Apulée Mal-Maeder, Danielle Karin van

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Apulée
Mal-Maeder, Danielle Karin van
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1998
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Mal-Maeder, D. K. V. (1998). Apulée: Les métamorphoses Groningen: s.n.
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Chapitre 11
CHAPITRE 11
Un dîner avec Milon et Pamphilé.
33, 23-24: His et talibus obgannitis sermonibus inter nos discessum est: Après cet échange
de badineries, nous nous séparâmes.
His et talibus: la formule résume et clôt la conversation qui précède; cf. 9, 28 (224,
5) talis sermonis blanditie et 9, 28 (224, 16) his et pluribus uerbis, avec GCA 1995, 243 et
246 ad loc. Ce type de formules-résumés ont pour effet d'imprimer une accélération au
récit: voir intro. 2. 1. 2. A propos de la combinaison hic talis, Callebat 1968, 268 estime
qu'il ne s'agit pas d'un pléonasme ressortissant à la langue vulgaire, mais d'un `abrégé
volontairement approximatif d'expression caractéristique du style des conteurs et des narrateurs'. Cf. Cic. Att. 14, 10, 1; Liv. 5, 2, 13 haec taliaque uociferantes, etc.
obgannitis: sur ce verbe employé ici à propos d'un échange amoureux, voir comm.
ad 2, 2 (25, 19). En 2, 15 (37, 12), on trouve le subst. gannitus = grognement amoureux
ou murmure confidentiel.
33, 24-34, 1: Commodum meridies accesserat et mittit mihi Byrrena xeniola porcum
op[t]imum et quinque gallinulas et uini cadum in aetate pretiosi: Il était à peine midi
lorsque Byrrhène m'envoya comme présents de bienvenue un porc bien gras, cinq poulettes
et un fût de vin que son âge rendait précieux.
Commodum - accesserat: la première journée de Lucius à Hypata avait commencé à
l'aube (cf. 2, 1: 24, 17). Les événements occupant la matinée s'étendent du ch. 1 à la première moitié du ch. 11. La seconde partie de la journée jusqu'au repas du soir se déroule
du point de vue de la vitesse du récit à un rythme beaucoup plus élevé, puisque l'aprèsmidi est résumée en une phrase (cf. plus bas 34, 8). Le reste du ch. 11 est consacré à une
partie de la soirée. La même soirée (et la nuit) s'étend jusqu'à la fin du ch. 17 (39, 11).
Voir intro. 1. 3. et 2. 1. 2.
commodum... et: Callebat 1968, 434 ss. observe qu'au contraire d'autres tours
paratactiques où un adv. est relié à et, commodum... et n'est que peu attesté en dehors des
met. Il souligne en outre la recherche des tournures de ce type, apparaissant dans des
contextes `de tonalité autant pathétique et recherchée que familière' (p. 436). Harrauer
1973, 1 soutient que commodum appartient au sermo cotidianus: voir contra GCA 1977, 69
ad 4, 8 (80, 6); Callebat 1968, 435 n. 190: `n'étant caractéristique ni d'un parler vraiment
populaire ni d'une langue trop recherchée, (commodum) paraît avoir été senti par Apulée
comme convenant particulièrement au style narratif'.
mittit - xeniola: ce détail est absent de l'Onos qui, après la scène de séduction dans
la cuisine, enchaîne directement sur la mention du bain précédant le repas du soir. Sur la
coutume des présents d'hospitalité, voir Mommsen 1864, 345; DSg `hospitium', 294-302
[Lécrivain] (p. 295) et RE 8 (1913) `hospitium', 2493-2498 [Leonhard] (p. 2495), qui
citent notre passage. Cf. aussi Vitr. 6, 7, 4 nam cum fuerunt Graeci delicatiores et fortuna
opulentiores, hospitibus aduenientibus instruebant triclinia... primoque die ad cenam
inuitabant, postero mittebant pullos, oua, holera, poma reliquasque res agrestes; Serv.
Aen. 9, 358; notice suivante. Bien que Lucius ait décliné l'offre de Byrrhène de venir loger
Chapitre 11
chez elle (en raison du lien sacré d'hospitalité le liant à Milon: cf. 2, 3: 26, 21 ss.), Byrrhène semble le considérer comme son hôte et le traite comme tel. Ses cadeaux tombent à
pic, leur nature convenant parfaitement aux projets amoureux de Lucius: voir s.v. porcum
op[t]imum et gallinulas. Pour d'autres ex. de mise en évidence du verbe par `Anfangstellung' chez Apul. (ici, mittit est position chiastique par rapport à accesserat), voir Bernhard
1927, 11 ss. (en part. 13).
xeniola: le diminutif xeniolum est attesté pour la première fois ici, comme aussi
gallinulas qui lui fait écho (infra; sur ces correspondances euphoniques, voir Facchini Tosi
1986, 124); OLD s.v. cite ensuite le seul Ulp. dig. 1, 16, 6, 3. Dans ce contexte où Lucius
est d'humeur joyeuse à la perspective de son rendez-vous amoureux, ces diminutifs possèdent une nuance hypocoristique (voir aussi comm. ad 2, 1: 24, 18 s.v. lectulo sur l'emploi
des diminutifs témoignant de l'état d'esprit de l'acteur Lucius).
Au sens premier, xenium (>X<4@<) désigne un présent d'hospitalité offert par un hôte à son
invité. Cf. e.g. Hom. Il. 11, 779 >,\<4V J',Þ B"DX206,<, ž J, >,\<@4H 2Xµ4H ¦FJ\<;
Plin. epist. 6, 31, 14 summo die abeuntibus nobis... xenia sunt missa; Mart. 13, 3, 1 (à
propos de ses poèmes, intitulés xenia).
porcum op[t]imum: avec la majorité des éd., j'adopte pour la correction de Stewech
et Saumaise opimum (seul Hildebrand maintient la leçon optimum). Pour un cas semblable,
cf. 2, 13 (35, 17; en revanche, au livre 1, 19: 17, 17, la leçon des mss. optimi casei
échappe à ce mécanisme de correction). Hildebrand a beau commenter `mea enim opinione
utrumque uocabulum hoc sententiarum nexu idem significat, si quidem porcorum uirtutes
in pinguedine tantum ac nidore cernuntur', opimum est moins banal (la confusion entre
optimus et opimus est fréquente dans les mss.: voir ThLL s.v. opimus 708, 71 s.). Opimus
apparaît plusieurs fois dans les met. en rapport avec la nourriture: cf. 5, 3 (105, 12)
opimas dapes; 8, 5 (179, 22) opimam praedam; 8, 30 (201, 24); 10, 17 (250, 10).
De même que les gallinulae (notice suivante), la mention du porc est peut-être revêtue
d'une connotation sexuelle adaptée au contexte. Cf. Varro rust. 2, 4, 10 qui nous apprend
que les pudenda des filles nubiles sont désignées du mot porcus (P@ÃD@H chez les Grecs:
pour ce jeu de mots obscène, cf. Ar. Ach. 739 ss.). Voir comm. ad 2, 7 (30, 15) s.v.
uiscum pour un double sens similaire s'accordant avec la thématique de l'amour comme
nourriture. Cf. par ailleurs Fest. p. 408 L suillum genus inuisum Veneri prodiderunt poetae... quod inmundissimi sint sues ex omni mansueto pecore et ardentissimae libidinis; ita
ut opprobrium mulieribus inde tractum sit, cum subare et subire dicuntur.
gallinulas: ce diminutif euphonique est attesté ici pour la première fois (néologisme); cf. ensuite Arnob. nat. 7, 8 et Avien. Arat. 1713. Pour sa valeur hypocoristique, voir
supra s.v. xeniola. Le choix de cet animal s'explique peut-être dans ce contexte (voir
notice précédente) par sa réputation: cf. Physiogn. 83 insatiabiles esse ueneris ut galli quos
•8,6JDL`<"H Graeci uocant; 131 gallus... animal est ineptum, in uenere calidum; Ps.
Arist. Phgn. 812b; Mart. 13, 63 et 64, avec un jeu de mots sur la verve amoureuse des
galli et Galli (prêtres de Cybèle); Phaedr. app. 11 où Vénus, pour démontrer à Junon la
nature libidineuse des femmes, prend l'exemple de la poule (gallina) qui ne peut s'empêcher de `gratter' (scalpare: sens obscène, cf. Pers. 1, 21): risisse Iuno dicitur Veneris
iocos, / quae per gallinam denotauit feminas (v. 13 s.).
Chapitre 11
uini - pretiosi: Byrrhène possède sans doute une fort belle cave; cf. aussi 2, 19 (40,
21 s.) pocula uini uetusti. Cf. Plaut. Asin. 624 noctem tuam et uini cadum uelim, si optata
fiant et Stich. 425 cadum tibi ueteris uini propino. - Papae, / ducam hodie amicam: deux
occurrences où le cadus uini se fait compagnon des plaisirs de la chair. Voir infra comm.
ad 34, 2 s.
uini cadum: la combinaison est archaïque: OLD s.v. cadus 1 cite pour cet emploi du
mot avec le gén. uini avant Apul. Plaut. Aul. 571 (cf. aussi notice précédente) et Lucil.
556 K; voir aussi ThLL s.v. cadus, 37, 23 ss., d'où il ressort que cet emploi est essentiellement poétique. Dans les met. d'Apul., cf. encore 8, 28 (200, 4) et 9, 33 (227, 26).
in aetate pretiosi: pour cet abl. instrumental, voir comm. ad 2, 2 (25, 15 s.) senex
iam grauis in annis. Comparer Plin. nat. 14, 35 uinis in uetustate rufescentibus.
34, 1-3: Tunc ego uocata Fotide: `Ecce', inquam, `Veneris hortator et armiger Liber
aduenit ultro: J'appelai alors Photis et lui dis: `Regarde, il est arrivé, celui qui exhorte
Vénus, Liber le porteur d'armes, qui a pris l'offensive'.
Lucius se sert du même langage que Photis et lui démontre qu'il s'entend aussi dans l'emploi des métaphores militaires (cf. 2, 10: 33, 21 s., où la servante s'adressait à lui comme
un général à ses troupes avant une bataille). Sous son revêtement métaphorique, la phrase
exprime le topos du vin, compagnon indispensable de l'amour: cf. Ter. Eun. 732 uerbum
hercle hoc uerum erit: `Sine Cerere et Libero friget Venus' (cité par Cic. nat. deor. 2, 23,
60 et par Serv. Aen. 1, 686); Ov. ars 1, 232 ss.; 244; 523 ss.; 3, 762; et déjà E. Ba. 773
(voir Otto 1988, 366 [11890]). Mais (s'il connaissait déjà le latin), Lucius devrait surtout se
méfier de cet adage de Plaut. Bacch. 87 s. quia istoc inlecebrosius / fieri nihil potest: nox,
mulier, uinum homini adulescentulo.
Ecce - hortator: pour ce tour familier exclamatif avec nom. (également attesté en
latin classique), voir Callebat 1968, 115, avec réf.; LHSz 2, 48. Cf. 2, 24 (44, 20 ss.).
Veneris hortator et armiger Liber: chiasme. Pour ces métonymies, cf. Cic. nat.
deor. 2, 23, 60 ut cum fruges Cererem appellamus uinum autem Liberum, ex quo illud
Terentii (suit le vers cité ci-dessus); 2, 23, 61 quo ex genere Cupidinis et Voluptatis et
Lubentinae Veneris uocabula consecrata sunt, uitiosarum rerum neque naturalium.
Veneris hortator: la combinaison est unique. Comparer Val. Fl. 8, 232 adsunt
unanimes Venus, hortatorque Cupido; / suscitat adfixam maestis Aeetida curis. Pour
l'emploi de Venus au sens érotique, voir comm. ad 2, 17 (39, 7) pendulae Veneris fructu.
Le mot hortator est couramment employé dans un contexte guerrier, à propos de combats:
cf. e.g. Liv. 21, 11, 7; Ov. trist. 4, 2, 32; Stat. Theb. 11, 51 s., etc. (voir ThLL s.v.
hortator 3004, 16 ss.).
armiger Liber: la combinaison est unique. Cf. 10, 31 (262, 14 s.) proeliaris deae
(Minervae) comites armigeri, Terror et Metus; Stat. Theb. 3, 425 frena ministrat equis
Pauor armiger (s.e. Martis). Vorberg 1965, 309 (11929) remarque à propos de Liber: `der
Befreier, der Gott der Zeugung. Der Name wird so erklärt, dass die begattungsbedürftigen
Männer mit Hilfe des Gottes durch die Wohltat des Beilagers - emissis seminibus gleichsam befreit wurden'. Voir notice initiale suivante.
ultro: l'adv. renforce la personnification du vin, en même temps qu'il s'inscrit dans
la métaphore filée de la guerre amoureuse. Voir OLD s.v. 6a pour l'emploi de l'adv. ultro
`w. ref. to unprovoked mil. or other offensive action'; cf. e.g. Caes. Gall. 6, 24, 1; Verg.
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Aen. 2, 193 s.
34, 3-5: Vinum istud hodie sorbamus omne, quod nobis restinguat pudoris ignauiam et
alacrem uigorem libidinis incutiat: Buvons ce vin aujourd'hui, jusqu'à la dernière goutte!
Qu'il noie nos lâches pudeurs! Et qu'il insuffle en nous la vigueur et l'énergie nécessaire à
nos amours.
La phrase développe sous une forme impérative la métaphore topique qui précède: le vin
libère (Liber) des inhibitions et donne courage. Cf. Lucr. 3, 476 hominem cum uini uis
penetrauit / acris, et in uenas discessit diditus ardor; Ov. am. 1, 6, 59 nox et Amor
uinumque nihil moderabile suadent; / illa pudore uacat, Liber Amorque metu, avec
McKeown 153 ad loc.; ars 1, 237 uina parant animos faciuntque caloribus aptos; met. 12,
242. Voir comm. ad 2, 19 (40, 22 ss.).
Vinum... omne: l'hyperbate résulte en une mise en évidence de l'adj. omne. Ces
résolutions seront suivies à la lettre: cf. 2, 16 (37, 21 ss., où apparaît le verbe sorbillare).
istud: voir Callebat 1968, 270 sur la présence de iste dans un dialogue, `où il
constitue une adresse à l'interlocuteur et un moyen de suggérer un geste ou d'intéresser
plus intimement à l'énoncé la personne à qui l'on parle'.
sorbamus: pour cette forme (au lieu de sorbeamus), voir Neue-Wagener 3, 264 ss.,
où il est traité des verbes de la seconde conjugaison présentant parfois des formes de la
troisième (sorbere: p. 271 s.); LHSz 1, 592 et 605. Ce type d'alternance n'est attesté avec
certitude que tardivement pour le verbe sorbere: en dehors de ce passage d'Apul., on la
rencontre chez Comm., Ennod. et Prisc. gramm. II, 491, 13 `sorbeo' uel etiam `sorbo', ut
Probo placet, `sorpsi' uel `sorbui'.
quod - incutiat: comparer, dans un discours d'exhortation faisant également usage
de la terminologie militaire 3, 5 (55, 24 ss.) uiribus alacribus... adgrediamur, omnis
cunctatio, ignauia omnis facessat e pectore.
alacrem uigorem: cette combinaison quelque peu pléonastique, attestée pour la
première fois dans ce passage, se retrouve chez Auson. epist. 8, 12 (p. 244 Prete) et Mart.
Cap. 9, 901. Comparer Colum. 11, 1, 17 uelut in aliquod proelium cum uigore et alacritate animi praecedentem.
uigorem libidinis incutiat: cf. 2, 17 (39, 12) libidinem incitantes (uino); 10, 21
(253, 11 s.) prolubium libidinis suscitaram. ThLL s.v. incutio 1102, 32 s. ne cite que notre
passage pour la combinaison du verbe avec uigorem (comparer avec uim Verg. Aen. 1,
69). Dans F, le groupe de lettres -cut est presque invisible. Robertson, pour qui le texte
pourrait aussi bien être -cul, comme dans les mss. de la classe a, signale l'existence du
verbe culire attesté par une scholie à Hor. sat. 1, 5, 38 culina id est coquina ab eo quod
culiat carbones et qui semble signifier `réchauffer', `cuire' (ThLL s.v. culio 1289, 2 ss.).
Pour l'emploi du terme libido dans le sermo amatorius (= cupido et/ou coitus), voir
Adams 1982, 188; Vorberg 1965, 309 s. (11929); cf. 3, 20 (67, 12); 10, 21 (253, 11 s.);
Prop. 2, 16, 14 rumpat ut assiduis membra libidinibus; Ov. am. 2, 15, 25. Pour cet emploi
de uigor, comparer Ov. am. 3, 7, 67 (membra) quae nunc, ecce, uigent intempestiua
ualentque.
34, 5-7: Hac enim sitarchia nauigium Veneris indiget sola, ut in nocte peruigili et oleo
lucerna et uino calix abundet': Car ce sont là les seules provisions dont il faut charger le
Chapitre 11
navire de Vénus: pour passer la nuit sans sommeil, il suffit d'une lampe pleine d'huile et
d'un calice plein de vin.'
Hac... sola: l'hyperbate résulte en une mise en évidence de l'adj. sola, comme plus
haut uinum... omne (lignes 2 s.).
sitarchia: ce terme, issu du grec F4J"DP\" est attesté pour la première fois en latin
dans ce passage d'Apul. Vallette note à sa trad. (p. 38) que F4J"DP\" `désigne en général
la charge de F\J"DP@H ou intendant aux vivres. On trouve, d'autre part, F4J"D6\",
approvisionnement. Il a pu se confondre une confusion semblable à celle qu'on fait souvent
de nos jours entre autarchie et autarcie'. Voir cependant LSJ s.v. F4J"DP\" 3 `generally,
provision, maintenance'. Le mot appartient à la langue militaire (`ravitaillement' ou `paie
de soldat') et est associé en part. à la navigation: cf. Hier. in Matth. praef.; schol. Juv. 12,
61; Isid. orig. 20, 9, 6. Voir notice suivante pour la métaphore filée.
nauigium Veneris: de Jonge 1941, 55 rejette l'interprétation de Hildebrand pour qui
le mot nauigium possède ici un sens érotique. Pourtant, ce type de métaphores navales
apparaissent bel et bien dans le sermo amatorius: voir Murgatroyd 1995 pour une étude
diachronique exhaustive de la métaphore `Sea of Love' dans la litt. grecque et latine. Cf.
en part. Plaut. Men. 344 in istoc portu stat nauis praedatoria (d'une courtisane); 401 ss.;
Mil. 915 ss. et 921 cito erit parata nauis (une courtisane parlant de ses tactiques de
séduction, comparées à la construction d'un navire). Nethercut 1968, 113 observe que le
nauigium Veneris dans lequel Lucius s'embarque au livre 2 est remplacé par le nauigium
Isidis du livre 11, 5 et 16 (270, 6 ss. et 278, 14 ss.; sur cette cérémonie, voir Griffiths
1975 ad loc.).
ut - abundet: pour le motif élégiaque de la lampe complice et témoin des amours
nocturnes dans les met., voir Kenney 1990, 168 ad 5, 22 (120, 1 ss.); Zimmerman-de
Graaf 1992, 298 ad 10, 20 (252, 14 s.) avec réf. suppl., qui compare avec notre passage;
GCA 1995, 76 s. ad 9, 7 (207, 17 ss.). Cf. e.g. Prop. 2, 15, 3; Hor. carm. 3, 21, 23 ss.;
Anth. Graec. 5, 4; et déjà Ar. Ec. 1 ss.
in nocte peruigili: Lucius se souvient ici des mots de Photis: tota... nocte tecum...
proeliabor (2, 10: 33, 21 s.). Tout comme le subst. peruigilium, l'adj. peruigil est fréquemment associé aux débauches nocturnes. Cf. à propos des amours de l'âne Lucius et de
sa matrone 10, 22 (254, 9 s.) operosa et peruigili nocte transacta: Zimmerman-de Graaf
1992, 318 ad loc. observe que peruigil apparaît pour la première fois comme qualificatif de
nox chez Apul.; cf. Sen. Thy. 466 s.; Petron. 21, 7 etiam dormire uobis in mente est, cum
sciatis Priapi genio peruigilium deberi?; Juv. 15, 43 peruigili... toro.
L'emploi de in avec un subst. à l'abl. accompagné d'un adj. attribut pour marquer le temps
est contraire à l'usage classique et ressortit à la langue vulgaire: voir van der
Chapitre 11
Paardt 1971, 72 ad 3, 8 (57, 26 s.) in primis annis; LHSz 2, 148 qui signale cette construction chez quelques poètes, e.g. Catull. 21, 3 aliis... in annis; Lucr. 4, 793 nocturno...
in tempore.
34, 8: Diem ceterum lauacro ac dein cenae dedimus: Nous consacrâmes le reste de la
journée au bain, puis au dîner.
Après ces considérations sur l'effet du vin, dont on ne trouve pas trace dans l'Onos, le
texte des met. rejoint pour un bref instant celui de l'épitomé avec la mention de ce détail de
la vie quotidienne: cf. Onos 7, 1 8@LFVµ,<@4 ¦*,4B<@ص,<. Van Thiel 1971, 68 ss. est
d'avis que la scène du repas et le récit des mésaventures de Diophane (ou un récit similaire) se trouvaient dans l'original grec. Après l'épitomisation, ne demeurèrent que la
mention du bain, du repas et d'une conversation: voir notice initiale suivante.
Diem ceterum: voir supra s.v. commodum - accesserat (33, 24).
ac dein: de Jonge 1941, 56 (qui lit et dein) trouve cette précision inutile, car `nemo
non intellegit eos non simul lauacro et cenae tempus dedisse'. Voir Bernhard 1927, 182 sur
ce type de coordination (qu'il classe sous la rubrique `Setzung überflüssiger Worte'),
répondant au souci de précision d'Apul.; LHSz 2, 478 signale que la combinaison apparaît
souvent en latin tardif. Mais cf. déjà Sall. Iug. 39, 2 inuidiam ac deinde periculum.
34, 8-12: Nam Milonis boni concinnaticiam mensulam rogatus adcubueram, quam pote
tutus ab uxoris eius aspectu, Byrrenae monitorum memor, et perinde in eius faciem oculos
meos ac si in Auernum lacum formidans deieceram: Car j'avais été invité par le brave
Milon à prendre place à sa jolie table soigneusement dressée. Me souvenant des avertissements de Byrrhène, je me gardais autant que possible de la vue de sa femme et ce n'est
qu'avec crainte que je jetais les yeux sur son visage, comme sur le lac Averne.
Cette phrase, qui développe la mention du dîner, est absente de l'Onos, de même que la
conversation qui suit (rapportée au discours direct) et qui se prolonge jusqu'au ch. 15 (37,
9). L'épitomé signale seulement rapidement qu'une conversation a pris place lors du
symposion: cf. 7, 1 ¦*,4B<@ص,< 6" B`J@H µ< FLP<ÎH ºµä< Òµ48@b<JT<. Sur ces
différences, voir van Thiel 1972, 68 ss. (supra); intro. 7. 2.
Milonis - mensulam: persuadés par les dires de l'hôtelière du livre 1, 21 (19, 15
ss.), selon laquelle Milon est un avare, les commentateurs voient dans cette phrase une
ironie profonde et comparent avec le dîner du premier soir, où - nous dit Lucius - Milon
n'avait à lui offrir pour toute nourriture que ses bavardages (cf. 1, 26: 24, 12 ss.). Voir
e.g. Junghanns 1932, 38, pour qui le dîner est composé des vivres offerts à Lucius par
Byrrhène (supra 33, 24 ss.); cf. toutefois 2, 7 (30, 15 ss.), où Photis est en train de cuisiner divers plats, avant que Byrrhène n'envoie ses présents. L'interprétation de Junghanns
(voir encore e.g. de Jonge 1941, 56; Smith 1968, 12 et 1994, 1585) exige de prendre les
adj. bonus et concinnaticius comme des antiphrases et de voir une nuance péjorative dans
le diminutif mensula (voir infra). Pourtant, les reliefs de cette petite table ingénieuse fournissent amplement de quoi sustenter la nuit amoureuse de Photis et Lucius: cf. 2, 15 (37, 9
ss.) deprehendo epularum dispositiones satis concinnas... adstitit mensula cenae totius
honestas reliquias tolerans, avec comm. ad loc. Les changements d'humeurs de Lucius-
Chapitre 11
acteur (voir intro. 2. 2.) et ses différents états d'esprit (reflétés dans le récit par le choix
des mots), expliquent les variations de données apparaissant dans le texte (apparentes contradictions) et interdisent d'affirmer avec certitude que Milon est un avare (voir aussi comm.
ad 2, 3: 26, 21 s.; intro. 5. 4.; pour une argumentation détaillée, van Mal-Maeder 1995).
L'accumulation de termes positifs dans notre passage est l'expression (hypocoristique) de
l'état d'esprit de Lucius à ce moment de l'histoire: notre héros est d'humeur joyeuse à la
perspective de son rendez-vous amoureux avec Photis. A la fin du repas, Lucius retrouvera
sa mauvaise humeur du soir précédent, car les bavardages humiliants de Milon ont retardé
son rendez-vous avec la servante: cf. 2, 15 (37, 1 ss.).
Milonis boni: selon Smith 1994, 1585, l'adj. est ici ironique, comme il l'est souvent
dans les met. pour qualifier un personnage antipathique ou immoral (cf. e.g. 1, 13: 12, 6 et
18 bona Panthia et Meroe bona). Même interprétation chez Hildebrand et de Jonge 1941,
56 ad loc. Je suis d'avis que l'adj. est ici sincère (voir aussi Roncaioli 1963, 235) et qu'il
reflète non pas le cynisme de Lucius-narrateur, mais la bonne humeur de Lucius-acteur:
voir notice précédente. Cf. aussi 2, 6 (30, 3) probi Milonis, avec comm. ad loc. Milon est
à nouveau qualifié de bonus en 3, 5 (55, 16 s.), dans un discours spécieux où la sincérité
n'a que peu de place, et en 3, 7 (57, 11 s.), dans un passage ambigu, oscillant entre ironie
et sentimentalisme pleurnichard. Bonus sincèrement positif se rencontre encore au livre 9,
14 (213, 9) pour qualifier le meunier employant l'âne Lucius.
concinnaticiam mensulam... adcubueram: GCA 1985, 93 ad 8, 8 (183, 16) mensam
accumbas signalent que cet emploi de accumbere + acc. est attesté avant Apul. chez Lucil.
et Acc.
concinnaticiam mensulam: l'adj. concinnaticius est un hapax dérivé de concinnare
et signifie `bien agencé', `préparé avec art'. Selon Callebat 1994, 1622, il appartient à la
langue familière. Pour l'étymologie, le sens et l'emploi des mots de cette famille, voir
Monteil 1964, 167 ss.: chez Apul., le verbe concinnare et l'adj. concinnus s'appliquent
moins à la préparation culinaire qu'à la présentation des mets, au service. Monteil traduit
ainsi notre passage (p. 171) par une `table bien servie', tout en notant que le sens `chargée
de bonnes choses' n'est pas à exclure. En accord avec sa théorie que Milon est un avare,
Smith 1994, 1585 interprète concinnaticiam mensulam comme une antiphrase ironique. On
trouve à deux reprises dans les met. le verbe concinnare dans un contexte culinaire, avec
une nuance clairement positive: cf. 7, 11 (162, 20) et 10, 13 (246, 8): voir Zimmerman-de
Graaf 1992, 218 ad loc. Cf. aussi 2, 15 (37, 10 s., cité supra), où l'adj. concinnus, plus
courant et sans nul doute laudatif, fait écho à concinnaticius.
Comme Abate 1978, 51 s. (qui ne souffle mot de la valeur laudative de concinnaticius),
Smith l.c. voit dans le diminutif mensula une valeur péjorative. Mensula se rencontre une
seconde fois dans le passage décrivant les préparatifs de la nuit amoureuse de Lucius et
Photis (2, 15: 37, 13, cité supra), une occurrence où il possède clairement une valeur
positive. Ces parallèles permettent de penser que l'expression concinnaticiam mensulam est
sincèrement laudative, expression de la bonne humeur de Lucius à ce moment précis de
l'histoire (voir notices précédentes).
quam pote: cf. 1, 11 (10, 14) aufugiamus istinc quam pote longissime. Selon de
Jonge 1941, 56, l'ellipse du verbe après pote ressortit à la langue des poètes et des
comiques. Mais voir l'argumentation de Callebat 1968, 116, pour qui ce type de phrase
nominale relève plutôt du langage familier; voir aussi GCA 1985, 152 ad 8, 16 (189, 17)
quantum pote (dans un autre passage décrivant les craintes de Lucius), avec réf. suppl.
aspectu: Lucius évite de regarder Pamphilé (cf. lignes 11 s.), mais peut-être évite-t-
Chapitre 11
il aussi qu'elle ne le regarde trop, se souvenant de ces mots de Byrrhène: nam simul
quemque conspexerit speciosae formae iuuenem... in eum et oculum et animum detorquet
(2, 5: 29, 5 s.). La femme de Milon a déjà eu l'occasion de le voir le soir précédent, lors
de son arrivée (cf. 1, 22: 20, 18 ss.).
Byrrenae monitorum memor: cf. 2, 5 (28, 16 ss.). L'attitude craintive dont Lucius
fait preuve ici contraste avec la réaction qu'il avait eue après les révélations de sa parente
(cf. 2, 6: 29, 16 ss.). Voir comm. ad 2, 20 (41, 10 ss.), où Lucius exprime publiquement
sa crainte de la magie.
oculos meos - deieceram: Prescott 1911, 345 s. compare avec Herod. 3, 17 6´< (º
*X8J@H) µZ6@J' "ÛJ¬< @Í@< z!\*0< $8XR"H / (DVR® µ¥< @Û*¥< 6"8`<, ¦6 *' Ó80<
>bF®: voir Knox 129 ad loc. avec de nombreux parallèles pour cette expression ressortissant presque exclusivement au domaine grec (Knox cite en latin notre seul passage). Par
métonymie, le lac Averne désigne chez les poètes les Enfers, dont il est la bouche chez
Verg. Aen. 6, 237 ss. et 295 ss. (voir ThLL s.v. Auernus 1315, 36 ss.; cf. aussi Cic. Tusc.
1, 37). Ainsi, encore une fois, Pamphilé est associée aux Enfers et à la mort (voir comm.
ad 2, 5: 29, 4 s. et 2, 6: 29, 16 ss.), par opposition à Photis qui représente pour Lucius la
vie: cf. ligne 13 recreabar animi. GCA 1985, 232 n. 1 ad 8, 7 (198, 7) remarquent que le
motif du monde souterrain apparaît fréquemment dans les met., en rapport notamment avec
la Thessalie et la magie; aux ex. qui y sont cités, on ajoutera 1, 15 (14, 12 s.); 3, 9 (59, 3
s.); 3, 10 (59, 17 s.).
formidans: comparer pour la combinaison avec Auernus, Val. Fl. 4, 700 discussa...
formidine Auerni; Sil. 12, 121 ss. (Auernus) tum... formidatus uolucri, avec Spaltenstein
157 ad loc.
34, 12-17: Sed adsidue respiciens praeministrantem Fotidem inibi recreabar animi, cum
ecce iam uespera lucernam intuens Pamphile: `Quam largus', inquit, `imber aderit
crastino' et percontanti marito, qui comperisset istud, respondit sibi lucernam praedicere:
Mais je regardais fréquemment Photis qui faisait le service et à sa vue, mon âme se
réconfortait. Le soir était déjà arrivé quand Pamphilé dit en regardant la lampe: `Quelle
pluie abondante nous aurons demain!'. Et à son mari qui lui demandait d'où elle tenait
cette information, elle répondit que la lampe le lui avait prédit.
recreabar animi: la tournure recreari animi réapparaît en 5, 22 (120, 13) à propos
de Psyché, perdue dans la contemplation de son divin époux, et en 11, 22 (284, 1 s.), à
propos de Lucius, réconforté par Isis (voir Fredouille 1975, 106 ad loc.). Photis possède
donc un pouvoir divin sur l'âme de Lucius et, alors que Pamphilé est associée à la mort
(voir supra), elle représente la vie; cf. aussi 2, 10 (33, 11) uel uno sauiolo... recreatus.
Sur l'emploi du gén. de relation animi chez Apul., voir Callebat 1968, 489 qui y voit une
imitation de la langue des comiques; voir cependant KSt 2, 1, 486 s. (pour qui animi est un
locatif), ETh 56 et LHSz 2, 75, avec plusieurs ex. tirés de Cic. et Liv.
inibi: pour de Jonge 1941, 56 inibi possède ici une valeur temporelle (= statim,
ilico). OLD s.v. 1c. interprète cette occurrence au sens de `in that activity', sens qui, au
vu de la valeur durative de l'imparfait recreabar (cf. adsidue respiciens), paraît plus
approprié. Dans tous les autres cas où il apparaît chez Apul., l'adv., placé en tête de
phrase, est revêtu du sens local habituel.
cum ecce: l'un des nombreux ex. de `cum inuersum' chez Apul. (voir Callebat
1968, 433 sur cette forme d'hypotaxe répondant à une recherche de relief et d'intensité),
Chapitre 11
renforcé ici par la particule ecce, comme en 2, 25 (45, 15, après un verbe à l'imparfait,
comme dans notre passage). Pour l'emploi, fréquent chez Apul., de ecce introduisant un
nouvel événement ou un changement de situation, voir van der Paardt 1971, 87 ad 3, 11
(60, 1); GCA 1981, 242 ad 7, 24 (172, 13). Cum ecce accompagne ici un changement de
focalisation: l'attention de Lucius (et avec lui celle du lecteur) se déplace de sa contemplation silencieuse de Photis pour se porter sur Pamphilé, lorsqu'elle engage la conversation rapportée au discours direct.
iam - inquit: cf. 2, 19 (40, 22 s.) iam inlatis luminibus epularis sermo percrebuit,
avec comm. ad loc. pour la conjonction repas (vin) - lampes - conversations.
uespera: Robertson hésite à insérer <inumbrante> iam uespera, comparant avec
Tac. hist. 3, 19 inumbrante uespera. Mais cf. 4, 18 (88, 13) et 11, 26 (287, 24), où l'abl.
uespera est employé au lieu de uesperi, et où il s'agit pareillement du soir du même jour.
Voir Callebat 1968, 193 s. pour des ex. suppl. de cette forme se développant surtout à
partir de l'époque impériale.
quam - crastino: cette prédiction météorologique de Pamphilé est couramment
interprétée comme un acte de magie, prouvant qu'elle est une sorcière: voir e.g. Lancel
1961, 42 ss.; de Smet 1987b, 33. Mais s'il est vrai que la lykyomancie est attestée dans les
Papyri magiques (voir RE 13, 2 (1927) `7LP<@µ"<J,\"', 2115-2119 [Granszyniec]; Graf
1994, 224), les prévisions de ce type à l'aide d'une lampe ne sont pas l'apanage des magiciennes `professionnelles'. Il s'agit d'une croyance populaire, largement attestée (voir DSg
`Diuinatio', 292-319 [Bouché-Leclercq], en part. p. 299 ss. et 302; Junghanns 1932, 129,
n. 128; Pack 1956, 190 s.; van Thiel 1972, 69): cf. e.g. Ar. V. 260 ss.; Thphr. Sign. 1,
14; 3, 42; Arat. 973 ss.; 999 ss.; 1033 ss.; Verg. georg. 1, 390 ss., avec Mynors 183 s. et
Thomas 134 ad loc.; Plin. nat. 18, 357 s.; 30, 14; Anth. Graec. 5, 263; Avien. Arat. 1718
ss. (pour des prédictions à l'aide de lampes concernant autre chose que la météorologie, cf.
Prop. 4, 3, 60; Ov. epist. 19, 151 ss.; Anth. Graec. 6, 333). Lucius, d'ailleurs, pourtant
anxieux de découvrir quelque manifestation de magie, n'interprète pas cette prédiction de
Pamphilé comme un acte magique. Sa défense de la femme de son hôte (2, 12: 34, 21 ss.)
indique sa familiarité avec cette croyance populaire. Pour l'utilisation de lampes en magie,
voir Abt 1967, 235 ss. (11908); Apul. met. 3, 21 (68, 9), avec van der Paardt 1971, 160 s.
ad loc.
crastino: en dehors d'Apul., cet adv. (= cras) n'est attesté que chez Gell. 2, 29, 9
et chez quelques auteurs tardifs, voir Callebat 1968, 167 (mot du sermo cotidianus).
sibi lucernam praedicere: noter la personnification de la lampe; voir infra s.v. istam
lucerna<m> Sibyllam.
Chapitre 11
34, 17-20: Quod dictum ipsius Milo risu secutus: `Grandem', inquit, `istam lucerna<m>
Sibyllam pascimus, quae cuncta caeli negotia et solem ipsum de specula candelabri
contuetur.': A ces mots, Milon éclata de rire et s'exclama: `Quelle grande Sibylle que
cette lampe que nous nourrissons! Toutes les affaires du ciel et le soleil lui-même, elle les
regarde du haut de son observatoire de candélabre!'
Pour cette ironie moqueuse, comparer la réaction du compagnon de route de Lucius et
Aristomène en 1, 2 (3, 2 ss.). Milon personnifie dans le livre 2 ce que ce compagnon de
route anonyme personnifiait au livre 1: voir intro. 5. 3. Plus loin, Milon accueillera avec
la même incrédulité (quoique de manière plus retenue) le récit de son hôte concernant les
prédictions d'un Chaldéen: cf. 2, 13 (35, 12 ss.).
Quod dictum - secutus: pour ce type de liaisons paratactiques permettant de
reprendre le fil de la narration après un discours direct, voir Bernhard 1927, 50 (`fast nur
dem Apulejus eigen und zwar sehr häufig'); Callebat 1968, 437. Cf. 1, 26 (24, 1) et
dictum iure iurando secutus; 3, 16 (64, 10 s.) et uerbum facto secutus.
istam lucerna<m> Sibyllam: F a lucerne, où le e est une substitution par une
seconde main de ce qui semble avoir été un c ou un o. Dans N, une seconde main a corrigé
la leçon primitive lucerno en lucernam. Walter 1914, 124 propose de corriger ista in
lucerna Sibyllam et cette correction est adoptée par Frassinetti, Helm IV et Hanson. Pack
1956, 190 s. préfère istam <in> lucerna Sibyllam (cette possibilité est signalée en note
par Hanson) et explique que la Sibylle en question serait une sorte d'esprit habitant la
lampe. Cf. Petron. 48, 8 nam Sibyllam quidem Cumis ego ipse oculis meis uidi in ampulla
pendere. Helm III se demande s'il ne faut pas supprimer lucerna comme une glose.
Toutefois, l'emploi de subst. attributs d'un autre subst. (un tour archaïque également attesté à la période augustéenne: voir ETh 165 s.; LHSz 2, 157 s.; ThLL s.v. candelabrum 233,
39 accepte cette leçon) est fréquent chez Apul. Cf. e.g. met. 2, 20 (41, 15 s.) in ipso
momento chor[o]agi funeris; 2, 20 (42, 3) filius meus iste Lucius; 5, 24 (122, 8) istos
amatores tuos oculos; 8, 31 (202, 14) aduenam istum asinum: autant d'ex. situés dans un
dialogue au discours direct et où apparaît le pronom iste; voir Callebat 1968, 270 s. sur
l'emploi de iste `pronom par excellence de la conversation' (p. 271).
pascimus: ThLL s.v. pasco 597, 55 s. cite cette occurrence comme ex. `in imagine,
sc. lusu notionum'. Le verbe contribue à la personnification de la lampe-Sibylle, qui
devient dans la bouche de Milon l'un des convives du dîner.
de specula candelabri: combinaison emphatique, qui traduit le mépris de Milon.
Oudendorp explique `siue excelso loco et quasi de turre'. Cf. Varro ling. 6, 82 specula, de
quo proscipimus; Verg. ecl. 8, 59 praeceps aerii specula de montis; Paneg. 111, 19. Candelabrum désigne l'objet sur lequel sont posées les bougies ou la lampe (candélabre ou
lampadaire): cf. e.g. Varro ling. 5, 119 candelabrum a candela; ex his enim funiculi
ardentes figebantur; Macr. sat. 3, 4, 2; Isid. orig. 20, 10, 3 (ThLL s.v. 233, 1 ss.).
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