L’Ancien Régime c’est aussi la modernité actionroyaliste.com actionroyaliste.com 1 L’Ancien Régime c’est aussi la modernité dès 1865, à une époque où la droite et le centre républicains combattaient la formation des syndicats. Depuis, les princes, ainsi que les écrivains monarchistes, n’ont cessé d’y apporter les modifications imposées par l’évolution économique. Dans son essence toutefois, cette fameuse « lettre sur les ouvriers » n’a rien perdu de sa valeur. Sa pertinence est toujours aussi grande. C’est que, contre le capitalisme et le marxisme à la fois (mais on sait qu’ils sont les deux faces d’une même erreur), cette charte restaure le respect de l’homme. Pour le capitalisme, l’homme est un outil, pour le marxisme, la rencontre de plusieurs besoins. Pour la doctrine et la politique royale, l’homme est une personne. L’essentiel est là. La monarchie se préoccupa d’abord d’introduire plus de justice dans l’ordre féodal, sans toutefois pousser systématiquement à sa ruine. Elle ne créa pas mais favorisa le mouvement d’indépendance des communes puis celui des corporations où les valeurs spirituelles étaient essentielles avec l’ordre pour moyen. On peut reprocher aux derniers rois de n’avoir point réussi à adapter au nouvel état des choses les cadres périmé des anciennes corporations, ce qui était cependant souhaitable. En 1773, Colbert rappelle dans une ordonnance : « défense est faite aux maîtres de recevoir des aspirants aucun présent pour leur réception […] défense de faire aucun festin à peine de nullité de la réception ». Dans un Etat politiquement juste, économiquement équilibré, ce que l’on nome la question sociale ne se poserait pas en termes aussi pesants. Nous avons vu que la monarchie trouve sa raison d’être dans la nature fondamentalement sociale de l’homme et qu’elle a pour fonction de maintenir la masse des biens spirituels qui font que « chacun de nous en naissant trouve infiniment plus qu’il n’apporte ». Le premier service demandé au roi par le peuple est la distribution de la justice. Sans la Révolution, la question sociale en France ne serait que le problème de l’adaptation d’une tradition de justice à l’évolution continuelle des problèmes sociaux dans le temps. Louis XV, qui fut un roi bien plus politique que ne le prétendent les historiens républicains, avait amorcé une réforme. Mais celle-ci allait à l’encontre du libéralisme bourgeois préconisé par le parti philosophique. Sous cette influence, Louis XVI abandonna l’œuvre d’organisation ébauchée par son prédécesseur. La révolution acheva d’imposer le libéralisme économique. Les ouvriers qui avaient en partie apporté leur concours aux journées révolutionnaires furent promptement les victimes. Mais dans certaines villes, notamment celles qui devaient rester légitimes après la chute de Charles X, une partie du prolétariat se rallia de bonne heure à la contre-révolution tandis que l’autre faction cru d’une façon « inébranlable qu’il y a, qu’il doit y avoir une révolution qui ne sera pas une escroquerie… que les espoirs de 1793 sont toujours vivants ». La révolution gruge l’ouvrier et l’attire quand même vers elle. Le Père Bigot mer en évidence les conséquences de 1789 : « La révolution prépare tout le développement de la production capitaliste et toutes ses tares. Elle libéra le bourgeois, elle enchaîna le prolétaire ». Du reste il y eut des conflits sociaux même à la grande époque des corporations, à l’époque médiévale. L’évolution de la société, les égoïsmes individuels entraînent des heurts qui reflètent surtout l’opposition inévitable entre les revendications de l’individu et les exigences de la société. Cet aspect immuable de la condition humaine se trouve partout où la force n’écrase pas toutes les libertés. Bon ou mauvais, l’en ou rapide, le changement est une loi de la nature humaine qui nous oblige à repenser à tout moment le problème de l’harmonie entre la liberté et l’ordre. Le programme social de la monarchie n’est pas affaire de démagogie ou d’opportunisme. Les principes fondamentaux en ont été formulé par le comte de Chambord actionroyaliste.com Ce sont les principes républicains qui ont empêché la 2 L’Ancien Régime c’est aussi la modernité « Ce qui a crée la monarchie de faire la révolution naturelle et légitime que le distinction toute développement industriel requérait. Jusqu’au début du nouvelle de la classe XVIIIème siècle, d’ailleurs, le besoin d’ajuster la production et bourgeoise et de la la consommation avait toujours été vivement senti. Il fallait classe ouvrière, c’est le éviter la surproduction ou la disette. La difficulté des nouveau droit inauguré communications, qui rendait presque impossibles les échanges en 1789 ». de marchandises entre régions très éloignées, avait pour Proudhon. conséquence de rendre le problème présent à chacun. Le milieu immédiat subissait directement des secousses d’une production irrégulière. Certaines saisons, il advint que la famine L’ancien régime, c’est régnât dans plusieurs provinces, quand, à l’autre bout du aussi la modernité ! royaume, quelques autres étaient dans la sur abondance. Ce que n’ont pas ou ont refusé de voir certains historiens libéraux qui d’avoir relevé de-ci de-là des plaintes de chroniqueurs, J’introduis ce propos en me référant au millénaire concluaient à une épouvantable disette dans la France entière. capétien, qu’il serait souhaitable de fêter d’une manière quelque Le développement du réseau routier au XVIIIème siècle qui fait peu différente. Non plus en tant que passé magnifique et une fois encore du royaume le premier au monde à être aussi passionnant, mais bien en tant que modernité, que modèle du bien pourvu, a brusquement futur. Car dans le grand passé de multiplié les échanges, « Le danger principal de notre société [est] dans le l’Ancien régime, il y a tout un donné naissance au grand sommeil, le ronron, l'euphorie généralisée au rabais, entretenue avenir. Et cela aussi, voire commerce et provoqué une par la technique et son optimisme diffus ; la technocratie et ses surtout, nous devons le dire, le telle intensification de la réalisations qui vous occupent, vous honorent, vous donnent proclamer. production que la question brevet de progrès ; les produits de confort accessibles à tous, de essentielle a été perdue de préférence à crédit ; l'accès des cadres bien cadrés par le A considérer avec vue. Par contrecoup, toutes capital à des leviers de commande bien étudiés ; cela joint à un quelque attention les données les règles morales qui culte généralisé de la chance, répandu jusque dans les sociales, culturelles et doivent gouverner horoscopes ; le tout fait pour éviter à chacun, à tout moment, institutionnelles qui caractérisent l’économie comme les cette fameuse et terrible question : 'Qui suis-je ?" ». la France, par rapport aux autres acticités humaines Maurice Clavel, Combat de Franc-tireur pour une libération, nations-sœurs du monde libre, ont été, elles aussi, 1966 une évidence saute aux yeux. méconnues : juste prix, juste Cette évidence est que, en cette salaire, loyauté de la marchandise, toutes ces notions qui approche de l’année 1989 qui va marquer le deuxième doivent assurer l’équilibre des échanges et les soumettre à centenaire de la révolution française, il n’y a rien d’aussi vieux, l’ordre humain, sont devenues lettres mortes. caduc et dépassé que les institutions et principes de la république. Au contraire, rien n’est aussi moderne et porteur Historiquement c’est à l’encontre du capitalisme que d’avenir que les institutions et principes de l’Ancien Régime. la politique sociale de la monarchie a tout d’abord été définie et formulée. Dans ce rapport, nous allons, à notre tour, l’exposer Modernité des autonomies d’ailleurs sommairement. Mais en condamnant le capitalisme régionales. libéral, nous réprouvons aussi sa conséquence naturelle, qui est le communisme. Nous ne nous priverons pas au surplus, d’en analyser les causes et les conséquences. Pour prendre un premier exemple, si nous ouvrons es yeux sur l’Europe libre aujourd’hui, nous ne pouvons pas ne Pour situer plus commodément les principes sociaux pas être frappé par le fait qu’elle présente partout, dans toutes de la monarchie en fonction de l’évolution économique et ses nations, une insurrection d’autonomies. Ainsi, toute la vie sociale de notre temps, il est préférable de rappeler les traits économique, sociale, culturelle, institutionnelle, de l’Allemagne essentiels du capitalisme et du marxisme. s’anime en ses grandes régions, les Länder. Entre autre en ce magnifique Land de Bade-Würtemberg qui fait face à notre Le capitalisme se place sous le signe du progrès. Alsace ; hélas comme le tigre fait face à la gazelle : pour Entendez qu’il se donne lui-même pour une chose meilleure l’avaler, la manger. que celle qui le précédait. Et c’est bien pourquoi le communisme ne lui dénie pas cette qualité, car, se donnant lui Car ne voulant pas même avoir à prononcer le nom aussi pour ‘aboutissement heureux d’une évolution fatale d’Alsace, province d’Ancien Régime, la Révolution a substitué à dominé par la loi du progrès continu, la communisme considère celui-ci les noms ridicules de deux rogatons : le Haut-Rhin et le la capitalisme comme l’avatar nécessaire et dernier qui Bas-Rhin. Pourquoi pas, aussi, le Moyen-Rhin et le Sousprécède son propre avènement. Or, la permanence de cette Moyen-Rhin ? Le résultat est que les deux rogatons d’une idée est précisément un des signes de leur perversité, à tous province dépecée, tuée, sont évidemment incapables de se deux. « L’idée athée par excellence, dit Simone Weil, c’est défendre contre la magnifique capitalisation conjointe de la l’idée de progrès ». profondeur historique et de l’échelle géographique que produit le lande de Bade-Würtemberg. Lequel, surgi tout droite de l’Ancien Régime allemand, à travers la brève parenthèse nazie, incarne le processus inverse de notre processus républicain de centralisme parisien et d’émiettement départemental : la actionroyaliste.com 3 L’Ancien Régime c’est aussi la modernité française, cantonnée, enclavée dans son rogaton départemental des Pyrénées orientales, et bien incapable de se défendre toute seule contre l'aspiration produite par la puissante Catalogne espagnole reconstituée en unité et en autonomie très complètes et efficaces. Où vient d'être publiée une encyclopédie locale qui intègre la seule description complète et à jour de la Catalogne française. décentralisation fondamentale par le self-government regroupé de deux provinces, chacune étant bien vivante. Dès lors, comme le montrait récemment un dossier spécial publié par un journal parisien du soir, les rogatons républicains se font chaque jour annexer un peu plus par le bel Ancien Régime allemand qui leur fait face. Par l'achat de la main d'oeuvre, des entreprises et des maisons de village. A Paris, l'Alsace n'est pas "positionnée", selon la formule de marketing, c'est-à-dire n'intéresse personne chez nos centralistes impénitents. Et en Alsace même, comme le proclamait un industriel strasbourgeois dans le dossier en question : "la Priorité, c'est l'Allemagne". De proche en proche donc, la France émiettée n'aurait laissé subsister qu'une France-croupion. A l'image de ses départements mêmes. Tel exemple frappant, l'absurde département-croupion du Rhône qui étouffe la grande métropole régionale de Lyon à la lisière de ses faubourgs. Une absurdité qui dure depuis deux cents ans, en impavide; stupidité républicaine, sans que personne n'ait osé y toucher. Alors que l'Ancien Régime nous avait légué le modèle de l'autonomie régionale géographiquement à l'aise, institutionnellement bien équipée et économiquement efficace. Nous voulons parler de l'admirable Languedoc qu'a si bien décrit un historien longtemps de gauche, Emmanuel Le Roy Ladurie. Le Languedoc qui réunissait onze de nos actuels départements, qui, organisé en une pyramide de pouvoirs représentatifs, et animé par ses grands évêques administrateurs, avait la maîtrise complète de ses impôts, de son budget, de ses investissements, notamment en matière de transport et d'industrie. Avec ce résultat brillant, notamment, que son industrie textile était alors l'égale, ou presque, de celle du Nord de la France. Qu'y a-t-il, en outre, de plus triste et de plus désastreux que cette autre mise à mort républicaine, dont il faut aussi parler. La mise à mort d'une petite nationalité française voisine de l'Alsace et qui a joué un rôle capital d'animation dans l'histoire de l'Europe : la Franche-Comté ? Cette fois la Révolution nous a gratifiés de trois rogatons aux noms de bout de rivière affluente, de sous affluent et de montagne : la HauteSaône, le Doubs, le Jura. Trois noms, encore, d'étroits cantonnements purement géographiques ; pour, encore, faire descendre le silence sur l'histoire, la tuer. Alors que c'était la belle province de Franche-Comté qui, au XVème siècle, avait inventé les institutions des Etats modernes d'Europe en fournissant sa haute bureaucratie à la Bourgogne des grands ducs d'Occident, collatéraux capétiens. Alors que, encore, au siècle suivant, au XVIème siècle, c'était la Franche-Comté qui avait fourni ses gouvernements au grand empire de Charles Quint et de Philippe II, héritier de Bourgogne. A tel point que l'Espagne, les Pays-Bas et l'Italie étaient alors, pour beaucoup, des colonies franc-comtoises, politiquement et aussi culturellement. Carondelet et le premier Granvelle sont les premiers ministres de Charles Quint. Chalon est vice-roi de Naples, Richardot, premier ministre des Pays-Bas. Metellus, franc-comtois aussi, réunit la magnifique collection de manuscrits qui se voit aujourd'hui à l'Escurial. Et le second Granvelle est rien de moins que le premier ministre de Philippe II, à Madrid, au moment de la lutte décisive contre la réforme, dans les années 1580. C'est le premier ministre français de l'empire planétaire catholique qui, comme j'ai pu le constater sur pièces, dans les archives espagnoles, donne ordre aux banquiers génois de Bruxelles de payer au duc de Guise les premières subventions permettant enfin à la Ligue catholique de faire face à l'entreprise de subversion huguenote couverte d'or réformé anglais, allemand et scandinave. De tout cela, de cette petite nationalité française qui a gouverné le monde, il n'est plus resté, comme partout sous la République, que des morceaux de rivières et de montagnes, des réduits lointains et jaloux du centralisme. Des réduits rogatons au péril, comme en Alsace, de leurs voisins, cette fois ceux du bel ensemble suisse, antique modèle de l'insurrection des autonomies, qui, là aussi, les avalent peu à peu. Telle était, telle reste, en modèle immédiat la modernité des autonomies d'Ancien Régime. Traduction fort exacte, au reste, de la doctrine sociale de l'Eglise qui met en avant le principe de subsidiarité affirmant le caractère fondamentalement "supplétif", selon la formule de Léon XIII, de toute collectivité. Aucune collectivité, notamment la collectivité nationale ne doit faire ce qu'une collectivité inférieure, notamment la collectivité régionale, peut faire, et fera mieux. Modernité de la liberté générale de l’enseignement. Mais la modernité des autonomies régionales est loin d'être la seule modernité que nous offre aujourd'hui l'Ancien Régime, en modèle direct. Il en est d'abord, une deuxième. Parlant dans la présente Faculté libre, j'enfonce une porte ouverte si je souligne ce fait qu'un des handicaps français les plus marqués dans l'émulation culturelle, scientifique et économique, trouve sa source dans le statisme écrasant de notre enseignement d'Etat, venu lui aussi de la Révolution. Car c'était notamment le département de la Seine de 1799 qui avait posé le principe d'un enseignement d'Etat laïque, lorsqu'il proclamait "il est nécessaire d'élever un mur de séparation entre l'enseignement et les cultes". Comment, aujourd'hui, obtenir les initiatives, adaptations et reconversions rapides absolument indispensables, de l'énorme corps de fonctionnaires (le plus nombreux après l'Armée Rouge, dit-on) qu'est notre enseignement d'Etat ? Un énorme corps englué dans les irresponsabilités administratives, les préjugés idéologiques, l'éloignement mental et matériel de la vie des Ce n'est que tout récemment que la France a commencé - enfin - à prendre au sérieux la décentralisation. Et, même si les formules retenues sont pour le moment bien partielles, à chercher à reconstituer de vraies régions, les régions d'Ancien Régime. Il était grand temps. Car, comme dans le Nord-est de l'Alsace et de la Franche-Comté, au Sud aussi les miettes produites par le haché-menu des anciennes provinces se trouvaient en grave péril. Telle la Catalogne actionroyaliste.com 4 L’Ancien Régime c’est aussi la modernité sportive, militaire, etc. A tel point que les inspecteurs envoyés par Bonaparte, premier consul, pour étudier les conditions d'une recréation de l'enseignement français, à peu près totalement anéanti par la Révolution, déclarèrent ce collège de Sorèze "l'exemple colossal à imiter". Modernité de la liberté de tester. Troisième point sur lequel l'Ancien Régime serait pour nous "exemple colossal à imiter" et de nouveau nous apporterait le rétablissement d'une liberté, après son abolition révolutionnaire : la liberté de tester. Cette liberté qui existe toujours, en manière absolue en Angleterre et aux Etats-Unis, partiellement en Allemagne. Mais qu'en France la révolution a avoué détruire (comme bien d'autres libertés) par l'intitulé même du décret établissant l'égalité successorale obligatoire, le 7 mars 1793 : "Abolition de la faculté de disposer en ligne directe". professions, tout autant que des besoins réels des familles et des collectivités locales. Or, la encore, si nous portons notre regard hors de nos frontières, dans les pays les plus avancés du monde libre, nous y voyons leurs enseignements exempts de tous ces défauts qui collent à notre enseignement comme une tunique de Nessus. Car, dans aucun de ces pays - Etats-Unis, GrandeBretagne, Allemagne, Suisse, etc. - il n'existe de ministère de l'Instruction publique centralisée, à la française. Et l'enseignement y est un libre foisonnement, comme sous notre Ancien Régime. La conséquence de cette mesure de pure passion idéologique a été en effet un désastre sans fin et toujours typiquement français qu'ont vainement tenté de corriger le Code de la famille, de 1938 et les lois ultérieures. Ce désastre est la destruction des cellules économiques patrimoniales, en fait des entreprises, lors de chaque transmission successorale mettant en jeu plusieurs enfants. Et de ce fait la réduction du nombre des enfants à l'enfant unique recevant la succession de la propriété agricole, de l'atelier, du commerce, de l'entreprise industrielle. Avec l'effondrement démographique correspondant. Ainsi, en un petit décret d'aveugle mathématique égalitaire, la Révolution avait réussi à être à la fois la répression de l'entreprise et celle de la natalité. Et pourtant la "liberté de tester", indispensable à la continuité et à la stabilité des entreprises, n'était pas totalement inégalitaire, les enfants non choisis pour continuer l'entreprise recevant des dédommagements appelés "légitimes". Et pourtant aussi, le sociologue et analyste économique français le plus profondément informé de la fin du XIXème siècle, ayant fait une enquête générale sur les conditions socio-économique dans de nombreux pays, Frédéric Le Play, avait montré clairement le handicap grave que constituait pour notre pays cette législation successorale. Il réclamait sur ce point encore le retour à l'efficacité d'Ancien régime, à la "liberté de tester". Mais l'imprégnation révolutionnaire des esprits et des institutions a toujours fait rejeter un quelconque retour au bon sens dans ce domaine. A été refusée même la solution transactionnelle qu'apportait le droit allemand. Là les enfants non choisis par les parents comme les héritiers de l'Entreprise, et recevant d'ailleurs des parts plus faibles qu'en France, bénéficient seulement de créances sur la succession. Ce qui permet toutes les souplesses au bénéfice de l'entreprise. Des créances, non des droits directs sur les biens mêmes comme le stipule notre droit révolutionnaire dans son formalisme mécanique, stérile et répressif. Tocqueville l'avait déjà remarqué, dans son étude sur la Démocratie en Amérique : le gouvernement local américain, celui des towns ou countries, n'est rien d'autre que le gouvernement de la paroisse française d'Ancien régime, dépouillée de la seigneurie par son passage dans le Nouveau Monde. Or qui a assisté, comme nous avons eu le bonheur de le faire récemment, à un financial town meeting américain sait qu'un des objets de ce gouvernement local est, avec la justice, la police et les travaux publics, l'enseignement. Les cantonsarrondissements que sont les towns décident donc eux-mêmes leurs enseignements-éducations. Ils sont maîtres de la carte scolaire et des constructions, comme des types d'enseignements et des programmes, comme du recrutement et de la direction des enseignants. Tout cela est soumis localement et à chaque moment au libre vote de leurs habitants. Formidable, essentielle liberté, que la république nous a volée. Et avantage immense : le libre foisonnement des enseignements, auquel peuvent concourir et concourent aussi, puissamment, toutes les initiatives privées, ce foisonnement, en rien idéologique ni fonctionnarisé, permet de s'adapter immédiatement, dans une émulation sans limite, à l'évolution locale et générale des besoins. Comme pour les autonomies régionales, il est aussi grand temps que nous nous inspirions à nouveau de l'Ancien Régime, en ce domaine essentiel des enseignements, si nous voulons que la France survive dans la compétition internationale. Cet Ancien régime qu’en matière d'enseignement, les Américains devenus indépendants avaient pris d'ailleurs en modèle direct : ils envoyaient leurs enfants, dans les années 1780, au fameux collège de Sorèze notamment. Ce collège languedocien (encore), des bénédictins de Saint-Maur, comptait autant d'élèves étrangers, entre autres américains, que d'élèves français. Il était d'une modernité extraordinaire, très proche de la nôtre, donnant une formation à la fois religieuse, humaniste, scientifique, musicale, artistique, actionroyaliste.com Modernité du consensus national. Quatrième point sur lequel l'Ancien Régime est de toute évidence modernité, modèle de futur, à l'opposé de 5 L’Ancien Régime c’est aussi la modernité l'appauvrissement révolutionnaire, de plus en plus patent : le point du consensus national. L’Ancien régime, comme de nouveau les grands Etats libres d'aujourd'hui, et sauf la France républicaine, assumait la dimension religieuse, lui faisait une place d'honneur dans ses institutions et son cérémonial. Aujourd'hui nos grandes nations-soeurs du monde libre, en dépit d'une déchristianisation ou du moins dune déconfessionnalisation étendue, en nourrissent toujours leur être national. La Bible est partout aux Etats-Unis, à commencer par la Cour Suprême et la Maison Blanche. C'est sur elle qu'on prête serment. Les astronautes américains prient officiellement dans l'espace. Dans son Message sur l'état de l'Union, le président, en 1986, se réfère avec insistance à la prière et à la foi religieuse. La même année il déclare, le 1er Mai : "jour national de la prière". La reine d'Angleterre reste le chef de l'Eglise d'Angleterre, l'hymne national anglais supplie Dieu de sauver la reine, les grandes universités anglaises sont toujours des institutions religieuses. En Allemagne le rôle des Eglises dans la vie publique, la dimension religieuse dans la nation, sont tenues pour essentiels au point que l'administration fiscale lève ellemême l'impôt religieux. Et elle en répartit le produit aux diverses confessions, selon l'appartenance que chaque contribuable a fait connaître. Tout cela est inimaginable dans la France aujourd'hui, de la part de nos présidents, ou de la Marseillaise où il ne saurait être question de Dieu, ou de l'Université française fief laïque, etc. Car la République française, elle, s'est faite laïque, non par distinction mais par rejet. La République, et la nation qu'elle prétend incarner, ne saurait avoir de dimension religieuse. Les mandataires publics sont tenus de taire leur éventuelle appartenance religieuse, de s'appliquer à faire que personne ne puisse la remarquer, en subir la contagion. D'ailleurs les mandats publics sont plutôt confiés aux citoyens non membres, ou mieux encore adversaires de l'Eglise principale, même et surtout s'ils relèvent d'Eglises minoritaires de Français de souche ou d'anciens étrangers naturalisés. Comme il se voit, depuis plus de cent ans, dans la composition de nos gouvernements. Ainsi la laïcité, sélective et hypocrite, aboutit-elle à une séparation excessive, à une discrimination paradoxale de la majorité de la nation. Cas absolument unique parmi les peuples libres. Dans l’ancienne France « foyers, paroisses, bourgs, villages, compagnies, province, arts, métiers, corps et ordres d'Etat, ces unités vivaces, entre lesquelles l'égalité était nulle, jouissaient de libertés magnifiques... Là-dedans foisonnaient, prospéraient les fortes familles et leurs cultures, leurs métiers, leurs arts, leurs costumes, leurs chansons, leurs légendes, entourés de solides cadra communautaires, la vigueur de ces cadres tenant aux caractères singulièrement énergiques des originaux qu'on devait contenir, non pas laminer, ni briser: à forte discipline, âmes plus fortes qu'elles et, par là, triomphe fréquent d'une certaine fantaisie anarchique pleine de suc ! » entrer dans leurs cadres. Le rêve jamais atteint de la perfection politique érigée en nouvel absolu fait sans cesse se culbuter les uns sur les autres régimes, constitutions et révolutions. La laïcité est, par là encore, anticonsensus fondamental. Cet anticonsensus qui a valu à la France de donner le lamentable spectacle depuis 1789 d'un chaos sans pareil de trois Monarchies, de deux Empires, d'un Etat français, de cinq Républiques et plus encore de constitutions, coups d'Etat, "libérations", etc. Tout cela nourrit des "effets pervers" rendant la France incapable d'un véritable consensus national. Premièrement laïcité et séparation aboutissent à la disparition dans l'être national, de ce ferment supplémentaire d'unité, de stabilité, qu'est la dimension religieuse, rappel constant d'une commune destinée par delà le temps, et par-delà les divisions humaines. Il est évident, par exemple, que les stabilités inébranlables des institutions et du corps social, en Angleterre et aux Etats-Unis, doivent beaucoup à la dimension religieuse que ces deux nations ont su préserver. Deuxièmement la suppression de la référence à Dieu emporte, par horreur du ide, la majoration excessive du politique et de l'idéologique en de véritables déifications de remplacement. La gestion du bien commun fait place dès lors à l'affrontement dramatique, souvent sanglant, de partis porteurs de doctrines reconstruisant le réel et prétendant l'obliger à actionroyaliste.com Troisièmement la disparition en France de la dimension religieuse, les échecs des déifications idéologiques de remplacement aboutissent à un appauvrissement, à un dessèchement grave de la civilisation française, expression d'un consensus national impossible. En Angleterre, aux Etats- 6 L’Ancien Régime c’est aussi la modernité Modernité du consensus social. Unis, même lorsque les religions nationales paraissent exténuées, elles y continuent à nourrir en profondeur la conscience sociale. Elles y sont ainsi capables de revitalisations collectives, de revivals, tel le méthodisme anglais qui a formé les trade-unions bien autant que le marxisme, ou la récente "révolution conservatrice" américaine rejetant les permissivités des années 1960. En France, au contraire, c'est le poison de la laïcité qui s'est peu à peu diffusé jusqu'aux ultimes profondeurs de la conscience sociale, y dissolvant toute imprégnation chrétienne de la vie collective, y corrodant toute nécessaire émergence du sacré dans le profane et y tuant jusqu'à la morale républicaine elle-même. Cinquième point sur lequel l'Ancien régime est aussi, de toute évidence, porteur de désirable modernité : outre le consensus national, le consensus social. En 1789 Lyon était la seule ville en France à posséder une classe ouvrière pouvant être assimilée à ce que nous désignons aujourd'hui sous ce vocable : une concentration massive de travailleurs employés dans quelques grandes industries : 40 000 canuts dans l'industrie de la soie, 20 000 chapeliers, etc. Paris, à l'époque, ne possédait guère que de petits ateliers artisanaux. Or l'étude des relations sociales à Lyon, sous l'Ancien régime, est particulièrement riche d'intérêt. Car, bien que notre enseignement d'Etat, fossilisé dans son républicanisme, garde sur ce sujet un silence épais, le peuple des canuts et des chapeliers vivait avant la Révolution en amitié profonde, en consensus très efficace, avec le gratin de l'Eglise cléricale et de l'aristocratie nobiliaire. Ce gratin était les chanoines-comtes de la primatiale Saint-Jean, gérant de la puissante Eglise de Lyon et titulaires chacun d'au moins seize quartiers de la plus pure noblesse. A chaque grande grève des canuts et des chapeliers - ainsi en 1744, ainsi en 1786 - les chanoines-comtes conseillaient les ouvriers, qui se réunissaient chez eux dans la primatiale. Ils organisaient et finançaient leur mouvement, intervenaient pour eux auprès des autorités, négociaient pour eux avec les employeurs et les protégeaient de toutes les manières. Jusqu'à venger les canuts par l'épée, en 1786, aux dépens du juge ayant cru bon, alors, de faire exécuter des grévistes. Ce consensus était si profond qu'en pleine Révolution au mois d'avril 1790, les canuts, par la même entremise, tinrent avec les employeurs et toujours dans la primatiale Saint-Jean, une sorte de Constituante sociale de l'Europe. Car là, pour la première fois en régime démocratique, sous l'autorité des chanoines-comtes, fut établi un salaire minimum. Le mois suivant, ce consensus Peuple - Eglise - Aristocratie se confirma de manière éclatante dans la grande fête lyonnaise de la Fédération, qui précéda celle de Paris. Contrairement au défilé des quartiers bourgeois, qui se fit sous le drapeau tricolore, le défilé des quartiers ouvriers se fit, dans cette grande fête révolutionnaire, sous le drapeau blanc de la monarchie et de l'aristocratie. Et Lyon n'était nullement une exception : dans toute la France un consensus étroit réunissait l'élite ouvrière, celle des compagnons, et les religieux. Ainsi à Dijon où le siège des compagnonnages se trouvait à la Chartreuse. Tout cela revécut après la Révolution par les efforts personnels de ces sortes de petits-neveux des chanoinescomtes que furent les aristocrates légitimistes de la Restauration et de la Seconde République. Ce furent les ultras, non les républicains ni les socialistes, qui firent voter les premières lois sociales (réglementation du travail des enfants, lois sur les logements insalubres, les hospices l'assistance judiciaire, les sociétés de secours mutuels, etc.). Se signalèrent notamment à cet égard le vicomte Alban de VilleneuveBargemont et le vicomte Armand de Melun. L'incapacité républicaine à un consensus national non réducteur a ainsi produit un affaiblissement profond de l'être collectif français, "fragilisé à l'excès" comme le note le grand historien anglais d'aujourd'hui, Michael Oakeshott. Et qu'on ne nous dise pas que le retour à une dimension religieuse de la nation, comme sous l'Ancien Régime, que le démantèlement de la laïcité, sont tout à fait impossibles. Laïcisme et séparation sont si peu des "conquêtes", "intangibles", que la France, reprenant possession de l'AlsaceLorraine en 1918, n'a pas osé offrir ces "conquêtes" à ses citoyens alsaciens-lorrains. Ceux-ci s'étant trouvés sous la souveraineté allemande au temps où notre République fabriquait de nouveau la laïcité et la séparation, avaient gardé, et gardent toujours, la dimension religieuse concordataire, de leurs institutions. Y compris, par exemple, la rémunération des catéchistes par l'Etat. Une dimension religieuse qui rend précisément, en Alsace-Lorraine, les affrontements idéologiques exceptionnellement sans prise. Et profond, massif, jusque dans la constance des votes, le consensus national et chrétien. actionroyaliste.com Puis ce consensus social mourut avec le légitimisme. Et la République française prit cinquante ans de retard, en 7 L’Ancien Régime c’est aussi la modernité politique sociale, sur l'Empire d'Allemagne. Dans ce dernier, c'est sous l'influence d'une sorte d'autre petit-neveu des chanoines-comptes, l'archevêque baron Von Ketteler, que furent votées, à partir de 1878, les grandes lois d'assurances sociales qu'on appelle toujours les "lois Ketteler". En France républicaine, pour avoir des lois semblables, il faudra attendre les années 1930. « La véritable tradition, ce n'est pas de refaire ce que les autres ont fait, mais de retrouver l'esprit qui a fait ces choses et qui en ferait d'autres, dans d'autres temps » Aujourd'hui encore à la cathédrale de Mayence, une flamme du souvenir est entretenue par les ouvriers allemands devant la tombe de Mgr Von Ketteler. Et le syndicalisme allemand est un syndicalisme responsable, cherchant, dans et par le consensus social, à bâtir un ordre professionnel harmonieux, refusant le combat avec ses haines. En France, au contraire le syndicalisme est une excitation permanente à la haine, un syndicalisme de carmagnole, bien digne de la vocifération révolutionnaire dont nous avons grande peine à sortir. Alors que l'aptitude au consensus social va être la pierre de touche de l'avenir, pour tous les peuples d'aujourd'hui appelés à de délicates et fréquentes mutations collectives. Là encore ce sera : ou s'inspirer de la modernité de l'Ancien Régime, toujours vivante en Allemagne, ou accepter le déclin. P. Valery askenazim de l'Est, provoqua un retour en arrière. Car ces juifs, restés étrangers de langue (ils ne parlaient guère que le yiddish) et de comportement, usuriers souvent créanciers des paysans, étaient déjà l'objet d'un très antisémitisme local. Au point que, dans le sud de l'Alsace, la Révolution elle-même s'était traduite en 1789 par leur prise à partie violente et généralisée. Cet antisémitisme local tendit à devenir national, avec l'installation de beaucoup d'askenazim, toujours étrangers de fait, mais devenus légalement des citoyens français, hors de leur Est d'origine. A Paris les témoins d'époque signalent qu'ils accaparèrent le marché de l'or, donc celui des seules véritables monnaies du temps de la Révolution, et se firent place parmi les pires trafiquants des achats militaires. Dans l'Est les conventionnels eux-mêmes, excédés, réclamèrent pour eux une "régénération guillotinaire". La défense de l’identité française. Et finalement Napoléon, en 1806 puis 1808, "ému par les plaintes qu'il avait reçues" des citoyens non juifs, note Reinach, imposa des restrictions à la liberté d'installation, à la liberté de commerce, et à la prise en compte des créances des juifs askenazim… Lesquels perdaient ainsi une bonne part de la citoyenneté qui leur avait été attribuée massivement, indistinctement et imprudemment, sans prendre la moindre précaution quant à leur conduite individuelle et à leur intégration effective. Encore une fois la majoration excessive de l'idéologique, les imprudences de la surenchère libertaire, les grands gestes de gesticulation carmagnolesque avaient ouvert un lourd passif : celui d'un antisémitisme devenu national, produit de la Révolution française. Ce passif que « l’empirisme organisateur » de l'Ancien Régime et son sens profond de l'identité française avait su éviter, en traitant avec la prudence requise la naturalisation des juifs, comme l'accueil des autres étrangers. Sixième point sur lequel l'Ancien Régime est également porteur de modernité désirable la défense de l'identité française. C'est la Révolution qui a commencé à faire un système de l'immigration et de la naturalisation abusives dont nous voyons aujourd'hui les résultats. C'est elle qui a parfait ainsi la discrimination paradoxale de la majorité de la nation résultant de la laïcité agressive de l'Etat. Augustin Cochin a bien noté, dans la France révolutionnaire "cette prédilection pour les étrangers, cette hâte de les naturaliser". Et il a souligné qu'on employait alors beaucoup d'étrangers, leur docilité dans les tâches de répression étant plus grande, en raison de l'absence chez eux de toutes attaches locales et traditionnelles. Ainsi, précise Cochin, Carrier, le massacreur de Nantes avait "des Allemands pour noyer " les prêtres français. L'Ancien Régime, au contraire, montrait une sage prudence dans ce domaine, comme il est frappant s'agissant des Juifs. Loin d'avoir nourri un antisémitisme scandaleux, comme cherchent à nous le faire croire une foule de propagandistes intéressés, l'Ancien Régime avait, au long de trois siècles, naturalisé progressivement et comme individuellement (la naturalisation, normalement, c'est cela pour tous en tous pays) les Juifs séfardim du Sud-ouest et du Midi. Cette attitude à la fois prudente et ouverte avait abouti à ce résultat alors unique en Europe : l'accueil, comme citoyens bien intégrés des Juifs séfardim, dans les assemblées électorales choisissant la représentation nationale, celle des Etats-Généraux. En cette occasion solennelle le peuple français manifesta même si peu d'antisémitisme que, à Bordeaux, Abraham Furtado, électeur juif, ne manqua que de quelques voix sa désignation comme député de la ville à la future Assemblée nationale. Tout au contraire, le "si grand changement, si peu préparé", comme l'écrit l'historien juif Théodore Reinach, de la naturalisation en masse, par la Révolution, en 1791, des juifs actionroyaliste.com Modernité de la vitalité démographique. Mais il est un septième et dernier point, quoique non le moindre, sur lequel l'Ancien Régime est semblablement porteur de la très utile leçon d'une modernité dont on se doutait bien peu ; notamment en raison de cette erreur grave de la suppression par la Révolution de la liberté de tester, suppression qui contraignait souvent, comme nous l'avons noté, à restreindre la descendance à l'enfant unique. Et on l'avait constaté dans tel village étudié, Crulay, paroisse normande : de 1789 à 1800 le nombre des naissances y baissait brutalement de plus du quart. Mais on le sait maintenant pour l'ensemble de la France et de la manière la plus scientifique. Comme l'écrit Pierre Chaunu, "la grande enquête de l'Institut National 8 L’Ancien Régime c’est aussi la modernité d'Etudes démographiques a montré d'une manière irréfutable que l'effondrement significatif de la courbe de la fécondité française se situe entre 1797 et 1801", soit au terme même de la Révolution. Ainsi la Révolution a fait de la France, qui avait connu une démographie globalement très positive pendant les règnes de Louis XV et de Louis XVI, l'initiatrice du refus de la vie parmi les nations de race blanche. Ce refus de la vie, maintenant généralisé et accéléré, qui va sans doute conduire à la disparition pure et simple de notre civilisation européenne et chrétienne. les moeurs par les législations permissives qui nous viennent tout droit de la législation révolutionnaire, en un véritable rebond sans-culotte dans cette fin du XXème siècle. Telle est la loi laxiste sur le divorce, de 1975, qui a repris exactement la loi laxiste sur le divorce de 1793. Enfin les toujours "attitudes égoïstes" qui nous conduisent à la mort collective si proche, sont le produit de ce que Jacques Vier a si bien appelé la "Contre-Révélation", révolutionnaire. De par cette "Contre-Révélation", le péché n'existe plus, comme atteinte à la loi naturelle, offense à Dieu et objet de repentir. Ou plutôt le péché - divorce, fornication, refus de l'enfant, avortement - est devenu un des Droits de l'homme (et de la femme). Un de ces droits révolutionnaires que les voix dominantes de notre temps clament "intangibles", "inaliénables", "imprescriptibles", selon la phraséologie de 1789-1799. Tout cela ne nous amenant, très bientôt, qu'à la mort, cette fois sans phrase, il ne nous reste vraiment plus qu'à retrouver, ailleurs, avant, la seule modernité possible. Celle de la vie qui, comme le notait M. de la Palice, avait précédé le début de la mort. Celle de l'Ancien Régime, donc, sur ce septième point comme sur les six précédents, des autonomies, de la liberté générale de l'enseignement, de la liberté de tester, du consensus national, du consensus social, de l'identité française, complémentaires et essentiels eux aussi à leur manière. Un rapport de 1986 des Communautés européennes énumère les conséquences de l'effondrement des fécondités chez nous et chez nos voisins, et précise les échéances maintenant si proches. Le rapport de la C.E.E. ne voit qu'un seul sursaut pouvant permettre d'éloigner ces plus que sombres perspectives : "corriger profondément les attitudes égoïstes qui imprègnent chaque fois plus nos sociétés". Autant dire se refaire cette nouvelle dernière et décisive fois, une modernité d'Ancien régime. Car les "attitudes égoïstes", opposées aux valeurs familiales de l'ancienne société, sont venues de la Révolution cette promotion excessive des droits de l'individu, que n'encadrent plus que des structures artificielles, contre les devoirs vécus et sublimes dans les communautés naturelles. Car les mêmes "attitudes égoïstes" sont celles installées dans « Ce visage familier de la France dont les contours nous semblent avoir été tracés d'avance pour ménager à notre peuple une terre aux proportions harmonieuses, où climats et ressources s'équilibrent et se complètent, il faut connaître son passé pour apprécier le miracle qu’il représente : suite de rencontres, de luttes, de difficultés à travers lesquelles une volonté sagace et obstinée a fait choisir, parmi tous les "possibles" qui se présentaient, la solution sûre. Notre France traditionnelle n'est pas le produit d'un hasard, ni d'un accident géographique, ni d'on ne sait quelle prédestination. Elle est une longue patience; ciselant, soudant, ajustant un à un chaque coin du territoire, raccrochant à l'ensemble, ici une ville, là une province, jusqu'à ce que, sans brutalité, sans démonstrations théâtrales par le développement de possibilités naturelles dont notre peuple eut très tôt l'intuition, la France se trouvât formée » Régine PERNOUD, Introduction à la formation de la France actionroyaliste.com 9 L’Ancien Régime c’est aussi la modernité actionroyaliste.com 9 actionroyaliste.com 10