version pdf - Fédération Nationale des Troupes de marine

publicité
On trouve peut-être encore,
dans quelques foyers français,
des vestiges de la guerre de
1870 dont c’est le centième anniversaire : portraits de vieux
soldats, pièces d'uniformes,
fragments de boulets de fonte,
petits cadres renfermant quelques bribes du pain fabriqué
par les boulangers parisiens et
qui n'avait de pain que le nom.
Dans de nombreuses villes,
dans quantité de cimetières se
dressent des monuments aux
morts de cette guerre, aux
"mobiles" qui combattirent vaillamment, mal chaussés, mal
habillés, précairement armés.
On garde le souvenir des sièges, des bombardements. On a
célébré au cours de patriotiques manifestations, celui de Belfort qui ne capitula pas et dont le fameux lion de
Bartholdi symbolise, au pied du château, l'héroïque résistance, celui de Strasbourg dont les monuments et les
maisons jurent écrasés sous les bombes, enfin celui de Paris qui fut défendu par des centaines de milliers de
combattants et qui ne se rendit qu'à la dernière extrémité. Evoquons, en quelques phrases, ce que furent ces
épisodes militaires.
STRASBOURG
Après le désastre de Woerth, le 6 août 1870, qui consommait la perte de l'Alsace, tandis que la majeure partie des troupes du maréchal de Mac-Manon battait en retraite vers Chalons, des isolés appartenant à tous les corps de troupe venaient se réfugier dans Strasbourg. Dès le 8, la division Badoise
tentait un raid sur la place, espérant profiter de la confusion qui y régnait pour l'enlever sans coup férir.
Cette tentative échoua. Le général de division Uhrich, du cadre de réserve, avait été nommé gouverneur le 21 juillet précédent, et ne soupçonnait pas qu'il allait être obligé de soutenir un siège en règle
et particulièrement meurtrier. Les Badois
arrivèrent très vite sous les murs, ils furent
renforcés par la première division de réserve
et la division de landwehr de la Garde Prussienne.
Le commandement supérieur des assiégeants fut confié au général von Werder qui
disposa en outre de trente-trois compagnies
d'artillerie de siège (prussiennes, bavaroises, wurtembergeoises, badoises) représentant deux cents canons et cent mortiers,
et de quatorze compagnies de pionniers. En
tout, 60.000 hommes.
Le général Uhrich leur opposait un régiment
d'infanterie au complet, le 87ème, un bataillon
et le dépôt de chacun des 18ème et 96ème, un
régiment de marche d'infanterie à cinq bataillons, une Garde Nationale de quatre bataillons, et quatre bataillons de mobiles non
instruits. Une partie du 16ème régiment de
pontonniers était demeurée dans la place
après l'ouverture des hostilités avec les dépôts de trois régiments d'artillerie, dix batteries de la garde nationale mobile, quelque quatre cents douaniers, trois compagnies de francs-tireurs
et une flottille de la marine impériale. L'artillerie de la place comprenait quatre cent quarante pièces
de tous calibres, pour la plupart d'anciens modèles, armant les remparts et les ouvrages. Une centaine
seulement étaient des canons rayés se chargeant par la bouche et dont la portée était nettement inférieure à celle des canons ennemis. Les autres, à âme lisse, remontaient souvent aux temps de Louis
XIV et de Louis XV... Un bataillon de sapeurs-pompiers devait aussi participer avec courage à la résistance. L'ensemble formait une niasse peu cohérente d'une trentaine de mille hommes. Dans le conseil
de défense, autour du gouverneur, il y avait les généraux Moreno et Barrai, le contre-amiral Excelmans, les colonels Ducasse, Sabattier, Fiévet, Blot.
© FNAOM-ACTDM / CNT
1
Le préfet de l'empire fut remplacé par celui que nomma le gouvernement du Quatre-Septembre, Valentin, un Alsacien, ancien officier et ancien représentant du Bas-Rhin en 1848 à l'Assemblée, proscrit
du 2 décembre, exilé en Angleterre, qui réussit à pénétrer dans Strasbourg bloquée au cours de la dernière période du siège.
Le premier obus tomba le 13 août dans le faubourg de Saverne et, dès lors, chaque jour qui se succéda
jusqu'à la capitulation apporta sa part d'événements tragiques. La garnison effectua quelques sorties,
mais, le 17, la ville fut soumise au premier grand bombardement. Des obus tombèrent un peu partout,
même sur la cathédrale, sur des écoles. Le bilan de ces destructions fut sévère : la bibliothèque de la
ville, célèbre dans toute l'Europe, comportant des rayons entiers de manuscrits et d'ouvrages uniques,
fut réduite en cendres. Avec le Temple Neuf disparut la plus vaste des églises protestantes de la
ville, ses orgues splendides et ses peintures murales renommées. Le 26 août, la cathédrale et l'hôpital civil brûlaient, le lendemain c'était le tour du Palais de Justice. Des trains entiers arrivaient d'Allemagne, chargés de toutes sortes de gens qui venaient contempler l'incendie de Strasbourg. Puis les
pionniers allemands ouvrirent les parallèles, détournèrent une partie des eaux de l'IIl, malgré les sorties et les coups de main des francs-tireurs. Le 5 septembre, le général von Werder avait envoyé sa
cinquième sommation, repoussée comme les précédentes. Le 8, les immeubles de la place Broglie,
la mairie, la manufacture des tabacs étaient criblés d'obus. De plusieurs lieues à la ronde, la nuit, on
apercevait les lueurs de l'incendie sur le rouge desquelles se détachait la flèche de la cathédrale.
Les Prussiens avaient mis en service deux mortiers qui tiraient des obus de 200 kilogrammes avec
fusées incendiaires : pour l'époque, c'étaient des mastodontes... La ville était atteinte chaque jour par
sept mille projectiles.
Des délégués suisses réussirent à faire évacuer des femmes, des enfants, des vieillards,, mais le
bombardement ne se ralentit pas pour autant. Le 27 septembre, les officiers supérieurs du génie
déclarèrent au gouverneur que Strasbourg était à la merci de l'ennemi. Fallait-il condamner la ville à
être prise d'assaut ? Le conseil de défense reconnut que la résistance était parvenue à son ternie et
qu'il y avait lieu d'entamer des négociations. L'honneur était sauf.
Le 28 septembre, la garnison sortit avec les honneurs de la guerre et fut dirigée vers les camps de
captivité. Les Allemands firent leur entrée à midi et défilèrent au pas de parade sur la place Kléber.
La ville était en ruines, le bombardement avait duré trente et un jours, les batteries ennemies avaient
tiré 220.000 obus, les pertes civiles se montaient à 500 tués et 2.000 blessés, la garnison avait eu
2.500 hommes hors de combat.
Au mois d'août 1919, le Président de la République remettait à Strasbourg la croix de la Légion d'honneur : "Dans les rues ravagées par l'incendie, disait-il, la foule, ivre de douleur, s'était massée, depuis
qu'elle avait vu flotter le drapeau blanc sur la tour de la cathédrale. Elle sanglotait et suppliait qu'on
résistât encore. Il fallut que le général Uhrich démontrât que la situation était désespérée. Alors, sur
le passage des troupes, tout Strasbourg se précipita en pleurant et en poussant des cris de "Vive la
France...".
Le général von Werder fit connaître au
maire, M. Küss, qu'il exigeait que le
conseil municipal vint à sa rencontre et
lui remette les clefs de la cité sur un plateau d'argent. Küss, conservant tout son
sang-froid, répondit : "Vous pouvez
m'emprisonner, mais vous ne me ferez
pas commettre une telle lâcheté. Je
n'irai pas au-devant de vous, je ne vous
remettrai pas les clefs sur un plateau.
Vous êtes libre d'entrer en triomphateur
au milieu de nos rues et de nos édifices
en ruines, mais je ne réponds de rien. Si
vous avez cru trouver des amis et des
compatriotes dans les Strasbourgeois,
vos illusions seront vite dissipées... Nous
serons peut-être tués et brûlés, vous
êtes le nombre et la force, nous nous y
résignons".
Le général n'insista pas. Soixante-quinze ans plus tard, reprise de vive force par les troupes du
général Leclerc, menacée d'être évacuée par le commandement allié, le général de Gaulle et le
gouvernement se refusèrent à laisser subir à la vaillante cité les horreurs d'une autre capitulation et
le drapeau français ne fut pas amené.
© FNAOM-ACTDM / CNT
2
BELFORT
Les troupes françaises du général de Faîlly, qui avaient été concentrées en Haute-Alsace à la fin du
mois de juillet, l'abandonnèrent après les premiers revers et firent route vers le camp de Chalons. Il
ne restait pour ainsi dire plus personne entre Strasbourg et Mulhouse et la place de Belfort était
réduite à ses seules ressources. Le colonel du génie Denfert-Rochereau en prit le commandement.
La garnison, forte en tout de 17.000 hommes comprenait un régiment de marche d'infanterie à
deux bataillons, un bataillon de la garde nationale sédentaire et trois régiments de mobiles constitués avec des bataillons du Rhône, de la Haute-Saône et de Saône-et-Loire. Quelques compagnies du Haut-Rhin et des Vosges, des douaniers de Mulhouse, quelques artilleurs et sapeurs la
complétaient.
C'est le ler novembre 1870 qu'arriva la division prussienne von Treskow, libérée par la capitulation
de Metz, composée des troupes de la landwehr. Elle avait eu affaire à des francs-tireurs et aux habitants de Chatenoy qui s'étaient âprement défendus. Une colonne volante de Badois avait entrepris le
"nettoyage" du pays. A la fin du mois d'octobre, des combats s'étaient déroulés vers Souitz, ils
avaient été suivis de représailles, avec massacre d'otages.
On s'était battu à Burnhaupt-le-Haut, Soppe-le-Bas, Cernay. A Mulhouse, des ouvriers avaient
échangé des paroles "désagréables" avec des Poméraniens qui tirèrent sur eux. Le maire Jean Dollfus s'était interposé et s'offrant comme victime, avait obtenu, que la ville ne soit pas incendiée... Le
viaduc de Dannemarie sautait le 2 novembre au matin. L'investissement de Belfort commença quelques jours après.
Les fortifications avaient été construites par Vauban en même temps que celles de Neuf-Brisach
en vue de défendre les nouvelles frontières du royaume après le traité de Westphalie. II avait accumulé
dans la place un matériel considérable qui, en 1870, temps où les canons à tir rapide n'avaient pas encore fait leur apparition, servit à la défense. Ces canons à âme lisse, tirant des obus sphériques, avaient
déjà été utilises en 1814 et en 1815, lors des deux précédents sièges.
Denferl-Rochereau, dont le nom est resté célèbre dans nos fastes militaires, qui était né à
Saint-Maixent en 1823, avait été blessé à Malakoff comme capitaine, se trouvait être chef du
génie à Belfort depuis 1863. Il connaissait admirablement son terrain et avait déclaré : "Moi
vivant, Belfort ne se rendra pas". L'enceinte
proprement dite comprenait le Château, les
forts de la Justice, de la Miotte, des Barres,
surplombés par les hauteurs environnantes. II
les consolida en faisant établir des ouvrages extérieurs aux Hautes et Basses-Perches, à Bellevue, sur le front des faubourgs, fit organiser
les villages de Pérouse, Danjoutin, Cravanche,
le hameau de la Forge, le Mont, le bois de la
Miotte. Par d'habiles dispositions, il empêchait
l'ennemi d'aborder la ville par le sud, voie classique d'invasion que devait emprunter la première armée française en 1944. Il l'obligea à
venir par des directions où les attaques pouvaient être mieux contenues. Il avait huit millions de cartouches, six mois de rations de vivres, quatre de fourrage, disposait d'un troupeau de 1.000 bêtes à corne et 100 moutons.
Le siège devait durer trois mois.
Le premier engagement conséquent se produisit entre Roppe et Gros-Magny le 2 novembre
1870 et le blocus commença le lendemain.
Denfert-Rochereau aguerrit ses hommes en
leur faisant exécuter des séries de harcèlements, d'escarmouches, qui forcèrent les assaillants à demeurer dans une situation défensive. C'est le 20
seulement que ceux-ci reçurent leur matériel de siège en partie composé de canons pris à Strasbourg et
à Neuf-Brisach. La neige s'était mise à tomber et c'est sous une terrible tempête que l'on se battit pour la
possession du Mont. Le bombardement débuta le 3 décembre, les habitants se réfugièrent dans les caves.
Une épidémie de variole se déclara.
© FNAOM-ACTDM / CNT
3
L'église reçut plus de 1.500 obus, l'hôtel de ville plus
de 200. Les assiégeants avaient armé 53 batteries
représentant quelque 200 pièces nettement supérieures à celles de la place qui recevait 3.000
obus par jour. On se battait à Andelnans, Froideval, au bois de Bavilliers où les mobiles chargeaient à la baïonnette. L'une des bouches à feu
de Belfort, matériel rayé de 24, qui tira plus de
5.000 obus pendant le siège, surnommée "la Catherine" et dont la population connaissait bien la
voix, fut endommagée à plusieurs reprises et remise constamment en état. Après cinquante neuf
jours d'investissement et vingt neuf de bombardement, l'ennemi n'avait réalisé aucun progrès.
Dans la nuit du 7 au 8 janvier, un terrible combat
se livra à Danjoutin, à l'issue duquel les mobiles
du Rhône perdirent 150 des leurs et 800 prisonniers. Les jours suivants, les assiégés purent entendre le bruit des canons de notre armée de
l'Est, engagée à Villersexel, sur la Lisaine, à Héricourt, mais, finalement le bruit s'éloigna. Maîtres
de la région après Héricourt, les Allemands attaquèrent par le sud, concentrant leurs efforts sur
les Perches et sur le Château. Le 21, ils pénétraient dans Pérouse. Treskow avait reçu de Bismarck la consigne de prendre Belfort avant la signature des préliminaires de paix. Très éprouvés
par ce siège les hommes de Treskow avaient surnommé les ouvrages de la place Totenfabrik (la
fabrique à cercueils) et la ville Teufelsgruebe
(fosse du diable). Le 26 janvier, cinq de leurs bataillons attaquèrent les Hautes-Perches et les
Basses-Perches et furent repoussés laissant 220
tués et blessés sur le terrain, 225 prisonniers. Ces
PARIS
Tandis qu'un corps d'armée entier, le 13ème,
échappé au désastre de Sedan, battait précipitamment en retraite vers la capitale, la République y avait été proclamée le 4 septembre et les
députés de Paris s'érigeaient eux-mêmes en
gouvernement de la Défense Nationale dont le
général Trochu acceptait la présidence tout en
restant gouverneur et commandant des forces
militaires. Le siège était imminent. Une délégation gouvernementale se rendit en province et
s'établit à Tours. C'est seulement le 17 septembre que les IIIème et IVème armées allemandes entamèrent l'investissement du vaste périmètre des
© FNAOM-ACTDM / CNT
ouvrages furent évacués du 3 au 7 février. Du 9
au 13, le Château et le fort de la Justice furent
soumis à un terrible bombardement. Mais c'était la
fin. Le 12, Moltke avait notifié à Treskow la décision
de l'empereur Guillaume 1er de signer la reddition
de la place même si le gouverneur exigeait la libre
sortie de la garnison. Denfert refusa. Puis le gouvernement français l'autorisa à sortir, libre. Il y eut
suspension d'armes, lignards, mobiles et artilleurs
s'en allèrent, avec armes et bagages, les 17 et 18
février.
La ville était à demi détruite, les rues jonchées
de débris sur un mètre de hauteur, la garnison
avait perdu 2.500 hommes, 800 prisonniers,
1.600 blessés et malades étaient encore dans les
hôpitaux. Belfort avait reçu 450.000 projectiles :
mais elle allait demeurer française. Thiers, on le
sait, obtint la renonciation par le vainqueur à son
territoire en échange de l'entrée des troupes ennemies dans Paris. Ce lambeau d'Alsace forma une
division administrative à part qui existe encore.
La défense héroïque de BelFort a donc été symbolisée par le colossal lion, œuvre de Bartholdi, en
grès des Vosges, sur le rocher qui supporte le
château. Il a 16 m de haut, 21m de large, il est célèbre. Une réplique en moindres dimensions
s'élève à Paris sur la place qui porte le nom du défenseur de la ville. Belfort reçut la croix de la Légion d'honneur au 25ème anniversaire de sa résistance, le 19 avril 1896. Peu avant la guerre de
1914, le monument à la mémoire des Trois Sièges
1814, 1815, 1870 fut inauguré sur la place principale de la ville.
fortifications naguère établies par Thiers. Elles
venaient de Sedan et avaient perdu beaucoup de
temps à se regrouper. La IIIème armée devait tenir
la rive gauche de la Marne et de la Seine (de
Noisy-le-Grand à Saint-Germain par VilleneuveSaint-Georges et Versailles), la IVème à l'Est et au
Nord. Les effectifs ennemis étaient, au début de
150.000 hommes.
Les défenseurs étaient trois fois plus nombreux.
Paris devait être, en effet, défendu par des forces
considérables et ce fut la première des erreurs/
commises, peut-être même l'erreur capitale. Le
gouvernement parisien de la Défense Nationale,
la population parisienne, la garde nationale furent
persuadés que Paris était la France.
4
Ils y accumulèrent des moyens qui firent cruellement défaut ailleurs et qui auraient pu être utilisés pour créer une puissante armée de réserve
rassemblée dans le sud du pays et acheminée
ensuite au point le plus favorable pour opérer
une diversion. On assista à une dispersion des
efforts dont vinrent à bout les Allemands qui manœuvraient sur des lignes intérieures. Enfin, la
liaison entre le camp retranché et les armées de
province se révéla constamment défectueuse, la
plupart des décisions prises à Paris pour des
opérations de guerre l'étant sous la pression
d'émeutes qui mettaient le gouvernement en péril.
Le noyau des forces actives fut constitué, à l'origine, par deux corps d'armée de troupes régulières, les 13ème et 14ème. Vinrent s'y ajouter des for-
mations diverses : régiments de gendarmerie, de
douaniers, puis les dix-sept bataillons de garde
nationale mobile de la Seine et soixante-quinze
bataillons de la garde mobile des départements,
certains venus des Pyrénées. La marine fournit
douze bataillons de fusiliers et de canonniers, l'infanterie de marine quatre bataillons. L'artillerie
comprit quatre-vingt-quatorze batteries de l'armée
de terre, seize de la marine, quatorze de la garde
mobile. A ces éléments qui constituèrent les formations de manœuvre, il faut ajouter la masse de
deux cent soixante bataillons de la garde nationale
proprement dite, affectée au service des remparts
et dont la valeur militaire était à peu près nulle en
rase campagne. La défense du périmètre de la
capitale était répartie en deux commandements
(rive gauche et rive droite), cinq arrondissements
et neuf secteurs.
Lorsque cette immense troupe eût
trouvé quelque assiette, elle fut répartie
en trois armées : la première, commandée d'abord par le général Tamisier, puis par le général ClémentThomas, comprenait [es deux cent
soixante bataillons de la garde nationale, divisés en cinquante-neuf régiments. La deuxième, général Ducrot,
réunissait trois corps d'armée de troupes de ligne, les meilleures. La troisième, général Vinoy, comptait six divisions asse^ disparates de ligne et
de mobiles. Enfin, le corps d'armée
dit de Saint-Denis était sous les ordres du vice-amiral La Roncière le
Noury.
Les opérations furent excessivement décousues
et ne répondirent à aucun plan d'ensemble véritable. Il s'agissait d'organiser des « sorties » pour
donner la main à des 'troupes venues de l'extérieur, ou de manière à combiner ces sorties avec
des batailles livrées sur la Loire, dans le Nord ou
dans l'Est.
On ne peut que présenter une nomenclature des
actions de guerre qui se déroulèrent sur le périmètre parisien, combats épisodiques d'une part,
batailles de secteurs d'autre part avec des effectifs plus élevés, grandes batailles enfin dont aucune ne fut décisive. L'ennemi parvint toujours à
rassembler suffisamment de forces pour tenir tête
aux assiégés qui firent preuve de beaucoup de
courage mais qui ne purent trouver un champ de
bataille valable et suffisamment élargi pour rendre
une manœuvre possible.
Au mois de septembre 1870, on note le 17, le
combat de Montmesly ; le 19, celui de Chatillon ; les 22 et 23 ceux de Villejuif ; le 30 ceux de
l'Hay, Chevilly, Thiais et Choîsy.
Au mois d'octobre, le 13, les combats de Bagneux, Chatillon et Clamart ; le 21, celui de la
Malmaison ; le 28, le premier combat du Bourget, suivi d'un deuxième !e surlendemain 30.
© FNAOM-ACTDM / CNT
Au mois de novembre. Je 29, le combat de
l'Hay. Le 30, ceux de Thiais et Choisy, de
Montmesly et Créteil, d'Epinay-les-Saint-Denis
et la bataille de Villers-Coeuilly (première bataille de la Marne).
Au mois de décembre, les 2 et 3, la grande bataille de Champigny-Bry ; le 21, le quatrième
combat du Bourget ; les 21 et 22, ceux de Maison-Blanche et de Ville-Evrard. Le 27 commence le bombardement de Paris sur le front
Est.
Au mois de janvier 1871, le bombardement
s'étend au front Sud le 5 ; le 19, c'est la grande
bataille de Buzenval au cours de laquelle
90.000 hommes de troupes françaises (dont
42.000 gardes nationaux) ne peuvent venir à
bout de 25.000 Allemands. Inexpérimentée, la
garde nationale ne peut jouer le rôle de troupe
d'exploitation, la voie lui ayant été cependant
frayée par la ligne. C'est le dernier effort de la
garnison de Paris. Le 21 janvier, le bombardement se déclenche sur le front Nord. La population, affamée, apeurée, soumise au tir des batteries allemandes, donne des signes de lassitude.
Le 26, une suspension d'armes est signée pour
Paris seulement.
5
Le 28, signature de l'armistice dont l'une des clauses exige la capitulation de la place. Le 29, les Allemands prennent possession des forts, la garnison, prisonnière de guerre est désarmée (sauf la
garde nationale et une petite division de troupes régulières destinée au maintien de l'ordre) et
consignée dans ses quartiers. .Suit une période trouble pour la ville, l'organisation d'élections générales, l'assemblée nationale de Bordeaux et, le 26 février, la signature des préliminaires de Versailles que l'assemblée ratifiera rapidement.
Mais, du 1er au 3 mars, un fort contingent de troupes allemandes occupera partiellement Paris, campera sur les Champs-Élysées. Après l'évacuation, Guillaume 1er passera une grande revue sur l'hippodrome de Longchamp.
Le 18 mars, à la suite d'incidents survenus à Montmartre, dont le parc d'artillerie sera défendu par la
garde nationale toujours armée, Thiers prendra la décision d'évacuer la capitale et d'aller réformer
une armée (celle de l'ordre) à Versailles.
L'immobilité de l'armée de la Commune lui rendra la tâche aisée, et aussi le retour des prisonniers
des armées impériales, consenti par Bismarck, dont les vieux soldats seront formés en régiments
provisoires tandis que d'autres troupes viendront de province. Et ce sera le deuxième siège de Paris
qui prendra fin au mois de mai sur une répression sévère, sanglante.
Le 16 septembre 1873, les
dernières troupes allemandes (corps du général von
Manteuffel) évacueront les
territoires occupés et repasseront la nouvelle frontière.
Verdun avait été le dernier
gage de cette occupation.
On se rappellera peut-être
qu'en août 1914, comme
gage d'une neutralité éventuelle de la France dans le
conflit qui débutait avec la
Serbie et la Russie, l'Allemagne avait réclamé cette
même place de Verdun, devenue l'une des plus puissantes forteresses françaises.
Paris devait alors éviter un troisième siège, grâce
aux dispositions prises par un haut commandement plus avisé qui avait disposé de toutes ses
troupes actives et de réserve pour livrer la
grande bataille du début de septembre, ne laissant, comme garnison dans la capitale, qu'une
demi-douzaine de divisions territoriales.
gage de cette occupation. On se rappellera
peut-être qu'en août 1914, comme gage d'une
neutralité éventuelle de la France dans le conflit
qui débutait avec la Serbie et la Russie, l'Allemagne avait réclamé cette même place de Verdun, devenue l'une des plus puissantes forteresses françaises.
Paris, déclaré ville ouverte en juin 1940, devait
subir quatre années d'occupation et se libérer
elle-même, avec le puissant concours de la 2ème
Division blindée du général Leclerc, au cours des
journées d'insurrection des 19 au 24 août 1944.
Paris devait alors éviter un troisième siège, grâce
aux dispositions prises par un haut commandement plus avisé qui avait disposé de toutes ses
troupes actives et de réserve pour livrer la
grande bataille du début de septembre, ne laissant, comme garnison dans la capitale, qu'une
demi-douzaine de divisions territoriales. Paris,
déclaré ville ouverte en juin 1940, devait subir
quatre années d'occupation et se libérer ellemême, avec le puissant concours de la 2ème Division blindée du général Leclerc, au cours des
journées d'insurrection des 19 au 24 août 1944.
L'immobilité de l'armée de la Commune lui rendra la tâche aisée, et aussi le retour des prisonniers des armées impériales, consenti par Bismarck, dont les vieux soldats seront formés en
régiments provisoires tandis que d'autres troupes viendront de province. Et ce sera le
deuxième siège de Paris qui prendra fin au mois
de mai sur une répression sévère, sanglante.
Le 16 septembre 1873, les dernières troupes allemandes (corps du général von Manteuffel) évacueront les territoires occupés et repasseront la
nouvelle frontière. Verdun avait été le dernier
© FNAOM-ACTDM / CNT
6
Téléchargement