Et si l’on pensait au Sénégal ? Par Professeur Moustapha Kassé Sortons donc un peu de nos passions et regardons les choses avec lucidité. Nous sommes bel et bien dans un Sénégal en chantier avec de grandes ambitions et un rayonnement international restauré. La croissance est retrouvée, l’inflation est maîtrisée, les déséquilibres s’améliorent, des milliers d’emplois sont crées, le dynamisme régénéré et l’Administration fonctionne. Le pluralisme politique, le contrôle de légalité, ainsi que, désormais, la décentralisation, forment un cadre juridique au sein duquel les "prérogatives exorbitantes du droit commun", le "fait du prince" et autres privilèges dont la puissance publique pouvait se prévaloir, ont été grandement limitées. La traduction législative et réglementaire des principes de "Bonne Gouvernance" a parachevé le mouvement. De même, le transfert à l’échelon local de compétences auparavant détenues par le pouvoir central témoigne de la volonté de gérer les affaires publiques au plus près des besoins des populations, dans le respect de l’intérêt général. La création d'un organisme chargé de gérer en toute indépendance le processus électoral, la publicité des procédures de passation des marchés publics et la modernisation de la gestion administrative participent, en effet, de la même dynamique de stabilisation du Droit et des institutions. Tout n’est pas parfait, loin s’en faut mais il demeure qu’aujourd’hui, les sénégalais peuvent parler, écrire et imprimer librement. Il leur est loisible d’aller et venir, de participer à la gestion des affaires publiques comme d’entreprendre, sans que ces libertés puissent être obstruées ni remises en cause par la puissance publique. Cette dernière tente au contraire d’accompagner leurs efforts en les gênant le moins possible. La meilleure preuve en est la souplesse avec laquelle l’administration contrôle le développement des activités économiques, que ces dernières relèvent ou non du secteur formel. Au lieu d’adresser des commandements tatillons, et suivant en cela des choix politiques, elle tente plutôt d’accompagner les initiatives privées dans la voie de leur croissance et de leur modernisation. L’opposition doit quitter les délices de ses enfermements quotidiens et regarder la réalité telle qu’elle est aujourd’hui.