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Mise en scène Régis Roudier
D’après l’ouvrage de Jean-Louis FOURNIER : « Il a jamais tué personne, mon papa » © 1999,2008,
Editions Stock.
Création 2012
Depuis 2003, Régis Roudier collabore régulièrement aux créations du Bruit du Frigo comme
comédien, co-metteur en scène, ou encore comme manipulateur caché sous une table à tirer sur
divers leviers et ficelles.
Même lorsqu'il ne fait pas partie de la distribution d'un spectacle, il intervient souvent à un
moment du processus, ne serait-ce que comme premier spectateur, afin de questionner le travail
et de donner de nouvelles pistes.
C’est en tant que metteur en scène qu’il porte aujourd’hui le projet d’adaptation pour le jeune
public (à partir de 10 ans) du livre de Jean–Louis Fournier Il a jamais tué personne, mon papa,
Editions Stock, 1999, 2008.
Son projet est pensé pour être joué dans les théâtres et les salles non équipées (installation
technique autonome). La jauge est prévue pour 200 spectateurs.
Un coup de cœur pour une œuvre
Mon premier contact avec l’œuvre de Jean-Louis Fournier n’a pas été littéraire,
mais télévisuel : enfant de la télé, à 7 ans j’étais fan (et je le suis toujours !) de La
Noireaude, vache hypocondriaque qui harcèle son vétérinaire au téléphone pour
lui raconter ses états d’âme, et d’Antivol, l’oiseau qui a le vertige …
25 ans plus tard, j’ai lu d’une traite, le sourire aux lèvres et très ému Il a jamais tué personne,
mon papa, récit autobiographique dans lequel Jean-Louis Fournier relate l’histoire de son père
médecin, alcoolique, fumeur, mal habillé, pauvre, et mort à 43 ans, alors que lui-même n’en
avait que 15. A première vue, pas de quoi faire rire car c’est un véritable drame que dépeint ce
récit : une famille mise à mal par de gros problèmes d’alcool et d'argent.
Or, l’auteur a pris le parti de décrire les situations ubuesques, tragiques, drôles ou
pathétiques que vivait sa famille, dans un style enfantin, rythmé de phrases courtes
s'enchaînant comme les idées qui traversaient la tête du gamin qu'il était. En se plaçant à
hauteur d’enfant, il analyse les événements qui ont jalonné cette période de sa vie avec
légèreté, sans pour autant éluder leur gravité. Son sens espiègle de la formule fait mouche. Il
déclenche des éclats de rire et émeut à la fois, ce qui lui permet parfois de résumer
pudiquement une situation sordide par une pirouette.
Jean-Louis Fournier est indulgent envers cette figure paternelle très envahissante et
complexe. « Il ne faut pas trop en vouloir à certains, plus fragiles, de choisir de mauvais
moyens pour rendre supportable leur insupportable », dit il en conclusion de son livre.
Cependant la fin du récit est teintée d’une réelle amertume, et exprime clairement un
sentiment de rendez-vous manqué.
Le vocabulaire utilisé est simple, accessible, précis. Il fourmille d’objets du quotidien, d’outils,
d’animaux, de détails vestimentaires, de véhicules de toutes sortes. Le lecteur peut ainsi
facilement visualiser les situations traversées par les personnages, l’environnement et l’époque
(les années 1950) dans lesquels elles se situent.
Dès la première lecture, j’ai eu envie d’adapter Il a jamais tué personne, mon papa pour la
scène, en visant le jeune public :
D’abord parce qu’en tant que spectateur j’adore être bouleversé et éclater de rire à la même
seconde.
Ensuite parce que cette œuvre est accessible à tous (ce qui est pour moi l’une des qualités
premières d’un objet artistique, quel qu’il soit) et qu’elle aborde des sujets graves en évitant les
écueils qu’on trouve dans certains récits autobiographiques.
Enfin parce que ce foisonnement de détails et d’objets divers dans le texte se prête vraiment à
la manipulation d’objets concrets sur le plateau…
Régis Roudier, 28 septembre 2011.
« J'ai souvent demandé au petit Jésus que mon papa ne boive plus et qu'il ne tue pas
maman. J'en profitais aussi, quand c'était Noël, pour demander, en plus, un cadeau.
Je me souviens, une année, de lui avoir demandé un revolver. J'avais une idée très
précise du revolver. Je voulais un Solido. Mais, exprès, je n'avais pas dit la marque au
petit Jésus. On m'avait dit que le petit Jésus savait tout, qu'il lisait dans nos pensées,
donc il devait savoir que je voulais un Solido. On allait voir si c'était vrai. Je n'ai pas eu
de Solido, mais un revolver sans marque, et papa a continué de boire jusqu'à la fin de
sa vie…»
Présentation de Jean-Louis Fournier
Auteur prolifique, Jean-Louis Fournier a toujours su mêler humour, culture et
sincérité. Entre un frère polytechnicien et une sœur éducatrice spécialisée, il
choisit la voie de l’humour et devient le fidèle complice de Pierre Desproges. Il
réalise ainsi les épisodes de La Minute nécessaire de Monsieur Cyclopède, ainsi
que les captations de ses spectacles au Théâtre Grévin en 1984 et au théâtre Fontaine en
1986. À la télévision, on lui doit les personnages de la vache La Noiraude et d’Antivol, l’oiseau
qui avait le vertige, mais aussi Grammaire française et impertinente, avec Catherine Jacob,
Arithmétique appliquée et impertinente, avec Jean-François Balmer, Sciences naturelles et
impertinentes, avec Claude Piéplu et Je vais t’apprendre la politesse, p’tit con, avec Catherine
Frot. Jean-Louis Fournier réalise aussi des films d’art dont Le Romantisme avec Marcel Brion,
Klimt (Grand Prix du Asolo Art Film Festival) et Egon Schiele pour lequel il reçoit un Sept d’Or.
Il est aussi réalisateur de fictions notamment L’Or du diable 6 x 1 h dans laquelle il dirige
Jean-François Balmer, Arielle Dombasle et Michel Aumont.
Avec ses essais humoristiques, Jean-Louis Fournier rencontre un succès immédiat. Dans
Arithmétique appliquée et impertinente, il apprend au lecteur à calculer le poids du cerveau
d’un imbécile ou la quantité de caviar que peut acheter un smicard ! Dans un même registre,
sa Grammaire française et impertinente conjugue culture et absurde. Jean-Louis Fournier
consacre également deux ouvrages à son enfance. Il aborde l’alcoolisme de son père dans Il a
jamais tué personne mon papa et obtient le prix Femina 2008 pour Où on va papa ?, une
évocation émouvante du handicap de ses fils.
« …On avait, au fond de la cour de la maison, un poulailler, et c'était toujours papa qui
tuait les poules. Ça commençait comme une opération à cœur ouvert. Il préparait un
bistouri, nous on regardait, impressionnés, notre père dans son métier de docteur. Il
attrapait la poule, il la coinçait dans ses genoux et couic, un coup de bistouri. Mais une
fois sur deux, il loupait son coup, parce qu'il tremblait à cause de tous les coups qu'il
buvait, et la poule, elle se sauvait avec un bout de tuyau qui lui pendait au cou et qui
pissait le sang. Alors papa essayait de rattraper la poule, il la poursuivait en disant des
gros mots, il n'y arrivait pas et il ne voulait pas qu'on l'aide. A la fin, il prenait une
grosse pierre ou une brique, et il visait la poule, mais il la loupait. Ça se terminait mal
pour tout le monde, surtout pour la poule. Le soir, on n'avait pas très faim, la poule au
riz avait un drôle de goût… »
La concrétisation du projet
J’ai gardé ce projet plusieurs années dans un tiroir, sentant qu’un temps de
maturation était nécessaire avant de le mettre en œuvre et ne sachant pas vraiment
sous quel angle l’aborder, jusqu’à ce que j’entende une voix… Pas une voix divine
descendue des cieux, mais celle de Christophe Malvault, avec qui je partage la scène
dans « Abattoir », d’Anne Théron et Claire Servant (Cie Les Productions Merlin). La pièce,
basée sur des témoignages réels, traite des conditions de travail des ouvriers sur les chaînes
d’abattage, des dégâts physiques et psychologiques qu’elles occasionnent.
La voix grave et posée de Christophe m’a tout de suite frappé : elle a la capacité de rendre un
texte d’autant plus fort qu’elle énonce les pires horreurs avec une douceur infinie.
J’ai alors su que j’avais trouvé l’interprète principal de la pièce, et un angle possible pour
aborder le registre de jeu.
L’adaptation du texte : de l’écrit à l’oral
Christophe a lu et aimé le texte, à tel point qu’il m’a proposé de faire une
première sélection de chapitres par regroupements thématiques, de façon à
recentrer l’histoire sur la personnalité du Dr. Fournier, sur sa famille et sur
son entourage (patients, copains de comptoir, habitants du quartier…).
Cette version m’a séduit et nous a apporté une première base de travail :
D’abord le docteur Fournier est présenté à l'extérieur de son domicile, comme le voient les
habitants du quartier (sa raison sociale, ses vêtements, les péripéties de sa voiture) puis
évidement au bistrot. La tonalité est plutôt drôle, quoique certains passages sont inquiétants
(sous l’emprise de l’alcool, il brûle sous les yeux de sa famille l’argent qu’il a gagné) ou
douloureux (ses tenues vestimentaires peu orthodoxes déclenchent des moqueries).
On le retrouve ensuite chez lui : d'abord dans l'intimité familiale, avec ses excentricités
proches de la folie, ensuite spécifiquement dans son rapport conflictuel avec sa belle-mère,
puis dans des situations plutôt déconcertantes (il se met en scène dans de faux suicides) et
enfin dans son rituel du retour à la maison, lorsqu'il est « bien fatigué » (saoul). La tonalité,
bien que parfois comique, est nettement inquiétante, voire menaçante.
On poursuit avec une partie plus neutre, qui apporte un contrepoids à son regard d’enfant.
Elle traite des conséquences sociales de l'alcoolisme du père sur les patients, qui s'adaptent,
et sur les bourgeois de la ville, qui condamnent.
La dernière partie concerne la maladie du père, son maintien forcé à la maison, l'illusion d'une
famille unie et le décès. La tonalité est émouvante, mais laisse entrevoir des sentiments
ambivalents (le constat que la vraie famille du père, c'est le bistrot, la rancœur envers le père
après sa mort).
Bien entendu ces choix ne sont pas définitivement arrêtés et pourront être réajustés en cours
de création.
Après une première lecture à voix haute par Christophe Malvault, quelques adaptations de
style ont été effectuées, avec l’accord de l’auteur. Le côté enfantin très marqué a été conservé.
Cependant le texte contient de multiples répétitions de l’expression « mon papa, il… ». Pour le
lecteur elles sont un leitmotiv efficace et elles rythment le récit. Curieusement, ces répétitions
alourdissent le texte et lui enlèvent de sa force quand celui-ci passe à l’oral. Je l’ai donc en
partie allégé de cette formule.
Pour apporter différentes couleurs au texte et rythmer le jeu de scène, certaines situations
décrites sont passées du mode « récit » au mode « jeu/situation ». Elles ont donc été
dialoguées, et nous permettront de varier les niveaux de récit.
Ces saynètes favoriseront l’introduction de changements de plan et d’échelle visuelle,
permettant notamment la manipulation d’objets détournés qui deviendront, pourquoi pas, des
personnages sur table.
« …Une nuit, on a entendu du bruit dans la cour, puis quelqu'un qui criait. C'était papa,
il avait décidé d'aller dormir dehors. Il s'était allongé sur le tas de bois, dans la cour, et il
s'était endormi. Mais, en pleine nuit, il s'était réveillé et, en remuant, il avait fait tomber
les bûches, elles roulaient et lui tombaient dessus, alors il était en colère et il jurait,
comme le capitaine Haddock, mais en pire. Il a réveillé toute la maison. Il engueulait les
bûches, il a dit aussi plusieurs fois « nom de Dieu ». Il disait tous les gros mots qu'on
n'avait pas le droit de dire…
- La grand-mère, essayant de couvrir les insultes : priez, mes enfants, priez pour le
salut de son âme !
- Le père : Ta gueule !
… Il n'était pas toujours très poli avec bonne-maman...
- Le père : vieille grenouille de bénitier, allez donc coucher avec vos chanoines ! »
… Nous, on ne comprenait pas ce que ça voulait dire, mais bonne-maman, elle devait
comprendre...
- La grand-mère, enchainant compulsivement des signes croix : Vous… vous irez rôtir
en enfer !
- Le père : tant mieux, je m'amuserai bien mieux en enfer qu'au paradis ! Au lieu de
faire dire des messes et de donner de l’argent au curé, donnez-le moi directement, je
dirai la messe moi-même !
…Il devait penser au vin de messe…
…Quelquefois, quand il était énervé ou en colère, il appelait la police. Les gendarmes
venaient toujours et ils essayaient de calmer papa qui leur disait des bêtises…
Apparition des gendarmes.
- Un gendarme : Gendarmerie nationale. Qu’est ce qui se passe encore ici ?
- Le père : elle a voulu me violer !
… Je ne savais pas ce que ça voulait dire, mais ça devait être un truc grave. J'avais vu
le mot dans un journal, je crois que c'était tuer une femme, mais en plus grave.
- Un gendarme : vous êtes fatigué, monsieur, allez vous reposer...
…Je voyais bien qu'ils avaient envie de rigoler, mais ils n’osaient pas devant bonnemaman qui était très en colère. Souvent, elle excusait papa quand il était fatigué, mais
cette fois-là, je crois qu'elle n’avait pas envie de lui pardonner… »
Le parti pris central - le travail avec les objets - la scénographie
Plutôt que d’installer le personnage dans une situation d’adresse permanente et
directe au public, j’ai préféré imaginer un espace de jeu abstrait dans lequel se
matérialisera la mémoire du narrateur.
Le spectateur assistera à son cheminement intérieur : arrivé à l’âge adulte, il fait
un bilan, pose un regard lucide, bienveillant mais quelque fois amer sur son
enfance. Il reconstruit l’image de son père en posant un regard d’enfant sur son passé.
Le récit sera renforcé par l’apparition inattendue et la manipulation à vue d’objets à
l’esthétique affirmée (jouets, miniatures, objets du quotidien ou médicaux détournés de leur
usage, maquettes, etc.). Ils concrétiseront la résurgence des souvenirs du narrateur et les
associations d’idées qui traversent son esprit. Ils serviront parfois à incarner certains
personnages. Leur agencement pourra aussi créer ponctuellement des tableaux qui
souligneront ou décaleront le propos.
La scénographie, modulable et intemporelle tranchera avec le côté coloré des objets
manipulés. Elle sera constituée de paravents, de consoles, d’une table et de chaises aux
couleurs neutres, aux formes géométriques et emboitables comme un jeu de construction.
Pour aller plus loin dans la manipulation à vue, je souhaite inclure sur le plateau les consoles
techniques. J’ai donc proposé à Edith Gambier, qui a la particularité d’avoir la double
casquette de comédienne et de technicienne du spectacle, de rejoindre le projet comme
créatrice lumière et interprète.
Elle s’occupera, seule ou avec son partenaire, de la manipulation des objets, des modifications
de la scénographie, des lumières et du son. Rythmées (chorégraphiées ?) et ludiques, ces
transformations du plateau souligneront encore le côté enfantin du récit.
Edith apparaîtra dans quelques scènes dialoguées et prêtera sa voix à certains personnages.
J’ai également l’intuition que l’image de la mère du narrateur, qui porte sa famille à bout de
bras et tente de maintenir le vernis social qu’on attend d’une famille de médecin, doit être
présente sur le plateau. Edith l’incarnera ponctuellement.
Nous devrons donc trouver des codes de jeu assez clairs pour que le spectateur fasse
facilement la distinction entre la comédienne en situation de jeu et la technicienne,
manipulatrice « neutre » des objets et du décor.
Pour certaines séquences, notamment celles de la fin, ou la tonalité est plus grave, l’utilisation
de techniques simples de rétroprojection, ou de projection d’ombres et de silhouettes est
envisagée. Une fois encore, toutes ces idées sont à mettre à l’épreuve du plateau.
La pièce étant conçue à l’aide de procédés au rendu esthétique différent, nous serons vigilants
à ne pas proposer un catalogue d’effets juxtaposés. L’enjeu de ce travail sera de trouver une
cohérence dramaturgique générale.
Nous n’oublierons pas non plus de faire confiance au texte et à ses qualités premières :
émouvoir et faire sourire. Je ne perds pas de vue qu’une parole s’entend parfois d’autant
mieux qu’elle est simplement dite par le comédien, sans artifice de mise en scène.
Ce spectacle ne sera donc pas construit comme un monologue, mais plutôt comme un
enchaînement de situations imagées et poétiques encadrant la parole du narrateur :
construire et déconstruire des espaces, des images et des situations, comme autant de
souvenirs à explorer, à déformer, à réinventer… Car ce qui est en jeu dans ce texte, ce n'est
pas seulement "la fatigue" du père et ses conséquences, mais c'est aussi, en creux, la
confrontation de l’individu à la mémoire et à la survie.
Exemples de travaux de silhouettes effectués par Dinaïg Stall en septembre
2011 (Commande de la bibliothèque départementale de la Sarthe).
Mise en espace avec des ombres dans le cadre d'un après-midi-rencontre avec le
dessinateur de la bande dessinée The walking dead.
L’ambiance sonore
Le travail du son se fera dans la continuité des manipulations à vue évoquées
précédemment : certains bruitages concrets faisant écho au récit seront fait en
direct, d’autres seront enregistrés et diffusés sur un petit magnétophone
(notamment lorsque le changement d’échelle visuelle d’une scène nécessitera un
changement d’échelle sonore).
Les changements de plateau se feront en musique, diffusée par des enceintes : je souhaite
utiliser des chœurs d’enfants et notamment « This little babe » extrait de Ceremony of Carols
de Benjamin Britten. Ce chant au rythme enlevé se décale progressivement dans un canon à
six voix. Son côté religieux resituera le cadre catholique dans lequel évolue la famille, sans
l’appuyer. L’effet d’écho saisissant, dû aux voix superposées se prêtera à l’accompagnement
des modifications du plateau.
« …Papa aimait bien se suicider. Il l'a fait plusieurs fois. Il se suicidait souvent le
dimanche, à midi, quand tout le monde était là, de préférence quand c'était un repas de
fête. Il prenait un bistouri, et il se coupait une veine à la saignée du bras. Il mettait en
dessous son haricot pour ne pas salir la nappe. Au début, on avait un peu peur, on ne
voulait pas qu'il meure. Maman, qui était habituée, faisait semblant de rien, elle
continuait à nous parler. Pendant que le sang coulait, elle nous demandait des nouvelles
de l'école, de nos camarades... Papa, qui voyait qu'on ne s'intéressait plus à lui,
commençait à s'inquiéter et il partait en vitesse dans son cabinet pour se mettre un
pansement. Après, quand il recommençait, on n'avait plus peur. On s'était habitués, on
savait que c'était pour rire... »
L’équipe artistique et technique : trois parcours atypiques
Régis Roudier - mise en en scène, dramaturgie et adaptation du texte.
Son parcours artistique débute par le théâtre amateur dans un petit village du Limousin. Il
participe de 1990 à 2002 à de nombreuses créations collectives à partir de textes
contemporains (Noëlle Renaude, Normand Chaurette, Hervé Blutch, Daniel Danis…), au sein
de la compagnie Peer Gynt, plusieurs fois récompensée lors de festivals nationaux de théâtre
amateur.
Il découvre la danse contemporaine en 1991 à l’Université de Poitiers et fait partie pendant 6
ans du Groupe de Recherche Chorégraphique Universitaire dirigé par Isabelle Lamothe
(créations sous la direction d’Odile Azagury, Dominique Petit, Jacques Patarozzi, Jackie
Taffanel…)
En 1999, il découvre l’improvisation-spectacle et se forme auprès de Claire Filmon, Julyen
Hamilton et Karim Sebbar.
En tant que spectateur son goût le porte naturellement vers des spectacles à la croisée des
disciplines. Son parcours professionnel suit le même chemin :
Il collabore à la Compagnie Du Coq à l’Âne – Danièle Virlouvet comme acteur/manipulateur
pour les spectacles Ô Nuit ! en 2002 et Ce qui apparaît en 2005.
Il enrichit son chant d’expérience avec la Compagnie Lapi-Lazuli - Cécile Magnien dans Bricà-Bal, (Bal moderne, danse traditionnelle et contemporaine, 2004), puis Les Fêlés (danse et
théâtre corporel pour la rue, en 2006).
De 2004 à 2011 il est interprète au sein de La compagnie La Caravane K - Karine Jamet
dans Aquatik, pour une centaine de représentations (danse et manipulation d’objets pour les
1- 6 ans), assistant chorégraphique/interprète dans Eskale (pièce pour danseurs et acrobates)
et participe à de nombreux Ponktuels (performances commandées pour des lieux non dédiés à
la danse).
Depuis 2003, il collabore à la Compagnie Le Bruit du Frigo – Dinaïg Stall (marionnettes,
théâtre) et participe à Bêtes humaines, (théâtre masqué, spectacle de rue, 2003), Corps
Contondants (théâtre/ombres, 2004-2005), Le Cadeau (théâtre/marionnettes, 2009).
En 2006, Le Bruit du Frigo lui confie en cours de création la mise en scène d’Ici ou là,
(théâtre corporel et formes animées pour les 1-5 ans)
Depuis 2008, il est comédien pour la Compagnie Les Productions Merlin – Anne Théron
dans Abattoir puis Andromaque, 2010, d’après Racine, dans le rôle de Pylade (tournées en
cours).
Il intervient régulièrement en milieu scolaire et milieu spécialisé (handicap mental) ou la
variété de ses expériences artistiques est mise à profit lors d’ateliers et de créations.
Christophe Malvault - interprétation, adaptation du texte.
Dès l’âge de 17 ans à Paris, il exerce de nombreux emplois dans des domaines très différents :
manutentionnaire, modèle nu (photo et vivant), répétiteur de français, réceptionniste de jour
et de nuit dans des hôtels de luxe, vigile, vendeur de luminaires, figurant de cinéma, voix off
(publicité, doublage), responsable d'un service relation clientèle, habilleur en cabaret de striptease, assistant fleuriste…
Bien que passionné de danse depuis l'adolescence, il ne commence à danser lui-même qu'à
partir de 30 ans, au sein de l'atelier de recherche chorégraphique La Face Cachée, qui s'est
produit dans de nombreux lieux et festivals du Poitou-Charentes, en présentant des créations
sur les thématiques du genre et des sexualités.
Parallèlement à cette expérience collective, il se forme à la danse contemporaine auprès de la
Cie Alice Delux - Claire Servant et participe régulièrement en tant que danseur aux projets
de reprise de pièces emblématiques du répertoire de danse contemporaine.
Il suit également un cycle de cours danse et théâtre au C.R.R. de Poitiers avec Catherine
Meyer, et participe à de nombreux stages.
A partir de 2008, il commence à se produire en tant qu'artiste dramatique et danseur
professionnel. Il collabore notamment aux créations de la Cie Les Productions Merlin - Anne
Théron : Abattoir en 2008, puis Andromaque, 2010 dans le rôle de Phoenix (tournées en
cours).
Depuis 2007, il se forme à la danse butô, auprès du danseur, chorégraphe et pédagogue
Gyohei Zaitsu. Il participe à ses performances et ses créations, notamment Toilettes pour
tous, au festival de butô du Centre Culturel Bertin Poiret (Paris, 2010) ; ou Balade butô, dans
des sites mégalithiques du Morbihan (2010 - 2011). Il collabore avec d'autres danseurs de
butô (Maki Watanabe, Marie Dubot, Gaëtan Sataghen).
Il effectue régulièrement des performances en solo dans divers lieux, notamment un solo
intitulé L'olifant, créé en 2008.
Écrivain depuis l'adolescence, il a publié textes et poésies dans différentes revues. Depuis les
années 2000, il anime des ateliers d'écriture, après une initiation par Nathalie Goldberg, et
un apprentissage auprès du poète de la Beat Generation Allen Ginsberg.
En complémentarité de son activité artistique actuelle, il est consultant en actions de santé,
auprès de professionnels intervenant sur des thématiques de prévention et de promotion de la
santé (VIH, cancérologie, nutrition, addictions, précarité, santé mentale) Il a récemment
travaillé sur la prévention du suicide chez les jeunes avec le professeur Marcel Rufo.
Edith Gambier - interprétation, création des lumières et manipulation.
A partir de 1990 à Paris, elle travaille comme régisseuse lumière pour le théâtre (Cie des Ours,
Robert Cantarella...), la musique (Tom Novembre), les One man show (Jean-Jacques
Vannier, Anne Roumanoff...) ou encore le théâtre de marionnette (Cie Agitez le bestiaire).
En 1996 elle suit des cours de chant et décide de passer de l'autre coté de la scène.
Elle s'installe à Poitiers en 1997 et se forme comme comédienne avec Paul-André Sagel
(clown), Claire Lasne-Darcueil, Richard Sammut, Laurent Enjary, Richard Brunel, Isaacs
Haim (improvisation sonore)...
En 1999 elle rejoint la Cie La base - Dorothée Sornique dont le travail exigeant et original lui
fait découvrir d'autres possibilités de jeux. Elle interprète Katarina dans Angelo tyran de
Padoue. Elle rencontre ensuite Jean-Philippe Ibos (Cie l’Atelier de mécanique générale et
contemporaine, Bordeaux) et participe à plusieurs créations dont Mobylette qui se jouera
plus de 200 fois, Les petits écrasés par les gros ou Histoire de la femme transformée en gorille.
Elle participe à plusieurs créations jeune public : Rosalie, spectacle sous forme de feuilleton
social avec La Clique d'Arsène en 1998, « Aquatik » en 2002 avec La Caravane k - Karine
Jamet (danse, conte et manipulation d’objets pour les 1- 6 ans). Elle signe le conte présent
dans le spectacle.
Elle joue dans Un soir à Poitiers (2006-2007) et Les Durand (2010) orchestrés par Claire
Lasne-Darcueil, directrice du CDPC.
Elle approfondit son travail avec la Cie La base - Dorothée Sornique, qui l'entraine en 2008
dans l’épopée théâtrale XX, histoires de choeurs et d'individus.
Depuis 2008 elle est comédienne pour la Cie Les Productions Merlin - Anne Théron dans
Abattoir puis Andromaque, 2010 dans le rôle de Cléone (tournées en cours).
Dans le même temps elle travaille toujours comme régisseuse et éclairagiste, pour la musique
contemporaine avec le Knaben Ensemble, pour Mahé Frot (Rue du Bourrier, spectacle
écologique, pour tout public, 2007) et pour Pascal Peroteau (Ça m'énerve!, concert pour
enfants, 2011)
Elle intervient également en milieu scolaire (création d’une variation sur les fables de la
Fontaine en 2009 avec une classe de 4ème) et enseigne depuis 2010 la pratique de la scène, au
CESMD de Poitiers.
« …Un jour, j'ai été en voiture avec mes parents. La voiture, c'était une Simca 5, avec
seulement deux places. Moi j'étais assis derrière sur le plancher, là où on met les
valises. De toute façon, j'étais pas plus grand qu'une valise. Je les voyais tous les deux.
Papa était gentil avec maman, il la faisait rire. Je les avais tous les deux pour moi tout
seul, je crois que je n’ai jamais été aussi heureux que ce jour-là. Je me souviens que
maman s'est retournée un moment pour me regarder, elle m'a dit :
La mère : « Tu es heureux d'être avec nous ? »
J'ai rien répondu, elle voyait bien que j'étais le plus heureux des enfants. Je me suis mis
à rêver que ça pourrait continuer longtemps comme ça, toujours peut-être. Le bonheur,
c'était tout simple. Il suffisait que papa soit gentil, alors maman devenait heureuse, et
nous les enfants avec.
Le lendemain, il est rentré tard, très fatigué, il n’était plus gentil du tout, ce n’était plus
le même homme. Pour papa, ça ne devait pas être aussi simple que ça, le bonheur… »
Présentation de la compagnie
Née de la rencontre à l'Ecole Supérieure Nationale des Arts de la Marionnette de Cédric
Laurier et Dinaïg Stall, la compagnie Le Bruit du Frigo travaille à la rencontre de la
marionnette sous toutes ses formes - matériau brut, théâtre d'ombres et d'objets,
marionnettes de techniques variées - avec les autres disciplines artistiques, dans une optique
de transversalité et d'enrichissement mutuel – la marionnette étant elle-même au croisement
des arts de la scène et des arts plastiques.
La relation - à vue, sur scène - du vivant à l'inanimé, la force expressive de l'animation d'un
personnage fictif : voilà ce qui fonde le théâtre que nous défendons. Et dans cette magie qui
s'opère lorsque respire l'inerte, il nous semble que tous les publics peuvent se retrouver. Et si
certains de nos spectacles s'adressent plutôt aux tout petits, ou plutôt aux très grands, nous
espérons toujours que c'est en restant sensibles aux autres âges.
Dans ce théâtre où le mouvement fait la vie, nous sommes particulièrement attentifs au corps
et à ce qu'il raconte, avant même les mots. Et quoi qu'il arrive, jamais nous n'oublions l'image.
Qu'est-ce qu'on dit, qu'est-ce qu'on montre? Qu'est-ce qu'on raconte, qu'est-ce qu'on incarne?
Qu'est-ce qu'on représente, qu'est-ce qu'on signifie ? Voilà des questions que nous aimons
nous poser, et que nous aimons inviter d'autres artistes à se poser avec nous...
Contacts
Le Bruit du Frigo
Maison des Trois Quartiers
25 rue du général Sarrail
86000 Poitiers
06 68 71 35 62
[email protected]
www.lebruitdufrigo.com
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