201

Bulletin ARCRE–PECRE
nº 201
(16.02.17)
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ÉVÉNEMENTS - ACTUALITÉS
Arabie saoudite: la « Journée des Femmes »: une première qui
dure trois jours… Améliorations en vue?
11/02/2017
Publié par le site saoudien Arab News, l’événement fait partie de mise en œuvre des directives du
ministère de la culture et de l’information « de mettre en lumière le rôle principal des femmes
saoudiennes dans tous les domaines« . Cependant, l’accès sera réservé aux femmes (sic!) , mais les
familles « seront les bienvenues pour participer à des activités à l’extérieur« précise LE directeur
du centre. Indispensable, puisque n’étant pas autorisées à conduire, les femmes ont dû y être
amenées par leurs époux (voir Aisha Fareed: « Riyadh celebrates first Saudi Women’s Day « ,
arabnews.com, 03/02/17).
Modérément optimiste, Jack Rogers (« Saudi Arabia Just Held Its First Ever Women’s Day » sur
emirateswoman.com, 07/02/17) signale quelques réformes dans la législation concernant les
femmes dans ce pays (droit de vote et de candidature aux élections depuis 2015, limitation des
pouvoirs de la police religieuse en 2016) , et ce dans le cadre du plan Vision 2030.
On notera que le plan Vision 2030 ne prévoit pas dans sa première phase que les femmes conduiront
en 2020: le ministère du travail y a comme 23ème objectif: « Fournir un transport adéquat à un
Bulletin ARCRE 201 (16/02/17)
prix convenable aux femmes qui travaillent« (p.99) et le budget de ce poste est, de loin, le plus
élevé parmi les 26 attribués à ce ministère ( National Transformation Program 2020. A program by
Vision 2030 (pdf), Kingdom of Saudi Arabia, 113 p.)
Alors pourquoi trois jours? La réponse vient peut-être de FDM: « Une journée de la Femme en
mars ne suffit pas à l’Arabie Saoudite. Le pays a préféré organisé trois journées d’un coup. Parce
que les défis sont immenses ? » (lire "Arabie Saoudite : 3 journées de la Femme pour 1001
interdictions" , sur femmesdumaroc.com, 07/02/17)
Catégorie(s) : Société Tags : Arabie saoudite, droit des femmes
Il y a un bien, un océan de bien, qui œuvre dans le monde
(Pape François)
12/02/2017
Dans son message pour les 150 ans du journal La Stampa (Papa Francesco: “Non lasciamoci rubare
la speranza dal male”, lastampa.it, 09/02/17) le pape demande aux médias de ne pas se laisser aller
à la globalisation de l’indifférence et de garder l’espérance même si le mal semble envahissant.
Vaincre la pétrification du cœur et décrire la complexité de la réalité sont deux défis majeurs que
les medias doivent relever, dit-il.
L’océan de bien qui traverse notre monde ? « « Il a le visage de celui qui prête secours aux victimes
des bombardements en Syrie. Il a le regard de celui qui accueille les migrants sans croire à la
tentation de la fermeture, de celui qui ne se résout pas à voir dans l’autre, dans celui qui est
différent, un ‘ennemi’. Il a les mains de celui qui s’engage pour garantir un lendemain aux
nombreux jeunes et enfants sans avenir dans les pays pauvres. Il a le sourire des volontaires qui se
rencontrent dans les couloirs de nos hôpitaux, de celui qui partage un peu de son temps avec les
personnes âgées seules dans nos villes ». » (voir la traduction partielle de l’article par Anne
Kurian: "Le pape invite les médias à ne pas oublier « l’océan de bien » présent dans le monde" ,
fr.zenit.org, 09/02/17
Catégorie(s) : Société Tags : médias, Pape François
Intoxication médiatique (presque) généralisée concernant une
déclaration d’oulémas marocains sur l’apostasie
15/02/2017
Que s’est-il passé? Comme un traînée de poudre, des articles annonçant que le
conseil des Oulémas marocains avait émis une nouvelle fatwa déclarant que les
apostats ne devaient pas être punis de mort, contredisant une autre de 2013
(malheureusement vraie, elle!), se sont répandus sur le web. Certains sites, même
parmi ceux auxquels on peut faire confiance généralement, sont tombés dans le panneau!
Bulletin ARCRE 201 (16/02/17)
Suite à certaines imprécisions gênantes (citation d’un document introuvable sur le net, ainsi que ses
références; déclaration « récente » dont la date n’est pas donnée,..) une recherche approfondie nous
a permis de confirmer nos doutes: « Désintox : Le Conseil supérieur des oulémas du Maroc n’a pas
modifié sa position sur l’apostasie » de Yassine Benargane, sur yabiladi.com, 09/02/17, qui remonte
jusqu’à la source, [...voir l'extrait supprimé en cliquant sur le titre de notre article...]
Nous tenons à rappeler que les intoxications/manipulations médiatiques involontaires ou volontaires
sont de plus en plus fréquentes et sophistiquées, et qu’il est toujours bon de rechercher l’origine
d’une information. Si la manipulation par médias interposés vous intéresse, vous pouvez lire du
National Intelligence Council: « Background to “Assessing Russian Activities and Intentions in
Recent US Elections”: The Analytic Process and Cyber Incident Attribution« , ICA 2017-01D du
06/01/17, partie déclassifiée du rapport détaillé d’un cas récent à grande échelle.
Catégorie(s) : Politique, Religions, Société Tags : apostasie - apostasy, Maroc, médias
PaxChristi-WB devient BePax
16/02/2017
« BePax » peut littéralement être lu comme « Sois la paix ». Ce nom reflète donc parfaitement la
mission de l’association : sensibiliser les citoyens et décideurs aux conflits qui divisent les
différentes populations établies en Belgique, et les amener à devenir des acteurs de paix. » Lire la
suite des (bonnes) raisons de ce changement de nom: Pax Christi devient BePax, sur bepax.org
Catégorie(s) : Rencontre interculturelle Tags : Associations chrétiennes, Belgique, BePax
Algérie: chasse aux membres de l’Ahmadiyya, minorité
musulmane pacifique
16/02/2017
« Pourquoi cette guerre contre une minorité religieuse qui pourtant n’est ne prône ni la violence ni
l’extrémisme ? Pourquoi les autorités religieuses ne peuvent pas leur opposer un argumentaire
fondé au lieu et place d’une répression policière ? Pourtant la Constitution consacre l’inviolabilité
de «la liberté de conscience et la liberté d’opinion et la liberté d’exercice du culte est garantie»,
mais cela doit être «dans le respect de la loi», précise la Loi fondamentale.
« Le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, depuis son installation a fait du retour au
«référent religieux national tirant sa substance de l’esprit de Cordoue» son cheval de bataille pour
«immuniser» la société algérienne contre toute tentative de discorde que serait l’œuvre des courants
étrangers. «Nous combattons les dérives sectaires, les agissements et le prosélytisme qui risquent de
diviser l’Algérie sur une base religieuse. Nous luttons l’intrusion des courants qui peuvent
transposer les conflits du Moyen-Orient en Algérie», réaffirme régulièrement le ministre. » dans
Bulletin ARCRE 201 (16/02/17)
Hacen Ouali: »Pratique religieuse interdite: Pourquoi les ahmadis sont pourchassés« , repris
d'ElWatan.
Voir aussi: « Les ahmadis veulent rencontrer Mohamed Aïssa. Affaire de l’arrestation de membres
de leur communauté » sur djazairess.com, repris de El Watan, 06/02/17, et ALGERIA: Religious
minorities under oppression, sur hrwf.eu, 15/02/17.
Pour en savoir plus: site officiel de l’Ahmadiyya (en anglais).
ANALYSES - OPINIONS - DÉBATS
Thème marial pour les JMJ… Mais pas à propos de la
« Madone directrice d’un bureau de poste! » (Pape François)
12/02/2017
Source :
(1) Cl. H. avec Radio Vatican: "Rome justifie la date des JMJ au Panama", sur la-croix.com,
22/01/17, (2) Nicolas Senèze: "Quel sera le thème des JMJ de 2019 au Panama ?", sur la-croix.com,
22/11/16
Interrogé sur le choix d’un thème marial pour les Journées mondiales de la jeunesse à Panama du 22
au 27 janvier 2019 (voir Source (1)) , le Pape a été clair sur ce qu’il ne voulait pas! La transcription
de ses échanges avec 140 supérieurs généraux de congrégations religieuses masculines, le 25/11/16,
dans le cadre de la 88e Assemblée générale de l’Union des supérieurs généraux (USG) a été publiée
dans le numéro 4000 de Civiltà Cattolica.
Après avoir dit ne pas avoir choisi les thèmes, mais en être satisfait, il a ajouté: « Mais la vraie
Vierge Marie! Pas la Vierge Marie chef d’un bureau postal qui chaque jour envoie une lettre
différente disant: ‘Mes enfants, faites ceci, et le jour, après faites cela!’ Non, pas celle-là. La vraie
Vierge Marie est celle qui enfante Jésus dans nos cœurs, qui est Mère. Cette mode de la Vierge
Marie superstar, comme une protagoniste qui se met elle-même au centre, n’est pas catholique. »
(traduction libre, texte original ci-dessous).
Sans que le pape François l’ait dit explicitement, l’allusion est claire aux « apparitions de
Medjugorge » où « Au début des apparitions, chaque jour, la Sainte Vierge a fait connaitre son
message aux voyants pour les transmettre à travers eux au monde entier. » (En-tête de la page
d’accueil de Messages de Medjugorje – Medjugorje WebSite)
Pour un dialogue franc: rappels de base
12/02/2017
Bulletin ARCRE 201 (16/02/17)
Reçue par le journal de Montréal, cette lettre d’un lecteur a été publiée. Elle rappelle quelques
conseils pour éviter les travers de l’irénisme ou de la diabolisation, de la culpabilisation ou de la
victimisation, dans les relations entre chrétiens et musulmans.
«J’espère que ce rapprochement [constaté après l’attentat de Montréal] se transformera en amitié
sincère, avec les contraintes que ça amène. L’amitié demande de tenir compte de l’autre, de ses
opinions et, parfois, céder sur certains points. Ces compromis ne doivent pas être systématiques ou
unidirectionnels. Suite à un drame, les amis se consolent, mais après un certain temps, ils se
confrontent de nouveau. C’est le propre de l’amitié».
Catégorie(s) : Rencontre interculturelle, Société Tags : dialogue islamo-chrétien
La tolérance ne suffit pas!
12/02/2017
« L’harmonie interconfessionnelle ne doit pas se limiter à une simple coexistence pacifique : le vrai
sens de la coexistence pacifique est l’enrichissement mutuel », affirme Mgr Ivan Jurkovic qui fait
observer que l’origine des conflits, une «vision limitée de la personne humaine».
L’observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies et d’autres organisations
internationales à Genève est intervenu sur le thème « Dialogue sur la foi, la consolidation de la paix
et le développement » le 9 février 2017, Genève, en Suisse.
« La tolérance a un sens négatif, souligne Mgr Jurkovic. Les relations entre les traditions
religieuses devraient plutôt être basées sur le concept plus dynamique de fraternité. » Lire la suite
de l’article de Constance Rocques: « ONU: le Saint-Siège plaide pour une «harmonie
interconfessionnelle» À l’origine des conflits, une «vision limitée de la personne humaine» » sur
fr.zenit.org, 10/02/17
Catégorie(s) : Politique, Religions Tags : dialogue inerreligieux, paix, Tolérance
L’affirmation du nom «musulman» est instrumentalisée
par les islamistes, qui veulent lier les questions sociales aux
questions religieuses
16/02/2017
Interview de Didier Leschi, haut fonctionnaire qui a été l’un des acteurs des relations entre l’État
français et l’islam depuis une vingtaine d’années, à propos de son livre: « Misère(s) de l’islam de
France », publié au Cerf.
Quelques questions auxquelles il répond:
– Que pensez-vous de la dernière tentative, celle de la Fondation de l’islam, présidée par
Chevènement ? Sera-t-elle vouée à l’échec comme les précédentes ?
Bulletin ARCRE 201 (16/02/17)
– Vous tirez un fil sur la terminologie et notamment sur le glissement sémantique qui a fait
du travailleur arabe ou maghrébin un jeune musulman ou un musulman. Pouvez-vous nous
en dire plus ?
– Si vous avancez ainsi cette notion de l’essentialisation des gens d’origine musulmane,
vous revenez aussi à rebours sur la qualité de certains intellectuels musulmans qu’on peut
mettre en doute. Pourquoi ?
Lire l’interview de Didier Leschi par Walid Mebarek: « «L’action de l’État a atteint ses limites» »
sur elwatan.com, 14/02/17
LU POUR VOUS
Tarik YILDIZ: « Qui sont-ils ? » Enquête sur les jeunes
musulmans de France (recension)
11/02/2017
Tarik YILDIZ: « Qui sont-ils ? » Enquête sur les jeunes musulmans de France
L’Artilleur – 2016 – 348 pages – 20€
ISBN 978-2-810-00729-5
Tarik Yildiz n’est pas un auteur bien connu. Docteur en sociologie il est aussi le
Directeur de l’Institut de Recherche sur les populations et les pays arabo-musulmans
(IRPAM). Il a choisi d’interroger pour nous un échantillon de 112 jeunes
musulmans français originaires de ces pays. Il nous livre ainsi le résultat de son enquête.
Comment a-t-il sélectionné ces jeunes ? On ne nous le dit pas exactement. Français, néanmoins
leurs familles respectives sont en majorité originaires des anciennes colonies françaises. Hugues
Lagrange, dans sa préface, croit bon de souligner qu’il aurait « surreprésenté les musulmans qui ont
fait de la prison » (p.5) C’est peut-être vrai. Mais tout choix a une part d’arbitraire. Et il reste très
difficile de bien représenter un Islam si varié dans ses origines ou dans ses expressions. A la fin de
son enquête, l’auteur croit possible de classer ces 112 jeunes en 4 catégories qu’il caractérise ainsi :
les musulmans superficiels ou ritualistes (24) ; les musulmans exclusifs (25) ; les musulmans
communautaristes ou militants (29) ; les musulmans discrets (34). Au lecteur de découvrir si ces
adjectifs sont bien appropriés.
Ce livre sera d’une lecture un peu ardue pour ceux qui ne sont pas de niveau universitaire. Il faut le
lire par petite dose avec un esprit de curiosité positive afin de découvrir dans chacun de ces
témoignages ce que peut laisser supposer ou cacher telle expression heureuse ou malheureuse. Nous
découvrirons alors que ce n’est pas parce qu’ils sont musulmans qu’ils ne partagent pas le lot
commun à toute humanité, de tout continent et de toute religion.
Bulletin ARCRE 201 (16/02/17)
Ouvrons donc le livre sans a priori. Laissons-nous imprégner par ces témoignages pour essayer de
mieux comprendre le comment et le pourquoi de ces attitudes ou formulations qui bien souvent
nous déconcertent. On y verra tout autant des signes d’agressivité que des signes de sagesse ou de
religion profonde. À titre d’exemples:
Hakim serait plutôt agressif : « On ne peut pas faire comme si on était tous des frères … L’Occident
et ses religions font la guerre contre nous. » (p.114) De son côté Fatih reconnaît : « On ne vit pas en
pays islamique, donc il est normal de ne pas pouvoir vivre pleinement sa religion. » (p.41). Jaffar
lui est plus réaliste : « Avec les athées, je les respecte mais je n’arrive pas à les comprendre. »
(p.121) Mahmoud est ouvert à la rencontre interreligieuse : « Les religions sont proches les unes
des autres, elles sont fondées sur les mêmes principes, c’est ça que les extrémistes de tous les bords
comme les salafistes n’ont pas encore compris. » (p.125)
Lire un tel livre ne peut être que profitable pour ceux et celles qui veulent aller au-delà des clichés
souvent arbitraires qui encombrent le domaine public et les médias. Cela nous permettra d’éviter les
amalgames. La réalité de l’Islam en France est bien plus complexe qu’on ne le pense. Comme dans
les autres domaines de l’existence, il y a des bons et des mauvais musulmans. Apprenons à mieux
les connaître pour miser sur les bons et misons sur la suprématie du bien sur le mal. De toutes
façons, voilà un livre qui aura sa place dans les bibliothèques.
Gilles Mathorel.
Catégorie(s) : Religions, Société Tags : Islam France, recension