Programme de la journée

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POLYSEMIE FETE SES 15 ANS !
Samedi 28 novembre 2015 (9h-12h)
École normale supérieure (à confirmer)
Table ronde n°1 : L’actualité de la recherche sur la Renaissance
La « littérature » (ou plutôt les Belles Lettres de la Renaissance si l’on s’accorde sur le fait que la
« littérature », définie par sa finalité autotélique, date du XIXe siècle) ne correspond pas
parfaitement au clivage actuel des disciplines, et les travaux de certains chercheurs, comme Jean
Céard et Daniel Ménager qui ont influencé les débuts de Polysémie, ont montré comment
l’intérêt porté à l’histoire des idées et à la philosophie (au sens large qui est celui de ce terme à la
Renaissance) pouvait renouveler l’étude littéraire. Ces dernières décennies, le paysage de la
recherche seiziémiste française a également vu émerger de nouveaux objets d’étude, dans le
sillage des travaux de Marc Fumaroli sur la rhétorique, d’Henri-Jean Martin sur l’histoire du livre,
de Pierre Laurens sur la littérature néo-latine ou encore du développement des études de genre.
Ces nouvelles orientations élargissent le champ d’étude à explorer et introduisent, pour certaines,
dans l’étude littéraire des textes de la Renaissance une perspective historicisante confirmée par la
méfiance des chercheurs vis-à-vis de tout anachronisme, et en décalage avec l’intérêt que cette
notion suscite par ailleurs dans le champ littéraire autour des travaux d’Yves Citton par exemple.
La nouvelle philologie du XXIème siècle est un minutieux travail de reconstitution du sens à
partir de l’histoire des textes et de leur matérialité. Le « chercheur idéal » est celui qui, semblable
au lecteur idéal d’Umberto Eco, est capable d’embrasser l’ensemble du champ des savoirs pour
restituer au texte la totalité de ses potentialités de signification.
Nous proposons de revenir sur l’évolution de la recherche en littérature depuis le lancement du
séminaire Polysémie en 1999, autour des questions suivantes :
1) Comment les nouvelles approches scientifiques (philologie, bibliographie matérielle,
« digital humanities », études de genre) renouvellent-elles l’étude de la Renaissance ?
Comment modifient-elles le champ du « littéraire » ?
2) Au rebours d’une approche centrée sur un siècle et une discipline, quels sont les apports
et les limites d’une approche transséculaire (ouverture sur Moyen Âge en amont et sur le
XVIIe siècle en aval) et multi-disciplinaire (littérature, histoire, histoire de l’art,
philosophie, etc.) ?
3) Quelles sont les approches méthodologiques ou thématiques qui feront l’avenir de la
recherche ?
4) Comment comprendre le fait que les seiziémistes (à la différence des chercheurs étudiant
d’autres périodes) recourent peu aux outils et notions anachroniques pour étudier les
textes de la Renaissance ?
5) Dans ce contexte d’évolution de la recherche, le séminaire « Polysémie » a-t-il formé une
école ou s’est-il, consciemment ou inconsciemment, inscrit dans une école ou une
méthode de recherche ?
Table ronde n°2 : Enseigner et transmettre les textes de la Renaissance
Le deuxième volet de cette demi-journée portera sur l’enseignement de la littérature des siècles
anciens à l’université. Les termes du débat ont déjà été posés à plusieurs reprises, en particulier
dans le numéro de décembre 2009 de RHR. Jean-Raymond Fanlo et Daniel Martin, reprenant les
échanges ayant eu lieu lors d’une table ronde sur l’enseignement de la littérature de la Renaissance,
observaient que la littérature de la Renaissance, placée dans l’ombre du Grand siècle, était d’un
abord difficile en raison des spécificités de la langue pré-classique, de l’importance de la
rhétorique, de la forte intertextualité, du goût de l’énigme, ou encore de l’esthétique de
l’abondance. Effet paradoxal seulement en apparence, les progrès de la recherche éclairent
l’œuvre pour les spécialistes et la rendent plus difficile d’accès pour les profanes. Pourtant, le
succès d’Un été avec Montaigne d’Antoine Compagnon révèle a contrario un intérêt et une curiosité
pour la littérature et la pensée de la Renaissance qui dépassent le cercle sélectif des initiés. Dans
un contexte épistémologique général survalorisant les sciences expérimentales et technologiques
pour leur rapport apparemment clair à la vérité et leur potentiel de développement économique,
de tels succès nous rappellent que la transmission du patrimoine intellectuel, et humaniste en
particulier, reste bien perçue comme le garant de la liberté de penser par un peuple tourné vers
son histoire.
Nous proposons d’aborder la question de la transmission des textes de la Renaissance à partir des
pistes suivantes :
1) Dans quelle langue faire lire les textes du XVIème siècle, et quel type d’édition
critique choisir pour des étudiants n’étant pas familiers avec la langue classique ? Sachant
qu’un long appareil de notes incite à la paraphrase des étudiants qui n’ont pas encore
acquis la méthodologie des exercices universitaires, quel usage faire de ce type d’édition
critique ? Quelles précautions d’usage peut-on formuler ?
2) Comment faire comprendre aux élèves les paradigmes de pensée des siècles anciens ? En
particulier, comment dépasser le cloisonnement des disciplines pour donner à penser la
transdisciplinarité de la littérature d’Ancien régime ?
3) Les nouvelles approches méthodologiques ou thématiques de la recherche seiziémiste et
dix-septiémiste ont-elles une influence sur l’enseignement, comme pourrait l’indiquer
l’apparition de cours portant sur l’histoire du livre, la rhétorique et les techniques de
l’argumentation ? Quelle place accorder à ces nouvelles approches scientifiques dans
l’enseignement de la littérature des siècles anciens ?
4) Comment les enseignants peuvent-ils susciter des vocations pour les siècles anciens, alors
que ceux-ci sont moins étudiés et moins connus que les XIXème et XXème siècles, et
que le nombre de cours de littérature sur les XVIème et XVIIème siècles semble
diminuer ?
Organisateurs :
Thibault CATEL ([email protected])
Adeline DESBOIS-IENTILE ([email protected])
Pauline DORIO ([email protected])
Aurore SCHOENECKER ([email protected])
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