LES IGUANES DES PETITES ANTILLES ET LES IGUANES COMMUNS

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Les iguanes aux Antilles françaises
LES IGUANES DES PETITES ANTILLES ET
LES IGUANES COMMUNS
Le genre Iguana n'inclut que 2 espèces et toutes deux sont représentées dans les Antilles françaises :
. l'iguane des Petites Antilles (Iguana delicatissima), classé en danger d'extinction par la liste rouge de l'IUCN,
endémique (1) des Petites Antilles.
. l'iguane commun (Iguana iguana), invasive (2) et constituant la majeure menace pour la survie de l'iguane des
Petites Antilles.
Critères de reconnaissance des iguanes
Les deux espèces d'iguane possèdent des caractéristiques morphologiques distinctes et une divergence
génétique de l'ordre de 10%(pour comparaison l'homme, Homo sapiens, et le chimpanzé, Pan troglodytes verus,
montrent une divergence génétique de moins de 1%). L'iguane des Petites Antilles est donc classé comme une
espèce à part entière du genre Iguana, espèce delicatissima (Laurenti 1768).
L'iguane des Petites Antilles est facilement reconnaissable de son congénère (3) l'iguane commun notamment par la
couleur uniforme (A) de son corps, l'absence de large écaille subtympanique (B), l'absence de larges bandes
noires (C) striant la queue, l'absence de tubercules nucaux (D), une crête dorsale (E) moins développée, un
fanon (F) plus rond et plus petit, des épines gulaires (G) coniques alors qu'elles sont plates et triangulaires chez
l'iguane commun et moins nombreuses, et un différent pattern des écailles labiales (H) qui prennent un aspect en
mosaïque chez l'iguane commun.
Répartition géographique de l'iguane des
Petites Antilles
Par le passé, on pense que l'iguane des Petites Antilles occupait tout le nord des Petites Antilles depuis Anguilla
jusqu´en Martinique. Ce territoire incluait Anguilla, Saint Martin, Saint Barthélemy (y compris les ilets de Fourchue et
Frégates), Antigua & Barbuda, Saint Kitts & Nevis, Les îles de Guadeloupe (y compris Grande Terre et Basse Terre,
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La Désirade, Les îles de Petite Terre, Marie-Galante, Les Saintes), la Dominique et la Martinique (y compris l´îlet
Chancel).
Avec l´arrivée des colons Européens, qui détruisirent son habitat dans la plupart des territoires qu´ils occupèrent, le
déclin de sa population est estimé à 70%.
L´iguane des Petites Antilles a aujourd´hui disparu de Saint Martin, Antigua & Barbuda, Saint Kitts & Nevis, Grande
Terre, Les Saintes et Marie Galante. Sur Basse Terre, il est probable que seuls subsistent quelques individus ne
formant plus une population homospécifique (5) viable. En Martinique une population serait toujours présente dans le
Nord de l´île, cependant elle n´a jamais été étudiée.
En Martinique, l'iguane endémique est facilement observable sur l'îlet Chancel, et en Guadeloupe on le trouve
facilement sur l'île de la Désirade, et dans la Reserve Naturelle de Petite Terre (Commune de la Désirade).
Lexique :
1Espèce endémique : espèce dont la présence est naturelle dans un territoire géographique donné. Ici l'iguane delicatissima est endémique des Petites Antilles.
2 Espèce invasive : Espèce introduite dans un milieu qui n'est pas son milieu naturel et dont le développement se fait au détriment de la biodiversité locale.
3Congénère : Le genre est un niveau de classification taxonomique qui regroupe un certain nombre d'espèces possédant des caractéristiques biologique (morphologiques, génétiques,
physiologiques...) similaires. Les congénères appartiennent donc au même genre, mais pas nécessairement à la même espèce.
4In situ : ici, dans son milieu naturel, par opposition à ex situ
5Population homospécifique : population ne contenant que des individus appartenant à la même espèce.
Répartition géographique de l'iguane
commun
L'iguane commun est natif des régions tropicales d'Amérique du Sud et d'Amérique centrale, et y habite les régions de
basse altitude, depuis le Mexique, jusqu'au sud du Brésil. On le retrouve dans divers habitats montrant divers degrés
d'anthropisation, principalement dans les régions côtières, les mangroves ou en centre-ville à proximité de canaux, ou
de baies.
Les iguanes communs sont herbivores et se nourrissent sur une grande variété de plantes, notamment les espèces
incluses aussi dans la diète de son congénère I. delicatissima.
Utilisé depuis longtemps par l'homme comme source de protéines, et aujourd'hui largement utilisé comme animal de
compagnie, il a malheureusement été déplacé par l'homme, et sa grande capacité d'adaptation lui a permis de
s'installer en population dans de nombreuses zones, où il n'était pas présent.
Dans ces régions, il représente aujourd'hui une menace soit pour la faune locale et endémique (par exemple il
s'hybride et fait disparaitre l'iguane des Petites Antilles, dans les Antilles) ou pour les activités humaines (ex. : la
présence de plus d'1 million d'individus à Puerto Rico, crée régulièrement une gène pour le trafic aérien au niveau de
l'aéroport de San Juan, ou il menace l'agriculture se nourrissant sur les cultures et jardins publics ou privés…).
Description de l'espèce Iguane des Petites
Antilles
Morphologie
Le plus grand iguane des Petites Antilles capturé était un mâle de Dominique et mesurait 43,4cm de longueur de
corps (du nez au cloaque "SVL", donc sans la queue) pour un poids de 3,5kg. La plus grande femelle capturée à ce
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jour mesurait 40,1cm de corps pour un poids de 2,6kg, venait aussi de Dominique.
Le mâle le plus lourd pesait 3,7kg pour une longueur de 42,8cm, et venait lui aussi de Dominique.
La taille et le poids moyens varient selon les îles. En moyenne cependant les iguanes des petites Antilles sont
beaucoup plus petits dans la plupart des zones que les exemples ci-dessus. Sur l'îlet Chancel par exemple, la taille
moyenne des femelles est de 29cm, pour un poids de 1,1kg hors période de ponte ou de reproduction. Les mâles
mesurent en moyenne 30cm pour un poids de 1,2 kg. Sur la Désirade, au niveau de la pointe Colibris, les animaux
sont de taille très similaire avec une SVL de 29,3cm pour les femelles pour un poids d'environ 1,1kg et les mâles
mesurent en moyenne 30,7cm pour un poids de 1,25kg.
La taille de la queue représente environ 70% de la taille totale de l'animal.
Critères de reconnaissance des sexes
Le dimorphisme sexuel étant plutôt marqué chez cette espèce, les mâles sont facilement différenciables des femelles.
Plusieurs spécificités anatomo-morphologiques permettent de déterminer les sexes.
Deux critères sont quasi systématiquement vérifiés :
. les mâles ont des pores fémoraux de diamètre beaucoup plus important que les femelles,
. à la base de la queue sur quelques centimètres il est assez aisé de voir les hémipenis dans leur fourreaux, qui
paraissent l'élargir.
Les mâles ont une crête dorsale comportant des épines beaucoup plus hautes, et ont des épines gulaires plus
grandes. La tête est aussi proportionnellement au corps beaucoup plus large chez le mâle lui conférant un aspect
moins gracile.
En règle générale, les femelles sont plutôt vertes à vert-brunes. Les mâles sont généralement gris à gris-noirâtre,
avec une tête qui blanchit. Leurs joues peuvent prendre une coloration très rose notamment en période de
reproduction, et plus généralement quand les taux de testostérone montent. Dans une moindre mesure cette
coloration rose se retrouve aussi chez les femelles.
Cependant, on ne peut être à 100% sûr de différencier les mâles des femelles, sur leur simple apparence générale. La
couleur peut prêter à confusion, certaines femelles ressemblant à s'y méprendre à des mâles et certains mâles,
pouvant être à taille adulte parfaitement verts et avec des caractéristiques sexuelles secondaires propres au mâles
nettement moins marquées que chez la majorité des individus.
Coloration
D'une façon générale la couleur du corps varie entre les individus et au cours de la vie d'un individu selon l'âge, le
sexe, et le statut social. D'un vert pomme brillant chez les juvéniles et les jeunes femelles subadultes à adultes, cette
couleur évolue vers un vert mat et plus sombre à gris verdâtre chez les femelles, et un gris foncé brun à noirâtre chez
les mâles. D'une façon générale, la tête tend à blanchir dans les deux sexes.
Description de l'espèce Iguane commun
Morphologie et dimorphisme sexuel
La taille et la masse de l'iguane commun est sujette à variation dans son aire de répartition naturelle et introduite. La
taille moyenne de l'iguane commun varierait en relation avec le type de son habitat, les iguanes des zones arides
étant plus petits et atteignant leur maturité sexuelle à une taille moindre que dans les habitat plus humides.
Dans une étude en Martinique (aire d'introduction, population de Fort-de-France vivant en contact avec l'humain,
certains individus étant nourris par l'homme), la longueur "pointe du nez - fente cloacale" (Snout vent length, SVL)
varie chez les mâles adultes de 21,5 à 43,5cm et leur masse corporelle de 0,5 à 3,1kg pour une moyenne chez les
mâles adultes de 34,1cm (SD = 4,6cm ; N=34) et de 1,6kg (SD = 0,65kg ; N=34).
Chez les femelles adultes et subadultes, ces valeurs varient de 22,0 à 37,5cm (SVL) et 0,5 à 1,6kg et les femelles
adultes (identifiée pleine en période de reproduction) atteignent en moyenne 32,8cm (SD = 2,8cm ; N=33) et 1,2kg de
masse vidée des œufs (SD = 0,2Kg ; N=33).
Dans une étude menée sur la population du Parc d'état de Floride Bill Baggs Cape, la SVL des mâles adultes variait
de 18,0cm à 54,0cm (N=300) et celle des femelles adultes de 24,0cm à 47,0cm (N=153). Au Nicaragua, une étude a
trouvé que les mâles adultes avaient une SVL moyenne de 36cm et une MC moyenne de 1,3kg et chez les femelles
adultes ces valeurs étaient de 32,5cm et 1,1kg. Au Panama, la SVL moyenne des femelles adultes était de 35,4cm et
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la MC moyenne (vidée des oeufs) était de 1,2Kg (Rand, 1984).
En comparaison sur l'île aride de Curaçao, les femelles adultes mesuraient en moyenne 26,3cm de SVL pour 0,575Kg
(MC vidée des oeufs). En Guadeloupe, un mâle capturé atteignait 46cm de SVL et 3,4Kg de MC sur Basse terre
(Breuil, 2002) et à Saba la SVL des mâles adultes capturés lors d'une étude variait de 22,4cm pour 430g de MC à
43,5cm et 3,170kg de MC (N=5) (Gerber, 1999).
Du 10 au 16 septembre 2012, une visite a été effectuée sur la côte nord de la Guyane française (Cayenne, Kourou,
Awala Yalimapo, Macouria, Îles du Salut) afin d'investiguer la population. La SVL des femelles (adultes) capturées
variait de 23,5cm à 38cm et leur MC de 420g à 1,19Kg. La femelle de 23,5cm était pleine avec une masse de 0,56Kg
(en moyenne 29,9cm ±5cm n=9 ; 0,815Kg ±0.24Kg n=6 masse non pleine). La SVL des mâles capturés variait de 26
c, à 36cm et leur MC de 0.62 à 1.83 Kg (en moyenne 30.9cm ±3cm (n=9) ; 1.06Kg ±0.4Kg (n=7)).
L'iguane commun, a rarement été rapporté comme dépassant les 50cm de SVL. Malgré la forte disparité des
conditions de ces différentes études, les biais possibles liés à l'observateur, et les tailles d'échantillons très variables,
il semble, que les animaux des zones humides (ex. Nicaragua, Panama) et ceux en contact avec l'homme, semblent
atteindre des tailles et des masses plus importantes, ceci étant probablement du à la disponibilité en nourriture.
Le dimorphisme sexuel est assez marqué dans cette espèce. Les mâles sont plus grands et plus robustes que les
femelles, et ils sont aussi plus colorés. La crête dorsale ainsi que l'écaille subtympanique sont de taille plus
importante. Le diamètre des pores fémoraux est positivement corrélé avec le taux plasmatique de testostérone, et est
donc beaucoup plus important chez les mâles que chez les femelles. Pour une taille de corps (SVL) donnée, les
mâles ont une tête de taille plus importante et un fanon plus grand.
Coloration et particularités morphologiques
La coloration de l'iguane commun varie aussi très fortement dans toute son aire de répartition. D'un vert grisâtre terne
à orange vif, y compris divers tons de vert, et quelques individus étant hautement mélaniques. Les mâles durant la
période de reproduction peuvent exhiber une coloration orange tirant sur le rouge avec la tête devenant de couleur
très claire. A Saba, les adultes sont mélaniques. Ils tendent à devenir plus foncés et perdre leur coloration verte avec
l'âge (Gerber, 1999). Le corps peut être recouvert de spots, de bandes, et certains animaux capturés en Martinique
portaient de larges tigrures aux bords plus foncés. La coloration évolue aussi selon le stade de développement de
l'individu. Les juvéniles sont vert pomme et sont parfois striés de bandes plus claires sur le corps étalées
perpendiculairement à la crête dorsale, et arborent un fanon blanc parfois irisé strié de noir. La couleur des yeux varie
aussi du jaune doré au vert foncé, mais aussi orangés, à brun.
Les photos ci-dessous montrent l'étendue des colorations possibles dans certaines régions.
Iguanes communs à Fort Saint Louis, Martinique
Iguanes communs à Macouria, Guyane et à Saint Martin
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Biologie de l'iguane
Habitat et Nutrition
L'iguane des Petites Antilles (Iguana delicatissima) occupe une grande diversité d'habitat depuis le niveau de la mer
jusqu'à environ 1 000m d'élévation en Dominique. Son habitat inclut notamment des forêts xérophiles (ex. Chancel), le
littoral (ex. Petite terre), la mangrove, et des forêts plus humides (ex. Dominique, Nord Martinique).
Cette espèce semble principalement arboricole, bien que selon les populations, des individus soient très fréquemment
observés au sol. Ceci n'est peut-être toutefois qu'un artefact lié au type d'intervention plutôt invasif, puisqu'il s'agit de
captures. Cela a été suggéré pour l'Iguane commun par Rodda (2003) qui, grâce à une méthodologie d'observation
beaucoup plus discrète, a montré que les iguanes commun utilisent le sol beaucoup plus fréquemment que ce que l'on
pensait (Llanos, Venezuela).
Le régime alimentaire de l'iguane des Petites Antilles est strictement herbivore et inclut feuilles, fleurs et fruits d'une
large variété d'arbres et d'arbustes. Une analyse de 240 échantillons de fèces collectés sur Petite Terre a montré que
parmi les 28 espèces végétales identifiées, ces iguanes se nourrissaient préférentiellement de Poiriers (Tabebuia
pallida), Manceniliers (Hippomane mancinella), thé bord de mer (Clerodendron aculeatum), Bois-couleuvre (Capparis
spp), mapou (Pisonia fragans), Gaïac (Guajacum officinale), Gommier rouge (Bursera simaruba) et Paletuvier gris (
Conocarpus erecta). Les habitudes alimentaires peuvent donc être différentes selon l'habitat exploité, et les espèces
de plantes disponibles, par exemple, sur l'île de St Barthélémy, l'iguane des Petites Antilles se nourrit aussi d'arbre à
colle (Cordia dentata).
En 1973, Lazell a reporté qu'Iguana delicatissima pouvait de façon tout à fait opportuniste adopter un régime
carnivore. Toutefois cette observation reste exceptionnelle, comme chez son congénère l'iguane commun qui est
considéré comme un herbivore strict, bien que l'observation d'un animal se nourrissant sur des restes d'un opossum
percuté sur le bord d'une route, ait été rapportée. Ces très rares observations, suggèrent en tous cas, une certaine
capacité d'adaptation chez les deux espèces.
Le régime alimentaire des nouveau-nés et juvéniles n'est pas connu chez l'espèce delicatissima. Chez son congénère
l'iguane commun, il a longtemps été suggéré que les très jeunes juvéniles se nourrissaient d'insectes, cependant, les
biologistes partisans de cette hypothèse reconnaissaient n'avoir jamais observé de très jeunes juvéniles se
nourrissant. Des données plus récentes se basant sur l'analyse de contenus stomacaux et des observations
comportementales in situ(4) suggèrent que l'iguane commun est herbivore dès sa naissance. Des études sur les
juvéniles iguanes des Petites Antilles menées par l'ONCFS sont en cours.
Reproduction et ponte
Le timing du cycle de reproduction est particulièrement variable chez les reptiles tropicaux. Les Iguanes des Petites
Antilles habitant des environnements plus arides (ex. Petite-Terre ou La Désirade) tendent à montrer une saison de
reproduction plutôt synchrone, les femelles pondant une couvée généralement de Juin à mi-août (Breuil 2002). Dans
les environnements plus humides (ex. Dominique), la saison de reproduction est moins synchrone la ponte pouvant
débuter dès février (Dominique) et continuer jusqu'en Septembre. En Martinique sur l'îlet Chancel, des pontes
précoces ont été observées dès la fin du mois de Mars, et les plus tardives sont observées jusqu'à la fin du mois de
Septembre.
Les femelles creusent leur nid dans des sols sableux ou argileux. Le sol doit être meuble, bien drainé, et exposé une
grande partie de la journée, à la lumière solaire. Les aires de ponte sont collectives ce qui signifie, que si la place
disponible est trop restreinte, pour le nombre de femelles adultes, des excavations peuvent être notées. Les femelles
les plus tardives pondent à l'endroit exact où une femelle plus précoce a déposé ses œufs, et déterrent ainsi les
couvées des autres, les condamnant (les œufs sont exposés aux éléments, ou sont même crevés).
La taille de la couvée est variable. En Martinique , on estime le nombre d'œufs entre 10 et 30 par femelle.
Rappelons que sur l'ensemble d'une couvée, un certains pourcentage seulement des œufs arrivera jusqu'à
éclosion, certains étant infertiles. Toutefois, les données collectées en 2012 et 2013 par l'ONCFS suggèrent que le
taux d'éclosion est plutôt haut. Des études cadrées doivent être menées pour confirmer cette tendance.
Les iguanes des Petites Antilles peuvent vivre jusqu'à 20 ans et leur maturité sexuelle est atteinte vers 2-3 ans pour
les femelles et entre 3-5 ans pour les mâles.
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Structure de population
Aucune étude formelle n'a encore été réalisée sur Iguana delicatissima. Les observations collectées de façon
informelle suggèrent cependant que l'organisation sociale en période de reproduction est similaire à celle observée
chez les iguanes communs. Les populations comptent environ 1 à 2 femelles pour 1 mâle selon les résultats des
études, et lors de la période de reproduction au moins, ils semblent s'organiser en harem. Les captures révèlent
souvent la présence simultanée sur un spot particulier d'1 mâle de type dominant (corps gris, tête blanche et joues
bien roses en période de reproduction), et de 2 à 4 femelles au cœur du même territoire.
Il n'est pas rare de trouver 1 à quelques mâles supplémentaires possédant des caractéristiques propres au mâle bien
marquées, assez proches mais bien en dehors du groupe. Parmi les groupes harems, on retrouve régulièrement des
mâles ressemblant à des femelles. Leur aspect général vu de loin ne permet pas de les identifier comme mâle de
façon évidente, cependant en les observant de près on constate que les pores fémoraux ont un diamètre plus
important que celui des femelles, bien que largement réduit comparé aux autres mâles, et l'on note une dilatation de
chaque côté de la base de la queue. Au sexage par sonde, ce sont bien des mâles. Ces mâles peuvent montrer une
taille de 30cm de corps ou plus, suggérant un âge adulte certain. Il semble que les mâles périphériques montrent plus
de blessures et des blessures plus sévères (crêtes dorsale fortement abîmée, doigts manquants, cicatrices sur le dos
ou le thorax face dorsale, face déformée...) que certains grands mâles dominants retrouvés parmi les femelles.
Cette organisation sociale a été étudiée chez l'iguane commun dans son aire de répartition naturelle. L'organisation
des mâles est la suivante : des mâles de type "alpha" (socialement dominant), défendent leur accès à un groupe de
femelles à des mâles de type "bêta", qui eux cherchent à avoir un accès aux femelles et au cœur de territoire
qu'elles occupent. Ces mâles "bêta" sont souvent impliqués dans des combats d'intimidation ou réel, entre eux et
dans une moindre mesure avec les mâles "alpha". A cela, viennent s'ajouter des mâles que l'on nommera "oméga" ou
"pseudo-femelles", qui ont à s'y méprendre l'aspect de femelles, bien que leurs pores fémoraux soient en général plus
conséquents, et que les hémipenis soient quand même visibles à la base de la queue. Ces derniers utilisent leur
aspect pour passer inaperçu auprès des mâles dominants et ainsi tenter de se reproduire avec les femelles.
La conservation de l'iguane des Petites
Antilles
L'espèce Iguane des Petites Antilles est classé en Danger sur la liste rouge de l'IUCN
Les menaces pour l'iguane des Petites Antilles
La destruction de son habitat
Quand les Européens ont colonisé les îles des Petites Antilles, les forêts ont été déboisées de façon systématique
pour les besoins de l'agriculture (le plus souvent pour la culture de la canne à sucre). Plus tard, les habitats côtiers ont
subit une destruction due au développement du tourisme. La destruction de l'habitat était la menace la plus importante
pour la conservation de l'espèce dans les îles les moins montagneuses, comme Anguilla ou St Kitt & Nevis.
Les victimes de la circulation routière sont régulières là où les routes côtières divisent le territoire des iguanes. Les
classes de population les plus touchées par cette menace sont les femelles gravides qui migrent lors de la ponte
depuis l'intérieur des terres vers les côtes où elles déposent leurs œufs, ainsi que les nouveaux-nés et juvéniles
lorsqu'ils se dispersent depuis les sites de ponte. Ceci s'observe couramment en Dominique, et aux Antilles françaises
; des cas ont été répertoriés sur la Désirade.
Les mammifères domestiques ou sauvages et l'homme
Les mammifères domestiques errants impactent les populations en prédatant les œufs et les juvéniles, voire les
adultes, mais surtout par leur impact très significatif sur la composition et la structure de l'habitat.
Les chiens et chats errants sont nombreux dans les Antilles et des faits sur des chiens responsables de la mort
d'iguanes adultes ont été rapportés. Cependant, il est peu probable que leur impact soit significatif en Martinique, la
principale population étant sur l'îlet Chancel où seuls sont présents quelques chiens aux mouvements limités. Au nord
de l'île, leur impact est inconnu.
En Guadeloupe, l'impact des carnivores domestiques divagants n'a jamais été quantifié, cependant, ils sont absents
de la RN de Petite Terre, et peu nombreux sur l'île de la Désirade où sont situées les principales populations. Les
cochons sauvages, connus pour dévaster de larges aires en fouissant lors de la recherche de nourriture, sont
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susceptibles d'excaver des nids d'iguanes et de consommer les œufs (aussi bien que ceux de tortues lorsqu'elles
pondent dans les arrières plages). Cette hypothèse nécessite d'être testée pour être confirmée et surtout quantifiée.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les mammifères ayant le plus fort impact négatif sur les populations
d'iguanes semblent être les ovins et les caprins. Par le surpâturage, ils entraînent un changement dans la composition
de la végétation (surconsommation de plantule de certaines espèces par rapport à d'autres) diminuant ainsi le nombre
et la qualité des éléments végétaux dont se nourrissent les iguanes, et par élimination de la couche herbacée, ils
induisent une forte érosion des sols, pouvant notamment réduire l'espace disponible pour la nidification, due à
l'affleurement de roches. Ils peuvent aussi être considérés comme des compétiteurs alimentaires au moins sur un
certain nombre d'espèces de végétaux.
Les mammifères commensaux de l'homme et sauvages peuvent aussi représenter une menace, avérée ou potentielle.
Les juvéniles font potentiellement partie du spectre des proies (reptiles de petite taille) des mangoustes (Herpestes
javanicus) mais selon les suivis de population menés ceci n'a pas été considéré comme une menace significative sur
les populations d'I. delicatissima de Guadeloupe et Martinique. En Floride, des observations font état de racoon ou
raton-laveur (Procyon lotor), chassant des Iguana iguana adultes de grande taille. Le racoon est très présent en
Guadeloupe, dans une moindre mesure en Martinique. Aucun fait d'iguanes tués par un racoon n'a été rapporté dans
les Antilles françaises.
Une augmentation de la chasse a été notée dans certaines îles, bien que ce soit totalement illégal sur l'ensemble de
l'aire de répartition de cette espèce. Les populations étant déjà fortement débilitées, ceci peut contribuer à en
accélérer le déclin. Les iguanes (aucune des deux espèces) ne sont normalement chassées dans les îles.
La compétition avec l'iguane commun et son hybridation
La menace la plus sérieuse dans les Antilles françaises, est maintenant la compétition et l'hybridation avec son
congénère l'Iguane commun.
Récemment, l'iguane commun a été introduit aux Saintes (Guadeloupe) et peut être quelques individus en Martinique
(Breuil et al., 2009 ; Breuil, 2009) comme passager clandestin ou même comme source de nourriture, dans des
cargos militaires, lors d'échanges entre la Guyane française, l'archipel guadeloupéen et la Martinique durant la
première moitié du vingtième siècle. Les individus introduits ont rencontré dès leur arrivée dans les îles caribéennes,
les conditions adéquates pour satisfaire leur besoins biologiques et prospérer en tant que population indépendante,
probablement renforcée par l'arrivée régulière de nouveaux individus. L'abondance de nourriture, l'adéquation des
conditions climatiques, des lieux propices à la nidification, l'absence de prédateurs naturels et l'absence de
pathogènes significatifs, permit à la population de croître rapidement et d'étendre sa distribution largement. Ils se
propagent d'îles en îles, comme passagers clandestins dans les yoles de pêcheurs ou d'autres types de bateaux, en
nageant quand la distance et les courants le permettent, intentionnellement déplacés par l'homme, ou sur radeaux de
végétation après les cyclones, parfois sur de très larges distances.
En Guadeloupe, une enquête a révélée que les premières observations d'iguanes communs datent des années 1960
sur les Saintes, les îlets Pigeon, et le sud de la Basse-Terre. En seulement 10 à 20 ans, ils ont colonisé Basse-Terre
(a minima les zones littorales) et dans les années 1970-1980 on les retrouvait autour du port de Pointe-à-Pitre. De là
ils ont pu coloniser la Grande-Terre, naturellement, ou déplacés par l'homme, au moins depuis les années 1980. Ils
sont aujourd'hui largement répartis sur Basse-Terre et Grande-Terre, Les Saintes, et sont présents sur Marie-Galante,
où ils ont notamment été intentionnellement introduits en 2007 (Breuil et al., 2009).
En Martinique, bien qu'il soit possible que quelques individus soient arrivés sur l'île transportés par cargo militaire, la
principale population d'iguanes communs a été introduite sur le Fort-Saint-Louis (Fort de France), par le Père Pinchon
dans les années 1960, gardée en captivité mais libérée à la fin des années 1960 (Breuil et al., 2009). Cet espace était
un vrai refuge pour ces iguanes où ils trouvaient en nombre important des spots ensoleillés et des endroits d'ombre
permettant leur thermorégulation, des sols meubles pour nidifier, et de la nourriture en quantité y compris les restes de
cantine. Ils sont même devenus une mascotte pour le personnel du fort, bénéficiant d'une sympathie particulière, et
devinrent une population indépendante bien établie. Les premières preuves indiquant une sortie au-delà des remparts
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du fort des animaux, pour établir de nouveaux territoires datent du début des années 1990. Jusqu'au début des
années 2000, ils étaient présents à plusieurs endroits dans la ville de Fort de France, et des témoignages rapportent
leur présence au Diamant (Breuil, 2002). En 2009, ils étaient au moins présents à partir de Fort de France et jusque
dans le Sud de la Martinique. Depuis 2011, des adultes matures et des mâles reproducteurs ont été signalés et pour
certains capturés dans toutes les régions de Martinique (Nord Caraïbe et atlantique, Sud et centre), y compris dans
des régions ou proche de zones où l'on trouve l'Iguane des Petites Antilles (Le lorrain, le Robert). Le 17 Novembre
2013, un individu adulte a été observé sur l'îlet Ramiers où subsistaient quelques Iguana delicatissima.
Cartes de la progression de l'iguane commun en Guadeloupe et Martinique
Le plan national d'action Iguane des Petites Antilles
La France possède un rôle prépondérant dans la sauvegarde des dernières populations mondiales d´Iguana
delicatissima.
Les îles des Antilles françaises incluent 9 des 12 territoires où sont recensés des individus de cette espèce. De plus,
les îles de Petite Terre abritent probablement la seconde plus importante population après celle de Dominique.
Suite aux discussions du Grenelle de l´environnement (2007), un Plan National d´Actions pour la conservation de
l'iguane des Petites Antilles a été rédigé par la cellule technique ONCFS des Antilles françaises, puis validé en juin
2010 par le CNPN. Ce PNA a pour but de coordonner dans les Antilles françaises, le suivi des populations d´Iguana
delicatissima, les actions de restauration et de conservation de cette espèce et de son habitat, et la sensibilisation des
institutionnels et du grand public afin de faciliter l´intégration de la protection de cette espèce emblématique dans les
politiques publiques et les activités anthropiques. Le plan a été publié et distribué en 2011.
Ce PNA est piloté par la DEAL de Martinique, l´Office national de la chasse et de la faune sauvage étant responsable
de sa réalisation en s'appuyant, quand cela est possible, sur des associations naturalistes locales.
Les objectifs du PNA
Le premier objectif défini est l´avancement des connaissances sur cette espèce. Meilleure sera la connaissance de sa
biologie et de son écologie, meilleure sera l'expertise sur les décisions à prendre pour sa conservation.
Le deuxième objectif reprend les actions identifiées nécessaires à sa préservation, y compris la lutte contre l´espèce
invasive Iguana iguana.
Le troisième objectif définit les actions de communication à mettre en œuvre ; l'iguane des Petites Antilles est un
emblème à préserver.
Les acteurs du PNA en Guadeloupe et Martinique
Les sites internet des partenaires :
Office national de la chasse et de la faune sauvage : www.oncfs.gouv.fr
DEAL Martinique : www.martinique.developpement-durable.gouv.fr/
DEAL Guadeloupe : www.guadeloupe.developpement-durable.gouv.fr
Association Ti-Té :www.reservepetiteterre.org/L-Association-Ti-Te
Association Le Gaïac : www.facebook.com/legaiac ?fref=ts
Liens en relation :
Conservatoire du littoral : www.conservatoire-du-littoral.fr
Association Karisko : www.karisko.com/lassociation/
Association Le Carouge :www.sosdom.lautre.net/Carouge/
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