35 SERVICE 4/13 Flash – sélection génomique (épisode 2/10) Production d’embryons Le transfert d’embryons permet de produire des pleins frères et de les comparer par la génomique. knu/jbg. Dans le dernier TORO, nous avons appris que les valeurs d’élevage génomiques étaient surtout intéressantes pour les jeunes taureaux. La sélection génomique a-t-elle aussi une influence sur le transfert d’embryons? Alain Passeraub (aps): Dans l’ensemble, en Suisse, on observe encore une certaine retenue face à la sélection génomique et le transfert d’embryons (ET). Néanmoins, ces derniers mois, la part de rinçages effectués chez les jeunes animaux, à savoir les génisses, a augmenté. Je m’attends à ce que cette part augmente encore à l’avenir. En effet, depuis que les éleveurs ont accès aux valeurs d’élevage génomiques de leurs animaux femelles, nous ressentons un certain engouement pour les transferts d’embryon. Quelle est la contribution que le transfert d’embryons peut apporter au progrès zootechnique? aps: Le transfert d’embryons permet d’obtenir un grand nombre de descendants d’une même vache, ce qui augmente le choix des descendants potentiellement bons et accélère le progrès zootechnique. De plus, l’intervalle entre les générations se raccourcit, si l’on rince de jeunes génisses sélectionnées sur la base de leur valeurs d’élevage génomiques. A l’avenir, on n’aura donc plus besoin d’attendre les résultats des propres performances de l’animal pour recourir au transfert d’embryons. Pour les organisations d’IA, le transfert d’embryon offre l’oppor- a des surprises positives même si les conditions sont défavorables. Théoriquement, on pourrait déjà déterminer les VE génomiques des embryons. Musique d’avenir? aps: A l’étranger cela se fait déjà dans la pratique, chez nous pas encore. Je pense que cela viendra et que le transfert d’embryons évoluera dans cette direction. Alain Passeraub, vétérinaire de l’équipe de transfert d’embryon Zollikofen. tunité d’augmenter l’intensité de sélection côté vaches et de comparer les pleins frères avant d’acheter l’un d’eux. Il ne faut plus attendre plusieurs mises-bas avant d’avoir un taurillon qui convient. Quelles conditions la vache doitelle remplir pour le transfert d’embryons? aps: La vache doit être saine, gynécologiquement parlant, et avoir mis bas au préalable sans complications. Le cycle doit avoir repris rapidement après le vêlage, de sorte qu’elle ait déjà été en chaleurs au moins deux fois. La vache donneuse idéale est une vache avec une bonne fécondité. Les jeunes vaches et celles qui reprennent déjà en condition corporelle sont celles qui fonctionnent le mieux. Dans la pra- Comment explique-t-on que les pleins frères aient des valeurs d’élevage génomiques différentes? A l’inverse des valeurs d’élevage ascendance qui sont toujours pareilles pour les pleins frères, les valeurs d’élevage des veaux issus d’un même accouplement peuvent diverger. Car, lors de la fécondation, tous les veaux reçoivent la moitié de leur génome de la mère et l’autre moitié du père. Cependant, la combinaison , à savoir quelle partie du génome vient de la mère et laquelle du père, est différente d’un veau à l’autre. Théoriquement, les pleins frères pourraient donc se distinguer pour tous les caractères héréditaires importants. C’est la même chose pour les faux jumeaux et les veaux issus de transfert d’embryons. Par contre, les vrais jumeaux, bien que plutôt rares chez les bovins, ont un génome identique et les mêmes valeurs d’élevage génomiques. tique, les vaches à haute production ne sont pas celles qui répondent au mieux à ces exigences, raison pour laquelle il faut faire des compromis. Comment le transfert d’embryons se déroule-t-il? aps: La vache est stimulée avec des hormones, de sorte qu’il y ait plusieurs ovules par ovulation. Ensuite elle est inséminée. Sept jours plus tard, je rince les embryons, qui sont soit transférés directement sur les receveuses soit congelés (durée de conservation de plusieurs années). Combien d’embryons sont attendus par rinçage? aps: En moyenne – en comptant également les échecs – on obtient sept à huit embryons par rinçage. Ce chiffre dépend néanmoins de la vache et des conditions. Lorsque la vache est jeune et en bonne santé, je ne me satisfais que d’un résultat nettement supérieur à la moyenne, soit à partir de 15 embryons. Y a-t-il d’autres facteurs à observer? aps: La saison est également importante: pendant l’alimentation de transition au printemps ou en automne, ou lorsqu’il fait très chaud, les rinçages ne sont pas indiqués. L’alimentation est importante de manière générale. Mais parfois, on Peut-on conserver les embryons jusqu’à ce que les résultats génomiques soient connus? aps: Théoriquement oui. Dans la pratique, on fait autant de transferts frais que possible. Pour faire un génotypage, on prélève du matériel cellulaire de l’embryon. Si ensuite on le congèle, les chances diminuent qu’un jour il se développe normalement. Chez les embryons intacts, sans génotypage, la congélation ne détériore que de façon minime le développement futur. Il vaut donc mieux congeler un bon embryon que de le transférer sur une mauvaise receveuse. Quel développement vois-tu pour le transfert d’embryons? aps: En raison de la sélection génomique, le nombre de rinçages va certainement augmenter. De bonnes valeurs d’élevage encouragent à effectuer des rinçages. Etant donné qu’il se passe au moins deux mois d’un rinçage au suivant, je pense que l«Ovum Pick Up» gagnera à nouveau en importance en Suisse. Cette technique consiste à prélever chaque semaine plusieurs ovules directement sur l’ovaire et de les féconder en laboratoire. Cela permet de produire environ six embryons par semaine. Sélection génomique L’introduction des valeurs d’élevage génomiques a modifié plusieurs étapes dans la carrière d’un taureau d’insémination. Suivez le devenir d’un taureau, de l’accouplement sous contrat jusqu’au testage par la descendance, dans notre série de 10 épisodes. Nos collaborateurs racontent leur travail au quotidien. Vous trouvez la série entière sous www.swissgenetics.ch