Éditorial Au-dessus du volcan Pr Nicolas Leveziel (Service d’ophtalmologie, CHU de Poitiers) C e nouveau numéro d’Images en Ophtalmologie fait la part belle aux pathologies tumorales en dévoilant un large panorama, allant des possibles effets indésirables oculaires des thérapies antitumorales (Dr Jean-François Le Rouic) à la problématique du diagnostic différentiel dans ce domaine particulier (Drs Livia L­ umbroso-­Le Rouic et Alexandre Palacin), en passant par une localisation tumorale secondaire atypique (Dr Alice Leblanc). La découverte d’une lésion choroïdienne suspecte est souvent faite, comme le rappelle le Dr Livia Lumbroso, à l’occasion de l’exploration d’une symptomatologie aspécifique : métamorphopsies, phosphènes, myodésopsies ou baisse visuelle. À l’issue de cette consultation entamée de manière somme toute banale se dessine un paysage après la bataille que découvrent brutalement, ensemble, le patient et l’ophtalmologiste, chacun de son côté. Cette sombre découverte amène l’ophtalmologiste à ébaucher prudemment ­l’annonce du diagnostic, au moins pour justifier les examens complémentaires à réaliser et pour orienter rapidement le patient vers un centre possédant l’expertise appropriée dans ce domaine. À l’ère des traitements efficaces permettant souvent de stabiliser, voire d’améliorer, l’acuité visuelle de nos patients souffrant de pathologies maculaires (dégénérescence maculaire liée à l’âge exsudative, œdème maculaire diabétique, œdème maculaire compliquant les occlusions veineuses rétiniennes, etc.), parfois au prix de traitements chroniques et de protocoles thérapeutiques simplifiés du type treat and extend, il est important de ne pas se laisser aller à la facilité, et de penser à réaliser l’examen de la périphérie du fond d’œil lors de la première consultation, et régulièrement pendant le suivi, afin de ne pas méconnaître l’existence d’une tumeur qui pourrait croître dans l’ombre portée de l’iris, alors même que le patient est régulièrement suivi. Dans ce même numéro, 2 cas cliniques permettent de faire le lien entre pathologies ­rétiniennes et pathologies générales (Drs ­Cazet-Supervielle et Monferme). Avec le cloisonnement de notre spécialité, il est important de garder à l’esprit qu’une atteinte o­ culaire peut être révélatrice d’une pathologie systémique plus ou moins grave, et que notre interaction avec nos confrères des autres spécialités reste primordiale. Nous avons tous à l’esprit une cataracte révélatrice d’une maladie de Steinert, une neuropathie optique ischémique antérieure révélatrice d’une maladie de Horton, une rétinopathie révélatrice d’un diabète ou d’une drépanocytose… La liste serait longue s’il fallait être exhaustif. Enfin, l’article du Dr Nayme souligne la contribution des examens complémentaires à la précision du diagnostic. Avec le développement des examens biologiques et les a­ vancées technologiques – je pense ici à l’angiographie-OCT, aux OCT Swept Source ou Spectral Domain, aux imageries ultra-grand champ –, la place occupée par les pathologies rétiniennes dites idiopathiques va se réduire progressivement. Je souhaite que ce nouveau numéro d’Images en Ophtalmologie suscite chez vous, chers lecteurs et confrères, de la curiosité et du plaisir. Bonne lecture. Images en Ophtalmologie • Vol. X - n° 5 • septembre-octobre 2016 0151_IOP 151 151 19/10/2016 15:49:12