Le Parc amazonien de Guyane et le changement climatique Contribution au document de synthèse PNF pour la COP21 sur le climat Juillet 2015 1. Enjeux du changement climatique pour le Parc amazonien Effets attendus Les projections climatiques calculées par les modèles globaux du climat prévoient en Guyane une augmentation des températures moyennes particulièrement fortes (de 2,6 à 3,7°C en Guyane d'ici 2050 contre de 1,8 à 2,4°C dans les Caraïbes et l'Océan Indien) et vraisemblablement (avec une plus grande incertitude) une stabilisation des précipitations (3 à +6%). La répartition devrait varier dans l’année, avec des saisons sèches plus longues et plus sévères, une intensification de la puissance des vents et des précipitations plus fortes, conséquence directe de l'augmentation de la température de l'eau). L'augmentation de l'intensité des épisodes pluvieux pourrait se traduire par une aggravation des phénomènes érosifs et notamment par des glissements de terrain plus fréquents. Du point de vue biologique, le massif forestier devrait être très affectées par le caractère plus violent des phénomènes extrêmes, avec l’accroissement des températures et surtout l’altération du régime des précipitations. On peut ainsi s’attendre à un phénomène d’assèchement dans certaines forêts de plaines, à un déplacement en altitude des forêts submontagnardes ainsi qu'à une baisse de la productivité forestière. Les sécheresses plus intenses pourraient aussi conduire à une aggravation du risque d’incendies sur des milieux sensibles comme les savanes-roches. On pourrait donc assister à : des déplacements (plus haut en altitude) des aires de répartition potentielles de certaines espèces liées aux forêts humides d’altitude ; des disparitions d'espèces localement (celles qui ne pourraient trouver refuge plus haut) ; des changements dans les communautés végétales : remplacement de certaines espèces par des espèces supportant mieux une forme de sécheresse ; des changements de la phénologie des espèces (décalage des périodes de migration, de reproduction, de floraison, de chutes des feuilles… ) pouvant entraîner des ruptures de symbioses et de chaînes trophiques ; et enfin des perturbations importantes consécutives aux cyclones et tempêtes sur les côtes caribéennes, susceptibles de dévier la trajectoire d’oiseaux migrateurs hivernant en Guyane ou de détruire sur leurs axes leurs zones de halte et d’alimentation. 8 Si pour le massif intérieur de la Guyane il n’est pas encore clairement avéré le risque d’expansion d’espèces invasives, on peut en revanche s’attendre à une représentativité accrue des espèces déjà les plus communes (qui voient tomber certaines barrières géographiques et environnementales et libérer des niches écologiques). Seraient les plus perdantes, les espèces à faible mobilité, les espèces longévives, à faible taux de reproduction (ne faisant qu’un ou deux petits par an), à faible dispersion, à faible compétitivité, très spécialisées sur un habitat donné, enfermées par des barrières géographiques, ou ne disposant pas d’aires d’extension potentielles (espèces sommitales). La diminution des régimes hydriques des cours d’eau en saison sèche et les inondations en saison des pluies, auxquels on peut s’attendre avec des phénomènes plus extrêmes et plus long dans le temps, devraient impacter outre les communautés biologiques liées aux milieux dulçaquicoles, principalement, directement et à relativement court terme les populations humaines de l’intérieur implantées sur les rives des fleuves et leurs activités (subsistance, transport). Il faut remarquer que le massif forestier du Plateau des Guyanes a déjà par lors de l’ère quaternaire (holocène jusqu’aux derniers 10000 ans) les effets d’épisodes climatiques marqués par une plus grande sécheresse, entrainant des modifications dans la répartition des espèces, la création de zones refuges d’altitude générant une spéciation, des perturbations favorisant le développement de milieux forestiers plus ouverts. Enfin les modèles de prévision climatiques se basent pour l’heure sur un dispositif de mesures à échelle mondiale, avec une maille assez large pour l’extrapolation des phénomènes prédictifs, qui mérite ainsi d’être renforcé par une approche plus précise à l’échelle de la région du Plateau des Guyanes. 2. Principales actions menées par le Parc amazonien Afin de se placer dans une démarche vertueuse vis-à-vis des principaux impacts liés aux activités de l’établissement, une stratégie écoresponsable pluriannuelle est en cours de mise en œuvre. Quatre axes portent les objectifs stratégiques pour l’établissement pour la durée du COB 2015-2017 : Axe 1 : Ancrer l’exemplarité du Parc amazonien dans la construction et la rénovation de ses infrastructures, Axe 2 : Instaurer la généralisation d’une démarche responsable dans l’établissement, Axe 3 : Créer les conditions de réplication des méthodes et des actions innovantes, vers les acteurs des territoires, Axe 4 : Impliquer l'établissement dans la réduction des impacts climatiques liés aux activités. Diagnostic de fonctionnement de l’établissement et atténuation des émissions Le bilan Carbone du PAG, datant de 2012, sera révisé de manière ciblée au cours de l’année 2015 pour mesurer la progression sur un certain nombre d’indicateurs prioritaires (liés aux émissions de Carbone associées aux déplacements vers et au sein des territoires : avions, pirogues). L’adoption de mesures de réduction sur ce poste notamment, a permis de mettre en place une démarche de progrès au sein de l’établissement, dont l’activité est fortement contrainte par les postes d’émission liés aux déplacement notamment. Le parc de véhicules est aujourd’hui composé de véhicules légers, quads, motos, vélos, pirogues de différentes motorisations afin de permettre aux agents d’effectuer un choix adapté à chaque type de déplacement. La visio-conférence est privilégiée aux déplacements, dans la mesure des moyens de communication disponibles. Un diagnostic de performance énergétique des bâtiments est en cours (consommation énergie et eau), pour les implantations définitives. Une étude comparée, portée par l’association AQUAA, visant près de 80 bâtiments guyanais permettra d’adapter progressivement les bâtiments, au regard des retours d’expériences positives (architecture bioclimatique et efficacité énergétique). Dispositif de suivi scientifique & accompagnement de recherches ciblées (climat, effets sur le patrimoine naturel, sur les activités humaines) En Guyane, la mesure des évolutions sous forçage climatique ne sera possible que si l'on dispose d'un état de référence. C'est pourquoi le Parc amazonien est engagé auprès de nombreux partenaires pour caractériser les différents habitats forestiers notamment à partir d'images satellitaires et de relevés terrain (en particulier le Programme HABITAT). 3. Suivi des changements globaux à l’échelle du PAG / Un effort sur des sites de référence Le suivi des changements globaux nécessite la définition d’un état de référence de la biodiversité et des habitats qui est encore méconnu sur la majorité des territoires du Parc amazonien de Guyane. Sur ce territoire, le PAG a ciblé en concertation avec son Conseil Scientifique et des organismes de recherche partenaires impliqués dans cette problématique, trois zones d’intérêt et complémentaire dans leur disposition pour la mise en œuvre de protocoles de suivi à long terme des changements climatiques : le Mont Itoupé (830 m, Camopi – Maripasoula), la Montagne Bellevue de l’Inini (851 m, Maripasoula) et les Monts Galbao (730 m, Saül). Ces montagnes figurent parmi les plus hauts sommets de Guyane et leurs massifs forestiers sont pressentis comme étant ceux qui devraient répondre de manière la plus sensible aux changements climatiques globaux. Sur le Mont Itoupé en 2010, un inventaire pluridisciplinaire a été effectué ayant permis d’évaluer la pertinence et la capacité d’investir sur ce site pour un dispositif de suivi des changements climatiques. Le diagnostic écologique d’Itoupé suite à cette mission de 2010 est en cours de finalisation. L’analyse des images satellitaires montre que ce site figure comme celui ayant dans l’intérieur de la Guyane la plus longue période annuelle de nébulosité dans sa partie sommitale, et de fait présente une forêt d’altitude « submontagnarde » à nuages favorable pour témoigner de variations climatiques. Ainsi une des pistes envisagées pour le suivi des changements climatiques sur Itoupé réside dans le suivi par imagerie satellitaire de la couverture nuageuse (conventionnement NOOA), permettant d’acquérir des données de bases à corréler avec les relevés de terrain qui seront issus des différents indicateurs identifiés tels que la température, l’hygrométrie, le type d’habitat… Dans le cadre de cette reconnaissance du Mont Itoupé en tant que site de référence pour le développement de suivis à long terme, le PAG a investi dans l’acquisition d’imagerie LIDAR. En 2014, une nouvelle mission a été organisée et sera complétée par une mission saison des pluies en début d’année 2016. Durant celles-ci, notamment : Des capteurs hygrométrie-température ont été disposés en sous-bois au sein du dispositif d’étude. L’acquisition d’équipements relatifs à une station météorologique est à l’étude pour une installation sur site en 2016-2017. Des enregistreurs de sons vont également être installés, afin de suivre les populations d’espèces de grenouilles indicatrices, inféodées à des altitudes et des conditions T,P, H20, spécifiques (Pristimantus espedeus et Pristimantus sp. 4). Les équipes du programme DIADEMA (Labex CEBA) dans le cadre de leurs objectifs d’écologie et d’inventaire de la biodiversité, mettront en place des placettes sur les différentes strates altitudinales qui serviront plus tard de placettes de référence. Le programme DYNFORDIV (UMR AMAP) dans lequel le PAG est partenaire interviendra également sur ce site (puis sur Bellevue de l’Inini et Galbao en 2016-2017) en vue d’appréhender les phénomènes des turnovers forestiers au regard des conditions variables régnantes selon les versants. Les Mont Galbao, autre site de référence identifié au sein du PAG, fait l’objet en effet d’un projet de station d’accueil scientifique plus permanent, en vue de développer des protocoles de suivis des changements climatiques pour des indicateurs nécessitant des retours sur des pas de temps plus serrés, saisonniers ou annuels ; en complémentarité avec ce qui peut être développé sur le Mont Itoupé. 4. Suivi de l’occupation des sols Le PAG a créé un observatoire de l’occupation des sols (par imagerie satellitaire SPOT) qui permet depuis 2009 de caractériser la dynamique d’occupation des sols et fournir un support concret de travail aux acteurs du Sud de la Guyane. 5. Participation aux réseaux de suivi au niveau régional Il est prévu de travailler à partir de 2015, sur un partenariat avec EcoFoR pour l’intégration de parcelles sur le territoire concerné par le PAG, entrant dans le dispositif du réseau régional de placettes de suivi permanent (programme GUYAFOR). Ces placettes devraient se situer sur des sites de références du PAG (Monts Galbao, Itoupé en particulier). Sur ces placettes sont effectués sur le long terme des suivis dendrométriques et biologiques. Ce projet qui vise à mieux connaître les stocks de biomasse des forêts guyanaises permettra aussi de détecter des modifications démographiques des peuplements forestiers et leurs conséquences sur le bilan du carbone. Cette approche est complémentaire de SPOTVEGETATION qui vise à identifier par satellite les grands paysages forestiers, et de Terra-MODIS qui donne des informations sur la phénologie de ces différents paysages et donc sur le comportement temporel de la végétation. Ces informations sont précieuses pour modéliser les échanges d'eau et de carbone selon un pas de temps fin: on observe ainsi que, paradoxalement, l'activité chlorophyllienne est plus intense en saison sèche qu'en saison humide, principalement du fait de la couverture nuageuse qui filtre le rayonnement ultraviolet. Ces techniques satellitaires sont aussi précieuses pour suivre les changements d'affectation des terres, notamment les abattis mais aussi l'orpaillage illégal qui constitue la première menace sur les écosystèmes guyanais. Dans le cadre du club climat animé par l’OREDD, le PAG apporte sa contribution aux réflexions sur la stratégie de suivi des changements climatiques à l’échelle régionale. Au-delà du réseau propre à la Guyane française dans lequel les sites de références du PAG doivent s’inscrire, il sera primordial que l’appréhension des changements climatiques dans cette écorégion du Plateau des Guyane puisse s’appuyer sur un réseau de stations de mesures à l’échelle transfrontalière. Dans le contexte latino-américain, le Parc amazonien est dorénavant intégré dans le réseau des aires protégées REDPARQUES (Amériques du Sud et Centrale), qui prévoit d’adopter en août 2015 à Lima une déclaration commune portant sur le rôle des aires protégées en matière d’adaptation, notamment face aux changements climatiques ; ceci en vue d’une annonce à la COP21. Gestion adaptative Le PAG est engagé avec l’Office national des forêts, certaines communes (Saül, Maripasoula) et les communautés locales dans une réflexion pour définir des plans de gestion durable, adaptés et multiusages sur des massifs forestiers pour l’exploitation des ressources forestières ligneuses et non ligneuses. Solutions basées sur la nature La mise en place des infrastructures du Parc amazonien est en cours dans les délégations territoriales de l’Oyapock, du Maroni et du Centre. Plusieurs nouvelles constructions sont été réalisées (Antenne de Taluen, Antenne de Trois-Sauts), une partie est entrée en phase opérationnelle (Délégation de Camopi, Délégation de Maripa-Soula) et un bâtiment est au stade des études préalables (rénovation de la Délégation du Centre). Ces constructions sont conçues selon des principes de construction durable (Label QEA : Qualité Environnementale Amazonienne, architecture bioclimatique, etc), en lien étroit avec les architectes. Leur vocation est à la fois de recevoir les activités au sein d’une architecture climatique, et de véhiculer une démarche d’exemplarité sur les territoires concernés par le Parc (principes constructifs, matériaux sourcés). En contexte de sites parfois très isolés, ces bâtiments sont aujourd’hui complétés par des services autonomes associés, en matière d’énergie, d’assainissement des eaux usées notamment. Ainsi, au cours de l’année 2014, deux démarches exemplaires ont pu être mises en place (détaillées en partie 3) : Mise en place d’un système de production d’énergie photovoltaïque dans les antennes, Conception bio-climatique de la Maison des services publics de Taluen, assainissement par lagunage et sobriété énergétique. L’utilisation de matériaux et de savoir-faire locaux est également un axe fort de la mise en place de ces nouvelles implantations. Par exemple, l’ensemble du mobilier des implantations permanentes a été réalisé en bois locaux par des artisans. Communication et sensibilisation des acteurs Les actions de sensibilisation et de communication sont portées dans le cadre de la stratégie d’Education à l’Environnement et au Développement Durable 2015-2017. Cette stratégie vise des publics cibles intermédiaires auprès desquels sont menées des actions d’accompagnement, de conseil, de formation (Personnels des milieux scolaire et périscolaire, Associations, Professionnels du tourisme, Elus / Institutionnels) ainsi que des publics cibles finaux (Jeunes dans et hors du cadre scolaire, Habitants, Visiteurs, Usagers, Professionnels). 6. Description détaillée d’actions exemplaires Action 1 : Electrification de l’antenne du PAG à Trois-Sauts - Recours à un équipement photovoltaïque - Energie renouvelable Description du projet L’antenne du PAG à Trois Sauts est occupée de manière permanente par trois agents (bureaux et espace de dépôt), et constitue également un lieu de passage lors de missions ponctuelles (scientifiques, développement local). Deux constructions légères en bois ont été mises en service en 2010, pour une surface totale de 115 m² (90m² de bureaux et 25m² de dépôt). Les besoins énergétiques de l’antenne sont limités, et étaient couverts jusqu’alors par la mise en fonctionnement d’un groupe électrogène à la demande (3KVA), rendant la structure dépendante aux énergies fossiles dans un contexte de fort éloignement. Détail du projet Le système photovoltaïque mis en place a Trois Sauts a été dimensionné pour une consommation instantanée de 600W, et une consommation journalière de 1350Wh/j, autorisant l’utilisation simultanée des appareils électriques nécessaires aux activités. La durée d’autonomie des batteries est de l’ordre de 5 jours consécutifs. Historique et Durée du projet Le projet s’est structuré en quatre étapes : Année Action Novembre 2013 Diagnostic de la performance énergétique de l’antenne de Trois-Sauts (ADEME Guyane) Avril à juin 2014 Soutien à la mise en place de formations participatives à l’échelle villageoise (Association Kwala Faya) et mise en place de deux « kits photovoltaïques » test Septembre à Novembre Installation autonome à la Maison du PAG 2014 Novembre 2014 Formation des agents et passage d’habilitations électriques A venir Généralisation de l’approche auprès des habitants Partenaires - ADEME Guyane (diagnostic de performance energétique). Société CARIBSOL, Association Kwala Faya. Budget et Financements - Financement propre par le Parc amazonien (installation autonome antenne PAG) : 15 000 €, Financements croisés pour la mise en place d’ateliers participatifs par l’association Kwala Faya et de kits de démonstration (Région Guyane, CNES, Programme Régional pour la Maîtrise de l’énergie, Commune de Camopi) : 9 500 €. Résultats attendus - Réduction de la dépendance aux énergies fossiles, Mise en place d’une démarche d’exemplarité, Dynamique globale d’accompagnement à la transition énergétique à l’échelle territoriale, par la mise en valeur de solutions de production autonome d’énergies renouvelables. Résultats déjà obtenus - Réduction intégrale de la dépendance aux énergies fossiles pour les locaux de travail à Trois Sauts. Perspectives Généralisation de la démarche par la mise en place de systèmes équivalents dans les locaux du PAG en cours de construction : Antenne de Taluen (Haut Maroni), Délégation de Camopi (Haut Oyapock). Illustrations photographiques du projet Crédits photographiques : PAG Action 2 : Conception bio-climatique de la Maison des services publics de Taluen, assainissement par lagunage et sobriété énergétique Description du projet La Maison des services de Taluen, hébergeant l’Antenne du Parc amazonien, l’annexe Mairie a été réalisée selon des principes constructifs durables, au cours de l’année 2014. Trois composantes ont été déclinées de manière opérationnelle : Conception bioclimatique du bâtiment, Mise en place d’une filière d’assainissement non-collectif règlementaire (ANC) alternative à un dispositif ANC standard de type fosse et épandage en site isolé, Mise en place d’un système de production énergétique solaire autonome. Détail du projet Ce chantier phare, de par son architecture et sa maîtrise d’ouvrage partagée avec la commune de Maripa-Soula, a révélé toutes les difficultés de construire un bâtiment public exemplaire sur un site isolé. 1. Le bâtiment a été conçu selon des principes de Qualité Environnementale Amazonienne (QEA) L’orientation du bâtiment, les débords de toiture en limitation des projections de pluie et de l’incidence solaire, la gestion de la circulation d’air au sein du bâtiment, les matériaux de construction (bois dominant) en constituent les axes principaux. 2. Le bâtiment comporte notamment un dispositif d’assainissement écologique par macrophytes flottants Le choix du type de dispositif a fait l’objet d’une étude complète mettant en œuvre des investigations à la fois socio-culturelles (par le biais d’une démarche participative) et techniques. Le caractère imperméable du sol (infiltration impossible) et le choix d’un dispositif sans électricité (pas de relevage des eaux) a orienté le choix sur le lagunage à macrophytes flottants, permettant un assainissement des eaux usées liées à la présence de 7 personnels permanents (public : 15 personnes, Passage : 15 personnes). 3. Le bâtiment est à énergie positive Une centrale photovoltaïque a été dimensionnée pour les besoins de la structure, et permettra de réinjecter le surplus sur le réseau électrique en cours de déploiement par EDF. L’outil de production intègre un dispositif de stockage par batteries et un dispositif de secours (énergie thermique). Historique et Durée du projet Le projet a été conçu en 2007. La construction a débuté en 2012 et est entrée en phase opérationnelle en 2015. La construction du bâtiment de services publics (annexe mairie et antenne du Parc amazonien de Guyane) s’est achevée au début de l’année 2015. Budget et Financements Montant des travaux d’assainissement t : 27 000€, dont formation, pas de surcoût par rapport à une filière fosse septique épandage classique. Montant des travaux de construction : 697 476 € Montant des travaux d’électrification : 93 813€ + 4500€ d’AMO Partenaires du projet Commune de Maripasoula, Architecte JAG, BE Etiage Résultats attendus Réduction de la dépendance aux énergies fossiles, Mise en place d’une démarche d’exemplarité, Promotion de système d’assainissement par lagunage. Dynamique globale d’accompagnement à la transition énergétique à l’échelle territoriale, par la mise en valeur de solutions de production autonome d’énergies renouvelables. Résultats déjà obtenus Travail d’étude préalable pour une recherche d’exemplarité et finalisation des travaux (mise en fonctionnement) Perspectives Accompagnement à la généralisation des projets pilotes de filières alternatives (énergie, assainissement). Illustrations photographique du projet Crédits photographiques : PAG Annexes : Autres contribution du PAG au suivi des changements globaux 1. NOTE METHODOLOGIQUE : Estimation du stock carbone sur le territoire du Parc amazonien de Guyane Auteur : Pauline Perbet, service systèmes d’informations, Parc amazonien de Guyane - Mai 2015 Cette note cherche à expliquer succinctement la méthode employée pour estimer le stock carbone sur le territoire du Parc amazonien de Guyane. La biomasse calculée en premier lieu, correspond à la masse fraîche aérienne vivante des végétaux ligneux d’un diamètre supérieur à 20 cm, elle est exprimée en tonne par hectare. Les calculs ont été réalisés à partir d’une étude de Stéphane Guitet et collègues (2015) qui prend en compte des inventaires forestiers de Guyane, pour mettre en place un modèle incluant des caractéristiques environnementales et spatiales. Ce travail concerne seulement le compartiment de biomasse constitué par les grands arbres. D’autres compartiments rentrent en jeux pour estimer le stock carbone. Une étude bibliographique (Guitet, 2006) a permis d’estimer la biomasse de ces différents compartiments : - Arbre entre 10 et 20 cm : 10 à 14% de la biomasse aérienne total (AGB), (Guitet, 2015) ; - Biomasse épigée vivante autre que les arbres > 10 cm (lianes, palmiers, épiphytes, - petites tiges) : 15 à 30 T/ha ; - Biomasse épigée morte (litière et bois mort) : 20 à 40 T/ha ; - Biomasse racinaire (hypogée vivante) : 30 à 80 T/ha ; - Matière organique du sol : 75 à 100 T carbonne/ha. Néanmoins ces estimations peuvent encore être améliorées par des études en cours (biomasse des sols….), et l’étude bibliographique pourrait être mise à jour.Une estimation de la biomasse vers le carbone est ensuite nécessaire. De manière très simple, sans prendre en compte la variabilité verticale et l’incertitude due au type de bois, la proportion de carbone dans le bois est généralement estimée à 50% (Brown, 1997).Une interpolation pour l’enveloppe totale du Parc amazonien de Guyane et de la zone de cœur a été réalisée à partir d’une carte, d’une résolution de 1km, représentant la biomasse aérienne. L’outil « Statistique Zonal » du logiciel Arcgis® a permis de calculer la moyenne et l’écart-type pour ces deux zones. La biomasse aérienne en cœur de parc est donc estimée à 632 millions de tonnes, avec un intervalle de confiance moyen de plus ou moins 1,6 million, au seuil de 95%. Pour l’enveloppe globale du parc, la biomasse aérienne est estimée à 1,06 milliard de tonnes avec un intervalle de confiance moyen de plus ou moins 2,4 millions, au seuil de 95%.Ensuite, pour évaluer le stock de carbone global, une approximation de la biomasse des différents compartiments a été rajoutée à la biomasse aérienne. Enfin, celle-ci a été transposée en volume de carbone. Il s’avère que le stock de carbone peut être estimé à 650 millions de tonnes de carbone (TC) pour la zone de cœur et 1,08 milliard TC pour l’enveloppe totale du parc national. Avec un taux moyen de 317 TC/ha, les résultats sont cohérents avec ceux obtenus par d’autres études (Adams, Woomer 1998). En prenant en compte l’approximation de chaque compartiment, le stock de carbone dans le parc national varie de 278 à 354 TC/ha. Ces estimations devraient pouvoir être largement améliorées avec la cartographie des habitats et des végétations particulières, ainsi que par le travail en cours de Stéphane Guitet et collègues sur le carbone dans le sol. Figure 1: Carte de l’AGB (Biomasse aérienne) en tonne par hectare en Guyane française basée sur un model Kriging (Guitet, 2015). Bibliographie Adams J., Estimates of preanthropogenic carbon storage in global ecosystem types. Environmental Sciences Division, Oak Ridge National Laboratory, TN 37831, USA http://www.esd.ornl.gov/projects/qen/carbon3.html Brown, S. 1997. Estimating biomass and biomass change of tropical forests: A Primer. FAO Forestry Paper 134. Rome, Italy : Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO). Guitet S., Blanc, L., Chave, J. & Gomis, A. (2006) Expertise sur les références dendrométriques necessaires au renseignement de l'inventaire national de gaz a effet de serre pour la foret guyanaise. (ed. M.d.l.A.e.d.l. Peche). Guitet S., Hérault B., Molto Q., Brunaux O., Couteron P. Spatial structure of above-ground biomass at the landscape scale limits the accuracy of carbon mapping in rainforests, 2015, en cours de publication Woomer, P.L., Palm, C.A., Qureshi, J.N., Kotto-Same, J. 1998. Carbon sequestration and organic resource management in African smallholder agriculture. pp. 153–173. in: Lal, R., Kimble, J., Levine, E., Stewart, B.A. (eds.). Soil Processes and the Carbon Cycle. CRC Press, Boca Raton, FL., (cité par la FAO http://www.fao.org/docrep/005/y2779f/y2779f05.htm) 2. Fiche de suivi de projet : 2ème mission pluridisciplinaire sur le Mont Itoupé Le programme Le Mont Itoupé, sommet tabulaire de plus de 800 m de haut a été désigné par le CS Pag comme étant un site d’intérêt à la fois par sa position géographique particulière (orientation nord-sud) mais aussi par sa forêt qui est une forêt dite à nuages. L’inventaire pluridisciplinaire du Mont Itoupé en 2010 visait à mieux connaître le milieu et rechercher des espèces qui pourraient servir d’indicateur pour les changements climatiques. Cet inventaire a montré une flore de sous-bois originale et a permis de découvrir une espèce de poisson qui serait endémique d’Itoupé et inféodée à une altitude particulière. Par ailleurs, des relevés d’abondance de la faune ont montré qu’il s’agissait d’un des endroits de Guyane les plus riches en grande faune. Cette année, il ne s’agit plus d’un inventaire groupe par groupe mais d’une mise en commun de programmes scientifiques en écologie sur le Mont Itoupé et d’un enrichissement des connaissances déjà acquises auparavant. Objectifs - Quel protocole de suivi des changements climatiques sur le Mont Itoupé ? Etude de la dynamique forestière est et ouest Mise en place de placettes de référence Complément d’inventaire des habitats forestiers Complément d’inventaire entomologique Pose de capteurs météorologiques Pose d’enregistreurs de chants d’amphibiens Organismes scientifiques partenanires UMR AMAP, UMR ECOFOG, SEAG, ONF, CNRS, BIOTOPE Budget : 100 000 € sur fonds propres PAG Localisation : Mont Itoupé Durée : 2 ans Bilan 2014 : Mission saison sèche sur 1 mois avec la présence d’une quarantaine de scientifiques sur le terrain pour les programmes DYNFORDIV (UMR AMAP), DIADEMA (UMR ECOFOG), Inventaire entomologique (SEAG), Habitats (ONF) Suite 2016 : Mission en saison des pluies pour l’inventaire herpétologique, vers de terre, chiroptères et distribution altitudinale des Hartiella sp. Recherche d’espèces indicatrices de changements climatiques. Crédit photo : Aurélien BRUSINI ©