C H A R L E R O I B R U S S E L S S O U T H EDITO La newsletter du Biopark Charleroi Brussels South News N°14 Été 2012 Vers de nouveaux développements sur le Biopark Le développement du Biopark constitue un extraordinaire succès dont s’enorgueillit notre Université, et que la Wallonie est fière de présenter à ses visiteurs du monde entier. Ce succès est dû à l’articulation entre une recherche de base de très haute qualité, le développement d’outils industriels et de coopération avec les entreprises, et une contribution de premier plan à la formation et à l’employabilité. Il a été porté, outre l’ULB, par les financements publics wallons et ­européens, par la mise en place de partenariats privés et par la collaboration avec l’UMons. Aujourd’hui, nous nous préparons à positionner davantage encore le Biopark au plan international. Succès en recherche fondamentale et dynamisme industriel De l’excellence de la recherche témoignent les succès remportés dans deux appels très compétitifs qui viennent de se clore. En effet, des équipes du Biopark coordonnent deux des programmes d’attraction interuniversitaires (PAI) financés par le gouvernement fédéral (sur 47 PAI au total) et une équipe est partenaire d’un troisième pôle ; par ailleurs des équipes de Gosselies coordonnent deux des treize Actions de Recherche Concertées (ARC) qui viennent d’être attribuées à l’ULB. Pour les cinq ans à venir, ces seuls appels en recherche fondamentale représentent un financement pour les équipes concernées de 3,5 millions d’euros ! Quant au dynamisme du Biopark en termes de développement industriel, il suffit de comparer l’occupation actuelle du campus avec le terrain vierge sur lequel s’était installé l’IBMM il y a 13 ans ! Une douzaine d’entreprises, dont de nombreuses spin-offs de l’ULB, le centre collectif de recherche ­ImmuneHealth, l’incubateur d’entreprises Biopark Incubator dont nous venons d’inaugurer le deuxième ­bâtiment, sans compter le rôle joué par Biopark Formation dans la formation continuée de nombreux cadres et travailleurs des entreprises de biotechnologie ainsi que la mise à l’emploi de travailleurs peu qualifiés – voici un tissu industriel qui non seulement accueille dès à présent plusieurs centaines de travailleurs, mais qui constitue la base des développements futurs. métabonomique, etc., dont plusieurs sont déjà disponibles sur le Biopark. Le projet en préparation dégage des perspectives puissantes en termes de valorisation de la recherche et création d’entreprises, ainsi que de formation. En outre, il intègrera les dimensions liées aux sciences humaines et sociales dans le développement biomédical. De nouveaux projets de développement régional Le développement ultérieur et le renforcement du Biopark passent aujourd’hui par un positionnement international fort, essentiel pour recruter de nouveaux talents et renforcer la très haute qualité de la recherche, pour attirer de nouvelles entreprises, et pour garantir l’accès des équipes et des entreprises aux financements d’excellence et aux projets européens. À cet effet, une réflexion stratégique a été menée dans le contexte des nouveaux appels européens de développement régional (Feder-FSE) en préparation pour 2014-2020, en étroite collaboration avec l’UMONS ainsi qu’avec l’intercommunale Igretec. Ses conclusions ont été présentées au Conseil de la Recherche de l’ULB ce 22 mai. Ce positionnement international fort devrait passer par la création sur le ­Biopark d’un Centre ­Interuniversitaire de Recherche en Immunologie, développé en partenariat privilégié ULB-UMONS mais associant égale­ ment des équipes d’autres universités. Le domaine de l’immunologie bénéficie d’un support important sur le campus parmi les équipes de recherche, ainsi que d’un riche environnement industriel en FWB. L’institut pourra donc se construire en partenariat avec un grand nombre d’acteurs publics et privés. Il s’appuiera sur des plateformes technologiques en imagerie (CMMI), génomique, protéomique, bio-informatique, Pierre Marage Vice-recteur pour la politique académique et la recherche Sommaire Recherche Au rythme de la recherche 2 Inflammation. Compétences complémentaires 3 Le PAI, un catalyseur de collaborations 4 Le trypanosome : à la croisée des recherches 5 Sur la trace des facteurs rhésus 6 Parcours : Alain Lamproye 7 « J’ai dit que je ne reviendrais jamais en Belgique ! Et pourtant... » Brèves8 Au rythme de la recherche Recherche L’actualité de la recherche a été marquée ces dernières semaines par l’attribution des Pôles d’Attraction Interuniversitaires (PAI) et des Actions de Recherche Concertée (ARC). Parmi les lauréats figurent plusieurs laboratoires du Biopark… 2 Pas moins de 300 chercheurs – dont une soixantaine de doctorants – et techniciens de laboratoire travaillent au sein du Biopark et de ses quatre instituts de recherche académique : l’Institut de biologie et de médecine moléculaires (IBMM), l’Institut d’immunologie médicale (IMI), le ­ Centre de microscopie et d’imagerie moléculaires (CMMI) et le ­Laboratoire de biotechnologie végétale (LBV). Ces scientifiques – parmi lesquels on compte un Prix Francqui, un Prix quinquennal du FNRS et deux lauréats du Human Frontier Science Program – étudient, analysent, tentent de comprendre les mécanismes moléculaires fondamentaux à l’origine notamment du sida, du cancer ou de la maladie du sommeil ; ils s’intéressent à l’immunologie du nouveau-né, aux adjuvants vaccinaux et aux biomarqueurs immunologiques ; ils développent des methodologies d’imagerie de pointe ; ils étudient les mécanismes moléculaires contrôlant le développement végétal… PAI, ARC Leurs collaborations avec d’autres laboratoires belges et étrangers sont nombreuses et au coeur-même de leur démarche. Les Pôles d’Attraction I­nteruniversitaires (PAI) 2012-2017 qui viennent d’être attribués en constituent une belle illustration. Financés par le gouvernement fédéral, les PAI sont des réseaux d’excellence en recherche fondamentale qui constituent aussi un levier pour la mise en réseau des meilleures équipes belges avec des équipes étrangères. Les laboratoires du Biopark coordonnent deux PAI et sont partenaires d’un troisième, comme vous le lirez dans cette Biopark News. Autre programme très sélectif attribué ces dernières semaines : les Actions de Recherche Concertées (ARC) financées par la Fédération WallonieBruxelles. Là aussi, les équipes du Biopark se classent très bien : elles coordonnent deux ARC que vous découvrirez é ­ galement dans ce numéro. Publications, Congrès L’actualité de la recherche au ­Biopark ne s’arrête toutefois pas à ces deux importants programmes. Elle est faite d’avancées, de questionnements au quotidien. Elle prend la forme d’articles publiés dans des revues scientifiques telles que Science, Nature, PNAS… Une des dernières en date, un article signé par Carine Van Lint, responsable du Laboratoire de Virologie moléculaire (IBMM) dans le Journal AIDS. On sait que le virus du sida est capable de rester en veille dans l’organisme et que ces réservoirs peuvent se réveiller à un moment et réactiver par là même la maladie. Dans son article, la chercheuse de l’IBMM et ses collègues apportent une « preuve de concept » du potentiel de l’utilisation thérapeutique des inhibiteurs d’histones methyltranferases pour réduire ces réservoirs latents chez des patients infectés et sous multi-thérapie. Si elle se déroule en laboratoire, à manipuler « à la paillasse », à tester sur une plateforme technologique ou à plonger dans la l­ittérature scientifique, la recherche est ­ ussi faite d’échanges d’idées, de a mises en perspective, de remises en question. Les congrès internationaux sont un des lieux de ces échanges et aussi de reconnaissance scientifique lorsque le chercheur est invité à présenter ses travaux ou à organiser une session, par exemple. Là aussi, nous n’en citerons qu’un parmi d’autres, le prochain à l’agenda : le 9e International Conference on Ribosome Synthesis qui se tient cet été à Banff (­Canada). Il est co-organisé par quatre partenaires a ­ méricains (Scripps Institute, University of ­Rochester, U ­ niversity Louisville, ­ ­ University Texas) et un Belge, Denis ­ Lafontaine, responsable du ­ Laboratoire de ­Métabolisme de l’ARN à l’IBMM et responsable de l’axe « Automation and ­ Quantitative Morphometry » du CMMI. Denis Lafontaine tente de comprendre comment le ribosome est fabriqué et pour ce faire, il s’intéresse au nucléole, le compartiment de la cellule où est fabriqué le ­ribosome. Seul co-organisateur européen, il représentera par là même des dizaines d’équipes qui travaillent en Europe sur le ribosome, la « petite machine » dans nos cellules qui fabrique toutes nos protéines et qui valut le prix Nobel de Chimie en 2009, à V ­ enkatraman Ramakrishnan, Thomas A. Steitz et Ada E. Yonath, pour leur découverte de la structure du ribosome à l’échelle atomique. Nathalie Gobbe Inflammation Compétences complémentaires Après cinq années d’étroite collaboration scientifique, les laboratoires de Biologie moléculaire du gène et d’Immunobiologie poursuivent leur recherche commune grâce au soutien d’une Action de Recherche Concertée (ARC). Quand un chimiste rencontre un immunobiologiste, les échanges sont parfois très fructueux, comme nous le montrent deux équipes de l’Institut de biologie et de médecine moléculaires, IBMM... Nouvelles questions L’histoire aurait pu s’arrêter là mais c’était sans compter sur la curiosité scientifique… En identifiant une cible du nicotinamide, les chercheurs ont soulevé de nouvelles questions : comment précisément le nicotinamide agit-il dans le processus inflammatoire ? Quels rôles jouent les enzymes sensibles au nicotinamide dans la réponse immune innée ? etc. Les deux laboratoires de l’IBMM vont explorer ces nouvelles questions dans le cadre d’une Action de Recherche Concertée (ARC) de la Fédération Wallonie-Bruxelles. « Les doctorants de ce projet forment un groupe, une « bulle NAD » en quelque sorte, au-delà des « frontières » de laboratoires; ils travaillent tantôt chez Cyril ­Gueydan ou moi, tantôt chez nos collègues immunobiologistes – Muriel Moser, Oberdan Leo, Fabienne Recherche Il y a cinq ans, le Laboratoire ­d’Immunobiologie travaille sur le rôle anti-inflammatoire d’une molécule biologique présente dans toutes nos cellules, le nicotinamide (NAD). Les chercheurs tentent de comprendre comment cette molécule exerce son rôle anti-inflammatoire. Ils découvrent que celui-ci est lié à une cytokine, lle TNF sur lequel travaille le laboratoire voisin, celui de Biologie moléculaire du gène. Les deux équipes se lancent ensemble sur la piste du nicotinamide et en 2009 publient leurs résultats dans la prestigieuse revue Nature Medicine. 3 Andris, Guillaume Oldenhove – ; ils viennent spontanément discuter de leur recherche avec nous… Les compétences de nos deux laboratoires sont complémentaires : les chimistes s’intéressent au mécanisme moléculaire au niveau microscopique tandis que les immunobiologistes replacent les observations dans une perspective physiologique plus globale » souligne Véronique Kruys, responsable du Laboratoire de Biologie ­moléculaire du gène. Intérêt commun Et de poursuivre, « Notre collaboration fonctionne parce qu’elle est née d’un intérêt commun pour une question scientifique; les publications ont suivi, les sujets de thèses conjoints aussi, les réunions de laboratoires sont devenues communes et aujourd’hui, avec l’attribution de cette ARC, nous voyons notre collaboration scientifique reconnue et encouragée puisque nous recevons un financement pour 5 ans ». Fondamentale, cette recherche présente aussi un intérêt biomédical majeur lorsqu’on évoque les nombreuses pathologies d’origine inflammatoire et leurs dégâts : arthrite rhumatoide, maladie de Crohn, choc e ­ ndotoxique en soins intensifs… Nathalie Gobbe Le PAI, un catalyseur de collaborations Recherche Participer à un pôle d’attraction interuniversitaire (PAI), c’est avant tout officialiser et renforcer un réseau de collaborations. Le Laboratoire d’Immunobiologie et l’Institut d’Immunologie Médicale participent à un PAI centré sur la différenciation des lymphocytes T. Pour ces deux labos, le but du programme consiste surtout à partager des savoirs, des idées, mais aussi du matériel, parfois coûteux. 4 Le PAI coordonné par Oberdan Leo (IMI) et auquel participe le Laboratoire d’Immunobiologie de Muriel Moser (IBMM) s’intéresse à la différenciation et au rôle des lymphocytes T dans la réponse immunitaire, en particulier vis-à-vis des tumeurs. Un programme dans le prolongement direct du PAI précédent : « Lors du PAI 2006-2011, nous nous sommes intéressés au développement de protocoles de vaccination anti-tumorale », explique Oberdan Leo. « Nous avons pu démontrer que ces vaccinations provoquaient bien une réponse immune chez les patients vaccinés, mais que seuls 10 à 15% des cas aboutissaient à une régression des métastases. Nous essayons donc aujourd’hui de comprendre ce qui freine ce processus ». Parmi les principaux suspects : les lymphocytes T régulateurs, qui constituent un frein naturel de la réponse immunitaire. Ces globules blancs empêchent notamment notre organisme de réagir contre ses propres cellules. Les tumeurs pourraient utiliser ce frein pour se protéger et échapper à la réponse immunitaire. Le PAI vise donc à comprendre les facteurs qui favorisent l’apparition de ces lymphocytes régulateurs au détriment de lymphocytes réactifs face à la tumeur. Le PAI favorise les échanges… La collaboration avec les autres laboratoires du PAI permet d’échanger savoirs et matériel pour mieux étudier ces lymphocytes particuliers. L’équipe de Muriel Moser a, par exemple, collaboré avec l’Université de Liège : « Il y a de nombreux gènes impliqués dans le fonctionnement de ces lymphocytes T », explique-t-elle. « Pour étudier l’influence de chaque gène, on s’est adressé à un labo partenaire de l’ULg, où ils savent modifier le génome des lymphocytes de manière très efficace. Nous possédons aussi plusieurs lignées tumorales et les outils nécessaires pour mettre en évidence les lymphocytes T spécifiques de ces tumeurs provenant de l’Université catholique de Louvain (UCL). Le PAI favorise ces échanges ». L’équipe a récemment acquis un FACS trieur, un appareil capable de « scanner » et trier les cellules selon différentes caractéristiques. Un dispositif coûteux, qui sera aussi mis à disposition des membres du PAI. Mais les collaborations ne se limitent pas au matériel : plusieurs membres des deux unités ont effectué des stages dans les laboratoires partenaires pour apprendre une technique et la ramener au Biopark. Des meetings sont également organisés pour permettre aux chercheurs de se rencontrer, de discuter des expériences actuelles et orienter les recherches futures. … jusqu’en Australie Le PAI permet donc d’instaurer plus rapidement une relation de confiance entre les partenaires et d’officialiser les coopérations. Un dispositif intéressant pour la progression des connaissances scientifiques, selon Oberdan Leo : « Pour confirmer une hypothèse scientifique, il faut plusieurs compétences complémentaires et des approches différentes de la problématique », explique-til. « D’où l’avantage de rassembler neuf laboratoires différents autour d’un projet de recherche commun : on augmente le nombre de compétences ». Le réseau comporte des unités situées en Flandre et en Wallonie, mais aussi un labo des Pays-Bas et une équipe d’Australie, « entrée dans le réseau cette année grâce à un contact flamand participant au PAI précédent », précise Muriel Moser. Le PAI est donc vraiment, et avant tout « un ­catalyseur de ­collaborations ». Natacha Jordens Le trypanosome : à la croisée des recherches Nagana, maladie du sommeil, mouché tsé-tsé et trypanosome : ce sont les mots les plus fréquemment utilisés par le Professeur Etienne Pays. Son laboratoire, l’unité de recherche en ­Parasitologie moléculaire (IBMM), s’intéresse depuis 20 ans à la compréhension des mécanismes de résistance des trypanosomes, en particulier au mécanisme de variation antigénique. « Ces parasites ont la capacité de modifier très régulièrement leurs molécules de surface. Or, ce sont ces antigènes qui sont reconnus par les cellules de notre système immunitaire », explique Etienne Pays. « Ces trypanosomes ont donc toujours une longueur d’avance sur nos globules blancs. L’homme a acquis la capacité d’éliminer certaines souches de ce parasite, mais les trypanosomes gambiense et rhodesiense ont déjoué cette défense et sont donc toujours capables d’infecter l’homme ». Pour encore mieux comprendre les interactions entre ce parasite sanguin et son hôte, l’unité s’est spontanément associée avec d’autres groupes belges spécialisés dans les parasitoses, mais possédant d’autres compétences. « La Belgique n’est pas un grand pays, sourit le professeur, nous ne sommes que quelques équipes à étudier les parasitoses. Le laboratoire de la VUB s’intéresse plutôt aux perturbations du système immunitaire et l’Institut de Médecine Tropicale (IMT) d’Anvers possède une expertise dans tout ce qui concerne l’aspect transmission et conséquences médicales. Nous avons donc des approches complémentaires ». Des découvertes surprenantes Ces collaborations ont été « officialisées » au sein d’un PAI, actif depuis 1997 et qui a permis des avancées significatives : « Au cours d’un précé­ dent PAI, nous avons démontré que la protéine codée par le gène SRA du parasite était impliquée dans la résistance du trypanosome. Nous avons ensuite mis en évidence l’élément de notre système immunitaire inhibé par ce facteur : l’apolipoprotéine L-I (apoL-I) ». Les chercheurs découvriront ensuite une mutation d’apoL-I résistante au trypanosome rhodesiense, une m ­ utation semblable à celle retrouvée dans le génome de populations d’Afrique de l’Ouest, résistantes à cette variante. Mais les implications de cette découverte vont encore plus loin : « En collaboration avec une équipe américaine, nous avons démontré que cette mutation d’apoL-I était impliquée dans le développement de l’insuffisance rénale terminale. Il y avait donc un lien entre la résistance aux trypanosomes et une maladie des reins. C’était inattendu ! », s’enthousiasme le chercheur. « C’est vraiment un projet qui rayonne, avec des répercussions en médecine, immunologie, etc. ». Science & Nature Aujourd’hui, les membres du PAI comptent approfondir le rôle des apolipoprotéines (nous possédons six variantes de cette protéine) dans notre immunité. Le groupe tente également de comprendre comment certains animaux parviennent à contrôler le parasite sans développer de maladies secondaires à l’infection, comme c’est le cas chez l’homme. Les collaborations avec d’autres laboratoires ont vraiment eu un impact positif pour l’unité de parasitologie moléculaire : le groupe a récemment publié un papier dans Science et prépare deux autres articles, notamment pour Nature. Tous en relation avec le travail mené au sein du PAI. Natacha Jordens L’unité de recherche en Génétique et Physiologie bactériennes (IBMM) participe au projet « Microdev », coordonné par l’Université de Gand. Ce tout nouveau PAI s’intéresse aux mécanismes développementaux des micro-organismes pathogènes. L’unité de Laurence Van Melderen étudie principalement le phénomène de persistance chez les bactéries. « Il s’agit d’un mécanisme qui permet aux bactéries d’entrer en état de « dormance », explique-t-elle. Lorsque les bactéries subissent un stress, certains gènes provoquent un ralentissement de leur métabolisme. Elles résistent donc aux antibiotiques, qui agissent généralement sur des cellules en division ». Un phénomène qui serait notamment responsable de certaines infections chroniques. N.J. Recherche Un autre PAI coordonné par une équipe du Biopark est celui consacré aux relations hôtes-parasites, en particulier le trypanosome, transmis par la mouche tsé-tsé et responsable de la maladie du sommeil. Coordonné par Benoit Vanhollebeke, le projet est un prolongement direct des collaborations précédentes. Des travaux couronnés par plusieurs publications majeures. Retour sur ces avancées avec le professeur Etienne Pays, chef du Laboratoire de Parasitologie moléculaire et précédent coordinateur du PAI. 5 Sur la trace des facteurs rhésus Recherche Une nouvelle Action de Recherche Concertée coordonnée par le Laboratoire de Biologie du transport membranaire apporte une nouvelle expertise à l’IBMM. 6 Bien connus pour leur rôle en médecine transfusionnelle, les facteurs rhésus font partie d’une famille de cinq protéines dont trois sont présentes à la surface des globules rouges et déterminent le groupe sanguin Rh et deux autres se retrouvent dans différents organes dont le rein, le foie et l’appareil reproducteur mâle. La fonction des facteurs rhésus est demeurée inconnue jusqu’à ce qu’une chercheuse de l’Institut de biologie et de médecine moléculaires (IBMM), Anna Maria M ­ arini (Maître de Recherches ­FRS-FNRS) et ses collègues établissent un lien de parenté entre les facteurs rhésus et les transporteurs d’ammonium de la levure. En 2008, les chercheurs franchissent une nouvelle étape : ils montrent, dans un article publié dans la revue Nature, que les facteurs rhésus jouent un rôle dans le transport d’ammonium chez les mammifères. Plus précisément, ils démontrent sur un modèle murin qu’un facteur rhésus intervient dans le contrôle de la fonction rénale et de la fertilité mâle. Le Laboratoire de Biologie du transport membranaire élargit depuis son questionnement sur l’organisme dans son ensemble et tente de comprendre le rôle physiologique des facteurs rhésus et leurs éventuels liens avec certaines maladies humaines. Analyse structurale « L’étude du fonctionnement moléculaire des facteurs rhésus, menée depuis 2008 au laboratoire par Mélanie Boeckstaens (Chargée de Recherches FRS-FNRS), comprenait le développement d’une analyse structurale de formes actives de ces protéines. En effet, les vues 3D existantes étaient celles de protéines dans des conformations supposées inactives. J’ai donc contacté un spécialiste de la Faculté de Pharmacie, René Wintjens (­Chercheur Qualifié FRS-FNRS). En à peine un quart d’heure de discussion, nous voyions déjà clairement les complémentarités entre nos deux équipes : nous apportions nos connaissances en biologie moléculaire et en physiologie animale et il venait avec son expertise en analyse structurale par diffraction des rayons X » se souvient Anna Maria Marini, responsable du Laboratoire de Biologie du transport membranaire. La collaboration s’est mise en place très vite : dès l’été dernier, René ­Wintjens venait à l’IBMM se familiariser avec les protéines rhésus et Mélanie Boeckstaens et Alexandre Wohlkönig (VUB, VIB), collaborateur de l’équipe partenaire, réalisaient les premières tentatives de cristallisation. Application Aujourd’hui, cette recherche va pouvoir se déployer dans le cadre d’une Action de Recherche Concertée (ARC). « Cette ARC est une forme de reconnaissance et une marque de confiance pour notre travail scientifique. Sans nous limiter à cette aide – nous allons solliciter d’autres soutiens belges et européens –, nous comptons bien utiliser l’ARC pour « booster » notre recherche et nous l’espérons, avoir de bonnes surprises scientifiques » ­xplique enthousiaste Anna Maria e Marini, « sans oublier une éventuelle application pharmaceutique : environ 15% des cibles thérapeutiques actuelles des médicaments sont des transporteurs et plus de 50% ciblent des protéines membranaires ». René Wintjens développe à présent une structure d’expression et de purification de protéines pour l’analyse structurale au sein de l’IBMM afin notamment d’accroître la synergie entre les deux équipes. A travers cette ARC, c’est donc aussi l’opportunité qui se présente à l’IBMM d’intégrer de nouvelles expertises en cristallographie aux rayons X et plus globalement en biologie structurale. Nathalie Gobbe Alain Lamproye « J’ai dit que je ne reviendrais jamais en Belgique ! Et pourtant… » De la Belgique à la France, en passant par la Suisse et les Etats-Unis, Alain Lamproye, le nouveau CEO de Novasep Belgique, est de retour dans son pays natal. Depuis le début de sa carrière Alain Lamproye a baroudé professionnellement. Tout commence avec une licence en sciences botaniques à l’Université de Liège obtenue en 1984 et une thèse de doctorat (qu’il ne présentera finalement pas) dans le Service d’Hormonologie végétale de l’ULg. Alain Lamproye décide de quitter le monde académique pour rejoindre celui de l’industrie où il a toujours eu envie de travailler. Il devient ­Scientist chez Eurogentec, spin-off de l’ULg et travaille sur le développement d’une hormone de croissance destinée aux… saumons d’élevage. Faute de financement européen, le projet est finalement arrêté et Alain Lamproye intègre le laboratoire de purification ­d’Eurogentec avant de devenir trois ans plus tard, directeur de l’unité de production pharmaceutique. Alors que sa carrière est stable et que tout semble bien tourner, une opportunité surgit : un poste de responsable du laboratoire de p ­ urification de la société Serono. Le début de l’aventure Déménagement, direction Vevey en Suisse pour diriger une équipe d’une vingtaine de personnes. « J’avais 40 ans à l’époque », explique-t-il, « à cet âge-là, vous vous posez beaucoup de questions ; c’est le moment ou jamais de changer. Serono était l’opportunité de revenir en R&D après 4 années de production et de travailler dans une grande société internationale ». La qualité de vie suisse lui plait ; pourtant, en 2009, promu directeur adjoint de département, il s’envole pour les Etats-Unis. A ­Boston, deux missions l’attendent : diriger une soixantaine de personnes et préparer la reconversion du site de production. Malheureusement après 2 ans d’audit, Merck Serono décide de fermer le site et d’investir dans celui de Bordeaux. Début 2011, retour en Europe. « Pour moi il s’agissait d’un vrai changement de mentalité. Les Suisses sont des personnes extrêmement flexibles et travailleuses. Le bien de l’entreprise passe avant tout et on avance sans se poser de questions. Aux EtatsUnis, pas besoin de négocier. Vous arrivez avec un projet, le personnel adhère et quelques minutes après on est déjà dessus. En France, il faut expliquer, négocier, convaincre. Mais on y arrive ! » compare Alain Lamproye. Quelques mois plus tard, le groupe Novasep lui propose de devenir directeur général de ­Novasep B ­ elgique, issu du rachat d’Henogen, spin-off de l’ULB sur ­ le Biopark. Le futur CEO accepte de relever ce nouveau défi. Cap sur la Belgique et plus précisément Charleroi. « Je connaissais la société Henogen lorsque je travaillais chez Eurogentec. Il s’agissait là d’une belle opportunité, même si un retour au pays ne m’intéressait pas au départ ! », avoue-t-il. « J’avais bien dit que je ne reviendrais jamais en Belgique. Et pourtant… ». De nouveaux challenges s’offrent maintenant à lui : faire passer Henogen du statut de spin-off universitaire à celui de filiale d’une multinationale, d’une culture belge vers une culture française. « Ma mission est de faire évoluer ­ l’organisation de l­’entreprise, de la guider sur une voie industrielle et d’intégrer ­Novasep Belgique au sein du groupe Novasep avec tous les changements culturels que cela implique », nous explique le nouveau CEO. « Le seul moyen d’y arriver est de prendre le temps d’expliquer, de faire comprendre la stratégie d’acquisition, les objectifs du groupe et d’obtenir l’adhésion des collaborateurs et un esprit d’équipe au-delà des frontières, notamment en amenant les chercheurs des deux sites à travailler sur des projets communs et à se rencontrer fréquemment. Tout cela est en cours ». Et quand on lui demande ce qui le motive, il répond sans hésiter « L’imprévu ! ». Sandrine Rubay parcours Le retour au pays 7 Portes ouvertes : destination Europe Et de 1000 ! Les bonnes nouvelles se succèdent pour Biopark Formation. Le cap du 1000e stagiaire a symboliquement été franchi fin avril. Et rien que depuis le début de cette année, le centre de formation du Biopark a déjà accueilli plus de 400 stagiaires ! Pour faire face à la demande croissante, Biopark Formation se renforce d’un nouveau collaborateur : Aurélien Caballero vient de finir sa thèse au Royal College of Surgeons de Dublin et rejoint le groupe en tant que formateur. L’équipe planche sur de nouveaux programmes de formation en français et en anglais qui seront proposés dès septembre. Mais chut ! Nous n’en dirons pas plus. Rendez-vous à la rentrée pour un numéro spécial pour célébrer les 4 ans d’existence du Biopark Formation. brèves N.J. 8 > Nous vous en parlions dans le précédent numéro : Biopark Formation lance également un programme de formation en management de type « mini-MBA », en collaboration avec la Solvay Brussels School of Economics and Management et le pôle de compétitivité BioWin. La première session d ­ ébutera le 21 septembre prochain. > Plus d’informations sur www.biopark.be/formations Des invités de marque Le 9 mai dernier, Dominique Demonté, directeur du Biopark, accueillait l’ambassadeur des Pays-Bas lors d’une visite officielle. Le but de cette visite était d’exposer les nouveaux développements économiques et scientifiques entamés sur Charleroi. Après une brève introduction sur la province de Hainaut et l’Aéropole, Dominique Demonté a présenté le Biopark. La délégation s’est ensuite rendue dans le nouveau Biopark Incubator 2 à la découverte de jeunes spin-offs dont MaSTherCell. Pour clore cette matinée académique, tous se sont rassemblés autour d’un déjeuner officiel. L’après-midi était, quant à elle, consacrée à une partie plus culturelle avec la découverte du Musée de la ­Photographie à Mont-sur-Marchienne. S.R. academie universitaire wallonie-bruxelles Venus de Mons, Charleroi, Namur ou même Liège, ils étaient 80 curieux à découvrir le Biopark le 6 mai dernier. Le campus ouvrait ses portes dans le cadre du « Week-end de l’Europe », un évènement visant à mettre en évidence les projets financés par le Fonds européen de développement régional (FEDER) et le Fonds social européen (FSE). Trois parcours de visite étaient proposés pour découvrir les initiatives et équipements financés au Biopark. Dans le parcours dédié à la recherche académique, les visiteurs ont notamment pu comprendre le fonctionnement d’un microscope à fluorescence, d’un microscope électronique ou d’un ultramicrotome. Les plus curieux ont prolongé leur visite par un circuit consacré à la recherche en milieu industriel, avec une présentation des activités de l’Office de Transfert Technologique de l’ULB (TTO), de la spin-off ­ Delphi Genetics et du centre de recherche ImmuneHealth. Enfin, Biopark Formation accueillait les personnes intéressées par les offres de formation en sciences du vivant. Adultes, enfants, ados, le public semblait ravi par les visites et l’accueil qui leur était réservé. La majorité se dit d’ailleurs partante pour une nouvelle édition. Allez, à l’année prochaine ? N.J. Biopark Online Après un relooking, le nouveau site Internet du Biopark est en ligne http://www.biopark.be/ Vous pouvez y découvrir notamment les actualités et les offres ­d’emploi du Biopark. Bonnes vacances à tous ! C H A R L E R O I B R U S S E L S S O U T H Périodicité trimestrielle Rédacteur en chef : Nathalie Gobbe • Comité de rédaction : Bruno André, Dominique Demonté, Patrick Di Stefano, Nathalie Gobbe, Natacha Jordens, Véronique Kruys, Sandrine Rubay, Arnaud Termonia, Luc Vanhamme Secrétariat de rédaction : Nancy Dath • Maquette et impression : Paragraph - Fleurus Contact : ULB-Département des relations extérieures, Communication Recherche : [email protected], +32 (0)71 60 02 03 • http://www.biopark.be