Sommaire Vol. VII - N° 2 - mars-avril 2011 ÉDITORIAL 35 Mémoire, mémoires... Memory, memories... E. Bacon, I. Offerlin-Meyer ACTUALITÉS SCIENCES 38 Revue critique de la littérature Coordonné par E. Bacon ÉDITORIAL Mémoire, mémoires… Memory, memories... E. Bacon*, I. Offerlin-Meyer** DOSSIER MÉMOIRE(S) ET PSYCHOPATHOLOGIES 43 De mémoire de rose, il n’y a qu’un jardinier au monde. Bernard Fontenelle, Entretiens sur la pluralité des mondes. Coordonnateur : E. Bacon Mémo “mémoire” A.M. Arnold La mémoire autobiographique et le self dans la schizophrénie Autobiographical memory and the self in schizophrenia F. Berna, M. Bennouna-Greene, J.M. Danion Mémoire et conscience du savoir dans la schizophrénie Memory and awareness in schizophrenia M. Izaute, E. Bacon Trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité et mémoire de travail Attention deficit and hyperactivity disorder and working memory H. Poissant, H. Carbonneau Troubles anxieux : cognition dans la recherche actuelle Anxiety disorders: cognition in current research M.V. Sheveleva-Chopin, C.S. Peretti LE SYMPTÔME 62 Symptôme en psychiatrie et neuro-imagerie A. Kaladjian EN PLUS… ✥ Agenda I 47, 66 ✥ Petites annonces I 51, 65 ✥ Nouvelles de l’industrie pharmaceutique I 65 Abonnez-vous en ligne ! E. Bacon L a mémoire est cette aptitude qui, parce qu’elle permet le souvenir, confère la possibilité de se reconnaître dans un présent, de voyager dans le passé et de se projeter dans le futur. La mémoire désigne tout à la fois la capacité d’un individu ou d’un groupe humain à se souvenir de faits passés, et ces souvenirs eux-mêmes. Cette faculté se caractérise donc par des contenus : le souvenir et ce qui est oublié, et par un fonctionnement : apprendre, maintenir et récupérer des informations. Continuellement mise à contribution, de façon volontaire ou non, notre mémoire permet à chacun d’entre nous de se constituer un stock de connaissances culturelles, de souvenirs personnels, de procédures motrices, etc. Alors que nous codons presque automatiquement des informations concernant l’espace, le temps et la fréquence, le traitement d’autres informations telles la signification, les images et l’organisation des données mémorisées, nécessite un effort. www.edimark.fr Bulletin d’abonnement disponible page 67 * Unité Inserm U666, université de Strasbourg. ** CHRU de Strasbourg, clinique psychiatrique, unité Inserm 666. La Lettre du Psychiatre • Vol. VII - n° 2 - mars-avril 2011 | 35 ÉDITORIAL Que serait une vie sans mémoire ? Si l’absence de souvenirs douloureux nous éviterait peine et culpabilité, nous n’aurions cependant pas non plus de souvenirs heureux. Chaque moment serait une expérience nouvelle, chaque personne un inconnu, chaque langage serait étranger, chaque activité, comme lire, faire du vélo, serait une chose inconnue… Dans le cas d’une amnésie antérograde, les troubles de la mémoire touchent les événements en train de se produire. Ils peuvent aussi affecter la mémoire du passé ; il s’agit alors d’une amnésie rétrograde. Toutefois, on considère aujourd’hui que la mémoire n’est pas unitaire (voir “Mémo ‘mémoire’”, p. 43), et un trouble de la mémoire peut concerner électivement un des systèmes de mémoire ou une procédure particulière à l’intérieur d’un système. La mémoire, à la fois fascinante et inquiétante, a de tout temps inspiré poètes, écrivains, savants et philosophes, et nombreux sont ceux qui y sont allés de leur petite phrase, sérieuse ou drôle, tendre ou cruelle, assassine ou rêveuse. Quand on interroge les dictionnaires ou les ouvrages de psychologie, on apprend que la mémoire est une “activité biologique et psychique qui permet d’emmagasiner, de conserver et de restituer des informations”(dictionnaire Le petit Larousse), mais aussi qu’elle consiste dans la “capacité cognitive à réactiver, partiellement ou totalement, de façon véridique ou erronée, les événements du passé” (G. Tieberghien, chercheur en psychologie expérimentale) [Tieberghien G. La mémoire oubliée ; Liège : Mardaga, 1997]. “Il est tellement facile d’écrire ses souvenirs quand on a une mauvaise mémoire”, prétend A. Schnitzler. F. Berna, M. Bennouna-Greene et J.M. Danion nous montrent comment les études portant sur la mémoire autobiogra- phique des patients souffrant de schizophrénie permettent de mieux comprendre les troubles de l’identité subjective chez ces patients. Dans ses Maximes, F. de La Rochefoucauld constate que “Tout le monde se plaint de sa mémoire et personne ne se plaint de son jugement.” Or la pertinence de notre comportement et la réussite de la tâche mnésique que nous accomplissons dépendent de la qualité de la conscience que nous avons du contenu de notre mémoire. M. Izaute et E. Bacon démontrent que, chez les patients schizophrènes, la conscience du savoir présente des perturbations, mais aussi des composantes préservées, ce qui est encourageant pour la mise en place de stratégies de remédiation cognitive. Selon V. Hugo, “Les enfants ont la mémoire courte, mais ils ont le souvenir rapide.” H. Poissant et H. Carbonneau nous expliquent que, d’après les travaux récents sur le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), c’est la mémoire de travail spatiale qui serait la plus atteinte, probablement du fait d’une hypoactivité cérébrale droite fréquemment observée chez les personnes concernées. Selon M. Chapelin, journaliste et écrivain : “L’homme est parfois assez fou pour préférer le chagrin à l’oubli.” Et pourtant… Pourtant, l’article de M.V. Sheveleva-Chopin et C.S. Peretti montre bien que, chez les sujets anxieux, le chagrin et l’oubli peuvent malheureusement coexister. La mémoire est donc une fonction essentielle. Nous terminerons par conséquent ce petit florilège par une note mi-figue, mi-raisin, proposée par F.P. Adams, chroniqueur américain de la fin du xixe et du début du xxe siècle : “Rien n’est plus responsable de bons vieux souvenirs qu’une mauvaise mémoire”… AVIS AUX LECTEURS Les revues Edimark sont publiées en toute indépendance et sous l’unique et entière responsabilité du directeur de la publication et du rédacteur en chef. Le comité de rédaction est composé d’une dizaine de praticiens (chercheurs, hospitaliers, universitaires et libéraux), installés partout en France, qui représentent, dans leur diversité (lieu et mode d’exercice, domaine de prédilection, âge, etc.), la pluralité de la discipline. L’équipe se réunit 2 ou 3 fois par an pour débattre des sujets et des auteurs à publier. La qualité des textes est garantie par la sollicitation systématique d’une relecture scientifique en double aveugle, l’implication d’un service de rédaction/révision in situ et la validation des épreuves par les auteurs et les rédacteurs en chef. 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