398 E. MIÈGE Il n'en reste pas moins que celle-ci est indiscutable et qu'elle est imputable à tous les éléments qui caractérisent l'altitude : sécheresse de l'air, pression, ionisation et richesse en produits azotés, froid, alternance de températures extrêmes, vents, durée et intensité de la lumière, rayons ultra-violets et cosmiques, humidité et nature du sol pédologique, créé lui-même par ce climat, auxquels on peut ajouter l'absence ou la réduction des parasites (Pucerons, Urédospores...) ou la présence de certains organismes (Champignons symbiotiques, mycorhizes...), qui sont sous les mêmes influences. Sous l'action complexe de ce milieu très spécial, il s'établit entre lui et les plantes qui y vivent ou y sont transportées un système particulier et nouveau d'échanges qui, s'il est compatible avec la vie, peut se traduire par certains caractères physiologiques, puis morphologiques, par une modification plus ou moins profonde des constituants protoplasmiques et, par suite, de la composition chimique des végétaux. La plupart des variations peuvent ne constituer aucun avantage pour les individus qui les subissent et n'intervenir en rien dans leur évolution, mais elles n'en existent pas moins ; et il ne semble pas impossible (bien que nos propres essais ne l'aient pas constaté) qu'elles persistent pendant un temps, très court du point de vue biologique, mais suffisant du point de vue agricole et économique, pour présenter un réel intérêt pratique. Il convient donc, semble-t-il, d'envisager cette influence de l'altitude séparément et sous ces deux aspects, voisins mais cependant différents : physiologique et écologique, ce dernier, comme nous l'avons signalé, comportant un concept utilitaire et économique. Personnellement, nous ne pensons pas que l'altitude soit normalement capable de créer des espèces nouvelles, linnéennes ou jordaniennes, ni qu'elle puisse jouer un rôle dans l'évolution végétale, mais nous sommes persuadé, par contre, qu'elle confère aux végétaux des propriétés et des caractères spéciaux, non héréditaires sans doute, mais susceptibles, toutefois et dans certains cas au moins, de persister pendant une ou plusieurs générations, caractères peut-être sans aucune