sommes-nous davantage que l`expression de nos gènes?

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L’ « étincelle divine » –
sommes-nous davantage que l’expression de nos gènes?
Dawna Gilchrist
traduit de l’anglais original
Pour ceux qui croient que Dieu a créé l’homme à son image, il ne fait aucun doute que les êtres
humains se distinguent absolument de toute autre forme de vie. Les croyants sont convaincus
que nous possédons une âme – et pour eux, c’est là l’élément distinctif. Cependant, le
caractère unique de l’Homo sapiens est plus difficile à établir pour ceux qui exigent des preuves
scientifiques. Depuis Darwin, nous sommes animés par le désir impérieux de résoudre cette
énigme – sommes-nous tout simplement le produit de l’évolution ou y a-t-il en nous quelque
chose de plus qui nous distingue complètement de tout ce qui nous a précédés?
Bien des aspects du comportement des humains donnent à penser que nous sommes différents,
tant qualitativement que quantitativement, des autres mammifères, même de ceux qui nous
sont le plus apparentés. En fait, il est très difficile de définir un comportement qui soit unique aux
humains. Il ne fait aucun doute, par exemple, que la capacité d’apprentissage ne se limite pas
à l’espèce humaine. Beaucoup d’animaux peuvent apprendre de nouveaux comportements et
leur capacité à reproduire ces comportements sur une longue période de temps prouve qu’ils
possèdent une mémoire. On a longtemps pensé que l’utilisation et la fabrication d’outils étaient
propres à l’humanité. Cependant, beaucoup d’animaux se servent d’objets qu’ils trouvent
comme outils; certains vont jusqu’à les transformer, tel le chimpanzé qui effeuille une petite
branche pour ainsi capturer plus efficacement des insectes. Il suffit d’observer un marsouin en
train d’examiner son reflet dans un miroir pour se rendre compte que la conscience de soi n’est
pas une caractéristique exclusive à l’espèce humaine. Des carnivores forment des groupes où
chacun des membres tient un rôle précis; on retrouve la même chose chez certains types
d’insectes. Même la nature guerrière des humains n’est pas unique – les chimpanzés n’hésitent
pas à former des commandos pour chasser de leur territoire un groupe rival. Par ailleurs,
certaines des valeurs humaines les plus nobles, tel le sens de l’équité, se retrouvent chez les
chimpanzés et les bonobos. Ces derniers semblent particulièrement prédisposés au partage,
même avec les étrangers.
La communication, qui apparaît comme le principal champ de la différence entre les humains
et les autres espèces, a fait l’objet de recherches fouillées. Certes, beaucoup d’animaux et
d’oiseaux possèdent des modes de communication. Cependant, la faculté de former un
langage élaboré semble unique aux êtres humains. Or, la capacité de transmettre des idées
complexes semble aller de pair avec celle de former des pensées abstraites – philosophie,
musique, art et religion.
La question de la foi serait propre à l’espèce humaine. Pourquoi sommes-nous portés à croire en
une puissance supérieure? Le croyant alléguera que c’est parce que Dieu nous a créés à son
image. L’imaginatif avancera que nos ancêtres furent visités par des extraterrestres qui leur ont
transmis des outils, le langage et peut-être même des gènes. Darwin, dans La filiation de
l’homme, paru en 1871, faisait déjà remarquer que « La foi en Dieu a souvent été citée comme
non seulement la principale, mais la plus indiscutable des distinctions entre les êtres humains et
les animaux ».
Avec la capacité d’examiner nos gènes et de les comparer à ceux des autres animaux, nous
avons cependant découvert avec étonnement qu’il y a assez peu de différences. On estime
que notre génome ne diffère de celui des chimpanzés que d’au plus 3 %. L’une des différences
capitales connues à ce jour est la présence dans notre génome du gène FOXP2, dont on sait
qu’il joue un rôle dans l’élaboration de la faculté de parole et du langage. Mais, encore là, il ne
varie que par deux acides aminés, relativement au gène correspondant chez les espèces les
plus proches de nous. Par ailleurs, on retrouve la superfamille des gènes FOX dans à peu près
toutes les formes de vie; par exemple, on trouve quatre de ces gènes dans la levure, alors que
les humains en possèdent 40. Ces gènes descendraient tous du gène FOX primitif, originel.
Malgré toutes leurs recherches, les scientifiques n’ont toujours pas découvert le moindre ADN
véritablement nouveau chez l’être humain. Toutes les différences trouvées peuvent être
expliquées par des mutations ou de nouveaux arrangements qui se superposent à des
séquences d’ADN préexistantes.
L’énigme demeure entière. Ne serions-nous que l’aboutissement d’une des branches de
l’évolution? En fait, nous continuons à évoluer selon les lois de l’évolution. C’est seulement
l’impossibilité de pouvoir observer ces changements sur de très longues périodes de temps qui
nous empêchent de prendre la mesure de ce processus. Alors, existerait-il un point de rupture qui
nous distingue de tout ce qui nous a précédés? Selon les données génétiques actuelles, il est
peu probable que cette quête du caractère unique de l’espèce humaine trouve sa réponse
dans les variations structurelles de nos gènes. Notre tendance à vouloir nous considérer comme
une espèce à part de toutes les autres devrait plutôt être examinée comme une transformation
fonctionnelle rendue possible par la complexité de notre intellect.
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