Les grandes découvertes Au cours des xve et xvie siècles, les explorateurs espagnols et portugais risquèrent leur vie en se lançant sur des océans inexplorés. Ils espéraient découvrir des routes directes vers les îles aux épices (l’Indonésie) pour revenir vers l’Europe chargés de noix de muscade, de clous de girofle et d’autres marchandises précieuses. Ce faisant, ils découvrirent des terres jusque-là inconnues. Ainsi, à une époque où la plupart des Européens croyaient encore que, de l’autre côté de l’Atlantique, se trouvait le bord du monde plongeant vers des abîmes insondables, Christophe Colomb traversa cet océan et atteignit les Caraïbes. Le navigateur portugais Vasco de Gama mit le cap au sud à travers l’Atlantique, contourna la pointe de l’Afrique et devint le premier Européen à atteindre l’Inde par la mer. Plus tard, à la fin du xviiie siècle, l’Anglais James Cook conduisit une série d’expéditions scientifiques dans le Pacifique. amérique du nord Guadalquivir, Espagne septembre 1519 océan atlantique EUROPE AFRIQUE ASIe océan pacifique Vers le Nouveau Monde Christophe Colomb partit des îles Canaries, au large des côtes de l’Afrique, avec une flotte de trois petits bateaux le 6 septembre 1492. Il voulait démontrer qu’il était possible de naviguer plein ouest à travers l’Atlantique pour atteindre la Chine et l’Inde. Au bout de dix semaines de mer, il aperçut la terre et crut qu’il s’agissait des Indes orientales, en Asie. En fait, il était arrivé aux Antilles. Philippines mars-mai 1521 amérique du sud Rio de Janeiro, décembre 1519 Navigation aux instruments L’astrolabe (à droite) est un instrument astronomique connu depuis la fin de l’époque antique. Les Portugais le simplifièrent pour l’adapter aux besoins de la navigation à la fin du xve siècle. Les navigateurs s’en servaient pour calculer leur position en pleine mer. En mesurant la hauteur du Soleil ou de l’étoile Polaire au-dessus de l’horizon, ils pouvaient calculer la latitude à laquelle ils se trouvaient, c’est-à-dire leur localisation au nord ou au sud par rapport à l’équateur. En revanche, ils durent attendre le xviiie siecle et l’invention de l’horloge de marine pour pouvoir mesurer leur longitude. AUSTRALIe Port St Julian mars-août 1520 La Niña était une petite caravelle gréée en voiles latines (triangulaires). Le premier tour du monde Le 20 septembre 1519, l’explorateur espagnol Ferdinand Magellan mit à la voile depuis l’Espagne à la tête d’une flottille de cinq navires. Le 6 septembre 1522, le Victoria, unique bâtiment rescapé de l’expédition, achevait le premier voyage autour du globe. Magellan avait été tué dans les îles Philippines et le navire revint en Espagne sans lui. La ligne pointillée sur la carte ci-dessus indique la route suivie par le Victoria après la mort de Magellan. 10 La Pinta était la plus grosse des deux caravelles. Les esclaves étaient serrés les uns contre les autres dans les entreponts, sans espace pour bouger. Outre les instruments de navigation, Colomb observait le vol des oiseaux pour estimer la proximité éventuelle d’une terre. Caraque à deux mâts, Espagne, 1450 Le commerce de la honte Aux xviie et xviiie siècles, des cargaisons humaines voyageaient à travers l’Atlantique. Des millions d’Africains étaient achetés ou capturés par les Européens sur les côtes d’Afrique. On les entassait dans des conditions effrayantes, les chaînes aux pieds, dans les entreponts* des navires négriers. Les maladies se propageaient rapidement et jusqu’à un cinquième d’entre eux mouraient avant la fin du voyage. Ils étaient emportés vers le Nouveau Monde où ceux qui avaient survécu étaient vendus comme esclaves et contraints de travailler, essentiellement dans les plantations de coton et de tabac d’Amérique du Nord et du Sud, ou dans les champs de canne à sucre des Caraïbes. Christophe Colomb utilisait un quadrant pour pointer l’Étoile polaire et calculer la position de ses navires. La Santa Maria était le vaisseau amiral de la flotte de Christophe Colomb. Il s’agissait d’une caraque, un type de navire plus gros et lourd qu’une caravelle. À la poupe*, un gouvernail articulé sur l’étambot permettait de diriger ce lourd navire. Caraque à quatre mâts, Portugal, 1520 Vaisseau de guerre à trois mâts, Angleterre, 1637 Frégate à trois mâts, Amérique, 1800 Le temps des découvertes L’Hémignathe akialoa (ci-dessus) et beaucoup d’autres espèces d’animaux sauvages étaient inconnues en Europe avant que le capitaine James Cook n’explore le Pacifique. Il entreprit trois expéditions scientifiques historiques aux cours des années 1770 dont chacune dura plus de deux ans. Des botanistes et des artistes l’accompagnaient, qui réalisèrent des dessins détaillés des oiseaux, poissons et mammifères rencontrés. L’âge d’or de la voile Entre les xve et xixe siècles, la taille et la conception des bateaux à voiles évoluèrent considérablement. L’invention du gouvernail d’étambot* permit de diriger de gros et lourds navires. Ceux-ci nécessitaient par ailleurs plusieurs mâts pour s’équilibrer dans le vent. Avec quatre ou cinq voiles par mât, un navire pouvait tirer le maximum de la force du vent. 11 L’âge de la vapeur Au cours du xixe siècle, la conception navale connut de grands bouleversements nés de la Révolution industrielle. Dans les années 1930, partout en Europe, la vapeur commença à faire tourner les usines et à propulser les trains. La construction navale ne fut pas oubliée : la voile céda peu à peu le pas devant les premiers bateaux à vapeur. Ceux-ci furent d’abord équipés de grosses roues à aubes sur chaque bord, mais ils se révélèrent difficiles à diriger sur la mer par gros temps. Ce fut l’invention, en 1836, du propulseur à hélice qui permit de fabriquer des bâtiments vraiment maniables et rapides. Bien sûr, la plupart étaient encore équipés de voiles en cas de panne du moteur, mais l’âge d’or de la voile était terminé. Les navires pouvaient désormais s’autopropulser à travers des mers démontées et n’étaient plus totalement à la merci des éléments. Bientôt, ils permirent des traversées sûres et régulières. Les pales poussent l’eau vers l’arrière avec force. Sens de la rotation La puissance de l’hélice En 1836, deux ingénieurs parmi d’autres, travaillant chacun de leur côté, mirent au point le propulseur à hélice : il s’agissait du Suédois John Ericsson et du Britannique Francis Petit Smith. Mise en rotation par un moteur, une hélice possède plusieurs pales inclinées et incurvées. Lorsqu’elle tourne, les pales poussent l’eau avec force vers l’arrière et, par réaction, le bateau est propulsé vers l’avant. L’hélice a quatre pales incurvées. Le premier vapeur moderne Le SS Great Britain fut le premier grand navire équipé du propulseur à hélice. Ce vapeur destiné au transport des passagers fut construit par l’ingénieur anglais Isambard Kingdom Brunel à Bristol en 1843. Il était pourvu d’une coque en fer et d’un moteur d’une puissance de 1 800 chevaux-vapeur. Pour son voyage inaugural en 1845, il traversa l’Atlantique en un temps record de 14 jours. Vers le pôle Sud Les explorateurs de l’Antarctique étaient à la recherche de connaissances, et non de richesses. Le 14 décembre 1911, le Norvégien Roald Amundsen fut le premier homme à atteindre le pôle Sud. Son navire, une goélette baptisée Fram, était équipé d’un moteur à vapeur à triple expansion et d’une coque dessinée spécialement pour se soulever et non s’écraser au cas où elle se trouvait prise dans les glaces. Amundsen atteignit le pôle un mois avant son rival, l’Anglais Robert Scott. 16 Isambard Kingdom Brunel à la proue* de son navire Les passagers pouvaient se détendre sur le pontpromenade. Aubes contre hélice En 1845, la marine britannique organisa un tir à la corde entre un vapeur à propulsion par hélice, le Rattler (à gauche), et un vapeur à roues à aubes, l’Alecto (à droite), équipés tous deux d’un même moteur de 220 chevaux-vapeur, afin de vérifier lequel des deux était le plus puissant. Ce fut le Rattler qui remorqua son rival en arrière à la vitesse de 2,7 nœuds* (5 km/h), établissant ainsi définitivement sa supériorité. Le SS Great Britain fut le premier navire à recevoir une mâture en fer. La cheminée de 11,50 m crachait la fumée des chaudières bien au-dessus des passagers. Avec ses 98 m de long, le SS Great Britain était, à son lancement, le plus grand navire de son temps. 17 Les forces navales À partir du début du xxe siècle, les navires de combat vont jouer un rôle déterminant dans tous les conflits majeurs. Avec l’évolution constante des technologies, en effet, les guerres changent de physionomie. Désormais, elles se conduisent souvent loin du territoire national Chasseurs de sous-marins et les navires permettent de transporter une force de frappe et des Les destroyers furent utilisés par les marines américaine et armées de débarquement sur des distances considérables. C’est durant britannique durant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) pour faire la chasse aux sous-marins allemands qui infestaient les deux Guerres mondiales, notamment, que les grandes nations vont l’Atlantique. Les destroyers escortaient souvent des navires de combat plus gros et des convois de cargos ou de pétroliers, développer leurs marines de guerre afin d’augmenter leur efficacité. naviguant à leur côté pour les protéger des attaques par des Les sous-marins de combat vont ainsi faire leur apparition lors torpilles. Ces petits vaisseaux bien armés se déplaçaient plus rapidement que les sous-marins ; ils étaient équipés de sonars du premier conflit mondial. De nos jours, d’énormes porte-avions pour les détecter et de grenades sous-marines pour les détruire. à propulsion nucléaire, servis par des équipages de milliers de personnes, peuvent se porter en peu de temps sur une zone de conflit et servir de base à une force d’avions de chasse et à tout un personnel militaire. 24 Les géants des mers Lorsque le cuirassé japonais Yamato (à droite) fut lancé en 1941, il était alors le plus gros navire de guerre jamais construit. Ce vaisseau lourdement blindé était de la « classe dreadnought», avec des canons à longue portée de 450 mm et un équipage de 2 500 hommes. Le HMS Dreadnought, construit par la marine britannique et lancé en 1906, avait révolutionné la conception des navires de guerre, notamment avec son artillerie longue portée et sa propulsion rapide (turbine à vapeur). Ce concept fut ensuite copié par les autres puissances navales et donna naissance à toute une classe de navires similaires que l’on appelait des cuirassés. La Seconde Guerre mondiale marqua la fin de ce type de navires. Le pont d’envol d’un porte-avions est un endroit dangereux où la circulation est réglementée. La vie dans la marine Cette affiche américaine de la Seconde Guerre mondiale incite les jeunes hommes à s’engager dans la marine des États-Unis. L’affichage était jadis un moyen répandu pour recruter du personnel militaire. L’engagement dans la marine offrait aux jeunes hommes un emploi qualifié mais également dangereux. Les marins restaient en mer un mois d’affilée, vivant dans des quartiers étriqués et combattant dans des conflits où ils pouvaient trouver la mort. Le long pont d’envol fait office de piste de décollage et d’atterrissage, et d’aire de garage pour les avions. Cet avion de chasse accélère de 0 à 165 km/h en deux secondes. Le USS Nimitz mesure 333 m de long. 25