Programme de Formation en Gestion de la Politique Economique (GPE) L’INTEGRATION ECONOMIQUE AFRICAINE Par Professeur Moustapha Kassé Dossier 7 Septembre 2006 Le COMESA : clé d'une meilleure intégration régionale Le Marché Commun de l'Afrique de l'Est de l'Afrique Australe ou COMESA de son acronyme anglais, regroupe une vingtaine (20) de pays de cette partie du continent africain. Afin de permettre à nos lecteurs de mieux comprendre les buts et objectifs de cette communauté panafricaine dont la République de Djibouti est l'un des pays membres fondateurs, nous consacrons notre dossier à cette organisation régionale qu'est le COMESA. Principaux objectifs du COMESA Le Traité du COMESA qui définit le programme de l'organisation, couvre un grand nombre de secteurs et d'activités. Cependant, la pleine réalisation de la mission du COMESA est considérée comme un objectif à long terme. Afin de garantir une plus grande efficacité à sa mission en tant qu'institution, le COMESA a défini dans le cadre de son mandat sa priorité qui est la promotion, à moyen terme, l'intégration régionale par le commerce et l'investissement. Le rôle du secrétariat du COMESA est d'assurer la direction en aidant ses Etats membres à faire les ajustements nécessaires pour pouvoir entrer dans l'économie mondiale dans le cadre des réglementations de l'OMC et des autres accords internationaux. Cela se fera par la promotion d'une intégration régionale " orientée vers l'extérieur ". Par conséquent, les buts et objectifs du COMESA tels que définis par le Traité et ses Protocoles, sont de faciliter la suppression des faiblesses structurelles et institutionnelles des Etats membres, afin qu'ils soient à même d'atteindre le développement collectif et soutenu. Le COMESA cherche à devenir une communauté économique régionale pleinement intégrée au niveau international ; une communauté qui connaît une prospérité économique démontrée par le niveau de vie élevé de ses populations, avec une stabilité politique et sociale ; une communauté où les biens, les services, les capitaux et la main d'œuvre circulent plus librement à travers les frontières géographiques. Domaines de concentration Le COMESA a choisi de se concentrer sur les domaines d'intégration suivants : - Commerce des biens et des services, y compris les mécanismes de paiement et de règlement ; - Promotion et facilitation de l'investissement ; - Développement des infrastructures ; - Commerce électronique ; - Paix et sécurité. Le tarif extérieur commun L'introduction d'un tarif extérieur commun est prévue pour 2004. Les pays COMESA ont conclut un accord sur les taxes : 0% sur les biens de production, 5% sur les matières premières, 15% sur les biens intermédiaires et 30% sur les biens finals. Rappel historique La genèse du Marché commun de l'Afrique de l'Est et de l'Afrique australe remonte au milieu des années 1960. L'idée de coopération économique régionale a été considérablement stimulé par l'atmosphère effervescente et optimiste qui a caractérisée la période post-indépendance dans une grande partie de l'Afrique. L'heure était à la solidarité panafricaine et à l'autosuffisance collective portées par un destin commun. C'est dans ce contexte qu'en 1965, la Commission des Nations-Unies pour l'Afrique (CEA) organisa une réunion ministérielle des Etats alors nouvellement indépendants de l'Afrique de l'Est et de l'Afrique australe en vue d'examiner les propositions de mise en place d'un mécanisme chargé de promouvoir l'intégration économique sous-régionale. La réunion qui s'est tenue à Lusaka en Zambie a recommandé la création d'une communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Est et de l'Afrique australe. Un conseil provisoire des ministres, assisté par un comité économique intérimaire, fut ultérieurement constitué pour négocier le traité et initier des programmes de coopération économique en attendant la fin des négociations du traité. En 1978, lors d'une réunion des ministre du Commerce, des Finances et du Plan tenue à Lusaka, fut recommandée la création d'une communauté économique sous-régionale, en commençant par une zone d'échanges préférentiels sousrégionale qui devait graduellement, sur une période de dix ans, se constituer en marché commun et finalement en communauté économique. A cette fin, la réunion a adopté la Déclaration d'intention de Lusaka et l'engagement pour la création d'une Zone d'échanges préférentiels de l'Afrique de l'Est et de l'Afrique australe (ZEP). Elle a constitué par ailleurs un groupe intergouvernemental chargé de négocier le Traité portant création de la ZEP. La réunion a également convenu d'un calendrier de travail du groupe intergouvernemental. A l'issue des travaux préparatoires, une réunion des chefs d'Etat et de gouvernement fut organisée à Lusaka le 21 décembre 1981 au cours de laquelle le Traité portant création de la ZEP fut signé. Le Traité est entre en vigueur le 30 septembre 1982 après sa ratification par plus de sept Etats signataires conformément à l'Article 50 du Traité. La ZEP fut créée en vue de tirer profit d'un marché plus étendu, de partager le patrimoine et le destin communs de la région et de permettre une plus grande coopération socio-économique, l'objectif ultime étant la création d'une communauté économique. Le Traité de la ZEP prévoyait sa transformation en un marché commun. Conformément à cette disposition, le Traité portant création du Marché commun de l'Afrique de l'Est et de l'Afrique australe (COMESA) fut signé le 5 novembre 1993 à Kampala en Ouganda. Il fut ratifié une année plus tard à Lilongwe (Malawi) le 8 décembre 1994. Il est important de souligner que la création de la ZEP et sa transformation en COMESA, sont conformes aux objectifs du Plan d'action de Lagos (PAL) et de l'Acte final de Lagos (AFL) de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA). Le PAL et l'AFL prévoyaient tous les deux un processus évolutif dans l'intégration économique du continent dans le quel les communautés économiques régionales devraient constituer les piliers sur lesquels va en fin de compte s'ériger la communauté économique africaine. Opportunités dans les défis : Les technologies de l'information et des communications (TIC) Les progrès phénoménaux des sciences et des technologies particulièrement les technologies de l'information et des communications donnent une opportunité unique aux pays du COMESA. Les nouvelles technologies de communication par satellite et sans fil suppriment la nécessité de développement et d'investir dans de coûteuses infrastructures des télécommunications conventionnelles. De cette manière, les pays du COMESA peuvent sauter les étapes et tirer profit de ces nouvelles technologies. Les technologies numériques et les réseaux de communications créent également la possibilité d'une économie sans frontières dans des secteurs clé. Au cours de la dernière décennie, le coût des télécommunications et du matériel informatique a considérablement chuté, alors que leur vitesse et capacité augmentaient. Cette économie sans frontières et de plus en plus basée sur l'information est mieux symbolisée par l'Internet, un outil de communication globale et une source de connaissances dont l'expansion double chaque année depuis sa création. D'autres technologies comme les marchés financiers informatisés, le courrier électronique, les échanges de données électroniques et les opérations bancaires par téléphone nous dirigent vers une économie sans frontières, tirée par l'information. Ce progrès phénoménal des technologies de l'information et des communications représente à la fois un défi et une opportunité pour le COMESA. Indication du potentiel en ressources - 90% des terres arables potentielles du COMESA sont encore à exploiter - Certains des plus larges fleuves du monde (Zambezi, Congo, Limpopo ) et les plus longs du monde (Nil) se trouvent dans la région, avec un énorme potentiel d'exploitation (transport par voie d'eaux, énergie hydroélectrique avec un potentiel de 700 milliards de KW, dont 96% sont innexploités, l'irrigation et la pêche). - - - - Le COMESA a un des plus larges lacs d'eau douce (Victoria) et certains des plus larges faits par l'homme (Owen Falls, Kariba, Aswan) La région compte beaucoup de merveilles naturelles et faites par l'homme du monde, telles que Great Pyramids, Great African Rift Valley, serengeti Plains, Great Zimbabwe, Cradle of Mankind (Kobi Fora, lac Turkana,etc…) qui sont des sites touristiques avec un grand potentiel. Le COMESA a des ressources minerales estimées à environ 300 milliards de tonnes de phosphate, 105 milliards de tonnes de minerai de fer, 200 milliards de tonnes de pétrole et de grandes quantités d'uranium, de cuivre et de colbalt. La région du COMESA a 60 pour cent du cheptel africain (estimé à 300 millions de têtes en 1997).·