with sufficient facility so as to draw upon the radical Air of the Air, is to possess in truth the golden Keys, and to be in ignorance thereof precludes all possibility of acquiring that which cures all maladies and recreates or preserves the life of men. If thou desirest then, O my Son, to chase away all thine infirmities, thou must seek the means in the primal and universal source. Nature produces like from like alone, and that only which is in correspondence or conformity with Nature can effect good to her. Learn then, my Son, to make use of Air, learn to conserve the Key of Nature. It is truly a secret which transcends the possibilities of the vulgar man, but not those of the sage, this knowledge of the Extraction of Air, the Celestial Aerial Substance, from Air; for Air may be familiar to all beings, but he who would truly avail himself thereof must possess the secret Key of Nature. It is a great secret to understand the virtue which Nature has imprinted in substances. For natures are attracted by their like; a fish is attracted by a fish ‐ a bird by a bird ‐ and air by another air, as with a gentle allurement. Snow and ice are an air that has been congealed by cold; Nature has endowed them with the qualities which are requisite to attract air. Place thou, therefore, one of these two things in an earthen or metallic vessel, well closed, well sealed, and take thou the Air which congeals round this vessel when it is warm. Receive that which is distilled in a deep vessel with a narrow neck, neat and strong, so that thou canst use it at thy pleasure, and adapt to the rays of the Sun and Moon ‐ that is, Silver and Gold. When thou hast filled a vessel cork it well, so that the heavenly scintillation concentrated therein shall not escape into the air. Fill as many vases as thou wilt with liquid; then hearken to thy next task, and keep silent. Build a furnace, place a small vessel therein, half full of the Liquid Air which thou hast collected ; seal and lute the said vessel effectually. Light thy fire in such a manner that the thinner portion of the smoke may rise frequently above. Thus shall Nature perform that which is continually accomplished by the central fire in the bowels of the earth, where it agitates the vapours of the air by an unceasing circulation. The fire must be light, mild, and moist, like that of a hen brooding over her eggs, and it must be sustained in such a manner that it will cook without burning the aerial fruits, which, having been for a long time agitated by a movement, shall rest at the bottom of the vessel in a state of perfect coction. Add next unto this Cocted Air a fresh air, not in great quantity, but as much as may be necessary; that is to say, a little less than on the first occasion. Continue this process until there shall be no more than half a bowl of Liquid Air uncooked. Proceed in such wise that the cooked portion shall gently liquefy by fermentation in a warm dunghill, and shall in like manner blacken, harden, amalgamate, become fixed, and grow red. Finally, the pure part being separated from the impure by means of a legitimate fire, and by a wholly divine artifice, thou shalt take one part of pure crude Air and one part of pure hardened Air, taking care that the whole is dissolved and united together till it becomes moderately black, more white, and finally perfectly red. Here is the end of the work, and then hast thou composed that elixir which produces all the wonders that our Sages aforetime have with reason held so precious; and thou dost possess in this wise the Golden Key of the most inestimable secret of Nature ‐ the true Potable Gold and the Universal Medicine. I bequeathe unto thee a small sample, the quality and virtues of which are attested by the perfect health which I enjoy, being aged over one hundred and eight years. Do thou work, and thou shalt achieve as I have done. So be it in the name and by the power of the great Architect of the Aniverse. III La comparaison entre les deux Epitres. On se contentera ici d’un rapide survol et laissons à d’autres chercheurs le plaisir de se prêter à un tel exercice. Bien entendu, la répétition de la formule « mon fils » dans les deux cas est frappante ; citons entre autres, «Ton tard advenement César Nostradame mon fils (…) Encores mon fils que j’aye inséré nom de Prophéte (…) Viens à ceste heure entendre, mon fils que je trouve par mes revolutions (…) Car la misericorde de Dieu sera point dispergée, mon fils, que la plupart de mes Propheties seront accomplies » puis « faisant fin, mon fils, prends donc ce don de ton père » Aristée entend transmettre à son fils une certaine « clé » dont le caractère médical est assez patent. Rappelons que Nostradamus était médecin et écrivit sur des sujets relatifs à la conservation de la santé (voir les dernières lignes du texte du recueil du Petit Albert (cf supra)./ « C’est de cette clé mon fils que je veux te faire mon héritier/ Mais je te conjure (…) de la tenir enfermée dans le cabinet de ton cœur et sous le sceau du silence (..) C’est une clé que nos pères nous ont si fort recommandée sous le sceau du serment’. Cette clé c’est « l’or potable et la médecine universelle » On pense à deux lettres dont une serait axée sur l’astrologie et la prophétie et l’autre sur la médecine et l’alchimie. IV La Lettre d’Aristée à son frère Philocrate Cette lettre signalée par Flavius Joséphe se rapporte à la Traduction grecque des Septante et à son inspiration, telle qu’elle fut réalisée à Alexandrie, sous Ptolémée II. Elle connut une large diffusion au XVIe siècle. En 1522, Luis Vives montre qu’il s’agit d’un faux : (In XXII Libros De Civitate Dei Commentaria, Bâle, 1522, sur XVIII, 42). Le texte est signalé par Flavius Josèphe (vers + 90), dans ses Antiquités juives XII, 12‐118. Dans l’édition française (Cerf, 1962) d’André Pelletier, on peut lire le résumé suivant : « Ce qu’on a pris l’habitude d’appeler « La Lettre d’Aristée » est un document juif qui raconte comment la « Loi » des Juifs a été traduite d’hébreu en grec par soixante‐douze savants juifs de Jérusalem venus à Alexandrie vers le milieu du IIIe siècle av. J.‐C. L’auteur y insère une curieuse enfilade de soixante‐douze sentences morales, où des lieux communs de philosophie stoïcienne voisinent avec d’authentiques principes du judaïsme. Ouvrage de propagande à la fois politique et religieuse en faveur des juifs de la Diaspora, la « Lettre » défend l’authenticité littéraire et l’inspiration divine de la version biblique de la Septante, qui sera la première adoptée par tous les chrétiens d’Orient et d’Occident et restera même le texte en usage dans l’Église grecque. » On se servira d’extraits de la traduction anglaise The Letter Of Aristeas, R.H. Charles‐ Editor (Oxford: The Clarendon Press, 1913 ) “Since I have collected Material for a memorable history of my visit to Eleazar the High priest of the Jews, and because you, Philocrates, as you lose no opportunity of reminding me, have set great store upon receiving an account of the motives and object of my mission, I have attempted to draw up a clear exposition of the matter for you, for I perceive that you possess a natural love of learning, 2 a quality which is the highest possession of man ‐ to be constantly attempting 'to add to his stock of knowledge and acquirements' whether through the study of history or by actually participating in the events themselves. It is by this means, by taking up into itself the noblest elements, that the soul is established in purity, and having fixed its aim on piety, the noblest goal of all, it uses this as its infallible guide and so acquires a definite purpose. It was my devotion to the pursuit of religious knowledge that led me to undertake the embassy to the man I have mentioned, who was held in the highest esteem by his own citizens and by others both for his virtue and his majesty and who had in his possession documents of the highest value to the Jews in his own country and in foreign lands for the interpretation of the divine law, for their 4 laws are written on leather parchments in Jewish characters. This embassy then I undertook with enthusiasm, having first of all found an opportunity of pleading with the king on behalf of the Jewish captives who had been transported from Judea to Egypt by the king's father, when he first obtained possession of this city and conquered the land of Egypt. It is worth while that I should tell 5 you this story, too, since I am convinced that you, with your disposition towards holiness and your sympathy with men who are living in accordance with the holy law, will all the more readily listen to the account which I purpose to set forth, since you yourself have lately come to us from the island and are anxious to hear everything that tends to build up the soul. 6 On a former occasion, too I sent you a record of the facts which I thought worth relating about the Jewish race ‐ the record 7 which I had obtained from the most learned high priests of the most learned land of Egypt. As you are so eager to acquire the knowledge of those things which can benefit the mind, I feel it incumbent upon me to impart to you all the information in my power. I should feel the same duty towards all who possessed the same disposition but I feel it especially towards you since you have aspirations which are so noble, and since you are not only my brother in character no less than in blood but are one with me as well in the pursuit of goodness. 8 For neither the pleasure derived from gold nor any other of the possessions which are prized by shallow minds confers the same benefit as the pursuit of culture and the study which we expend in securing it. But that I may not weary you by a too lengthy introduction, I will proceed at once to the substance of my narrative”. (…) I have now, my dear brother Philocrates, given you all the essential information upon this subject 121 in brief form. I shall describe the work of translation in the sequel. (…) For the sake of illustration I will run over one or two 144 points and explain them to you. For you must not fall into the degrading idea that it was out of regard to mice and weasels and other such things that Moses drew up his laws with such exceeding care. All these ordinances were made for the sake of righteousness to aid the quest for virtue and 145 the perfecting of character (…) 295 I have written at length and must crave your pardon, Philocrates. (…) And now Philocrates, you have the complete story in accordance with my promise. I think that you find greater pleasure in these matters than in the writings of the mythologists. For you are devoted to the study of those things which can benefit the soul, and spend much time upon it. I shall attempt to narrate whatever other events are worth recording, that by perusing them you may secure the highest reward for your zeal.” Selon nous la préface à César telle qu’elle figure à partir des années 1580 en tête des quatrains prophétiques a pu s’inspirer de ce document dans sa conception sinon en son contenu qui narre notamment un certain nombre de pratiques juives, telles que les lois alimentaires..En ce qui concerne le texte de Michel de Nostredame repris en partie par Antoine Couillard, nous ne le connaissons que par des fragments. Rappelons que l’Epître à Henri II emprunta également un certain mode de présentation. On a là deux styles : d’un côté, celui du courtisan qui se prosterne devant son souverain pour lui offrir un modeste présent et de l’autre, celui du frère ou du père qui livre à son parent un savoir qui lui sera profitable. En tout état de cause, reste ouverte la question de savoir quel est le texte le plus ancien, celui de la Préface ou celui repris dans le Petit Albert, dès lors que contrairement à ce qu’écrit Bernard Husson, nous ne pensons pas que Limojon en soit l’auteur en raison de la corruption de sa version. JHB 27. 03.12 Recherches en anthropologie du manque Par Jacques Halbronn Nous poursuivons notre travail d’investigation concernant la problématique du manque en vue de signaler les limites d’un progrès lié au manque, l’outil (extérieur) ne faisant sens que .du fait d’une déficience de l’organe (intérieur) – on lira notamment nos travaux sur l’expression musicale et sur le sifflement. Le drame de notre civilisation, c’est précisément d’avoir excessivement investi dans une économie de la pénurie. I Linguistique : la forme négative Nous voudrions ici mettre en garde contre un tic de langage qui consiste à s’exprimer sur un mode négatif : je n’ai pas, je n’ai plus, je ne peux pas etc. Tout cela relève de ce que nous appellerons une culture du manque dont on ne saurait exagérer l’importance en ce qu’elle génère un certain type de progrès ou de pseudo‐progrès. Une des formules les plus typiques est probablement le « Je n’ai pas le temps » et plus souvent au passé « je n’ai pas eu le temps ». Que ne fait‐on du fait que l’on est « pressé » par le temps (sous entendu) ? Le recours au progrès technique trouve son alibi dans le manque de temps : on va plus vite par tel moyen que par tel autre et le manque de temps est la « bonne » excuse pour utiliser tel ou tel véhicule plutôt que de s’en tenir à son propre corps. Le problème, c’est que dans bien des cas, il n’est pas possible de prouver que l’on n’a pas le temps voire qu’on n’a pas l’argent car cela exigerait de procéder à un « audit » englobant la totalité des activités en relevant éventuellement certains gaspillages. Celui qui passe trop de temps à telle activité se retrouvera par ailleurs en situation de « stress », il n’aura « plus » le temps pour s’occuper d’autre chose. Une autre formule de plus en plus à la mode c’est « je n’ai pas envie » avec sa variante « je n’ai plus envie ». Le pas et le plus appartiennent à une rhétorique jugée très efficace car en quelque sorte sans appel et dont on ne peut s’empêcher de penser qu’elle est particulièrement prisée par le sexe féminin, ce qui pourrait faire l’objet de statistiques en bonne et due forme. Que répliquer en effet à quelqu’un à qui l’on oppose un « non » aussi peu étayé si ce n’est par le ministère du seul « moi » (je) qui parle. Un « je » quelque peu outrecuidant, serait‐on tenté de dire. Ce « pas » (a), ce « plus » (u)‐ placé après le mot concerné‐ surtout si l’on saute le ne préfixal (ce que les Anglais nous ont emprunté « I don’t » mais eux ils n’ont pas le « pas » ou le « plus » en suffixe) ‘je (ne) veux….pas/plus »‐ a quelque chose de castrateur, et en tout cas est le symptôme d’une résistance voire d’une force singulière d’inertie, de refus, de rejet. Le passé composé ne permet pas ce mode de surprise : « je dis pas mais je n’ai pas dit » On pourrait aussi s’interroger sur des directives dans le genre « ne te tâche pas » de la mère à son enfant, ce qui lui fait préférer les biscuits et les gâteaux aux fruits « qui coulent », ce qui est à la base de la malbouffe. En fait, comme nous le disions, c’est tout le progrès technique qui s’adresse au manque : prothèse, béquille, toutes sortes d’outils qui vont tellement plus vite, ce qui est évidemment précieux et bien pratique quand on n’a pas le temps, ce manque excusant tout, y compris les atteintes à l’environnement en recourant à un moyen de transport individuel. Ce qui est remarquable, c’est que l’argument du manque devient comme une sorte de panacée universelle dans la communication et se substitue à tout effort d’explication pouvant faire l’objet de quelque débat. Si l’on prend le cas de l’astrologie, domaine auquel nous avons consacré nombre d’études, la question du gain de temps est récurrente. Avec l’astrologie, on arriverait plus vite, plus tôt au but. On ne perdrait pas de temps en comparaison avec ces séances interminables et en nombre indéterminé (chez le psy), qui seraient un luxe que l’on ne pourrait se permettre. Le thème natal serait en ce sens, un progrès considérable. Au fond, le grand chic serait la pénurie d’où émanerait toute une philosophie. Pas de temps, pas d’argent, « pas les moyens ». Mais bien entendu, il ne s’agit là déjà en soi que d’une procédé qui lui‐même permet de gagner du temps : dire « je n’ai pas le temps » évite de perdre du temps à s’expliquer. La boucle est bouclée. On assiste ainsi à une atrophie de la communication qui fait que les gens savent de moins en moins s’exprimer, ce qui leur devient de plus en plus pénible et donc ils n’ont plus le temps parce que cela leur « coûte » de le faire. On nage en plein malthusianisme ! Moins on fait d’efforts, moins on a de force et donc plus on sera dans le manque mais un manque compensé par toutes sortes d’outils. On passe ainsi de l’être à l’avoir, à l’accumulation de techniques de substitution. Quand un produit n’a pas de goût, eh bien il n’y a qu’à rajouter quelque ingrédient et le tour est joué. On est dans une culture de l’ersatz, du succédané. du rutabaga et du topinambour. Dans un précédent texte (voir nos Etudes linguistiques), nous montrions que le terme négatif n’était pas le symétrique du terme positif. Le négatif ouvre sur l’infini, c’est en fait très vague, très flou, indéfinissable. Dire que l’on n’est pas ceci ou cela ne nous dit pas ce que l’on est. Si je dis, ce n’est pas un chat, cela ne nous décrit pas ce que pourrait‐être le « non chat » ou le contraire du chat. C’est comme les gens qui disent « ce n’est pas du tout ça » ou « cela n’a rien à voir », ce sont des formules vides et forcément abusives car comment prouver qu’il n’y a aucun lien entre A et B ? Bel exemple d’une rhétorique du négatif, de la négation, du déni, de la dénégation. Pour en revenir aux femmes, il est clair que la négation va pouvoir servir à éviter de définir, ce que sont –en général‐ les femmes. Et puis de toute façon « on n’a pas le temps. » Même le mot « individu », est négatif, c’est ce qui ne se divise pas, c’est un « tout », à prendre ou à laisser. Une formule également assez efficace consiste à soutenir que l’on n’a « pas » dit « ça », que ce n’est pas ce que l’on a voulu dire, en tout cas, ce qui permet de couper les cheveux en quatre. Cette rhétorique négative se révèle appauvrissant à plus d’un titre. . « On n’a pas le temps de discuter », « On n’a plus le temps pour poser des questions » de la part d’un conférencier qui n’a‐ comme par hasard, pas laissé de temps pour ce faire et qui a pris trop de temps pour son exposé. Tout manque de temps est la contrepartie d’un certain gaspillage. Mais ce gaspillage est aussi l’alibi qui évite de se mesurer à autrui, de le rencontrer, de lui accorder une vraie place. La précipitation devient une façon de s’imposer. On se dépêche ! Cette rhétorique est contagieuse, on la retrouve à tous les niveaux de la société. Elle sert de bagage pour se sortir de toute situation gênante. Or, quelque part, recourir à la négative nous apparait comme une attitude plus abusive que de s’en tenir à une forme affirmative. Dire c’est important est somme toute moins problématique que de déclarer que cela ne l’est pas car dire que quelque chose n’est pas implique une vision globale qui correspond très rarement à la réalité, cela relève d’une sorte de mégalomanie. Mais que dire de la formule « positive » : ça marche ? Cela s’oppose évidemment à un ‘ça ne marche pas ». Mais l’on rencontre ici le problème de l’infalisifiabilité, à savoir que dans bien des cas, il n’est pas possible de prouver le contraire de ce qui est dit. On est dans l’impunité. Ce qui montre bien à quel point le champ du négatif est souvent brumeux. On a là un pendant de la rhétorique négative. L’affirmation pure et simple du « ça marche » est, en effet, aussi problématique que la négation. Elle en a la brièveté et peut servir tout aussi bien de fin de non recevoir. On se sert du ça marche pour défendre ce que l’on fait et du « on n’a pas le temps » pour se débarrasser des questions gênantes. L’ensemble appartient à un seul et même dispositif défensif qui n’accorde à l’interlocuteur que la portion congrue. On peut y voir l’expression de ce que l’on appelle la « personnalité autoritaire » qui se complait dans une argumentation fermée sur elle‐ même, qui fait les questions et les réponses. On peut y voir le signe d’une mauvaise conscience, en fait d’un malaise par rapport à autrui, que l’on n’a pas le temps, que l’on ne prend pas le temps d’entendre, d’écouter : « cause toujours ». Pas de vrai dialogue. On bascule dans le monologue qui est en quelque sorte une caricature du masculin, un animus mal intégré, qui considère que l’homme ne fait pas attention à son partenaire sexuel. Mais n’est‐ce pas là la conséquence d’une erreur de casting ? La femme qui joue à être l’homme, cela sonne faux ! II Diététique. La cuisine ersatz On dit « faire de nécessité vertu », c'est‐à‐dire parler du manque comme s’il s’agissait d’un plus. Le végétarisme est typique d’un tel renversement. On sait pertinemment que les légumes ont remplacé la viande chez les « pauvres » et dans bien des cas, ils imitent la viande, ils en sont un succédané, un ersatz comme on disait sous l’occupation allemande. Au Moyen Orient, les boulettes de pois chiche (fallafel) ressemblent à s’y méprendre à des boulettes de viande tout comme en Europe, les frites remplacent les éperlans (friture de poisson). Dans la plupart des plats à base de légumes, on met un peu de viande (spaghetti bolognaise, couscous, moussaka, hamburger, sandwich au jambon, tomates farcies, lasagne, tortilla, hachis Parmentier, soupe, pizza, cassoulet, tourte, potée, choucroute, beignets, et j’en passe). On est en plein mimétisme. On se remplit l’estomac comme on peut. Le problème avec tous ces légumes et autres céréales, c’est qu’ils ne sont pas auto‐suffisants et on rajoute du sel, du poivre, des sauces, et cela vaut aussi pour les gâteaux qui eux remplacent les fruits, sous la forme de tartes, où quelques tranches de fruits donnent le change. On est en pleine imposture ! Mais à présent, ce qui n’était à l’origine qu’une imposture devient une sorte de religion. Les végétariens seraient plus « évolués ». Notre position est la suivante : toute pratique qui est ancrée sur l’imitation et le faux semblant est suspecte, quand bien même cela serait le fait de l’histoire : le colonisé porte des stigmates, à commencer par sa langue hybride. Ni notre physique, ni notre mental ne s’épanouissent avec de telles nourritures matérielles ou intellectuelles. L’autre jour, un conférencier ne nous déclarait‐il pas qu’il n’en avait rien à faire de ce que ressentait son corps, qu’il était végétarien dans l’intérêt supérieur de l’humanité et qu’il était bien mesquin de ne penser qu’à son petit confort corporel (le cerveau est un organe, rappelons‐le). Le végétarisme est partie intégrante de la malbouffe même si celle‐ci a ses lettres de noblesse dans une gastronomie issue du peuple et qui considère que l’ingéniosité du cuisinier prime sur la qualité du produit. Le végétarien est un adepte des mélanges où l’on finit par ne plus savoir ce que l’on mange, la « salade » (dérivé du mot sel) est l’expression la plus achevée de ce type de mixture inqualifiable. D’ailleurs au niveau médical, rien n’est pire que lorsque notre corps perd ses repères. On est là en pleine culture du manque, de l’emprunt, de l’imitation, de la prothèse, de l’adjuvant. Or, au niveau alimentaire, il faut bannir tout mélange : un produit doit pouvoir se défendre par lui‐même et ne se marier avec aucun autre aliment : seul le feu est autorisé, qui n’est pas un aliment, pas plus que le temps qui permet à un fruit de murir. D’ailleurs en mangeant de la viande, nous sommes végétariens puisque nous mangeons des animaux qui, eux, le sont et qui sont seuls capables de condenser le fer du végétal à notre usage alors que notre organisme humain n’y parvient pas suffisamment. Or, sans fer, c’est tout notre système sanguin qui est menacé. Laissons les animaux nous servir d’athanor ! On nous dit que l’humanité ne peut plus se permettre de manger de la viande. Il est possible que le fait de manger de la viande soit un privilège. Mais de nos jours, en France, ceux qui ne mangent pas de viande ne le font même pas pour de bonnes raisons mais parce qu’ils sont victimes de la corporation des cuisiniers et des cuisinières qui ont développé tout un art basé sur la préparation des légumes et qui fait partie de notre culture. Le végétarisme est en fait l’expression d’un corporatisme jaloux de perpétuer son savoir faire. Le produit « nu », qui se suffit à lui‐même, est en fait un produit qui dérange. (cf. nos études sur la dialectique Mars‐Vénus). Que serait un restaurant où l’on se contenterait de griller sa viande et de manger des fruits ? Qu’est ce qu’un diner où les invités ne se verraient pas proposés des « plats » cuisinés ? Qu’est‐ce qu’un goûter où l’on proposerait des fruits au lieu et place de biscuits, de gâteaux et de fruits secs ? A la limite, il est préférable que l’Humanité perpétue ses potentialités maximales pour une minorité plutôt que du fait d’une démographie excessive, elle n’en arrive à des solutions de remplacement qui produiraient une humanité rachitique et décadente, qui ne serait plus que l’ombre d’elle‐même, tombant à terme sous la coupe des machines. L’homme et l’animal forment un écosystéme : l’un nourrissant l’autre pour être nourri à son tour, le moment venu. Que certaines sociétés ou certaines couches sociales aient été privées de viande (on connait la formule d’Henri IV avec sa poule au pot une fois par semaine) et qu’elles aient développé des formules alternatives, est une chose. Que ces formules se perpétuent dans des contextes qui ne justifient plus de telles options, c’est bien là que le bât blesse. .. L’argument de l’urgence – donc du manque de temps pour se retourner‐ est l’excuse toute trouvée pour justifier tous les palliatifs, pour recourir à tous les expédients, à tous les bricolages, aux moyens du bord. Mais combien se complaisent dans l’urgence, n’ont que l’urgence à la bouche ! L’urgence est l’alibi pour ne pas prendre le temps de réfléchir, d’approfondir, elle est le motif de la routine. III Vénus, la déesse du maquillage Pour nous, Vénus n’est pas une jeune femme mais bien au contraire une femme d’un certain âge qui tente de continuer à paraitre jeune en se fardant plus ou moins lourdement. On connait ces femmes habillées et coiffées idéalement, un peu liftées mais qui ne font illusion que de dos. Si l’on en reste à une dialectique qui nous est chère, c’est Mars qui correspond à la jeunesse, qui n’a pas besoin de s’habiller. Le personnage vénusien est attiré par tout ce qui peut masquer les stigmates de l’âge. Tout déguisement lui convient. Et l’astrologue lui offre un habit d’emprunt. On n’est pas là du tout dans le domaine de la vérité mais bien dans celui de l’appropriation. Il existe ainsi des sociétés que l’on peut qualifier de vénusiennes, peuplées de dames quelque peu fanées et qui se complaisent à manier des symboles. Etrangement, elles restent entre elles comme si un fossé existait avec les jeunes femmes dont l’absence en de tels cénacles est criante. A diverses reprises, nous avons averti que toute recherche sociologique devait étudier la dialectique entre la population étudiée et le discours tenu. Ce qui est essentiel, ce sont les points communs objectifs entre les membres et non leurs objectifs affichés (voir nos études sur les associations juives laïques). Vouloir appréhender le phénomène astrologique aujourd’hui sans étudier le profil de ceux ou plutôt celles qui assistent aux réunions est une aberration. Les explications fournies pour expliquer un tel phénomène sont des plus fantaisistes : que n’a‐t‐on entendu sur la « sensibilité » féminine – mais où sont passées les femmes en dessous de cinquante cinq ans ? En revanche, on comprend tout à fait pourquoi une telle catégorie d’âge et de sexe s’intéresse au « regard » astrologique si l’on se situe dans une perspective vénusienne et mieux encore dans une logique de manque, donc de demande d’outil palliatif, de complément/supplément. Ce n’est pas le lieu de débattre de ce qu’est vraiment l’Astrologie si ce n’est pour dire qu’elle n’a pas besoin de l’astrologue pour exister et qu’elle n’a pas vocation à étudier ce phénomène hypervénusien qu’est l’individu, ce qui est le fonds de commerce de l’astrologie vénusienne, sur la base du thème natal, qui est « sans âge » et qui est censé nous accompagner de la naissance à la mort, sans prendre une ride, à la façon du Portrait de Dorian Gray (Oscar Wilde). Il faut comprendre que ce qui nous pousse à nous intéresser à quelque chose est le manque. L’outil convoité est l’expression en creux du handicap, il relève d’une démarche de compensation. Tout handicap s’accompagne d’une surcharge. Celui qui a besoin de lire un texte à voix haute n’a pas de mémoire et préfère emprunter le travail d’autrui. Toute marque d’ingéniosité est suspecte, on l’a vu notamment dans le domaine culinaire. Nul ne contestera à quel point le manque aura marqué l’Histoire de l’Humanité depuis des millénaires. Le problème, c’est qu’il y a deux façons de traiter le manque, soit en revenant à la source pour améliorer le produit, soit en ajoutant au produit un autre produit qui fera illusion. Il est peut être temps de revenir à la première voie et de dénoncer tous les subterfuges qui nous ont envahi et qui nous aliènent. Le problème de nos sociétés est le recours à des formes d’harmonisation visant à dissimuler des différences et à favoriser artificiellement l’assimilation (le devenir semblable). Tout se passe comme si l’on oscillait en permanence entre une politique d’intégration par le recours à des additions – tout le monde va parler une même langue, ce qui fera illusion‐ et par le retour à une certaine « vérité », à une certaine « nudité » (« Le Roi est nu »). C’est en fait l’alternance de ces deux approches, selon une certaine cyclicité compréhensible de tous, qui devrait à terme s’imposer. JHB 25. 03. 12 Réflexions sur Vénus et Mercure en astrologie Par Jacques Halbronn On désigne souvent Mercure et Vénus sous le nom d’escorte solaire. Ces astres en fait, d’une certaine façon, sont des substituts au Soleil, qu’ils accompagnent de près, d’où l’impossibilité pour ces astres d’être en opposition avec le soleil, à la différence de la Lune et des planètes « extérieures » que sont Mars, Jupiter et Saturne, si on se limite au « septénaire ». Auger Ferrier, à la fin du XVIE siècle, se vit reprocher (par Jean Bodin) de ne pas avoir respecté ces limitations. I Vénus Il est un paradoxe que nous oublions parfois de prendre en compte : toute demande est l’expression d’une carence. Si l’on s’en tient à cette méthodologie, le cas Vénus doit être radicalement revisité. Entendons que Vénus ne fait sens que lorsqu’elle correspond à un manque. Autrement dit, rien n’est moins vénusien que celui qui fait appel à Vénus. La vénusienne n’est pas belle, elle veut se faire belle et compte sur Vénus pour y parvenir. Elle prie Vénus de lui rendre sa beauté perdue. Vénus n’est donc certainement pas la déesse de la jeunesse mais bien plutôt de la vieillesse et c’est tout un art de masquer et maquiller les atteintes et les attaques du temps. On n’en a guère besoin quand on est beau et jeune. A t‐on besoin de Vénus quand on a une peau superbe et un corps svelte et ferme ? La jeunesse est martienne. Elle est cruelle à l’égard des « vieilles », des « vieux beaux ». C’est comme pour le feu, on n’en a pas besoin en plein Eté, d’où le ridicule de l’associer au signe du Lion. On ne saurait confondre feu et soleil, pas plus d’ailleurs que la Lune et le Soleil d’ailleurs, la Lune étant le soleil de la nuit (en pleine Lune, opposition entre les luminaires). Et l’on se doit donc de reposer, une fois de plus, la question : Vénus est‐elle en rapport avec le printemps ou avec l’automne et vice versa pour Mars ? Il est assez clair que Mars d’Automne dénude les arbres, leur confisque leurs parures mais la nature ainsi martyrisée n’a‐t‐elle pas besoin de Vénus pour se consoler, pour panser ses plaies ? Les femmes d’un certain âge fuient les lumières trop vives et se rassurent dans la pénombre. D’où nos habitats, nos vêtements qui sont nécessaires à notre survie hivernale (cf. les Très Riches Heures du Duc de Berry, en Hiver). Inversement, le printemps n’a‐t‐il pas quelque tonalité martienne, n’est‐il pas l’expression par excellence d’une insolente jeunesse qui n’a guère besoin des adjuvants de Vénus pour exister ? En hiver d’ailleurs, n’est ce pas le temps d’une nourriture de substitution, dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle manque de fraîcheur, du moins dans les sociétés traditionnelles ? Dès lors, il nous semble que Mars correspond au printemps, quand nous renonçons aux pratiques vénusiennes, quittons nos manteaux et nos confitures pour des vêtements légers et des nourritures simples. Ce sont ces amoureux que les calendriers d’antan nous campent (cf. les Gémeaux). A contrario, Vénus correspond à l’automne – elle est l’amie et la consolation de la vieillesse. Vénus est un peu vampire sur les bords, qui ne supporte pas la lumière du jour et qui se nourrit de sang à l’instar du cochon que l’on égorge à la Saint Martin (11 novembre)‐ On nous objectera qu’il existe un dispositif des domiciles et que dans celui‐ci, selon nos propres travaux, Vénus serait liée au printemps et Mars à l’automne. (cf. notre étude sur ce sujet). Mais ce dispositif correspond à un certain stade de la pensée astrologique que nous considérons comme fortement marqué par des considérations astronomiques (Ptolémée était astronome (Almageste) avant d’être astrologue (Tetrabiblos). Nous ne nous sentons aucunement contraints, en vérité, par de tels dispositifs (domiciles, exaltations). Certes, en tant qu’historien de l’astrologie, il nous est apparu souhaitable de reconstituer une certaine tradition corrompue mais en tant qu’anthropologue, nous ne pensons pas que les formulations en question soient viables. Celles‐ci témoignent d’une interférence de l’astronomie dans le champ astrologique, dans le cadre de ce qui a du être une « réforme » dont il convient désormais de corriger les effets pervers. Autrement dit, tout se passe comme si la pensée astrologique avait été victime d’une OPA de l’astronomie sur son domaine. C’est dire la complexité des relations Astronomie‐astrologie qui oscillent entre une prise de distance entre les deux domaines et une tentative plus ou moins fusionnelle, comme celle à laquelle nous assistons depuis le XIXe siècle et qui aura conduit à l’intégration de toutes sortes de nouveaux facteurs célestes. Cycliquement, le temps est venu, pensons—nous, d’une séparation de corps entre astronomie et astrologie, d’une désastronomisation de l’astrologie, à savoir la prise de conscience d’une nécessaire utilisation minimale des données astronomiques par l’Astrologie. II Mercure Nous avons défini, en diverses occasions, le cadre de ces interrelations astronomie‐ astrologie, à savoir le recours à un très petit nombre de cycles, bien en deçà du nombre de planètes, même au sein du septénaire :distinction entre astres « neutres » (Lune‐ Saturne) et astres servant de marqueurs symboliques (Vénus, Mars, Mercure, Jupiter), ce qui correspond, au niveau linguistique, à l’opposition entre les ‘radicaux » et les modes morphologiques de déclinaison et de conjugaison. Saturne, par exemple, pourrait être assimilé au verbe « chanter » et les quatre planètes « symboliques » à la conjugaison du dit verbe (temps : passé, présent, futur etc.) ou, dans les langues qui se déclinent à des « cas » (nominatif, accusatif, génitif, datif, ablatif) en ce qui concerne un nom. Etrangement, Mercure a souvent été présenté comme un astre « neutre » qui variait selon les configurations. Pour nous, cet astre « neutre » n’est pas Mercure mais Saturne. On notera que ces deux planètes, si l’on met de côté les luminaires, se situent aux deux extrémités de la série de cinq planètes mais quelque part, Mercure a le même statut, géocentriquement, que le soleil dont il reste toujours très proche (élongation maximale de 28°) et met un an pour faire le tour du zodiaque. On pourrait imaginer des conjonctions Mercure‐Lune qui ne seraient pas très différentes, au niveau de leur rythmicité, des lunaisons Soleil‐Lune. Dans la théorie des domiciles et des exaltations, rien ne vient d’ailleurs confirmer ce statut particulier de Mercure ni d’ailleurs des luminaires ou de Saturne, comme si l’on avait voulu mettre fin, par une telle mise en place globale, à une division entre planètes « motrices » et planètes « marqueurs »/C’est dire à quel point il convient de se méfier des interférences, souvent tardives d’ailleurs, entre astronomie et astrologie. Il est temps d’en revenir à une astrologie pré‐ ptoléméenne à laquelle cependant l’on n’a accès que selon une méthodologie archéologique qui part de ce qui nous est parvenu pour dégager des strates successives. Nous avons en fait une troïka, Soleil, Mercure, Vénus, connue bien avant la « découverte » de Mars, Jupiter et Saturne. Nous pensons que la « neutralité » de Mercure correspond à un attribut du soleil quand celui‐ci désigne le « signe » de naissance et donc s’imprègne de la coloration de ce signe. Mercure serait le pôle masculin du soleil Quant à Vénus, elle serait son pôle féminin, avec pour pendant Mars qui détricote périodiquement le travail de Vénus. JHB 25. 03. 12 La centralité de la dialectique Mars­Vénus Par Jacques Halbronn On peut, sans risque, dire que tout le symbolisme astrologique peut se réduite à la dialectique Mars‐Vénus (cf. notre Colloque Cycles et Symboles) à condition de ne pas considérer ces « planètes » comme dotées d’un cycle propre mais plutôt d’un « territoire », d’une tonalité, caractérisant non pas un cycle mais une phase d’un cycle. La meilleure façon de comprendre le « territoire » de Mars –car il n’y a pas de cycle martien‐ c’est de l’appréhender sur un mode négatif. Mars ne construit pas, il fait le ménage, il balaie et ce faisant il restaure. Vénus, à l’opposé, adore ajouter un petit quelque chose à tout ce qu’elle touche. Mars enlève, nettoie alors que Vénus en remet une couche. Ces considérations devraient pouvoir aider le lecteur à détecter le martien et si l’on n’est pas martien, on est forcément vénusien et vice versa. Mars aura donc pour raison d’être de défaire ce qu’a tissé Vénus. (cf. la tapisserie de Pénélope, la femme d’Ulysse(Odyssée). Avec Mars, c’est la douche froide. Il faut enlever toute la crasse vénusienne qui a pu s’incruster. Car Vénus salit : elle fait penser à une fête. Mars ensuite passe pour nettoyer, pour jeter. Aux yeux de Mars, tout ce que fait Vénus est passager, temporaire, cela n’a qu’un temps avant de passer au stade du souvenir. L’épreuve martienne, c’est pour quelqu’un qui est sorti du rang d’y rentrer. Et Mars est là pour qu’aucune tête ne dépasse. Quitte à élaguer. Le seul fait d’évacuer des choses inutiles, est déjà un gros progrès au regard de Mars. Nettoyage par le vide. On s’en prend à tout ce qui est venu se greffer mais qui tôt ou tard finira par être rejeté. Si on applique l’activité martienne à l’astrologie, l’astrologue martien sera celui qui partira en guerre contre tous les ajouts et rajouts. Il ne proposera rien d’autre qu’un retour en arrière, aux sources et pourfendra tout ce qui ressemble, de près ou de loin, à une pièce rapportée, rajoutée, empruntée. Nous pensons qu’il importe de répandre largement dans le public la problématique Mars‐Vénus en tant que clef pour comprendre le cours cyclique des choses ainsi que pour décrypter une certaine conflictualité. On notera que les élections offrent ceci de paradoxal qu’une « foule » anonyme (Mars) doit faire son choix entre des personnages hypermédiatisés (Vénus). D’un côté on a du quantitatif, des sondages, des chiffres et de l’autre des biographies, un processus de personnalisation. On notera que les hommes sont conduits à se vénusianiser dans ces occasions en se mettant en avant individuellement alors que les femmes ont tendance à se martianiser en participant à des mouvements de masse et en développant des revendications collectives, notamment sur le « statut » des femmes. On est là dans une dialectique animus (Mars)‐anima (Vénus) que nous définirons comme celle de l’appartenance collective et de l’affirmation personnelle. Chacun d’entre nous est pris dans cette dualité : toute personne qui se veut « à part » ne participe pas moins très largement à un monde où elle n’est qu’un pion interchangeable. Nous avons déjà pris l’exemple du café : le seul fait de s’asseoir sur un siège qui a servi à bien d’autres clients doit aider à relativiser le sentiment exacerbé d’unicité. Inversement, toute personne qui s’inscrit au sein d’un collectif n’en est pas moins amenée à se distinguer ne serait‐ce que superficiellement pour qu’on ne la confonde pas avec quelqu’un d’autre. (carte d’identité par exemple). Mais chez la femme, l’on passe de l’individualisme, de l’idiosyncrasie particulariste (Vénus) au collectif (Mars) et chez l’homme, l’évolution consiste à aller en sens inverse, du collectif (Mars) – ce qui peut aussi impliquer de vouloir être le meilleur, le plus « avancé » (temporel)‐ vers l’individuel (Vénus), ce qui consiste à s’admettre comme différent de son prochain, et s’assumant comme tel.(spatialité) Pour mieux appréhender le rapport Mars‐ Vénus, on insistera sur le fait que Mars doit en quelque sorte déshabiller Vénus, ce qui se produit dans le rapport sexuel qui implique une nudité qui est martienne et non vénusienne, qui exige un retour aux fondamentaux, par delà toutes les sophistications et les fioritures (du mot fleur donc du printemps, vernal). Le rôle de Mars est d’aider Vénus à se renouveler, à ne pas s’identifier à un vêtement immuable. LE thème natal quelque part correspond à ce fantasme d’un moi posé une fois pour toutes et d’entrée de jeu. Quant à la femme, elle peut aider l’homme à faire preuve de plus de fantaisie, à ne pas dédaigner l’anecdote, à se raconter sous les aspects les plus personnels, les plus pittoresques.(du mot peinture (picture en anglais film) Rappelons que Vénus correspond au printemps et Mars à l’automne qui est la saison du dépouillement de la nature. Vénus, c’est au contraire le temps où la nature se vêtit de nouveaux atours. Mars ne cesse de dévêtir Vénus et Vénus ne cesse de « cacher », de dissimuler son corps (ce qui est exacerbé chez les Musulmans), ce qui correspond en fait à un fantasme plus féminin que masculin mais en même temps, l’homme est excité et provoqué précisément par cette dissimulation. Une société où la femme se dénude (strip tease, décoleté) conduit en fait la femme à adopter un comportement martien. Symboliquement, la question du « nu » est au cœur de la dialectique Mars‐Vénus. Mars dénude Vénus et Vénus a hâte de se couvrir et de pouvoir ainsi être libre de son apparence par le choix de ses habits. A contrario, la liberté pour Mars est le refus de se laisser leurrer par les faux semblants et les masques. JHB 24. 03.12 La fin de l’astrologie des 12 signes Par Jacques Halbronn Il est temps de revenir sur la raison d’être des aspects en astrologie. On notera tout l’intérêt des aspects de semi‐carré (45°) et de sesqui‐carré (135°) qui ne respectent pas la division du zodiaque en 12 signes. Kepler, il y a 4 siècles, avait rompu avec les 12 signes en introduisant des aspects dits « mineurs » comme le quintile (72°) et quelques autres. Inversement, des aspects de sextile (60°) et de trigone (120°) et de quinconce (150°) sont articulés sur la dite division en 12. Cela vaut aussi pour le carré (90°), mais cet aspect joue un rôle tout à fait central au niveau du processus cyclique. Rappelons que l’école allemande, et notamment Ebertin, place le carré (« neunzig Grad ») au cœur de leur dispositif, assimilant le carré à une conjonction, deux astres en carré étant en quelque sorte superposables. Nous pensons que c’est là un excellent principe qui relève d’une bonne connaissance de la pensée astrologique, basée sur le 4. L’idée selon laquelle un cycle astronomique ‐sidéral‐ est à diviser en 4 parties et ne doit pas être considéré comme étant, astrologiquement, d’un seul tenant est déterminante. La notion de semaine est emblématique : elle remplace le mois par le quart du mois et le monde monothéiste met en avant, sous diverses formes, ce rythme hebdomadaire, mieux perçu finalement, sur un plan socioreligieux, familial, scolaire, que le rythme mensuel (qui est limité à certaines opérations, salaire, compte bancaire etc.). Même la notion de « terme » pratiqué par exemple dans les baux locatifs, les déclarations de TVA, est bien une division de l’année en quatre. Or « terme » est à rapprocher de « terminus », d’échéance, c’est la division en 4 saisons. Il apparait ainsi que l’on divise le mois en 4 tout comme l’année et il y a toutes sortes d’années, chaque planète ayant son année (annus, l’anneau). Actuellement, cette division en 4 du cycle n’est pas très marquée en astrologie et les astrologues attachent encore la plus grande importance, dans leur grande majorité, au « retour » sidéral (12 ans pour Jupiter, 29 ans pour Saturne etc.), à commencer par le passage d’un astre sur la position natale. En fait, on ne devrait pas distinguer entre conjonction, opposition et carré car cela revient fondamentalement au même. Ce faisant, on parviendrait à une simplification du regard astrologique sur le ciel qui serait la bienvenue, d’autant qu’il n’est pas raisonnable de fixer des échéances à trop long terme, ce qui est manifeste, l’âge venant. Il est préférable de travailler sur une durée de 7 ans que de 30 ans et en fait le retour sidéral n’est pas plus important que les phases intermédiaires, correspondant à une division en 4. En revanche, chaque subdivision en 4, peut à son tour être subdivisée, notamment sur la base du semi‐carré, ce qui donne une division du cycle sidéral en 8 qui est attestée de longue date (cf. Manilius au Ier siècle de notre ère et qui a laissé des traces au niveau du symbolisme des maisons astrologiques, cf. nos études sur le Journal de bord d’un astrologue, janvier‐février 2012 et Colloque « Cycles et symboles », sur teleprovidence). Mais l’on voit bien que la division en 12 signes distincts fait ici problème avec l’aspect de 45° et la division en 8, ne serait‐ce que parce que cette division en 12 symboles vient entériner un cycle « complet » et n’introduit pas de répétition sur une base 4. Cela dit, la division des signes en 4 Eléments (feu, terre, air, eau) vient casser quelque part le continuum du 12 en le remplaçant par un trois fois quatre, ce qui est la base du trigone (le sextile étant la moitié du trigone comme le semi‐carré l’est du carré). Le sextile divise le zodiaque en six séries de deux, ce qui là encore est une remise en cause du 12. C’est dire que le 12 est très menacé par le système des aspects et notamment la série des 12 symboles zodiacaux qui finalement apparait comme marginale en astrologie alors qu’elle est cruciale en astronomie descriptive. Certes, l’astrologie s’appuie‐t‐elle sur des données astronomiques mais elle les retravaille considérablement et il n’est pas sain de rester « scotché » aux seules représentations astronomiques quand on veut prendre toute la mesure de l’outil astrologique et cette mise en garde vaut aussi, soi dit en passant, mais c’est encore une autre histoire, pour la prise en compte systématique de tout ce qui « traîne » dans le système solaire. Autrement dit, s’il est intéressant de s’intéresser au symbolisme zodiacal, ce n’est pas là une bonne « base » pour l’abord de l’astrologie et d’ailleurs l’importance accordée aux 12 signes relève historiquement d’une astrologie populaire assez proche de l’astronomie et peu avertie de l’architecture astrologique, c’est celle des « horoscopes » des média. D’ailleurs, le Zodiaque lui‐même a été marqué par le 4, avec l’interpolation des 4 vertus cardinales qui témoigne d’une volonté de le diviser en quatre: tempérance (verseau), justice (balance), force (lion). ce qui en a fait un objet syncrétique. Il est dommage qu’un Jean‐Pierre Nicola n’ait pas jugé bon de s’éloigner de cette division en 12 car il est bien vain de s’échiner à différencier les 12 signes entre eux. Rappelons que la théorie des grandes conjonctions Jupiter‐Saturne ne tenait pas compte de la division en 12 entités qu’elle réduisait aux quatre triangles liés aux 4 Eléments. Ajoutons que le fait de s’intéresser au zodiaque comme à un continuum de 1 à 12, est en soi fâcheux en ce que cela empêche de constituer des échéances quatre fois plus brèves. Cela pose la question du point vernal. Où commence le Zodiaque qui divise astrologues tropicalistes et sidéralistes ? En fait, il semble bien que le Zodiaque s’organise autour de 4 piliers, comme une table, en rapport analogique avec les axes équinoxiaux et solsticiaux (fondements des exaltations et des domiciles), avec les 4 phases de la Lune (nouvelle lune, demies lunes, pleine lune). Et notamment avec les quatre étoiles fixes royales (Aldébaran, Régulus, Antarés, Fomalhaut). Il n’y aurait pas un point de repère mais quatre, ce qui relativise sensiblement l’importance accordée au seul point vernal (hémisphère nord) mais aussi à une seule constellation (en Inde). Selon nous, toute planète voit son cycle sidéral découpé en 4 sous‐cycles liés à 4 étoiles fixes placées grosso modo à 90° l’une de l’autre. Dès lors, si l’on admet que l’astropsychologie reste fortement marquée par la symbolique des 12 signes, on conçoit à quel point elle est décalée par rapport à une astrologie cyclique. Cette division en 12 est largement obsolète. Mais cela vaut aussi pour une certaine astrologie mondiale dont André Barbault avait voulu se démarquer (indice de concentration planétaire, cycle Saturne‐Neptune, où il importait peu que la conjonction ait lieu dans un signe ou dans un autre). On nous parle aujourd’hui de l’entrée de telle planète transsaturnienne dans tel ou tel signe. Récemment, on a évoqué, dans certaines réunions, Neptune en Poissons. Cela tient probablement à l’importance accordée par la théorie des ères précessionnelles avec la fameuse Ere du Verseau qui a fortement contribué à rezodiacaliser l’Astrologie. Or, cette théorie n’a pas été constituée par les astrologues mais par des historiens des religions, à la fin du XVIIIe siècle, qui fut un temps de reflux de la pensée astrologique. Dire que Neptune entre en poissons n’est pas pertinent au regard de la pensée astrologique. Non seulement parce que le cycle de Neptune avec ses 165 ans est bien au delà de la vie humaine et est un astre inconnu jusqu’en 1846, mais aussi parce qu’astrologiquement, il convient de diviser en 4 ce cycle, ce qui évite de se polariser sur une symbolique lourde à 12 facteurs dont l’astrologie s’est démarquée. (Neptune n’étant attribué aux poissons que depuis un siècle environ) En ce qui concerne le dispositif des domiciles et des exaltations, il convient d’observer que les planètes s’y substituent aux signes, ce qui crée dans la Tétrabible (IIe siècle de notre ère) sept cas de figure au lieu de 12. Ce n’est donc pas d’hier que l’Astrologie n’est pas réductible à l’astronomie. Or, avec la découverte de nouvelles planétes, le zodiaque a repris du poil de la bête puisque l’on en est arrivé à l’idée selon laquelle chaque signe correspondrait à une planète distincte (cf. notre colloque de Nogent /Marne, sur teleprovidence). On est en pleine régression vers les données purement astronomiques et cela n’est pas conforme à l’esprit de l’astrologie. Il est bien préférable de s’en tenir au septénaire et de laisser Neptune tranquille. L’astrologie n’est guère compatible avec le temps des planétes transsaturniennes. Le cycle de 7 ans est optimal en astrologie, il évite les délires sur des fins du monde, sur des événements rarissimes. On y parvient de deux façons, soit par la Lune progressée que l’on divise en 4 voire en 8 (cf. l’ouvrage de Denis Garçon, présenté sur téléprovidence mais aussi ceux de Rudhyar et de Ruperti) soit par Saturne. Dans les deux cas, les astrologues témoignent d’une même intuition liée à l’importance de périodes de sept ans. Pour notre part, la lune progressée reste une approche un peu trop abstraite de la réalité astronomique mais elle témoigne en tout cas de l’autonomie de l’astrologie par rapport à l’astronomie. Méfions de ces astrologues qui nous déclarent qu’astronomie et astrologie ne faisaient qu’un autrefois car ce faisant ils téléscopent des millénaires de pensée astrologique et cherchent à fonder l’astrologie sur des critères inadéquats, ce qui conduit à des considérations du type « Neptune en poissons ». Cette division en périodes de 7 ans est au cœur de la pensée astrologique –en fait il faudrait parler de périodes de 3 ans et demi, largement attestées dans la Bible, soit 1260 jours‐(3 fois 360 plus 180). D’où l’importance du semi‐carré qui divise le cycle en 8 périodes. A contrario, les aspects de trigone et de sextile ne nous paraissent pas utiles en astrologie cyclique car ils correspondent à une division non plus en 4 et en 8 mais en 3 et en 6. Or, il est assez évident que la division en 4 prévaut sur la division en 3 qui semble être une tentative de retour vers le 12. Tous ceux qui travaillent sur les cycles astrologiques savent pertinemment que le carré, la conjonction et l’opposition sont plus essentiels que le trigone et le sextile. Ebertin avait raison contre Barbault, d’identifier l’opposition à la conjonction. Barbault (Les astres et l’Histoire) a commis l’erreur de considérer la répartition des planétes entre les 12 signes quitte à considérer que l’opposition a des effets inverses de la conjonction, l’une étant signe de détente, et l’autre de tension. L’astrologie mondiale du XXIe siècle ne saurait se fonder sur des données astronomiques brutes de ce type. On doit rapprocher les planètes en carré ou en opposition (ce à quoi nous invitent les « modes » en cardinal, fixe, mutable). Ce qui confère au semi‐carré un statut d’opposition, passage d’une phase yang à une phase yin, par exemple, comme le fait l’astrologie chinoise). JHB 21.03. 12 Vers une astrologie de prévention Par Jacques Halbronn, Lors d’un entretien avec un médecin de l’Oise (sur teleprovidence.com), lors des rencontres astrologique 2012 de Source, il est apparu que l’on pouvait envisager une astrologie de prévention à l’intention d’un large public face à une astrologie d’intervention, qui correspond davantage à la pratique astrologique actuelle. Parler d’une politique préventive (on pense à la prévention routière), c’est devoir réfléchir sur l’utilité de l’astrologie pour notre société, c’est aussi se situer dans une approche prévisionnelle, c’est permettre aux gens de se préparer à certaines échéances, à certaines situations. Mais qu’est‐ce donc que la prévention ? Cela renvoie à l’adage « mieux vaut prévenir que guérir », mieux vaut agir en amont qu’en aval, mieux vaut éviter les problèmes que d’avoir à les résoudre dans l’urgence. Mais cela signifie aussi responsabiliser le public, lui permettre, en quelque sorte, de prendre son destin en mains, c’est repenser le rôle du praticien. Car développer une démarche préventive à destination du public, c’est s’efforcer, chercher à élever le niveau de connaissance de la population dans un domaine donné au lieu de réserver un tel bagage à une corporation habilitée et peu ou prou diplômée. La prévention astrologique revient donc à diffuser, à distiller largement dans le public un certain nombre d’informations jugées utiles et relativement faciles à appliquer et à prendre en compte. Cela exige d’opérer un tri, un choix, ne pas rester dans le tout ou rien. En entendant cela, beaucoup d’astrologues sont désemparés encore que par l’informatique, l’on puisse disposer de logiciels qui déterminent les planètes dominantes, les « Eléments » (feu, terre, air, eau) les mieux représentés, ce qui est désormais préféré au signe solaire et à l’ascendant, qui étaient la base de la vulgarisation astrologique, il y a un demi‐siècle, avant justement le phénomène « Astroflash ». C’est le propos d’un Jacky Alaïz (Nantes) sur notre blog facultedastrologiedeparis. Une autre façon de procéder est de commenter l’actualité (cf Dorothée Koechlin de Bizemont (St Malo), sur le même blog) à l’intention de non initiés. (cf notre entretien avec Marc Lalvée (Lille), sur la vulgarisation ésotérique, sur teleprovidence). Nous avons déjà formulé nos doutes en ce qui concerne le principe même du « thème », quand bien même parviendrait‐on à en extraire quelque résultante. D’une part, nous trouvons assez étrange cette façon de compter la « force » de chaque Elément par le nombre de planètes résidant dans des signes correspondants (cf. la méthode « globale » de Claire Santagostini) et de l’autre nous pensons que l’idée d’une quelconque interdépendance entre les planètes si elle fait sens astronomiquement (Newton) n’est guère pertinente d’un point de vue symbolique. Nous serions beaucoup plus favorables à l’idée de mettre en avant un grand cycle, comme Jupiter‐Saturne au Moyen Age et à la Renaissance mais une durée cyclique ne devrait pas selon nous dépasser sept ans, ce qui correspond au quart d’une révolution sidérale de Saturne (ou de la Lune si l’on transpose un jour pour un an, progressions dites secondaires). Nous préférons simplifier en amont qu’en aval. On nous objectera que l’avantage de prendre en compte la totalité des planètes du système solaire (astéroïdes, centaures compris) est un hommage rendu à l’astronomie, quitte à tomber dans un certain anachronisme (ou achronisme) en considérant des astres inconnus de l’Antiquité qui vit naitre l’Astrologie. Pour nous, l’astrologie « préventive » devrait se présenter sous la forme d’un calendrier mais non plus sur un an mais sur sept. Les gens sauraient ainsi quand un changement de phase aurait lieu. Nous irons même jusqu’à ne diviser nos sept ans qu’en deux phases de trois ans et demi, en laissant de côté les 12 signes. Car c’est bien beau de tout baser sur le thème natal mais l’astrologie a‐t‐elle vocation à traiter de la «personnalité » (de l’âme) de chacun d’entre nous ? One ne voit guère en quoi ce serait « préventif » si ce n’est que cela nous permettrait, à ce que l’on nous dit, de savoir à qui nous avons affaire, un peu comme avec les « horoscopes » et les 12 signes. En effet, il serait quand même extraordinaire que l’astrologie ne soit pas en mesure de « prévoir » au niveau de notre avenir collectif car si le passé est individuel, le futur est d’abord collectif. Ce qu’on attend de l’astrologie, au niveau préventif, ce n’est pas une description de l’individualité mais bien un calendrier permettant de savoir combien de temps va durer telle ou telle période. C’est pourquoi le reproche de ne pas donner assez d’informations tourne court. Les gens sont bien contents de savoir qu’ils ont du temps devant eux, cela leur enlève du stress. La prévention n’est pas de vivre dans l’urgence mais bien au contraire d’apprendre à faire les choses à temps, en temps voulu. Il ne s’agit nullement d’annoncer ce qui va se passer avec force détails personnels mais bien d’avoir les « grandes lignes » et c’est bien là le créneau propre à l’astrologie. Les gens, en effet, ne cherchent pas nécessairement à savoir ce qui va leur « arriver » personnellement mais cela leur suffit que cela peut arriver à l’humanité dont ils font quand même partie, quelque part. C’est comme pour les prévisions météorologiques : elles ne sont pas à notre usage personnel mais nous pouvons en tirer parti, profit, tout aussi bien. Tout devient très compliqué quand on est si peu doué pour l’abstraction que l’on n’est pas capable de passer du général au particulier et du particulier au général. On en est d’ailleurs à se demander si les gens qui sont attirés par l’astrologie ne souffriraient pas d’un déficit cognitif. C’est le genre de personnes qui a toujours besoin qu’on lui donne un exemple pour comprendre une formulation globale. Le fait que les femmes soient si majoritaires dans les réunions astrologiques laisserait entendre qu’elles souffriraient plus que les hommes d’un tel handicap et elles compteraient sur l’astrologie pour compenser. Pour elles, la prévention astrologique se situe évidemment sur un autre plan, à plus court terme. Ce n’est pas le futur qui fait problème, sur un plan temporel mais plus immédiatement l’autre, sur un plan spatial, relationnel. Mais, nous ne pensons pas que l’astrologie puisse être d’une grande utilité au niveau relationnel. Une telle carence est sans remède connu, elle relève d’une forme d’autisme. Le paradoxe, c’est que ce sont les personnes qui ont le plus de difficulté à capter leur prochain qui accordent le plus d’importance à la question de l’individu. La « croyance » astrologique, en tant que fantasme, consisterait à croire que la connaissance du thème astral de l’autre peut pallier notre manque d’intuition du prochain. Il n’est d’ailleurs pas impossible, a contrario, que les femmes perçoivent mieux le futur que les hommes, d’où le nombre de « voyantes » (Madame Irma). En conclusion, nous dirons qu’il importe de distinguer une astrologie fiable pouvant servir à prévenir le stress lié à la réalité cyclique de nos sociétés et une astrologie imaginaire qui prétendrait, assez abusivement, pouvoir cerner autrui. Mais les femmes ont‐elles accès à la cyclicité en dehors de la menstruation qui n’a d’ailleurs qu’un temps (ménopause) ? Il semble que l’âge soit un critère déterminant et elles n’ont pas besoin de l’astrologie pour être fixées. Le rapport au temps qui passe n’est pas le même pour les deux sexes/genres. JHB 20. 03. 12 L’imbroglio des luminaires et la question du masculin et du féminin Par Jacques Halbronn Nous montrerons que John Gray a intuitivement raison quand il écrit que « les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus ». C’est bien autour de ces deux divinités que se situe la problématique et en biologie l’on se sert des glyphes de ces deux planètes pour désigner respectivement l’homme et la femme. Quid dans ce cas des luminaires, le Soleil et la Lune, y a‐t‐il double emploi, est‐ce un référentiel astronomiquement sinon symboliquement plus parlant ? S’est‐il produit, comme d’aucuns le laissent entendre présentement, à une certaine époque une permutation dans les représentations du masculin et du féminin dont le genre des luminaires serait la preuve, en quelque sorte ? Rappelons d’entrée de jeu que soleil et lune ont des noms qui changent d’une langue à l’autre, le nom de la divinité ne s’étant pas imposé à la différence des cinq autres astres du septénaire. Les dernières Rencontres Astrologiques de mars 2012 organisées par l’Association Source autour du masculin et du féminin se sont conclue par une déclaration parfaitement claire selon laquelle, au regard de l’astrologie, l’heure des femmes avait enfin sonné, Neptune en poissons oblige. Nous nous étions préparés de longue date face à une telle entreprise et nous avons observé avec le plus grand intérêt comment se mettait place toute une argumentation notamment autour de la question des luminaires (cf. notre dossier paru chez Eric Le Nouvel, à télécharger) Ainsi, la « guerre des sexes » serait nourrie par une certaine réinterprétation du symbolisme qui passerait notamment par une redéfinition du statut de la Lune. (cf. aussi le Colloque « Cycles et Symboles, 24‐25 février 2012, sur teleprovidence.com). La bataille se livrerait sur le terrain du symbolisme, de la genèse des archétypes. Il est vrai qu’au vu de la composition du public des dites Rencontres Astrologiques, il ne faut pas être grand sociologue pour noter que sur 200 personnes environ, on pouvait compter plus de 180 dames (d’un certain âge, au demeurant) et que ferait‐on en effet sans ces personnes en termes de congrès, tant à Paris, qu’à Lyon ou à Bordeaux et probablement à Bruxelles ? Nous sommes d’accord avec certains intervenants des Rencontres pour considérer que la Lune est masculine. Mais le débat porte sur le rapport de force entre les deux luminaires, dès lors qu’on les associe respectivement à l’Homme et/ou à la Femme. On nous dit que, astronomiquement, la Lune reflète la lumière du Soleil et du moment que la Lune est masculine, l’homme n’existerait donc que par la Femme. Or, nous dirons que la lune est celle qui se rend chez le Soleil et non l’inverse, puisqu’elle est plus rapide, plus véloce que lui. Et nous pensons que ce fait fut connu bien avant la question de la source de lumière de la Lune. Mais d’autres questions se posent autour cette fois de Mars et de Vénus. Nul ne contestera cette fois que Mars corresponde au masculin et Vénus au féminin. On pourrait donc rapprocher Lune et Mars d’une part, Soleil et Vénus de l’autre. Si on va plus loin, on dira que Mars et Lune sont à relier à la nuit et à l’Automne tandis que Vénus et Soleil le seraient au jour et au Printemps. Ce qui conduit à ne plus associer Mars au printemps mais à l’automne, en vis‐à‐vis. Le problème numéro serait en fait plutôt le soleil. Il faut en revenir à une proto‐ astrologie, lorsque l’on ne savait pas encore distinguer planètes (extérieures dites aussi masculines) et étoiles fixes. Bien avant cette découverte, le couple soleil‐lune était connu. Les phases de la lune n’étaient d’ailleurs pas nécessairement associées au soleil dans l’esprit de nos aïeux. Il y avait certes le lever et le coucher du soleil (accompagné d’ailleurs de Vénus) correspondant au jour et à la nuit, la nuit qui était le temps de la Lune‐ et le cycle nouvelle lune‐pleine lune marquait fortement les esprits et c’est sur cette base que l’année fut divisée en 12 mois, sans que l’on accordât une importance particulière au soleil, si l’on entend se situer dans une perspective historique, en évitant les anachronismes modernistes. En fait, il fallait attendre la nuit pour que le spectacle commence, le soleil laissant la place à la Lune, qui était le personnage principal. D’ailleurs le ciel n’était pleinement visible que la nuit, avec sa voûte étoilée. A l’instar de Paris qui ne brillait que la nuit : Paris by night, le feu se substituant au soleil. Il est fort peu probable que l’on ait pensé que la lumière de la Lune devait quoi que ce soit au soleil pas plus que le feu ne soit redevable du soleil, d’ailleurs. Le soleil était plutôt l’ennemi de la Lune puisque la présence du soleil correspondait à la disparition de la Lune. On retrouve là une division binaire du temps qui n’est pas sans faire songer à l’épisode du mariage malheureux de Proserpine avec Pluton. On avait compris que l’avènement du soleil menaçait la visibilité de la Lune mais non que la lumière de la lune émanait du soleil. Il est possible que l’on ait institué un premier mouvement depuis la nouvelle lune jusqu’à la pleine lune et un second, en sens inverse. Début du mois « lunaire » avec la nouvelle lune et moitié du mois avec la pleine lune. Quelque part, le soleil correspond à la pleine lune, de par sa forme, donc à un second temps qui est aussi celui de la naissance en dialectique avec la conception. L’on aurait un mouvement ascendant de la conception à la naissance et un mouvement descendant de la naissance à la mort. (maison VIII et dernière dans l’octotopos) Il s’est produit une permutation des luminaires dans le dispositif des exaltations, la lune passant du bélier au taureau et le soleil du taureau au bélier (cf. Clefs pour l’Astrologie, Paris, Seghers 1976). Cela a pu correspondre au passage du culte du taureau à celui du bélier et du repère cyclique (début d’un cycle planétaire) de l’étoile fixe Aldabra (œil du taureau) à une étoile de la constellation du bélier. Mais revenons sur l’imbroglio soli‐lunaire en concurrence en quelque sorte avec celle de Mars et de Vénus. Nous avons insisté par le passé (cf. le Colloque « Cycles et Symboles ») sur le caractère proto‐astrologique du cycle soli‐lunaire qui est notamment à la base de la division de l’écliptique en 12 secteurs. D’une certaine façon, l’astrologie s’est construite contre ce cycle, ne serait‐ce que pour prôner une temporalité plus ample que celle du mois ou de l’année. Rappelons que Saturne est sept fois plus lent que la Terre/Soleil et que son rapport à la Lune est d’un jour pour un an. C’est donc une toute autre échelle. L’on peut certes s’amuser à associer le masculin à la Lune et rappeler insidieusement que la Lune ne fait que refléter la lumière du soleil. C’est une façon comme une autre de conclure une alliance entre féminisme revanchard et astrologie comme contre‐culture déclarée. Mais l’on peut aussi rappeler que Vénus (pas beaucoup plus qu’un semi‐carré, 48°) ne s’éloigne jamais du soleil alors que Mars peut aller où bon lui semble dans le zodiaque. Pour nous, les luminaires ne sont ni masculin ni féminin mais neutres, puisqu’ils changent de nature selon le signe où ils se trouvent. Quand on dit que l’on est né sous tel signe, cela renvoie au soleil mais le soleil n’est ici qu’un curseur à l’instar de la Lune. En revanche, Mars et Vénus vont donner leur tonalité aux phases du cycle des luminaires. Mars et Vénus sont sexués, alors que les luminaires ne font que former un calendrier, un contenant, un cadre pour un contenu. On peut d’ailleurs se demander si toute la symbolique zodiacale, saisonnière, planétaire ne pourrait se réduire à un axe Mars‐ Vénus, pour peu que l’on ait un certain sens de l’abstraction, qui n’est, il est vrai, la chose du monde la plus répandue. Encore faudrait‐il s’entendre pour fixer si Mars correspond au printemps et Vénus à l’automne ou l’inverse. Et là‐dessus les avis sont partagés. Rappelons cependant que les planètes dites extérieures ou masculines tendent à occuper les signes d’automne en exaltation et les signes d’hiver en domiciles ou encore les signes d’automne et d’hiver dans le dispositif des doubles domiciles. Ce qui impliquerait que Mars serait plus lié à l’automne qu’au printemps et vice versa pour Vénus. .Le problème, comme on l’a noté plus haut, c’est que les luminaires sont placés eux aussi dans le dispositif des « Dignités », ce qui ne devrait pas être le cas s’ils ne jouaient qu’un rôle de curseur neutre, donc n’ayant pas à être associés à un signe particulier. Ce serait tellement plus simple si les luminaires étaient absents du dit dispositif, tout comme d’ailleurs Saturne qui est selon nous l’octave supérieur des luminaires (avec son rapport aux 4 étoiles fixes royales qui sont ses quatre « points gamma »).Mais si les deux luminaires symbolisaient des forces opposées, comment se fait‐il qu’ils soient placés dans des signes joints, placés cote à cote (bélier et taureau pour les exaltations, cancer et lion pour les domiciles) ? N’est‐ce pas la preuve qu’ils ne sont pas considérés en tant que dialectique mais en tant que combinatoire purement astronomique ? Comment se fait‐il que le domicile du soleil ne soit pas l’exil de la lune comme c’est le cas pour Mars et Vénus ? Au lieu de cela, on trouve face aux luminaires Saturne (en balance, capricorne, verseau).Mais là encore, Saturne ne doit pas ici être considéré comme ayant une tonalité qui lui serait propre (par exemple opposée à Jupiter, selon Barbault) mais comme une cyclicité à une autre échelle et concurrente de celle du cycle soleil‐lune, une octave supérieure comme dit Barbault en ce qui concerne les planètes transsaturniennes. En fait, les couples planétaires étudiés par Barbault (Soleil‐Lune, mars‐Vénus, Jupiter‐ Saturne, Uranus‐ Neptune, Editions du CIA, dans les années cinquante du siècle dernier) ne valent sur le plan symbolique que pour Mars‐Vénus et l’on peut regretter l’absence de la polarité Mercure‐Jupiter, pourtant mise en évidence dans le dispositif des doubles domiciles (Gémeaux‐Sagittaire, Vierge‐Poissons) Le temps est venu de renoncer à l’idée d’une astrologie où chaque planète aurait son propre cycle : il y a les planètes masculines et en fait pour nous les luminaires sont conjointement une valeur masculine, Soleil‐lune‐ Saturne et de l’autre les planètes féminines (Mercure, Vénus, Mars, Jupiter) qui n’agissent que lorsqu’elles sont activées par le passage des planètes masculines et produisent alors des effets qui leurs sont propres. On notera d’ailleurs – et ce n’est pas par hasard, qu’en astrologie, on ne désigne pas les luminaires par un nom de divinité mais par leur qualificatif astronomique, précédé d’un article (sur lequel il y a comme l’on sait débat). Cela ne signifie pas cependant que la matrice de la dialectique Mars‐ Vénus ne soit pas Soleil et Lune ou Lune et Soleil, comme on voudra mais une matrice est faite pour être transposée et dépassée. Cela dit, nous pencherions plutôt vers l’idée selon laquelle c’est l’astre le plus rapide qui est masculin (donc la Lune), tout comme Saturne est plus rapide –ô combien ! ‐ que les étoiles fixes. L’astre le plus lent sert de balise à l’astre le plus rapide. Initialement, le « signe » était celui de la lunaison, c'est‐à‐dire le signe où la Lune rejoignait le soleil. On a donc tort de nos jours de dire que le signe est celui où le soleil se trouve à la naissance car, en réalité, le signe est déterminé par le lieu de la rencontre très ponctuelle entre les luminaires, d’où le découpage en 12. Le problème, c’est qu’actuellement, le changement de signe ne correspond plus aux lunaisons successives mais à un découpage en 12 à partir du point vernal (hémisphère nord)‐ cette correspondance mois/signes n’étant respectée qu’en astrologie kabbalistique, le délicat équilibre entre saisons et lunaisons aboutit à un résultat hybride, le début du printemps ne correspondant qu’exceptionnellement à une lunaison (c’est remplacé par l’ingrés, un par saison, lors des équinoxes et des solstices). On pourrait donc dire que c’est abusivement que le soleil a fini par acquérir un statut « masculin » par rapport à la Lune alors qu’il devrait, tout au contraire, représenter la balise et non le curseur, comme à la roulette, avec ses cases où la boule (curseur) s’arrête. Si l’on transpose, on dira que Mercure, Vénus, Mars et Jupiter – mais aussi les étoiles fixes‐‐ ont le soleil pour matrice féminine alors que Saturne a pour matrice masculine la Lune. Soulignons le fait que Saturne est un dieu qui n’a pas d’attribution spécifique (pas plus d’ailleurs qu’Uranus), mythologiquement sinon astrologiquement. Les commentaires astrologiques se sont efforcés de masquer ce décalage qui s’est accru avec Uranus, avec un passage d’un critère fonctionnel à un critère généalogique. Et ensuite, la série fonctionnelle reprend, comme si de rien n’était, avec Poséidon‐Neptune, dieu des océans et Hadès‐Pluton, dieu des Enfers, tous deux frères de Zeus et fils de Kronos, ouvrant un nouveau quatuor, si l’on admet l’existence de deux transplutoniennes, faisant pendant au premier ( Mercure‐Vénus‐Mars et Jupiter), Uranus pouvant jouer pour ce second quatuor le rôle que joue Saturne pour le premier. Autrement dit, il faudrait, selon cette logique sous jacente, privilégier les aspects d’Uranus à Neptune et à Pluton ou mieux encore découpe le cycle d’Uranus en deux phases, l’une neptunienne et l’autre plutonienne, s’il fallait considérer que ces noms de dieux n’ont pas été donnés par hasard. Dans ce cas, seul le cycle astronomique d’Uranus ferait sens, Neptune et Pluton n’étant que des indicateurs de tonalité, Uranus, l’astre le plus rapide des transsaturniennes étant l’octave supérieur de Saturne (connecté avec les fixes) tout comme Neptune et Pluton correspondraient à Vénus et à Mercure, sur le plan des phases du cycle. Autrement dit, l’usage astrologique des transsaturniennes serait totalement à repenser sur la base d’un dualisme entre planètes donneuses de temps (ici Uranus) et planètes donnant le « la » et que l’on pourrait qualifier de « zodiacales » (ici Neptune et Pluton) en parallèle avec Saturne encadrant Mercure, Vénus Mars et Jupiter et prenant le relais de la Lune (dans son rapport matriciel avec le soleil) JHB 22. 03. 12 Repenser la question de l’individu et sa traduction astrologique Par Jacques Halbronn On assiste à un double nivellement, par le haut et par le bas. Par le bas, quand on observe que des modes alimentaires marqués par la pénurie se sont généralisés (biscuits par exemple à la place de fruits) et par le haut quand des titres (Seigneur, qui a donné en forme abrégée, Monsieur) sont revendiqués par tous. Dans le cas de la notion de « personnalité », on assiste, selon nous, à un tel nivellement par le haut et d’ailleurs l’usage du mot a conservé une certaine ambigüité : on parle de la personnalité de quelqu’un mais l’on dit aussi « c’est une personnalité » pour ‘distinguer » tel ou tel personnage d’importance. C’est dire que ce sont des termes qui ne doivent pas être galvaudés et qui ne concernent qu’une minorité de gens. Or, de nos jours, et notamment chez les astrologues, tout se passe comme si cela pouvait désigner chacun d’entre nous. En réalité, il serait plus heureux de réserver une telle terminologie (individu, personnalité) qu’à des cas assez exceptionnels sanctionnés par une certaine renommée, par un certain succès public, à commencer par une élection. On a d’ailleurs coutume de dire que les thèmes astraux étaient réservés au départ à des « Grands » de ce monde. D’une façon plus générale, nous dirons que le thème devrait être une affaire exceptionnelle, soit en raison d’honneurs singuliers, soit du fait de maladies particulièrement pénibles, donc lorsque quelqu’un est au plus haut ou au contraire au plus bas. Sur un plan cyclique, nous dirons que certaines périodes favorisent le processus d’individuation, cela correspond aux phases « vénusiennes » de Saturne (dans notre système), celles où l’on sort du rang, où l’on se fait remarquer. Les femmes tendent naturellement à se distinguer, ne serait‐ce que par la fantaisie de leur habillement. Une salle composée en majorité de femmes ne ressemble pas, visuellement –elle sera plus colorée‐ à une salle composée d’hommes, qui sera plus monotone. La désignation d’un chef conduit bien évidemment à un tel processus de « culte de la personnalité », du « chef ». Pour nous, un « ‘chef » correspond à une logique vénusienne, quelle que soit, par ailleurs, le «caractère « du dit chef. Il y a du « bling bling » dans un tel tropisme individualiste. Inversement, la phase martienne, de Saturne, y mettra fin, ce sera une sorte d’abolition des « privilèges » (cf. 1792), un retour d’une démocratie indirecte à une démocratie directe. La fameuse ‘nuit du 4 Août » correspond à la position de Saturne à la fin du signe du bélier et au début du signe du taureau, ce qui correspond à ce que nous appelons une phase « martienne ». Rappelons d’ailleurs qu’il est important pour chacun de s’identifier à un groupe. C’est ce déficit identitaire qui conduit à une exacerbation ontologique. En phase dite martienne, il est bon de mieux se situer par rapport à ses origines, à se reconnaitre dans une « communauté ». En ce sens, nous dirons que l’astrologie attire beaucoup ceux qui traversent une crise identitaire, qui sont en rupture avec leur milieu d’origine (cela peut concerner notamment des émigrés) à commencer par les femmes face au modèle féminin, d’où le grand nombre de femmes dans les réunions astrologiques. Revenons sur cette idée d’’individualité » qui est au cœur de la méthodologie astrologique dominante. C’est en effet par le biais du « thème » que les astrologues entendent et prétendent « prouver » l’astrologie et chacun des facteurs utilisés. On notera que cette astrologie « vénusienne » fait pendant à une astrologie « martienne » qui tend à englober les gens signe par signe, donc dans des catégories très larges. Une telle dualité est en fait révélatrice d’un certain dualisme comme celui que nous décrivons plus haut. On a dit plus haut qu’il y avait un individualisme vers le haut‐ qui est celui des honneurs‐ et un individualisme vers le bas, qui est celui des maladies tant physiques que psychiques. Plus on est « malade », plus on est spécial et plus l’on est en quelque sorte unique. En ce sens, la phase martienne conduit à retrouver, à rejoindre la norme. Le mot « persona » en grec signifie masque. Avec Mars, c’est bas les masques ! Il est clair que le Printemps arabe de 2011 est typique d’’une telle phase martienne d’abolition des privilèges, des délégations, des représentations. Saturne occupe alors la seconde moitié de la balance, tout comme en 1792 il occupait celle du bélier. Notons qu’en 2012, on célèbre le 220e anniversaire de la « Nuit » (cf. aussi 1968, 1989 etc.). Ce « printemps » illustre la problématique que nous avons décrite : le peuple remet en question le pouvoir qu’il a accordé et en quelque sorte abandonné à ses dirigeants. (cf. le choix d’un roi chez les Hébreux, Livre de Samuel) La demande d’astrologie individuelle doit donc être gérée avec précaution car elle est déjà en soi un symptôme d’un certain dérèglement. Cela demande un c traitement visant à montrer à la personne qu’elle n’est pas aussi différente qu’elle le croit et que dans la vie quotidienne, elle ne pourrait pas vivre si elle ne correspondait pas à un certain standard, notamment dans la vie quotidienne : ne s’assoit‐elle pas sur un siège, dans un café, qui aura servi à des centaines de personnes avant elle, ne voit‐elle pas des émissions à la télévision qui ne sont pas faites que pour elle ? Or, le thème, par sa spécificité, risque fort de nourrir un fantasme du type « je suis unique en mon genre » ? JHB 21. 03. 12 (équinoxe de printemps) Les interpolations dans la transmission astrologique Par Jacques Halbronn La transmission d’un savoir peut être affectée par divers facteurs, erreur de copie, de traduction, permutations mais aussi interpolations. On repère une interpolation en ce qu’elle « casse » le rythme initial. On s’intéressera ici à des interpolations à base 4. Cette base 4 est très féconde : que l’on rappelle le tétramorphe qui est à la base du sphinx et que l’on retrouve dans l’arcane « Le Monde » du Tarot ou dans le Livre d’Ezéchiel. (Taureau, lion, homme, aigle), dans la représentation des 4 Evangélistes. I Les quatre saisons et les vertus cardinales. Ce texte s’inscrit dans une réflexion sur la Genèse du symbolisme Zodiacal d’une part et de sa « fortune », de sa « réception ». de l’autre. Quelles sont les composantes du Zodiaque tel qu’il s’est fossilisé notamment au niveau des constellations astronomiques qui l’ont perpétué ? Les diverses influences ne peuvent que brouiller les pistes tout comme les tentatives de rechercher une unité, une fluidité au sein de l’ensemble qui nous est parvenu. Avant de se mettre à commenter, à justifier un objet, encore faut‐il s’assurer, préalablement, de son intégrité. On nous objectera que si le commentaire démontre son unicité, le problème ne se pose pas ou plus. Le problème, c’est que le commentaire le plus habile ne parvient pas à masquer les incohérences structurelles. La « sauce » du commentaire ajouté ne peut se substituer à la piètre qualité du produit. Mais celui qui est cuisinier tendra à relativiser le rôle de l’éleveur et vice versa. Au fond, peut être est‐ce là un clivage essentiel qui n’est pas sans recouper celle du masculin et du féminin, du signifiant et du signifié ? Le cuisinier a besoin d’un support mais en même temps est indifférent à la qualité du support, de sa provenance. Il va de l’avant et ne sait pas remonter à la source. En Astrologie, la proportion de cuisiniers est très largement supérieure, de nos jours, à celle des éleveurs au point que l’on puisse craindre d’avoir atteint un seuil critique où l’astrologie ne puisse plus se recycler, c'est‐à‐dire se nettoyer de tout ce qui a pu s’y incruster. Dans la présente étude, nous aborderons la question de l’incrustation du dispositif des Vertus Cardinales au sein du cercle zodiacal. Dans un récent texte (paru dans le Journal de Bord d’un astrologue), nous avions souligné la dimension cyclique du personnage du Verseau (Aquarius), souvent identifié à Ganymède, l’échanson de Dieu (cf. Paul Le Cour, 1937). Il nous était paru intéressant de présenter un personnage faisant le tour de la table, de la « Cène », et proposant à chaque convive, à tour de rôle, un seul et même breuvage, un seul et même plat. Le verseau représentait le mouvement tandis que les convives étaient liés à leurs sièges respectifs. Mais une telle présentation convenait mal à nos travaux sur l’émission et la réception. Car tel que nous le présentions, le verseau était l’émetteur et chaque convive, un récepteur qui recevait et ne donnait rien. C’est pourquoi, il y a peu, nous nous sommes demandés s’il n’y avait pas contresens par rapport au personnage du « serviteur » et s’il ne fallait pas plutôt lui substituer l’image du mendiant, de celui qui demande l’aumône, en allant d’une personne à l’autre, chacun lui donnant ce qui lui semblait approprié, comme lorsque l’on fait la quête à l’église, avec une corbeille. Ne serait‐ce pas plutôt une corbeille à remplir qu’un vase à vider, à déverser, dont il se serait agi initialement ? Cela pourrait être un moine, notamment de l’Ordre Mendiant, justement, un ermite. Rappelons que dans le tarot, le personnage de la Tempérance évoque le Verseau, la tempérance étant l’une des Quatre vertus cardinales avec la Justice (Balance), la Force (Fortitude, le courage cf. le Lion dans le Tarot et dans le Zodiaque), deux autres arcanes majeurs, la Prudence étant associée selon Court de Gébelin au Pendu (remis à l’endroit) – cf. nos Recherches sur l’Histoire du tarot et de l’astrologie (Ed. La Grande Conjonction‐Trédaniel , in L’Astrologie du Livre de Toth, 1993). Peut‐être à un certain stade, certaines vertus cardinales se seraient‐elles incrustées au sein du symbolisme zodiacal, puisque l’on sait que le signe de la Balance (la Justice) est arrivé assez tard aux dépens des « Chelles » du Scorpion. Certes, l’idée d’une « coupe » qui circule entre les convives est‐elle classique, on la retrouve chez le prêtre lors de l’eucharistie. (et chez les Juifs, dont cette pratique est issue et transposée). L’on peut aussi penser à un arrosoir qui vient apporter un baume à chaque plante mais nous préférons l’image de l’abeille qui butine d’une fleur à l’autre. En tout état de cause, nous préférons imaginer un mendiant tendant sa sébile et recevant de chacun ce qui lui est propre, ce qui permettrait de faire apparaitre la spécificité de chacun des « stations » (des « saisons »), chaque saison apportant ce qui la caractérise. Dès lors, le personnage du mendiant n’a p as à être associé à une saison donnée, puisque à l’instar du soleil il les parcourt toutes. Ce serait donc par erreur que l’on aurait identifié ce personnage avec un facteur hivernal, la tempérance (continence) convenant assez bien pour l’hiver quand il s’agit de ne pas se laisser entrainer à d’excessives libations comme celles que nous présentent les Très Riches Heures du Duc de Berry pour le mois de janvier ou de février –(à retrouver sur Internet). Les quatre saisons auraient été ainsi associées aux quatre vertus cardinales : la balance et l’automne, la tempérance (classiquement représentée par un personnage faisant circuler un liquide passant d’un récipient à l’autre) et l’Hiver, la Force et l’Eté (la Force est liée au Lion dans le Tarot, avec une femme (la vierge fait suite au signe du lion) qui tente de maîtriser l’animal) et enfin la Prudence, qui serait associée au Printemps. On peut se demander si les « jumeaux » n’évoquent pas le « miroir » qui symbolise la Prudence, l’introspection (mot qui vient du latin speculum, le miroir qui permet de voir ce qui est derrière nous (rétroviseur, cf. la Dame à la Licorne) de par leur dédoublement, l’alter ego, le double. A noter que tempérance, justice et prudence forment un triangle équilatéral (verseau, balance, gémeaux, trois signes d’air) Il nous faut donc conclure que le zodiaque a été marqué par l’interpolation des vertus cardinales (déjà attestées chez les Juifs (cf. Philon d’Alexandrie) mais cela souligne le fondement quaternaire de la pensée astrologique, bien avant la structure des 12 signes et des 12 mois (solilunaires), même si les 12 signes correspondent à une proto‐ astrologie plus ancienne que la division en 4. Nous avons déjà émis l’idée d’un zodiaque hybride. Nous avions donné l’exemple de l’axe bélier‐balance (Pâques/ Jour du Pardon/du jugement) mais la thèse des 4 Vertus cardinales nous semble mieux fondée, le verseau dérivant de la Tempérance et non pas l’inverse, tout comme la Balance de la Justice (représentée aussi par un glaive) pour les saisons d’automne (balance) et d’hiver (verseau). Cela pourrait inciter certains astrologues à repenser leur idée du signe du verseau car l’’image d’un verseau « uranien », excessif et guère « tempéré » semble bien éloignée de la vertu de Tempérance. Il reste qu’une telle intrusion parasite le Zodiaque, incitant notamment certains à associer Vénus à la Balance alors que l’automne est le domaine de Mars : rendons à César ce qui est à César ou encore reconnaissons la dure « loi du talion ». Œil pour œil, dent pour dent. Quatre objets symbolisent traditionnellement les vertus cardinales : Le miroir pour la prudence La balance pour la justice Le vase pour la tempérance La couronne (le lion, roi des animaux) pour la force, le courage. Il a certainement du exister un zodiaque antérieur à l’emprunt aux Vertus Cardinales. Selon nous, cette émergence tardive‐ mais déjà fort ancienne puisqu’elle est attestée par les constellations astronomiques ‐ des Vertus Cardinales au sein du symbolisme zodiacal, serait l’indication d’une volonté de la part de l’astrologie‐ car les vertus cardinales appliquées à l’astronomie nous semblent directement relever de l’idée astrologique‐ correspondraient à une volonté de dépassement du duodénaire (12) que nous situons dans le proto‐astrologique.(cf. le Colloque Cycles et Symboles, sur teleprovidence.com). On aura voulu placer par‐dessus le symbolisme duodénaire du calendrier une structure quaternaire significative et évocatrice. Cette tentative n’aura finalement abouti qu’à un certain syncrétisme, le duodénaire ayant en quelque sorte absorbé, intégré, le quaternaire par un processus exégétique, unitaire que l’on ne peut que constater, le verseau ou la balance, pour prendre les deux cas les plus flagrants étant désormais considérés comme faisant partie intégrante du système zodiacal, l’idée même d’addition tardive (pourtant bien connue pour la Balance) étant jugée douteuse, tant le besoin est fort d’un objet en quelque sorte atemporel en sa substance mais se prêtant aux ajustement les plus divers au niveau de l’interprétation. C’est là un postulat (non dit) qu’il nous faut signaler et qui est typiquement d’essence féminine : on prend les choses comme elles sont mais on les traite, on les « travaille », on les « prépare » (à la consommation) comme on l’entend.Mais là encore, il y a des seuils et nous interpellons donc les historiens du zodiaque et les astrologues : peu‐t‐on encore sérieusement nier l’importation des Vertus Cardinales, à des fins astrologiques, dans le Zodiaque et le fait que cela témoigne d’un retour au Quatre ? Autrement dit, ne serait‐il pas heureux de proposer une division en quatre de l’écliptique autour de quatre concepts plutôt que de perpétuer une proto‐astrologie à base 12, fondée sur la contingence des 12 lunaisons qui ne relève aucunement de quelque « loi » astronomique, chaque cycle de deux planètes générant ses propres chiffres ? En un an terrestre, la lune (mâle), satellite de la Terre, rencontre grosso modo 12 fois le soleil (femelle). On peut aussi se demander combien de fois Jupiter rencontre Saturne au sein d’une « année » neptunienne de 165 ans ? Le problème de ce cycle soli‐lunaire, c’est qu’il est voué à s’inverser. Dès que l’on ne recourt plus à la Lune, c’est le soleil qui devient le facteur le plus rapide et alors l’on peut se demander combien de fois le soleil rencontre Mars au cours d’une « année » saturnienne. On voit par là même que la division en 4 est beaucoup plus stable (cf. les 4 tempéraments associés aux 4 Eléments) que de telles considérations astronomiques (cf. André Barbault, L’univers astrologique des quatre éléments, Paris, Ed. Traditionnelles,1992, pp. 90‐91), à l’origine notamment d’une division en 12 qui ne correspond à aucune exigence numérique binaire, on passe du 1 au 2, du 2 au 4, du 4 au 8, du 8 au 16. Le 12 est un obstacle épistémologique (Bachelard) pour la pensée astrologique. (cf. les travaux de J. P. Nicolae autour du 12). II Les bonnes et les mauvaises maisons. Les maisons astrologiques (voir notre étude dans le journal de bord d’un astrologue, février 2012) associent certaines planétes à certaines maisons et il existe des planétes dites « fortunes » (Vénus et Jupiter) et d’autres « infortunes ».(Mars et Saturne), ce qui rejaillit sur les maisons correspondantes.(cf. notre traduction d’ Abenazra, Le livre des fondements, Paris, Retz, 1977, exposé dans Manilius (Ier siècle de notre ère) C’ est ainsi que la maison XI est liée à Jupiter et la maison XII à Saturne, ce qui explique que l’une soit dite favorable et l’autre défavorable, comme le souligne l’iconographie des maisons (cf. E. Schön, 1515, document reproduit par Dan Giraud dans Le Soleil, le Cœur et l’or, Ed. Cohérence, 1982, p. 183). Mais cela retentit aussi sur les maisons qui leur font face : la VI pour la XII et la V pour la XI). Si dans le premier cas, les maisons se situent « extra muros », c'est‐à‐dire au‐delà de la maison VIII (la Mort), si l’on admet que le dispositif initial était à 8 maisons, la V et la VI sont « intra muros ». Nous avions déjà relevé qu’il était un peu incongru de placer les valeurs négatives de la VI juste avant le mariage. Nous avions envisagé l’hypothèse d’une permutation mais nous préférons désormais celle d’une interpolation. Mais dans ce cas, interpolation implique substitution. Autrement dit, il y eut une précédente maison VI (liée à Mars) qui ne devait pas concerner la maladie. Quant à la maison V (liée à Vénus), « bonne maison », il est possible que la scène qui représente des enfants joyeux, qui semblent danser, corresponde à cette maison placée sous la houlette d’Aphrodite. JHB 20. 03. 12 Le rapport de l’homme à l’animal au regard de l’Astrologie Par Jacques Halbronn Peut‐on être astrologue et végétarien ? Quelque part, ce serait vouloir échapper à une cyclicité fondamentale que de refuser de manger de la viande et plus encore de condamner l’abattage des « bêtes », à commencer par celles qui sont dites domestiques. Il est vrai que la tradition astrologique, planétaire comme zodiacale, telle qu’elle nous est parvenue est bien édulcorée. Un débat qui a été récemment alimenté par la question du hallal, dans le cours de la campagne providentielle en France, en mettant l’accent sur la dimension religieuse que cela impliquerait, notamment quant à la façon dont on met l’animal à mort. Selon nous, en reprenant la morale de l’Ecclésiaste, il y a un temps pour élever et nourrir les animaux et un temps pour les tuer et les manger. Dans la Bible, il y a un Commandement qui interdit de tuerai un homme : Tu ne tueras point mais il n’est nullement prohibé en revanche de tuer un animal et le fait que l’on codifie le type d’ animal que l’on a le droit de manger et la façon dont il convient de le tuer (abattage kasher, proche du hallal musulman) et de le manger (exemple du chevreau et du lait, qui est à la base de toute la préparation culinaire juive jusqu’à nos jours) souligne à quel point l’homme est censé manger de la viande, certes sous certaines conditions (interdit sur le porc, exclu donc par définition des boucheries hallal et kasher). Selon nous, l’astrologie et même la mythologie ne nous encouragent pas à faire la guerre et pour nous Mars ne saurait justifier que l’on tue des êtres humains comme on le ferait pour des animaux. C’est en fait traiter un homme comme s’il s’agissait d’un animal qui fait scandale, qui est inqualifiable dans ce qu’on appelle les génocides, la Shoah. C’est là un Mars dévoyé. Or, la représentation astrologique traditionnelle de Mars renvoie à l’acte guerrier, au combat de l’homme contre l’homme, quand l’homme considère comme ni plus ni moins grave d’égorger un homme ou un animal. Cela fausse ipso facto la dialectique Vénus‐ Mars, voire celle du féminin et du masculin. Vénus n’est pas plus la paix que Mars n’est la guerre. Les armes de Mars ne sont pas tant celles d’un guerrier que d’un chasseur voire d’un boucher, parfaitement inscrit dans la Cité et représenté dans les images des anciens almanachs, pendant la période Automne‐Hiver, saisons où l’on fait du feu.(élément qui n’est nullement estival car le feu remplace le soleil et ce n’est pas en Eté qu’on se chauffe par ce moyen, le feu, c’est le foyer, le soleil « intérieur »). Nous dirons plutôt que Vénus est la nourricière et Mars celui qui reprend ce qui a été donné, en tuant l’animal qui a ainsi été nourri. Il est tué non pas en vain mais pour permettre à l’Homme de vivre. C’est l’animal qui est végétarien. En ce sens, Vénus est lié au végétal et Mars à l’animal. En fait, l’on peut se demander si Vénus ne nous parle pas de la procréation des animaux plutôt que celle des humains car à la base de l’élevage, il y a la fécondation de la femelle par le mâle. Donc là encore, on ferait un contresens : d’ailleurs, dans les Dix Commandements, il y a un interdit sur le rapport sexuel entre les humains (Tu ne commettras point d’adultère, les deux commandements se suivent) qui fait pendant à l’interdit du meurtre d’un humain alors que bien évidemment cela ne pourrait valoir concernant les animaux, qui relèvent d’une autre échelle de valeurs. Le signe des Gémeaux qui, selon nous, exprime Vénus devrait représenter deux animaux en train de copuler et non deux humains à moins qu’il ne s’agisse du vêlage de printemps, la mère et l’enfant (que l’on retrouve avec la Vierge et l’enfant) car le Zodiaque ne nous parle pas de la façon dont se comportent les humains entre eux mais de la façon dont ils organisent leur économie, celle de leur « maison » (maisnie) au cours de l’année. On comprend que l’homme n’entre pas dans un tel cycle, sa mort, à lui, est dictée par d’autres instances (les dieux, les cieux) Ainsi, force est de constater que le discours que nous pensons avoir restitué est bien peu perceptible dans l’astrologie actuelle. On n’en trouve plus que des traces : certes, à l’automne, il y a le Sagittaire, l’Archer mais qui irait penser de nos jours que celui‐ci s’attaque à un animal. ? Il y a pourtant l’exemple d’Hercule dont la plupart des adversaires sont des animaux. (cf. aussi le Zodiaque «chinois »). Le nom même de Zodiaque (cercle des animaux, du grec) nous rappelle ce dont il s’agit tout d’abord. En fait, il y aurait un demi‐cycle consacré à l’animal, depuis sa venue au monde au printemps jusqu’à l’abattage à l’automne (notamment le 11 novembre, à la Saint Martin) et un autre consacré à l’homme et qui est incarné par le Verseau, en plein Hiver, lorsque les humains consomment précisément la viande qui est le « fruit » de l’élevage. A contrario, la symbolique des maisons astrologiques, quant à elle, ne nous raconte pas le cycle de la vie animale mais bien celui de l’homme. L’iconographie qui nous en est parvenue est essentiellement une série de représentations d’humains, de la naissance à la mort. Même le squelette de la mort est celui d’un humain. Le tarot qui dérive largement des maisons astrologiques ne comporte quasiment pas de motif animal. Le Zodiaque nous parlerait de la façon dont l’Homme doit se situer par rapport à l’animal sur lequel il exerce un pouvoir mais qui marque, par là même, son propre mode de vie (modus vivendi). Le Zodiaque, recentré sur le rapport de l’homme à l’animal ‐ nous parle à l’évidence de cyclicité. A l’automne, on récolte ce qu’on a semé mais en fait cela commence par la mise à mort de l’animal que l’on a pris en charge dès sa naissance. (Vêlage) Nous dirons en conclusion que Vénus est ce que nous donnons et Mars ce que nous reprenons. Il y a là un principe « karmique ». Le mot capital vient de cheptel, c'est‐à‐dire de troupeau. (caput : tête de bétail). Dans le cycle de sept ans qui est au cœur de notre vie d’homme, il y a trois ans et demi voués à Vénus et trois ans et demie voués à Mars. En phase vénusienne, nous semons, nous émettons. En phase martienne, nous récoltons ce que nous avons semé et ceux qui ont reçu doivent s’acquitter de leur dette. Et dans le cas de l’animal, c’est une dette de sang. (D’où le caractère ignoble du Marchand de Venise, Shylock ; de Shakespeare). Il est certain que l’on peut transposer et ne pas tout prendre au premier degré. Mais il n’en reste pas moins qu’il faut revenir au message en son contenu d’origine. JHB 14. 03.12 Epistémologie des sciences traditionnelles. Le cas de l’Astrologie Par Jacques Halbronn On sait que les débats théoriques ne peuvent pas se résoudre au moyen de pratiques. Certes, dans l’absolu, on ne saurait contester qu’il y ait une dialectique entre théorie et pratique, mais il reste que le cerveau humain ne saurait renoncer à une exigence de clarté avant de se plonger dans la complexité multifactorielle des applications, qui sont fortement fonction du profil du praticien et de celui de son client. Priver le cerveau humain de ses repères, c’est le condamner à un état quasi animal. Nous avons besoin de comprendre et pas seulement d’apprendre. L’apprentissage de la langue éveille ce besoin de cohérence qui est à la base du processus de compréhension. On dit souvent « je vous suis «, on parle de « suivre » un raisonnement, c'est‐à‐dire un enchainement, une série, une « suite » de séquences. (du latin sequor, suivre) et de conséquences. Dès lors, quand on ne « suit » pas, quand cela ne fait pas « sens », quand cela ne « colle » pas, quand on ne voit pas comment on en arrive à tel ou tel point, il y une alarme qui se déclenche dans le cerveau qui signale un dysfonctionnement. Méfions‐nous donc de ceux qui nous engagent à ne pas nous fier à notre intelligence, à notre raison. On parle d’un « irrationnel » mais s’il y a bien un domaine qui pourrait être taxé de ce terme, c’est bien celui d’une pratique supposée pallier les manques du théorique. Certains nous objecteront que tant dans le domaine de la science que de la technique, on peut observer des choses sans en connaitre la cause, sans savoir comment « ça marche «/. Le problème, c’est que dans le domaine des savoirs traditionnels, cela ne se passe pas comme cela. En effet, ces « savoirs traditionnels », comme nous proposons de les appeler (cf. notre interview avec Marc Lalvée, sur teleprovidence), ne valent que par leur structure. Ils obéissent en quelque sorte à une logique inverse de celle du champ de la techno‐science. La dimension systémique n’est pas pour eux seconde mais première. C’est ce que bien des astrologues n’ont pas encore compris, qui croient pouvoir fonder l’astrologie sur une pratique (Technique) ou sur des données objectives (Science) alors qu’elle est d’abord une Structure, une Institution qui correspond à un certain Ordre que l’on pourrait qualifier de « divin », c'est‐à‐dire préexistant à la Création. Rechercher le « divin » dans le monde, c’est dégager, isoler de la structure, cette structure n’étant pas censée décrire le monde mais le transcender, le géométriser, lui imposer sa Loi. Il incombe donc aux astrologues de préserver cette structure dans son intégrité, de la nettoyer de tout ce qui aurait pu être ajouté d’autant que les ajouts sont souvent la contrepartie d’un manque, ce qui va donc correspondre à une double peine. Non seulement à une perte de substance mais à un changement de substance par l’intégration d’éléments étrangers, appelés à l’aide. Au lieu de comprendre ce qu’est un système, on en superpose un autre qui fait l’affaire dans la mesure même où on le pense le maîtriser, ce qui prouve bien que le cerveau humain a besoin de cohérence. Le problème, c’est que les sciences traditionnelles correspondent à un très ancien ancrage et que c’est celui‐ci qui compte et non quelque nouvel énoncé imposé au nom de valeurs empruntées à la techno‐science et prônant une certaine modernité. En procédant ainsi, on s’achemine vers l’implosion/explosion. Le XXIe siècle sera celui de la prise de conscience selon laquelle, il est aussi important pour les humains de renforcer leur psychisme et leur mental que de continuer à explorer le monde extérieur et d’amplifier le champ du technique. Mais pour ce faire, l’Humanité devra renouer avec la mathématique mais un autre que celui de la Science ou de la Technique. Ce mathématique‐là, elle le trouvera dans les langues, dans les lois, dans les arts, y compris dans l’architecture et bien entendu dans l’ésotérisme (cf. nos Mathématiques Divinatoires, Paris, Ed Trédaniel‐Grande Conjonction, 1983). Face à la modernité, l’Humanité devra, plus que jamais, se ressourcer, ce qui implique une Renaissance, un nouveau cycle. Si l’humanité vieillit face à un monde en constant progrès, elle se prépare à ne plus peser encore très longtemps. Or, paradoxalement, c’est en restituant ces savoirs traditionnels à leur cohérence initiale qu’elle tiendra tête aux défis de la Techno‐science et non pas en les accommodant, les assaisonnant d’astronomie et d’informatique. L’écriture reste un acquis précieux et il est à noter qu’il y a quelques années, on pensait qu’il serait de moins en moins important de savoir lire et écrire. La disparition de l’écriture serait la voie ouverte à un individualisme outrecuidant, puisque nous n’aurions plus de repère commun. Or, force est de constater que l’écrit tient bon grâce au Minitel puis grâce à Internet, aux SMS (texto). C’est grâce à l’écrit que l’emprise du français sur l’anglais‐et donc sur le monde – est flagrant. L’écrit se prête à toutes les lectures mais les lectures passent et l’écrit reste. On y revient toujours. Or, dans le cas de l’astrologie, il est des écrits qui ont disparu ou plutôt qui ne nous sont parvenus que par des biais et dans un certain désordre. Les « écrits » de l’astrologie, c’est en fait ce qu’on appelle son « symbolisme » et ce ne sont pas tant des textes que des images. Le Colloque « Cycles et Symboles » a rappelé ce qui constituait un tel corpus de « symboles » et à quel point leur ordre, leur agencement, s’était détérioré. D’aucuns ont émis des doutes quant à notre aptitude à retrouver l’organisation initiale. Mais, même en science, le big bang n’est pas un phénomène auquel on peut assister mais bien que l’on peut inférer de ce que l’on peut observer de nos jours. Chaque facteur est porteur de sa propre histoire à décrypter. Toute imperfection, toute perturbation est l’indication d’un état antérieur mais il ne faut pas non plus sauter les étapes en remontant trop haut, c'est‐à‐dire avant la mise en place du système car un système est précédé d’un matériau brut auquel il ne saurait se réduire. L’Histoire d’un document ne se limite pas à inventorier les différentes occurrences de celui‐ci mais bien à déterminer s’il ne manque pas certains chainons entre les différents corpus connus qui y conduisent. Le cas du symbolisme zodiacal est un exemple flagrant d’une structure fort ancienne, certes, mais à l’évidence corrompue, la synchronie répétitive ne pouvant ici faire écran à la réflexion diachronique. Notre approche diachronique se sert précisément de la synchronie : une structure imparfaite a selon nous été précédée d’une structure plus cohérente qui est à retrouver, à restituer et tout particulièrement lorsque la structure à explorer a servi ou sert encore de référence à certaines sociétés ou à certaines « sectes » ou religions. Car dans le domaine traditionnel, il y a le praticien et le pratiquant, le premier prouvant par sa pratique la validité du propos et le second prouvant sa propre « valeur » par son « imitation » du modèle (cf. l’Imitation de Jésus Christ). L’Astrologie ne cesse en vérité d’osciller entre ces deux lectures. Or, il nous apparait que c’est bien la seconde option qui est la plus adéquate. L’homme a fini par prendre modèle sur le cosmos, du moins sur celui qu’il connaissait et sous les angles – c’est le cas de le dire‐qui lui semblaient, à tort ou à raison, les plus remarquables. C’est sur un tel mimétisme face à un certain Ciel de référence que l’Astrologie s’est constituée et instituée. En ce qui concerne l’autre approche, qui est complémentaire, les habitudes devenant seconde nature, avec le Temps, il convient d’être conscient de la nécessité de faire preuve d’une puissante faculté d’abstraction de façon à déceler l’empreinte d’une seule et même structure derrière des occurrences pouvant prendre les formes les plus diverses. Faute de quoi, et c’est ce qui s’est produit, l’on sera tenté de complexifier le modèle de façon à ne plus avoir à recourir à l’abstraction, ce qui est épistémologiquement une impasse. L’affirmation de toute spécificité, de toute « individualité », de toute pathologie ne saurait faire, en effet, oublier qu’il ne s’agit jamais là que d’une addition plus ou moins ponctuelle, contingente à un modèle général. Pour illustrer notre propos, nous évoquerons deux ouvrages parus entre 1967 et 1972, dans deux genres bien différentes, l’un d’André Barbault (Les astres et l’Histoire, Pauvert, 1967), l’autre de Lisa Morpurgo (Introduction à la nouvelle astrologie, Milan 1972, trad. française Hachette 1974). Dans le premier cas, le propos consistait en pratique à prévoir les conflits mondiaux du XXe siècle. Etrangement, le graphique était déjà douteux lors de sa parution puisqu’en 1962, la crise de Cuba n’avait pas été « prévue ». Cela nous apparait d’autant plus flagrant, il est vrai, avec le recul, cinquante ans après, en 2012. Certes, au regard de catastrophes à venir, l’auteur pouvait toujours espérer relativiser son « échec ». Mais encore de nos jours, la plupart des historiens s’accordent pour reconnaitre que l’on n’a depuis jamais connu une crise d’une telle amplitude que lors du « match » des deux « Monsieur K » (Khrouchtchev et Kennedy). Notons qu’en 1989, on peut faire le même constat car on est en pleine ascendance de la courbe. Il est vrai qu’en dépit des enjeux, il n’y a pas eu de tension de type Cuba. On nous objectera que Cuba n’a pas débouché sur une troisième guerre mondiale. Nous répondrons pour commencer que les années 80‐90 qui avaient été annoncées comme terriblement inquiétantes non plus et pas même au degré atteint par la crise des missiles de Cuba. Nous ajouterons que l’astrologie n’a pas une obligation de résultat mais de moyens (et ces moyens doivent relever d’une modélisation claire et nette) car après tout l’attentat de Sarajevo en 1914 ou la double attaque nazie et soviétique de la Pologne en 1939 auraient pu ne pas dégénérer. Au regard des points de départ, Cuba en 1962 n’est pas moins marquante que Sarajevo 1939 ou Pologne 1939. On peut donc conclure que le « graphique » présenté par Barbault n’a pas donné satisfaction et qu’il était déjà assez discutable avant même de paraitre. Mais il est vrai que cette affaire de Cuba avait déjà été éludée rétrospectivement par Barbault dans son précédent ouvrage d’astrologie mondiale ( « 1965. La crise mondiale », Albin Michel, 1964). On l’a dit, il faut du recul pour faire le point sur une prévision, tant quant à son échec qu’à sa réussite. Aujourd’hui, s’il fallait reprendre le dossier à nouveaux frais, nul chercheur ne pourrait se permettre d’oublier Cuba dans son étude des grandes crises du XXe siècle. Cela dit, dans l’idée même d’indice, il y a l’idée d’un recentrage, d’une quête d’unicité qui nous semble un message essentiel. Mais comment arriver au un par le multiple ? C’est là une quadrature du cercle à laquelle s’est heurtée Barbault. Selon nous, cette unicité n’est possible qu’en amont et non pas en aval : il faut qu’une planète sorte du rang et impose sa loi aux autres. En l’occurrence, selon toute vraisemblance, Saturne. En ce qui concerne Lisa Morpurgo, on rappellera que selon cette chercheuse italienne, qui eut le mérite de ne pas passer à la trappe la question des exaltations, un sextile (60°) devait constituer l’intervalle entre le domicile et l’exaltation d’une planète. (cf. le site de Mireille Petit, « Orphée » et notre interview de Carla Preto sur teleprovidence). Cette position est pour le moins étrange quand on sait que ce qui distingue les deux positions est liée aux axes équinoxiaux et solsticiaux, qui, par définition, sont en carré. Il est vrai que du fait d’une permutation, la lune est exaltée en taureau, donc au sextile de son domicile en cancer tout comme le soleil est exaltée en bélier au trigone de son domicile en lion. Mais qui ne voit que le document a été corrompu et qu’initialement, on avait deux carrés : lion en taureau et en lion, lune en bélier et en cancer, chaque astre ayant une position en signe masculin ou impair et une position en signe féminin ou pair encore que ce point puisse difficilement être établi puisque l’on ne connait les domiciles qu’au prisme d’une transformation tardive dite des « doubles domiciles » (cf La Tétrabible, IIe siècle de notre ère). Autrement dit, les deux dispositifs ont été l’un comme l’autre perturbés et cela rend d’autant plus délicat leur restauration à un état antérieur. (cf. nos études dans le Journal de Bord d’un astrologue, janvier et février 2012). Certes, Morpurgo, en privilégiant le sextile, tenait compte du fait que cet aspect relie deux signes pairs ou deux signes impairs et que cet aspect est considéré comme « harmonique » alors même que l’aspect de 90° est généralement décrit comme dissonant. Ce qui nous conduit à noter que la théorie des aspects pèse sur un discours relatif aux « Dignités », aux « Maîtrises » mais ne convient‐il pas justement de la reconsidérer, à son tour. ? Reprenons le cas de l’aspect de carré. Il importe de noter qu’initialement, ce qu’ont oublié les astrologues, le carré concernait des planètes appartenant à une même « double saison ». Par là on dira que printemps et Eté forment une « double saison » tout comme automne et hiver. Pas de carré entre des planètes situées l’une en Eté et l’autre en Automne ou l’une en Hiver et l’autre au Printemps. Il est clair en effet que le printemps et l’Eté ne sont pas en conflit pas plus que l’automne et l’Hiver ne le sont entre eux. C’est cette notion de « double saison » qui semble avoir été oubliée alors même que l’on peut observer que cela correspond à deux champs différentes : les planètes « intérieures » étant en « dignité » au printemps et en Eté et les planètes «extérieures » à l’automne et en Hiver, au sens zodiacal du terme, encore faudrait‐il là encore noter que certaines exaltations ont été modifiées par la suite, du fait d’un processus d’autonomisation d’un dispositif par rapport à l’autre, conduisant à un découplage. Inversement, il est clair que même un « bon « aspect ne saurait harmoniser les rapports entre deux planète situées dans des « doubles saisons » différentes. L’échec de Lisa Morpurgo dans sa tentative de restituer le double dispositif des domiciles et des exaltations‐ et ce quel que soit le processus de « validation » au niveau d’une quelconque pratique » sur le terrain ou d’une correspondance avec le profil de tel ou tel signe zodiacal, doit d’abord être situé, en effet, sur le plan adéquat, celui de la cohérence structurelle : par là nous n’entendons évidemment pas la capacité à élaborer une nouvelle structure inédite, incluant des planètes inconnues dans l’Antiquité (Uranus, Neptune, Pluton) voire encore de nos jours (X, Y), exercice auquel se livre l’astrologue milanaise, mais bien à restituer un savoir déformé et dévoyé non du fait de la méconnaissance du cosmos mais du fait de perturbations et de problèmes de transmission. Si Lisa Morpurgo a mis en avant un dispositif hélicoïdal (faisant songer à l’ADN), elle n’a pas perçu l’existence d’un dispositif en croix fondé sur le croisement équinoxe‐solstice, les domiciles ne couvrant pas l’axe équinoxial (bélier‐balance) et les exaltations s’abstenant de se situer sur l’axe solsticial (Cancer‐capricorne), les planètes intérieures (luminaires, Mercure, Vénus) à une extrémité et les extérieures (Mars‐ Jupiter, Saturne) à l’autre pôle. Nous avions rencontré la regrettée Lisa Morpurgo en 1971 à Aalen, à un congrès organisé autour de la pensée de Reinhold Ebertin, selon lequel tout ce qui était en carré, opposition et conjonction était superposable. Nos deux auteurs n’ont pas retenu cette leçon. Barbault, parce qu’il distingue radicalement conjonction et opposition au lieu de les assimiler. Pour ce chercheur français (né en 1921), l’opposition des planètes les plus lentes (de Jupiter à Pluton) est un facteur de détente, de remontée de la courbe alors que la conjonction est un facteur de tension, qui accentue le coefficient de concentration, qui est un signal « rouge » de la crise, l’opposition devenant étrangement un signal « vert ». Cette façon d’utiliser des astres inconnus de l’Antiquité nous apparait en tout état de cause comme un contresens au regard de l’épistémologie des sciences traditionnelles et un recours sauvage à l’astronomie conduit à une perte de cyclicité rigoureuse et à une sorte d’approche quantitative où toutes les planètes s’équivalent. Pour la chercheuse italienne, proche des milieux astrologiques français (et notamment probablement influencée par Carteret), le remplacement du carré par le sextile, comme matrice structurelle d’ensemble, ne s’ajuste même pas sur la dialectique équinoxe‐solstice qui est à la base même du double dispositif des domiciles et des exaltations. Certes, il peut sembler étrange que la Lune puisse être « exaltée » dans un signe masculin ou le soleil dans un signe féminin. Le sextile garantit que la planète aura ses deux positions dans un signe de même genre mais est‐ce vraiment là un bon principe ? Si l’on admet que domicile et exaltation sont favorables à une planète donnée (par opposition à exil et chute qui sont en opposition respectivement avec le domicile et l’exaltation), c’est donc que le carré qui relie un équinoxe et un solstice doit être bénéfique. Or, l’équinoxe de printemps commence par un signe de feu (bélier) et le solstice d’Eté par un signe d’eau (cancer), ce qui ne correspond nullement au sextile. Même dans le dispositif ptoléméen des doubles domiciles (avec lequel Lisa Morpurgo ne rompt d’ailleurs pas), le sextile ne joue aucun rôle : les aspects reliant les deux domiciles (diurne et nocturne) d’une planète donnée étant le semi‐sextile (luminaires, Saturne), le carré (Mercure‐Jupiter)) et le quinconce (Mars‐Vénus), soit trois aspects qui précisément sont à cheval (comme au jeu d’échecs avec le cavalier passant d’une case blanche à une noire ou inversement) sur un signe impair et un signe pair, ce dont le sextile est justement incapable de réaliser, tout comme le trigone, l’opposition et la conjonction. Le grand problème de l’Astrologie est son mode de validation. Qu’est ce qui valide un système en « Mondiale » ? Si l’on s’adresse à des gens peu instruits et peu doués pour l’abstraction, on sera tenté de faire des prévisions qui devront s’imposer aux esprits les plus obtus. En revanche, si l’on a affaire à des esprits plus subtils, on pourra formuler des pronostics plus « ouverts », en comptant sur le « public pour faire les rapprochements. Le problème, c’est que l’Histoire populaire a opté pour une série d’événements marquants et relativement peu nombreux –et visiblement encore trop nombreux pour la plupart des gens. Si cette Histoire avait du considérer, de surcroit, des situations n’ayant pas débouché sur effets dramatiques, on aurait une quantité de données bien plus importante à emmagasiner. Or, il n’y a aucune raison de penser que l’Astrologie soit responsable des conséquences ultimes et il est donc fâcheux de vouloir qu’elle se conformât à une telle exigence pour complaire à gens dont le bagage est insuffisant. D’où l’importance d’un dialogue entre l’astrologue et des spécialistes du champ qu’il entend étudier. En ce sens, paradoxalement, la consultation a au moins l’avantage de mettre l’astrologue face à quelqu’un qui est censé savoir de quoi il retourne puisque c’est de lui dont il est question, mais de là à croire que le client puisse « juger » de la valeur de ce qu’on lui dit, nous pensons que cela ne se peut qu’à condition de lui expliquer de façon très clair l’outil dont on se sert, lui en laissant l’usage et la pratique. Tout bien pesé, l’exercice biographique et historique nous semble assez vain quand il s’adresse à des personnes qui n’ont qu’une image très réductrice des personnages ou des pays décrits, des dates importantes de leur histoire. D’où l’importance qu’il y a, au niveau universitaire, non pas tant de faire valoir l’Astrologie mais de voir des astrologues reconnus dans d’autres domaines que ceux de l’Astrologie et donc en mesure de dialoguer avec des spécialistes d’autres domaines en parvenant à montrer que grâce à l’astrologie, ils peuvent éclairer certains domaines. Ce qui ne semble pas encore être le cas... Quant à ce qui « valide » le savoir astrologique pour lui‐même, nous dirons que l’on est dans un labyrinthe, avec des jeux de glace complexes où l’on a vite fait de se perdre encore que le cerveau humain s’avère plus à son aise dans la théorie que dans la pratique. Une pratique ne sera en effet jamais qu’un « fait accompli » dont on ignore généralement les tenants et les aboutissants, une donnée inévitablement partielle, un segment d’un ensemble qui nous échappe. A contrario, au niveau théorique et abstrait, l’on peut embrasser un champ beaucoup plus vaste et global. On ne saurait oublier que l’image de l’astrologie est liée à la qualité supposée de sa structure. C’est bien ce qu’avait compris Lisa Morpurgo mais elle n’a pas compris que l’épistémologie de l’Astrologie n’est ni celle de la Science, ni celle de la Technique mais qu’elle relève d’un autre créneau, celui des Sciences Traditionnelles qui ne sont sujettes ni aux exigences pratiques de la Technique, ni aux découvertes modernes de la Science. Il est d’ailleurs probable que d’une façon ou d’une autre, les sciences dites humaines soient vouées à terme à s’inscrire dans ce champ des Sciences Traditionnelles JHB 14. 03.11 Cyclicité et crise de l’alternance Par Jacques Halbronn Pour quelles raisons, sur différents plans, le modèle cyclique aurait‐il été peu ou prou abandonné au profit d’un modèle « thémique », c'est‐à‐dire décrivant globalement une situation donnée, en un instant T ? Le cas des élections en Russie et au Sénégal, très récemment, nous éclaire à ce sujet : c’est le probléme de l’alternance. Se mettre d’accord avec quelqu’un pour qu’au bout d’un certain laps de temps, il nous laisse sa place n’est pas si évident que cela. On connait l’adage : laisser la proie pour l’ombre. D’où les gouvernements d’union nationale, les partis uniques qui ne prennent pas ou plus le risque de l’alternance. Or, selon nous, la conquête ou plutôt la reconquête de l’alternance est un facteur majeur de progrès sociopolitique. Inversement, il convient de mesurer les désavantages des solutions non alternatives. Derrière l’idée d’alternance, il y a en fait le principe d’une certaine homogénéité. On ne peut pas pratiquer simultanément deux politiques opposées. Mais c’est ce qui se passera si le « gouvernement » est constitué d’éléments hétérogènes incapables de prendre collectivement et consensuelle ment les bonnes décisions/ Selon nous, le XXIe siècle, contrairement à ce que beaucoup veulent croire, considérera le clivage masculin/féminin comme garant et fonction d’une certaine alternance. Autrement dit, nous ne pensons pas qu’hommes et femmes partagent réellement les mêmes valeurs. Cela ressortira tôt ou tard de certains choix, de certaines analyses divergentes. En revanche, l’on peut penser qu’hommes et femmes puissent alterner, se succéder au pouvoir à tour de rôle. On pourrait même supposer que dans un système de bipartisme, tel parti soit à dominante masculine et tel autre à dominante féminine. Selon nous, de tels dispositifs ont du exister dans le passé et l’alternance n’est pas née au cours des derniers siècles. Avec la loi salique, la France aura tenté de limiter l’accession des femmes au trône mais cela aura été en partie compensée par les nombreuses régences, notamment aux XVIe et XVIIe siècles. Mais le but du présent texte vise à faire prendre conscience de ce que le mécanisme de l’alternance peut s’enrayer et cela conduit à des sociétés qui nous parlent vaguement d’intégration, c'est‐à‐dire d’interchangeabilité. On est dans le « kif kif » ! Ce qu’il faut savoir, c’est que les solutions non alternatives sont suspectes et cela vaut pour les fausses alternances, qui ne font pas alterner ce qu’il faut alterner, comme c’est le cas bien souvent. Ce sont alors des alternances pour rien. Il serait donc bon de considérer le refus d’alternance comme lié à un traumatisme, comme une défiance née d’un certain abus que la personne a pu subir. L’ascenseur n’a pas été renvoyé. Et l’on en finit alors par préférer que tout le monde soit présent à se surveiller, car, comme on dit, « les absents ont toujours tort ». Il faut donc absolument faire acte de présence. Les nombreux cas de cohabitation, en France, depuis 1986, illustrent assez bien une sorte de crise de l’alternance, tout comme une certaine forme de centrisme. En fait, pour qu’il y ait alternance, il faut prévoir un compartimentage spatial car quand tel groupe est au pouvoir, l’autre groupe ne saurait évidemment disparaitre mais il devra se situer en retrait, au second plan, dans l’ombre (d’où le « shadow cabinet » anglais, qui désigne l’opposition) A partir du moment où l’on accepte de renoncer au mythe égalitaire, ou si l’on préfère à l’idée que les gens se « valent », certains problèmes comme celui de l’intégration des étrangers, des immigrés, prennent une autre tournure. Admettre qu’une société soit à géométrie variable nous semble être une bonne chose car cela évite que les gens soient « les uns sur les autres ». D’où vient donc cette « loi » de l’alternance, qui n’en est pas moins illustrée par le respect et l’application d’une certaine tradition électorale en divers pays, depuis plus de deux siècles ? On peut penser à la dialectique du soleil et de la lune, par exemple. La lune n’apparait que lorsque le soleil est couché, sauf en cas de nouvelle lune, ce qui ne se produit qu’une fois par mois. Ce qui est clair, c’est que notre « bête noire » qu’est le thème natal, exprime tout à fait la crise de la cyclicité. Toutes les planètes y sont présentes et tous les signes : qui dit mieux ? Il faut bien comprendre que l’astrologie n’est à juger ni selon des critères « techniques » ‐ ça marche ou ça ne marche pas‐ ni selon des critères « scientifiques », cela s’observe ou cela ne s’observe pas. Il nous faut d’autres outils pour appréhender notre sujet à commencer par une méthodologie permettant de restituer un système à sa logique originelle, ce qui ne signifie pas à sa source. On pourrait parler d’un « système‐source » par opposition à des sources « brutes » que le système source aura retraitées, réorganisées : c’est ce seuil, ce stade de mise en forme systématique qu’il nous faut retrouver et ce pour une excellente raison, c’est que si notre intelligence renonce à « comprendre », elle s’abrutit. Et la proportion de personnes qui ont perdu toute espèce d esprit critique au regard des dispositifs dont ils se servent est colossale dans le milieu astrologique et on peut leur raconter à peu près n’importe quoi du moment que « ça marche ». Mais là on en revient à notre approche développée plus haut, en ce qui concerne les clivages socioculturels et psychosociologiques et l’alternance. Prenons le cas de la gestation : une fois que l’enfant est né, il est relativement facile de s’en occuper. Mais avant cela, c’est beaucoup plus compliqué et cela exige des spécialistes. D’où un modèle d’alternance. Imaginons qu’une phase soit assimilable à une gestation (embryon, fœtus) et une autre à une naissance. Il y a là un passage de relais. Le rôle des arbitres que sont les monarques constitutionnels ou les présidents de la République est de veiller au respect de l’alternance du moins si les deux partis sont suffisamment différents dans leur composition et s’ils sont majoritaires à tour de rôle. Tout cela dépend évidemment d’articuler le calendrier électoral sur des dates cycliquement viables (cf. nos études sur ce sujet) Pour nous, l’astrologie a de nombreux points communs, en tout cas, avec le Droit et les sciences juridiques et plus largement avec toute structure instaurée par les sociétés humaines selon une certaine exigence de cohérence et d’équilibre. Notre cerveau serait programmé pour n’accepter que les systèmes qui offrent une certaine fluidité immédiate, c’’est à dire au niveau du signifiant et non pas seulement du signifié. Notre cerveau ne capterait qu’une certaine qualité de signaux donc quand les signaux sont brouillés, comme dans le cas du thème natal, il n’y a aucune chance que notre cerveau s’y attarde : il y a rejet. Si le thème est une greffe, celle‐ci ne tient pas. JHB 12.03.12 L’astrologie au service de l’excentricité ? Par Jacques Halbronn Selon nous, hommes et femmes différent sensiblement dans leur rapport au Temps. Pour les femmes, le temps suit un processus additionnel et en quelque sorte linéaire, sans «retour ». Ce qui est acquis est acquis et on le garde indéfiniment (souvenir, survenir). Pour les hommes, le temps serait plutôt d’ordre cyclique et la cyclicité elle – même implique une certaine diversité (phases successives) au cours même du cycle – sans quoi il n’y aurait pas cycle ‐ mais aussi lors du passage d’un cycle au suivant, chaque cycle étant un nouveau départ, à nouveaux frais, une nouvelle aventure. (même racine qu’avenir, advenir). En fait, paradoxalement, l’homme serait plus enclin que la femme à « faire le ménage », en tout cas dans sa tête, d’où cette jolie formule de Montaigne : « mieux vaut une tête bien faite que bien pleine » et qui résume assez heureusement un tel clivage. Entendons par là que pour l’homme, le temps est l’occasion de « muscler », d’entraîner son mental, de le rendre plus performant, ce qui exige d’en entretenir la tonicité par des défis renouvelés. Il y aurait là une manière sportive de procéder. Souvent, l’on voit le héros débarquer dans un univers hostile, en tout cas étranger (on pense aux épisodes de Startrek ou aux films), la routine (de roue) ne lui convient pas s’il veut se maintenir en forme. A contrario, pour la femme, l’enjeu ne semble pas être le même. Sa vie lui sert à se construire, pièce par pièce, à la façon d’une mosaïque, tel un orfèvre. Quelque part, elle se veut un bel objet sur lequel elle « travaillerait », d’où une certaine distanciation par rapport à elle‐même qui la conduit sinon à parler à la troisième personne du moins à une certaine dialectique entre le « je » et le « moi », autrement dit elle parle de son « je » comme si ce n’était pas tout à fait elle, mais quelque chose qu’elle observerait, qu’elle décrirait. « Aujourd’hui le « je », il a fait ça », pourrait‐ on résumer. Au regard de l’astrologie, qu’en est‐il ? Il est clair que le thème natal correspond plus « féminin » qu’au « masculin ». Il préfigure toute la complexité de ce que la personne porte en elle‐même et sera conduite à explorer. Là encore, le thème nous parlerait de cet être dont on aurait à suivre les manifestations, les expressions et qui ne serait pas tout à fait nous‐mêmes mais en quelque sorte en nous‐mêmes, tel un enfant que l’on porterait. La femme serait comme enceinte d’elle‐même et aurait besoin de cette « carte » qu’est le thème, pour prendre connaissance, explorer ce dont elle a la charge et dont elle serait, en quelque sorte, dépositaire. En ce qui concerne l’homme, un tel exercice n’aura qu’un intérêt limité en ce qu’il n’est pas « porteur » de quelque chose avec lequel il lui faudra vivre. Il aime trop sa liberté pour participer à une telle entreprise quelque peu aliénante. Mais soulignons que même quand la femme n’a pas d’enfant, elle est son propre enfant, du fait d’une certaine forme de schizoidie. Quelle est la logique de la cyclicité, que l’on trouve, par ailleurs en astrologie et surtout en astronomie avant même d’aborder le thème, qui ne fait guère sens du point de vue astronomique, quand bien même serait‐il constitué d’une « carte du ciel », et quand bien même y aurait‐il un phénomène d’interaction gravitationnel, au sens de Newton, au sein du système solaire‐mais on est plus alors dans le champ de la physique que de l’astronomie ? C’est celle des saisons, celle de l’alternance du jour et de la nuit, celle d’une répétition par delà les différences et qui dit différence fait obstacle, ipso facto, à l’idée de cycle. Ce qui explique la mode actuelle de configurations ponctuelles, dont la cyclicité n’est même plus vraiment appréhendée et qui font sens non plus dans le temps mais dans l’espace, en un instant T, ce qui est la dimension minimale du temps. Cela fait penser à l’anecdote de quelqu’un qui vient voir un pianiste après un récital, en le félicitant pour la vitesse de son jeu et lui demandant de lui en donner encore un extrait puis voyant qu’il n’y est pas disposé, lui dire : eh bien jouez au moins une note, dans ce cas ! ». Or, jouer une seule note ne permet pas de ressentir une vitesse. La cyclicité, en vérité, semble faire problème à la femme et aux êtres marqués par le féminin en ce qu’elle exige certes périodiquement certains renoncements, abandons non pas d’autrui mais d’une certaine image de soi‐même mais aussi parce qu’elle pense qu’elle n’a rien à gagner au change, risquant ainsi de quitter la proie pour l’ombre, formule chère à l’esprit féminin. D’ailleurs, la vie enseigne à la femme que l’on vieillit, que l’on n’est plus à tel âge ce qu’on était vingt ans plus tôt, qu’il est plus « sage » de parfaire ce que l’on est ou ce que l’on « porte » en soi, pour reprendre notre image : on ne vivrait qu’une seule vie, du berceau à la tombe. Un vieillissement inexorable, épée de Damoclès suspendu au dessus des femmes, évoqué par Ronsard. Or, pour l’homme, une vie n’est pas faite de souvenirs mais d’une potentialité à entretenir et à renforcer, à n’importe quel prix. Un homme aura échoué qui aura laissé dépérir le « talent » dont il hérita (cf. la parabole de l’Evangile) et ce sentiment d’échec, de ne plus être ce qu’on a été peut conduire au suicide... Pour les hommes, rien d’étonnant à ce que la vie soit faite d’une succession de défis, exigeant de trouver de nouveaux repères, de développer de nouvelles habitudes, du moment qu’il « a la santé » tant physique que mentale. D’où la tentation masculine à recommencer sa vie même à un âge avancé, au mépris de l’âge dirons‐nous et la notion de cyclicité ne tient pas compte, justement, de l’âge, dès lors que l’on se sert d’un cycle de sept ans par exemple. A contrario, les femmes astrologues risquent fort d’être attirées par des cycles plus longs, comme celui d’Uranus, de 84 ans et qui couvrent toute une vie humaine normale. Car un cycle long ne pose plus vraiment le problème de la cyclicité, tout comme la multiplicité des cycles relativise singulièrement l’idée même de cyclicité. S’attaquer au cycle en ce qu’il peut avoir de plus « révolutionnaire », serait en quelque sorte une façon de nier les valeurs masculines. En conclusion, nous dirons que l’astrologie est écartelée entre deux approches antagonistes de l’Espace‐temps, celle de la femme et celle de l’homme, l’un qui se centre sur le thème « individuel », qualitatif, l’autre sur la « mondiale », c'est‐à‐dire collective, quantitative. L’astrologie, au vrai, a‐t‐elle vocation à nous aider à rejoindre le peloton de la norme, en évacuant nos aspérités, nos bizarreries ou bien doit‐elle servir à flatter nos petites manies, nos travers, nos phobies ? Depuis que l’astrologie n’est plus reconnue d’intérêt public, elle a été recueillie par la gent féminine – à partir du XVIIIe siècle‐ et en dépit de tentatives pour la sortir de l’ornière, notamment au tournant du XXe siècle, il y a un peu plus de cent ans, elle n’a pas su prendre ses distances avec le thème natal. Parmi les trésors de notre bibliothèque‐librairie, nous trouvons un petit livre d’un certain Chappaz de la Prat (exemplaire dédicacé à Paul Chacornac), intitulé Thème Astrologique individuel 1937, paru aux Editions de France. On notera l’emploi du mot « individuel », qui, à l’évidence, ne désigne pas ici un individu donné mais bien une catégorie de personnes. Cette astrologie populaire, vilipendée par les astrologues « bien pensant(e)s » incarne davantage les valeurs masculines que féminines‐ bien qu’elle soit associée avec la presse féminin. . Prendre le mot « individuel » à la lettre, c'est‐à‐dire croire que l’astrologie ne nous parle que de notre petit « égo » est un fantasme féminin. En 1937, en tout cas, le mot signifiait simplement que l’on nous situait dans un des 12 ou des 36 groupes. Vingt ans plus tard, paraitront les petits volumes du Seuil, autour d’André Barbault, popularisant la notion d’ascendant, ce qui créait 144 combinaisons, ce qui est encore trop peu, pour certains. Il faudra attendre encore dix ans pour que l’ordinateur (Astroflash, toujours avec Barbault) donne le goût au public du thème natal, dont la vocation est de s’adresser à une seule personne. (expérience majeure pour la « scientifique » Suzel Fuzeau‐Braesch qui y trouvera son chemin de Damas, en faveur de l’astrologie). Quelque part, de façon irrépressible, les femmes semblent vouloir accaparer l’astrologie pour entériner leur excentricité personnelle mais aussi celle d’autrui, la tolérance qui est souvent une forme d’indifférence, étant une valeur majeure à leurs yeux. Par le biais de tout ce qui peut mettre l’accent sur l’individualité, les femmes cherchent avant tout à faire oublier le clivage masculin‐féminin ou si l’on préfère à montrer, ce qui revient au même, que tout individu – Astrologia dixit‐ est à la fois marqué par l’animus et l’anima, le yin et le yang alors que, selon nous, ce sont là les phases de tout cycle et non des énergies agissant simultanément. Reconnaissons, en effet, que pour vivre un cycle de bout en bout, il est bon d’accepter la complémentarité, le passage de relais, d’admettre que l’autre a quelque chose que nous n’avons pas. Tout cycle peut se diviser en une période vénusienne et une période martienne. Mais pour qu’il y ait complémentarité, il importe de reconnaitre qu’il y a des hommes et des femmes, ce qui implique de dépasser l’enjeu de l’égo personnel, tout horoscope vivant aux dépens de celui ou celle qui l’écoute, pour paraphraser La Fontaine. Quelque part, les femmes tendent à murir trop vite comme des enfants qui n’auraient pas connu de véritable enfance ou en tout cas qui jouent à être des adultes avant l’heure, qui se forgent une cuirasse dont elles sont prisonnières. Seules quelques unes parmi elles, parviendront à s’en défaire. C’est pourquoi l’éducation joue un rôle plus déterminant chez les femmes que chez les hommes car elle passe par un certain sevrage, qui implique de s’émanciper de la petite fille que l’on a été et que l’on continue à être, qui se prend trop au sérieux.En fait, instinctivement, les femmes sentent qu’elles ont un rôle à jouer et que c’est là leur raison d’être, qu’elles s’y tiendront, que l’on peut compter sur elle pour faire et dire ce qu’il faut. A contrario, les hommes prennent conscience que leur force réside dans leur adaptabilité à des situations très différentes. C’est d’ailleurs en passant d’une femme à l’autre qu’ils apprennent à ne pas se figer. Ce n’est pas une femme qui forme un homme mais l’ensemble des femmes de par leur diversité même (cf. Don Juan).En ce sens, nous dirons que pour un Saturne, il y a une sorte de polygamie composée de Vénus, Mercure, Mars et Jupiter, qui sont quatre façons d’être femme alors que l’homme –Saturne‐ change d’une femme à l’autre. Aux Saturnales, l’on intervertit les rôles. JHB 09. 03. 12 Identité cyclique de l’Astrologie Par Jacques Halbronn La cyclicité est doublement cruciale pour l’Astrologie. D’une part, parce qu’elle ne saurait renoncer à tenir un discours cyclique sur le monde et de l’autre parce que la cyclicité lui impose un retour périodique sur elle‐même. En1976, nous avons publié un ouvrage intitulé Clefs pour l’Astrologie, il est vrai dans une collection qui s’appelait « Clefs pour ». Mais la formule nous convient assez, à savoir la recherche de clefs pour « ouvrir » la serrure (c'est‐à‐dire la fermeture, le verrou) astrologique. D’aucuns ont cru que l’astronomie pouvait permettre de ressourcer l’astrologie mais ils se sont retrouvés face à des contradictions du fait même que l’astronomie a une histoire décalée par rapport à celle de l’astrologie, que l’astrologie, dans son passé, ne s’est pas construite comme un « commentaire » de l’astronomie mais y a cherché une certaine dynamique cyclique, laquelle dynamique eut été paralysée si elle n’avait pas évité la saturation. C’est comme un convive invité, il ne doit pas boire ou manger outre mesure, il doit refuser de se souler, s’enivrer. L’astronomie est à consommer avec modération car elle porte en elle‐même tant l’ordre (en grec cosmos) que le désordre, quand tout le monde des astres parle à la fois, en même temps, c’est la cacophonie, la dissonance. Pour notre part, il nous semble essentiel de restituer le projet astrologique originel. On peut en effet construire de très beaux modèles mais encore faut‐il les faire parler, les écouter et non plaquer sur eux nos catégories. Nous dirons que l’erreur est mère de pluralité. Quand un modèle n’est pas pertinent, la tentation est de basculer dans la multiplicité des facteurs et des critères. Tout ce qui est complexe est suspect. Certes, la recherche peut être laborieuse, comme celle de l’or, mais son résultat final doit être d’une extrême simplicité : l’or lui‐même. On nous reproche parfois le caractère ardu de nos analyses, de nos reconstitutions mais c’est parce qu’il faut tout nettoyer, récurer, réparer. Inversement, celui qui prend l’astrologie comme elle est sans passer par une archéologie exigeante débouchera sur un résultat hétérogène sinon hétéroclite, sur un habit d’arlequin, un patchwork. Nous avons longtemps erré autour de cette question : de quoi nous parle de l’astrologie ? D’aucuns répondront « de tout ». Mais ce n’est pas une réponse, c’est un aveu d’impuissance. Tout ce qui s’expliquerait par l’astrologie deviendrait ainsi ipso facto « astrologique », mais de quelle astrologie parle‐t‐on ? Il faut retrouver « la » voie et la voix de l’astrologie. Il est pourtant un critère, un test pour vérifier que l’on est sur la bonne piste, c’est de trouver le bon angle, qui permet de retrouver l’unité de la société. Tant qu’on est égaré, qu’on ne dispose pas de la bonne clef, le monde nous apparait comme contradictoire à un instant T. Et le « thème » est la mise en équation de ces tensions qui sont la marque, le symptôme de l’échec cognitif. C’est un peu comme dans Cendrillon, il faut trouver pantoufle à son pied. On peut certes penser que l’astrologie étudie ce qui est cyclique dans le monde mais encore faut‐il avoir retrouvé le « bon » cycle, celui qui constitue la structure formelle de l’histoire que l’humanité s’est donnée à elle‐même, en un passé fort ancien, lié à la découverte des planètes les plus lentes, qu’il ne fallait pas confondre avec les étoiles dès lors appelées, « fixes ». Ce cycle, selon nous, est celui de Saturne. Mais quand on en est arrivé là, on n’est pas encore sorti de l’auberge car l’on peut toujours emprunter une fausse piste, faussement évidente. Toute la question revient à trouver le bon angle, comme lorsque l’on regarde une toile. André Barbault, sur la base d’autres modèles, proposa, en pleine guerre froide, en 1967 (Les hommes et les astres, Ed. J. J. Pauvert) de faire alterner périodes de tension et périodes de « détente », en accordant la plus grande importance aux deux grands conflits mondiaux du XXe siècle et en annonçant, vainement, un troisième avant la fin du dit siècle. Le tort de cette approche, pensons‐nous, est qu’elle est plus qualitative que quantitative. On attend un événement, un signal très fort historiquement alors que l’on devrait plutôt se situer dans une optique sociologique, globale et donc statistique. Qu’une guerre éclate ou non est somme toute un épiphénomène, ce qui compte ce sont plus les causes que les effets terminaux. C’est ainsi que l’affaire de Cuba, en 1962, aurait pu dégénérer ou celle de Suez en 1956. Ce qui nous ramène à la question, quelles sont les forces en jeu par delà l’issue finale qui n’est pas de l’ordre de l’astrologie, selon nous. Et c’est précisément quand on ne répond pas à cette question « interne » que l’on se résigne à une perception »externe », faut de mieux. Or l’addition, l’accumulation de résultats aléatoires ne débouche pas sur une loi. D’où le ridicule qu’il y a à faire des statistiques sur les morts, au prisme de l’astrologie. Nous présenterons ci‐après la solution que nous avons trouvée et qui est liée à notre étude des mœurs anciennes au regard de la cyclicité saisonnière. Car toute la question est d’identifier le modèle, la matrice dont les « premiers » astrologues se sont servi pour créer l’objet astrologique. Car les astrologues d’antan ont d’abord inventé l’astrologie de toutes pièces et nous en avons hérité. Mais cet héritage est sous bénéfice d’inventaire car entre temps, l’astrologie, en tant que savoir, aura subi bien des perturbations et donc bien des décalages entre discours et réalité. Nous comparerons deux cycles symboliques, celui des mois de l’année et celui des maisons astrologiques. Nous avons préféré la série des mois à celle des signes zodiacaux car l’idée de cyclicité y est sensiblement plus évidente, même si les signes dérivent symboliquement des mois. Dans les deux cas, on trouve la mort. Mais dans les représentations des mois, c’est la mort de l’animal et dans celles des heures, c’est celle de l’homme et c’est pourquoi la maison de la mort est la huitième et dernière dans un système ne comportant à l’origine que huit secteurs. La mise à mort de l’animal est le fait des hommes alors que la mort des hommes reste une inconnue qui ne s’inscrit pas dans un calendrier déterminé à l’avance même si elle est inéluctable. Ce qui nous conduit à soutenir que Mars ne désigne pas au départ la mort «naturelle » mais bien la mort programmée, rituelle, sacrificielle, l’hécatombe. En ce sens, Mars est le dieu de l’automne, car c’est alors, quand la nature a donné tout ce qu’elle pouvait donner, que l’animal, gavé, est tué et qu’il rend en quelque sorte ce qu’on lui a donné. Retour sur investissement. L’animal n’apparait plus alors que comme un cobaye dont la liberté était factice, celle d’un pantin, d’une marionnette. Comment interpréter ce phénomène au regard de la cyclicité astrologique ? Avec Mars, les masques tombent. Les choses ne sont pas ce que l’on croyait. L’animal n’était finalement pas roi même si on le nourrissait abondamment, mais en sursis. On était dans le mirage vénusien de ce qui n’a qu’un temps. C’est en automne et la nuit que l’humanité triomphe, ne serait‐ce que par la maîtrise du feu, cadeau de Prométhée, qui fait pendant au soleil. Mars correspond au feu, Vénus au soleil qui tôt ou tard se couchera et d’ailleurs la planète Vénus est la compagne astronomique du soleil, elle l’escorte fidèlement. Faire des prévisions, c’est d’abord comprendre comment tourne le grand manège du monde. Vénus est le substitut de Mars dont il dépend parce que Mars aura toujours le dernier mot tout comme l’automne prend le relais de l’Eté, la fourmi de la cigale. Mars fait tomber Vénus de son piédestal (Automne en anglais se dit aussi Fall, la Chute). Si l’on remplace Vénus par le Roi, Mars sera le peuple qui reprend son pouvoir, comme on l’a vu récemment avec le « printemps arabe » mais dans toutes les révolutions qui font tomber le pouvoir en place qui n’existe que parce que le peuple, souverain, le veut bien. Il y a dans tout ce qui caractérise la monarchie, l’empire ; la Cour, une dimension vénusienne de représentation assez évidente, tout un décorum, un faste, une magnificence, des « ors ». On voit d’ailleurs le Martien Bonaparte devenir le Vénus Napoléon, se faisant sacrer empereur à Notre Dame par le pape. Le temps martien est celui où le vrai pouvoir se manifeste, pas celui de Vénus mais de Mars, pas celui de la femme, mais celui de l’homme Demande d'un roi par Israël (1 Samuel 8.1‐22) 8 Lorsque Samuel devint vieux, il établit ses fils juges sur Israël. 2 Son fils aîné se nommait Joël, et le second Abija. Ils étaient juges à Beer‐Shéba. 3 Les fils de Samuel ne marchèrent pas sur ses traces; ils se livraient à des profits malhonnêtes, acceptaient des cadeaux et tordaient le droit. 4 Tous les anciens d'Israël se rassemblèrent et allèrent trouver Samuel à Rama. 5 Ils lui dirent: «Te voilà vieux et tes fils ne marchent pas sur tes traces. Maintenant, établis sur nous un roi pour nous juger, comme on en trouve dans toutes les nations.» 6 Cela déplut à Samuel qu'ils disent: «Donne‐nous un roi pour nous juger», et il pria l'Eternel. 7 L'Eternel dit à Samuel: «Ecoute le peuple dans tout ce qu'il te dira, car ce n'est pas toi qu'ils rejettent, c'est moi, afin que je ne règne plus sur eux. 8 Ils agissent envers toi comme ils l'ont toujours fait depuis que je les ai fait sortir d'Egypte jusqu'à aujourd'hui: ils m'ont abandonné pour servir d'autres dieux. 9 Ecoute‐les donc, mais donne‐leur des avertissements, fais‐leur connaître les droits du roi qui régnera sur eux.» 10 Samuel rapporta toutes les paroles de l'Eternel au peuple qui lui demandait un roi. 11 Il dit: «Voici quels seront les droits du roi qui régnera sur vous. Il prendra vos fils et les mettra sur ses chars ou parmi ses cavaliers, ou encore ils devront courir devant son char. 12 Il fera d'eux des chefs de milliers et des chefs de cinquantaines. Il les emploiera à labourer ses terres, à récolter ses moissons, à fabriquer ses armes de guerre et l'équipement de ses chars. 13 Il prendra vos filles pour faire d'elles des parfumeuses, des cuisinières et des boulangères. 14 Il prendra la meilleure partie de vos champs, de vos vignes et de vos oliviers et la donnera à ses serviteurs. 15 Il prendra la dîme du produit de vos champs et de vos vignes et la donnera à ses serviteurs. 16 Il prendra vos esclaves et vos servantes, vos meilleurs bœufs et vos ânes et se servira d'eux pour ses travaux. 17 Il prendra la dîme de vos troupeaux et vous serez vous‐mêmes ses esclaves. 18 Alors vous crierez contre votre roi, celui que vous vous serez choisi, mais l'Eternel ne vous exaucera pas.» 19 Le peuple refusa d'écouter Samuel. «Cela ne fait rien, dirent‐ils, il y aura quand même un roi sur nous, 20 et nous aussi nous serons pareils à toutes les nations: notre roi nous jugera, il marchera à notre tête et conduira nos guerres.» 21 Après avoir entendu toutes les paroles du peuple, Samuel les répéta à l'Eternel, 22 et l'Eternel lui dit: «Ecoute‐les et établis un roi sur eux.» Samuel dit aux hommes d'Israël: «Que chacun retourne dans sa ville.» La problématique biblique est exemplaire du passage de Mars à Vénus, du peuple à ses représentants, à ses « députés ». Et Mars est donc celui qui revendique le pouvoir à l’issue du mandat. 1968, est typique d’un conflit entre Mars et Vénus. En l’occurrence, c’est le général De Gaulle qui est Vénus, qui est élu président au suffrage universel depuis 1965, soit trois ans plus tôt, en poissons. Et 21 ans, plus tard, en 1989, c’est encore un coup de Mars, en bélier (au semi‐carré de deux étoiles fixes royales (Fomalhaut et Aldébaran), donc à leur mi‐point) et non, comme le croyait André Barbault de la conjonction Saturne‐ Neptune. 2011 sera marqué par Saturne à la moitié de la Balance ‘16° en janvier. Le peuple a la parole, il la reprend grâce à Mars. Il ne s’agit donc pas de s’en tenir à un vocabulaire genre « il va se passer quelque chose de grave », à la Barbault. Ce qui s’est passé en Tunisie ou en Egypte n’a pas tourné comme en Lybie ou en Syrie, sous la même configuration mais dans les grandes lignes, c’est toujours le même scénario : le peuple proteste, s’indigne. Le temps vénusien est celui narré par le Livre de Samuel (cf. supra), quand Vénus marque des points et parvient à incarner, à personnifier tout un peuple en sa seule personne. Mais en même temps, par la dissolution de l’assemblée nationale, en 1968, De Gaulle redonnait au peuple le choix. Ce sera aussi le cas l’année suivante lors du référendum qui conduira De Gaulle à démissionner. Comment lire, dès lors, la situation actuelle ? Avec ces élections, le peuple peut s’exprimer alors que nous sommes à nouveau en phase martienne. (Mars rétrograde à 28° balance).C’est une chance pour le candidat François Hollande, qui représente en principe les valeurs « martiennes » du peuple souverain face à un Sarkozy, le « sortant », celui qui est accusé justement de dérapages vénusiens ( Bouquets, yacht etc.). Mais Vénus reprendra ses droits à l’approche de l’arrivée de Saturne en sagittaire, dans trois ans environ. Aux Etats Unis, Mars favorise le mouvement du « Tea Party » mais l’élection exige une certaine forme de vénusianité, autour d’un candidat, l’élection étant précisément l’expression du passage de Mars à Vénus. Il y a là une certaine contradiction. En phase martienne, le temps n’est pas propice à une élection, il l’est davantage à un référendum populaire, ce dont il est justement question à condition qu’il ne soit pas associé à une « personnalité » vénusienne. JHB 08. 03. 12 Perturbations structurelles et conjoncturelles du modèle et du savoir astrologiques Un des écueils les plus graves sur lequel l’astrologue risque fort de trébucher est la question du »grain de sable », du facteur aléatoire qui pèse souvent considérablement dans l’issue « finale » d’une situation, si tant est que l’on puisse connaitre et fixer le sort ultime des choses. Mais c’est bien d’un dilemme qu’il s’agit et qui « pourrit » la vie ou du moins la conscience de plus d’un astrologue, surtout quand il ne se revendique pas comme « voyant ». Car ce « détail » qui peut tout changer relève‐t‐il de l’astrologie ou non ? Et si cela ne dépend pas du modèle astrologique, comment « tester » celui‐ci ? On a parfois l’impression que l’astrologue est un peu dépassé par de tels enjeux épistémologiques et qu’il recourt, éventuellement, à des biais. L’un d’entre eux tient au fait que le modèle astrologique serait de facto à géométrie variable mais si le public en était informé, cela ne serait pas forcément positif pour l’image de l’astrologie. D’ailleurs, cela n’empêche pas l’astrologue d’être le cas échéant péremptoire quand il a ses certitudes personnelles et « subjectives » ou quand l’astrologie vient asseoir des convictions obtenues par d’autres moyens (radiesthésie et Cie) Or, étant donné que les gens qui ne sont pas astrologues ne comprennent pas très clairement comment on travaille dans ce domaine et comme de plus en plus d’astrologues se contentent de traduire en langage courant leurs pronostics, ils sont dans une impasse car on va les juger ce qu’ils auront « dit » et non sur ce qu’ils auront montré, comme ce serait le cas si le « modèle » avait été exposé dans la transparence. Si là‐ dessus, d’aucuns ajoutent qu’on n’a pas le temps de présenter correctement le dit modèle, qu’il faut des mois voire des années pour le comprendre, on tourne en rond. En revanche, si j’expose suffisamment les tenants et les aboutissants du modèle dont je me sers, celui ou ceux qui m’écoutent ou me lisent, pourront me « suivre » et pourront faire la part des choses au vu du « résultat », comme l’on parle d’une arrivée d’une course, où il y a un « gagnant » mais aussi des « placés », dans le tiercé de tête. Mais nous dirons qu’il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier et expliquer que la prévision astrologique n’est pas individuelle mais collective et que l’exception confirme la règle. On bascule dans la statistique. Or, en cas d’urgence, les clients n’en ont rien à faire, ils veulent savoir « pour eux » et c’est là un peu trop demander à l’astrologie sinon à l’astrologue qui lui, a d’autres flèches à son arc. On bascule alors dans l’astromancie voire dans ce que nous avons appelé la généthliomancie, qui consiste à dresser le thème de naissance d’une personne, pas forcément le client lui‐même mais par exemple celui d’un nouveau né connu du client. En fait, dans bien des cas, on va voir un astrologue pour justement être averti d’un possible contretemps, d’un « imprévu » et c’est là qu’il y a malentendu si l’on admet le principe de Peter. Le client pousse alors l’astrologue dans ses retranchements, c'est‐à‐dire à la faute, pour avoir outrepassé les limites de son art. Curieusement, il y a une sorte de lutte entre les astrologues qui entendent gagner toujours plus en précision et ceux qui conseillent, au contraire, de ne pas aller au‐delà d’un certain seuil. Deux médications opposées au chevet de cette malade qu’est l’Astrologie. Un autre aspect problématique de la part faite à la perturbation, à l’accident, c’est l’éventualité selon laquelle le savoir astrologique aurait pu, lui‐même, avoir été mal transmis, que certaines données auraient pu être déplacées, remplacées, corrompues, tronquées. Certains, comme Patrice Guinard, ont cru pouvoir rassurer tout le monde en affirmant que les changements subis par le savoir astrologiques seraient en quelque sorte « programmées » (idem pour les éditions des Centuries, voir le site cura.free.fr). Lors du Colloque « Cycles et symboles » (actuellement mis en ligne sur teleprovidence), il est apparu que la tendance était à l’apologétique, c'est‐à‐dire chercher à comprendre « pourquoi » on en est arrivé là, voire pourquoi on devait forcément en arriver là, comme si ce qui survient relèverait nécessairement de quelque nouvelle révélation, à l’instar des « nouvelles planétes » qui ne seraient pas découvertes « par hasard ». D’ailleurs, n’est‐ce pas le problème du hasard (d’un mot arabe désignant les dés) qui vient plomber la question de l’astrologie, tant structurellement que conjoncturellement ? Comme conséquence d’une telle approche de l’Astrologie qui passerait par une fuite en avant, nous observerons à quel point les astrologues ont du mal à revenir en arrière, à « faire machine arrière » pour retrouver l’endroit, le moment où quelque chose est venu perturber le processus normal des choses. Le mot processus est peut être d’ailleurs préférable à celui de cycle. En astrologie, selon nous, tout serait de l’ordre du processus et un processus, cela obéit, du moins au départ, à une logique, à une cohérence. Quand on montre à quelqu’un un processus perturbé, selon son intelligence, il sera ou non en mesure de repérer la perturbation voire sa cause. C’est ainsi d’ailleurs que l’on a calculé la position de la planète Neptune en 1846, en raison des calculs liés à Uranus. Le drame, c’est que le métier d’astrologue traite de la cyclicité et que le principe même de la cyclicité, c’est de revenir au point de départ, ce qui peut être empêché si l’on s’est égaré, si comme le petit Poucet, l’on ne parvient pas à retrouver les traces. Gageons que, dès lors, l’astrologue soit, trop souvent, de piètre conseil, lui qui devrait être au fait de tout ce qui peut, en cours de route, avoir été dévié, dévoyé. Or, s’il est étranger à tout ce qui vient interférer ou si l’on préfère s’il considère comme « normale » voire « nécessaire » toute perturbation événementielle, psychologique, structurelle, il risque fort de ne pas être à la hauteur de la tâche qui consiste à distinguer entre les changements liés à une évolution cyclique nécessaire –(comme le jour alternant avec la nuit) et des perturbations accidentelles qu’il mettra volontiers sur le compte d’Uranus. En fait, l’astrologue moderne sera beaucoup plus à son aise pour situer Uranus dans le ciel que pour définir clairement les phases au sein d’un cycle complet, l’astronomie venant ici au secours d’une pensée astrologique en plein marasme. Ce sont là en tout cas des points aveugle dont ne traitent guère les codes de déontologie de la « profession ». JHB 07. 03. 12 La dialectique Mars­Vénus, clef de la prévision astrologique. Par Jacques Halbronn Si l’astrologie est cyclique et si le cycle est renouvellement périodique, l’astrologie devrait nous guider vers la voie d’un certain renouvellement. Mais qu’est ce que se renouveler ? Et jusqu’à quel point est‐ce possible et souhaitable ? Nous ajouterons qu’un cycle doit avoir une certaine durée et que l’on ne peut se contenter de morceaux de cycle mis bout à bout (un peu d’Uranus, un peu de Pluton etc.) comme on le fait trop souvent, à notre goût. On préférera un cycle d’un seul tenant et découpé de façon régulière, ce qui implique paradoxalement de prendre une certaine distance par rapport à l’astronomie, qui est une véritable jungle. Pour nous, l’astrologie est l’œuvre d’un peintre qui a réinterprété le cosmos comme Claude Monnet, en son temps, a recréé la Gare Saint Lazare ou la Cathédrale de Rouen (cf. J . F. Kahn, Philosophie de la réalité. Critique du réalisme, Ed Fayard, 2011). Nous proposons ici un petit guide sur la meilleure façon de vivre la cyclicité, en précisant que pour nous, il y a un seul et même cycle pour toute l’Humanité et que si l’on a tout petit peu le sens de l’abstraction, il n’y a rien de nouveau sous le soleil mais que chaque chose en son temps (L’Ecclésiaste) Deux questions se posent à l’astrologie de ce début de XXIe siècle : quand, astrologiquement, commence, « le » cycle, et qu’est –ce que cela signifie et implique qu’un début de cycle ? A ces deux questions, on obtient rarement des réponses satisfaisantes de la part des astrologues mais on entend souvent que cela correspond analogiquement avec le printemps ? Mais en est‐on si sûr ? Et quel dieu ou déesse domine le printemps, Mars ou bien Vénus ? Il est vrai que la tradition n’est pas des plus claires à ce sujet puisqu’elle attribue Mars au bélier et Vénus au taureau, Tétrabiblos dixit. Et idem pour l’automne, avec Vénus en balance et Mars en scorpion. Avouons que l’on s’y perdrait à moins ! Cette pauvre Vénus qui a gardé ses deux domiciles, faute de planète transplutonienne. Il est vrai que Mars n’est pas forcément mieux loti, lui qui a du partager avec Pluton, lequel n’est plus vraiment en odeur de sainteté chez les astronomes. Toujours est‐il que les astrologues n’ont toujours pas tranché entre le taureau et la balance en ce qui concerne Vénus. La question reste pendante. Mais si Mars a du renoncer au scorpion pour le bélier, cela signifie‐t‐il que Vénus doive se situer en face, en balance ? C’est un peu le chantier. Nous ne reviendrons pas ici sur ce débat déjà traité par ailleurs dans le présent Journal de bord. Elevons donc justement le débat et disons que la mission de l’astrologue est d’aider son prochain à bien finir un cycle et à bien amorcer le suivant qui sera d’ailleurs fondamentalement semblable au précédent, du moins dans les grandes lignes, si l’on se sert d’une astrologie elle‐même bien « cyclée », c'est‐à‐dire qui a su éliminer, évacuer, se délester en temps voulu et révolu..Et c’est justement là que le bât blesse et que les cordonniers sont les plus mal chaussés. Qui dit nouveau cycle dit faire peau neuve et selon nous cela a lieu en moyenne tous les 7 ans (que l’on soit adepte de Saturne ou de la lune progressée (comme Denis Garçon, voir sur teleprovidence), à la suite de Rudhyar. D’aucuns nous diront : c’est simple, il suffit de retourner aux « bases », sur lesquelles « tout le monde » est d’accord. Mais à condition de bien récurer, de se débarrasser de ce qui s’est incrusté au point de donner l’impression que cela ne peut plus se détacher. La comparaison nous semble assez heureuse : au début du cycle, tout est censé être propre, vide, et peu à peu cela se remplit et cela se salit et la saleté, la crasse finit par ne plus pouvoir partir. Donc un nouveau cycle exige de faire une sacrée lessive et une sacrée vaisselle ! Le problème, c’est qu’il n’y a pas de machine pour ce faire et que bien des gens ne savent pas ou plus s’y prendre. Le Colloque « Cycles et Symboles » que nous avons organisé et filmé avait pour tâche de préparer à un nouveau cycle, tant les astrologues face à l’astrologie que les gens en général face à leur existence. Ce qui est assez patent c’est que les additions qui se sont greffées en cours de cycle ne s’en vont pas forcément si facilement que cela. D’où la formule : il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain, chère à Kepler, quand il parlait justement de l’astrologie, il y a 400 ans. Nous résumerons en disant qu’en début de cycle, il faut donc réaliser un grand nettoyage, à l’instar d’un Héraclès face aux Ecuries d’Augias et détournant le fleuve Alphée pour ce faire, dans le cadre de ses « Travaux ». Cela passe par un certain examen de conscience et les Juifs plaçaient ce moment à l’automne tout comme ils font commencer le Shabbat, le vendredi à la nuit tombée. Oui, il faut prendre conscience de ce qui est essentiel et de ce qui ne l’est pas et que l’on peut remplacer. L’astuce, évidemment, c’est de renoncer à très peu de choses pour donner le change. C’est la tactique qui fut le plus souvent employée par les astrologues, depuis pas mal de temps. On repeint la façade en rajoutant une couche. Il fut un temps cependant, il y a un demi‐ siècle disons, ce qui correspond grosso modo au temps de nos débuts en astrologie, où le public astrologique attendait du changement, des réformes alors que de nos jours, il préfère ronronner et rester sous sa couette. Il n’est de pire sourd que celui qui ne veut entendre. Pourtant le procédé à suivre est simple : on fait la chasse aux additions d’une part, et aux erreurs de transmission de l’autre, ce qui aura déformé l’astrologie d’où le besoin de la réformer. Non pas qu’il faille renoncer à tout ce qui a pu être proposé, mais il est sain de se recentrer, de se ressourcer, avant de décider de reconduire ceci ou cela. C’est ce que l’on fait lors d’une élection : ceux qui étaient en place rentrent dans le rang et attendent qu’éventuellement on veuille bien les rappeler. D’où l’expression de « président candidat » utilisée en France actuellement. La nature, elle, se donne en exemple : à l’automne, les feuilles tombent et font apparaitre le tronc des arbres. Cette nudité symbolise le début d’un nouveau cycle. Mais, comme on l’a dit, dans le domaine de la culture, les choses ne sont pas aussi simples et il faut recourir à des gens particulièrement doués pour faire le tri (trial, en anglais, signifie jugement) car visiblement un tel don n’est pas tout à fait la chose du monde la mieux partagée (Descartes). Un début de cycle implique que l’on procède à une vidange, que l’on fasse « table rase ». Mais l’on garde la table, quand même. Et il faut surtout arrêter de dire que « ça marche » et qu’il n’y a donc pas de raison que « ça change » puisque « ça marche ». C’est ainsi que tel président peut refuser de partir parce que «ça marche ». Or, ce qu’il faut comprendre, c’est que peu importe que « ça marche » ou pas, l’important est que « ça change ». Et c’est vrai dans tous les domaines. En fait, ce qu’il faut savoir, c’est que certaines catégories de personnes ne sont pas à leur aise en ce qui concerne les « vrais » commencements et cela fait penser aux personnes qui voudraient que les villes soient construites à la campagne. Ces personnes n’aiment le changement quand ce changement a déjà fait ses preuves. En termes plus techniques, nous diront que les gens qui sont faits pour la phase 2 ont du mal à vivre la phase 1 et ils voudraient que l’on soit déjà en phase 2. C’est tout leur drame. Car, que faire dans ces cas là, sinon se mettre en retrait et laisser faire ceux qui savent y faire ? Il ne faut pas se voiler la face : il y a les hommes et il y a les femmes et les uns et les autres ne vivent pas la cyclicité de la même façon. On dira que c’est complémentaire, certes, mais dans le temps, pas en même temps, à tour de rôle. La phase 1 du cycle est éprouvante pour les femmes, la phase 2 pour les hommes. Mais la phase 1 est automnale, martienne et la phase 2 printanière, vernale, vénusienne. Que n’a‐t‐on pas écrit sur le caractère martien du printemps ? Pour nous, l’astrologie nous parle de la place des animaux dans notre vie, d’où le mot Zodiaque ou cycle des animaux (en grec), cycle animalier tout comme les maisons astrologiques nous parlent de la vie des hommes, du berceau à la tombe. La différence entre les animaux domestiques et les hommes, c’est que, en principe, les uns meurent abattus et les autres de leur « belle » mort. Revenons sur le cycle de la vie animale, qui va du pré à la table en passant par la mise à mort. Le contresens serait de considérer Mars comme le dieu de la guerre alors qu’il est avant tout celui qui tue l’animal parvenu à son terme, c'est‐à‐dire qui a été suffisamment nourri. En plein automne, le 11 novembre, jour de la Saint Martin, on tue le porc. Au printemps, l’animal vit dans une sorte de paradis, on le nourrit à satiété comme si de rien n’était. (voir le conte d’Hansel et Gretel, avec l’ogre) et puis un « beau » jour, changement de décor, l’animal plonge dans l’Enfer. Ce qui est insupportable, c’est quand l’homme traite son prochain comme un animal. L’éthique humaine est toujours en dialectique avec celle que nous réservons à la bête qui vit près de nous, domestique. L’arrivée de l’automne correspond donc à une fin de cycle et donc au départ d’un nouveau cycle. C’est l’ouroboros. C’est un peu la cigale‐animal et la fourmi‐homme. A l’automne, l’homme reprend l’avantage sur l’animal. Il affirme par Mars son pouvoir en le tuant. On est passé de la jolie bergère vénusienne au terrible boucher martien, qui crucifie l’animal la tête en bas‐(comme dans le Pendu du Tarot) Le temps martien est donc un retour brutal à la réalité des vrais rapports de force. Combien de divisions ? Bas les masques ! Derrière Vénus, il y avait Mars à l’affut. Fin de partie. The show must go on. On pourrait dire que le premier temps est celui du chasseur et le second temps celui de l’éleveur. Le chasseur part à l’aventure, sur les traces de son gibier alors que l’éleveur voit naitre le bétail, le nourrit à ses côtés, non sans une certaine hypocrisie en ce qu’il caché à l’animal apprivoisé le sort qui lui est réservé et dont celui‐ci ne peut guère se douter, lui qui est gavé comme une oie. En ce sens, Mars est aussi le chasseur, le trappeur (celui qui pose des pièges), qui « sent » la piste là où d’autres ne voit rien. On est dans l’invisible, le lointain alors qu’avec Vénus, on reste dans le voisinage, la maison (domus, domestique, domesticité, domicile). Vénus, c’est aussi le foyer, quand l’homme rentre avec ses prises et qu’elle les accommode. Résumons‐nous, à ce stade de notre réflexion : Avec le temps de Mars, on remet les montres à l’heure. L’animal vivait dans une certaine illusion de liberté, tout comme la femme dans une certaine illusion d’égalité, sous le signe de Vénus. Mars y met le holà quand le temps est venu. Les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures. On rend à César ce qui est à César. En alternance, il y aura un temps de Vénus, quand quelque part, pour quelque temps, Mars se retire, laissant le champ libre. Quand le chat n’est pas là, les souris dansent. Une des scènes hivernales des Très Riches Heures du Duc de Berry représente un banquet, une « cène », au centre de laquelle une table sur laquelle toutes les victuailles sont amassées, tout y est mort. Une table est toujours un cimetière, elle est présidée par le chef de famille, qui trône, qui a tout pouvoir. Quel contraste avec les scènes d’Eté, où l’animal court, insouciant, dans les prés ! C’est dire que lorsque l’on pénètre dans une phase vénusienne, au bout de trois ans et demi (7/2), on est dans une illusion « neptunienne », faite de faux semblants. C’est le chat et la souris. Pour nous, on l’aura compris, le cycle est alternance de Vénus et de Mars mais c’est Mars qui a le dernier mot, car il sait imposer sa loi. Mars c’est la fin d’une certaine comédie, d’une mascarade, d’une saturnale, où l’esclave jouait au maître et où le maître jugeait bon de laisser faire, tant que cela l’arrangeait, en laissant la bride sur le cou. Cet avènement martien, c’est aussi la révolte du peuple qui revendique sa souveraineté originelle (du Contrat Social de JJ. Rousseau à J. L. Mélanchon) face à ceux qui prétendent le représenter. C’est la révolte des exploités, des « indignés », face à une certaine forme de parasitisme vénusien qui oublie un peu vite ce qu’il doit à ceux qu’il entend imiter voire égaler ou surpasser, en se servant d’expédients. C’est l’infrastructure qui se rappelle au bon souvenir de la superstructure. On est là dans une problématique marxiste. Inversement, le passage à mi parcours du cycle de Mars à Vénus, de l’Hiver au printemps, de Pluton à Neptune, tient, probablement, à un certain formalisme qui vient structurer, organiser, institutionnaliser le processus, ce qui débouche sur l’établissement d’une royauté (cf. dans la Bible la demande des Hébreux désireux d’avoir un roi), d’une représentation. Pour comprendre le phénomène vénusien, il faut en revenir aux origines de l’astrologie dans son rapport instrumentalisant à l’astronomie. L’astrologie a emprunté à l’astronomie certaine de ses données et elle en a fait autre chose. Certes, elle émane, par certains côtés, de l’astronomie mais elle ne lui est pas réductible. Cela dit, elle ne saurait s’en éloigner excessivement en élaborant une pseudo‐astronomie qui ferait écran. De même, la monarchie a‐t‐elle apporté quelque chose de spécifique qui ne saurait se réduire au peuple. On voit donc qu’il y a un certain équilibre à respecter entre les valeurs de Vénus et celles de Mars mais il est clair, en tout état de cause, que Vénus n’existerait pas sans Mars pas plus que l’astrologie sans l’astronomie. On rappellera cependant que d’une certaine façon, l’astronomie, quant à elle, ne saurait faire écran avec la mythologie. Quand nous parlons ici de Mars et de Vénus, nous ne nous référons nullement, pour notre part, aux planètes qui portent ce nom. La seule planète qui nous intéresse, au regard de la science astronomique au sens képlérien du mot, c’est Saturne. Mars et Vénus ne sont ici que des symboles qui sont certes attribués à des planètes mais qui ne sont pas dotés astrologiquement d’une quelconque cyclicité. Ces deux divinités nous servent à baliser le cycle de Saturne et c’est la très grande erreur de l’Astrologie depuis plus de 2000 ans que de croire que toutes les planètes agissent, on pourrait parler ici de dérive martienne, c'est‐à‐dire d’un retour excessif en amont qui ne tient pas compte de l’Histoire, qui est une réalité vénusienne. Oublions les planétes transsaturniennes pour l’amour du ciel ! Or, l’Histoire n’est pas réductible aux seules données « scientifiques ». Elle ne s’appréhende qu’au travers de documents et de monuments, elle doit combler de nombreuses lacunes de la mémoire et de la conservation. Pour parler comme Jung, nous dirons que notre animus est martien et notre anima vénusienne, ce qui revient peu ou prou à opposer Science et Art, Cosmos et Humanité. L’Astrologie se situe à l’interface entre ces deux dimensions et c’est ce qui la rend si difficile à appréhender, y compris par les astrologues. Ajoutons que l’on peut remonter indéfiniment en amont, problème de la poule et de l’œuf. Tout le monde a des dettes à payer, doit quelque chose à quelqu’un. Toujours est‐il que le « moment » martien est celui du « règlement de comptes », de la vengeance, un plat qui « se mange froid » ‐ rira bien qui rira le dernier. C’est l’heure de vérité, du « jugement » (le Jour du Pardon des Juifs à l’équinoxe d’automne). Le mot « devoir » a une sémantique intéressante : le devoir serait d’être à jour de ce que l’on « doit » à autrui. JHB 06.03.12 Thème natal et généthliomancie. Par Jacques Halbronn En ce qui nous concerne, nous avions depuis longtemps été choqués par tout ce que l’astrologue prétendait pouvoir déduire ou induire à partir du thème natal. Il n’est que de regarder les significations des maisons pour y trouver tout un environnement social, inscrit par avance dans « le » thème : frères et sœurs, parents, conjoints, amis, médecins défilent. Rappelons que le « symbolisme » des maisons, comme le notait encore en 1937 Oswald Wirth (Le Symbolisme astrologique, Ed. du Symbolisme), énumère les âges de la vie, de la naissance à la mort. On ignore à quoi pouvait servir un tel dispositif à l’origine, intégré en astrologie mais probablement ayant d’abord existé indépendamment. Il en est d’ailleurs de même des Quatre Eléments empruntés par l’Astrologie. Toujours est‐il que l’Astrologie en est venue, progressivement, à supposer qu’à partir des maisons astrologiques, l’on n’étudiait pas uniquement la vie du titulaire du thème mais de ceux qui avaient affaire à lui. On pourrait ainsi décrire le conjoint dans la maison VII en étudiant ce qui était présent dans la dite maison, à commencer par une éventuelle planète. Faute de quoi on irait voir où se trouvait (par maîtrise) le maître du signe correspondant à la pointe de maison VII. Pour la prévision, notamment, l’on pourrait ainsi déterminer le sort de l’entourage, sans avoir à connaitre du thème des protagonistes. On ne parlera pas ici des « maisons dérivées » qui poussent le bouchon encore plus loin. Mais, ce qui nous interpelle encore plus, actuellement, en ce qui concerne le thème natal, c’est l’idée selon laquelle le « nouveau né » capterait, d’une façon ou d’une autre, certains signaux dès la naissance. Il est vrai que les travaux de Michel Gauquelin semblent aller dans ce sens. Mais nous restons fort sceptiques à leur sujet ne serait‐ce que parce qu’ils recourent à cinq planètes. (le Septénaire moins le soleil et Mercure et sans les transsaturniennes) dont la Lune, qui ne fait sens que géocentriquement mais non selon la science astronomique actuelle. Nous avons suggéré ailleurs qu’il s’agirait d’une sorte de codage d’ordre parapsychologique, comme il en est pour le Tarot, lui‐même très marqué par la symbolique astrologique (et notamment celle des maisons) en recourant à des cartes. Or, chaque dieu planète correspond en quelque sorte à une « carte » si ce n’est que le « tirage » se fait sur le « tableau » du ciel mais c’est le moment de naissance qui détermine ‘’la » carte. On pourrait parler d’une genéthliomancie.(cf. l’astrologie généthliaque) dont Gauquelin aurait décrypté le mode d’emploi.. Cela consiste à poser une question lors d’une naissance et à dresser le thème du moment. On peut d’ailleurs penser que lorsqu’à la naissance du fils de Louis XIII, on convoqua tel ou tel astrologue (notamment Morin de Villefranche et aussi Campanella), ce ne fut pas seulement pour connaitre le destin (à plus ou moins long terme) du né mais plus largement celui du Royaume. Autrement dit, le thème natal ne serait jamais qu’un thème parmi d’autres concernant plus la situation du moment que le cas de l’enfant naissant à ce moment là. Mais pour nous, la véritable astrologie est uniplanétaire, centrée sur Saturne et elle n’est pas fonction du thème natal mais d’ordre cyclique. Le gros avantage que l’on a à se démarquer du thème natal tient au fait que l’on donne du temps au temps. Il n’y a plus la pression de l’heure de naissance et tout ne se joue pas à cet instant là et ce d’autant que pour nous le « destin » astrologique est collectif, partagé et non pas individuel, personnel. On est donc bien loin de la généthliomancie. Le scénario est le suivant : l’enfant nait et il découvre peu à peu le monde autour de lui, s’éveillant au contact d’autrui, marqué inévitablement par une certaine impulsion mimétique et ce, sur divers points, à commencer par l’apprentissage progressif du langage, tant comme récepteur que comme émetteur. Et c’est le processus mimétique qui nous intéresse ici. Pour le langage, l’enfant observe que l’on parle autour de lui, sans recourir ni aux mains ni à un quelconque instrument qu’il lui suffirait d’apprendre à utiliser. Il se rend compte qu’il s’agit là d’un équipement «interne » qu’il lui va falloir assez vite apprendre à actionner. Et là il est livré à lui –même, même si l’exemple à suivre lui est donné par autrui, un autrui plus avancé, plus expérimenté. Quid de l’astrologie ? Nous dirons que l’enfant, les mois passant et mieux encore les années passant, découvre petit à petit que les gens obéissent à un certain rythme, il capte des changements autour de lui, et plus largement dans le monde (par le truchement des médias mais aussi par ses lectures, par les romans, par les films)et ce rythme sous jacent, qu’il n’identifie évidemment pas comme astrologique, il finit par s’en imprégner, c’est dire que tout ne se joue pas à la naissance. L’enfant capte en lui‐même cette « musique » des sphères, cette danse, ce ballet qui comportent et impliquent un certain nombre de « pas », on va, on vient, on avance, on recule. L’enfant va, peu à peu, être capable d’anticiper comme le ferait un bon danseur, il « prend », il attrape le rythme et il n’aura pas besoin de l’astrologue pour ce faire. La question qui se pose est la suivante : est‐ce que l’enfant, qui n’est d’ailleurs plus un enfant, avec le temps qui passe, aura fini par se « brancher » directement sur les phases de Saturne – (4x 7 ans) non pas certes en observant le ciel mais en éveillant à cette présence du ciel une partie subconsciente de lui‐même ? On avouera qu’il est plus probable que cette hypothèse qui est souvent donnée pour la naissance (voire avant la naissance) soit d’autant plus viable dès lors que l’on attend que l’enfant ait commencé par « sentir » (à l’âge de raison (7 ans) ou à 13 ans, âge rituel chez les Juifs et les Musulmans) ce qui se passe dans le monde sublunaire dans lequel il vit. Que nous apporte donc l’astrologie ? Elle nous explique ce qui se passe subconsciemment et qui sous tend notre rythmicité de vie, telle que nous la partageons avec nos semblables. Elle ne nous est pas indispensable dans la mesure où nous intégrons ce rythme comme nous le faisons pour le cycle des saisons ou pour celui du jour et de la nuit (circadien, 24h). On peut cependant penser que certaines personnes ont du mal à « capter » ce rythme et également qu’il est souhaitable que la structure même ce rythme soit exposée à la collectivité tout comme on n’avait pas attendu de savoir, avec les grandes découvertes de la médecine, comment notre corps fonctionne physiologiquement pour vivre. Autrement dit, la description du cycle planétaire central pourrait être jugée aussi importante, scientifiquement, que la description de la circulation sanguine en 1628 par William Harvey. JHB 04. 03. 12 La filiation de la Préface à César de Rouen 1589 à ­ Macé Bonhomme 1555. Par Jacques Halbronn Les observations de Mario Gregorio (sur propheties.it) concernant le fait que des similitudes formelles seraient à observer entre l’édition de Rouen Raphaël du Petit Val 1589 et les éditions de Lyon Macé Bonhomme 1555 méritent certainement un commentaire Grégorio : “ I noticed many differences in the epistle, first of all the two 1555 edition are nearly identical, they have a considerable number of common variations between each other this confirm the possibility they are not the source for the 1568 editions, the only edition, without any sort of doubt that sourced from the 1555 editions is the edition of Du Petit Val printed in the 1589. Remain the chance that it came from other editions today disappeared.”” Quant aux éditions 1568 Benoist Rigaud, elles sont certainement postérieures à Du Petit Val 1589. puisqu’elles dérivent de l’édition Cahors Jaques Rousseau 1590.(cf nos Researches sur propheties.it) Reprenons les observations de Mario Gregorio ; « To reinforce my assertion about the 1589‐003 Du Petit Val is the only edition originated from the 1555 editions I've chosen some of the most interesting variations. xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx "veilles &" is present only in the two 1555 editions and in the 1589‐003 edition, "...gie iudicielle: par laquelle & moyennant in‐ spiration & reuelation diuine par continuel‐ les veilles & supputations, auons noz prophe‐..." xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx "certe" is present only in the two 1555 editions and in the 1589‐003 edition, "certaine" in all the other editions. "...& prophetise par inspirée reuelation: laquelle est vne certe par‐ ticipation de la diuine eternité :..." xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx "haute doctrine" is present only in the two 1555 editions and in the 1589‐003 edition, "hautes doctrines" in all the other editions. "...moyennant les principes de la premiere cause ont attainct à plus profondes abysmes de plus haute doctrine...." xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx "pour asture" is present only in the two 1555 editions and in the 1589‐003 edition, "maintenant" in all the other editions "...que le mortel glaiue s'aproche de nous pour asture par peste, guerre plus horrible que..." xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx "quand" is present only in the two 1555 editions and in the 1589‐003 edition (as "quant"), "...non inclinabitur in sæculum sæculi: hors mis que quand son vouloir sera accompli, ce sera, mais non point aultrement:..." Bien entendu, en ce qui nous concerne, nos conclusions seront inversées : nous dirons que l’édition Macé Bonhomme provient de l’édition Rouen du Petit Val 1589 ou d’une édition encore plus ancienne, cette édition constituant un terminus. On peut même dire que cette édition dont est issue Macé Bonhomme 1555 avait pour titre : Les Grandes et Merveilleuses prédictions de M. Michel Nostradamus divisées en Quarte Centuries etc ». Ce titre nous est connu précisément par une édition du même libraire datée de 1588. On sait cependant par la description qu’en donne Daniel Ruzo, dans le Testament de Nostradamus ( Paris, Ed. Rocher, 1982) que le contenu de cet exemplaire ne correspond pas à son titre puisqu’il n’y a pas encore de division en centuries. On peut d’ailleurs raisonnablement supposer que cet exemplaire actuellement introuvable pourrait comporter une Préface à César semblable à celle de Petit Val 1589. Cela dit, sachant que l’édition Rouen Petit Val 1588 ne comportait que 49 quatrains à la Ive Centurie et non 53 (cf la description reprise par R Benazra, RCN, pp. 122‐123), nous pensons que cette édition Macé Bonhomme à 353 quatrains est postérieure à celle de Rouen 1588, d’autant qu’elle comporte le quatrain IV, 46, absent de Petit Val 1588, « Garde toi Tours de ta prochaine ruine » qui fait référence, selon nous, aux événements de 1588‐1589, lorsque Henri III rejoignit le roi de Navarre près de Tours. Cela vient confirmer le fait que ce serait une édition disparue postérieure à Rouen Petit Val 1588 mais antérieure à Rouen Petit Val 1589 qui comporte 100 quatrains à la IV, qui serait le modèle de Lyon Macé Bonhomme 1555. Bien plus, l’on peut dire que Macé Bonhomme 1555 est la copie de cette édition rouennaise disparue, à 4 centuries, dont cette fois 53 quatrains à la IV. Mario Gregorio nous rappelle cependant que la série des Grandes et Merveilleuses Prédicions comporte la date du 22 juin 1555 et non du =Ier mars 1555. Nous ajouterons que le titre « Prophéties » appartient à la série parisienne et non à la série rouennaise, en ces années 1588‐1590. Cela dit, les éditions parisiennes, de la Ligue, quant à elles, sont datées du Ier Mars 1557 et non 1555. Il y a un probléme de calendrier car le Ier mars 1555 ne correspond‐il pas au début de 1556, selon le style de Pâques? L’on note que l’on ne trouve le seuil de 53 quatrains que dans les éditions parisiennes (qui comportent une addition clairement indiquée au‐delà de IV, 53)et c’est bien ce seuil qui est adopté par l’édition Macé Bonhomme alors que les éditions rouennaises, en dehors du cas de l’édition introuvable de 1588, comportent une 4e centurie d’un seul tenant, ce qui les rend plus tardives, ipso facto, que les éditions parisiennes, ce qui ressort notamment de l’état de la Centurie VI, plus achevé à Rouen et à Anvers qu’à Paris. En conclusion, nous dirons que l’édition Macé Bonhomme 1555 précéde Rouen 1589 Petit Val du fait des 53 quatrains à la Ive centurie, césure ignorée de Rouen 1589 comme d’Anvers St Jaure 1590. C’est Petit Val 1589 qui dérive de l’état correspondant à Macé Bonhomme 1555. Le titre « Prophéties » serait antérieur à celui de Granes de merveilleuses prédictions.. Certes, dans un premier temps, avions nous mis en avant Rouen 1588 à 349 quatrains mais cette particularité ne se retrouve pas dans Rouen Petit Val 1588. Il y a une solution de continuité entre Rouen 1588 et Rouen 1589. Entre ces deux éditions, c’est tout le corpus parisien qu’il conviendrait d’intercaler. Rappelons que l’on ne saura jamais quel contenu correspondait au titre de Rouen 1588 en 4 centuries, vu que ce n’est pas celui qui se présente dans l’exemplaire décrit par Ruzo. On peut penser que le contenu était bel et bien à 53 quatrains à la Ive centurie à l’instar de Macé Bonhomme 1555 et c’est cette édition perdue, sinon en son titre, qui ferait l’interface entre Macé Bonhomme 1555 et Rouen 1589. Quant au contenu de Rouen 1588 tel qu’il figurait dans la collection Ruzo, à 49 quatrains à la Ive centurie, il est certainement antérieur à Macé Bonhomme 1555 et il ne devait pas porter le titre de Grandes et Merveilleuses Prédictions mais bien de Prophéties. JHB 05. 03. 12 [1] Letter to Anebo, ed. A.R. Sodano, Porfirio. Lettera ad Anebo, Naples: L'Arte Tipografica, 1958. [2] Cel fait penser aux Juifs, en quelque sorte peuple de prétres, où la religion est liée à la filiation [3] Signalons un texte découvert par Bernard Husson, d’un certain Claude Limojon de Saint Didier, auteur d’une Lettre d’un philosophe à son ami sur le grand œuvre, (1680) Ed de la Hutte. , au titre très proche de celui d’Alexandre Limojon « Lettre d’un philosophe sur le secret du grand œuvre au sujet de ce qu’Aristée a laissé par écrit à son fils touchant le Magistère philosophique » et qui semble avoir précédé de quelques années l’édition de 1686)) [4] Luter,, enduire