disparition des paysans n’est pas une fatalité. C’est l’un des messages que lançait François de Ravignan dans « L’avenir d’un désert », petit livre paru en 1996, qui analysait l’effet de l’exode rural sur le sud-ouest de l’Aude et soulignait en même temps l’apport de vitalité que représente pour ces cantons l’arrivée de néo-ruraux depuis les années 1970. « Les Amis de François de Ravignan » organisaient, fin juin 2013 à Camps-sur-l’Agly (Hautes-Corbières), la 2e rencontre en hommage à François de Ravignan, sur le thème « Des exclusions aux alternatives en milieu rural ». L’association a vu le jour après le décès en 2011 de cet agronome et économiste installé à Greffeil (11), qui a beaucoup travaillé sur l’agriculture paysanne. « L’avenir d’un désert » (1), qui a servi de base à la réflexion de l’une des matinées de ces rencontres, animée par Pascal Pavie, analyse les effets de l’exode rural, à partir de la lecture de paysage notamment puis d’une étude démographique sur les huit cantons du sud-ouest de l’Aude (de Limoux à Axat et de Belcaire à Mouthoumet) : après un maximum démographique vers 1850, la population chute presque de moitié en près d’un siècle. Cette tendance est la même pour la France rurale dans son ensemble. Une chute de la population qui ne doit rien au hasard. L’exode rural, explique François de Ravignan, est la conséquence d’un choix économique, celui de l’industrialisation et de l’ouverture des marchés. Exemple : l’ouverture, en 1857, de la ligne de chemin de fer de Bordeaux à Sète permet aux blés russes, moins chers, de concurrencer les blés audois ; résultat, les prix baissent de 40 % en un an. Mais surtout, dans ces terres de montagne, c’est la laine, et l’élevage ovin, qui pâtissent du traité de libre échange (1860) avec l’Angleterre, lequel permet à la laine de l’hémisphère sud d’entrer par les ports français avec des droits fortement réduits. Cela entraîne le développement de l’industrie lainière de Mazamet (Tarn), la laine importée, de Mérinos, étant plus fine que la laine locale, mais c’est la ruine pour l’élevage ovin de la région, dont les effectifs seront divisés par quatre en cinquante ans. Dans la suite logique de cette politique économique, l’intensification de l’agriculture accentue l’exode rural. En cinquante ans, les huit cantons perdent la moitié de leurs terres labourables, malgré la mécanisation ou plutôt à cause d’elle. Ce qui signifie 40 % de production de calories en moins. Un territoire qui était autosuffisant sur le plan alimentaire ne l’est plus. En 1850, le territoire du sud-ouest audois était autosuffisant sur le plan alimentaire. Aujourd’hui, malgré la mécanisation, il ne l’est plus. Photo issue du site Photo Libre. Dans ce contexte économique, les politiques de développement du territoire, qu’elles proviennent de l’Etat ou des collectivités territoriales, ne peuvent qu’aboutir à l’échec, estiment les participants à cet atelier : « elles ne peuvent qu’essuyer les plâtres de la politique économique ». Ces politiques de développement, dans notre région, favorisent d’ailleurs plutôt le tourisme. Quand elles s’intéressent à l’agriculture, elles ont leurs limites : la Politique agricole commune est orientée vers le soutien aux grandes exploitations, de plaine, et n’aide pas beaucoup la petite installation. « Que reste-t-il alors, sinon la solidarité ? », se demandent les Amis de François de Ravignan. On parle beaucoup aujourd’hui de « relocalisation ». L’arrivée, dans le sud-ouest de l’Aude, de néo-ruraux (dont tous ne vivent pas de la terre) ces quatre dernières décennies est bien une relocalisation spontanée. Cette « nouvelle économie », d’initiative privée, a apporté une vitalité indéniable à ces cantons. Elle ne suffit pas toutefois à contrecarrer les effets de la politique économique. L’accompagnement de petits projets La solidarité, c’est l’esprit de l’action de l’Adear (Association pour le développement de l’emploi agricole et rural) de l’Aude, qu’a présentée son co-président, Frédéric Tedesco. Cette action, auprès des candidats à l’installation « qui ne rentrent pas dans les clous de l’installation classique », se concrétise par des formations, de l’entraide, du tutorat et aussi, depuis peu, une couveuse qui accompagne une dizaine de projets (à Carcassonne et Galinagues). « De marginale, l’Adear est devenue un élément important de l’installation », note Frédéric Tedesco. En 2012, elle a reçu 220 personnes ; elle a accompagné 75 personnes à long terme et en démarrage d’installation et 50 personnes déjà installées. Luttes locales dans le monde Ces rencontres ont été l’occasion de diffuser des informations sur un certain nombre de luttes, dans le monde, pour la terre et pour le travail. Silvia Perez Vitoria a fait le point sur les dernières rencontres de Via Campesina, fédération mondiale d’organisations paysannes et de travailleurs de la terre. Elle a rappelé les luttes que mène Via Campesina, contre l’Organisation mondiale du commerce, contre l’accaparement des terres et pour l’accès des paysans à la terre, sur les semences paysannes, sur le climat (campagne « les paysans refroidissent la planète », qui fait allusion à l’effet de serre), la récupération des savoirs paysans (création de centres de formation à l’agroécologie), combats des migrants agricoles, luttes des femmes… François de Ravignan, souligne-t-elle, avait travaillé sur nombre de ces questions. Il avait en particulier mis en évidence le fait que seuls les petits paysans peuvent répondre aux questions de la faim (voir notamment « La faim pourquoi ? », La Découverte, 1983, réédité en 2009). Le lendemain, Nick Bells, de Longo Maï, a évoqué le combat du Soc (Syndicat des travailleurs de la terre) en Andalousie pour l’accès au travail (la mécanisation du coton, notamment, a fait régresser le besoin de journaliers) et l’accès à la terre. Daniel Cérézuelle, pour sa part, a détaillé les résultats d’une étude sur les jardins familiaux (voir encadré) et Jacques Prades a dépeint l’évolution de la coopération (voir autre encadré). Autant de témoignages d’initiatives, alternatives au modèle dominant, qui illustrent la possibilité d’organiser différemment la société et l’économie. Ces exemples participent à l’évolution des idées et des modèles en place. Ce qui n’est pas contradictoire avec l’avis de Jacques Berthelot (2) selon qui « il faut agir à la base, dans le milieu associatif mais aussi faire pression sur l’Etat » (pour qu’il fasse évoluer sa politique). Jacques Berthelot souligne notamment le danger que le projet d’accord de libre-échange UE/USA fait courir à l’agriculture européenne. Philippe Cazal 1) « L’avenir d’un désert. Au pays de la Haute-Vallée de l’Aude », François de Ravignan, Ed. Atelier du Gué (www.atelierdugue.com), 1996, réédité et mis à jour en 2003. 2) Economiste, ancien maître de conférences à l’Ecole nationale supérieure agronomique de Toulouse, Jacques Berthelot a notamment écrit, avec François de Ravignan, « Les Sillons de la faim » (L’Harmattan, 1980). Des jardins ouvriers aux jardins familiaux Daniel Cérézuelle a souligné le rôle des jardins familiaux dans la lutte contre l’exclusion en milieu urbain. Professeur de philosophie et de sociologie, il est directeur scientifique du Pades, Programme autoproduction et développement social. Il a réalisé plusieurs études sur le sujet des jardins familiaux. Nombreux avant guerre, les jardins familiaux étaient le résultat d’une revendication ouvrière, et pas seulement le fruit du paternalisme de certains patrons, souligne-t-il. Ils ont, depuis, largement disparu, laminés par le développement urbain et parce qu’avec l’industrialisation de l’agriculture et le déploiement de la grande distribution, la production domestique n’avait plus de sens aux yeux des contemporains. Pourtant, certains jardins familiaux persistaient, dans les années 70 (D. Cérézuelle avait alors mené une enquête) : pour ceux qui les cultivaient, ils pouvaient représenter un revenu complémentaire (« équivalant au moins à un 13e mois de RMI »), et surtout, dit Daniel Cérézuelle, la motivation principale était la qualité de l’alimentation. « On mange mieux », disaient les personnes interrogées et elles parlaient de la qualité des produits mais aussi du goût. Les jardins familiaux sont par ailleurs l’opportunité, pour les jeunes, « d’une initiation à la valeur travail. » « Plus tard, un enjeu est devenu très important », poursuit D. Cérézuelle ; les jardins familiaux sont devenus « un outil de lutte contre la malnutrition et la malbouffe » (et l’obésité qui va avec) : « un jardin a rapidement un impact positif sur les pratiques alimentaires et les gens se remettent à préparer les repas ». Aujourd’hui, avec la « crise » économique, la demande de jardins familiaux est redevenue très forte, en particulier dans les cités HLM et pas seulement dans les milieux « bobos ». Coopératives : « la perte du sens de l’utopie » ? Jacques Prades, auteur d' »Utopie réaliste. Renouveau de l’expérience coopérative. » (L’Harmattan, 2012), parle de « profonde régression historique » qui tient à « la perte du sens de l’utopie », notamment dans le mouvement coopératif. Il estime que le système coopératif français, plus qu’en Italie ou en Espagne, a perdu son objectif d’économie solidaire « parce qu’il y a un décalage énorme entre la théorisation et la pratique de terrain ». Les SCIC (sociétés coopératives d’intérêt collectif) sont beaucoup plus nombreuses en Italie qu’en France, dit-il. De même, en France, les coopératives de consommateurs ont presque disparu. Jacques Prades explique cela par la perte de l’esprit coopératif (avec des adhérents plus consommateurs de coopérative qu’acteurs) et propose de refonder la théorie des coopératives en s’appuyant sur celle des limites : limite de la taille (« il ne faudrait pas dépasser environ 200 adhérents »), de la destruction des ressources naturelles, limite de l’investissement (à l’inverse de la logique de cotation en bourse)… L’un des échecs de la coopération, se demande Pascal Pavie, est peut-être « de s’être cantonnée aux moyens de transformation et de commercialisation, sans avoir abordé la production ? ». Pour sa part, Jacques Berthelot évoque l’internationalisation des coopératives en Europe, avec l’achat de filiales non coopératives, et il cite l’exemple de Tereos (sucre), qui a pris le contrôle de Guarani, le 3e producteur de sucre et d’éthanol au Brésil, et d’une sucrerie au Mozambique : « les dividendes de ces sociétés apportent 1 500 à 2 000 € par an à chaque coopérateur ». Il s’interroge aussi sur les conditions de travail des coupeurs de canne au Mozambique « qui sont régulièrement en grève ». Plus de renseignements sur Les Amis de François de Ravignan : L’Ortie, Lasserre du Moulin, 11260 Saint-Jean de Paracol, tél. 04 68 20 36 09, [email protected] Les 3es Rencontres des Amis de François de Ravignan devraient avoir lieu en novembre 2014. Lire aussi, dans ce blog, la note de lecture sur « La faim, pourquoi ? », de François de Ravignan. Nota : Il n’est pas fait état ici de certaines interventions, auxquelles je n’ai pas assisté. Les uns fuient le stress. Les autres se plaignent du manque de confort. D’autres encore ne peuvent plus supporter le coût de la vie citadine. Quels que soient leurs motifs, les urbains sont de plus en plus nombreux à quitter la ville pour s’installer à la campagne. Et demain, grâce à la révolution numérique, la grande famille des néoruraux pourrait encore s’élargir, nous dit Jean-Yves Pineau, directeur du collectif Ville Campagne. Vue du célèbre plateau des Millevaches, dans le Limousin, un département qui a su sortir de la crise démographique en attirant les citadins. © Babsy / Wikimedia Tout commence à la fin des années 1960, quand quelques milliers de jeunes urbains, sensibles à l’écologie et rejetant la société de consommation, choisissent de quitter la ville pour s’installer à la campagne. Un retour à la terre qui permet, notamment, l’ouverture des premières coopératives agricoles biologiques. Malgré cette première vague migratoire, les campagnes continuent de se dépeupler. Puis, au milieu des années 1990, une deuxième vague de départs relance l’économie et la démographie des campagnes. Cadres, ouvriers, professions intermédiaires… Ces nouveaux migrants quittent la ville non plus pour des raisons idéologiques mais plutôt parce qu’ils en ont raz-le-bol du stress, du bruit, de la pollution et des autres désagréments de la vie urbaine. Il s’agit, en majorité, de jeunes adultes âgés de 30 à 45 ans, souvent accompagnés de leurs enfants en bas âge, qu’ils souhaitent voir grandir dans un cadre plus naturel que minéral. Souvent, ils s’installent sur un territoire rural lié à leur histoire familiale ou visité régulièrement durant les vacances. À cette « motivation résidentielle » s’ajoute un argument beaucoup plus rationnel : le coût de la vie urbaine. La crise économique a ainsi accentué l’exode urbain, poussant les classes moyennes étouffées financièrement (loyer, école, etc.) à quitter la ville. Le Sud et la côte ouest ont particulièrement la cote. La Bretagne et l’Aquitaine arrivent ainsi en tête des régions les plus attractives pour les migrants actifs, tandis que la région Provence Alpes Côte d’Azur (PACA) attire toujours autant les retraités. Et demain ? La migration va-t-elle se poursuivre ? Les villes françaises risquent-t-elles de se dépeupler ? Les réponses de Jean-Yves Pineau, directeur du collectif Ville Campagne, association nationale fondée en 1998 qui poursuit une triple mission : conseiller les citadins qui souhaitent s’installer à la campagne, accompagner les territoires ruraux qui accueillent de nouvelles populations et travailler avec les pouvoirs publics sur les enjeux que révèle cette nouvelle forme de migration. De plus en plus de Français quittent les villes pour s’installer à la campagne. Peut-on parler d’exode urbain ? « Exode urbain », c’est une formule journalistique. Après, avec 100 000 citadins qui choisissent chaque année de quitter leur ville pour s’installer dans les territoires ruraux, on peut parler de tendance lourde. La principale motivation de ces migrants demeure la qualité de vie. Ils sont à la recherche d’un cadre de vie plus confortable et plus épanouissant. On dit souvent que les Français « votent avec leurs pieds » et c’est assez vrai. Beaucoup ne supportent plus la vie urbaine et, dès qu’ils en ont les moyens, ils quittent le coeur des métropoles pour être plus tranquilles. Mais les motivations qui entraînent les parcours de migration diffèrent. Certains vont vouloir vivre et travailler dans les territoires ruraux quand d’autres entreprennent une démarche purement résidentielle. Pour d’autres encore, cette migration n’est pas choisie mais subie. L’arrivée de ces ex-citadins dans les campagnes a-t-elle permis de relancer la croissance démographique et économique des territoires ruraux ? Oui, très clairement. On s’est aperçu qu’il y a aujourd’hui deux moteurs de développement en France : l’économie dite productive, c’est-à-dire l’agriculture et l’industrie, et puis l’économie résidentielle ou présentielle. De nombreux territoires ruraux ont effectivement profité du renouveau du tourisme ou de la consommation locale pour éviter de sombrer. Certains représentent d’ailleurs une vraie mine d’or et leur potentiel est encore insuffisamment valorisé. L’image de la vie rurale que se font les citadins n’est-elle pas un peu trop idyllique ? C’est vrai, la campagne véhicule encore tout un tas de clichés. En tout cas, aujourd’hui, elle n’est plus synonyme d’arriération. Je remarque qu’il existe tout de même un vrai brassage des sociologies et des modes de vie : aujourd’hui, on peut être à la fois urbain, périurbain et campagnard. Les Français qui quittent les villes pour s’installer à la campagne conservent le plus souvent un mode de vie toujours urbain, sans relation directe avec la terre. Pour qualifier cette population, le sociologue Jean Viard préfère d’ailleurs employer le terme d’« extra-urbains » plutôt que celui de « néo-ruraux », qui nous ramène trop, selon lui, aux communautés des années 1970. En fait, nous vivons dans une société du mouvement, avec une explosion des temps de vie et des mobilités. Résultat : les ponts entre ville et campagne sont de plus en plus nombreux et celui ou celle qui naît en ville ne finit plus forcément sa vie dans cette ville. Quels critères pourraient vous pousser à quitter la ville pour vous installer à la campagne ? L’OBS – La problématique tristement célèbre des inondations récurrentes à Dakar et environs est intimement liée au phénomène de l’exode rural .En effet, la presqu’île du Cap Vert a subi, au cours des quarante dernières années, un déplacement massif et une sédentarisation de populations provenant de tous les coins de l’intérieur du pays, en raison d’attaches économiques qui se sont constituées et solidifiées. A pluviométrie normale à excédentaire, la presqu’île du Cap Vert ne souffrait pas d’inondations, il n’y a guère longtemps, plus précisément, dans la période durant laquelle existaient la mare naturelle de Thiaroye dont le lit s’étendait jusqu’aux abords de Mbao, le marécage de la zone des puits (Patte d’Oie, Maristes, Foire, Grand Yoff, Dalifort jusqu’à l’océan) ainsi que la mangrove des périmètres du technopôle de Dakar qui couvrait une bonne partie de Pikine. Il aura fallu, au cours de ces quarante dernières années, que les zones naturelles de captage des eaux de pluie soient occupées pour de l’habitat social, qu’il suffit de quelques millimètres d’eau pour que Dakar patauge ; Même en saison sèche, dans nombre d’endroits sur la presqu’île du Cap Vert, les eaux stagnantes et l’humidité ornent en permanence le décor de quartiers populeux, à cause des nappes affleurâtes. C’est dire, en substance, que des raisons économiques furent à la base des déplacements massifs de populations à partir des années de sécheresse des années soixante dix ,de l’intérieur du pays vers une presqu’île non extensible et dont le relief et le biotope s’accouplent avec l’existence de mangroves qui sont des milieux aquatiques de captage d’eau de pluie , ces mêmes populations fuyant le calvaire des terres devenues arides du Baol , du Ndiambour ,ou, à la limite, de certaines parties du Sine et du Saloum. L’exode rural est le cancer du Sénégal, au sens où il anéantit la valorisation locale de ses potentialités agricoles et industrielles. Cette migration a induit la formation d’une économie informelle hypertrophiée s’appuyant essentiellement sur le commerce de produits importés ou recyclés ou de petits emplois, non pourvoyeurs de valeurs ajoutées (l’armée des marchands ambulants en constitue un exemple frappant). A ces déséquilibres dans la division du travail, s’ajoutent d’autres déséquilibres au niveau de la répartition géographique des populations avec comme conséquences ,la démultiplication de tensions sociétales résultant de fortes concentrations humaines à Dakar et environs et de ses multiples effets nuisibles dont en particuliers, la bidonvilisation, la récurrence du phénomène des inondations, le chômage endémique, l’insécurité galopante, les difficultés de transport, le coût exorbitant des loyers, la spéculation foncière etc. Le constat amer est que , 80% des activités économiques du Sénégal et 50% de la population sont concentrées dans 0.25% du territoire national ; Une telle disproportion constitue un goulot d’étranglement pour un pays qui se voudrait émergent .Bien entendu, à problème structurel, solution structurelle qui consiste à prendre le taureau par les cornes en procédant à l’inversion des tendances défavorables par la priorisation du développement des régions intérieures ,de manière à faire retrouver les équilibres nécessaires entre l’occupation des sols et la démographie ainsi que la diminution des écarts de développement. Cependant, il ya lieu de convenir que l’exode rural qui s’est durablement installé dans la presqu’île du Cap Vert ne peut être atténué sensiblement par un coup de baguette magique, loin s’en faut ; Il faudrait plusieurs années pour réaliser l’inversion des tendances défavorables en s’attelant dès maintenant à la création de pôles économiques dans les régions intérieures afin de constituer des offres valables pour attirer les populations résidantes de Dakar et environs et ,de sédentariser les autochtones restés sur place dans les terroirs ;Les migrations à cause du sous emploi des populations locales, sont allées jusqu’à dépasser le cadre de nos frontières pour s’internationaliser aggravant le dépeuplement des région intérieures et faisant de notre diaspora l’une des zones les plus peuplées parmi les diverses régions du Sénégal. Entre temps, il nous faudra aussi travailler à la restructuration de quartiers afin de préserver certains espaces viables dans les zones humides au moyen de canalisations adéquates et de bassins de rétention pour le captage , le drainage et le stockage des eaux de pluie ,au moment où dans d’autres pays, de vastes étendues de terres sont gagnées sur des mers(polders). Si nous sommes d’accord qu’il s’impose d’organiser des déplacements de populations vers l’intérieur du pays, il ne faudrait surtout pas pour des questions électoralistes ou de politique politicienne, mettre la charrue avant les bœufs et reprendre les mêmes erreurs du passé (JAAHAYE).L’inversion de la tendance à l’exode rural est une question fondamentale liée aux options stratégiques du Sénégal pour un développement équilibré et endogène, autocentré et autoentretenu , par la création de pôles économiques régionaux en faisant de l’agriculture et les industries de transformation alimentaires le moteur de la croissance économique. La hantise des inondations à court terme et la peur de la vindicte populaire ne doivent pas nous faire sortir de l’orientation générale en gardant bien le cap au milieu des tempêtes et de ne pas nous précipiter vers des solutions hâtives à relents populistes et non viables, tel que le relogement de presque un demi million de personnes dans des zones à vocation agro pastorale, forestière , industrielle ou touristique , dans les départements de Rufisque , de Thiès et de Mbour. Le faire, c’est déplacer la problématique des inondations de Dakar vers d’autres endroits, qui, non seulement ne répondent pas aux conditions préalables requises pour l’installation de colonies de peuplement, les mêmes que Dakar connait actuellement avec l’exode rural, mais, détruit la vocation naturelle de ces terroirs en tuant les activités économiques à forte valeur ajoutée qui s’y déroulaient antérieurement. Déplacer les populations à proximité de Dakar en tuant des activités économiques, telles que le maraichage ,l’horticulture, la sylviculture, le pastoralisme , revient à procéder à la formation de bidonvilles et à étendre la banlieue de Dakar dans la zone rurale du département de Rufisque (qui malheureusement disparait sous la poussée de l’habitat) ainsi que les zones forestières, industrielles, touristiques et agropastorales des départements de Thiès et de Mbour. En effet , les zones agro écologiques des Niayes ,à partir de Rufisque en passant par Diamniadio, Sangalkam ,Bayakh, Cayar , Niaga , Sébikhotane et Pout vont bientôt disparaitre ,anéantissant du coup notre potentiel agro pastorale et touristique ainsi que les formations forestières et minières de Thiès jusqu’au abords de la petite côte. A ce titre, un code d’utilisation des terres suivant les zones écologiques, devant le changement climatique et la menace du péril alimentaire mondial, devient une urgence afin de préserver les équilibres nécessaires à la biodiversité et de permettre le développement agricole, industriel et touristique de nos terroirs. Si des mouvements massifs de populations devraient avoir lieu, ils ne devraient surtout pas s’effectuer vers des zones situées dans la presqu’île du Cap Vert , notamment, dans le départements de Rufisque, ou, vers les proximités des départements de Thiès et de Mbour. Des villes comme Rufisque, ancienne capitale économique du Sénégal, Thiès et Mbour sont bien configurées et la partie rurale et forestière de ces villes génératrices d’activités créatrices de revenus sont en train de disparaitre sous la poussée d’un habitat incontrôlé, comme le fut la disparation des mangroves à Dakar générant le triste spectacle des inondations récurrentes dans notre capitale. Au demeurant, la commune de ville de Rufisque est en train d’étouffer sous la pression de l’habitat dans l’arrière ville, provoquant l’amenuisement et l’insuffisance d’espaces publics et d’équipements collectifs ,en plus de l’agression marine particulièrement vivace sur le littoral ;De sorte que si nous ne faisons pas attention, l’installation de colonies de peuplement dans la zone rurale du département de Rufisque , de Thiès et de Mbour sera synonyme de rupture des équilibres de la biodiversité et de cessation d’activités créatrices de revenus, allant du maraichage, de l’aviculture, de l’horticulture ,du pastoralisme ,du conditionnement , de la conservation et de la transformation industrielle, au point que, si nous n’y prenons pas garde, le Sénégal va être un importateur net de produits maraichers ,horticoles ,avicoles et laitiers, en plus de l’importation d’importantes quantités de bétail, contribuant ainsi au creusement du déficit déjà très chronique de notre balance commerciale. La question de l’aménagement du territoire national en parfaite symbiose avec la stratégie pour demain de développement économique et social qui s’appuie sur la création de pôles régionaux économiques est devenue centrale. A ce titre d’ailleurs, les sociétés locales de développement à la base et d’encadrement du monde rural telles que nous les avions connu dans le passé, comme la SAED ,la SODEFIDEX ,la SODAGRI, la SOMIVAC, les ranchs de DAHRA et de DOLI , le projet intégré du PRIMOCA à Sédhiou etc, doivent être ressuscitées et redynamisées ; Sur la même lancée, les sociétés pour la promotion de l’habitat social comme l’OHLM, la SICAP et les ZACS (zones d’aménagement concertées) doivent être d’avantage mises à contribution et privilégiées par rapport à la promotion immobilière privée spéculative et non respectueuse de la définition des zones écologiques ,des normes d’aménagement de l’espace et de construction dont le régime libéral sortant n’en avait cure, dans l’objectif d’enrichir des partisans ;En effet, le partage des terres du domaine national à des fins spéculatives au profit de promoteurs immobiliers durant le règne du régime libéral fut un massacre économique d’une grande ampleur :Comment pourrait-on monnayer des terres à vocation agro silvo- pastorales et industrielles pour de l’habitat social ? Le repeuplement de zones pour dégarnir la presqu’île du Cap Vert et ses environs afin de recentrer les populations vers l’intérieur en y créant des activités économiques selon les vocations des terroirs, devrait s’effectuer vers les zones anciennement peuplés d’où est parti l’exode rural, en particuliers, vers les zones centres du Sénégal du BAOL, du NDIAMBOUR, du NDOUCOUMANE, du SINE et du SALOUM ,du RIP, du NIOMBATO et, jusque sur les hauteurs des terres du NIANY qui ont connu historiquement de brillantes civilisations et de fortes concentrations de populations ;C’est dire également que nous devrions revenir aux formes d’organisation homogènes de notre espace territoriale connues dans l’Afrique précoloniale ,en ce que les infrastructures et la structure productive du Sénégal fût basée sur un modèle économique extraverti pour les besoins d’exploitation des colonies . Le défi majeur que le Sénégal d’aujourd’hui devrait avant tout relever, reste celui de la révolution agricole et énergétique, devant notre double vulnérabilité aux variations climatiques et des cours du pétrole. Si bien que la problématique du développement durable doit être au cœur du progrès économique et social dans notre pays et au centre de toute action viable et porteuse pour les générations futures et pour un modèle de société conforme à nos valeurs de civilisation. Kadialy GASSAMA, Economiste ration des habitants des zones rurales, et principalement de la population agricole, vers les zones urbaines. Exode, au sens strict, signifie un départ en masse, par référence à l'exode des Hébreux hors d'Égypte. Sous cette appellation dramatique, lancée par les défenseurs des valeurs traditionnelles au siècle dernier, on désigne le plus souvent la migration des ruraux vers les villes, dès lors que celle-ci est relativement importante et continue. Situation dans les pays développés L'exode rural ainsi entendu est essentiellement un phénomène du passé dans les pays développés. La migration des campagnes vers les centres urbains a commencé à prendre un caractère assez massif en Angleterre au début du XIXe s., au moment de l'industrialisation ; l'effectif de la population urbaine y a dépassé celui de la population rurale dès le milieu du XIXe s. Avec un certain retard, le reste de l'Europe de l'Ouest et l'Amérique du Nord ont connu la même évolution mais les citadins y sont devenus plus nombreux que les ruraux à la veille de la Première Guerre mondiale seulement. Le décalage dans le temps a été plus net encore dans l'Europe du Sud, au Japon et surtout dans l'Europe de l'Est. Partout, dans ces pays développés, la migration vers les villes a été une facette de la révolution industrielle. En modifiant le système productif, celle-ci a provoqué une intense redistribution de la population au détriment des campagnes et au profit des centres urbains. Après la Seconde Guerre mondiale, le phénomène a connu un ralentissement progressif en dépit d'un vif mouvement d'urbanisation, car les réserves de main-d'œuvre commençaient à s'épuiser en milieu rural et parce que nombre de ménages pouvaient aller quotidiennement travailler à la ville tout en résidant en milieu rural. Dans le cas de la France, le terme d'exode est particulièrement excessif dans la mesure où les flux campagnes-villes n'ont jamais été intenses. À l'époque de son maximum, entre 1872 et 1931, le flux net annuel a été en moyenne de 125 000 personnes, soit à peu près 5 départs annuels pour 1 000 habitants. Seules quelques régions de montagne comme le sud du Massif central et les Alpes du Sud ont connu un véritable dépeuplement. Aujourd'hui, en France comme dans l'ensemble des pays développés, les migrations rurales vers les villes sont faibles. Elles se poursuivent, mais elles sont compensées par des mouvements en sens inverse du fait de l'étalement des zones périurbaines. Dans la plupart des pays, il y a quasi-équilibre entre ces mouvements. Le cas des pays en développement De nos jours, les migrations massives de ruraux vers les villes concernent avant tout les pays en voie de développement. Le phénomène présente une indéniable analogie, dans ses causes et ses conséquences, avec celui qui s'est produit en Europe occidentale au siècle dernier mais, en raison de la force de la croissance démographique, il a beaucoup plus d'ampleur. Il n'est pas rare, en effet, qu'il y ait 20 ou 30 départs pour 1 000 habitants chaque année, voire plus. Pour l'ensemble des pays en voie de développement, on peut estimer que le flux net en direction des villes est de 18 à 20 millions de personnes chaque année. En Inde, c'est le cas pour près de 3 millions de personnes. Tous ces ruraux viennent grossir la population des villes. L'exode rural représente souvent la moitié de la croissance urbaine totale. Dans de nombreux pays, les centres urbains augmentent au rythme de 4,5 à 6 % par an ; dans certains cas exceptionnels c'est même 8 à 10 %. Comme dans l'Europe du siècle dernier, l'ampleur du phénomène varie beaucoup d'un pays à l'autre, selon la vitesse de la croissance démographique et de la croissance économique. L'exode rural a été très fort en Amérique latine dès l'entre-deux-guerres ; ce fut le cas en Asie orientale, en Asie du Sud et dans le monde arabe dans les années 1960 et 1970 ; c'est aujourd'hui le cas pour l'Afrique noire. Il existe une autre différence importante avec l'Europe du siècle dernier : en dépit de leur importance, les flux dirigés vers les villes n'ont pas entraîné le dépeuplement des campagnes. Ils ont seulement ralenti la progression de la population rurale ou, au mieux, ils l'ont stabilisée. Les causes de l'exode rural Qu'il s'agisse du siècle dernier ou du présent, les analogies sont grandes en ce qui concerne les causes du phénomène. Elles sont fondamentalement économiques. C'est moins la misère des ruraux qui est à l'origine des mouvements que la différence des niveaux de vie entre la campagne et la ville. Lors du processus de développement, les activités secondaires et tertiaires des villes ont des besoins accrus de maind'œuvre, alors que les activités rurales ont une main-d'œuvre en surnombre compte tenu de l'évolution des techniques agricoles et, parfois, de la ruine de l'artisanat rural. Même si le niveau de vie est faible, les perspectives d'emploi sont meilleures en ville. Les structures agraires jouent parfois un certain rôle dans la mesure où elles peuvent inciter les ruraux à partir, notamment quand il y a une forte proportion de paysans sans terre. Des éléments psychologiques interviennent aussi. La comparaison entre campagnes et villes ne se fait pas seulement en termes de niveau de vie, mais aussi de modes de vie et de services offerts, notamment en matière de santé et d'éducation. À ce point de vue, il est indéniable que l'avantage est partout en faveur des villes. En savoir plus sur http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/exode_rural/50492#MsLfwL7Ap6Pzkcmp.99 Les uns fuient le stress. Les autres se plaignent du manque de confort. D’autres encore ne peuvent plus supporter le coût de la vie citadine. Quels que soient leurs motifs, les urbains sont de plus en plus nombreux à quitter la ville pour s’installer à la campagne. Et demain, grâce à la révolution numérique, la grande famille des néoruraux pourrait encore s’élargir, nous dit Jean-Yves Pineau, directeur du collectif Ville Campagne. Vue du célèbre plateau des Millevaches, dans le Limousin, un département qui a su sortir de la crise démographique en attirant les citadins. © Babsy / Wikimedia Tout commence à la fin des années 1960, quand quelques milliers de jeunes urbains, sensibles à l’écologie et rejetant la société de consommation, choisissent de quitter la ville pour s’installer à la campagne. Un retour à la terre qui permet, notamment, l’ouverture des premières coopératives agricoles biologiques. Malgré cette première vague migratoire, les campagnes continuent de se dépeupler. Puis, au milieu des années 1990, une deuxième vague de départs relance l’économie et la démographie des campagnes. Cadres, ouvriers, professions intermédiaires… Ces nouveaux migrants quittent la ville non plus pour des raisons idéologiques mais plutôt parce qu’ils en ont raz-le-bol du stress, du bruit, de la pollution et des autres désagréments de la vie urbaine. Il s’agit, en majorité, de jeunes adultes âgés de 30 à 45 ans, souvent accompagnés de leurs enfants en bas âge, qu’ils souhaitent voir grandir dans un cadre plus naturel que minéral. Souvent, ils s’installent sur un territoire rural lié à leur histoire familiale ou visité régulièrement durant les vacances. À cette « motivation résidentielle » s’ajoute un argument beaucoup plus rationnel : le coût de la vie urbaine. La crise économique a ainsi accentué l’exode urbain, poussant les classes moyennes étouffées financièrement (loyer, école, etc.) à quitter la ville. Le Sud et la côte ouest ont particulièrement la cote. La Bretagne et l’Aquitaine arrivent ainsi en tête des régions les plus attractives pour les migrants actifs, tandis que la région Provence Alpes Côte d’Azur (PACA) attire toujours autant les retraités. Et demain ? La migration va-t-elle se poursuivre ? Les villes françaises risquent-t-elles de se dépeupler ? Les réponses de Jean-Yves Pineau, directeur du collectif Ville Campagne, association nationale fondée en 1998 qui poursuit une triple mission : conseiller les citadins qui souhaitent s’installer à la campagne, accompagner les territoires ruraux qui accueillent de nouvelles populations et travailler avec les pouvoirs publics sur les enjeux que révèle cette nouvelle forme de migration. De plus en plus de Français quittent les villes pour s’installer à la campagne. Peut-on parler d’exode urbain ? « Exode urbain », c’est une formule journalistique. Après, avec 100 000 citadins qui choisissent chaque année de quitter leur ville pour s’installer dans les territoires ruraux, on peut parler de tendance lourde. La principale motivation de ces migrants demeure la qualité de vie. Ils sont à la recherche d’un cadre de vie plus confortable et plus épanouissant. On dit souvent que les Français « votent avec leurs pieds » et c’est assez vrai. Beaucoup ne supportent plus la vie urbaine et, dès qu’ils en ont les moyens, ils quittent le coeur des métropoles pour être plus tranquilles. Mais les motivations qui entraînent les parcours de migration diffèrent. Certains vont vouloir vivre et travailler dans les territoires ruraux quand d’autres entreprennent une démarche purement résidentielle. Pour d’autres encore, cette migration n’est pas choisie mais subie. L’arrivée de ces ex-citadins dans les campagnes a-t-elle permis de relancer la croissance démographique et économique des territoires ruraux ? Oui, très clairement. On s’est aperçu qu’il y a aujourd’hui deux moteurs de développement en France : l’économie dite productive, c’est-à-dire l’agriculture et l’industrie, et puis l’économie résidentielle ou présentielle. De nombreux territoires ruraux ont effectivement profité du renouveau du tourisme ou de la consommation locale pour éviter de sombrer. Certains représentent d’ailleurs une vraie mine d’or et leur potentiel est encore insuffisamment valorisé. L’image de la vie rurale que se font les citadins n’est-elle pas un peu trop idyllique ? C’est vrai, la campagne véhicule encore tout un tas de clichés. En tout cas, aujourd’hui, elle n’est plus synonyme d’arriération. Je remarque qu’il existe tout de même un vrai brassage des sociologies et des modes de vie : aujourd’hui, on peut être à la fois urbain, périurbain et campagnard. Les Français qui quittent les villes pour s’installer à la campagne conservent le plus souvent un mode de vie toujours urbain, sans relation directe avec la terre. Pour qualifier cette population, le sociologue Jean Viard préfère d’ailleurs employer le terme d’« extra-urbains » plutôt que celui de « néo-ruraux », qui nous ramène trop, selon lui, aux communautés des années 1970. En fait, nous vivons dans une société du mouvement, avec une explosion des temps de vie et des mobilités. Résultat : les ponts entre ville et campagne sont de plus en plus nombreux et celui ou celle qui naît en ville ne finit plus forcément sa vie dans cette ville. Quels critères pourraient vous pousser à quitter la ville pour vous installer à la campagne ?