Le risque de progression vers le sida augmente-t-il avec le stade d'immunodépression de la personne contaminante ? Revue critique de l'actualité scientifique internationale sur le VIH et les virus des hépatites n°48 - septembre 96 Le risque de progression vers le sida augmente-t-il avec le stade d'immunodépression de la personne contaminante ? Caroline Semaille High risk of HIV progression after infection through a sexual partner with AIDS Carré C., Meyer L., Boufassa F. et al. AIDS, 1996, 10, 77-80 La virulence de la souche ou l'importance de la charge virale au moment de la contamination ont-elles un effet sur la progression vers le sida ? Certains facteurs (âge, pathologie inaugurale, taux des lymphocytes CD4, et parfois groupe de transmission) peuvent influencer la progression vers la maladie ou le décès, mais le rôle de la charge virale est encore mal connu puisque les données disponibles sur cette variable sont récentes. Dans cette étude, les auteurs ont développé l'hypothèse suivante : si le fait de se contaminer par voie sexuelle avec un partenaire qui est à un stade http://publications.crips.asso.fr/transcriptase/48_279.htm (1 sur 3) [01/07/2003 17:03:22] Le risque de progression vers le sida augmente-t-il avec le stade d'immunodépression de la personne contaminante ? avancé d'immunodépression est lié à une progression plus rapide de la maladie, alors cela pourrait suggérer qu'il existe un facteur de risque lié au virus. Cette hypothèse est d'actualité, surtout dans le contexte actuel où la détermination de la charge virale devient une pratique courante dans le cadre de suivi des patients. ¬ A partir des données de la cohorte Seroco, les auteurs ont montré que le risque de progression vers le sida augmente avec le stade de la maladie du partenaire sexuel. Cette cohorte, mise en place en France à partir de 1988, est constituée de sujets dont la date de contamination est connue. Il s'agit d'une cohorte prospective, les sujets bénéficiant d'un suivi médical et biologique tous les 6 mois. Parmi les sujets qui ont eu des rapports sexuels non protégés dans les 6 mois qui ont précédé leur contamination, les auteurs ont comparé deux groupes en fonction du stade clinique de leur partenaire : ceux qui avaient un partenaire au stade sida (n = 12) et ceux qui avaient avec un partenaire VIH+ asymptomatique (n = 60). Les sujets qui avaient eu des rapports non protégés avec un partenaire VIH+ dont le stade clinique n'était pas connu ont été exclus (n = 99). Les sujets ont été suivi en moyenne 57 mois après la date de contamination. Tous les sujets étaient asymptomatiques à l'inclusion. ¬ Le sexe, l'âge, l'existence d'une primo-infection symptomatique, les traitements (prise d'AZT et prophylaxie pour la pneumocystose) ne différaient pas significativement entre les deux groupes. En revanche, 58,3 % des sujets qui ont eu des rapports avec un partenaire malade (groupe 1) ont présenté une pathologie contre 36,6 % chez ceux qui avaient un partenaire asymptomatique (groupe 2). Les courbes de survie de la contamination au sida sont significativement différentes entres les deux groupes : à 5 ans, plus de 80 % des sujets qui ont eu des rapports avec un partenaire malade ont présenté une pathologie contre 39 % dans le deuxième groupe. Les sujets du groupe 1 ont 2,9 plus de risque de développer une pathologie que ceux du groupe 2. Après prise en compte des autres variables (âge au moment de la contamination, groupe de transmission et existence d'une primo-infection asymptomatique), le risque s'élève à 3,9. L'âge (>=27 ans) au moment de la contamination et les pratiques homosexuelles multiplient par deux le risque de développer une pathologie. En revanche, l'existence d'une primo-infection symptomatique n'est pas liée dans cette étude à une progression plus rapide vers le sida comme cela avait déjà été montré, probablement en raison du faible effectif du groupe 1. ¬ Les auteurs ont donc montré que les sujets contaminés par des partenaires sexuels au stade sida progresseront plus vite vers la maladie. Cela suggère qu'il pourrait exister un facteur lié au type de virus ou à la quantité de virus http://publications.crips.asso.fr/transcriptase/48_279.htm (2 sur 3) [01/07/2003 17:03:22] Le risque de progression vers le sida augmente-t-il avec le stade d'immunodépression de la personne contaminante ? transmis. Les résultats d'une étude publiée récemment dans Science (1) montrent en effet qu'une charge virale élevée chez des sujets asymptomatiques pourrait être un meilleur facteur pronostique du sida que le taux des lymphocytes CD4. Les études en cours qui prennent en compte dorénavant la charge virale nous apporteront certainement beaucoup d'informations dans les mois à venir. En attendant, les résultats de cette étude nous incitent une fois de plus à encourager le «safer sex». - C.S. 1 - Mellors JW, Rinaldo Jr CR, Gupta P et al. «Prognosis in HIV-1 infection predicted by the quantity of virus in plasma» Science, 1996, 272, 1167-1170 http://publications.crips.asso.fr/transcriptase/48_279.htm (3 sur 3) [01/07/2003 17:03:22]