photo L`encéphalomyélite 30 juin 2008

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L’encéphalomyélite infectieuse aviaire
Jean-Luc Guérin, Cyril Boissieu
Mise à jour : 30.06.08
L’encéphalomyélite infectieuse aviaire est une maladie infectieuse affectant essentiellement les
jeunes volailles. Cette maladie avait une réelle importance économique jusqu’à l’apparition de la
vaccination, qui a considérablement diminué son impact.
En anglais : Avian encephalomyelitis
L’agent de la maladie et son pouvoir pathogène
L’encéphalomyélite infectieuse aviaire est due à un virus de la famille des Picornaviridae, virus à
ARN. Actuellement, ce virus est assimilé au genre Hepatovirus ; il est donc proche du virus de
l’hépatite A. Il s’agit d’un virus de petite taille, 20-30 nm de diamètre. Il ne semble pas exister de
variant antigénique.
Le virus est très résistant dans le milieu extérieur, mais il est sensible à la plupart des désinfectants
usuels.
Le virus se multiplie à 2 niveaux : dans l’intestin et dans le système nerveux. Il se multiplie tout
d’abord dans le duodénum. Il y a ensuite une phase de virémie et le virus se propage aux viscères et
aux muscles. En cas de réponse immunitaire tardive, le virus peut toucher le système nerveux.
Si la poule reproductrice est infectée ou vaccinée, elle peut transmettre à sa descendance des
anticorps neutralisants protecteurs qui vont protéger les poussins pendant environ 3 semaines.
Les données épidémiologiques
La maladie se déclenche sur des animaux de moins de 3 semaines, parfois jusqu’à 6 semaines. Les
oiseaux contaminés après 3 semaines d’âge ne développent pas la maladie, sauf les pondeuses.
La maladie se rencontre chez la poule, le faisan, la caille et les dindonneaux.
La transmission de l’encéphalomyélite est essentiellement verticale, avec une excrétion virale dans
l’œuf pendant 13 jours environ après l’infection. L’incubation de la maladie chez les poussins est alors
de 1 à 7 jours.
La transmission peut aussi être horizontale chez les adultes ou chez les poussins qui viennent
d’éclore en contact avec des poussins contaminés (transmission possible dans l’éclosoir). L’incubation
est alors de 11 jours. Le virus est excrété dans les fèces et l’infection a principalement lieu suite à une
ingestion de matériels contaminés. La durée de l’excrétion dans les fientes est variables, de 2
semaines pour les très jeunes à 5 jours chez les oiseaux infectés après 3 semaines.
Les manifestations cliniques de la maladie
Symptômes chez les poussins
La maladie se manifeste surtout chez les jeunes de moins de 3 semaines. Chez les sujets
contaminés dans l’œuf les signes sont non spécifiques et on observe une légère augmentation de la
mortalité dans les 10 premiers jours de vie. Les oiseaux contaminés à l’éclosion ou après expriment
les signes vers 2-4 semaines. Ils présentent une ataxie musculaire progressive. Les poussins restent
assis sur leurs articulations tibio-métatarsienne, se déplacent de moins en moins et présentent des
tremblements de la tête et du cou. La mortalité varie de 25 à 50% selon la souche et la virulence du
virus. Les survivants présentent un retard de croissance et de la cataracte. On observe parfois de
l’ataxie et de légères paralysies sur des oiseaux de 6 semaines
Symptômes chez les reproducteurs
L’encéphalomyélite se manifeste chez les oiseaux en ponte par une chute de ponte. L’atteinte en
début de ponte provoque une faible chute mais la remontée est longue et incomplète. L’atteinte en
cours de ponte provoque une chute brutale avec un retour rapide à la normale en 2 semaines. On
observe aussi une baisse de la fécondité et de l’éclosabilité des œufs à couver.
Lésions
Chez les reproducteurs, on ne remarque qu’une cataracte (éventuellement). Chez les poussins, on
pourra voir des foyers blancs dans les muscles du gésier. A l’histologie, on remarque des infiltrations
lymphocytaires dans le proventricule, le gésier et le pancréas, et parfois au niveau du cerveau, une
encéphalomyélite non purulente disséminée, caractérisée par des manchons périvasculaires.
Le diagnostic
Diagnostic clinique
La clinique peut orienter sur l’encéphalomyélite avec les signes de tremblements et éventuellement,
de paralysie flasque, sur des poussins de moins de 3 semaines. L’autopsie ne montre pas de signe
caractéristique.
Diagnostic de laboratoire
On peut faire des analyses virologiques sur des prélèvements de cerveau, de pancréas, de
duodénum, sur le sac vitellin d’embryons de 5-7 jours, ou sur culture cérébrale d’embryon par
immunofluorescence. L’histologie est un examen de choix. Des méthodes sérologiques permettent
d’évaluer le niveau d’anticorps chez les reproducteurs. Des analyses moléculaires (RT-PCR) sont
possibles, mais réservées à quelques laboratoires spécialisés.
Diagnostic différentiel : encéphalomalacie (carence en vitamine E/Se), maladie de Marek, maladie
de Newcastle, carences en vitamine B1, intoxications, aspergillose (signes nerveux sur les poussins).
La prévention et le contrôle de la maladie
Il n’y a pas de traitement spécifique. Il peut être conseillé d’isoler les animaux malades.
On vaccine les reproducteurs 4 semaines avant l’entrée en ponte afin de protéger les poussins. Il
s’agit d’un vaccin à agent vivant atténué. La vaccination se fait par voie orale dans l’eau de boisson.
A retenir :
Dans quelle circonstance suspecter l’encéphalomyélite infectieuse aviaire ?
« Poussin trembleur de moins de 3 semaines »
Quel est l’examen de choix pour confirmer une suspicion ?
« L’examen histologique du tissu nerveux + proventricule + gésier + pancréas »
Quelle est la voie majeure de prévention ?
« La vaccination des reproductrices quelques semaines avant l’entrée en ponte »
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