96 Le carburant le moins cher, c’est celui que l’on ne consomme pas ! La facture énergétique des Français bat des records. Pour alléger les dépenses des automobilistes et faire face à la hausse des prix, le gouvernement envisage de subventionner l’essence et le diesel en rabotant ses taxes. Mais à y regarder de plus près, la hausse des prix des carburants est une illusion d’optique. S’il faut travailler en moyenne 9,6 minutes aujourd’hui pour acheter une litre de carburant, il fallait 19,6 minutes en 1970 soit plus du double ! Cela étant, la hausse inévitable des prix du brut risque de changer la donne. Or une baisse modeste des taxes ne suffira pour absorber la hausse soutenue et structurelle des prix du brut ! Résultat, l’effet sur le pouvoir d’achat des ménages risque d’être rapidement nul. A court terme, il aurait été plus souhaitable d’aider financièrement les ménages les plus vulnérables, particulièrement tributaires de leur voiture pour se rendre à leur travail. Par ailleurs, cette mesurette, pratique pour éviter les problèmes de fond, sera inefficace d’un point de vue économique et budgétaire. Et particulièrement néfaste d’un point de vue environnemental car elle va augmenter les émissions de gaz à effet de serre. Elle risque en outre de ne pas atteindre son objectif social. Ce n’est pas quelques centimes sur le litre qui sortira les ménages les plus pauvres des situations de précarité de mobilité dans lesquelles ils se trouvent, et la facture énergétique reste malheureusement indolore pour les plus aisés. Les quelques centimes offerts par litre de carburant représenteront des centaines de millions d’euros de perte pour l’Etat, principale victime de sa propre manœuvre. Comment l’Etat compte-t-il à la fois assainir son déficit budgétaire et résoudre le problème de la hausse des prix des carburants sur le long terme, comme il l’a laissé entendre? Forcément en augmentant d’autres impôts et taxes qui pèseront eux aussi sur le pouvoir d’achat. Ne nous voilons pas la face : la hausse du prix du pétrole est inéluctable. L’extraction d’hydrocarbures non conventionnels en France et à l’étranger, ainsi que les coûteux agrocarburants, ne feraient que reporter de quelques années notre nécessaire sevrage et le litre de carburant sera toujours plus coûteux pour l’automobiliste français. La meilleure façon de protéger ce dernier des effets de cette hausse structurelle consiste à l’orienter vers des modes de transports collectifs et plus doux, et lorsque l’automobile est la seule alternative possible, à alléger sa consommation globale de carburant. C’est possible, notamment en obligeant les constructeurs à produire des voitures moins gourmandes en pétrole. A ce titre, le règlement européen sur les émissions de CO2 des voitures en discussion à Bruxelles peut être le déclencheur le plus efficace d’une indispensable mutation industrielle. Une première version de ce règlement adoptée en 2009 contraignait les constructeurs européens à atteindre 130 g de CO2 par km à l’échéance de 2015. A l’origine fortement opposés à cette contrainte, les constructeurs sont en train d’atteindre dès 2013 l’objectif qui leur était assigné pour 2015, et ce sans investissements massifs. La révision de ce règlement devrait contraindre les constructeurs automobiles européens à limiter les émissions de CO2 de leurs voitures à 95g de CO2 / km en 2020, les émissions moyennes se situant autour de 140g en Europe aujourd’hui. L’association européenne de défense des consommateurs (BEUC) soutient ouvertement cet objectif qui permettra à chaque automobiliste français d’économiser près de 350 euros (plus de 20% de son budget essence) à la pompe chaque année d’ici à 2020. Les évolutions technologiques nécessaires pour atteindre cet objectif sont tout à fait réalisables selon plusieurs constructeurs automobiles. Le gouvernement devrait défendre vigoureusement cette législation bénéfique sur tous les tableaux (réduction des émissions de gaz à effet serre, diminution de la facture énergétique, augmentation du pouvoir d’achat des ménages), pour la rendre plus ambitieuse et appuyer un objectif de 60g CO2 / km d’ici 2025 pour ainsi permettre aux automobilistes de diviser par trois leurs dépenses à la pompe d’ici à 2030. Des économies bien plus intéressantes pour le porte-monnaie des Français comparées aux quelques centimes offerts par le gouvernement aujourd’hui ! En résumé, en lieu et place de quelques cadeaux fiscaux à court terme, le gouvernement serait mieux inspiré d’utiliser ses ressources pour le financement essentiel, immédiat et à long terme, de la transition énergétique dans le secteur des transports, un des secteurs les plus polluants en France aujourd’hui. Tribune du RAC-F, de FNE, d’APE, de Greenpeace, de la FNH Infos de Serre n°96 - Août 2012 - Page 1 Actualités Note de propositions du Réseau Action Climat-France sur le financement de la transition énergétique Des pistes concrètes pour financer la transition énergétique Au début de l’été, le gouvernement a lancé plusieurs initiatives relatives au financement des transitions écologique et énergétique : travaux conjoints du Commissariat général au Développement durable et du ministère de l’Économie et des Finances, Groupe de Travail « Financements innovants de l’Efficacité Energétique » du Plan Bâtiment Grenelle... Cela tombe plutôt bien : le RAC-F a des propositions sur le sujet. D’une part, un certain nombre de fonds existants devraient être ré-alloués, en partie ou dans leur totalité, à la transition énergétique : c’est le cas des niches fiscales «contre-nature» qui aujourd’hui subventionnent la pollution, mais aussi du fonds européen de la politique de cohésion dont une partie va être fléchée sur le climat. D’autre part, il est possible de créer de nouvelles sources de financement : la contribution climat énergie bien sûr, mais aussi la taxe européenne sur les transactions financières et les ressources issues de la mise aux enchères des quotas de CO2. Il est également fondamental de renforcer les dispositifs existants ou prévus, comme les certificats d’économie d’énergie ou le doublement du plafond du Livret A prévu par le gouvernement doit être ciblé en priorité sur la rénovation thermique des logements sociaux et, pour la construction neuve, l’utilisation de cette ressource doit être conditionnées à des critères de performance énergétique élevés. Par ailleurs, de nouveaux outils sont nécessaires pour faciliter la transition énergétique et son financement : la Banque Publique d’Investissement prévue par le gouvernement doit être mise au service des TPE/PME de la transition énergétique. Enfin, les besoins de financement très élevés de la rénovation énergétique du parc de logements, ainsi que le profil de ces investissements (temps de retour supérieur à 15 ans, taux d’intérêts maîtrisés) nécessitent le développement du tiersinvestissement via des sociétés de services d’efficacité énergétique publiques ou publiques-privées. > Retrouvez toutes ces propositions dans la note de propositions du Réseau Action Climat-France http://www.rac-f.org/Note-du-RAC-F-sur-le-financement.html Fontes records au pôle Nord, sécheresse historique en Amérique du Nord... Un été 2012 sous le signe du réchauffement C’est un signal inquiétant lorsque les scientifiques du climat (de la NASA en l’occurrence) en viennent à vérifier trois fois leurs chiffres tant ceux-ci paraissent extravagants. Entre le 8 et le 12 juillet, le Groënland a montré des signes de fonte estivale sur la quasi totalité (97%) de sa surface. Habituellement, même au plus fort de l’été, seule la moitié de la calotte est concernée pendant un jour ou deux. Interrogés à ce sujet, les spécialistes confient que ce genre de fonte exceptionnelle arrive normalement tous les 150 ans. Quelques jours auparavant, un bloc de glace de la taille de Toulouse (120 km2) s’était décroché du glacier de Peterman, et ce 2 ans après que le premier iceberg (de 260 km2 soit la taille de Marseille) se soit désolidarisé du glacier. Tout récemment, le Centre national de glaciologie américain annonçait que la couverture glacière de l’Arctique avait atteint cette année son plus bas niveau depuis le début des mesures, battant ainsi le précédent record de 2007. Ceci est d’autant plus préoccupant que la saison de fonte estival n’est même pas encore terminée. Infos de Serre n°95 - Juin 2012 - Page 2 Au cours des 30 dernières années, la surface de glace arctique en période estivale a réduit d’environ 40%. Ces évènements concomitants rappellent que l’été 2012 a été particulièrement chaud, tout spécialement dans l’hémisphère nord. Si en France, cette impression a été maquillée par un début d’été sous les nuages, la canicule et la sècheresse se sont faites beaucoup plus sensibles en Russie ou aux Etats-Unis. Le pays a connu sa pire sécheresse depuis 25 ans, impactant à divers niveau les ¾ des terres cultivées américaines et réduisant massivement les récoltes. Selon le bulletin mensuel du National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), aux Etats-Unis, la température moyenne de juillet 2012 a été la plus haute jamais enregistrée pour un mois de juillet, avec une hausse de 1,8 °C par rapport à la moyenne observée au 20ème siècle, battant le précédant record de juillet 1936. Pour rappel, après avril, mai et juin, ce mois de juillet 2012 est le quatrième mois d’affilée où la température moyenne des continents de l’hémisphère Nord présente une hausse record. Infos de Serre n°96 - Août 2012 - Page 4 Actualités Négociations internationales sur le climat Conférence des Ministres Africains de l’Environnement Bangkok, la dernière chance de relever l’ambition avant Doha L’Afrique prête pour Doha ? A trois mois de la conférence sur le climat COP18 à Doha (Qatar), une dernière réunion de négociation commence à Bangkok, dans l’espoir de rattraper le retard dans le calendrier. Les négociateurs ont du pain sur la planche : il faut un programme de travail clair et une liste de décisions à prendre à Doha. L’accord de Durban, en décembre dernier, est une cynique victoire des procrastinateurs : les mesures indispensables à la stabilisation du climat sont une nouvelle fois remis à plus tard. Depuis que s’est-il passé ? Le Canada s’est retiré officiellement du Protocole de Kyoto alors que ses émissions ne cessent de croître. L’Australie et la Nouvelle Zélande n’ont toujours pas annoncé leur participation à la 2ème période d’engagement du même protocole. L’UE n’a toujours pas réhausser son objectif (de 20% à 30%) de réduction de ses émissions. Enfin, les Etats-Unis bloquent une large partie de la négociation, des financements aux objectifs de réduction, sans prendre d’engagements ambitieux pour autant. Ils rêvent de remettre l’ambition à plus tard, à 2015 ou 2020. Alors que peut-on attendre de Bangkok et de Doha ? Dans l’ombre des grandes décisions (celles-là même qui ne sont pas prises), de nombreux sujets peuvent avancer et faire l’objet de conclusions concrètes à Doha. Il est notamment question des sources de financements climat pour abonder le Fonds Vert, de la la seconde période d’engagement du Protocole de Kyoto (la 1ère période prend fin cette année), et l’objectif réhaussé de l’Union Européenne. Cet été, la fonte record des glaces arctiques, les canicules et sécheresses en Russie et aux Etats-Unis, les inondations aux Philippines et la tempête en Lousiane sont autant de signaux nous rappelant que le climat n’a cure des longs discours et intentions creuses. En 1992, les pays se sont accordés sur la nécéssité de lutter contre le changement climatique tel un seul homme. 20 ans plus tard, l’ambition est au plus bas mais les conférences sur le climat doivent se maintenir car elle sont le seul endroit, le seul rendez-vous et le seul théâtre de discussions entre les pays victimes et les pays responsables des changements climatiques. A Bangkok, comme à Doha, nos organisations continueront d’exiger les mesures indispensables pour lutter contre un réchauffement dramatique pour l’humanité. Du 10 au 15 Septembre se déroulera en Tanzanie la session spéciale «climat» de la Conférence des Ministres Africains de l’Environnement (CMAE). Le RAC-F et 5 membres du Réseau Climat & Développement y participeront pour partager leur expertise sur les négociations climatiques avec les décideurs africains francophones. Plus spécialement, cette session a pour vocation de mettre les Ministres d’accord sur une position et des exigences communes en vue du prochain sommet sur le changement climatique, prévu à Doha en décembre. Pour le RC&D, c’est aussi l’occasion pour les ministres de se mobiliser et de rappeler aux pays développés qu’ils doivent sans plus attendre créer des mécanismes financiers innovants mais aussi équitables comme la taxe sur les transactions financières en Europe et la taxe sur le transport maritime international. Alors que la communauté internationale traverse une grave crise économique et financière, les financements innovants vont jouer un rôle clé dans la mobilisation d’argent réel et public pour lutter contre le changement climatique. Car sans argent nouveau et additionnel pour l’Afrique et les pays les plus vulnérables, il ne peut y avoir d’accord global en 2015. Eco-responsables au travail Dans son magazine mensuel, l’ADEME consacre son dossier aux impacts sur l’environnement d’une activité que partagent 13 millions de français : le travail en bureau. Que ce soit le chauffage, la climatisation, le transport pour se rendre au travail, l’utilisation de papier ou la consommation des appareils électroniques, la vie de bureau est le théatre de nombreuses pressions sur l’environnement souvent méconnues ou sous estimées. Pourtant, à titre d’exemple, chaque année 900 000 tonnes de papier sont jetées à la poubelle en bureau et 15% des tours d’ordinateurs sont laissées allumées nuit et jour, week-end compris. Face à ce constat de gaspillage tant économique qu’écologique, des entreprises développent des initiatives et méthodes permettant de limiter au maximum les empreintes sur l’environnement, par l’utilisation de mugs réutilisables à la machine à café, ou en proposant des solutions de transport alternatives comme le co-voiturage. En marge de ces mesures, l’entreprise se doit d’accompagner les employés par une sensibilisation aux crises climatiques et écologiques afin de favoriser une mutation en prodonfeur. > Découvrez le dossier de ADEME & Vous http://ademe-et-vous.ademe.fr/le-magazine-n-57-dossier Infos de Serre n°96 - Août 2012 - Page 3 En plus Les 9 et 10 octobre, à Nantes Colloque autour des Plans Climat Energie Territoriaux En 2012, plus de 450 collectivités sont mobilisées pour réaliser leur PCET, certaines commencent, la plupart s’organisent, concertent les différents acteurs et travaillent leurs plans d’actions. Beaucoup ont déjà concrétisé les premières décisions en mettant en oeuvre des actions concrètes. L’échéance réglementaire du 31 décembre 2012 approche pour les collectivités de plus de 50 000 habitants. Ces différents exercices ne manquent pas de soulever de nombreuses questions : Comment traiter de l’adaptation au changement climatique dans un PCET ? Quelles sont les solutions pour évaluer les actions d’un PCET et vérifier que les objectifs assignés sont atteints ? Quels sont les montages financiers pour mettre en oeuvre le plan d’actions ? Comment mobiliser les acteurs économiques ou le grand public dans la durée ? Apporter des réponses techniques et opérationnelles à ces questions sera l’objectif du 2ème colloque national sur les PCET organisé par l’ADEME et ses partenaires dont le RAC-F les 9 et 10 octobre 2012 à Nantes (44). Cette manifestation s’adresse aux élus et techniciens des collectivités et territoires, mais aussi à l’ensemble des acteurs associés à la mise en œuvre des Plans Climat (services de l’Etat, associations, bureaux d’études, entreprises, réseaux d’acteurs socio-économiques, …). Infos pratiques : 9 et 10 octobre 2012 Cité des Congrès 44000 NANTES > Inscription et renseignements sur : http://www.colloque-pcet.ademe.fr Nouveau portail DRIAS Les Futurs du climat 15-22 sept - Semaine européenne de la mobilité Tout comprendre au futur du climat en France Bougez autrement Le portail Drias (Donner accès aux scénarios climatiques Régionalisés français pour l’Impact et l’Adaptation de nos Sociétés et environnement), développé par MétéoFrance, a pour vocation de mettre à disposition des projections climatiques régionalisées réalisées dans les laboratoires français de modélisation du climat (IPSL, CERFACS, CNRM-GAME). Les informations climatiques sont délivrées sous différentes formes graphiques ou numériques. Le site Driasles futurs du climat propose une démarche d’appropriation en trois étapes : l’Espace Accompagnement présente un guide d’utilisation et de bonnes pratiques pour les projections climatiques. L’Espace Découverte permet d’appréhender l’information suivant différents axes, les modèles, les scénarios d’émission, les paramètres et indices climatiques. Enfin, l’Espace Données et Produits est dédié à la commande et au téléchargement des données numériques. > http://www.drias-climat.fr Ö Infos de Serre, le bulletin d’information édité par le Réseau Action Climat France Directeur de publication : Marc Mossalgue Pour s’abonner : [email protected] Plus d’information : www.rac-f.org Créée en 2002, à l’initiative de la Commission européenne, la Semaine européenne de la mobilité, du 16 au 22 septembre, a pour but d’influencer de manière durable la résolution des problèmes de mobilité et de trans­ports urbains et d’améliorer la santé et la qualité de vie des Européens. Les objectifs affichés de cette semaine sont : 1) la réduction des émissions de gaz à effet de serre, des pollutions et des nuisances ; 2) le changement de comportement en matière de déplacement. A l’heure où la voiture semble devoir laisser la place à d’autres modes de déplacement, cet évenement nous incite à bouger autrement : bus, train, vélo, marche à pied, covoiturage, rollers... Tous les moyens sont bons ! Adaptez vos modes de déplacement en fonction de vos trajets. Adoptez votre propre ligne de conduite ! > Toutes les infos pratiques sur la semaine et le calendrier des évenements sur : www.developpement-durable.gouv.fr/-Semaine-de-la-mobilite-.html Infos de Serre n°96 - Août 2012 - Page 4