Comme des tulipes dans les arbres De la famille du magnolia : les tulipiers de Virginie et de Chine À l’extrémité des branches de l’arbre, il en faut de peu pour rater la vue des corolles jaune verdâtre, n’étaient-ce les taches orangées à la base des pétales. Ces fleurs sont celles du tulipier de Virginie. Dès la fin de mai, entrant au Jardin par la rue Pie IX, près du restaurant, je ne peux m’empêcher de faire un détour par le sentier qui serpente entre les arbres des Jardins d’accueil. Deux individus s’y préparent à faire leurs fleurs en forme de tulipe. Leurs larges feuilles sont déjà là, avec leur pointe tronquée à l’horizontale. Les fruits filiformes et ailés s’agglutineront plus tard en un cône allongé. Ces deux arbres voisinent des magnolias auxquels ils sont apparentés, les deux genres appartenant à la famille des Magnoliacées. En milieu propice, dans un sol riche, plutôt humide et bien drainé, le tulipier peut atteindre 35 m de hauteur au Canada et 45 à 60 m aux États-Unis. On le trouve en Ontario (au sud des Grands Lacs) et dans tout l’est américain où il abonde parmi les arbres les plus importants en taille et en beauté. Il existe quelques cultivars. Ses fleurs attirent les abeilles qui en font un miel foncé utilisé en cuisine et les oiseaux apprécient les graines. Le tulipier de Chine (Chinese tulip tree, Liriodendron chinense), l’espèce asiatique, est plus petit, moins rustique et ses fleurs sont entièrement jaunes. Histoires de bois En usage industriel, il est un faux peuplier. Le « Yellow Poplar » ou Bois blanc se prête à tout : placages, meubles, tuyaux d’orgues, caisses et palettes, châssis, portes, pâte à papier, jouets, etc. Dans Le Canada et l’Exposition universelle de 1855, exposition à caractère industriel, Joseph-Charles Taché rapporte que notre pays y a présenté un échantillon de tulipier : mp mai 2010 http://www.archive.org/details/cihm_35248 e Réintroduit en Europe au 17 siècle - car des tulipiers y auraient poussé avant les grandes glaciations - il a été planté dans les parcs et son bois a été utilisé en ébénisterie de luxe, marqueterie d’art, etc. L’un des plus célèbres de ces arbres est celui de Marie-Antoinette. Planté au Petit Trianon en 1771, la tempête de 1999 l’a abattu. Il était âgé de 228 ans. Son bois a été acheté par le coutelier Vialis qui en a fait les manches d’une série de couteaux de poche à l’effigie de la célèbre reine de France. Wikipedia Tulipier de Virginie (bois blanc, Tulip Tree, Yellow Poplar, Liriodendron tulipefera) Tulipier mp juin 2011 sabatier-k.com Couteau de poche « Marie-Antoinette » page 1 sur 2 Histoire de noms Les plantes dites « de Virginie » désignent un territoire beaucoup plus vaste que celui de l’État américain actuel. La Colonie de Virginie, fondée en 1607 par la Compagnie de Virginie, est la plus ancienne possession anglaise en Amérique du Nord. Sir Walter Raleigh en explora les côtes dès 1584 et nomma la région en 1ère l’honneur d’Elizabeth , surnommée « The Virgin Queen ». Et vogue la pirogue : plusieurs sources donnent le nom de « Canoe tree » au tulipier, en référence aux pirogues que fabriquaient certains Amérindiens de l’Est de l’Amérique du Nord avant l’arrivée des Européens. Toutefois, il y a des divergences quant au bois utilisé. Le nom de « White wood » revient souvent. Cela donne à penser que l’on choisissait, probablement parmi plusieurs espèces d’arbres, celle qui était disponible et qui répondait aux qualités recherchées. Mais il est certain que les Cherokees façonnaient des pirogues à même des troncs des tulipiers. Ils brûlaient d’abord l’arbre à la base pour l’abattre puis, sur la longueur, pour le creuser en grattant progressivement le bois consumé. mcclungmuseum.utk.edu Une pirogue Cherokee en bois de tulipier, longue de 10 m. Trouvée en 1797. elle est conservée au McClung Museum de l’Université du Tennessee. Capsule cubaine De la famille du catalpa : le tulipier du Gabon Dans ses Itinéraires botaniques dans l’île de Cuba, Marie-Victorin écrit avoir vu des tulipiers du Gabon en fleurs près de La Havane, en mars 1942. Cet arbre, originaire d’Afrique, a été introduit dans e l’île au début du 20 siècle à des fins ornementales. Il y est maintenant considéré comme une plante envahissante, particulièrement dans l’ouest du massif de l’Escambray. Dans les villes et les villages de vacances, ses larges fleurs écarlates attirent les regards. Les feuilles sont composées. Il paraît que les enfants aiment faire éclater les bourgeons floraux, de forme ovale et gorgés de liquide : de vrais fusils à eau ! Mais, attention aux fruits : l’intérieur est poison, mais les graines sont comestibles. En Afrique, ce tulipier fait l’objet de recherches médicales pour soigner, entre autres, le diabète et la malaria. Il appartient à la famille des Bignoniacées. Bourgeons floraux Fleurs mp févr. 2010 Tulipier du Gabon (Fountain Tree, African Tulip Tree, Espatodea Spathodea campanulata) Monique Poissant, juin 2011 À la bibliothèque du Jardin : Farrar, J.L., Les arbres du Canada. Fides, 1996. 0820 F3.1 F Fernadez Zequeira, M., Cuba y sus arboles. Editorial Academia, Cuba, 1999. 0632.5 F4.1 Marie-Victorin, Itinéraires botaniques dans l'île de Cuba. Institut botanique de l'Université de Montréal, 1944. 0632.5 M3.1 v. 2 Sternberg, G. et J. Wilson, Native trees for North American landscapes. Timber Press, 2004. 0820 S7.2 En ligne : Archaeology & the Native Peoples of Tennessee : http://mcclungmuseum.utk.edu/permanent/native/historic.shtml eFloras : Liriodendron http://www.efloras.org/florataxon.aspx?flora_id=2&taxon_id=200008462 Plantas invasoras en Cuba : http://es.wikipedia.org/wiki/Plantas_invasoras_en_Cuba Tulipier mp juin 2011 page 2 sur 2