Astrosurf Magazine ASTRONOMIE

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ASTRONOMIE
Astrosurf
Magazine
Numéro 64 Septembre/Octobre 2013
La revue des astronomes amateurs francophones
Test des correcteurs de coma Skywatcher et Kepler
Gérer les détails de vos images avec Photoshop
Amas de galaxies : 3 briques du Grand Mur
Sous le Soleil de Serbannes - 2ème édition
Observatoire Sirene : le ciel pour tous
L'observatoire de l'ancien four à pain
NGC 7814 vue par Marc Jousset
Stellarzac à la plume et au crayon
Pourquoi j'aime les mosaïques
Hommage à Pierre Bourge
Test du Kepler 250/4
CROA : NGC 253
Vues sur la Lune
Un club triple A
Le Scorpion
Photo : Cyprien Pouzenc
Vues du Pic
64
Prix : 6 euros
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Astrosurf
Editorial
Magazine
Astrosurf-Magazine
5 allée du Bosc
31470 Saint-Lys
Tél. : 05.34.47.10.20
E-mail : [email protected]
Web : magazine.astrosurf.com
Bulletin d'abonnement : page 74
La "une" d’Astrosurf Magazine (la couverture)
est illustrée d’une photo ou d’un dessin parfois
en relation avec un article du magazine, parfois
sans lien aucun. Dans ce dernier cas c’est juste
le plaisir de publier une belle image découverte
au hasard de consultations sur internet qui
nous guide. Alors forçons ce hasard et invitons
nos lecteurs à nous faire parvenir des images
illustrant notre passion : corps célestes,
instruments, paysages sous les étoiles,
ambiance
nocturne
sur
les
sites
d’observation… Vous pourrez ainsi décrocher
la "une".
La Rédaction
Directeur de Publication :
Jean-Philippe Cazard
Email : [email protected]
Rédacteur en Chef :
Christian Sanchez
Email : [email protected]
Astrosurf-Magazine est édité par :
Photo René Loctin
Axilone, Sarl au capital de 7622 euros
5, Allée du Bosc
31470 Saint-Lys
RCS Toulouse 419 630 488
Dépôt légal à la date de parution
CPPAP : 1015 K 83637
En couverture
Encart :
Un bon de souscription pour
l'ouvrage Astrodessin est encarté
dans le présent numéro.
Annonceurs et partenaires :
Meade France : page 2
Ciel en Fête : page 13
Optique Unterlinden : page 19
Astrodessin : pages 26 et 27
Promo-Optique : page 28
Teleskop-Service : page 28
Cosmodiff : page 33
Oversky : page 33
AMDS : page 41
Optique et Vision : page 47
Airylab : page 47
Maison de l’Astronomie : page 53
Skyvision : page 75
Association AIP : page 75
Médas : page 76
Ont collaboré à la réalisation de
ce numéro :
Maïcé
Prévost,
Marie-Hélène
Desmoineaux, Marie Bignone, Serge
Bertorello, Fabrice Morat, Jean
Schwaenen, Eric Tinlot, Frédéric Jabet,
Guillaume Cannat, Nicolas Outters,
Serge Tedesco, Cyprien Pouzenc, René
Loctin, Norma Desprez, Jean-Pierre
Brahic, Marc Delcroix, François Colas,
Christian Viladrich, Gérald Rousseau,
Marc Jousset, Lionel Mulato, Hélène
Legueil, Association AstroAspach
Photo Cyprien Pouzenc.
A paraître
Astrodessin - Observation & dessin en astronomie
Sortie Novembre 2013
Informations et souscription : www.astrodessin.com
Impression
Onlineprinters GmbH
Rudolf-Diesel-Strasse 10
91413 Neustadt a. d. Aisch
Allemagne
Se terminant à l’aube avec un fond de ciel
lumineux, ce filé d’étoiles a été réalisé au
travers du cimier de la coupole du T635 de
l’observatoire Sirene. Le hasard de la
programmation des couvertures du magazine
associe les couleurs tricolores dominantes sur
cette image à l’hommage rendu à Pierre
Bourge qui oeuvra au renouveau de
l’astronomie amateur française.
Appareil photo numérique Canon EOS 600D
avec objectif Canon EF-S 10-22 mm USM utilisé
à 11m à f/4,5. Compositage de 90 poses de 30
secondes à 1600 ISO.
3
6
Le ciel en sept. 2013
Retrouvez l'actualité du ciel
du mois de septembre 2013
Astrosurf-Magazine N°64
14 Hommage à Pierre Bourge
IN MEMORIAM
8
Astro-notes
Nuits étoilées d'Auvergne,
Planck à Nantes, La Prairie des
Filtres, Spectro au Balcon,
Quand le courant passe...
10 Actualité cométaire
Quatre belles chevelues sont au
programme de ce bimestre.
par Eric Tinlot
Vortex solaire
32
Incroyable image du Soleil en
Halpha par Jean-Pierre Brahic
36
Vues du Pic
Saturne, Uranus et Neptune vues
par le T1m du Pic du Midi
Serge Tedesco
Pierre est parti dans les étoiles, lors d'un solstice d'été, rejoindre
Agnès sa bien-aimée. Un vent de nostalgie souffle depuis dans le
Lauragais.
20 Observatoire Sirene : le ciel pour tous
OBSERVATOIRES
Cyprien Pouzenc
Cela fait déjà douze ans que
l’observatoire a ouvert ses coupoles
sous le beau ciel de Provence.
28 Test du Kepler 250/4 et correcteurs
INSTRUMENTS
de coma Skywatcher et Kepler
Frédéric Jabet
37 Ciel à la carte
Après le Skywatcher testé dans l’avant dernier
numéro, partons à Taiwan chez GSO pour tester
un Kepler 250/4. Nous en profitons aussi pour
tester deux nouveaux correcteurs de coma
fortement attendus par les amateurs en deuil
du Paracorr type 1.
Notre sélection d'objets du ciel
profond, à découvrir ou redécouvrir.
46 Vues sur la Lune
Rimae Hadley par Christian Viladrich
52
CROA : NGC 253
NGC 253 la grande galaxie du
Sculpteur, observée et dessinée par
Fabrice Morat.
72 Le ciel en oct. 2013
Retrouvez l'actualité du ciel
du mois d'octobre 2013
34 Sous le Soleil de Serbannes 2
RENCONTRES
è
Norma Desprez
édition
35 participants, 3 nationalités, 25 instruments et 9 catégories
optiques. Les marques solaires : Daystar, Coronado, Lunt, Beloptik,
Baader SolarSpectrum, APM, Baader Planétarium, Shelyack
Instruments, Valméca …
42 Gérez les détails de vos images avec
N
O
U
V
EA
U
TRAITEMENT D'IMAGES
Photoshop
Nicolas Outters
Apprenez à mieux gérer les détails d'une
image et à les accentuer tout en évitant
quelques pièges classiques du traitement
d'image.
48 L'observatoire de l'ancien four à pain
OBSERVATOIRES
Gérald Rousseau
Avec le CD du Texereau offert sur :
www.astroshopping.com
En 2004 j’ai commencé à aménager mon propre observatoire dans
un ancien four à pain. Dix mois plus tard, je faisais mes premières
observations à l’intérieur.
4
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
Septembre/Octobre 2013
54 Le Scorpion
CIEL PROFOND
Fabrice Morat
Si tomber nez à nez avec un scorpion au
détour d’un sentier crétois reste un
évènement rare, tenter d’observer son effigie
céleste la nuit est presque à la portée de tous.
58 Pourquoi j'aime les mosaïques
ASTROPHOTOGRAPHIE
Guillaume Cannat
Photographier le ciel avec un APN est de plus en plus facile, mais
vous pouvez améliorer la qualité de vos images en réalisant des mosaïques.
60 NGC 7814 vue par Marc Jousset
CIEL PROFOND
Marc Jousset
En automne, dans la constellation de Pégase, se cache
une galaxie dont l’avatar est une véritable star du
printemps...
62 Amas de galaxies : 3 briques du
CIEL PROFOND
Grand Mur
Lionel Mulato
Abell 1367, 2151 et 1634 : trois amas de
galaxies qui vont nous permettre d'appréhender la structure de notre Univers.
66 Stellarzac à la plume et au crayon
CIEL PROFOND
Hélène Legueil
J'ai récidivé ! Il y a des trucs dans lesquels il ne
faut pas mettre le nez : le bac de glaces, le paquet
de Dragibus, la plaquette de chocolat... et bien le
plateau du Larzac, ce gîte astro perdu au milieu
de nulle part, le T1000 et l'accueil fantastique de
Frédéric Géa, c'est le même combat !
70 Un club triple A
VIE DES CLUBS
Association AstroAspach
Nombreux sont les visiteurs qui, à la recherche
de notre observatoire, passent deux fois devant
celui-ci avant de le trouver. Suivez le guide !
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
5
Le Guide du Ciel
Les instruments
& le guide de l'astronomie de loisir
Vous envisagez, dans un avenir plus ou
moins proche, de vous équiper pour
observer le ciel. Votre première
dépense sera de 18 euros: le coût du
petit ouvrage concocté par Guillaume
Cannat et consacré aux instruments et à
l'astronomie de loisir.
Avec Le Guide du Ciel, recueil annuel
d'éphémérides, vous savez quoi
observer au fil des nuits qui passent. Ce
complément vous précise comment vous
équiper pour observer. La partie
"instruments" est consacrée à un vaste
panorama des lunettes, télescopes et
autres paires de jumelles proposées
dans le commerce. Avant de dresser ce
panorama l'auteur explique le minimum
nécessaire pour acheter le bon
instrument. Comme insiste l'auteur, le
bon instrument ne sera pas forcément le
plus gros, le plus cher. Le bon instrument
sera celui qui vous conviendra le mieux
pour mater les étoiles : au préalable il
vous faudra bien vous connaître et
définir votre projet avec précision avant
de vous lancer dans un achat coup de
coeur qui finira dans un coin...
Occupant un tiers de ce Guide, la
partie astronomie de loisir recense par
ordre alphabétique, d'actualités à
zodiaque une foultitude de
renseignements pour vous faciliter
grandement la vie d'astronome amateur.
Bref! Votre premier instrument
d'astronomie sera ce Guide du ciel
disponible dans toutes les bonnes
librairies.
Le ciel en septembre 2013
A voir ou à savoir
Dimanche 1er
00:25 Maximum d’activité de l’essaim
des Alpha Aurigides
Jeudi 5
13:36 Nouvelle Lune
Vendredi 6
05:59 Rapprochement entre Vénus
et Spica
Dimanche 8
16:01/17:17 Occultation de 67-alpha
Vir, Spica, (mv = 0,98)
18:23 Rapprochement entre Mars et
M 44
Lundi 9
09:07 Maximum d’activité de l’essaim
des Perséides de septembre.
Mercredi 11
22:11/23:12 Occultation de 4-psi Oph
(mv = 4,48)
Jeudi 12
19:08 Premier Quartier
Samedi 14
17:52 Opposition de l’astéroïde 324
Bamberga avec le Soleil
20:45/21:02 Occultation de 44-rhô1
Sgr (mv = 3,92)
Dimanche 15
18:34 La Lune au périgée
Mardi 17
21:13 Rapprochement entre la Lune
et Neptune
Mercredi 18
17:46 Rapprochement entre Vénus
et Saturne
Jeudi 19
13:13 Pleine Lune
Samedi 21
01:59/03:06 Occultation de 71-epsilon
Psc (mv = 4,27)
Dimanche 22
22:44 Équinoxe d’automne
Mercredi 25
03:00 Mercure à son aphélie
20:17 Opposition de l’astéroïde 89
Julia avec le Soleil
Vendredi 27
05:56 Dernier Quartier
20:17 La Lune à l’apogée
Vers la mi-septembre, la nuit noire dure une huitaine d'heures sous nos latitudes
contre une douzaine d'heures pour la simple nuit (période comprise entre le
coucher et le lever du Soleil). C'est durant la nuit noire, et en l'absence de toute
gêne lunaire, que l'on observe le mieux les objets du ciel profond.
Les planètes visibles à l'oeil nu quant à elles sont à rechercher dans le crépuscule
du soir pour Vénus et Saturne; en seconde moitié de nuit pour Jupiter et Mars.
Le couple planétaire du matin reçoit une belle visiteuse très attendue : la comète
Ison !
Quant à Mercure son apparition au-dessus de l'horizon ouest-sud-ouest passera
totalement inaperçue, la planète demeurant noyée dans les dernières lueurs du
couchant.
ISON, la comète de l'automne
Brillant très près l'une de l'autre à la fin juillet dernier, Mars et Jupiter se sont
éloignées au fil des nuits d'été, la planète géante se levant à la fin du mois trois
heures avant la planète rouge. Vers la fin de la première décade le lever jovien
6
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
Ephémérides données en temps légal (TU+2 heures)
et établies pour un site d'observations
de coordonnées 47°nord et 3°est.
Illustrations tirées du
Guide du Ciel 2012-2013
(sauf frise lunaire )
Satellites de Jupiter
franchit la barre symbolique du minuit T.U. (2 heures du matin à nos montres).
La planète gazeuse se repère aisément dans les Gémeaux avec sa magnitude de
-2,2. A l'oculaire, le classique ballet de ses quatre principales lunes agrémente
les observations au fil des nuits. Au matin du 28 septembre, de 2h44 à 2h48, les
ombres de Io et d'Europe sont perceptibles sur les hautes couches nuageuses de
la planète.
Mars brille dans le Cancer, avant de gagner en fin de mois le Lion. Elle n'offre
qu'un minuscule disque de 4,4" de diamètre apparent. Seul le déplacement de ce
point rougeâtre (de magnitude de l'ordre de 2) mérite d'être suivi sur le fond
étoilé. Une paire de jumelles se révèlera utile les 8 et 9 septembre pour suivre sa
traversée de l'amas ouvert de la Crèche.
Mars servira également à repérer la comète ISON qui se déplace sur le firmament
de conserve avec la planète rouge. L'éclat de la comète, alliée à une petite taille
apparente, devrait vous contraindre à utiliser un 200 mm au minimum pour la
discerner sur le fond noir du ciel.
Duel au couchant
La bande dessinée Lucky Luke se termine traditionnellement par le cow-boy
solitaire, sur son fidèle Jolly Jumper, se dirigeant vers un soleil couchant tout en
fredonnant sa chanson... Début septembre le célèbre tireur d'élite du Far West,
en s'orientant vers l'ouest-sud-ouest, appréciera, le Soleil une fois couché, le
rapprochement de Vénus et de Saturne. En premier se déroulera le
rapprochement de Vénus et de Spica, l'étoile principale de la Vierge, à compter
du 5. Le 8, un mince croissant de Lune viendra s'intercaler entre l'étoile et la
brillante planète. Le lendemain, le croissant lunaire brillera au sud-est de
Saturne, tandis que Vénus sera sur le point de disparaître sous l'horizon.
I'm a poor lonesome cow-boy and a long long way from home...
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
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J'ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ;
des chaînes d'or d'étoile à étoile, et je danse.
Arthur Rimbaud - Les Illuminations
Astro Notes
Nuits étoilées d'Auvergne
Créées dans le foisonnement de manifestations initiées par l'année mondiale de
l'astronomie de 2009, les Nuits étoilées d'Auvergne ont connu une deuxième édition
en 2011 et une troisième se profile pour le prochain premier week-end d'automne.
Organisée par un collectif d'associations d'astrams (le CARA) la manifestation
se déroule sur deux jours et demi, le
demi concernant le vendredi aprèsmidi dédié aux scolaires fraîchement
rentrés. Les deux autres jours du weekend sont à destination des amateurs
avec le panel classique d'activités
proposées en la matière : ateliers,
lancements de fusées à eau,
conférences, observations avec des
instruments les plus variés, jeux,
stands des clubs organisateurs...
Une dizaine de "pôles" permettront au grand public de se familiariser avec
certains thèmes de la science des astres. Une vingtaine de conférences sur divers
sujets seront organisées, Guillaume Cannat donnera une conférence sur la
comète ISON. Point d'orgue de ces Nuits étoilées d'Auvergne : une liaison radio sera
établie avec l'ISS lors d'un de ses passages observables.
Pour partager la passion du ciel avec les astronomes amateurs de la région
Auvergne, et d’autres régions de France, rendez-vous les 28 et 29 septembre
2013 à La Mouniaude, Chatel-Guyon, Puy-de-Dôme (45°55'07" N - 3°04'28" E).
Renseignements sur le site du CARA : www.astronomie-auvergne.fr
8
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
Planck à Nantes
La Société d’Astronomie de Nantes inaugure son cycle de conférences 20132014 le vendredi 18 octobre 2013 à 21 heures. Les premiers résultats
cosmologiques de la sonde Planck seront exposés par François Bouchet (Institut
d’Astrophysique de Paris) dans la salle Le Bretagne (23 rue Villebois-Mareuil, 44000
Nantes)
Lancé en 2009, Planck a livré en 2013 les premières cartographies en haute
résolution millimétrique du ciel, qui ont affiné l’anisotropie du fond cosmologique,
révélant d’infimes variations du rayonnement fossile, empreinte des
fluctuations primordiales à l’origine des grandes structures de l’Univers, avant
qu’il ne devienne transparent. Ces résultats ont permis d’améliorer les modèles.
Planck a modifié la vision de la répartition de la matière (usuelle, matière et
énergie noire) et ses dérivées (taux d’expansion, courbure de l’espace).
www.san.asso.fr
La Prairie des Filtres
Spectro au Balcon
Que Fabrice Morat, grand initiateur à
l'utilisation des filtres, se rassure :
nullement question de semer ses
précieux auxiliaires d'observation.
Cette Prairie des Filtres est
toulousaine et tire son nom du filtrage
des eaux de la Garonne. L'usine des
eaux a quitté les lieux depuis belle
lurette mais le nom est resté pour
devenir emblématique d'un lieu festif
de la ville rose. C'est sur cette partie
herbeuse de Toulouse que se déroulera
une soirée d'observations (avec filtres
colorés éventuellement) organisée le
samedi 28 septembre dans le cadre de
Ciel en fête 2013.
La spectroscopie constitue un outil
essentiel pour décoder les rayons de
lumière qui nous proviennent du
cosmos. Aussi l'association des
Pléiades (Latrape, Haute Garonne)
organise un stage de découverte et
d'initiation à la spectro, stage animé
par David Antao, diplômé en
astrophysique et grand vulgarisateur
de spectres stellaires.
Le stage se déroule les 12 et 13 octobre
au Balcon des Etoiles, 31310 Latrape,
au prix de 250 euros
Renseignements, programme et
inscriptions :
[email protected]
Quand le courant passe...
entre astronomes amateurs photographes ! Dans notre précédent numéro nous
avions publié une photo de Damia Bouic sur la conjonction entre Jupiter, Mercure
et Vénus prise au travers d'un pylône électrique. Jean-Baptiste Feldmann nous
a fait parvenir une image de la même conjonction du 25 mai prise d'un endroit
tout à fait différent au travers d'une ligne à haute tension.
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
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Observation
Quatre belles chevelues sont au programme de ce bimestre : 2P/Encke, 154P/Brewington,
C/2012F6 (Lemmon) et C/2012 S1 (Ison), cette dernière méritant d'être surveillée de près
car son éclat pourrait nous réserver quelques surprises.
Actualité cométaire
Eric Tinlot
C/2012 S1(ISON)
Carte de champ et éphémérides de C/2012 S1(ISON)
LEXIQUE
Date : Date pour laquelle les paramètres sont calculés à
0h00 Temps Universel
RA : Ascension Droite
Dec : Déclinaison
Δ : Distance Terre-Comète (U.A.)
r : Distance Comète-Soleil (U.A.)
Elong.: Elongation ou Angle Terre-Soleil-Comète
Phase : Angle de Phase de la comète
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Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
C/2012 F6 (Lemmon)
Carte de champ et éphémérides de C/2012 F6 (Lemmon)
154P/Brewington
Carte de champ et éphémérides de 154P/Brewington
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
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2P/Encke
Cartes de champ et éphémérides de 2P/Encke
Tableaux de visibilité
Les cartes de champ de cet article ont été réalisées
avec le logiciel PRiSM.
12
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
13
In Memoriam
Pierre est parti dans les étoiles, lors d'un solstice d'été, rejoindre Agnès sa bien-aimée. Un vent de
nostalgie souffle depuis dans le Lauragais. Je me sens soudain habité par le devoir de mémoire en
repensant à mes premiers pas en astronomie depuis la création de mon club en 1976.
Hommage à Pierre Bourge
Serge Tedesco
La tâche n'est pas aisée tellement son œuvre est riche. En
plongeant dans ma bibliothèque j'ai retrouvé divers
documents susceptibles de m'aider. Je vous invite à ouvrir
avec moi mon album de souvenirs astronomiques.
Ciel & Fusées
Bien avant la création de mon club, j'ai eu entre les mains
au début des années soixante-dix, un exemplaire de Ciel &
Fusées, donné par le père d'un ami (figure 1). Dans ce numéro
était expliqué comment photographier la Lune avec une
modeste lunette (figure 2). Les cratères lunaires étaient donc
à la portée de l'astronome amateur au moment où l'homme
marchait sur la Lune. Je peux dire que ma vocation a pu
naitre à ce moment-là.
Association Française
d'Astronomie
2. Article de Pierre, sur la
photographie de la Lune
1. Ciel et Fusées N°109
Pierre crée cette association en 1971 avec comme objectif
de donner au plus grand nombre l'envie et les moyens de
pratiquer l'astronomie. De nombreux galas virent le jour
avec des échanges très fructueux entre astronomes
amateurs (figure 3).
Le premier rassemblement entre amateurs et professionnels
s'est tenu à Nançay en septembre 1979 sous l'impulsion de
Pierre.
Je conserve toujours les "réponses Flash" envoyées par
l'AFA, toujours bien détaillées avec le souci du détail et de
la précision afin que le lecteur comprenne bien.
Ciel et Espace
Formidable vecteur de
communication, Pierre crée
la revue Ciel et Espace en
1971 (figure 4). Elle était
résolument tournée vers les
amateurs
avec
de
nombreux articles sur les
instruments
et
les
observatoires réalisés par
les amateurs. Il y restera le
directeur pendant dix ans
4. Ciel et Espace, créée en
jusqu'à son éviction en
1971 par P. Bourge
novembre 1981.
Nota : Mon club d'astro a
bénéficié d'un abonnement gratuit à sa création. Un de mes
croquis solaires avait été publié en 1977 à la plus grande
joie des membres du club.
Aniane
A partir de septembre 1977, l'AFA va posséder son
observatoire national à Aniane sur la colline de la Lauze.
Trois coupoles ont été construites avec un bâtiment servant
de laboratoire photo et de laboratoire d'optique. De
nombreux stages y ont été dispensés pour le bonheur de
14
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
5 et 6. Articles sur l'observatoire d'Aniane
tous et sous un ciel magnifique. Le site devient très vite la
capitale estivale des astronomes amateurs. Il va compter
jusqu'à sept coupoles avec des instruments de 210 à 410
mm dont un schmidt de 310 (figure 5 et 6).
Situé à quelques encablures de mon lieu de vacances, c'est
là que j'ai rencontré Pierre pour la première fois en 1980.
Après l'abandon du site après une vingtaine d'années
d'activité et son pillage, il revit aujourd'hui une seconde
jeunesse pour le bonheur de tous (voir liens).
Astro Ciel
Pierre crée cette revue en 1985 et la portera à bout de bras
jusqu'en juin 1995. Il savait prodiguer des conseils en raison
de son expérience dans les domaines de la conception et de
la réalisation d'instruments. De nombreux articles
montraient en détail le travail d'astronomes chevronnés.
J'ai d'ailleurs conservé le dernier numéro N° 55 (figure 7)
Triptyque magique
Trois ouvrages, écrits ou co-écrits par Pierre, ont longtemps
été des références pour les astronomes amateurs. Il s'agit
de A l'affût des étoiles co-écrit avec Jean Lacroux (1969), La
photographie astronomique d'amateur co-écrit avec Jean
Dragesco & Yvon Dargery (1977) et Mon télescope & mon
observatoire, pourquoi pas ? Co-écrit avec Jean-Marc Becker
(1984). Ces livres ont permis à de nombreux amateurs de
concevoir leur instrument et de se lancer dans
l'astrophotographie (figures 8, 9 et 10).
7. Astrociel N°55
Carte du ciel et Miniciel
Ces deux outils très bien conçus ont été pour tous des outils
indispensables pour la connaissance et la lecture du ciel
(figure 10).
8, 9 et 10. Les trois ouvrages qui ont longtemps été des références pour les astronomes amateurs
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
15
Newton "de type Pierre Bourge" va naître. La monture,
inspirée par l'ouvrage de Texereau, à base d'un roulement
de 2 CV et entrainée par un secteur lisse, est fiable et robuste.
Pierre Bourge, voyant passer une 2CV, s'était un jour exclamé
: «Tiens ! Voilà quatre télescopes qui passent !». De
nombreux télescopes de ce type verront le jour au sein des
clubs d'astronomie.
Chasseur d'éclipses
Pierre va parcourir le monde de 1954 à 2006 en passant par
la Suède, Canaries, Grèce, Lybie, Kenya, Inde, Sibérie, Java,
Maroc, Nouméa, Philippines, Finlande, Nouvelle Zélande,
Hawai, Pérou, Mongolie, Guadeloupe, Zambie, Espagne,
Egypte. Il est le détenteur du record français des observateurs
d'éclipses de Soleil avec 26 déplacements dont le tour du
monde en avion à l'occasion de l'éclipse annulaire du 15
11. La carte du ciel réalisée par Pierre Bourges, qui a permis à janvier 1991. Il racontera ses expériences d'observateur
d'éclipses en 1999 dans son superbe ouvrage Chasseur
de nombreux astronomes amateurs de connaitre le ciel
d'éclipses (figure 15)
Batisseur de génie
CROA du 9 octobre 1933
Pierre a construit son observatoire sur la maison paternelle
en 1957 en installant une coupole de 3 mètres et une trappe
de 1 mètre de largeur. Le télescope est de type cassegrain de
400 mm sur une monture équatoriale dont l'axe polaire
provient d'un moyeu de char détruit en 1944. Un système
permettant de filmer les éclipses de Lune à partir d'un
objectif américain et une caméra 35 mm y sont fixés. Le
système d'entrainement en ascension droite est un vrai
travail d'orfèvre. Il est constitué notamment de pièces de
"Meccano" (figures 12 et 13)
L'observatoire de Saint-Aubin de Courteraie sera accessible
aux visiteurs lors par exemple du week-end de la Pentecôte.
Extrait de la page 185 du livre Enfants terribles du cosmos :
"J'avais douze ans lorsque s'est produite la pluie d'étoiles filantes du
09 octobre 1933. Ce phénomène astronomique exceptionnel, aussi
grandiose qu'impressionnant n'a fait qu'aiguiser ma curiosité envers
le spectacle du ciel. Il était environ 21 heures et je venais de me coucher.
Mon père conduisait le cheval dans un herbage très proche de la ferme
lorsque son attention fut attirée par deux météores successifs, ce qui lui
sembla pour le moins inhabituel. Après avoir lâché le cheval, il regarda
le ciel, il vit encore plusieurs météores. Sur le chemin du retour, il en vit
d'autres et ainsi, de plus en plus. Arrivé à la maison, il vint dans ma
chambre pour me dire : «il se passe quelque chose d'anormal dans le
ciel, si tu veux venir voir... » En quelques instants, je fus dehors et, en
compagnie de mes parents, j'assistais à un grandiose feu d'artifice,
d'autant plus impressionnant qu'il était silencieux. Des dizaines de
Télescope de 200mm
météores semblaient émaner de la région Est du ciel, proche du zénith ;
Très vite, son livre Mon télescope & mon observatoire, ils se dispersaient en éventail vers l'Ouest. Le spectacle dura environ
pourquoi pas ? va faire des émules et le standard télescope deux heures, à raison de 200 météores par minute, au moment du
12 et 13. L'observatoire de P. Bourge, construit sur la maison paternelle, avec un
télescope Cassegrain de 400mm de diamètre
16
14. Un télescope "de type P.
Bourges" de 200mm
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
Philosophe
15. Eclipse totale de Soleil du 11 août 1999 à Hawaï
maximum d'intensité. Très intrigué par ce phénomène, ainsi que mes
parents, j'appris par les journalistes, les jours suivants, que la Terre
venait de croiser les poussières et débris d'une comète. Mais, ce n'est
que plus tard que je compris que notre planète, dans son mouvement
autour du Soleil recoupe périodiquement l'orbite de la comète
Giacobini-Zinner. Ce soir-là les poussières de cette comète avaient
pénétré à grande vitesse dans l'atmosphère terrestre, pour s'y
consumer, en nous offrant ce spectacle naturel. Je pénétrais ainsi
progressivement dans le domaine étrange et fascinant de
l'astronomie."
Homme aux mille setups
Pierre avait la capacité de concevoir son matériel,
totalement adapté aux objectifs fixés. Il savait prodiguer
des conseils toujours pertinents à ceux qui comme lui,
voulaient fabriquer telle ou telle monture. Voici des
exemples parmi tant d'autres qui permettent de
photographier des éclipses de Soleil (figure 16) ou de filmer
les protubérances solaires (figure 17) et enfin sa toute
dernière monture (figure 18).
En 2009, il écrit Enfants
terribles du Cosmos, le
livre qui dérange (Editions
Amalthée) dans lequel il
porte un regard sur le
monde et la place des
humains (figure 19). En
dernière page, on peut y
lire :
"La
fantastique
et
majestueuse Voie Lactée
embellie par la scintillation
des étoiles s'estompe au fil des
19. Enfants terribles
années à cause de la pollution
du cosmos
lumineuse engendrée par
l'Homme. Ainsi, dépourvue de ces repères fondamentaux, la pensée
de l'Homme s'égare. Oublieux, il devient un étranger à l'Univers
alors qu'il en est partie intégrante corps et âme."
Astéroïde N°13674
La communauté scientifique lui rend hommage en
nommant un astéroïde à son nom le 29 mars 2000
(découvert le 30 juin 1997 à l'observatoire de la Côte
d'Azur au centre de surveillance des astéroïdes de
Caussols).
Extrait de la publication :
"On lui a donné le nom de Pierre Bourge (né en 1921), astronome
amateur français et popularisateur d'astronomie. Pierre fonda en
1945 une association d'astronomie et une revue qui allaient devenir
plus tard l'Association Française d'Astronomie et son magasine
Ciel et Espace. Observateur passionné d'éclipses totales de Soleil
et constructeur de télescopes, il a été l'inspirateur d'une génération
entière d'astronomes amateurs et d'amateurs devenus
professionnels."
16, 17 et 18. Divers instruments et montures conçus par Pierre Bourge
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
17
Euroastro
Pour terminer cet hommage, je voulais
mettre à l'honneur tous ceux qui
oeuvrent à la popularisation de
l'astronomie dans la pure tradition de
l'héritage laissé par Pierre. Et plus
particulièrement Régine et Stéphane
avec les rencontres Euroastro où Pierre
fut présent de nombreuses fois (figure 20
et 21)
Prochaines publications
Son tout dernier livre devrait sortir
prochainement ainsi qu'un DVD intitulé
Il était une fois Pierre Bourge, interview
réalisée par François Kronenberger.
Merci à tous ceux qui m'ont aidé de près
20 et 21. Pierre Bourge, photographié lors de rencontres Euroastro où il fut souvent
ou de loin à l'écriture de cet hommage.
présent.
Je dédie cet article aux enfants de Pierre
et à tous ses proches. Je leur souhaite bon
courage pour le futur.
L'auteur
Serge Tedesco
Mon observatoire
(Observatoire
Lauragais Maurice
Mary) a vu le jour, il
y a peu, après avoir
restauré
une
monture des années
60 (ci-contre). Je me
passionne en ce
moment pour la spectroscopie. Au sein
de mon club Neptunion31 ou dans des
ateliers scientifiques dans les lycées, je
transmets ma passion aux nouvelles
générations. J'ai aussi plaisir à retrouver
mes amis astronomes amateurs sous le
ciel noir du Lauragais ou sur la terrasse
du Pic du Midi.
Email : [email protected]
Crédits photos
Sur le net
http://www.astrosurf.com/saf/news/PIERRE_BOURGE.html
4, 5, 6 et 12 : Ciel & Espace
http://www.le-perche.fr/13703/pierre-bourge-astronome-amateur-sest-eteint
13 : page 6 d'A l'affût des étoiles
http://www.le-perche.fr/13705/pierre-bourge-a-retrouve-ses-etoiles
14 : Luc Arnold
http://bourge.pagesperso-orange.fr/pierre
15-22 : Serge Tedesco
http://www.astrosurf.com/clubapbourge
17 : page 214 d'Enfants terribles du http://www.dailymotion.com/video/x8ppw6_bourge_people
Cosmos
http://www.dailymotion.com/video/xajcy4_l-odyssee-de-la-160_webcam
18 : Arnault Legoubé
http://www.observatoire-aniane.com
20-21 : Stéphane Hillaire
http://ol2m.astrosurf.com/RCE2010/RCE2010-TEDESCO-OL2M
18
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
19
Observatoires
Cela fait déjà douze ans que l’observatoire a ouvert
ses coupoles sous le beau ciel de Provence.
Observatoire Sirene : le ciel
Cyprien Pouzenc
Dès le départ, tous les curieux d’astronomie purent s’y
sentir à l’aise : nous ne privilégiions aucun public. Ni
observatoire de mission, ni repère d’amateurs pointus
ou foire au débutant en culotte courte, nous n’étions là
que pour permettre l’accès au ciel à chacun. Je vous
propose par cet article une rétrospective rapide de ces
douze années passées sous le Soleil du Midi ainsi qu’un
point sur l’état actuel de nos projets. Quelques retours
d'expérience d'utilisateurs réguliers du site compléteront
mes propos.
Au coeur du Luberon
L’observatoire est installé sur les hauteurs des monts de
Vaucluse, dans le parc naturel régional du Luberon. Plus
précisément, nous résidons sur l’une des dix-huit
anciennes zones de lancement de missiles nucléaires du
plateau d’Albion. Au printemps 2001, lorsque nous
prenons possession des lieux, les militaires ne sont partis
que depuis peu. Arrivés à onze cent mètres d’altitude,
après avoir gravi les étroits lacets depuis Apt, l’ambiance
est étrange. La route, alors large et entretenue, est bordée
de zones militaires grillagées et barbelées, abandonnées.
Les habitations sont quasi-inexistantes, la nature est
entière. Alliée à la transparence d’un ciel de montagne et
à l’enivrante odeur de lavande, la vue imprenable sur le
mont Ventoux, le massif des Écrins et les prairies
environnantes rend le paysage envoûtant.
Sirene est une association loi 1901 qui gère l’observatoire.
Le lieu appartient à la commune de Lagarde d’Apt et le
matériel d’origine à la communauté de communes du
pays d’Apt qui est le maître d’ouvrage du projet. Passé
cet important investissement financier initial, nous
vivons sur le seul revenu de nos prestations. Malgré les
allées et venues des membres dans l’association, nous
n’avons que rarement dépassé la vingtaine de bénévoles.
En effet, le mode de fonctionnement n’est pas celui d’un
club. L’objectif premier n’est pas de profiter des
installations mais de les tenir à disposition des visiteurs.
Sorti de l’animation de soirées d’observations, de visites
de jour ou de l’accompagnement d’amateurs, le quotidien
d’un « sirénien » est beaucoup moins céleste. Il se résume
plutôt à l’entretien du matériel, des réseaux locaux
(électriques ou informatiques), et à jouer de la disqueuse,
perceuse, pelle, pioche, fer à souder et apéro. Le tout dans
une ambiance évidemment exécrable sous le joug d’une
directrice tyrannique.
20
Didier Plassard et moi-même avons installé une coupole
à Sirene depuis 2010 et nous ne regrettons pas notre
investissement. A l’époque, nous cherchions un site
exceptionnel loin de toute pollution lumineuse et surtout
avec une possibilité de maintenance sur place et des
installations électriques et internet évoluées.
Solange et toute son équipe de Sireniens sont aux petits
soins pour nous. C’est une grande famille là-bas, on s’y
sent bien, l’accueil est vraiment le point fort de cette
association.
Même si notre objectif est de commander notre télescope
à distance, revenir sur place est toujours un vrai moment
de convivialité et de retrouvailles devant une bonne
bouteille et un bon repas.
Nicolas Outters et Didier Plassard
Observatoire Castor Sirene
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
l pour tous
Page ci-contre, une circumpolaire de sept heures pour illustrer la
qualité du ciel au-dessus de l'observatoire Sirene.
Ci-dessus, vue d'une partie des installations de Sirene, dans la
douceur d'un jour finissant, avec en premier plan la coupole
ouverte du télescope de 635 mm de diamètre.
Sirene est un endroit merveilleux pour l’astronomie. Mais
ce n’est surement pas uniquement parce que le ciel y est
si souvent superbe. Certes il m’arrive de m’extasier
devant la pureté de la nuit, même perçue uniquement à
travers l’écran de mon ordinateur depuis Orléans, à plus
de 500 km à vol d’oiseau du plateau d’Albion. Mais ce
qui en fait aussi un site étonnant, ce sont les rapports
humains qui y sont attachés. Le contraste entre la
brutalité monstrueuse de ce silo à missiles nucléaires,
ayant eu une capacité de mort effroyable, et la gentillesse,
la passion, la compétence de l’équipe de Sirene est tout à
fait étonnant.
Le 17 janvier 2010, je suis allé pour la première fois à
Sirene, à la fin d’un stage AIP à St Michel l’Observatoire,
avec l’idée d’y installer une coupole, voisine de celle de
Nicolas et Didier, afin de partager joies et galères
prévisibles. Les routes étaient enneigées. Damien Elisei
me guidait. Arrivé à Lagarde, à la tombée de la nuit, il y
avait entre 50 et 80 cm de neige sur la route. Mais l’accès
à la ZL 1.2 n’était pas dégagé par les chasse-neiges. Et
pourtant j’ai pu garer ma voiture devant la yourte.
Solange avait dégagé à la pelle la centaine de mètres pour
me faire bon accueil. C’est ça l’esprit Sirene.
Un T 635 pour débuter
Le matériel était originellement constitué d’un télescope
Cardoen de 635 mm de diamètre résidant dans une
coupole flambant neuve, d’un dobson Meade de 400 mm,
d’un Newton Vixen de 200 mm sur monture GP et d’un
coronographe Cardoen de 107 mm. Installés sur la dalle
en béton de neuf mètres d’épaisseur chargée en son temps
de protéger le missile nucléaire d’une explosion
mégatonnique, les télescopes jouissent d’une stabilité
exemplaire. Le T635 est d’une conception particulière.
Par un jeu de miroirs intermédiaires, le flux lumineux
est envoyé dans les axes creux de la monture afin de
pouvoir profiter d’un poste d’observation fixe. Le
principe du foyer coudé au service de l’observation
visuelle. Ainsi, tout observateur peut confortablement
profiter de la vue, assis sur une chaise ou un fauteuil
roulant. Deux montures Trassud, ZX10 et ZX4, sont
ensuite venues compléter la panoplie. Aujourd’hui, un
T250, deux Celestron 8, un second Vixen 200/800, une
monture Vixen GP-DX, une grosse paire de jumelles, une
lunette Orion 80ED et toute une foule d’accessoires ont
intégré notre parc. Le dernier venu, nommé Virtud, est
un télescope prototype de 500 mm de diamètre résidant
Olivier Sedan
Observatoire Pollux Sirene
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
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dans la seconde coupole, elle-même en cours de
motorisation. Cet instrument robotisé, présentant des
innovations technologiques originales et actuellement
en phase de test, a été conçu dans le but d’opérer
automatiquement des confirmations de transits
d’exoplanètes.
les plus aguerris du nôtre. Nous avons couramment un
ou deux abris de libre permettant d’héberger l’amateur
venu avec son matériel pour une ou plusieurs nuits.
Sinon, des emplacements spécifiques mis en place
récemment avec une arrivée électrique leurs sont
réservés. Enfin, les professionnels peuvent également
trouver leur compte, ce qui fut le cas avec les chercheurs
de l’Observatoire de la Côte d’Azur venus opérer des
mesures de turbulence depuis le T635 (et par des lâchers
de ballons sondes).
Un public varié
Jusqu’en 2006, notre capacité d’accueil était très limitée.
Nos locaux se résumaient à l’ancien bâtiment militaire
accueillant auparavant les groupes électrogènes
alimentant l’électronique du missile. Depuis, une yourte
et une grande véranda ont considérablement amélioré
notre confort ainsi que celui des observateurs.
Néanmoins, n’ayant aucun couchage à proposer, ces
derniers doivent toujours chercher à se loger dans les
environs.
Nos visiteurs sont variés. Le grand public est invité à
réserver pour des visites de l’observatoire en journée
avec observation du Soleil, des balades nocturnes en
groupe ou des soirées découvertes personnalisées. Il peut
s’agir de scolaires, d’un groupe, d’une famille voire d’une
personne seule. Peu importe l’âge ou les conditions
physiques et mentales. Les amateurs débutants peuvent
venir apprendre à se servir de leur propre matériel, et
L'arrivée des "robots"
En 2005, Cécil Navick, astronome amateur résidant en
banlieue parisienne, émit le désir d’installer à Sirene un
instrument robotisé contrôlable à distance. Ce fut alors
le début d’une nouvelle aventure, pour lui autant que
pour nous. Courageux. D’autant qu’à l’époque, notre
connexion internet intermittente et peu fiable n’était
délivrée que par l’intermédiaire d’un modem RTC 56K ;
l’ADSL n’étant pas attendu avant 2010. Sans oublier
notre expérience en la matière, passablement inexistante.
Courageux ? Peut-être... Inconscients, indéniablement.
Notre robotisé de la première heure ne s’est pas laissé
démonter. Nous non-plus. Plusieurs prestataires
proposant des services de connexion haut-débit par
satellite s’y sont cassés les dents. Cela fini évidemment
Vue d'ensemble de la dalle et des abris. La porte du missile
nucléaire est visible "sous" la coupole du T635 (coupole de
gauche).
Une partie des instruments installés sur la dalle béton.
22
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
Une belle nuit d'observations en perspective. Claudine et JeanMarc Ducretet (en ombres chinoises sur la gauche) ont installé
leur matériel, un Dobson de 300 mm pour le visuel et une lunette
pour l'imagerie. A l'arrière plan sur la droite, la coupole du T
635 et plus loin la yourte. Image J.M. Ducretet.
Installation matérielle robotisée de Cécil Navick sous abri roulant :
un Newton Valméca de 400 mm, sur monture Paramount ME,
équipé d'une caméra Sbig STL 11000.
Sous la coupole de son observatoire piloté à distance, Olivier
Sedan a installé un astrographe ASA 10N de 254mm, ouvert à
3,6, sur monture Losmandy G11. Avec cet instrument, il a obtenu,
en deux heures de pose, l'image ci-dessous de la comète C/
2009 P1 Garradd, image ayant eu droit aux honneurs de l'APOD.
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
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Sirene est un bout de rêve, dans un joli coin de Provence,
suspendu entre ciel et terre. Un endroit magique, paisible
au milieu de la nature, avec des coupoles, des télescopes,
et des astronomes amateurs. Solange, qui assure
l’essentiel de la permanence sur le site, en est l’âme et le
cœur.
Nous essayons, mon amie et moi, de venir une à deux
fois par an à Sirene. Nous venons d’Alsace - ce n’est pas
à côté - mais cela vaut le voyage. Nous savons que nous
pourrons pleinement nous adonner à notre passion pour
l’astronomie. D’un côté, l’astrophotographie avec une
lunette et une caméra CCD, de l’autre côté le visuel avec
un Dobson 300mm. Nous sommes strictement
itinérants, et évidemment nous recherchons les plus
beaux ciels possibles.
Installés à 1 100 mètres d’altitude, nous bénéficions d’une très
bonne transparence. La pollution lumineuse est faible et la
turbulence globalement bonne (FWHM souvent en-dessous de
2", régulièrement à 1,7", ponctuellement à 1,5"). La valeur
courante du SQM pointé au zénith est de 21,6 mag/arcsec2. Le
vent est souvent présent, avec une vitesse moyenne sur dix minutes
fréquemment supérieure à 10 km/h, mais rarement au-dessus de
par fonctionner, de manière étonnamment synchronisée
avec la résolution des déboires liés à l’installation à
contrôler. Jusqu’au jour où, sans crier gare, notre
fournisseur d’accès à internet mis la clef sous la porte.
Branle-bas de combat, on pose tout et on recommence.
La connexion d’alors avait un débit de 256 kb en
descendant, 128 kb en montant, couplée à une latence
effrayante et un coût de tous les diables. Puis vint l’ADSL.
512 kb / 128 kb d’abord, 8 Mb / 800 kb aujourd’hui !
Dans la journée le matériel est remisé sous abri,
la nuit venue les instruments retrouvent leur élément !
Lorsque nous venons à Sirene, c’est pour 4 ou 5 nuits, en
espérant vivement y faire le plein d’étoiles. Nous avons
été gâtés jusque là, le nombre de nuits claires étant
toujours supérieur au nombre de nuits nuageuses ou
venteuses. Nous passons toute la nuit sous le ciel,
photographiant et observant avec nos propres
instruments, mais de temps en temps, nous retrouvons
Solange au T600 pour de belles observations avec un
gros diamètre, ou nous faisons une pause à la cafétériabibliothèque, carrefour incontournable où se retrouvent
les hôtes de l’observatoire autour d’un café.
Sirene, c’est un très beau ciel, mais c’est aussi beaucoup
de convivialité, beaucoup d’échanges et de discussions
sous les étoiles. On y rencontre toute sorte de profils, de
l’amateur au scientifique, du débutant jusqu’au chasseur
d’images confirmé. Tout en étant très vivant, le site est
calme et presque studieux. La tranquillité que chacun
recherche est respectée, que ce soit pour fignoler les
derniers préparatifs de sa séance photo ou pour
apprécier en toute quiétude les étoiles au firmament.
Nous sommes heureux d’avoir découvert cet endroit
assez unique en France et nous disons un grand merci à
tous les bénévoles, grâce à qui cette belle initiative a vu
le jour et qui en assurent le fonctionnement toute l’année.
A très bientôt à Sirene !
De par le monde
Un robotisé en 2005, un autre en 2009, quatre en 2010 et
le dernier en 2012. Ainsi, l’allée des robotisés compte
aujourd’hui sept observatoires automatiques. Une vraie
ferme de télescopes ! La plupart ont leur propre ligne
téléphonique avec leur propre abonnement ADSL. Notre
expérience en la matière a bien grandi, et nous pouvons
correctement conseiller et accompagner tout nouvel
amateur intéressé par l’aventure. Les données météo sont
disponibles en temps réel sur notre site web, ainsi que la
luminosité du fond du ciel via un SQM pointé au zénith.
Une permanence est assurée tous les jours de l’année, et
des interventions pour régler le matériel (pointage
d’initialisation, collimation, mise en station, mais aussi
d’un point de vue informatique, électrique, mécanique...)
sont possibles. Chaque membre de l’observatoire ayant
des compétences propres, nous pouvons intervenir à tous
niveaux, limitant le nombre de déplacements sur place
des intéressés. Un contact régulier par internet permet
de connaître à tout moment le programme de chacun ou
bien les problèmes rencontrés.
Jean-Marc et Claudine Ducretet
24
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
30 km/h. Il ne fait guère plus de 25°C durant la belle saison et
cela peut descendre jusque -15°C l’hiver. Bénéficiant du climat
provençal, la fréquence de beau temps est nettement supérieure
au reste du territoire mais de forts évènements orageux peuvent
ponctuer la saison estivale. L’horizon est dégagé sur 360° avec
vue directe sur le massif des Écrins.
Sous l'obscure clarté qui tombe des étoiles,
deux Scopedome veillent dans la magie
d'une nuit parfumée à la lavande...
Astrophotographe sans poste fixe, il y a quelques années,
j’errais tous les étés dans le sud de la France à la recherche
d’endroits sympathiques pour y poser mes instruments.
Et puis, en 2004, j’ai découvert Sirene : ciel magnifique,
abri tout confort pour s’installer plusieurs nuits de suite
et surtout un accueil à s’y sentir comme chez soi. Et le
tout, au coeur d’une nature protégée, parfumée à la
lavande ... Bref, on y est bien, tout simplement... C’est
sûrement pour ça que, depuis, j’y retourne plusieurs fois
par an. Une GP-DX disponible étant à demeure sur son
pilier sous abri, pas besoin de ramener ma propre GP.
Juste mes moteurs, mon C8, ma FS 60s et ma Lunt LS35dx
sous les bras, et je suis fin prêt pour photographier nuits
et jours. Enfin sauf les jours d’orage ou de mistral (oui,
tout n’est pas parfait à Sirene... mais pas loin),
heureusement le beau temps revient toujours
rapidement !
Et puis, pendant que la caméra tourne, il y a toujours
moyen de profiter de temps en temps du matériel
alentour : un coronographe, un newton de 400 qui picote
en ciel profond ou un 635mm qui m’a donné mes plus
beaux souvenirs visuels de Saturne !
Et les rencontres aussi bien sûr : les autres amateurs qui
viennent également avec leurs matériels, les «remotes»
venus faire un petit dépannage sur leur coupole, la
disqueuse à la main et des spécialités culinaires de leur
région dans l’autre, le public venant découvrir le ciel de
Provence toute l’année, et les membres de l’association
avec qui l’on se sent comme en famille... Vous ai-je dit
qu’on y est bien ?
Le matériel concerné est très varié. Coupoles ScopeDome,
Sirius, Skyshed ; montures Paramount, Astrophysics,
Losmandy, ASA, Vixen ; instrumentation RCOS, ASA,
Astrophysics, Takahashi, Officina Stellare, Valmeca,
Meade, Vixen, Sbig, Apogee... Principalement pour faire
de belles images. Mais nous avons également en Etienne
Morelle un adepte de la photométrie stellaire
extrêmement productif !
Il faut croire que la "Sirene touch" s’exporte bien. L’un
d’entre-nous, Vincent Suc, est parti au Chili depuis
plusieurs années pour ses études et a fréquenté les plus
grands observatoires qui s’y trouvent. Il est à l’origine
du projet Virtud. Quant à moi, je suis parti à la station
antarctique Concordia durant un hivernage et trois
campagnes d’été (2008, 2009, 2011 et 2012) pour des
missions d’astronomie, de météorologie et de glaciologie.
Et c’est ainsi que, chaque soir, la magie de Sirene opère.
Alors que la nuit tombe et que les oiseaux cessent peu à
peu de chanter, les coupoles s’ouvrent, les amateurs
s’installent à leurs emplacements, le public arrive et les
instruments robotisés se mettent à bouger. Ici, le ciel est
à tous avec une place pour chacun.
Le site
Observatoire SIRENE
(SIlo REhabilité pour Nuits Etoilées)
5° 29' 13" Est, 44° 00' 00" Nord
Altitude : 1 100 mètres
Commune : Lagarde d’Apt (84, Vaucluse)
Site web : www.obs-sirene.com
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
Stéphane Poirier
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Astrodessin :
Tout était soit lumière blanche immaculée,
soit pure ombre noire.
Yann Martel – L’histoire de Pi
On a longtemps cantonné l’astronome amateur à
dessiner les jeux de l’ombre et de la lumière à la
surface de la Lune, avec quelques échappées colorées
vers les planètes voisines. Quant au ciel profond, il
n’était peuplé que de silhouettes fantomatiques. De
nos jours, la démocratisation des instruments de
grand diamètre et des instruments dédiés à
l’observation du Soleil aidant, tout un univers de
couleurs, de formes et de détails s’ouvre à lui :
richesse et diversité des paysages lunaires,
flamboiements des protubérances solaires, débauche
de finesse des bandes nuageuse s de Jupiter,
morphologie ciselée des galaxies, suaves tonalités
colorées des minuscules nébuleuses planétaires et
autres nébuleuses diffuses géantes…
Situation paradoxale que de recourir à un moyen
d’expression aussi vieux que le monde civilisé à une
époque de prolifération d’appareils photos
numériques et autres caméras CCD, puissamment
secondés par toute une panoplie de logiciels de
traitement d’images. Et pourtant, quoi de mieux que
le crayon, ou tout autre outil de dessin, pour coucher
sur le papier ce que l’on a vu au travers de l’oculaire, ce que l’on a interprété et ce que l’on a ressenti ? Au-delà de
la simple reproduction, aussi fidèle que possible soit-elle, le dessin astronomique nous apprend autant sur l’objet
dessiné que sur le dessinateur.
Bien sûr, tout comme l’astrophotographie, le dessin astronomique nécessite un apprentissage. C’est le but de ce
premier tome d’Astrodessin : vous apprendre. Apprendre à observer. Apprendre à comprendre le fonctionnement
de votre œil pour l’éduquer à voir le détail fugace dans tel bras d’une galaxie. Apprendre le fonctionnement de
votre lunette ou télescope pour l’utiliser à bon escient. Apprendre à utiliser les multiples outils de dessin, du
banal bout de craie au traitement numérique d’images.
Et qui mieux qu’une bande de copains astronomes amateurs, dynamisés par Serge Vieillard, pour guider les
premiers dessins, les premiers coups de crayon du débutant ; pour remotiver ceux qui ont essayé et qui ont
abandonné faute de soutien ; pour consolider les connaissances de ceux qui ont appris sur le tas ; et enfin permettre
à ceux qui désirent élargir le champ des possibles d’étoffer leurs palettes d’objets observés.
Auteurs : Avec les contributions de :
Yohan Archambaud
Serge Vieillard Xavier Camer
Nicolas Biver Pierre Desvaux
Alain Gérard
Christian Gros
Fabrice Morat Bruno Salque
Bertrand Laville
Yann Pothier
Jean-Marc Lecleire
Rainer Topler Pierre Strock
Frédéric Burgeot
Information et souscription :
le ciel au bout des crayons
Une vie pour observer,
un instant pour dessiner
Dicton japonais
Au célèbre triptyque interrogateur où, quand et comment observer, le tome 1 d’Astrodessin a brillamment
répondu. Vient maintenant le temps de savoir quoi observer… et dessiner. Le tome 2 décrit la faune cosmique en respectant la classique dichotomie : objets « faciles » de notre Système Solaire, objets « difficiles » du
ciel profond.
Nul besoin de vous faire un dessin pour illustrer, par
exemple, le gouffre qui sépare la fulgurance du jaillissement de la couronne solaire après le deuxième contact d’une éclipse totale de Soleil de l’immuabilité, à
l’échelle d’une vie humaine, des galaxies et autres nébuleuses diaphanes. Soleil, Lune, planètes, comètes, nébuleuses, amas d’étoiles et galaxies : pour chaque
grande catégorie d’objets célestes, les auteurs
d’Astrodessin vous prodiguent les bons conseils pour
en dessiner leurs subtilités intrinsèques.
Picasso se plaisait à dire que quand il n’avait pas de
bleu, il mettait du rouge. En astronomie la liberté de
l’artiste se heurte à la réalité du phénomène physique
observé. Ici aussi, les auteurs d’Astrodessin décortiquent les objets du ciel, expliquent les processus physiques sousjacents conduisant à reproduire telle couleur ou telle forme.
In fine, ne reste plus qu’à s’interroger quant au « pourquoi dessiner », Le dessein ici est double. Le dessin en
astronomie est la meilleure école pour apprendre à … observer. Le premier quidam venu peut « voir » la Lune, à
condition de ne pas regarder uniquement le bout du doigt indicateur. « Observer » la Lune requiert en revanche
attention et persévérance. Le dessin en astronomie est un bon moyen pour appréhender la nature profonde des
objets observés et ainsi à pratiquer un peu de chimie, un peu de photométrie, un peu de spectrographie … Le tout à
l’insu de son plein gré.
Un conseil : lisez Astrodessin dans son intégralité avant de vous lancer, tel Tartarin de Tarascon s’équipant en
chasseur de lions pour traquer la bartavelle provençale, dans le dessin astronomique. Au fil des pages vous vous
apercevrez que pour débuter l’équipement en matériel de dessin est dérisoire, la sophistication des méthodes et des
outils ne viendra éventuellement qu’après : toute longue marche commence par un simple pas.
Tome 1 : Techniques d'observation et techniques de dessin
Tome 2 : Objets du ciel à dessiner
Format 21 x 29,7 cm - 560 pages
Prix public : 49 euros les deux tomes
Prix de souscription (*)
(pour les deux tomes) :
42 euros
: date limite de souscription : 30 septembre 2013
(*) : Pour toute souscription reçue avant le 30 septembre(*)2013
: www.astrodessin.com
Instruments
Après le Skywatcher testé dans l’avant dernier numéro, nous traversons la mer de Chine pour
aller à Taiwan chez GSO avec un Kepler 250/4. Nous en profitons aussi pour tester deux
nouveaux correcteurs de coma fortement attendus par les amateurs en deuil du Paracorr type 1.
Test du Kepler 250/4 et cor
coma Skywatcher et Kepler
Frédéric JABET - Airylab
Le Kepler 250/4
Le Skywatcher testé dans le dernier numéro était un 200/4
pour environ 700 euros. Nous avions estimé que le rapport
performance/prix était excellent. Le newton testé
aujourd’hui étant un 250/4 à 490 euros, nous allons vérifier
si le record du Skywatcher est battu !
Prise en main
Le tube est lourd, c’est une différence de poids (!) en
comparaison du léger Skywatcher. Pas de carbone ici mais
un tube traditionnel en acier. En astrophotographie nous
sommes probablement au-delà de la limite de ce que peut
raisonnablement supporter une monture de classe
moyenne comme une EQ6. Le maintien du primaire est
très basique : pas de triangle de flottaison mais un système
classique de maintien périphérique monobloc. L’ajustement
de l’assiette du primaire se fait via un système classique de
trois vis poussantes / tirantes avec des molettes de bonne
taille. Les ressorts de rappel font correctement leur office
et la préhension des vis est aisée. La partie avant est
classique également et très proche de ce que l’on trouve
chez Skywatcher. Les anneaux nous paraissent un peu sous
dimensionnés vu le poids conséquent du tube. Suffisants
en visuel, il faudra les renforcer par une platine supérieure
3. Araignée, secondaire et intérieur non bafflé et assez
réfléchissant
pour la photographie et également opter pour une queue
d’aronde de type Losmandy plutôt que la dotation d’origine
au format Vixen. Le porte oculaire (voir figure 2) est une
déclinaison de la version courante du classique GSO que
l’on trouve depuis des années sur les télescopes Kepler,
Meade et autres avatars.
Le tube est une version 3,5 pouces largement dimensionnée :
pas de vignetage à attendre de ce côté ci. En revanche
l’entrainement est un classique crayford avec un
microfocuser. Ce porte oculaire est plutôt agréable et
satisfera à une utilisation visuelle ou photographique avec
un APN ou une caméra légère. En revanche il fléchira
comme la plupart des porte oculaires d’entrée de gamme
sous le poids d’une caméra plus lourde ou d’une tête
binoculaire chargée et il faudra se faire insistant sur la vis
de tension pour éviter de patiner.
Le miroir secondaire est correctement dimensionné pour
une utilisation mixte en visuel ou imagerie. Il n’y a pas de
bafflage du tube ici comme c’était le cas du Skywatcher
carbone : nous sommes clairement une gamme en dessous
(voir figure 3).
2. Porte oculaire de 3,5 pouces
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Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
rrecteurs de
r
1. Le Kepler 250/4 sur le banc de test
L’optique
Mesuré à l’horizontale, le télescope montre un
astigmatisme de λ/2 du fait de la déformation du primaire
sous son propre poids. C’est classique pour un miroir en
substrat BK7, Pyrex ou autre borosilicate, il faut aller vers
les coûteuses vitrocéramiques (Zerodur, Sitall, Cervit) ou
des miroirs épais pour échapper en partie à ce phénomène.
Nous allons donc ignorer cet astigmatisme pour les
mesures.
L’analyse du front d’onde avec le Haso d’Airylab (voir
figure 4) donne un résultat d’erreur PTV de 170nm (soit λ/
3,2 dans le vert) et 29nm RMS (λ/19). Nous sommes donc
clairement meilleurs que le critère de λ/10 RMS qu’annonçait
GSO à une époque. Le mamelonnage s’élève à 81nm PTV,
une valeur plutôt bonne pour un miroir industriel et
l’aberration sphérique est négligeable.
En revanche au contraste de phase l’état de surface se révèle
très médiocre avec une rugosité marquée. Elle reste
néanmoins comparable à celle du miroir Skywatcher (voir
figure 5). Dans cette gamme de prix il est difficile de
demander plus.
5. Rugosité du Kepler à gauche, Skywatcher à droite
que pour le niveau de qualité de l’accastillage. Dans l’absolu
si l’on met de côté l’argument prix il redevient un télescope
juste correct.
Nous avons aimé :
- le prix très serré,
- la qualité tout à fait correcte de l’ensemble de la chaîne
optique.
Nous avons regretté :
- rien en considérant le tarif. Il y a bien mieux, mais c’est
bien plus cher !
Conclusion
Correcteurs de coma Kepler
et Skywatcher 2 pouces
Le rapport prix/performances est comme pour le
Skywatcher excellent. L’optique est correcte côté forme mais
présente un état de surface sans surprise à ce tarif, de même
Nous avons profité du test de ce télescope pour mesurer
deux nouveaux correcteurs de coma à quatre lentilles.
Depuis le retrait du catalogue du Paracorr type 1 il ne
subsiste en correcteur de qualité que le RCC1 de Baader.
Néanmoins il est parfois difficile de se le procurer et son
montage à fort tirage ne convient pas à tous les télescopes.
Optique Unterlinden nous a prêté une présérie du
Skywatcher et un exemplaire du nouveau correcteur
Kepler.
Nous nous attendions à recevoir deux clones du même
produit, et possiblement eux-mêmes des clones du
Paracorr I : ce n’est pas le cas ! Le Kepler et le SW sont bien
deux produits complètement différents (voir figure 6). Le
bloc optique du Kepler est beaucoup plus court que le
Skywatcher. Il est en fait de la même taille que le Paracorr.
Côté prix, le Kepler est à 80 euros quand le SW coûte presque
le double à 150 euros, les tarifs sont donc très accessibles
en comparaison des correcteurs Televue. Si les deux
4. Analyse du front d'onde avec le Haso d'Airylab
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
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7. Défocalisation en µm en fonction de la position dans le
champ en mm. SW en bleu, Kepler en rouge.
6. Correcteur Skywatcher à gauche, Kepler à droite
correcteurs présentent des filetages M48 aux extrémités,
seul le Kepler est livré avec un adaptateur pour recevoir
des coulants 2 pouces.
Spots diagrams sans la défocalisation
Ces spots (voir figures 8 et 9) montrent la taille de l’image
d’une étoile en fonction de la distance à l’axe optique. C’est
donc plutôt dans le cas d’une utilisation en visuel. Ces spots
prennent aussi en compte l’astigmatisme du télescope luimême : on ne peut pas dissocier celui introduit par le
télescope de celui forcément introduit par le correcteur
lorsqu’il travaille en dehors de l’axe.
Le cercle représente la taille théorique de la tâche de
diffraction dans le rouge (environ 6µm). Attention : l’échelle
varie, veillez à bien prendre le cercle comme repère !
Analyse sur l’axe optique
Les performances sur l’axe sont tout à fait correctes et
absolument comparables dans le vert à environ 230nm
PTV et 43nm RMS. Les deux correcteurs présentent un léger
trefoil dû probablement à une légère contrainte des
lentilles. L’aberration sphérique est quasi absente, on peut
juste relever un peu de sphérochromatisme pour le SW qui
présente des performances légèrement plus faibles dans le
rouge (280nm PTV) sans que cela soit gênant. Nous avons
donc de bonnes performances sur l’axe sans commune
mesure avec les médiocres correcteurs de Ross à deux
lentilles comme le MPCC ou le correcteur Telescope Service
qui introduisent une importante aberration sphérique.
Le Kepler augmente la focale dans les mêmes proportions
que le Paracorr, le SW lui, n’a aucun effet :
Spots diagrams avec la défocalisation
Ce second cas est celui d’une utilisation en imagerie puisque
nous prenons en compte la courbure de champ (voir
figures 10 et 11). Nous limitons la distance à l’axe à 15mm
(soir un capteur de 30mm de diagonale). En effet ces
correcteurs ne sont pas destinés à être utilisés avec un
capteur de type full frame du fait d’un vignetage important.
Sur la figure 12 nous mettons en référence les spots diagram
de 0 à 18mm de l’axe du Paracorr type 1
Conclusion
Pour le vignetage nous avons assez logiquement l’effet
inverse : en allongeant la focale le Kepler limite la perte de
flux.
Le correcteur Skywatcher est une vraie réussite. Non
content de ne pas allonger la focale contrairement au Kepler
mais aussi au Paracorr, il délivre de très bons spots diagram
aussi bien en visuel qu’en imagerie grâce à une très bonne
correction de la courbure de champ et d’une excellente
maîtrise de la montée de la coma et de l’astigmatisme. C’est
pour nous actuellement le meilleur choix en correcteur deux
pouces.
Du côté du Kepler nous n’avons pas les performances du
Paracorr malgré un gabarit et un facteur d’augmentation
de la focale proche et le fait que les deux viennent de Taïwan.
La courbure est prononcée, à priori du fait d’un back focus
incorrect. Néanmoins dans tous les cas les aberrations de
champ sont rapidement gênantes, surtout la coma qui se
révèle très mal corrigée.
Notre préconisation en correcteur de coma deux pouces
est donc maintenant le Skywatcher 4 lentilles (à ne pas
confondre avec le modèle précédent qui était un Ross !),
puis le RCC1 pour les configurations qui demandent plus
de backfocus.
Courbure de champ
La courbure de champ est un élément critique en imagerie,
mais aussi en visuel. L’œil peut compenser cette courbure
mais si elle est trop prononcée elle se remarquera quand
même.
Nous avons mesuré la courbure de champ à 55mm de
backfocus, valeur donnée pour les deux correcteurs (voir
figure 7). La correction du SW est très bonne avec une
défocalisation maximale de 193µm à 21mm de l’axe (capteur
full frame). Du côté du Kepler les résultats sont moins bons
avec une courbure prononcée. Ce résultat nous amène à
douter de la valeur de backfocus recommandée ou du point
où nous l’avons mesurée (« metal back « au niveau du
méplat du filetage). Il est probable d’obtenir un meilleur
résultat en jouant sur cette distance, il semblerait qu’il
vaudrait mieux se placer à 75mm mais nous n’avons eu
connaissance de cette valeur qu’après les tests.
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Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
8. Correction Kepler à 0, 9 et 15mm de l’axe optique
9. Correction Skywatcher à 0, 9 et 15mm de l’axe optique
10. Correction Kepler à 0, 9 et 15mm de l’axe optique
11. Correction Skywatcher à 0, 9 et 15mm de l’axe optique
12. Paracorr type 1 (optique 212/3,9) à 0, 6, 12 et 18mm de l’axe optique
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Images du ciel
Vortex Solaire
Jean-Pierre Brahic
Soleil en Halpha
Lunette Astro-Physics de 155mm à F/D 8.5
Caméra Bassler ACA 1300 avec Barlow 2X et filtre Halpha 1A°. Modification PST.
Compositage de300 images sur 1000 acquises.
Photo Jean-Pierre Brahic
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Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
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Rencontres
35 participants, 3 nationalités, 25 instruments et 9 catégories optiques.
Les marques solaires : Daystar, Coronado, Lunt, Beloptik, Baader SolarSpectrum, APM,
Baader Planétarium, Shelyack Instruments, Valméca …
Sous le Soleil de Serbannes
Norma Deprez
Cette année encore, les Rencontres des Observateurs
Solaires à Serbannes eurent le succès escompté. Certes les
participants ne sont pas très nombreux en regard d’autres
rassemblements mais il s’agit d’une réunion purement
solaire, la seule à ma connaissance et la fatigue aidant,
personne ne se hasarde à une observation nocturne : il y a
encore beaucoup à voir et le lendemain y suffira peut-être.
Mais d’où viennent donc ces dizaines de passionnés de
l’astre du jour ? En premier lieu des quatre coins de France
avec l’avantage pour Serbannes d’occuper une position
globalement médiane sur l’hexagone mais également des
pays limitrophes. Bref on se déplace parfois de loin pour
bénéficier de la présence d’un impressionnant panel
d’instruments exposés par des amateurs souvent pointus
dans leur domaine. Peu d’hélioscopes sont représentés cette
année mais l’essentiel est bien là de la lunette standard de
120 mm à la bonne grosse lulu de 150 Istar Optical en
passant par les rares hélioscopes à miroir offrant un
diamètre allant jusqu’à 200 mm et ce n’est pas le petit Mak
127 (2) qui retint moins l’attention des participants
particulièrement séduits par la compacité de cet
instrument. Dans la catégorie « lumière blanche » il faut
également citer quelques télescopes équipés d’un filtre
pleine ouverture ainsi qu’une étonnante paire de jumelles
de 150 mm(1), étonnante par sa rareté, stupéfiante par les
images offertes. Bien sûr, les filtrations monochromatiques
furent richement représentées par les marques (Lunt,
Coronado, Daystar et Baader), les modèles ou les
combinaisons mais également par les longueurs d’onde.
En faire le tour demandait une bonne journée avec force de
détails livrés sans compter par les utilisateurs tout heureux
de surprendre. De 0,2 à 0,9 Angström, le chaland s’efforçait
de comparer les instruments avec le souci de trouver la
combinaison de rêve ou plus simplement celle conforme à
son budget : « acquérir tel instrument parce que mon voisin possède
le même ne me convient pas, je veux voir, manipuler, comparer et
seulement ensuite prendre une décision pour le coup motivée. C’est
assez onéreux ces petites bêtes …».
Nous touchons bien là le but des ROS. Quelques caméras
ne manquaient pas d’accompagner tout ce beau matériel .
Je ne m’étendrai toutefois pas plus avant sur le sujet : je n’y
connais rien mais la qualité des intervenants, bien connus
de notre petit monde, ne laissait aucun doute. D’autres
matériels étoffaient ce panel pourtant déjà bien fourni et je
(1)
Attention, un Maksutov ne peut pas recevoir un hélioscope, il
s’agit là d’une construction particulière.
(2)
Construction artisanale.
1. Un hélioscope à miroir de Newton.
2. Norma (coorganisateur) explique et transmet sa passion.
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Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
4
s - 2e édition
3
3. L'imagerie était également présente.
ne résiste pas à vous narrer mon histoire.
« Je possède un coronographe Beloptik de fabrication allemande. Il
me satisfait et surprend régulièrement à l’occasion d’animations
publiques. Or un autre Beloptik servi par une Zeiss Telementor trônait
à proximité. Le même jour, au même endroit, dans les mêmes conditions
… J’ai perçu immédiatement combien j’avais encore à évoluer ... »
Côté conférences, le fonctionnement des ROS peut
surprendre : la priorité est systématiquement donnée à
l’observation aussi le programme établi ne cesse de varier.
Tout le mérite revient aux intervenants qui réussissent à
se plier aux caprices météorologiques. L’imagerie fut
largement abordée mais aussi les aurores, la collimation
des hélioscopes à miroir, l’usinage d’un spectrohéliographe.
L’intendance pour sa part se voulait à la hauteur : l’accueil,
l’hébergement et la restauration ne déçurent personne. C’est
un domaine où l’expérience aidant nous avons d’ores et
déjà quelques idées d’amélioration sans toutefois toucher
au montant de l’inscription que nous souhaitons maintenir
très bas. Nous fîmes la une du journal local (La Montagne)
mais la surprise vint de France 3 Auvergne qui nous rendit
visite le dimanche. Le JT régional nous gratifia le soir même
d’un reportage de quelques minutes suscitant, nous
l’espérons, l’éveil à notre passion.
4. De haut en bas:
Accès libre à l'oculaire de l'AP 160 équipée d'un filtre
Daystar,de Patrick (coorganisateur);
observation avec des "draps" solaires
de fabrication artisanale pour la circonstance;
conférence d'un imageur bien connu;
Laurent (coorganisateur) observe avec sa "bino" de luxe.
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
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Images du ciel
Les trois planètes les plus éloignées de notre système solaire imagées au Pic du Midi avec le
télescope de 1 mètre le 30 juin 2013 au foyer de 17m avec correcteur de dispersion
atmosphérique et un filtre rouge laissant passer l'infrarouge.
Vues du Pic du Midi
Marc Delcroix, François Colas - S2P/IMCCE/OMP
Saturne le 30 juin 2013 à 22h02.8 TU.
La vision à plus de 1000x à l'oculaire était
magnifique et magique, avec des anneaux
superbement détaillés. Caméra ZWO
ASI120MM sans binning montrant profusion
de spots plus ou moins diffus dans une bonne
partie de l'hémisphère Nord sur les latitudes
de la grande tempête de 2010 et avec une
très bonne vue de l'hexagone polaire et de
son vortex central, plus sombre. Téthys visible,
Mimas à peine ont été traités à part.
Copyright S2P/IMCCE/OMP/François
Colas/Marc Delcroix.
Uranus montrant deux bandes claires et trois zones
sombres, accompagné de Titania (le plus éloigné) et
d'Ariel, pris avec une caméra Basler ACA640-100gm.
Copyright S2P/IMCCE/OMP/François Colas/Marc Delcroix
Neptune montrant son pôle tourné vers le soleil plus
brillant, et des zones plus sombres, accompagné de Triton,
pris avec une Basler ACA640-100gm.
Copyright S2P/IMCCE/OMP/François Colas/Marc Delcroix
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Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
Le ciel à la carte
Les saisons du Caldwell
Nous avons présenté en six volets une partie du catalogue
Caldwell (Astrosurf Magazine n° 58 à 63). Six fois douze
objets ont été ainsi proposés aux observateurs. 72 des 109
objets de déclinaison supérieure à -40° afin de ne présenter
que les objets visibles sous nos latitudes. Les amateurs
fréquentant les ciels austraux trouveront en fin d'article la
liste des 37 objets restants.
Notre septième volet porte sur une synthèse des six
épisodes précédents. Nous avons opté pour une
présentation par saison bien que le catalogue Caldwell ait
retenu une classification (et une numérotation des objets)
par ordre de déclinaison décroissante. La présentation
saisonnière offre l'avantage de proposer à l'observateur
les objets au fil des nuits qui passent. Un tableau
récapitulatif indique pour chaque objet sa saison de
visibilité à des heures raisonnables.
En page centrale nous présentons une carte céleste en
projection cartésienne qui permet de couvrir tout le ciel
avec l'inconvénient de déformer les constellations des
régions proches des pôles célestes. Pour ne pas surcharger
la carte, seules les constellations contenant des objets du
présent catalogue sont nommées. Chaque objet est indiqué
sur cette carte sous une représentation symbolique en
fonction de sa nature. La symbolique retenue figure en
légende de la carte.
Sous cette carte, élaborée à partir d'un fond de carte dessiné
par le logiciel Cartes du Ciel, quatre tableaux regroupent les
objets de Caldwell selon la saison concernée. Les couleurs
de la carte ont été choisies en fonction de la charte graphique
du magazine. Les tableaux sont positionnés en relation avec
les objets indiqués sur la carte au-dessus. Ce qui nous
conduit à une présentation qui peut surprendre de premier
abord : on remonte le temps partant de l'hiver à gauche,
suivi de l'automne du printemps et de l'été!
Le célèbre rémanent de supernova au voisinage de l'étoile 52
Cygni, catalogué sous le numéro 34 dans le catalague de
Caldwell. Photo : P.Tosi
Le tableau indique pour chaque objet du catalogue Caldwell, dans l'ordre croissant des numéros des objets, la saison de meilleure
visibilité (Prin pour Printemps, Aut pour Automne et Hiv pour Hiver) et le numéro d'Astrosurf Magazine dans lequel figure la carte de
repérage de l'objet.
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Le ciel à la carte
Catalogue Caldwell : au-delà du 72eme
Les trente sept objets du catalogue Caldwell de déclinaison
inférieure à -40° se répartissent sur 18 constellations, le
Centaure avec six objets est le plus fourni. Côté nature des
objets nous avons trois galaxies seulement, vingt-huit
amas se répartissant à égalité entre globulaires et ouverts,
cinq nébuleuses (deux diffuses brillantes et trois planétaires)
et une nébuleuse obscure (C99 le célèbre Sac à Charbon dans
la constellation de la Croix du Sud).
Notre dernier tableau regroupe les caractéristiques de ces
trente sept "caldwell" à savoir : son numéro, sa nature
physique, sa constellation, son immatriculation dans les
catalogues NGC ou IC, ses coordonnées équatoriales
rapportées à l'équinoxe 2000,0, ses dimensions, sa
magnitude visuelle et enfin pour certains sa désignation
commune.
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Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
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Traitement d'image
Dans cet article, vous allez apprendre à mieux gérer les détails d'une image et à les accentuer tout en évitant quelques pièges classiques du traitement d'image.
Gérer les détails de vos ima
Nicolas Outters - AIP - www.astro-images-processing.fr
Lorsque l'on cherche à rehausser les
détails d'une image c'est toujours le
fond de ciel et les étoiles qui sont
dégradés en premier. Les exemples sont
innombrables sur le Net. La
manipulation des filtres d'accentuation
des détails proposés par Photoshop est
très intuitive. Par contre la gestion des
masques de fusion, indispensable pour
maîtriser l'accentuation des détails
sans dégradation des images est assez
difficile à appréhender au début.
Ouvrez l'image M51 qui est à votre
disposition sur le site :
www.astrosurf-magazine.com/datas/
M51-RGB-3.psd
Cette image qui m'a été gentiment
prêtée par mon ami Jérome Rudelle, a
été réalisée avec un EOS 350D.
Vous constaterez que cette image
comporte deux calques, un pour la
luminance, l'autre pour la couleur (voir
figure 1). Cette image est douce mais
manque de contraste et paraît presque
floue.
Ci-contre, sur les figures 2 à 4, on peut
voir un agrandissement de cette image
après diverses "accentuations des
détails" effectuées à l'aide de filtres de
Photoshop.
Il est clair que ces trois filtres apportent
un plus non négligeable mais en
contrepartie dégradent l'image de
manière trop importante pour être
toléré.
Pour pouvoir utiliser ces filtres en ne
dégradant pas trop l'image, il est
indispensable de savoir créer un calque
"étoiles" et de maîtriser les masques de
fusion.
2. Filtre "Accentuation" de 37% et de
rayon 1000 pixels. L'image est plus
contrastée mais le fond de ciel est trop
foncé et le cœur des galaxies est saturé
et dilaté. Les étoiles sont saturées et plus
grosses également.
Créer un calque "étoiles"
Pour créer un calque "étoiles" vous
devez d'abord créer un calque qui soit
une fusion des calques Couleur et
Luminance. Pour cela, cliquez sur le
calque Luminance et appuyez
simultanément sur les touches Alt-
3. Filtre "Passe-haut" de 4,5 pixels en
mode incrustation. Le fond de ciel est très
bruité et les étoiles sont saturées.
4. Filtre "netteté optimisée" de 2,5 pixels
et à 500%. L'image gagne en contraste
et en détails mais le bruit du fond de ciel
et les étoiles sont fortement dégradés.
1. L'image de départ contient deux
calques, un pour la luminance, l'autre
pour la couleur. Cette image est assez
douce et parait presque floue.
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Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
ages avec Photoshop
5. Fusion puis duplication des calques
Luminance et Couleur.
Shift-Ctrl-E (voir figure 5, action 1).
Faites ensuite une copie de ce nouveau
calque à l'aide du raccourci clavier CtrlJ (voir figure 5, action 2).
Sélectionnez ensuite le calque du haut
et faites un filtre "Antipoussières" à
l'aide du menu Filtres/Bruit/
Antipoussières et choisissez un rayon
8. Duplication de la couche qui permet
de voir le plus d'étoiles
de 6 pour éliminer les étoiles. (voir
figure 6). Passer le calque en mode
"différence" (voir figure 7)
Allez dans l'onglet Couches et
choisissez la couche qui permette de
voir le plus d'étoiles, dans notre
exemple, c'est la couche rouge.
Dupliquez cette couche à l'aide d'un
clic-droit de la souris (voir figure 8).
Cliquez sur la couche Rouge Copie et
faites un réglage de niveaux (raccourci
clavier Ctrl-L) jusqu'à saturer les étoiles
(voir figure 9)
Cliquez sur l'icône Récupérer la couche
comme sélection (voir figure 10), vos
étoiles vont clignoter.
Dilatez la taille de votre sélection grâce
6. Application d'un filtre antipoussière
9. Saturation des étoiles
11. Renommage de la sélection
12. Suppression du calque "Fusion CtrlAlt-Shift-E
au menu Sélection/Modifier/Dilater de
2 pixels.
Faites un contour progressif de 1 pixel,
à l'aide du menu Sélection/Modifier/
Contour progressif et mémorisez cette
sélection avec le menu Sélection/
Mémoriser la sélection, puis nommez
cette sélection "étoiles". (voir figure 11).
Jetez à la corbeille le calque du haut,
vous devriez voir clignoter les étoiles
de votre image en couleur. Copiez et
collez cette sélection d'étoiles, ce qui
créera un nouveau calque que vous
pouvez nommer "étoiles". Jetez enfin le
calque juste en dessous (voir figure 12)
Désélection du fond de ciel
7. Passage du calque en mode "différence"
10. Icône "Récupérer la couche comme
sélection"
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
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Décochez l'icône en forme d'œil du
calque "étoiles" et du calque "couleur"
et faites une copie du calque Luminance
(raccourci clavier Ctrl-J), nommez-le
"Luminance filtre accentuation".
Transformez ce calque en masque
13. Création du masque d'écrêtage
16. Modification du masque de fusion pour éviter la saturation du coeur des
galaxies
14. Masque de fusion à côté du masque
d'écrêtage
d'écrêtage à l'aide du menu Calques/
Créer un masque d'écrêtage(voir
figure 13). Dans l'onglet Couches,
cliquez sur n'importe quelle couche et
cliquez sur l'icône ronde pointillée pour
"récupérer la couche comme sélection".
Dans l'onglet Calques , cliquez sur
l'icône rectangulaire pour "ajouter un
masque de fusion. Vous devriez voir
votre masque de fusion juste à côté du
masque d'écrêtage (voir figure 14).
Sauvez ce fichier et nommez le M51llrgb-filtres.psd, il vous resservira plus
tard.
alors le reste est très simple et très
intuitif. Les filtres que nous allons
passer en revue peuvent être utilisés
dans cet ordre mais c'est l'image qui
vous guidera avec l'expérience. Soyez
donc patient et ne forcez pas les choses
lorsque c'est inutile.
Filtre "Accentuation des contrastes"
J'utilise ce filtre dès le début car c'est
celui qui me permet de donner du
"peps" à l'image. Cliquez sur le calque
Luminance filtre accentuation et
activez le filtre "Accentuation" à l'aide
du menu Filtres/Renforcement/
Accentuation. Choisissez un gain entre
20 et 50% et un rayon entre 500 et 1000
pixels. Dans notre exemple j'ai choisi
un gain de 34% et un rayon de 1000
pixels (voir figure 15).
Ce filtre va permettre de contraster la
galaxie mais en contrepartie le cœur
des galaxies va être saturé et le fond de
Filtres accentuation
ciel va diminuer d'intensité. Les étoiles
sont déjà protégées par le calque
Si vous maitrisez bien la création du "étoiles". Il va falloir retravailler le
calque "étoiles" et que la gestion des masque de fusion déjà existant en
masques de fusion ne vous gêne pas, noircissant les deux cœurs des galaxies.
Pour cela choisissez le pinceau de
couleur noire dans la boite à outils avec
une opacité de 30% cachez les zones
centrales sur le masque de fusion en
tamponnant plusieurs fois de suite
(voir figure 16)
Filtre "Passe-haut"
Ce filtre est très intéressant car il
permet surtout de contraster les zones
foncées comme les bandes de poussières
dans des galaxies ou nébuleuses mais
également certaines zones qui
demandent à être contrastées.
Commencez déjà par fusionner les deux
calques
"Luminance
filtre
accentuation" et "Calque luminance
copie" à l'aide du menu Calques/
fusionner avec le calque inférieur et
copiez cette fusion une deuxième fois.
Transformez ce calque en masque
d'écrêtage et modifiez le mode en
"Incrustation" (voir figure 17)
Faites un filtre "Passe-haut" à l'aide du
menu Filtres/Divers/Passe-haut et
choisissez un rayon entre 3 et 10 pixels.
18. Application du filtre "Passe-haut"
15. Filtre "Accentuation des contrastes"
17. Passage du masque d'écrêtage en
mode "Incrustation"
44
19. Ajustement du masque de fusion noir
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
20. Création d'un masque de fusion à partir d'un
masque noir et de coup de pinceau blanc.
Filtre "Netteté optimisée"
18. Résultat de l'application du filtre "Passe-haut"
19. Application du filtre "Netteté optimisée"
Dans notre exemple, la bonne valeur est
4,5. (voir figure 18). Créez un masque
de fusion noir en cliquant sur l'icône
et en appuyant simultanément sur
la touche Alt. Dessinez avec le pinceau
de couleur blanche sur le masque de
fusion noir de façon à faire ressortir les
bandes de poussières de la galaxie (voir
figure 19).
Le résultat du passage de ce filtre
"Passe-haut" est visible sur la figure 20.
21. Résultat final après application des trois filtres d'accentuation des détails
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
45
Ce filtre est l'un de ceux que j'utilise le
plus car il permet de travailler sur
d'innombrables petites zones dans
l'image. Couplé avec un masque de
fusion noir et un pinceau de très petite
taille il peut révéler votre image.
Pour ce faire, nous devons revenir en
arrière dans notre traitement. Fermer
le fichier de travail et ré-ouvrez le fichier
M51-llrgb-filtres.psd
Cliquez sur le calque Luminance filtre
accentuation (bien vérifier que le cadre
blanc entoure le calque et non le masque
de fusion). Faites un filtre "Netteté
optimisée" à partir du menu Filtres/
Renforcements/Netteté optimisée.
Commencez déjà par un gain de 500%
pour voir les zones qui changent,
choisissez un rayon entre 1 et 4 pixels
en fonction de votre focale ou de votre
échantillonnage. Dans notre exemple
nous sommes à 160% et à 2,5 pixels de
rayon (voir figure 19)
Vous pouvez soit utiliser le masque de
fusion existant de votre fichier, soit en
refaire un nouveau à base de masque
noir et de coup de pinceau blanc (voir
figure 20) Le résultat final est visible sur
la figure 21.
Ces trois filtres (Accentuation, Passehaut et Netteté optimisée) sont des
filtres très utiles mais ils doivent être
bien maitrisés par l'utilisation du
calque étoiles et du masque de fusion.
Gardez bien à l'esprit qu' un bon
traitement ne se voit pas. Aussi, ayez
la main légère sur les réglages.
Analysez vos images le lendemain
après une bonne nuit de sommeil, vous
serez surpris de voir que le traitement
a été souvent trop exagéré.
N'hésitez pas à sauvegarder souvent
vos fichiers de travail !
Vues sur la Lune
Image de Christian Viladrich prise le 22 août 2008.
Celestron 14 avec extender QX1.6 Takahashi équipé
d'une caméra Skynyx 2.1M et filtre rouge Astronomik.
Compositage de 1000 images avec temps de pose unitaire de 27 ms.
Le point rouge indique le site d'alunissage d'Apollo 15.
Okay, Houston. The Falcon is on the Plain at Hadley.
Longue de 80 kilomètres, cette rainure se développe à partir
du cratère Béla, cratère d'une dizaine de kilomètres et à la
forme allongée. A mi-parcours la rainure Hadley effleure
un cratère d'une quinzaine de kilomètres, puis une dernière
courbe et elle repart vers le Marais de la Putréfaction. A
proximité de ce dernier coude, le 30 juillet 1971 à 22h16
T.U. Dave Scott posait le Falcon et en avertissait le centre de
contrôle de Houston. Débutait ainsi Apollo 15, la plus belle
des missions lunaires...
La chaîne des Apennins sépare la Mer des Pluies (au sud)
de celle des Vapeurs (au nord). Une succession de monts
forme cette chaîne montagneuse : Wolf, Hadley, Bradley,
Huygens et Ampère. Sur le versant sud un cratère d’une
vingtaine de kilomètres, Conon, est largement visible. Le
versant nord domine le Marais de la Putréfaction à la
surface parcourue par de nombreuses rainures parallèles
aux Apennins. Une de ses rainures se distingue par sa forme
sinueuse : la rainure Hadley lovée au pied des monts du
même nom.
46
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
47
Observatoires
En 2004 j’ai commencé à aménager mon propre observatoire dans un ancien four à pain.
Dix mois plus tard, je faisais mes premières observations à l’intérieur.
L'observatoire de l'ancien f
Gérald Rousseau
Mais un observatoire n’est pas quelque chose d’immuable
dans le temps. Il y a toujours quelques modifications à
effectuer.
Ma première modification a été la construction d’un pilier
béton avec un plancher en bois « suspendu », c’est-à-dire
des bastaings en bois fixés directement dans les murs et
non posés au sol. Ce qui évite toute vibration lorsque je
marche dessus lors des observations.
Ma deuxième modification intervenait en 2010 lorsque je
changeais la monture et le télescope. En effet, le tube du
nouveau télescope heurtait le mur, le pied colonne n’étant
pas situé au centre du local. Pour pouvoir observer vers
l’est et le sud, il a fallu décaler le pied légèrement plus vers
le nord-ouest. Si mon ancien C8 sur monture GPDX ne
rencontrait pas de limitation, il en était autrement avec
mon Newton de 250 mm. Il a fallu entailler une partie du
mur côté nord-ouest à la meuleuse (les murs ont une
épaisseur de 70 centimètres).
Ma troisième modification, en été 2011, était plus complexe.
J’ai motorisé la trappe de l’observatoire de façon à réaliser
du remote. J’ai pour cela adapté une motorisation de porte
de garage basculante. Habituellement, cette motorisation
est fixée au milieu de la porte ; ici, il a fallu la décaler sur un
des côtés. Afin de ne pas créer de déséquilibre, j’ai placé un
système de contrepoids du côté opposé. J’en ai aussi profité
pour rénover une partie de la toiture dégradée à la suite de
mauvaises conditions météorologiques.
Ma quatrième et dernière modification en date portait sur
le pilotage à distance (remote) de l’installation avec un
ensemble de matériel Ethernet.
Etat général de la dépendance abritant l'ancien four à pain...
avant les travaux de construction de mon installation astronomique.
Construction de l’observatoire
Le lieu de la construction était la première chose à définir.
J’optai pour le meilleur emplacement possible sur mon
terrain en tenant compte de la maison et des arbres. Rénover
cet ancien four à pain m’aurait coûté aussi cher qu’édifier
un nouveau bâtiment.
Illustration du déplacement de la trappe de toit de l'observatoire
pour accéder au ciel.
48
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
four à pain
Ma seconde option portait sur le choix d’un toit ouvrant
au lieu d’une coupole. La coupole avait ses avantages,
comme éviter le vent et les lumières parasites du voisinage,
l’éclat de la pleine lune... Elle présentait aussi ses
inconvénients, car elle ajoutait de la complexité au moment
de la conception du remote et demandait un entretien plus
important. Mon choix a donc été de réaliser un toit de type
allsky. J’évitais la "classique" charpente sur roulettes pour
utiliser une porte de garage basculante, porte montée de
façon à glisser en suivant une légère pente vers l’ouest. Il
aurait été plus judicieux de l’escamoter côté nord mais la
maison, située côté est, ne me permet pas d’observer en
dessous de 25°. Un système de fixation en trois points évite
d’avoir à l’extérieur un support en fer constituant une zone
inutile et dangereuse, surtout quand les enfants jouent
dehors.
En démontant le four à pain, j’ai récupéré les briques que
j’ai réutilisées en muret à l’intérieur, tout en conservant sa
forme circulaire. C’est ce qui m’a posé des problèmes, par la
suite, lors de l’installation du Newton. Le nouveau
télescope heurtant le mur, j’ai effectué une découpe dans le
mur, coté nord-ouest, pour laisser passer le tube.
Si le mur en pierre calcaire de 70cm d’épaisseur est un bon
isolant l’été, il n’en est pas de même pour la porte métallique.
J’ai donc rapidement calfeutré cette dernière à l’aide de
plaques de polystyrène extrudé de 2cm collées. Celles-ci
avaient la fâcheuse tendance à se décoller. Je les ai recollées
à deux reprises. La meilleure solution fut de les fixer en
réalisant un cordon type silicone sur le pourtour.
gauche au contrepoids, en passant par deux roulettes de
renvoi d’angle. L’ensemble de la motorisation du toit est
pilotable à distance, en local avec un bouton poussoir ou
par internet à l’aide d’un boîtier d’interface de contrôle.
Travaux en cours pour la toiture de l'ancien four (photo du haut)
et pour le plancher en bois "suspendu" fixé dans les murs (cidessous).
Motorisation de l’observatoire
Comme je l’ai expliqué plus avant, le déplacement du toit
de l’observatoire a été réalisé à l’aide d’une motorisation de
porte de garage basculante. Celle-ci étant généralement
placée en milieu de porte, je l’ai déportée sur le côté droit.
En ouverture, elle s’arrête suivant un temps réglable et à la
fermeture suivant le couple appliqué. Problème : dans
l’observatoire, la fermeture se fait vers le haut et donc,
l’ouverture vers le bas, contrairement à une vraie porte de
garage. J’ai trouvé une astuce toute simple : inverser le sens
de rotation du moteur (banale motorisation électrique, en
continu, sous 24 volts).
Afin que la trappe ne parte pas de travers lors de sa traction,
j’ai ajouté, côté gauche, un contrepoids. J’ai placé un tube
d’évacuation en PVC de 140 mm en position verticale, fixé
le long du mur à l’extérieur, dans lequel j’ai glissé des poids
d’haltère en fonte. Un câble en inox relie la porte du côté
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
49
Le télescope est remisé à l'horizontale avant la fermeture de la
trappe de toit.
Vue plongeante dans l'observatoire. On constate que le piedcolonne n'est pas situé au centre de la pièce.
Sous le ciel du Chinonais
L'heureux propriétaire des lieux!
Mon objectif de disposer d’un observatoire automatisé est
atteint. Je ne compte plus le nombre d’heures d’observation.
En effet je peux réaliser des acquisitions tout en… dormant !
Mais je songe déjà à changer l’abri par un nouveau système
permettant d’accueillir un instrument plus volumineux,
toujours de type allsky et en remote. La place ne manque
pas, je dispose de plus de deux hectares de terrain ! Mon
ancien abri "four à pain sera conservé pour y installer
instrument dédié à l’observation du soleil.
Mon ciel n’est pas complètement obscur mais il vaut bien
celui du Pic-du-Midi et j’en parle en connaissance de cause :
je suis situé à plus de 50 kilomètres des grandes villes
comme Tours, Poitiers, et Angers. Chinon, située côté nord,
est masquée par une colline de quelques centaines de mètres
de hauteur. Le temps d’observation annuel à l’observatoire
de Chinon est de 800 heures, soit environ une centaine de
nuit d’observation. Certes c’est peu par rapport au climat
méditerranéen. Toujours est-il que je suis en pleine réflexion
afin d'accueillir sur mon site des observatoires en remote
pour des personnes désireuses de bénéficier de mes
conditions d’observation. L’idée est lancée…
Mise en remote
La mise en remote a été ma dernière modification. Bien que
je puisse piloter l’observatoire depuis n’importe où sur la
Terre via une liaison Internet, je me suis contenté de ne le
faire qu’en local, ou depuis mon lieu de travail pour lancer
la mise en température.
Après plusieurs essais, il me semblait nécessaire d’avoir
un PC dédié à l’observatoire uniquement. D’abord un
netbook, puis maintenant un mini PC sans aucun
ventilateur (sur carte mère et alimentation)et équipé d’un
disque dur SSD. Ce qui fait qu’on ne l’entend pas tourner.
Celui-ci est pilotable à distance, avec le logiciel Teamviewer
ou à l’aide d’une carte iKVM branchée sur le port PCI de la
carte mère. Cette carte permet d’accéder directement au
bouton marche/arrêt du PC et même au niveau du bios.
Une carte IP800 V3 permet de commander le reste des
alimentations de l’observatoire : lampe, motorisation
MCMTII, caméra Audine, motorisation du porte-oculaire,
motorisation du toit et système d’alarme.
Une caméra IP permet de voir l’intérieur de l’observatoire.
Deux points restent à résoudre : le pointage de
synchronisation sur une étoile et la mise en parking
automatique en fin de pause.
...sans oublier d'aménager un espace de convivialité!
50
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
51
Observation
Au sommaire de ce numéro, NGC253 la grande galaxie du Sculpteur, qui est la plus brillante des
galaxies "non-Messier"
CROA : NGC 253
Fabrice Morat
10'
Impressions visuelles
et remarques
C'est le plus gros morceau du groupe
du Sculpteur qui inclut également de
forts jolies galaxies : NGC55, NGC247,
NGC300 et NGC 7793. Physiquement
et visuellement, elle mérite tous les
superlatifs. Son orientation nord-est/
sud-ouest comme sur les atlas saute
aux yeux ainsi que son fuseau allongé
(avec une inclinaison de 78°). A un
52
grossissement de 45x, son centre
brillant m'a paru elliptique avec une
faible étoile détachée du noyau. Cette
galaxie contient en son coeur un super
amas d'étoiles très massif de magnitude
visuelle 14, non résolu ici. Les étoiles
que j'ai perçues en fond galactique sont
à une magnitude visuelle de 13,5 pour
les plus faibles. Notez que la faible
puissance amplificatrice employée
pour ce dessin contribue à prolonger le
bras sud-ouest de manière un peu
exagérée.
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
53
Observation
Si tomber nez à nez avec un scorpion au détour d’un sentier crétois reste un évènement rare,
tenter d’observer son effigie céleste la nuit est presque à la portée de tous. Il suffit de soulever
à peine le regard pour le voir dans toute son entité. Les pupilles bientôt se dilatent et une
faune galactique particulièrement embusquée se dévoile enfin !
Le Scorpion
Fabrice Morat
Scorpius quand tu nous tiens…
Serait-ce ma constellation préférée ? Je ne sais mais quelque
chose en elle m’a toujours attiré : ce n’est pourtant pas sa
triste position sur l’horizon local de nos contrées. En région
alpine, la fenêtre d’observation est pour le moins exiguë et
le Scorpion me montre au méridien sud plutôt sa tête, son
thorax mais difficilement sa queue. Il faut chercher ailleurs.
Il y eut bien des voyages qui m’ont montré toute l’étendue
et l’ampleur de cette constellation. Aux Canaries, il faut
déjà lever davantage la tête et le Scorpion commence à se
fondre parmi les autres constellations de la voie lactée. A
bien y réfléchir, ce sont les contrées plus australes comme
les Açores, Madère et les jardins méditerranéens les plus
au sud qui permettent de ravir l’œil nu. La Crète en fait
partie. En effet, la constellation apparaît alors magistrale
sur l’horizon - ce peut être la mer -, complètement étirée ;
l’animal articulé ne manquant pas de
sauter aux yeux. Cette illusion
d’optique sur sa taille démesurée est à
ranger dans le même tiroir que la
sensation de grosse pleine Lune sur
un horizon marin. Et puis, ce n’est pas
si fréquent de rencontrer une
constellation qui ressemble par sa
forme à sa dénomination officielle.
Cependant, si l’on s’en réfère à ces
cartes
célestes
aux
figures
mythologiques, on note que le
Scorpion se voit amputé de ses pinces
désormais perdues dans la Balance.
Combien de fois n’ai-je pas songé aux
différentes représentations de cette
constellation que leur donnent les
autres civilisations ? Apparemment,
les Perses, les Turcs et les Arabes
voient dans cette partie du ciel le
même arthropode prêt à se défendre.
Toutes les étoiles dessinant
l’appendice caudal y sont pour une
bonne part dans ce choix. Enfin
presque puisqu’en 2006, en plein cœur
du Ténéré (Niger), des Touaregs
m’apprirent qu’ils y voyaient là un
palmier dattier penché, comme un
marqueur dans leur calendrier
1. Principales étoiles du Scorpion
2. Carte de champ de la constellation
du Scorpion réalisée avec le logiciel The Sky Version 6
54
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
pastoral. Plus exactement, son apparition
dans le ciel des régions sahéliennes indique
qu’il est temps pour eux de procéder à la
récolte. Toujours chez ce peuple nomade,
notre queue du Scorpion représente à leurs
yeux l’Autruche femelle, sûrement par
opposition à la constellation voisine du
Sagittaire qui est leur Autruche. Quant aux
Chinois, ne vous fiez pas trop à la
dénomination de l’étoile ε Sco (Wei), il est
bien plus probable qu’elle désigne plutôt
la queue de leur dragon d’azur, symbole
incontournable de ce pays. Sur ces dires, il
est intéressant de dresser la liste complète
des étoiles bien nommées du Scorpion tout
en vous aidant de la carte légendée cicontre.
J’attire particulièrement votre attention
sur la suite logique d’une blessure infligée
par cet animal (visez l’étoile Basanismus
située à l’est de Shaula/Lesath). Comme si,
pour connaître la fin de l’histoire, il fallait
suivre le cheminement des étoiles du nord
au sud !
Son observation à l’œil nu
Ce dessin a été réalisé tranquillement sur
4 nuits de juin (2 à 3h à chaque fois) : les
trois premières nuits dans la région de
Plakias (côte sud) en bord de mer de Libye
et la dernière nuit dans un site d’altitude
au pied de la colline de l’observatoire
(centre de l’île). Le site marin m’a permis
de poser le canevas stellaire et d’y dessiner
les parties les plus denses de la voie lactée.
L’amas globulaire M4 n’y a jamais été
perçu. Le site de montagne m’a aidé à mieux
percevoir les contours du cheval obscur,
les plus faibles étoiles et à détacher
quelques Messier du bruit de fond
galactique. Même dans ce dernier lieu assez
remarquable par sa transparence, M4 n’a
pas été aisé à détacher. Le mode de vision
indirecte a été appuyé pour celui-ci. Les
nébuleuses obscures ne m’ont pas paru
aussi contrastées que dans des contrées
plus australes ou à la qualité de
transparence supérieure. Par exemple, le
Cheval obscur (Dark Horse) était bien plus
évident au pied du Toubkal (Maroc)
remplissant les deux dernières conditions :
plus bas en latitude et ciel encore plus
transparent.
A noter la couleur inhabituelle que revêt
Antarès vue depuis la Crète. Autant en
Europe, elle apparaît la plupart du temps
orangée ou rouge suivant les vues de
chacun
et
l’état
d’absorption
atmosphérique. Autant sur l’île, elle
m’apparut jaunâtre de façon distincte, au
mieux faiblement orangée comme si
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
3. Dessin de la constellation du Scorpion par l'auteur.
Version brute en haut, version légendée en bas
55
4. Constellation du Scorpion. Crédit photo Akira Fujii
du bras Sgr-Car. Ce chemin laiteux se visite depuis M16
(hors dessin), passe par le duo Trifide-Lagune puis par cette
"fausse comète" pour finir en beauté sur la nébuleuse η Car.
Antarès profitait de la faible dispersion atmosphérique du
site (hauteur plus importante sur l’horizon et hygrométrie
peu élevée). Maintenant, tournons-nous vers la partie la
plus brillante du dessin (située sur son bord est). Il s’agit
du Grand Nuage du Sagittaire, l’une des rares structures
internes de notre Voie Lactée à être visible à l’œil nu. Il se
situe non loin du centre galactique qui est le centre d’une
belle ellipse (tout de même 22° environ de grand axe)
englobant le bulbe central galactique. Le Grand Nuage du
Sagittaire est justement une partie de ce bulbe. Il apparaît
brillant sur le dessin car constitué majoritairement
d’étoiles géantes de type spectral K. Les imageurs font mieux
ici en soulevant sa teinte jaunâtre. Appréciez
particulièrement cette zone rectangulaire car pour le reste,
le cœur du bulbe reste insondable dans le domaine du
visible. En effet, il reste fortement obscurci par les poussières
des bras internes. Pas moins de trois bras spiraux se
trouvent sur notre ligne de visée dont le Norma, le ScutumCentaurus et le bras du Sagittaire-Carène. Un peu plus au
sud, dans la région de M7, une autre fenêtre galactique
s’ouvre également même si le célèbre amas ouvert n’est que
superposé au bulbe central tout en étant plus proche de
nous de 1000 al environ. Elle apparaît également assez
contrastée sur le dessin. Enfin, la « fausse comète » est cette
tache rendue floue par la non résolution à l’œil nu de l’amas
ouvert NGC 6231. C’est l’un des points de passage obligés
Les spots astronomiques
de l’île de Crète
Si vous patrouillez l’île d’ouest en est, vous serez étonnés
d’y découvrir un relief intérieur assez escarpé avec des
sommets d’altitude conséquente. Le gros du tourisme se
cantonne à la côte nord et tout le sud de l’île contraste par
une affluence moindre et son côté plus sauvage. En
conséquence, ceux qui veulent rester les pieds dans l’eau,
pourront tenter quelques sites maritimes flanqués sous les
trois massifs les plus imposants de l’île que sont les monts
Lefka (montagnes blanches), le massif de l’Idi et les monts
Dikti, chaîne la plus orientale toujours à plus de 2000m.
Mon choix s’est donc porté pour des raisons touristicoastronomiques sur la région de Plakias, bien abritée par
des massifs côtiers et située au sud-est des montagnes
blanches. J’avais bon espoir d’avoir un ciel correct au moins
au sud d’autant plus que l’établissement hôtelier était
légèrement distant du village. C’était sans compter sur la
proximité d’une nouvelle zone portuaire restée éclairée
toute la nuit pour des pêcheurs qui travaillent au petit
matin. Toutefois, les brumes côtières de ce genre de site
56
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
5.La grande coupole du télescope d'un mètre
trente : gros plan sur l'une des rares balises
extérieures qui parsèment la colline rocailleuse.
même session. Avec un maximum de 0,23’’ et
une valeur médiane rapportée pour le zénith
de 0,4’’ (0,65’’ sur une plus longue période dans
l’année), ce site n’est pas si ridicule que ça. Du
côté de la transparence, le ciel est limpide et
exempt de pollution lumineuse sauf dans la
direction nord-est, Héraklion étant tout de
même assez proche (25km à vol d’aigle). Voici
mes mesures au SQM obtenues le 16 juin au
cœur des nuits d’assez courte durée. En visant
le centre galactique, 21,31 mag.sec -2 , en
braquant sur le zénith (présence de la Voie
Lactée), 21,34 mag.sec-2 et hors Voie Lactée
21,46 mag.sec-2, ce différentiel étant cohérent
avec ce que j’ai pu vivre ailleurs dans le monde.
Les professionnels ont mesuré ce site et il
semble possible d’atteindre 21,5 / 21,6 à
d’autres moments de l’année toujours pour la
région zénithale. En tout cas, les rapports sont
encourageants puisqu’à chaque fois, les raies de pollution
lumineuse (pics en Na et Hg) sont, en intensité, en dessous
des raies aurorales les plus émissives (airglow). Même si
l’œil peut aspirer à mieux pour le rendu contrasté des nuées
obscures, c’est largement suffisant pour produire du bon
travail dans un instrument d’astronomie au jeu de
l’amplification.
furent négligeables. Les valeurs zénithales de mon SQM
(Sky Quality Meter) furent si peu remarquables que ma
mémoire s’égare (aux alentours de 21). La Voie Lactée était
présente mais pas de manière structurée. Il va donc falloir
se hisser plus haut…
Tous les massifs précités possèdent leur propre plateau et
peuvent constituer de bonnes niches pour les astronomes,
les sommets environnants jouant le rôle de baffle naturel.
Respectivement, vous découvrirez le plateau d’Omalos,
celui de Nidas et celui de Katharo le plus oriental. Justement
tout près du plateau de Nidas (centre de l’île) se cache un
observatoire astronomique.
Après une montée sèche au Mont Psiloritis (point
culminant de l’île, alt 2456m) ou plutôt sur son col qui
précède pour cause de vents violents, il était temps d’aller
visiter ces discrètes coupoles. Cet Observatoire Skinakas
est naturellement fréquenté par les étudiants astronomes
grecs mais aussi par des astronomes allemands. Situé à
1750m d’altitude sur un pic aride et isolé, il ne possède plus
désormais qu’un télescope Ritchey-Chrétien modifié de
1,29m, second en taille pour la Grèce ainsi qu’un SchmidtCassegrain de 300mm commandé à distance. La
coupole du T610 allemand réputé pour ses
excellentes images est partiellement abandonnée :
il ne reste plus qu’une "fouille archéologique", les
murs seulement, le dôme ayant complètement
disparu. Lors de la prise de photos à la mi-journée,
le vent était vraiment fort. Heureusement, ces
dômes sont conçus pour résister à de fortes
bourrasques de vents et les télescopes peuvent
rester opérationnels même si les vents soufflent à
95km/h. Pour cette raison, j’ai préféré dessiner le
soir bien au pied de ce mont à une altitude de
1480m. Les coordonnées arrondies de ce site sont :
L= 24°54’E et φ = 35°13’N.
Des études sur le seeing ont montré que la
turbulence est vraiment peu fluctuante durant une
L'auteur
Fabrice Morat, 45 ans, découvre l’Astronomie à 15 ans en
même temps que la course à pied (en 2010, il est Champion
de France vétéran par équipe de course en montagne). Il
commence à dessiner en 2000 et devient rapidement un
rédacteur régulier de Ciel Extrême et d'AstrosurfMagazine. Sa devise : "on ne voit rien clairement tant qu’on
ne l’a pas dessiné". Il est co-auteur de l'ouvrage Astrodessin
(sortie Novembre 2013).
6.L'entrée du domaine et la petite coupole du 300 :
le premier mot grec de la pancarte désigne
le terme "observatoire" (Asteroskopio).
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
57
Astrophotographie
Photographier le ciel avec un APN est de plus en plus facile,
mais vous pouvez améliorer la qualité de vos images en réalisant des mosaïques.
Pourquoi j'aime les mosaïq
Guillaume Cannat
Lorsque je passe des soirées ou des nuits à observer le ciel
à l’œil nu ou avec mon télescope de Dobson, il est rare que
je ne prenne pas en même temps des images de la voûte
céleste. D’une part, cela me permet de conserver un souvenir
plus précis de la qualité du ciel, d’autre part, j’ai toujours
besoin de nouvelles images pour mes différents livres ! Avec
l’amélioration incessante des capteurs électroniques, le
moindre APN reflex est à présent un outil extrêmement
efficace pour l’astrophotographie. Pour peu que l’on se
trouve sous un ciel noir avec une Voie lactée perceptible à
l’œil nu, il suffit de poser quelques secondes avec un objectif
grand angle pour mettre en valeur les contours de notre
galaxie.
Les règles de base sont : couper l’autofocus et le flash, faire
la mise au point manuellement, travailler en mode RAW,
diaphragmer l’optique de deux valeurs, ne pas utiliser une
sensibilité trop élevée (maximum 1 600 à 3 200 ISO selon
les capteurs), utilisez un pied photo et un déclencheur pour
éviter les bougés. Le mode RAW permet de récupérer toutes
les données enregistrées, sans compression et,
normalement, sans prétraitements potentiellement
destructeurs comme c’est le cas avec le JPG. Le
développement ultérieur d’un fichier RAW permet de
corriger la plupart des défauts engendrés par les longues
poses à haute sensibilité. Avec le logiciel livré avec votre
APN ou avec un autre plus performant comme Aperture,
Camera Raw ou Lightroom, vous pourrez même, dans
certains cas, corriger les défauts optiques de vos objectifs :
déformation, vignettage, aberration chromatique. Selon la
focale de votre objectif, vous pouvez poser jusqu’à 15 ou 20
secondes sans que la rotation de la Terre n’allonge
visiblement les étoiles. Pour conserver des étoiles
ponctuelles, utilisez une monture équatoriale motorisée
légère (Astrotrac, Sky Tracker, Polarie).
Si je prends toujours quelques images avec un objectif à
très grand champ pour commencer, car cela me permet de
mémoriser l’ambiance à coup sûr, j’ai pris l’habitude depuis
quelques années de réaliser ensuite des mosaïques plus ou
moins étendues avec un petit téléobjectif pour obtenir un
document final de bien meilleure qualité. Les images cicontre illustrent les avantages de la technique. Si l’image
unique à grand champ est plus rapide à prendre, la
mosaïque offre une bien meilleure résolution et, lorsqu’elle
est rapportée à la même dimension que l’image unique, elle
apparaît infiniment plus riche et définie ; l’encart montrant
la même portion des deux images est assez éloquent.
Il existe de nombreux logiciels (certains gratuits, d’autres
payants) pour assembler les images d’une mosaïque, mais
je demeure fidèle depuis sa version 1 au logiciel Autopano
(Pro puis Giga) de la société française Kolor. Il fait un travail
vraiment bluffant en automatique, mais permet également,
si besoin, une intervention très précise sur tous les
paramètres de l’assemblage. Un petit conseil pratique :
n’hésitez pas à prévoir à la prise de vues un recouvrement
de 20 % à 30 %. Si votre objectif n’est pas excellent sur les
bords, cela vous permettra de recadrer un peu les images
pour éliminer les étoiles déformées par les aberrations
optiques qui nuiraient à la qualité de votre assemblage final..
L'auteur
Guillaume Cannat
Email : [email protected]
Site : www.leguideduciel.net
De gauche à droite : agrandissement à 00 % de l’image faite
au 14 mm ; même zone de la mosaïque au 85 mm ;
agrandissement de la mosaïque à 100 % dans la région de
la nébuleuse de la Lagune.
© Guillaume Cannat
58
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
ques
Ces deux images ont été prises le même soir de septembre 2012 dans les Pyrénées (étang
de la Coumasse, 2 160 mètres d’altitude) avec un boîtier Nikon D700 non défiltré. Celle
de gauche a été obtenue avec un objectif Nikon 14-24 mm réglé à 14 mm et diaphragmé
à 4 (60 secondes de pose avec entraînement, 2 000 ISO) ; celle de droite avec un
objectif Nikon de 85 mm diaphragmé à 3,2 (30 secondes de pose avec entraînement, 2
000 ISO). L’image de gauche montre seulement une portion du champ de l’objectif, celle
de droite est une mosaïque de 12 champs. La lueur orange qui envahit le bas du champ est
le halo de pollution lumineuse de l’agglomération de Barcelone, qui se situe pourtant à plus
de 120 kilomètres à vol d’oiseau.
© Guillaume Cannat
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
59
Ciel profond
En automne, dans la constellation de Pégase,
se cache une galaxie dont l’avatar est une véritable star du printemps...
NGC 7814
vue par Marc Jousset
Non, le véritable challenge est de capturer les infimes
détails le long de la bande d’absorption. Bon point, le
contraste de cette région est très élevé, ce qui facilite le
travail de l’astrophotographe. Là où les choses se
compliquent, c’est que la taille de ces détails n’est de
quelques secondes d’arc…
Pour espérer les révéler, on retrouve la problématique
de l’imagerie planétaire, à savoir bénéficier d’un ciel
stable et utiliser un échantillonnage adapté. Pour ce
dernier point, l’usage d’une longue focale et d’une caméra
à petits pixels est indispensable.
J’ai utilisé mon Celestron C14 de diamètre 356mm et un
réducteur de focale Astrophysics donnant une focale de
3 mètres et une ouverture à f/8,4. L’utilisation d’une
caméra SBIG STL4022M avec ses pixels de 7,4µm donne
un échantillonnage de 0,51"/pixel. Nous sommes bien
dans le domaine planétaire… Si mon site souffre de
pollution lumineuse, la turbulence est heureusement
modérée et l’usage d’une optique adaptative SBIG AOL
permet d’obtenir des images brutes avec une FWHM
jusqu’à 1,5" voire moins.
La brillance de l’objet a permis de limiter les poses à
12x10minutes. Les acquisitions et prétraitements sont
réalisés avec le logiciel MaximDL. Le suivi est réalisé avec
le capteur de guidage de la caméra et le système AOL.
Dans ce cas, le travail de la monture se réduit à laisser
l’étoile guide dans le champ de l’AOL, ce qui n’est pas
trop contraignant pour ma monture Astrophysics
AP1200.
Le traitement final est réalisé à l’aide de niveaux, courbes
et masques pour ressortir les extensions et limiter le fond
de ciel. Les détails sont rehaussés à l’aide de filtres passehaut.
L’objet
NGC 7814 est une galaxie de type Sab située dans le carré
de Pégase à environ 2° de Gamma Pegasi. La singularité
de cet objet est d’être vu parfaitement par la tranche.
Cela n’est pas sans rappeler sa grande cousine de la
Vierge M104, la Galaxie du Sombrero.
Située à 40 millions d’années-lumière, NGC 7814 mesure
4,7’ par 2,4’ pour une magnitude de 10,6. Ses dimensions
en gros moitié de sa grande cousine et sa ressemblance
lui valent le nom de Petit Sombrero. On comprend
parfaitement pourquoi !
Ce bel objet est visible en automne, période où son
élévation est la plus grande. Au vu de sa taille modeste,
un instrument à grande focale est recommandé pour
détailler la bande d’absorption qui coupe littéralement
l’objet en deux.
L’image
La magnitude et la compacité de NGC 7814 en font un
objet de magnitude surfacique élevée, de l’ordre de 13.
Ce n’est donc pas un exploit de pouvoir l’imager. Le
moindre instrument révèlera sa présence, même sous
un ciel pollué, ce qui est mon cas à moins de 30 km de la
Tour Eiffel.
L’auteur
Je pratique l’astrophotographie depuis l’âge de 16 ans ce
qui commence à dater aujourd’hui… Le passage de
l’argentique TP2415 vers le numérique s’est fait à l’époque
héroïque des webcams modifiées. Depuis, le matériel a
bien progressé mais tout devient lourd et les sorties d’un
soir en campagne ne sont plus qu’un lointain souvenir.
L’imagerie du ciel profond à moins de 30km de la Tour
Eiffel est un challenge permanent mais comme je le dis
souvent, tant qu’il y a de l’astrophotographie, il y a de
l’espoir...
60
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
61
Ciel profond
Abell 1367, 2151 et 1634 : trois amas de galaxies
qui vont nous permettre d'appréhender la structure de notre Univers.
Amas de galaxies : 3 briqu
Lionel Mulato
1. L'amas de galaxues du Lion
62
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
ues du Grand Mur
loin ! Halton Arp s’est servi de ces trois
quasars pour tenter de prouver que
ces objets étaient éjectés du cœur des
galaxies. Cette théorie a finalement été
rejetée par la cosmologie moderne, des
preuves ont confirmé que ces objets
étaient à des distances bien plus
lointaines.
Abell 2151 : un jeune
tas de galaxies
Il est admis que l’amas d’Hercule,
Abell 2151 (voir figure 3) résulte de
l’agglomération de plusieurs petits
amas de galaxies. L’amas est à 500
millions d’années-lumière de notre
propre Galaxie.
L’amas d’Hercule est atypique et se
différencie des autres amas par sa
forme irrégulière, ses nombreuses
galaxies spirales, son faible nombre de
galaxies elliptiques. Il n’y a pas encore,
au centre de l’amas, de monstrueuses
galaxies elliptiques, résultant de
nombreuses fusions entre galaxies. Les
caractéristiques des galaxies spirales
de l’amas d’Hercule ressemblent à
celles de galaxies de l’univers lointain.
Elles sont riches en gaz et actives dans
la formation de nouvelles étoiles.
2. L'amas Abell 1367
3. L'amas d'Hercule Abell 2151
L’Abell et la bête.
L’amas de galaxies du Lion (voir
figure 1), Abell 1367, dérive dans
l’espace à environ 300 millions
d’années-lumière de nous. Le centre de
l'amas est occupé par des galaxies
elliptiques massives, dont NGC 3842
qui renferme un des plus gros trous
noirs connus (10 milliards de masses
solaires). Le ratio de galaxies spirales/
elliptiques est assez élevé par rapport
à celui des autres amas, ce qui indique
qu’Abell 1367 se serait formé
relativement récemment.
La bête est un quasar du fond de
l’espace, baptisé [VV96] J114405.3
+195603, tapis en arrière-plan au cœur
d’Abell 1367 (voir figure 2). Avec son
redshift de z=2,2, il frise les 10,3
milliards d’années-lumière et nous
fuit à environ 80% de la vitesse de la
lumière.
Sa faible magnitude (mv 21) sort tout
juste du bruit de fond sur l’image en
négatif (identifié QSO 1). Ce quasar
n’est pas tout seul, il est entouré de
deux autres quasars, annotés QSO 2
et QSO3 plus près, mais toujours bien
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
63
Toutes ces caractéristiques indiquent
qu’Abell 2151 est un jeune amas de
galaxies.
Abell 1656 : un vieux
tas de galaxies
Abell 1656 (voir figure 4), l’amas de Coma
à environ 320 millions d’années-lumière,
est un des amas de galaxies les plus
étudiés.
Les deux galaxies elliptiques au centre
sont deux monstres (NGC 4874 et 4889)
avec un diamètre de plus de 250 000 al…
Elles sont bien plus massives que
n’importe quelle autre galaxie de l’amas
de la Vierge, dont M 87 dans laquelle
nous sommes censés tous finir un jour !
Abell 1656 abrite peu de galaxies spirales
(notamment NGC 4921), localisées en
périphérie de l’amas. Les galaxies
elliptiques occupent en majorité le centre
de l’amas tandis que les galaxies
lenticulaires sont réparties un peu
partout. Cette distribution typique (voir
figure 5) atteste d’un grand nombre de
fusions entre galaxies au cours de ces
derniers milliards d’années.
4. L'amas Abell 1656
5. Les différents types de galaxies de l'amas Abell 1656
La figure n°6 est une comparaison entre
une acquisition avec une TSA102 F/8 et
celle du VST (Survey Telescope du VLT),
montrant les principales galaxies
torturées
par
les
interactions
gravitationnelles.
Droit dans le Grand Mur !
Abell 1367, l’amas du Lion ne voyage pas
tout seul. Un pont de gaz rayonnant dans
le domaine radio le relie à son proche
voisin Abell 1656, l’amas de Coma (voir
figure 4). Ces deux amas regroupent la
majorité des galaxies du Superamas de
Coma.
Le Superamas de Coma fait lui-même
partie d’une structure encore plus
grande incluant notamment l’amas
d’Hercule, Abell 2151 (voir figure 3),
l’amas de la Vierge, etc. Tous ces amas
sont reliés par des filaments, des feuillets,
des murs de galaxies, délimitant de vaste
portion d’espace complètement vide.
Cette structure a été baptisée le Grand
Mur. Compte tenu de ses dimensions
600x250x30 millions d’années-lumière, le
Grand Mur constitue une des plus
imposantes structures observées dans
l’Univers. La mise en évidence
indiscutable de cette structure est
relativement récente (1986) et nous la
devons au programme Center of
64
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
6. L'amas Abell 1656 : imagé en haut avec une TSA102 à F/D 8 et en bas avec le VST (Survey Telescope du VLT)
vitesse de fuite des galaxies, ce qui revient en fait à une
distance en divisant par la constante de Hubble (environ
73 km.s-1.Mpc-1). Les galaxies les plus lointaines mesurées
sur la carte sont donc à environ 700 millions d’annéeslumière.
La carte suivante (voir figure 8) est la superposition de six
tranches de 6° de déclinaison (CfA 2), représentant le fameux
Grand Mur CfA 2.
La figure 9 est une vue en plan (coordonnées équatoriales)
du Grand Mur sur lequel est représentée la position
approximative des trois amas détaillés précédemment.
D’autres structures encore plus larges ont été mises en
évidence récemment : le Grand Mur de Sloan (2003) et le
Huge-LQG (janvier 2013).
Astrophysics (CfA) Redshift Survey.
La carte ci-dessous (voir figure 7) présente le Superamas
de Coma en trois dimensions. Elle indique clairement que
la répartition des galaxies dans l’Univers n’est pas
homogène : les galaxies du Superamas forment un "grand
bonhomme" entouré de vide. Il s’agit en fait de la toute
première carte (Cfa 1) des positions des galaxies à trois
dimensions. Cette carte présente une tranche du ciel de 6°
de déclinaison. Les coordonnées angulaires sont en
ascension droite. Les coordonnées radiales expriment la
7. Représentation du superamas de Coma. Crédit :
Smithsonian Astrophysical Observatory, Geller and Huchra
1989, Science 246, 897).
9. Vue en plan (coordonnées équatoriales) du "Grand Mur"
Cfa2. Crédit : Smithsonian Astrophysical Observatory 1998
Bibliographie
8. Superposition de six tranches de 6° de déclinaison (CfA 2),
représentant le fameux Grand Mur CfA 2
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
65
La référence des sites sur les amas de galaxies :
http://atunivers.free.fr
L’article « Une tranche de l’Univers » :
http://adsabs.harvard.edu/abs/1986ApJ...302L...1D
The CfA Redshift Survey :
https://www.cfa.harvard.edu/~dfabricant/huchra/zcat
Infos techniques sur les images présentées, réalisées avec
une TSA102 F/8 et une Atik4000M disponibles sur :
https://sites.google.com/site/lionelmulato/Imagerie-CCD
Observation
J'ai récidivé ! Il y a des trucs dans lesquels il ne faut pas mettre le nez : le bac de glaces, le
paquet de Dragibus, la plaquette de chocolat... et bien le plateau du Larzac, ce gîte astro perdu
au milieu de nulle part, le T1000 et l'accueil fantastique de Frédéric Géa, c'est le même combat !
Stellarzac à la plume et au
Hélène Legueil
C’est ainsi qu’aujourd'hui je retrouve avec gourmandise
le hameau des Mares, la plateforme consacrée aux instruments et ce ciel à vous couper le souffle. Je n'en reviendrai jamais de la beauté de ce ciel. Si riche qu'il m'en
fait perdre les constellations. Si riche que je dois presque
me forcer à le quitter pour mettre l'œil à l'oculaire.
Ce soir cela semble stable, comme souvent ici, et le SQM
va allègrement atteindre les 21,5 malgré cette Voie Lactée superbement allumée. Un ciel magnifique... Mais je
crois que je l'ai déjà dit.
Je livre ici mes impressions de débutante sur les visions
extraordinaires qui m’ont été permises. Il suffira aux observateurs plus chevronnés de se plonger dans les remarquables dessins de Fred Burgeot pour mesurer tout
ce qu’un œil plus expérimenté est capable d’en tirer.
Allons, plus une minute à perdre. A peine le temps de
rêvasser que Le T1000 est installé. C’est un instrument
superbe, impressionnant, une réalisation toute en robustesse et en finesse. Un monstre si bien dressé qu’il
sait se faire oublier, pour juste devenir le prolongement
de l’œil et de l’observateur. L'escabeau est fin prêt lui
aussi, il suffit d’y grimper, alors en route pour un nouveau voyage !
Première étape dans le Serpent, à la rencontre de M5.
Il ne faut vraiment pas longtemps pour se rendre compte
qu'on a changé de dimension. Il n'est plus question ici de
cafouiller à essayer de résoudre quelques étoiles sur un
centre brillant : on est au cœur de l'amas globulaire ! Les
étoiles sont partout, infinies et uniques, couvrant chaque infime partie du champ. C'est un envol, un plongeon. Vertigineux et magnifique !
Dans la foulée, changement de registre lors d’un petit
arrêt sur un couple de galaxies, Arp199. Une petite ronde
au cœur lumineux surmontée d'une compagne longue et
dressée. Je crois que si son surnom ne m'avait pas été
soufflé je l'aurais tout de même deviné ! Je ... ne m'étends
pas davantage !
Le temps de reprendre mes esprits, voici déjà M101, toujours dans la Grande Ourse. Au T250 sous un bon ciel je
l'avais jugée "bien visible, avec quelques irrégularités".
La voilà transcendée. Elle est énorme, méconnaissable.
Le départ des bras est remarquablement défini. Ils s'étendent, pâles et pourtant tellement présents, si loin qu’il
me semble que je n’en trouverai jamais la fin. J'ai irrésistiblement envie de repousser les bords de l'oculaire !
En grossissant davantage, les zones de vide se dessinent
encore plus finement. La vision gagne en relief, en profondeur, on se sent pris de vertige.
Alors il me faut me raccrocher à ces trois nodosités qui se sont rapprochées, détails incroyables de ces chapelets de zones brillantes qui soulignent cette grandiose galaxie.
Reprenons notre souffle, reprenons nos distances maintenant avec le Sextet de Seifert.
Au plus faible grossissement se présente un
triangle de formes lumineuses, prolongé par
deux extrémités qui semblent fuser. Quelques
variations d'oculaires plus tard je comprends
enfin le positionnement des galaxies. Cet
agencement particulier et le jeu des nuances
en font un objet vraiment très esthétique. Et
comme à chaque passage ici, ce n'est que bien
plus tard que je réaliserai la chance que j'ai
eue d'y avoir accès !
1.NGC 6210, petite nébuleuse planétaire située
dans Hercule, sans filtre, couleur bleue prononcée,
par bon seeing, grossissement 460x. Dessin de
Frédéric Burgeot au T1000
66
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
crayon
2.NGC 6445, nébuleuse planétaire du
Sagittaire à la forme très particulière.
Dessin de Frédéric Burgeot au T1000
Fred me promet une balade au pays
des
tachouilles.
Direction
Abell 2151. La promenade commence tranquillement par un petit
arrêt (oui déjà) sur un couple accompagné d'une petite allongée.
"Tiens, voilà la télécommande,
maintenant débrouille toi"
Et la plongée commence. Tu en veux
des tachouilles ? Et bien il y en a absolument partout ! De tous les côtés, des rondes, des longues, des
floues, des brumeuses, en groupes
ou isolées, c'est fantastique ! Je me
retiens, tant bien que mal, d'y passer plus de temps, encore beaucoup
plus de temps.
De l’ombre à la lumière, petit détour
pour aller saluer l'Emeraude, la néNGC
6572
dans
buleuse
Ophiuchus. C'est un petit phare d'une teinte explosive,
franche, nette, sublime. D'un beau bleu verdâtre. A moins
que ça ne soit d'un magnifique vert bleuâtre ? En tout cas
d'une intensité d'une autre trempe que ce que m'en avait
livré le T250.
Nous voici de nouveau en approche sur Hercule, aux
abords de M13. Je l'avais déjà détaillé lors d'une précédente visite. Enorme, envoûtant, je ne reviens pas dessus. Nouvelle vision bien plus nette d'NGC 6207 la petite galaxie voisine, déjà visible au T250 comme une petite forme allongée au cœur plus lumineux.
Mais il s'agit ici de capturer une autre galaxie à mi chemin entre les deux. Un nouveau petit fuseau qui se cache
au bout d'un alignement d'étoiles rappelant la constellation de la Lyre : IC 4617, de magnitude 15,5. Ca y est, je
l'ai !
Hercule nous livre maintenant NGC 6210 la nébuleuse
dite de la Tortue. Au T250 je notais "Petite NP d'un joli
bleu prononcé". Ce soir Fred me la propose d'abord à
fort grossissement pour qu'apparaissent clairement ses
deux extensions en crochet. De retour à un grossissement plus "raisonnable". Je suis en mesure de détailler
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
une vraie nébuleuse d'une très belle couleur, marquée
d'une centrale extrêmement fine. En fouillant un peu elle
me semble auréolée d'une sorte de brume, de diffusions,
et des irrégularités apparaissent sur sa surface, avec
comme un semblant de croissant plus dense sur un bord.
Voilà ma "petite NP" devenue un bel objet complexe et
plein de ressources.
Un grand saut de puce pour rejoindre M57. Il s'agit de
dénicher IC 1296, une petite galaxie de magnitude visuelle 14,8 et de brillance de surface sans doute bien faible : une illusion brumeuse à la base d'un triangle. Oh la
vache ! Nous voilà dans de l'infime ... et encore une fois
cette montée d'adrénaline, ce frisson sublime face à un
presque rien... Et des presque-riens dans le style, accessibles au 1m, il doit y en avoir à en perdre la tête !
Bon... Je remonte en hâte à l'escabeau : j'en avais oublié
de saluer l'Illustre Anneau.
La nuit avance, inexorablement, il est l'heure d'une petite virée autour du Sagittaire.
D'abord NGC 6445 la nébuleuse du Pâté en Croute. Découverte récemment au T250 c'était « Une forme rectangulaire avec un centre sombre ». Ce soir elle est toujours
67
3. M16 et les fameux "piliers de la
création", dans le serpent vus dans le T1000
par excellent seeing avec des
grossissements de 202x à 270x avec un
filtre OIII. Dessin de Frédéric Burgeot
sans savoir a postériori s'il s'agissait
d'extensions ou d'un embuage intempestif de l'oculaire...
NGC 6818, Little Gem, une autre nébuleuse. Mes impressions précédentes au T250 ? « Bien contrastée, un peu
verdâtre ». Ce soir le Petit Diamant a
pris de l'ampleur et de la valeur : c'est
une nébuleuse très dense, toute en
nuances et en jeux de matières.
Et voici que s'annonce M16. Au T250
comment dire ... Il faut quand même
s'arracher l'œil pour essayer de suivre au plus loin les quelques nébulosités accessibles. Ici et maintenant,
quasiment en vision directe il y a les
Piliers ! Et contempler ces formes
sombres drapées dans leur grande voile ça c'est un grand
moment !
J'y reste autant que faire se peut. Tout y est : les dimensions impressionnantes, le contraste du cœur, c’est indescriptible. Il me faut tout de même m'appliquer un
peu pour bien réussir à individualiser les mythiques formes élancées. Si le reste est évident les contours du troisième pilier me resteront un peu flous.
Mais voilà que je chipote. C’est qu’il y en a eu des grands
moments ici à l’oculaire du 1m ! Je repense à tous les
chocs ressentis face à ces visions quasi photographiques :
la Tête de Cheval, énorme, anguleuse, tellement facile, le
quasar double où j’ai touché du doigt les limites du
temps, les galaxies, les nébuleuses et les Dentelles !
Les Dentelles. Une vision inoubliable. Toute jeune
astramette je les découvrais il y a un an, ici, sur le T1000.
La Petite d’abord, remontée en suivant ses volutes serrées, enroulées, comme encapsulées dans une gangue invisible. Elles me semblaient se tourner, se tordre, chercher à s’échapper. Je les avais suivies jusqu’à 52 Cygni
puis jusqu’à cet évasement soudain, ce déchirement en
basse mais bien plus grande. La forme rectangulaire est
cette fois plus qu'évidente, bien que certains côtés se révèlent en fait être plutôt arrondis. Le centre s'est rempli
d'une concentration diaphane encapsulée dans une coque externe bien définie. Je devine une diffusion autour,
4. Ci-dessus, la grande dentelle du cygne, dessinée en 2011
au T400mm à 88x. A droite, détail des dentelles, dessiné au
T1000 à 350x, filtre OIII. Dessins de Frédéric Burgeot
68
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
mille lambeaux. Une remontée fascinante le long de ce
déchainement que j’avais qualifié de spectral.
Puis le Triangle de Pickering, phénoménale partie de
saute-mouton au cours de laquelle je m’étais perdue,
malgré les avertissements de Fred.
Et enfin la Grande Dentelle pour une dernière fuite en
avant d’un écheveau filamenteux à l’autre, de gués en
passerelle, indéfiniment. Inoubliable vous dis-je !
Allez, retour ici et maintenant sur la plateforme…
Rassasiée d’M16 je profite honteusement de l'absence de
mon guide pour me jeter sur la Pronto de 76 mm accolée
au 1m, et m'en servir de chercheur pour trouver M17 la
nébuleuse du Cygne. Quelques tapotages sur la télécommande plus tard je remonte à l'escabeau admirer le volatile. C'est à couper le souffle : un foisonnement de
filandres lumineuses et de moutonnements à perte de
vue. J'apprécie plus particulièrement l'extraordinaire
présence, l'extraordinaire relief ainsi offerts aux zones
sombres.
Je voulais le voir, je ne le connaissais pas et voilà
NGC 6888, le Croissant. Et bien je ne l'imaginais pas si
grand. J'ai du mal à l'embrasser dans son ensemble, il va
me falloir le détailler par quartiers : les deux bords bien
définis et nuancés dont l'un est beaucoup plus accessible que l'autre, la bande centrale qui porte l'étoile émettrice, et la multitude des diffusions internes ténues et
hachées. C'est également un remarquable objet aux dimensions impressionnantes.
Nous voici maintenant papillonnant dans l'Aigle sur
NGC 6781. Une curieuse nébuleuse incroyablement
dense. Enfin pour un instant encore, car le cercle externe
s'efface sur un bord, donnant la sensation que cette phénoménale baudruche est en train de se vider.
C'est une constante qui ne se dément pas d'une session à
l'autre : le T1000 permet vraiment une approche saisissante de toutes ces petites NP.
Et puisqu’il faut bien en terminer voici NGC 7331 dans
Pégase, pour finir en beauté sur une galaxie. Un cœur
lumineux, une bande plus sombre, un large disque aplati
et rayonnant… ça vous rappelle quelqu'un ? Comme me
le fait remarquer Fred elle a effectivement de faux airs de
M 31 vue dans un plus petit diamètre, avec ses galaxies
satellites, ce rayonnement, cette présence éthérée propres à sa grande sœur.
L’illustration même de ce que permet de toucher un
T1000 comparé à mon vénérable T250. Et pourtant je
n'ai déjà plus qu'une envie, c'est de repointer tout ce qui
pourra l’être avec mon fidèle destrier.
C'en est fini pour cette nuit. Une soirée d'observation
extrêmement riche une fois encore, à osciller entre la redécouverte de grands classiques méconnaissables et hallucinants de détails à ce diamètre, et la recherche de
tachouilles toujours plus improbables.
Vraiment, je souhaite à chacun de venir s’abandonner
ici à la beauté sauvage du Larzac, de s'autoriser un passage sous ce ciel magique et sur ce type d'instrument
hors norme : un monstre de précision conçu pour s'éclater la rétine, dévoiler les couleurs, transcender les nébuleuses, sublimer les galaxies.
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
Les deux grands Dobsons de Stellarzac où Frédéric Géa
accueille les astronomes amateurs depuis 2011 dans
un gîte dédié à l'observation du ciel. Les conditions y
sont très favorables à l'utilisation de ces grands
instruments car le ciel est à la fois transparent et stable.
Un bon seeing est un élément clef de la qualité des
observations.
Site Internet : www.stellarzac.com
L'auteur
Hélène Legueil, astronome
amateur de la région de Béziers
dans l'Hérault, est aux commandes d'une petite lunette et d'un
dobson de 250mm depuis un
peu plus d'un an. Adepte des
petites "taches de lumière" lointaines elle passe régulièrement
sur le plateau du Larzac pour
profiter d'un ciel de bien
meilleure qualité.
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Vie des clubs
Nombreux sont les visiteurs qui, à la recherche de notre observatoire,
passent deux fois devant celui-ci avant de le trouver.
Un club triple A
Un petit chez soi vaut mieux qu’un …
Pour de nombreuses personnes en effet observatoire
astronomique signifie coupole, alors que le nôtre est doté
d’un toit coulissant ! Cette option a été choisie par son
concepteur, et créateur du club (en décembre 2005), JeanJacques, pour des raisons de facilité d’exécution et
d’intégration à un bâti préexistant. Les travaux ont été
réalisés par les membres du club ce qui nous a permis de
bien nous connaître et à chacun de prouver sa motivation.
Nous disposons d’un observatoire sur deux niveaux. A
l’étage, une terrasse de 3m X 5m, recouverte d’un toit
entièrement coulissant et qui abrite actuellement un
télescope Newton de 406mm sur monture Valmeca et une
lunette FSQ 106 sur monture EQ6. Au rez-de-chaussée, une
petite salle de rangement de matériel, un coin (au chaud)
de pilotage à distance des télescopes et appareils photos,
un coin café-chocolat et une petite salle de réunion avec
vidéoprojecteur. Tout cela est très concentré et le club, fort
d’une dizaine de membres ne pourrait donc pas en
accueillir beaucoup plus.
Au sol, devant l’observatoire nous disposons d’une terrasse
dallée pour poser nos autres matériels lorsque le temps est
propice. Celle-ci est munie d’une méridienne horizontale
qui nous a permis d’orienter les dalles Nord-Sud; la mise
en station des montures équatoriales est ainsi grandement
facilitée, surtout pour l’observation du Soleil avec notre
"Lunt".
Georges, notre webmaster a, quant à lui, créé notre site
depuis l’autre bout de la France. Salut à toi, Georges !
Que des hommes donc dans ce club, hélas. Isabelle, que
nous regrettons beaucoup, ayant dû nous quitter pour des
raisons professionnelles. Un petit coucou à elle !
Tout ce petit monde se retrouve tous les vendredis soir,
qu’il neige, qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il fasse beau.
L’astronomie :
un champ d’activités très vaste
Dès le départ, nous avons choisi de faire de la photo
astronomique pour pouvoir profiter des belles couleurs
des nébuleuses, invisibles même à l’oculaire de notre T400.
Après quelques mois d’essais peu fructueux avec une
caméra CCD, nous nous sommes tournés vers l’utilisation
des APN, bien plus faciles d’usage. Les soirées de mauvais
temps (très rares en Alsace…) sont ainsi occupées à traiter
nos images. Un grand merci en passant à Patrick Lécureuil
qui, par ses ouvrages, nous a « mis le pied à l’étrier ».
Outre les traditionnelles "portes ouvertes" annuelles et les
Pas très nombreux mais motivés !
Les membres du club, tous autodidactes, ont chacun des
compétences spécifiques, qu’ils mettent en commun,
permettant ainsi à tout le groupe de progresser.
Il y a Jean-Pascal qu’on surnomme le « Goto humain » car
il pointe notre Dobson plus vite que les systèmes
informatisés, Yves et Damien qui sont nos "rois du fer à
souder" et résolvent tous nos problèmes électroniques,
Etienne qui nous tient au courant de toutes les actualités
astronautiques, Maxime qui nous aide à progresser dans le
traitement des photos astronomiques, Philippe qui tient
en haleine notre public par son art de raconter des histoires,
Daniel qui nous aide à maitriser certains logiciels bien utiles,
Alain qui par sa bonne humeur maintient le moral des
troupes par mauvais temps et Jean-Jacques qui aime à
expliquer par quelques calculs le fonctionnement de la
mécanique céleste.
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Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
échanges avec les autres clubs de la région au sein de la
F4A (Fédération des associations d’astronomes amateurs
d’Alsace), nous accueillons divers groupes (Conseil
Municipal, "sponsors", etc.) pour une visite guidée.
Mais l’activité qui nous mobilise le plus est depuis trois
ans l’organisation de sessions « d’initiation à l’astronomie
» qui nous permettent de partager notre passion. Celles-ci
ont lieu sous deux formes :
Des cycles de cinq séances mensuelles suivis par des groupes
d’une vingtaine de personnes, au cours desquelles
l’apprentissage de l’utilisation du matériel astronomique
et l’observation du ciel sont privilégiés. Par ailleurs nous
abordons aussi divers thèmes sous forme de diaporamas :
les instruments anciens, quelques incursions dans la
mythologie, les mouvements de la Lune et la mécanique
céleste, la découverte du Système Solaire, la vie des comètes,
la fabrication des atomes au sein des étoiles, les balades de
Curiosity sur Mars etc… Capter l’attention des auditeurs
et réussir à leur « faire passer le message » est bien gratifiant
pour nous !
Une journée d’initiation aux cadrans solaires : un peu de
théorie, les différentes sortes de cadrans solaires, le traçage
et leur construction. Les participants rentrent chez eux
avec un cadran.
Astrosurf-Magazine N°64 Sept./Oct. 2013
Des défis déjà réalisés
et d’autres à relever
Le premier défi a été de se construire un observatoire, petit
certes, mais aussi très fonctionnel et accueillant.
Nous avons aussi, petit à petit, constitué un groupe de
passionnés, dans une ambiance chaleureuse ; nous avons
souvent le vendredi soir bien du mal à nous séparer !
Outre de belles photos du "Ciel profond", nous avons
capturé l’ISS devant le Soleil, un "gros plan" de la station
spatiale ISS, des photos de flash iridium, d’éclipses de Lune
et de Soleil. Toutes ces images sont sur notre site sur le
web.
Les prochains challenges seront la découverte de la
spectroscopie et la réalisation d’une coupole hémisphérique
qui sera utilisée comme planétarium.
Le Club
Association AstroAspach
1 rue Bellevue - 68130 Aspach
Tél : 03 89 40 62 79
Site : www.astroaspach.fr
Courriel : [email protected]
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Le ciel en octobre 2013
A voir ou à savoir
Samedi 5
02:35 Nouvelle Lune
Mardi 8
16:30 Maximum d'activité de l'essaim
des Draconides
17:46 Rapprochement entre Mercure
et Saturne
Mercredi 9
06:00 Plus grande élongation Est
de Mercure
Jeudi 10
07:26 Maximum d'activité de l'essaim
des Taurides australes
Vendredi 11
01:06 Lune au périgée
07:37 Maximum d'activité de l'essaim
des Delta Aurigides
Samedi 12
01:02 Premier Quartier
Mardi 15
13:29 Rapprochement entre Mars
et Régulus
Jeudi 17
20:32 Rapprochement entre la Lune
et Uranus
Vendredi 18
09:18 Maximum d'activité de
l'essaim des Epsilon Géminides
Samedi 19
01:37 Pleine Lune
Dimanche 20
18:34 Opposition de l'astéroïde
42 Isis avec le Soleil
Lundi 21
09:47 Maximum d'activité
de l'essaim des Orionides
Jeudi 24
10:16 Maximum d'activité
de l'essaim des Leo Minorides
Vendredi 25
00:50/01:23 Occultation de 26 Gem
(mv = 5,20)
16:25 Lune à l'apogée
Dimanche 27
01:41 Dernier Quartier
Jeudi 31
01:23 Opposition de l'astéroïde
10 Hygiea avec le Soleil
La fin du mois d’octobre est marquée depuis quelques années par le retour au
décalage d’une heure avec le Temps Universel. Cette année le passage de l’heure
d’été à celle d’hiver est programmé le dimanche 27 : à 3 heures (heure de nos
montres) il est à nouveau 2 heures...
Mars, Ison et un trio de Messier
Les planètes visibles à l’oeil nu se réduisent à deux paires de deux : Jupiter et
Mars d’un côté, Vénus et Saturne de l’autre. Durant la première décade Mercure
tente une apparition pour tenir compagnie aux deux planètes visibles au
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Ephémérides données en temps légal (TU+2 heures et TU+1 heure)
et établies pour un site d'observations
de coordonnées 47°nord et 3°est.
Illustrations tirées du
Guide du Ciel 2012-2013
(sauf frise lunaire )
Satellites de Jupiter
couchant. On peut ajouter une troisième paire de planètes avec les lointaines
Uranus et Neptune. La première citée passe en opposition avec le Soleil le 3, ce
qui la rend accessible une grande partie de la nuit dans les Poissons. Quant à
Neptune on peut également la localiser aux jumelles dans le Verseau, à la mioctobre elle franchit le méridien vers 22 heures.
Au moment où Neptune passe le méridien, Jupiter amorce son lever. Visible en
seconde partie de nuit, la planète géante ralentit son déplacement apparent
direct, frôlant en début de mois Wasat, une étoile dans les Gémeaux. A l’oculaire
le ballet des satellites galiléens accompagne les passages de la Tache Rouge
(voir www.astrosurf.com/ephemerides/).
En fin de nuit Mars se lève dans le Lion. A l’oculaire la planète n’offre rien de
bien intéressant. En revanche son déplacement apparent est accompagné de
celui de la comète Ison, comète accessible aux jumelles. C’est dans l’aube du 25
octobre qu’il convient de diriger nos instruments vers le couple planétocométaire qui brille dans le voisinage du trio de galaxies du Lion formé par
Messier 95, 96 et 105. Une bonne idée de photographie pour la couverture d’un
prochain Astrosurf Magazine.
Dernier Quartier vénusien
Dans les lueurs du couchant, Saturne nous fait ses adieux. Au soir du 6 elle est
en conjonction avec Mercure en direction de l’horizon ouest-sud-ouest en
compagnie d’un mince croissant de Lune. En décalant les regards vers le sudouest on trouve Vénus, qui passera en conjonction avec la Lune le 8. Mercure
déserte rapidement la scène, puis graduellement Saturne disparaît à son tour
dans les lueurs du couchant.Vénus, esseulée dans le ciel du crépuscule,
augmente son temps de présence se couchant plus de deux heures après le
Soleil le dernier jour du mois. Ce jour-là à l’oculaire, l’étoile du Berger nous
présente un disque à moitié éclairé aux allures de dernier quartier.
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