L`agro-écologie: l`agriculture de demain ?

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L'agro-écologie: l'agriculture de demain ?
D'ici 2050, la population mondiale atteindra entre 9 et 10 milliards
d'habitants contre 7,3 milliards en 2015, selon une étude de l'Institut national
d'études
démographiques
(INED).
Cet
accroissement
démographique
provoquera une explosion des besoins alimentaires dans le monde notamment
dans les pays du Sud qui verront leur population doubler voire tripler dans
certains cas. Cet enjeu est considérable sachant que 5 à 10 millions d’hectares
des terres agricoles disparaissent chaque année mondialement du fait de
l'érosion et d'un épuisement avancé des sols. De plus, près de19, 5 millions
d’hectares de terres agricoles sont utilisés pour le développement industriel et
immobilier. Dès lors, la question de la production agricole mondiale se pose.
Comment nourrir 10 milliards d'habitants en prenant en compte l'économie de
chaque pays et de l'environnement ? L'agro-écologie pourrait répondre à ce
défi du 21ème siècle.
Le terme agro-écologie a été utilisé pour la première fois en 1928 par Basil
Bensin, agronome américain et fait l'objet de plusieurs définitions. L'agroécologie fait à la fois référence à une discipline scientifique, un mouvement
social et une pratique agricole. D'un point de vue scientifique, l’agro-écologie
est une discipline qui à pour objet d'étude les agroécosystèmes. C’est également
un mouvement qui défend une agriculture sociale et écologique où l’accent est
mis sur l’autonomie des exploitations agricoles et la pratique du recyclage. Le
commerce équitable et le soutien des agricultures locales fait aussi parti de ce
mouvement. Enfin, en tant que pratique agricole, elle à pour objectif
d'optimiser les systèmes agricoles en imitant les processus naturels. Ainsi,
différentes synergies biologiques et interactions bénéfiques entre les
composantes de l’agroécosystème se forment.
L'agro-écologie permet d’obtenir les conditions les plus favorables pour la
croissance des végétaux, notamment en améliorant la fertilité du sol.
Dans la suite de cet article, nous allons détailler un type de pratique d'agroécologie et ces avantages : l'agroforesterie.
L’agroforesterie est une pratique qui consiste à associer des arbres et des
cultures sur une même parcelle. L'apport des arbres dans les milieux agricoles
a beaucoup d'effets bénéfiques. En effet, le mélange arbres-cultures permet
premièrement de diversifier les récoltes (bois, céréales, fruits etc...) et les
sources de revenus sur une même exploitation. L’association espèces ligneuses
et herbacées améliore la biodiversité retrouvée dans le sol. Les arbres sont des
habitats pour de nombreuses cultures telles que les cultures auxiliaires et les
pollinisateurs. Elles participent à la protection de l’exploitation. De plus,
l’augmentation de la biodiversité améliore la fertilité du sol. Les arbres
restituent de la matière organique via les feuilles qui tombent sur le sol. La
décomposition de ces feuilles forme une litière qui contribue à la protection des
milieux. Elle protège notamment des ultra-violets et des chocs thermiques.
Sous l’action de la micro faune aérobie tels les lombrics, les champignons et
certaines bactéries la litière se transforme peu à peu en humus qui absorbe et
retient bien l’eau et les nutriments du sol. L’humus délivre aux racines ces
éléments nutritifs dont l’azote et le phosphore qui sont indispensables à la
croissance des végétaux. Ainsi, 40% de la biomasse des arbres retourne au sol.
Ce système fermé améliore considérablement la fertilité du sol.
L’agroforesterie garantie également une plus grande quantité et une meilleure
qualité
de l’eau. En effet, les
systèmes racinaires des arbres, souvent
mycorhizés, permettent de renforcer la capacité de rétention d’eau des sols tout
en régulant le débit des cours d’eau. Cela permet d’augmenter la réserve d’eau
contenu dans les sols pour les saisons plus sèches. Les nappes phréatiques
représentent la principale source d’eau douce et sont les plus exposées à la
pollution dû à leurs faibles profondeurs dans le sol. L’une des causes
principales de cette pollution est l’érosion des sols. Cet effritement est dû à une
baisse de la capacité d’infiltration des sols, ce qui amène à un taux élevé de
sédimentation dans l’eau. Selon plusieurs études, les arbres pourraient filtrer
une partie des nitrates apportée par les engrais réduisant ainsi la lixiviation.
L’apport de biodiversité, l’amélioration de la fertilité des sols et de l’eau mènent
à une augmentation du rendement sur les parcelles. En effet, le système arbres-
cultures optimise l’utilisation des ressources du milieu. Selon une
expérimentation de l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique),
un système blé-noyers de 100 ha pouvait produire autant de biomasse (bois de
noyers et blé) qu’une parcelle de 136 ha où les noyers et la culture de blé
auraient été séparés. Il y a donc un gain d’espace de 36% pour la même récolte.
Cette intensification est due à une meilleure utilisation des différentes
ressources présentes dans le milieu. Les racines des arbres permettent
premièrement de maintenir le niveau d’eau disponible dans le système et de
prélever les minéraux disponibles dans les couches profondes du sol ce qui
améliore considérablement la croissance du blé. De plus, la canopée des arbres
crée un microclimat sur la parcelle. Ce qui protège les cultures des stress
thermiques.
Enfin, l’agroforesterie est un bon moyen pour lutter contre le changement
climatique. Les surfaces agroforestières captent le carbone réduisant ainsi le
gaz à effet de serre. Près de 99% de la matière solide des arbres provient du
CO2 atmosphérique. Le carbone capté par les arbres retourne au sol,
améliorant ainsi l’efficacité des agroécosystèmes.
L’agro-écologie notamment l’agroforesterie offre donc de nombreux avantages
tant au niveau agricole, environnemental et économique. Au niveau
économique, l’association arbres-cultures permet la diversification des récoltes
(bois, céréales, etc…) et des revenus sur une même exploitation. Au niveau
agricole, l’agroforesterie augmente la biodiversité, améliore la fertilité des sols
et la qualité de l’eau. Cette synergie permet une meilleure croissance des
cultures associées et donc un meilleur rendement. Enfin, les arbres sont
d’excellents puits de carbone et contribuent à la réduction du gaz à effet de
serre. L’agro-écologie apparaît donc comme une bonne alternative aux
problèmes environnementaux et agricoles actuels.
Stéphanie TRON – Khady FALL
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