Hydraste du Canada Hydrastis canadensis L. Famille : Renonculacées Autrefois abondante, l’hydraste du Canada est maintenant en déclin, principalement à cause de la cueillette intensive ainsi qu’à la destruction de son habitat. La popularité des propriétés médicinales de l’hydraste n’est plus à faire et ce, autant aux États-Unis, qu’au Canada et en Europe. En effet, il s’agit d’une des herbes les plus vendues en Amérique du Nord. La plus grande partie de la demande est toujours comblée par la cueillette des plantes sauvages, mais les cultures sont de plus en plus répandues. Comme la demande croissante risque de faire disparaître l’espèce dans plusieurs régions, il est possible que la culture puisse combler les besoins du marché. La culture en milieu naturel est à privilégier pour remplacer les plantes sauvages dont la cueillette est interdite. Vu sa rareté au Canada, l’hydraste est reconnue officiellement comme menacée et est cotée au niveau de priorité le plus élevé aux fins de protection en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du gouvernement fédéral. Au niveau mondial, la plante figure à l’Annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces sauvages menacées d’extinction (CITES), qui joue un rôle important dans la lutte contre le trafic international des plantes et animaux en danger de disparition. Malgré cela, l’hydraste est particulièrement menacée par un commerce illégal et non durable. Selon Santé Canada, seules les racines et les rhizomes provenant de la plante cultivée peuvent servir comme matière d'origine. Une preuve d'achat ou un permis pour posséder la plante cultivée Hydrastis canadensis doit être disponible chez le fournisseur. De plus, il est fortement conseillé de tenir un cahier de charge lorsque vous cultivez cette plante. Intérêt de cette plante Propriétés médicinales L’hydraste du Canada est récoltée depuis des siècles par les herboristes. Aujourd’hui, elle est utilisée dans la fabrication de plus de 500 produits pharmaceutiques à travers le monde. Son rhizome contient notamment de l’hydrastine et de la berbérine (2 à 10 %), des composés actifs reconnus comme ayant des propriétés antibiotiques et anti-inflammatoires, et qui renforcent le système immunitaire. L’hydraste du Canada est utilisée pour prévenir ou traiter les infections parasitaires gastro-intestinales, pour traiter les infections des voies urinaires, biliaires ou respiratoires, la pharyngite, l'inflammation des voies nasales et des oreilles, les infections oculaires, les inflammations des muqueuses ou de la peau causées par des infections fongiques ou bactériennes. La berbérine a des propriétés antibactériennes, augmente la sécrétion de la bile, diminue les convulsions et stimule l’utérus. Elle est aussi un sédatif et elle réduit la pression sanguine. Toxicité : La plante a un potentiel de toxicité élevé si elle est utilisée de manière inadéquate. Elle figure dans le document de 1995 de Santé Canada parmi les plantes qui sont jugées inacceptables comme ingrédient de médicament en vente libre pour l’usage humain. Consommée en grande quantité, l’hydraste du Canada peut provoquer des symptômes de nausée, de vomissements, de diarrhée, de nervosité, de dépression et de photosensibilité de la peau. Les femmes enceintes, celles qui allaitent, ainsi que les personnes souffrant de haute pression doivent éviter de consommer de l’hydraste du Canada. Elle peut irriter la peau, la bouche, la gorge et le vagin. Elle peut aussi réduire la quantité de «bonnes» bactéries présentes dans le système digestif. Il semble aussi, selon certaines études, que la berbérine contenue dans l’hydraste du Canda peut altérer le métabolisme du foie et interagir avec d’autres médicaments métabolisés dans le foie. Vous pouvez voir les doses recommandées pour la Coopérative de solidarité Cultur’Innov, 162-A, Miquelon, St-Camille (Québec) J0A 1G0 Tél. : 819-340-1836; Fax : 819-828-0157; [email protected]; www.culturinnov.qc.ca 118 consommation de l’hydraste du Canada sur le site de Santé Canada (http://www.hc-sc.gc.ca/dhpmps/prodnatur/applications/licen-prod/monograph/mono_goldenseal-hydraste-fra.php). Description Petite plante d’environ 15 à 50 cm de hauteur. Tige : Tige pubescente, habituellement fourchant vers le haut en deux feuilles. Feuilles : Généralement deux feuilles d’environ 8 à 30 cm de large et de 8 à 20 cm de long. Les feuilles sont palmées, ont 5 à 7 lobes et sont doublement dentées. La feuille inférieure est pétiolée alors que la supérieure est sessile (sans pétiole). Fleurs : Une petite fleur blanche de teinte verdâtre avec de nombreuses étamines. La fleur apparaît vers le mois de mai ou juin et ne persiste habituellement que quelques jours. Fruits : Fruit charnu ressemblant à une framboise, verte puis tournant au rouge lorsqu’elle arrive à maturité. Les graines ont environ 2,5 mm de diamètre. Elles sont noires ou brunes foncées avec un aspect reluisant. Les fruits se forment vers le milieu de l’été et arrivent à maturité vers le mois d’août. Racines : Rhizome d’environ 1 à 2 cm de diamètre dont l’extérieur est de couleur brune et l’intérieur, d’un jaune brillant. Le rhizome est couvert de racines fibreuses de couleur jaune. Habitat Milieux utilisés par l’espèce L’hydraste du Canada pousse dans les sous-bois des forêts feuillues du nord-est des États-Unis, telle qu’une érablière mature, une bétulaie jaune, etc. Son aire de répartition atteint sa limite nord dans le sud de l’Ontario mais des essais d’implantation ont démontré sa très grande rusticité dans plusieurs régions du Québec. Elle tolère mieux l’humidité que le ginseng à cinq folioles. Exigences particulières L’espèce tolère une lumière un peu plus intense que les autres plantes médicinales cultivées sous couvert forestier et elle semble mieux pousser entre 63 et 80 % d’ombre. L’environnement idéal est un sol fertile (bonne teneur en matière organique), humide, loameux, profond, meuble, friable, avec une bonne circulation d’air et un bon drainage. Récolte Quand? La récolte en milieu naturel s’effectue généralement de 4 à 5 ans après la plantation, 3 ans si les conditions ont été idéales. Elle a lieu à l’automne, lorsque les feuilles ont commencé à jaunir mais avant qu’elles tombent afin de localiser la racine. Il est à noter que les composés médicinaux contenus dans le rhizome sont en concentration maximale à l’automne. Coopérative de solidarité Cultur’Innov, 162-A, Miquelon, St-Camille (Québec) J0A 1G0 Tél. : 819-340-1836; Fax : 819-828-0157; [email protected]; www.culturinnov.qc.ca 119 Comment? En ombrière, l’hydraste du Canada est récoltée à l’aide d’une récolteuse à carotte et est ensuite nettoyé avec un gros jet d’eau, tel qu’un tuyau d’au moins 2,5 cm de largeur. En forêt, à notre connaissance, aucune machinerie n’est utilisée. Les racines d’hydraste sont délicatement déterrées à la main, à l’aide de petits outils de jardinage (truelle, fourche bêche, etc.). Transformation Les racines doivent être lavées délicatement, sans les brosser, afin d’enlever le surplus de terre. On peut utiliser un jet d’eau, dans un bassin ou sur une moustiquaire. Une machine commerciale peut être utilisée pour laver les racines de ginseng. Ce type de machineconsiste en un tambour ou baril qui tourne et fait culbuter les racines en même temps qu’un jet d’eau les asperge. Une machine à laver les racines est facile à construire. Les racines sont habituellement vendues séchées mais il faut s’assurer d’effectuer un bon séchage afin d’éviter d’altérer la qualité des racines. Les rhizomes sont séchés lentement à une température située entre 25 et 26ºC avec une bonne ventilation, jusqu’à ce que les rhizomes prennent une teinte brun jaunâtre. Si la température est trop haute, les racines vont sécher de l’extérieur et non de l’intérieur, altérant leur qualité. Comme test, vous pouvez casser une racine ; la racine devrait casser mais ne pas s’effriter. Les racines peuvent aussi être séchées à l’air libre, sur un grillage situé dans un endroit bien ventilé et ombragé. Les rhizomes perdent environ 70 % de leur poids au séchage. Entreposage Les racines séchées doivent être rangées dans un lieu frais, sec et sombre. Mise en marché Réglementation (Voir section III, Réglementation : Produits de santé naturels) L'hydraste est une plante menacée dans son habitat naturel. Seules les racines et les rhizomes provenant de la plante cultivée peuvent servir comme matière d'origine. Il est donc important pour le producteur de garder la preuve d’achat des rhizomes et de tenir un cahier de charge lors de la culture tout comme le ginseng à cinq folioles. « Le fabricant doit avoir en sa possession une preuve de vente ou un permis indiquant que l'hydraste (Hydrastis canadensis) utilisée est cultivée, les populations sauvages étant menacées : (i) Hydrastis canadensis est inscrite à l'annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril en tant qu'espèce menacée et est donc protégée par cette loi. Selon l'article 32(2) de la Loi sur les espèces en péril, il est interdit de posséder, de collectionner, d'acheter, de vendre ou d'échanger un individu — notamment partie d'un individu ou produit qui en provient — d'une espèce sauvage inscrite comme espèce disparue du pays, en voie de disparition ou menacée. Une preuve d'achat de la plante cultivée Hydrastis canadensis est requise. (ii) La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES (Convention on International Trade in Endangered Species of wild Fauna an Flora)) contrôle les échanges internationaux d'espèces animales et végétales qui sont, ou pourraient être, menacées de surexploitation commerciale. Afin d'importer au Canada l'Hydrastis canadensis (les racines ou les rhizomes, des parties de racines ou de rhizomes, ou les racines ou les rhizomes en poudre), un permis d'exportation de CITES provenant du pays exportateur est exigé. Afin d'obtenir de plus amples informations au sujet des permis d'exportation, consulter http://www.cites.ec.gc.ca/fra/sct3/sct3_4_f.cfm.» (Santé Canada). Facteurs importants pour la mise en marché du produit L’hydraste est de plus en plus en demande au Québec. Toutefois, il n’y a pas encore beaucoup de rhizomes à l’état frais qui sont vendus au Québec. Il faut donc procéder à l’importation puisque la demande est trop élevée et les volumes de plantes médicinales sont insuffisants. Marché Le développement de la culture de l’hydraste en champ, sous ombrières, est en développement actuellement mais l’offre de ce produit est loin de suffire à la demande des marchés. Selon divers acheteurs, il est très difficile de Coopérative de solidarité Cultur’Innov, 162-A, Miquelon, St-Camille (Québec) J0A 1G0 Tél. : 819-340-1836; Fax : 819-828-0157; [email protected]; www.culturinnov.qc.ca 120 trouver des rhizomes d’hydraste en quantité suffisante pour répondre à la demande croissante pour les nombreux produits dérivés de cette plante. La disponibilité de cette plante provenant des États-Unis, principal pays fournisseur de l’hydraste, est en baisse importante. L’hydraste est l’une des plantes médicinales les plus en demande sur le plan international, selon la FAO (« Food and Agriculture Organization ») des Nations Unies. C’est une des plantes médicinales les plus populaires aux USA et au Canada. Cette plante est utilisée dans la fabrication de plus de 500 produits pharmaceutiques à travers le monde; elle est enregistrée dans les pharmacopées officielles de neuf (9) pays; elle est également un ingrédient qui entre dans la composition d’au moins 300 remèdes homéopathiques fabriqués en France, en Allemagne, en Angleterre, en Suisse, en Espagne et en Australie. L’hydraste est une des rares plantes médicinales pour laquelle l’offre est nettement insuffisante comparativement à la demande. Plusieurs entreprises sont en rupture de stock en ce qui concerne cette plante. Cette situation devrait se corriger au cours des années à venir avec le développement de la culture de cette plante en champs qui devrait graduellement remplacer la cueillette en milieu naturel. Valeur marchande Les prix moyens payés actuellement pour l’hydraste « sauvage », cueilli en milieu naturel sont les mêmes que pour l’hydraste de culture. Il se pratique peu de production en forêt (PFNL) de cette plante. Les prix suivants sont ceux observés sur le marché au cours de 2004-2005 : - Pour la poudre, non standardisée, vendue en vrac aux grossistes distributeurs en lot de 50 kg. 66 $ à 110 $/kg ($US); - Pour la poudre, non standardisée, certifiée biologique, vendue en vrac aux grossistes distributeurs en lot de 50 kg. : 110 $ à 132 $/kg ($US); - Pour des extraits de racine standardisés, total 5 % alcaloïdes (berbérine), certifiés biologiques : 180 $ à 250 $/kg ($US); - Pour des semences certifiées biologiques : 75 $/100 unités. En 2007, le prix du rhizome cultivé en forêt pouvait atteindre 200 $/kg séché et environ 60 $/kg frais. Selon les premiers estimés, il serait possible de produire en forêt environ 10 kg de rhizomes frais/100 m2. Potentiel économique Les coûts associés à la culture de l’hydraste du Canada sont assez élevés, principalement à cause du prix de vente des rhizomes (autour de 136,40 $/kg et environ 2,7 à 3,2 kg pour faire 50 m2). Par contre, les revenus peuvent être très alléchants, le rendement estimé est d’environ 700 kg/ha de racines séchées. La culture est cependant risquée. Il est recommandé de commencer avec une culture sur une petite superficie afin de voir si votre milieu est adéquat à la culture de l’hydraste du Canda et pour se familiariser avec cette culture. Comme toute culture, il faudra y mettre le temps et l’énergie afin d’arriver à de bons résultats (plantation, fertilisation, désherbage au besoin, suivi pour les maladies et les prédateurs, multiplication, récolte, etc.). Coopérative de solidarité Cultur’Innov, 162-A, Miquelon, St-Camille (Québec) J0A 1G0 Tél. : 819-340-1836; Fax : 819-828-0157; [email protected]; www.culturinnov.qc.ca 121