Institut des Sciences Sociales du Travail Coordonné par Marie Buscatto et Antonella Corsani (ISST – Paris 1) Et par Clémence Helfter (UGICT-CGT) PRESENTATION DU STAGE PUBLIC : Le stage s'adresse aux syndicalistes de l'UGICT-CGT, en particulier à celles et à ceux qui sont engagé.e.s dans l'action syndicale pour l'égalité professionnelle ou qui désirent s’engager à l’avenir sur ces questions. OBJECTIFS : Le stage, organisé tous les ans par le collectif égalité femmes-hommes de l’Ugict-Cgt avec des enseignant.e.s-chercheur.e.s de l’ISST, se déroule sur cinq jours et porte sur un thème différent chaque année. Son objectif : permettre à la douzaine de participant.e.s d’approfondir une thématique en lien avec les questionnements syndicaux en matière d’égalité professionnelle et salariale. Son originalité réside dans la confrontation des savoirs de syndicalistes et de chercheur.e.s qui nourrissent les échanges d’une présentation des éléments scientifiques du débat permettant ensuite d’affiner les stratégies, propositions et revendications syndicales, en particulier pour les ingénieur.e.s, cadres, technicien.ne.s et agent.e.s de maîtrise. Cette année, la formation vise à fournir des outils d’analyse pour comprendre le lien entre ce que l’on appelle les temps sociaux (vie professionnelle / familiale / personnelle / sociale / citoyenne / militante / …) et les inégalités professionnelles et salariales entre les femmes et les hommes. Dans quelle mesure la modification de l’articulation des temps sociaux est-elle susceptible de contribuer à réduire ces inégalités ? Comment et dans quel sens agir sur l’articulation des temps sociaux ? THEMES ET DEROULE DU STAGE (voir grille de stage) : Le stage débutera par une séance visant à mettre en évidence les liens entre articulation des temps sociaux et inégalités femmes-hommes. La deuxième journée sera consacrée à l’analyse d’accords portant sur l’articulation des temps sociaux. Dans un premier temps seront présentées les manières dont des accords négociés sur le compte épargne-temps, a priori favorables à une articulation des temps sociaux plus égalitaire, ont été de fait utilisés par les salarié.e.s de manière peu favorable à l’égalité femmes-hommes. Un deuxième temps de la journée sera consacrée aux premiers résultats d’une étude récente menée sur les contenus des accords d’égalité professionnelle signés ces dernières années dans plusieurs secteurs d’activité. Un dernier moment de la journée portera sur les mobilisations syndicales usant d’internet, notamment dans le domaine de l’égalité entre femmes-hommes : ces mobilisations favorisent-elles une articulation plus équilibrée des temps sociaux, et si oui, qui en est bénéficiaire ? Lors de la troisième journée sera approfondie l’analyse de l’articulation entre vie familiale et vie professionnelle en entreprise à partir des travaux menés à l’INED (Institut National des Etudes Démographiques). Comment le travail imprègne-t-il la vie familiale et inversement ? Comment les naissances modifient-elles l’organisation des couples et le partage des rôles ? Comment s’organise-t-on quand on est une famille nombreuse ou que l’on a des horaires atypiques ? Comment les pères s’investissent-ils auprès de leurs enfants ? Pourquoi tant de femmes travaillent-elles à temps partiel ? Les femmes sacrifient-elles leur carrière pour celle de leur conjoint ? Quelles mesures les employeurs mettent-ils en place pour aider les familles ? Qui sont les salarié.e.s en bénéficiant ? Les hommes se sentent-ils autant concernés que les femmes ? Nous aborderons ensuite la question de la réduction du temps de travail. Dans quelle mesure et sous quelles conditions la réduction du temps de travail à 32 heures pourrait-elle contribuer à la réduction des inégalités professionnelles entre femmes et hommes ? La dernière intervention portera sur le thème de l’ « écologie du temps » à travers l’analyse de cas spécifiques : deux Coopératives d’Activité et d’Emploi qui se sont activement engagées pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Les résultats d’une enquête sociologique menée au sein de ces deux coopératives et portant sur les revenus et le temps sont particulièrement intéressants : la réduction progressive des inégalités salariales s’est accompagnée d’une réduction des inégalités entre femmes et hommes en ce qui concerne l’articulation entre temps au travail, temps de la « reproduction » et temps pour soi. Chaque présentation de recherches sera suivie d’un débat avec la salle : l’objectif est de permettre une confrontation d’expériences et une co-production de savoirs à partir des connaissances croisées des chercheur.e.s et des militant.e.s syndicaux/ales participant à la formation. Des séances de travail de groupe seront également organisées afin que les nouvelles connaissances apportées par les chercheur.e.s puissent être discutées en petits groupes. Ces séances visent à permettre aux stagiaires d’élaborer les manières dont ces savoirs peuvent éclairer plus concrètement l’action syndicale. La dernière matinée du stage sera un temps dédié à une réflexion syndicale sur les enseignements qui pourront être tirés à chaud de l’ensemble de la formation pour renforcer l'action syndicale de l’Ugict-Cgt contre les discriminations femmes/hommes et en faveur de l'égalité professionnelle et salariale, prenant tout particulièrement en compte la spécificité de nos catégories. PRESENTATION DES INTERVENANT.E.S : Professeure en sociologie à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, Marie BUSCATTO est chercheure à l’IDHES - Paris 1 - CNRS. Sociologue du travail, du genre et des arts, elle s’intéresse également aux questions de méthode. Fondés sur ses premières recherches sur la place des femmes dans le monde du jazz, ses travaux actuels portent sur les difficultés d’accès, de maintien et de promotion des femmes dans les mondes de l’art et plus largement dans les professions prestigieuses encore très masculines. Elle s’intéresse également aux manières dont les pratiques artistiques professionnelles et amatrices sont affectées par des processus genrés. Elle étudie aussi les pratiques, les trajectoires et les professionnalités artistiques. Elle développe enfin une réflexion épistémologique sur les ethnographies du travail organisé. Son dernier ouvrage publié : Sociologies du genre, Paris, A. Colin, 2014. Pour plus d’informations : https://www.univ-paris1.fr/ufr/isst/annuaire-et-publications-des-enseignants-delisst/marie-buscatto/ Antonella CORSANI est socio-économiste du travail, enseignante-chercheure à l'Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, en poste à l’ISST et membre du laboratoire de recherches IDHES (UMR 8533). Elle travaille sur les mutations du travail et du rapport salarial, le capitalisme cognitif et le néolibéralisme. Depuis 2012, elle s’intéresse aux nouvelles formes d’entreprise coopérative et accompagne la rechercheaction au sein des Coopératives d’Activité et d’Emploi. Son dernier ouvrage paru : Un salariat au-delà du salariat ? (ouvrage collectif en collaboration avec Marie-Christine Bureau), éd. PUN, 2012. Pour plus d’informations : https://www.univ-paris1.fr/ufr/isst/annuaire-et-publications-des-enseignants-delisst/antonella-corsani/ Timo GIOTTO est ingénieur de recherche au CNRS rattaché au CERTOP (Université Toulouse 2 Jean Jaurès – Cnrs). Il est en charge de la coordination d'une étude comparative franco-allemande sur les dispositifs d'épargne temps (compte épargne temps / Arbeitszeitkonto). Après avoir suivi une formation initiale en économie puis une réorientation en sociologie dans le cadre d'une reprise d’étude, il est en phase de finalisation d'un doctorat en sociologie du travail portant sur les enjeux de la désynchronisation des temps sociaux. Cet objet de recherche l'a amené à travailler à plusieurs reprises avec les syndicats (notamment la CFDT) sur les questions de « temps tout au long de la vie » et « d'articulation des temps sociaux ». Pour plus d’informations : http://certop.cnrs.fr/GIOTTO-Timo Dominique MEDA est professeure de sociologie à l'Université Paris-Dauphine, directrice de l'Institut de recherches interdisciplinaires en sciences sociales (IRISSO, UMR CNRS) et titulaire de la chaire « Écologie, travail, emploi » ("Reconversion écologique, travail, emploi et politiques sociales") au Collège d'études mondiales (CEM). Dominique Méda mène une réflexion philosophique et sociologique sur la place du travail dans nos sociétés, les rapports entre économie et politique, les instruments avec lesquels nous mesurons la richesse d'une société, la place des femmes dans l'emploi, le modèle social français. En 2016, avec Pierre Larrouturou, elle a publié Einstein avait raison : il faut réduire le temps de travail, Paris, Éditions de l'Atelier. Pour plus d’informations : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dominique_M%C3%A9da Ariane PAILHE, docteure en économie, est directrice de recherche à l’Institut national d’études démographiques (Ined). Ses recherches portent sur les inégalités salariales et d’emploi selon le sexe et/ou l'origine ethnique, l’articulation entre la vie familiale et la vie professionnelle et la gestion du temps domestique et parental entre conjoints. Dans une approche pluridisciplinaire dynamique des parcours de vie individuels, sa recherche mobilise plusieurs niveaux explicatifs : les déterminants individuels et conjugaux au niveau micro, l’impact du contexte de travail au niveau méso et le contexte économique et institutionnel au niveau macro. Elle a été co-responsable de l’enquête nationale « Familles et employeurs » et a co-dirigé un ouvrage publié en 2009 à La Découverte La famille à flux tendu : pratiques des entreprises et quotidien des parents. Pour plus d’informations : https://www.ined.fr/fr/recherche/chercheurs/Pailh%C3%A9+Ariane Sophie POCHIC est sociologue, chargée de recherche CNRS au Centre Maurice Halbwachs, responsable de l'équipe PRO et membre du réseau MAGE (Marché du travail et genre). Son intérêt pour le croisement entre genre et organisations s’est construit autour d'enquêtes sur le « plafond de verre » et les politiques d'égalité femmes-hommes dans les entreprises, dans les syndicats et dans la haute fonction publique. Dans une approche sociétale genrée, elle a réalisé avec Cécile Guillaume une comparaison européenne (France, Angleterre, Hongrie, financement FSE) sur la place des femmes dans les syndicats, sous le versant interne et externe de l’égalité. Elle a participé récemment à plusieurs recherches collectives, l’une sur les carrières des hauts fonctionnaires et le "plafond de verre" dans les Ministères (contrat DGAFP) et l’autre sur « Droit, mobilisations, discriminations » (contrat Emergence Ville de Paris), avec des enquêtes sur le recours aux prud’hommes pour discriminations et sur la négociation collective pour prévenir / réparer la discrimination syndicale (contrat IRES). Elle prépare actuellement son Habilitation à Diriger les Recherches (GDR) sur la « Sociologie de l’égalité professionnelle, entre politiques et pratiques ». Pour plus d’informations : https://www.cmh.ens.fr/Pochic-Sophie