ÉDITORIAL La préservation de la fertilité, en dehors de la cancérologie : le nouvel enjeu thérapeutique Fertility preservation outside the field of oncology: an emerging therapeutic issue “ L Dr Bob Wainer Centre d’AMP, CHI de Poissy-Saint-Germain ; EA 7404-GIG, UFR des Sciences de la santé Simone Veil, université VersaillesSaint-Quentin-en-Yvelines. es termes de bouleversement, voire de révolution technologique, ont été utilisés à de nombreuses reprises ces dernières années pour qualifier les progrès touchant à la fertilité humaine. Ainsi, il y a près de 40 ans, la possibilité de parvenir à une fécondation ovocytaire humaine hors du corps de la femme (première fécondation in vitro en 1978). Puis la possibilité de “suspendre” le temps par la congélation embryonnaire, permettant d’obtenir une grossesse plusieurs mois ou années après la fécondation ovocytaire (première naissance faisant suite à une congélation embryonnaire humaine en 1984). Il en est de même pour les impressionnants progrès de la génétique, grâce auxquels nous pouvons, aujourd’hui, connaître le statut chromosomique et génétique de l’embryon à transférer in utero (première utilisation du diagnostic pré-implantatoire chez l’homme en 1990). Ces progrès ont de très importantes implications humaines, médicales, éthiques et sociétales. La préservation de la fertilité a, en quelques années, complètement transformé l’approche humaine et médicale de nombreuses pathologies dites “graves”. Il y a 10 ans encore, le pronostic vital dominait très logiquement le tableau clinique, quoi qu’il en coûte à la patiente. La fertilité postthérapeutique, comme le confort ultérieur ou l’esthétique, étaient relégués au second plan, quand ils n’étaient pas totalement absents des préoccupations du thérapeute, et même du patient. Aujourd’hui, les progrès et la qualité de la prise en charge cancérologique sont tels que la qualité de vie après la guérison du cancer est devenue un enjeu essentiel, tant pour les praticiens que nous sommes, que pour les patients eux-mêmes. Préserver la fertilité future d’un adulte jeune, d’un enfant, ne doit pas ralentir la prise en charge du cancer mais doit, dans des structures adaptées à ces nouvelles préoccupations, faire désormais partie de la prise en charge thérapeutique. L’évolution qui se dessine actuellement est l’utilisation des techniques de préservation de la fertilité en dehors du contexte carcinologique. 4 | La Lettre du Gynécologue • N° 402 - mai-juin 2016 0004_LGY 4 17/05/2016 14:12:07 ÉDITORIAL Rappelons que la loi du 7 juillet 2011 concerne : “toute personne dont la fertilité risque d’être prématurément altérée, et qui peut bénéficier du recueil et de la conservation de ses gamètes ou de ses tissus germinaux, en vue de la préservation et de la restauration de sa fertilité”. En gynécologie, certaines pathologies considérées comme bénignes, comme l’endométriose, l’insuffisance ovarienne prématurée, certaines chirurgies ovariennes itératives, vont désormais recourir de plus en plus souvent à la préservation de la fertilité. Mais, en dehors de la gynécologie, plusieurs autres spécialités médicales sont aussi concernées par cette problématique, car certains traitements qu’elles utilisent peuvent avoir un impact sur la fertilité (médecine interne, rhumatologie, néphrologie, endocrinologie, etc.) “ L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intêrets. Enfin, en dehors de toute pathologie, l’élévation de l’âge de la femme conduit inexorablement à une insuffisance de la fonction ovarienne et, dans une société où l’égalité des sexes devient un dogme, où l’allongement de l’espérance de vie est un but, la préservation sociétale de la fertilité devient forcément l’une de nos interrogations. AVIS AUX LECTEURS Les revues Edimark sont publiées en toute indépendance et sous l’unique et entière responsabilité du directeur de la publication et du rédacteur en chef. 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