ARTICLE ORIGINAL ORIGINAL ARTICLE J Pharm Clin 2005 ; 24 (2) : 90-7 Impact économique et intégration d’un pharmacien clinicien dans un service de chirurgie digestive Economic consequences and acceptance of a clinical pharmacist in a surgery ward C. KAUSCH1, P. TAN SEAN1, P.-Y. BOELLE2, F. PAYE3, M. BEAUSSIER4, R. PARC3, J.-L. PRUGNAUD1, P. TILLEUL1* 1 2 3 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017. 4 Service de pharmacie, Hôpital Saint Antoine, Paris <[email protected]> Unité de Santé publique, Hôpital Saint Antoine, Paris Service de chirurgie viscérale, Hôpital Saint Antoine, Paris Département anesthésie réanimation, Hôpital Saint Antoine, Paris Résumé. Objectif : mesurer l’impact économique des interventions d’un pharmacien clinicien dans un service de chirurgie viscérale, ainsi que son intégration au sein de l’équipe clinique. Matériel et méthodes : Design : étude prospective de six mois de mesure des coûts évités par un pharmacien clinicien proposant des interventions pour optimiser le traitement médicamenteux en unité de chirurgie. Les interventions ont été ciblées sur l’adaptation de posologie, la substitution par des thérapeutiques moins coûteuses, l’arrêt de traitement non essentiel, et le relais de la voie intraveineuse par la voie orale. A également été évaluée la perception de la contribution de ce pharmacien à la qualité de la prescription. Population : une unité de 30 lits d’un service de chirurgie viscérale dans un CHU. Paramètres analysés : ont été mesurés deux groupes de paramètres, les économies liées aux interventions et la perception du rôle du pharmacien par le personnel médical. Le nombre de jours de traitement économisés a été estimé par un comité d’experts comprenant des chirurgiens, des anesthésistes et des pharmaciens. Le coût total évité a été calculé à partir du coût quotidien des traitements modifiés ou arrêtés, intégrant leur coût d’administration. La perception par les chirurgiens du rôle de ce pharmacien a été mesurée à partir d’échelles de satisfaction graduées de 0 à 10. Résultats : pendant l’étude, 60 interventions pharmaceutiques ayant un impact potentiel sur la qualité des soins ont été documentées ; 41 ont eu un impact économique. Le comité d’experts a estimé la réduction des coûts réalisée par les interventions du pharmacien à 4 973 5 (3 572 5 à 6 375 5). Le temps total passé par le pharmacien dans le service sur la période de l’étude a été de 178,5 heures, ce qui a représenté une valeur de 3 073 5 générant un coût évité de 1 911 5. La satisfaction des chirurgiens concernant leur perception de l’activité pharmaceutique dans le service est très satisfaisante [7,03 ± 1,62] avec une volonté de continuer le programme [8,50 ± 1,20]. Conclusion : ces données montrent que des interventions de pharmacie clinique en chirurgie ont été à la fois positives au plan économique et bien acceptées par l’équipe chirurgicale. Mots clés : intervention pharmaceutique, service de chirurgie viscérale, pharmacothérapie, coûts évités et analyse de coût, acceptation clinique Abstract. Objective: to measure economic impact and the clinical acceptance of the intervention of a clinical pharmacist in a gastrointestinal surgery ward. Design: a prospective, six-month study of the active participation of a clinical pharmacist on surgical rounds who proposes interventions to optimize medical treatment. Interventions focused on optimizing drug dosage, switching drugs to a less costly alternative, stopping non-essential treatment, and switching from intravenous to oral treatment. Setting: a 30-bed unit of a large gastrointestinal surgery department at Saint-Antoine University Hospital in Paris, France. Main outcome measures: cost savings of pharmaceutical interventions and perception of the pharmacist’s role by the surgery staff. Number of days of treatment saved or switched was estimated by an expert committee including surgeons, anesthetists and pharmacists. Total cost saved was calculated therefore from the daily cost of drugs saved, which included medication administration rate and cost of medical devices. Satisfaction of surgeons was scaled from 0 to 10. Results: in the six-month open study period, sixty pharmaceutical interventions having a potential impact on quality of care were documented. Forty-one of these revealed an economic impact and total costs savings. The expert committee estimated the cost reduction achieved by the pharmacist’s intervention to be about 49736 (range 35726 to 63756). Total time spent by the pharmacist on the clinical ward was 178.5 hours, which represents 30736 for a net savings of 19116 for the study period. A questionnaire given to surgeons about their perception of the pharmacist’s intervention in the ward showed great * Correspondance et tirés à part : P. Tilleul 90 J Pharm Clin, vol. 24, n° 2, juin 2005 Pharmacien clinicien et impact économique satisfaction [7,03 ± 1,62] and willingness to continue the clinical pharmacy program [8,50 ± 1,20]. Conclusion: this data showed that pharmacist’s interventions on a surgery ward produced cost savings from the institutional perspective and were well accepted by the surgical team. Key words: pharmacist intervention, gastrointestinal surgery ward, pharmacotherapy, cost saving and cost analysis, clinical acceptance Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017. L’ intégration et l’impact économique des interventions d’un pharmacien clinicien dans différents services cliniques ont été antérieurement documentés dans un certain nombre d’études [3-5, 7, 11, 15-17, 24]. La plupart de ces analyses se sont seulement concentrées sur le relais intraveineux/per os (IV/PO) [1, 2, 8-10, 13, 14, 18-21, 25] principalement pour l’antibiothérapie [1, 2, 8, 10, 13, 14, 18, 20, 21, 25]. Les économies que de tels programmes ont permis de réaliser ont été définies par des coûts différentiels entre les médicaments initialement prescrits et les prescriptions moins onéreuses suggérées par les pharmaciens cliniciens et admises par le prescripteur. Peu d’études ont évalué les interventions multiples d’un pharmacien intégré dans un service clinique et plus rarement encore dans un service de chirurgie [6]. Au niveau de notre établissement, deux facteurs ont conduit les pharmaciens à proposer le développement d’une activité de pharmacie clinique dans le service de chirurgie viscérale : l’augmentation des dépenses pharmaceutiques sur des périodes antérieures et l’identification de cibles d’optimisation des traitements (relais voie IV/orale par exemple). L’objectif de ce projet est d’améliorer l’efficience des traitements reçus par la mise en œuvre d’un dialogue sur site entre les chirurgiens et les pharmaciens. L’acceptation par le service de chirurgie du principe de la participation du pharmacien à la visite et/ou à la contre-visite du chirurgien s’est accompagnée de la mise en œuvre d’un programme de mesure des coûts induits et évités par ses interventions assorti d’une estimation de l’acceptation clinique de celles-ci. Matériels et méthodes Design de l'étude Une étude prospective a été menée dans un service de chirurgie viscérale d’un CHU parisien (840 lits) afin d’implanter une activité de pharmacie clinique sur site et de quantifier l’économie réalisée par la présence sur des tranches horaires ciblées d’un pharmacien clinicien au sein de ce service. Les 112 lits de ce service sont divisés en trois unités : soins intensifs, soins post-opératoires et hospitalisation conventionnelle. L’activité de pharmacie clinique et l’analyse économique n’ont concerné que les 30 lits d’hospitalisation conventionnelle. Cette unité ne prenait en charge que des soins classiques pour des patients opérés. Les unités post-opératoires et de réanimation ont été exclues du champ de cette implantation, compte tenu de la disponibilité horaire du pharmacien affecté à ce projet (pharmacien attaché sur vacation temporaire mi-temps). Avant l’analyse, une phase pilote a été menée. Après cette phase initiale, une étude ouverte a été conduite sur deux périodes de trois mois chacune : de J Pharm Clin, vol. 24, n° 2, juin 2005 mai à juillet et d’octobre à décembre 2001 afin d’éviter la période des vacances d’été, période durant laquelle l’activité du service a été réduite, les praticiens en situation de remplacement mutuel et l’attaché pharmacien partiellement absent. Chaque jour, le pharmacien participait aux contre-visites (après 20 h ou avant 8 h le matin) et deux fois par semaine aux visites. Interventions Les interventions du pharmacien ont porté sur l’arrêt des traitements inutiles, le relais des voies intraveineuses/ orales, la substitution par des traitements moins coûteux ou l’ajustement des posologies. Ces interventions sont basées sur des directives de Bonne pratique clinique (BPC) éditées par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) ou sur des conférences de consensus. Les interventions ont été classées selon la classification définie par le réseau pharmaceutique de soin d’Europe (PCNE) essentiellement dans P2 et P3 et les interventions ont été de niveau à I0 et à I1 [23]. Dans cette classification, P2 correspond aux problèmes de choix des médicaments et P3 aux problèmes de posologie. Les interventions des niveaux I0 et I1 correspondent respectivement à aucune intervention et à une intervention auprès du prescripteur. Cette classification a également inclus l’analyse des interactions médicamenteuses et la conformité au formulaire thérapeutique de l’établissement. Des changements thérapeutiques ont été proposés et discutés avec l’équipe des chirurgiens au chevet du patient ou en passant en revue le dossier du patient. Les suggestions proposées, admises ou rejetées, ont été documentées dans le dossier pharmaceutique du patient. Collecte des données Les données ont été collectées à partir du dossier du patient par le pharmacien : initiales du patient, date de naissance, numéro de la chambre, date de l’entrée d’hôpital, pathologie, type d’intervention chirurgicale et médicaments prescrits pendant l’hospitalisation. Les interventions du pharmacien ont été notées dans le dossier du patient. Le jour suivant une intervention, le pharmacien a vérifié si la suggestion avait été suivie. Les interventions ayant un impact économique ont été enregistrées dans un formulaire séparé ainsi que les prescriptions correspondantes. Analyse économique L’analyse économique a été réalisée du point de vue de l’établissement hospitalier. C’est une étude de type minimisation des coûts qui a été mise en œuvre, comparant coûts évités par les interventions pharmaceutiques et coûts salariaux horaires du pharmacien affecté à cette activité. 91 C. Kausch, et al. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017. L’économie sur le coût du médicament a été calculée à partir des différences de coût journalier entre le traitement initial prescrit par le chirurgien et celui recommandé par le pharmacien (tableau 1). Ces coûts n’incluaient ni la dispensation ni la préparation des médicaments, ceux-ci n’étant pas quantifiés par le système comptable de l’hôpital dans la plupart des pays d’Europe. Les coûts totaux évités ont été calculés à partir du nombre de jours de traitement évités ou modifiés, ceci à partir des prix de la liste de référence des médicaments de l’assistance publique des hôpitaux de Paris (2001). Le coût salarial pharmaceutique a été calculé à partir du taux horaire moyen de rénumération (charges incluses) des attachés hospitaliers pharmaciens, appliqué au niveau national (2001). Un comité d’experts composé de deux pharmaciens, de deux anesthésistes et de deux chirurgiens non directement liés au projet mais connaissant bien les prescriptions et l’organisation de ce service a évalué le nombre de jours de traitement évités par le passage à une thérapie moins coûteuse ou par l’arrêt du traitement. Le recrutement de ce comité a été réalisé auprès de l’ensemble des membres de l’équipe chirurgicale à partir de la disponibilité à une date fixe et de l’acceptation de participer. Ce recrutement a été effectué par le secrétariat du service chirurgie indépendant de la conduite du projet. Les interventions de pharmacien ont été décrites et chacun a émis l’hypothèse d’un nombre minimum et maximum de jours de traitement évités par l’intervention du pharmacien. Ces hypothèses concernaient aussi bien les arrêts de traitement, que les modifications ou relais IV/oral. Le nombre de jours d’hospitalisation potentiellement évités a été enregistré par chaque expert. Le temps dédié par le pharmacien à son activité clinique pour les visites et pour discuter des traitements a été enregistré pendant les 6 mois de l’étude. Ces données ont été comparées au coût total des médicaments et des dispositifs médicaux évités par les interventions pharmaceutiques. Les résultats ont été exprimés en utilisant le quotient : coût économisés 5 / coût investi 5 du point de vue hospitalier. Satisfaction vis-à-vis du programme L’appréciation du service pharmaceutique a été globalement évaluée par un questionnaire adressé à l’ensemble de l’équipe chirurgicale (8 chirurgiens) participant à l’activité de prescription du site de l’étude. L’intégration, la disponibilité du pharmacien et l’aide à la prescription (disponibilité, efficacité, sûreté et influence sur le coût des traitements) ont été évaluées par l’équipe clinique. Ils ont également été invités à commenter les interventions du pharmacien, sa contribution à une nouvelle approche thérapeutique et/ou à une réduction des consommations de médicaments ou des durées de séjour à l’hôpital, ainsi que le gain de temps réalisé dans l’exercice clinique journalier. L’appréciation de la présence et des interventions du pharmacien a été évaluée à partir d’une grille de questions quantifiée par une échelle de 0 (le plus bas) à 10 (l’appréciation la plus élevée). Volonté de poursuivre le programme Une question synthétique a évalué la volonté de l’équipe clinique de poursuivre le programme. Les huit chirurgiens, représentant le personnel affecté de manière permanente à l’unité, ont répondu anonymement au questionnaire et l’ont envoyé sous enveloppe scellée à la pharmacie. 92 Analyse statistique Les coûts économisés ont été calculés à partir des coûts des traitements journaliers, comprenant ceux des dispositifs médicaux, nécessaires à leur préparation et à leur administration. Le nombre de jours de traitement évités a été évalué par la moyenne des avis exprimés par les membres du comité d’experts. L’évaluation minimale et maximale du nombre de jours de traitement évités a été analysée séparément. Pour chaque expert, le nombre estimé de jours de traitement évités a été décrit en utilisant la moyenne et l’écart-type. Les différences entre les experts ont été évaluées par le test non paramétrique de Friedman. Pour explorer les potentielles variations de coûts, une analyse de sensibilité a été exécutée en incluant les jours minimaux et maximaux évités ainsi que les variations (± 10 %) du salaire du pharmacien. Les résultats du questionnaire de satisfaction ont été exprimés par la moyenne et l’écart-type des valeurs. Résultats Patients Quinze interventions chirurgicales en moyenne par semaine sont réalisées dans cette unité (40 % de chirurgie colorectale, 20 % de chirurgie gastrique œsophagienne et pancréatique, 15 % de chirurgie pariétale et 25 % d’interventions hépatobiliaires). L’activité des blocs était de l’ordre de 98 % du taux de saturation pendant toutes les périodes d’analyse. Problèmes liés aux médicaments Parmi une population de 270 patients hospitalisés en chirurgie pendant la période des six mois de l’étude, 60 interventions pharmaceutiques au sujet des prescriptions ont été documentées et 51 acceptées par les chirurgiens (taux d’acceptation = 85 %) (intervention P2 et niveau I1). Les interventions non acceptées concernaient des prescriptions de chirurgiens seniors pour un patient très spécifique. Des suggestions acceptées, 22 (43 %) recommandaient l’arrêt d’un traitement non essentiel, 11 (22 %) impliquaient la substitution d’un médicament par un traitement moins coûteux et 8 (16 %) le relais de la voie IV à la voie orale ; 10 (20 %) des interventions concernaient des modalités de prise ou des modifications de schéma thérapeutique sans incidence économique. La plupart des interventions concernaient des thérapies antibiotiques (71 %). Les autres familles thérapeutiques sur lesquelles ont portées les interventions concernaient la substitution des analgésiques (paracétamol) et des antiulcéreux (omeprazole/ranitidine), soit par une autre voie d’administration du médicament soit par une thérapeutique moins onéreuse. Impact économique De toutes les interventions acceptées, 41 (80 %) ont généré un coût évité. Aucune intervention du pharmacien n’a entraîné un coût additionnel. D’autres interventions sans impact économique, 10 (20 %), selon la méthodologie retenue ont été considérées (modification de schémas thérapeutiques, détection des interactions, disponibilité des traitements à la pharmacie). Le comité d’experts n’a pas attribué d’incidence économique à ces interventions. J Pharm Clin, vol. 24, n° 2, juin 2005 Pharmacien clinicien et impact économique Tableau 1. Analyse des interventions par le groupe d’experts. Pat. no 7 Type d’intervention Relais IV/oral Posologie Coût (7) Coût/j évité (7) Prodafalgan® IV* 2 g*4 11,61 Nb de j en 5 Nb de j en 5 Mopral® IV* 40 mg 40 mg 7,31 18,92 1,00 18,92 3,00 56,77 7,31 7,31 3,00 21,94 5,00 36,56 13 Relais IV/oral Mopral® IV* 92 Relais IV/oral Ciprofloxacine (Ciflox®) IV 200 mg*2 27,57 Ciprofloxacine (Ciflox®) PO 500 mg*2 132 2,14 25,43 5,00 127,17 7,00 178,04 40 mg 7,31 7,31 3,00 21,94 3,00 21,94 Relais IV/oral Ciprofloxacine (Ciflox®) IV 400 mg*2 45,12 Ciprofloxacine (Ciflox®) PO 750 mg*2 3,21 41,91 5,00 209,56 5,00 209,56 Metronidazole (Flagyl®) IV 500 mg*3 6,04 Metronidazole (Flagyl®) PO 5,72 5,00 28,61 5,00 28,61 10,92 5,00 54,58 5,00 54,58 5,43 1,00 5,43 3,00 16,29 5,43 1,00 5,43 3,00 16,29 47,26 5,00 236,32 7,00 330,85 5,43 5,00 27,15 5,00 27,15 105,86 3,00 317,58 3,00 317,58 5,43 2,00 10,86 2,00 10,86 5,43 5,00 27,15 5,00 27,15 33,55 10,00 335,46 19,00 637,38 Substitution ® 500 mg*3 0,32 Fluconazole (Triflucan®) IV 200 mg 23,21 Fluconazole (Triflucan®) PO 200 mg 12,30 Mopral® IV 40 mg 7,31 50 mg*3 1,88 Azantac® IV 17 54 68 69 Substitution Substitution Substitution Substitution ® 40 mg 7,31 Azantac® IV 50 mg*3 1,88 1g 3,96 Pipéracilline + Tazobactam (Tazocilline®) IV 4 g*3 43,49 Cotrimoxazole (Bactrim®) PO 2 cp*2 0,18 Mopral IV Omidazole (Tiberal®) IV ® Omeprazole (Mopral ) IV 40 mg 7,31 Azantac® IV 50 mg*3 1,88 Teicoplanine (Targocid®) IV 400 mg*2 57,23 Ciprofloxacine (Ciflox®) IV 400 mg*2 45,12 300 mg 5,75 Nétilmicine (Netromicine®) IV ® 105 111 118 135 Substitution Substitution Substitution Substitution Pristinamycine (Pyostacine ) PO 2 cp*2 2,24 Omeprazole (Mopral®) IV 40 mg 7,31 Ranitidine (Azantac®) IV 150 mg 1,88 Omeprazole (Mopral®) IV 40 mg 7,31 Ranitidine (Azantac®) IV 150 mg 1,88 Pipéracilline + Tazobactam (Tazocilline®) IV 4 g*3 43,49 Amoxilline + acide clavulanique (Augmentin®) IV 1 g*3 9,94 Céfotaxime (Claforan®) IV 1 g*3 14,39 ® 2 Arrêt Amoxillicine (Clamoxyl ) IV 1 g*3 5,05 9,34 6,00 56,03 6,00 56,03 Mopral® IV 40 mg 7,31 7,31 12,00 87,76 26,00 190,14 Augmentin® IV 1 g*3 9,94 1g 3,96 13,90 3,00 41,70 4,00 55,60 1 g*3 9,94 19,65 7,00 137,55 11,00 216,16 13,90 4,00 55,60 6,00 83,40 21,40 7,00 149,83 9,00 192,63 23,93 9,00 215,37 25,00 598,25 2,36 1,00 2,36 3,00 7,07 Tiberal® IV 6 Arrêt Augmentin® IV Tiberal® IV 8 9 10 11 Coût max. évité Omeprazole (Mopral ) IV* Relais IV/oral 9 Coût min. évité Relais IV/oral Relais IV/oral Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017. Médicaments Arrêt Arrêt Arrêt Arrêt 1g 3,96 Netromicine® IV 300 mg 5,75 Augmentin® IV 1 g*3 9,94 Tiberal® IV 1g 3,96 Ciflox® IV 200 mg 13,19 Augmentin® IV 1 g*2 8,21 Rocephine® IV 1 g*2 17,89 Flagyl® IV 500 mg*3 6,04 Oflocet® PO 200 mg*2 1,14 1 g*2 1,22 Augmentin® PO J Pharm Clin, vol. 24, n° 2, juin 2005 93 C. Kausch, et al. Pat. no 12 Type d’intervention Arrêt Médicaments Posologie Tiberal® IV Netromicine® IV ® 15 Arrêt 1g 3,96 300 mg 5,75 Claforan IV 1 g*3 14,39 Tazocilline® IV 4 g*3 43,49 Netromicine® IV 150 mg 3,64 Tiberal® IV 1g 3,96 200 mg*2 24,60 16 Arrêt Triflucan Augmentin 1 g*3 1,83 18 Arrêt Ciflox® IV 400 mg*2 41,04 Tiberal® IV 20 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017. Coût (7) 21 Arrêt Arrêt Arrêt Coût max. évité en 5 24,10 2,00 48,20 5,00 120,50 51,08 2,00 102,17 12,00 613,01 26,43 11,00 290,71 20,00 528,57 44,96 2,00 89,93 3,00 134,89 4,39 3,00 13,17 6,00 26,33 4,05 Atarax® IV 100 mg 0,34 Mopral® PO 20 mg 0,00 Augmentin® PO 1 g*3 1,83 200 mg*2 2,27 4,10 3,00 12,30 6,00 24,61 1 g*3 5,05 5,05 2,00 10,11 3,00 15,16 5,75 1,00 5,75 3,00 17,25 Amoxicilline (Clamoxyl®) IV ® Arrêt Netromcine IV 300 mg 5,75 Teicoplanine (Targocid®) IV 400 mg*2 57,23 Céfotaxime (Claforan®) IV 1 g*3 14,39 Ornidazole (Tiberal®) IV 1g 3,96 75,58 3,00 226,73 8,00 604,61 Ranitidine (Azantac®) IV 150 mg 1,88 5,43 7,00 38,01 7,00 38,01 9,71 1,00 9,71 6,00 58,25 15,98 1,00 15,98 7,00 111,89 ® Ornidazole (Tiberal ) IV 1g 3,96 300 mg 5,75 1 g*3 9,94 500 mg*3 6,04 Nétilmicine (Netromicine®) IV Arrêt Nb de j 3,96 Arrêt 83 en 5 1g 22 Arrêt Coût min. évité 40 mg 45 80 Nb de j Seropram® IV Oflocet® PO 21 Coût/j évité (7) Amoxicilline + acide clavulanique (Augmentin)® IV Metronidazole (Flagyl®) IV ® 86 Arrêt Ornidazole (Tiberal ) IV 1g 3,96 3,96 1,00 3,96 7,00 27,70 92 Arrêt Pipéracilline + Tazobactam (Tazocilline®) IV 4 g*3 43,49 43,49 5,00 217,45 7,00 304,42 93 Arrêt Pipéracilline + Tazobactam (Tazocilline®) IV 4 g*3 43,49 43,49 1,00 43,49 3,00 130,47 132 Arrêt Pipéracilline + Tazobactam (Tazocilline®) IV 4 g*3 43,49 43,49 5,00 217,45 5,00 217,45 Mini 3 572 7 Maxi 6 375 7 Pour les substitutions, les molécules notées en gras sont celles qui ont remplacé les molécules initialement prescrites. * Relais per os avec une molécule de valeur nulle. De même, il n’a pas imputé une éventuelle diminution du temps d’hospitalisation à des arrêts de traitement générés par l’intervention pharmaceutique. L’opinion des experts pour l’évaluation du nombre minimum et maximum de jours de traitement évités et pour la substitution par un traitement moins coûteux est présentée dans le tableau 1. Les résultats n’ont montré aucune différence entre les membres du panel indépendamment de leur origine professionnelle. L’économie globale sur les six mois a été calculée à la valeur moyenne de 4 973 5 (entre 3 572 5 à 6 375 5). La catégorisation des coûts économisés par intervention est représentée dans la figure 1. Le temps passé par le pharmacien dans le service participant aux visites ou discutant des substitutions de traitement était en moyenne de 7 heures par semaine. Le temps lié à la documentation des interventions a été inclus dans ce relevé. N’ont pas été intégrés à ce temps celui de la formation initiale du pharmacien et celui de la collecte et de l’analyse des données liées à l’évaluation du programme. Ceci correspond à 178,5 heures de travail pour 94 la période de six mois d’étude. Avec un salaire horaire de 17,21 5, le coût de la main-d’œuvre pour la période d’étude était 3 671 5. Le coût du salaire de pharmacien clinicien était compris entre 3 304 5 et 4 038 5 (sensibilité de 10 %), les contributions obligatoires de l’employeur étant pris en compte. Ceci implique un impact positif sur le budget de l’hôpital. Exprimé en ratio de coût induits /coûts évités, ces résultats ont pu être traduits comme une économie de 1.19-2.31:1. Satisfaction vis-à-vis du programme La satisfaction de l’équipe chirurgicale a été mesurée à une valeur moyenne de 7,03 ± 1,62 (tableau 2). Volonté de continuer le programme La volonté de continuer le programme a été globalement évaluée à 8,50 ± 1,20 (balance de l’appréciation 10 la plus élevée à 0 plus basses appréciations) (tableau 2). Dans le tableau 2, les points restants de satisfaction sont énumérés. J Pharm Clin, vol. 24, n° 2, juin 2005 Pharmacien clinicien et impact économique projet mais peuvent sembler modestes par comparaison à d’autres études. Récemment, dans un hôpital espagnol de soins aigus [6], des économies plus substantielles ont été générées grâce à l’intervention d’un pharmacien clinicien, de l’ordre de 40 5 par intervention. Toutefois, pour évaluer ces économies, les auteurs ont mesuré les effets indésirables évités et calculé l’économie produite à partir d’une modélisation des coûts moyens de procédure et d’hospitalisation. Il semble par ailleurs difficile de comparer ces résultats aux nôtres car l’analyse économique ne prenait pas en compte le temps pharmaceutique et aucun ratio coût investi-coût évité n’était calculé. Est retrouvé également ce type d’économie importante dans le cas d’une étude entreprise dans un hôpital de vétérans aux États-unis [12]. Cette évaluation a été orientée vers la production de résultats cliniques avec une méthodologie robuste. Bien que trente-six pharmaciens et cinq internes aient été impliqués dans ces recommandations, les auteurs n’ont pas isolé le coût salarial des pharmaciens impliqués dans cette activité. Une autre étude a également présenté de plus grandes économies [15] avec une méthodologie voisine de la nôtre pour l’analyse économique, intégrant le coût salarial pharmaceutique. Ils ont trouvé une économie de l’ordre de cinq dollars pour chaque dollar investi dans l’activité de pharmacien. Dans une revue complète [22] des services de pharmacie clinique, la valeur estimée du retour sur investissement s’est étendue de 1.74:1 à 17.0:1 avec une valeur moyenne de 5.54:1. Cette revue de la littérature a inclus de nombreuses analyses ciblées sur les patients ambulatoires. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer la relative modestie de l’impact économique des interventions pharmaceutiques de notre étude. Nous avons reporté le temps pharmaceutique dédié au Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017. Discussion Cette étude décrit une expérience originale de pharmacie clinique dans un service de chirurgie viscérale au sein d’un CHU. Ce service a été sélectionné sur la base de sa dépense croissante de médicaments, d’une potentielle surconsommation de médicaments par voie IV et de la volonté de l’équipe chirurgicale de participer à un tel projet dans un souci d’optimisation de l’utilisation des ressources. Une telle expérience en unité de chirurgie n’a été décrite que dans très peu d’études retrouvées dans la littérature [6]. Cette étude n’est pas comparative : la comparaison entre deux unités de ce même service étant difficilement réalisable du fait de la distribution aléatoire de patients avec des pathologies différentes entre les deux unités. En conséquence, le risque de biais dû à d’autres critères que les interventions du pharmacien aurait été un facteur trop important pour assurer une robustesse méthodologique à une telle évaluation. Afin de calculer le nombre de jours de traitement évités, nous avons choisi une méthodologie basée sur l’avis d’une équipe d’experts. La composition de cette équipe d’experts a été rigoureusement choisie : la plupart des membres étaient des cliniciens indépendants de l’équipe pharmaceutique et bien informés des prescriptions et des procédures d’organisation de l’unité, mais non engagés dans le programme d’évaluation. Les avantages économiques des interventions pharmaceutiques ont été démontrés. La plupart des interventions pharmaceutiques concernaient des substitutions d’antibiotiques ou des arrêts de prophylaxie antibiotique. Les économies de 1,19 5 à 2,31 5 pour chaque euro investi dans un salaire pharmaceutique permettraient de justifier à elles seules la poursuite de ce Coût évité (€) 4 278 4 500 4 000 3 500 3 000 2 500 1 997 1 510 2 000 1 500 1 092 586 1 000 Coût maximal évité (€) 500 483 Coût minimal évité (€) 22 0 11 8 Arrêt des traitements inutiles Substitution par des traitements moins coûteux Nombre d'interventions Relais voie IV/Orale Type d'intervention Figure 1. Impact économique des interventions du pharmacien clinicien. J Pharm Clin, vol. 24, n° 2, juin 2005 95 C. Kausch, et al. Tableau 2. Évaluation de l’intervention du pharmacien auprès des équipes. Nombre de questions 1 2 3 4 5 6 7a 7b 8 Intégration à l’équipe Disponibilité du pharmacien Facilitation du travail quotidien Temps alloué par le pharmacien à l’activité clinique Sécurité des médicaments conseillés Nouvelle approche de prescription Réduction du coût des médicaments consommés Réduction de la durée d’hospitalisation Moyenne Souhait de poursuivre le programme Moyenne 8,13 7,50 7,63 6,00 8,00 8,13 6,00 3,38 7,03 8,50 Chirurgiens (n = 8) ± ± ± ± ± ± ± ± ± ± ± Écart-type 1,89 2,39 2,33 3,25 2,39 2,23 1,41 1,60 1,62 1,20 Échelle : 0 = valeur le plus faible ; 10 = valeur la plus élevée. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017. service clinique et l’avons présenté comme une source d’économies en soustrayant les coûts pharmaceutiques ; cette soustraction a comme conséquence de minimiser la véritable économie de coût par rapport à d’autres designs d’études déjà publiées. Nous n’avons pas retenu le principe de modélisation des économies de santé potentielles générées par l’intervention à type de coût des effets indésirables évités, considérant que ces analyses aux résultats très favorables à l’activité pharmaceutique étaient souvent sujettes à caution et considérées comme discutables par nos partenaires médicaux. Autre élément expliquant la modestie de nos résultats, le coût unitaire des médicaments dans les hôpitaux français est très nettement inférieur notamment pour les thérapeutiques cibles des interventions lorsqu’on le compare à d’autres tarifs européens et surtout nord américains. Par ailleurs, le délai très court entre la mise en route du programme et son évaluation a probablement diminué le champ de ces interventions de pharmacie clinique. Enfin, l’impact des interventions du pharmacien a été minoré par sa seule présence à des visites ou contre-visites, non traduites en termes d’interventions : les chirurgiens reconnaissant fréquemment avoir suspendu une prescription devenue inutile car se sachant « observé ». Après la phase initiale de l’adaptation du pharmacien au service, sa présence et ses interventions ont été bien acceptées. Ceci a été établi à la fois par le pourcentage élevé des interventions acceptées par les chirurgiens (85 %) et par les résultats d’un questionnaire qui a évalué la qualité des interventions (valeur moyenne 7,03 sur une échelle de 0 à 10). Ces résultats sont comparables à ceux obtenus lors d’études évaluant l’optimisation des thérapeutiques antibiotiques [5] mais sont inférieurs aux résultats obtenus dans des études d’implication des pharmaciens dans les services de soins intensifs : 89 % [6] à 99 % [7]. Les points indiquant la volonté de continuer un tel programme par les chirurgiens (8,50 ± 1,20) étaient très positifs pour l’expérience, considérant le scepticisme initial du personnel chirurgical (données non enregistrées) et l’avant-gardisme d’une telle intégration d’un pharmacien dans une équipe de chirurgie. Un lien entre la durée de séjour et les interventions de pharmacien n’a pas pu être établi. Ceci était en partie lié à la nature du système de santé français. L’importante pénurie de lits d’aval pour des unités post-opératoires constitue en effet un problème important et indépendant des interventions pharmaceutiques. 96 Cette étude comprend toutefois un certain nombre de limites. Elle ne comporte pas de groupe témoin. Ceci est lié à la difficulté de s’affranchir de facteurs confondants tels que les prescripteurs et l’état physiopathologique des patients. Dans ces conditions, il est difficile d’imputer à la seule intervention pharmaceutique une différence entre deux groupes comparés. L’étude n’a d’autre part pas envisagé les ressources « non-consommées » liées à des effets indésirables évités par l’intervention pharmaceutique, ni la modélisation de leurs conséquences. Ainsi, la résistance bactérienne, comme conséquence possible d’une surconsommation d’antibiotiques, n’a pas pu être mesurée avec ce design d’étude. En outre, l’avantage en termes de qualité de soin et de qualité de vie liée à l’intervention du pharmacien sur la prescription n’a pas été évalué dans cette première étude. Il existe de réelles perspectives d’analyses ultérieures portant sur des thérapeutiques ciblées dont la prescription est délicate à équilibrer, en termes d’adaptation de posologie (immunosuppresseurs, analgésiques, anticoagulants) et porteuses de risque potentiel d’altérations des états de santé et de consommation de ressources, en cas de prescriptions mal monitorées. Conclusion Un pharmacien peut implanter une activité de pharmacie clinique dans un service de chirurgie malgré certaines réticences initiales du personnel médical intéressé. L’acceptation du programme dépend des qualités humaines et techniques, de la disponibilité et de l’adaptabilité du pharmacien, compte-tenu des horaires spécifiques des équipes. Les économies réalisées dans cette étude liées à la présence pharmaceutique au sein du service de chirurgie inciteront au développement de telles expériences dans d’autres services cliniques. La définition du contenu de l’activité de pharmacie clinique et des niveaux d’intervention devront être établis à partir d’une méthodologie robuste et être évalués au travers d’une approche comparative, qui reste encore à définir. Cependant, même sans prise en compte de l’amélioration de la qualité des soins et de la qualité de vie, la présence d’un pharmacien clinicien au sein d’un service permet clairement de réaliser des économies sur le poste dépenses de médicament, du point de vue de l’hôpital. ■ J Pharm Clin, vol. 24, n° 2, juin 2005 Pharmacien clinicien et impact économique Remerciements Aide financière de l’étude : Le contrat d’emploi provisoire de douze mois à temps partiel du pharmacien vacataire a été financé par l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris. Références Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017. 1. Ahkee S, Smith S, Newman D, Ritter W, Burke J, Ramirez JA. 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