la porte des étoiles

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la porte des étoiles
le journal des astronomes amateurs du nord de la France
Numéro 29 - été 2015
29
A la une
Éclipse partielle de Soleil
GROUPEMENT D’ASTRONOMES
AMATEURS COURRIEROIS
Adresse postale
GAAC - Simon Lericque
12 lotissement des Flandres
62128 WANCOURT
Internet
Site : http://www.astrogaac.fr
E-mail : [email protected]
Les auteurs de ce numéro
André Amossé - Membre du GAAC
E-mail : [email protected]
Site : http://astroequatoriales.free.fr
Michel Pruvost - Membre du GAAC
E-mail : [email protected]
Site : http://cielaucrayon.pagesperso-orange.fr/
Simon Lericque - Membre du GAAC
E-mail : [email protected]
Site : http://lericque.simon.free.fr
Auteur : Simon Lericque
Date : 20/03/2015
Lieu : Warmeriville (51)
Matériel : APN Canon EOS7D,
hélioscope et lunette Orion 80ed
Edito
Il n’est pas dans nos habitudes de faire de la politique... Mais cette
fois, ‘‘ils’’ sont allés trop loin ! Comment est-il possible qu’en l’an
2015, l’obscurantisme et la bétise s’insinuent aussi sournoisement
dans nos écoles ? Comment peut-on donner comme consigne à des
enseignants de cloitrer les élèves dans une classe - de supprimer
récréations et sorties scolaires - alors que se déroule au-dessus de
leur tête l’un des plus fascinants spectacles que la nature puisse nous
offrir ? L’éclipse de Soleil du 20 mars dernier - puisque c’est de cela
dont il s’agit - est un phénomène astronomique dont le mécanisme
même est au programme des écoles et des collèges. Mais plutôt que
de développer un véritable projet pédagogique avec les enseignants et
leurs élèves, l’Éducation Nationale et son ministère ont préféré le sacro
saint principe de précaution. Heureusement, de courageux professeurs
ont tout de même tenu à montrer l’éclipse à leurs élèves malgré les
recommandations officielles... Bravo à eux ! Gageons qu’aucun gamin
n’aura perdu la vue après avoir observé l’éclipse du 20 mars dernier.
Sommaire
4...........................................................Le(s) procès de Galilée
par Michel Pruvost
L’équipe de conception
Simon Lericque : rédac’ chef tyrannique
Arnaud Agache : relecture et diffusion
Catherine Ulicska : relecture et bonnes idées
Fabienne Clauss : relecture et bonnes idées
Olivier Moreau : conseiller scientifique
Edition numérique sous Licence Creative Commons
14................................................L’histoire de la lunette Arago
par André Amossé
23�������������������������������������������������Histoires d’étoile : Arcturus
par Michel Pruvost
27������� Une soirée avec la 49 de l’Observatoire de Strasbourg
par Simon Lericque
31�������������������������������������������������������������� Souvenirs d’éclipse
Collectif
36����������������������������������������������������������������������������� La galerie
C’était au printemps
Conférence de Florent Deleflie à Villeneuve d’Ascq
• • • • ACTU DU GAAC
Visite du CEA à Saclay
Réunion technique Astroqueyras
21ème Nuit Noire du
Pas-de-Calais
Conférence de Simon Lericque à Mont Bernenchon
Signature de la charte ANPCEN
par la commune de Ferques
Conférence de Marc Lachièze-Rey à Hellemmes
Rencontres Astronomiques de
Courrières 2015
Exposition Mystérieuses
Aurores à Trilport
Nuit Astro de Grévillers du 13 juin 2015
Conférence d’Alain Ferreira
à l’Observatoire de Lille
Animations astronomiques au
collège de Lesquin
Rencontres Astronomiques du Printemps 2015
Exposition ‘‘Système solaire : portraits de
famille’’ à Noeux-les-Mines
Conférence d’Hubert Reeves à Lille
Ce sera cet été
Nuit des Étoiles 2015
Saint-Véran, le retour !
Assemblée Générale
Le GAAC vous donne rendezvous le samedi 8 août sur le site
de la Ferme Pédagogique pour la
traditionnelle Nuit des Étoiles.
Au programme, espérons-le, de
belles observations du ciel.
C’est reparti pour Saint-Véran !
L’équipe du GAAC montera à
l’Observatoire Astroqueyras du 6
au 13 septembre prochains pour
une mission dédiée aux galaxies
du Groupe Local.
L’Assemblée Générale du
GAAC se déroulera le vendredi
18 septembre à Courrières,
l’occasion de faire le bilan de
cette sixième année d’existence,
en toute convivialité.
Retrouvez l’agenda complet de l’association sur http://www.astrogaac.fr/agenda.html
• • • • HISTOIRE
Le(s) procès de Galilée
Par Michel Pruvost
d’après le livre d’Émile Namer ‘‘l’Affaire Galilée’’
L’arme du crime
Tout commence en juin 1609. Galilée est à Venise et c’est là qu’il
apprend qu’un artisan hollandais vient d’inventer une lunette capable
d’agrandir des objets lointains dans des proportions notables. Galilée
parvient à reproduire l’instrument et le présente au Sénat de Venise
suscitant l’étonnement de tous. D’emblée, la lunette est appréciée par
sa capacité à faire découvrir des navires fort éloignés du port et les très
nombreuses scènes de la vie vénitienne captées un peu partout dans
la ville depuis le sommet du campanile. Galilée souhaite en faire don
au Prince de Venise mais celui-ci n’acceptera pas, ne souhaitant pas
restreindre cet instrument au seul usage militaire. Toute cette publicité
faite autour de la lunette dite ‘‘de Galilée” permet à ce dernier de faire
face aux objections des nombreux sceptiques. Car, si le jour Galilée
intéresse les officiels avec sa lunette, le soir, depuis sa terrasse, il
observe le ciel et fait de stupéfiantes découvertes.
Une pièce à conviction
En mars 1610, Galilée publie “Le Messager Céleste”. Il y fait part de ses
découvertes astronomiques : “Ainsi l’évidence sensible fera connaître
à tous que la Lune n’est pas entourée d’une surface lisse et polie, mais
Galilée fait la démonstration de sa lunette
qu’elle est accidentée et inégale et, tout comme la surface de la terre,
recouverte de hautes élévations et de profondes cavités et anfractuosités. Mais ce qui passe en merveille
toute imagination et nous a surtout amené à nous adresser à tous les astronomes et philosophes, c’est d’avoir
découvert quatre étoiles errantes que personne avant nous n’avait connues ni observées.” Il s’agit des quatre
principaux satellites de Jupiter.
Galilée y fait aussi mention d’autres découvertes comme la nature de
la Voie lactée, des milliers de nouvelles étoiles et encore les phases de
Vénus. Tout cela l’a convaincu que le ciel n’est pas cette représentation
figée, parfaite et immuable qui était alors enseignée mais qu’il y a
communauté de nature entre la Terre et le ciel. Et puisque la Terre
est comme la Lune, éclairée par le Soleil, alors elle fait partie de ce
monde et comme les autres astres tourne sur elle-même et autour du
Soleil.
Alors que Copernic ou Giordano Bruno ne s’appuyaient que sur leur
seule intuition, Galilée invoque les découvertes faites avec la lunette
pour justifier et argumenter sa position. Il pense que le moment
est venu de balayer les anciennes croyances et de faire place à un
nouveau système du monde. Mais les réticences sont fortes. Le plus
grand philosophe de Padoue, Cremonini, un ami de Galilée, a refusé
de mettre l’œil à la lunette, argumentant qu’un tube métallique équipé
de deux lentilles ne pouvait remplacer la vue que Dieu avait donné
et qui, seule, permettait aux savants de fixer le nombre et les lois des
corps célestes.
La Porte des Etoiles n°29
Couverture du Sidereus Nuncius, le
Messager céleste
• • • • HISTOIRE
La préméditation
Fin août 1610, Galilée est de retour à Florence à la cour de Cosme II de Médicis.
À Venise, Galilée est trop occupé par ses charges pour se consacrer à son œuvre.
Il manque de temps. Il cherche donc à se rapprocher de la cour de Florence où il
pourra tout à loisir élaborer sa théorie héliocentrique du monde. La bonne nouvelle
tombe le 10 juillet 1610 quand il apprend qu’il est nommé mathématicien et
philosophe du Grand Duc de Toscane avec un traitement de mille écus florentins.
À Florence, Galilée reprend ses observations astronomiques. Il est grisé par ses
découvertes et il éprouve le besoin de les partager avec tous.
Son succès et la protection considérable que lui apporte son statut auprès des
Cosme II de Médicis
Médicis ne suffisent pourtant pas à désarmer ses ennemis qui l’accusent de
supercherie et d’hallucination. Il faut donc qu’il frappe plus fort. Son but est
maintenant d’obtenir la consécration officielle de son travail à Rome. Ses
amis le pressent de s’y rendre afin d’écraser tous les sceptiques au nombre
desquels on trouve un certain Ludovico delle Colombe, personnage intriguant
et retors qui, pour appuyer sa polémique contre Galilée invoque désormais,
au côté des théories aristotéliciennes, l’autorité des Écritures et l’interdiction
faite par le concile de Trente d’en interpréter le texte. Face à ses détracteurs,
Galilée a beaucoup d’amis. En décembre 1610, il reçoit l’appui de Clavius,
une des principales autorités romaines qui lui montre une grande admiration
et qui consacre ainsi le triomphe scientifique de Galilée.
Galilée se sent prêt et quitte Florence
pour Rome à la fin de mars 1611. Dès
son arrivée, il se rend chez les pères
La Riposte de Galilée contre
jésuites où il y rencontre Clavius. Il
Ludovico Delle Colombe
apprend qu’ils observent depuis deux
mois les nouvelles “planètes médicéennes” et il compare avec eux
les positions qu’ils trouvent en tous points semblables. Les jésuites
cherchent à déterminer les périodes de ces planètes mais s’accordent à
dire que la tâche est difficile. C’est un triomphe pour Galilée qui obtient
la reconnaissance officielle de l’exactitude de ses observations.
Durant le mois d’avril 1611, Galilée est l’invité d’honneur des
cardinaux et des princes. Il est reçu par le souverain pontife, Paul V. Il
rencontre le cardinal Maffeo Barberini, le futur pape Urbain VIII qui
deviendra un de ses plus grands admirateurs. Il est reçu par le Prince
Cesi à l’Académie dei Lincei. Enfin, en mai 1611, le père jésuite Ode
Maelcote fait une communication intitulée “Le message céleste du
collège romain” signifiant ainsi le ralliement des jésuites aux thèses
galiléennes.
Christopher Clavius
Un enquêteur aguerri : le cardinal Bellarmin
Roberto Francesco Bellarmino est un jésuite, archevêque de Capoue, cardinal et membre de l’inquisition
romaine. C’est lui qui a mené le procès de Giordano Bruno en 1600. Surnommé “le bastion de l’église”, il est
donc très sensible à ce qui touche la relation entre science et saintes écritures.
Alarmé par un manuscrit de Ludovico delle Colombe accusant Galilée d’introduire une hérésie nouvelle et
de donner une interprétation inexacte des écritures, le cardinal Bellarmin avait envoyé aux pères jésuites une
lettre afin de savoir exactement ce que la science pouvait réellement démontrer. Les jésuites lui avaient alors
répondu de façon claire et impartiale sur l’observation de nouvelles étoiles en particulier dans la Voie lactée, la
forme oblongue de Saturne, la croissance et la décroissance des phases de Vénus, l’aspect accidenté et inégal
La Porte des Etoiles n°29
• • • • HISTOIRE
de la Lune et enfin sur la présence incontestable des quatre
étoiles errantes autour de Jupiter. Rassuré par cette réponse,
le cardinal garda ses inquiétudes confidentielles, mais il
restait vigilant car dans l’ombre, les cabales continuaient.
On parlait maintenant des tâches solaires et les passions
s’exacerbaient tant dans un camp que dans l’autre.
Car, ce qui enflait et qui allait bientôt préoccuper
l’église, c’est que ces découvertes qui paraissaient de
moins en moins contestables, permettaient une nouvelle
interprétation du cosmos, une explication non pas basée
sur des écrits anciens mais sur une expérimentation à la
Le cardinal Bellarmin
portée de n’importe qui, fut-il correctement équipé. Galilée
a devant lui deux formes de résistances, celle de la science d’abord, attachée à la vision aristotélicienne du
monde, celle de la religion ensuite, attachée au dogme de la dualité entre le ciel et la terre.
Le crime
Dès la fin de 1611, alors qu’il est retourné à Florence, les attaques contre Galilée se font plus dures. Ludovico
delle Colombe a réuni autour de lui de très nombreux professeurs, tous aristotéliciens convaincus ainsi que
quelques personnages influents comme l’archevêque de Florence et fait donner des prêches enflammés contre
ses théories. Dans les années 1612 et 1613, la controverse enfle. A la fin de cette année, les arguments en
faveur du mouvement de la Terre sont interdits d’enseignement et d’exposition à l’université de Pise, là où
Galilée avait enseigné quelques années auparavant, tandis qu’à Florence, les Médicis affichent un soutien
indéfectible à Galilée, l’encourageant ainsi à répondre coup pour coup.
Galilée, à ce moment, se sent assez fort pour entrer dans le débat entre vérité des Écritures et vérité de la science. Il
rédige une lettre le 21 décembre 1613 à l’attention de son ami le père Benedetto Castelli pour établir carrément
la différence entre les Écritures et les découvertes de la science. Il y écrit notamment : “Dans l’écriture sainte
se trouvent des propositions qui, prises au sens nu des paroles, n’ont pas un aspect véridique : néanmoins,
elles sont utilisées parce qu’elles s’accommodent davantage à l’incapacité du vulgaire. S’il en est ainsi, il est
nécessaire, pour le petit nombre de ceux qui méritent d’être séparés de la plèbe, que les sages commentateurs
exposent les significations réelles de certaines propositions et expliquent les raisons pour lesquelles elles ont
été exprimées d’une façon particulière. Il s’ensuit donc, que l’Écriture sainte, en plusieurs passages, mérite et
même exige des exposés qui se distinguent de la signification superficielle, et donc que dans tout débat sur des
questions naturelles on ne devrait l’alléguer qu’en dernier recours.[...] Si donc l’Écriture, pour s’adapter à
l’entendement de la multitude, doit s’exprimer dans un langage qui, par la signification littérale, s’éloigne de
la vérité absolue, et si, au contraire, la nature inexorable et immuable, peu soucieuse que ses raisons cachées
et sa manière d’opérer soient ou ne soient pas accessibles à la compréhension des hommes, ne transgresse
jamais les lois qui lui ont été imposées, il s’ensuit que les effets naturels, qui résultent des expériences sensibles
ou des démonstrations nécessaires, ne doivent en
aucun cas être révoqués en doute, sous prétexte que
tel passage de l’Écriture aurait une signification
contraire, car la parole de l’Écriture n’est pas liée
à des obligations aussi sévères que les effets de la
nature […]. Cela posé, et puisque manifestement
deux vérités ne peuvent jamais se contredire, le
devoir des sages exégètes est de déterminer les
vrais sens des passages de l’Écriture, pour qu’ils
s’accordent avec les conclusions naturelles ;
conclusions qu’au préalable l’expérience sensible
et les démonstrations nécessaires auraient rendues
sûres et certaines à nos yeux...”
La Porte des Etoiles n°29
• • • • HISTOIRE
Il était impossible pour les théologiens d’accepter un tel discours. Le concile de
Trente interdisait la libre interprétation des Écritures qui détenaient, seules, la
vérité littérale, alors que la science ne fournissait que des constructions destinées à
sauver les apparences. Cette lettre de Galilée ne pouvait que susciter une violente
réaction.
Le 7 février 1615, le Père Lorini, un moine agissant dans la sphère d’influence
de Ludovico delle Colombe, adresse au cardinal Sfondrati, inquisiteur à Rome,
une lettre de dénonciation officielle et réglementaire. Il cite les passages et
les expressions affirmant que la Terre est mobile et le Soleil et le ciel fixes et
s’indigne de lire que les Écritures ne doivent s’occuper que des articles de foi
et non plus des choses naturelles. Il demande enfin aux autorités religieuses
d’intervenir :”Par conséquent, voyant que cet écrit passe par toutes les mains
Le cardinal Barberini
[...] et que les “galiléistes” prétendent présenter la Sainte Écriture à leur façon,
et contre l’interprétation des Saints Pères, et défendre l’opinion en tout contraire aux Écritures saintes, [...]
et sachant que l’on piétine la philosophie d’Aristote dont se réclame la théologie scolastique, en somme que
pour faire les beaux esprits, ils disent mille impertinences et les répandent par une ville si fidèlement attachée
à la foi catholique [...] j’ai donc pris la résolution d’en informer Votre Seigneurie Illustrissime afin que, [..]
elle tienne les yeux ouverts en semblable matière, et puisse, si le besoin s’en fait sentir, apporter les corrections
qu’elle jugera les plus appropriées pour éviter qu’une erreur minime au début ne finisse par grandir...”
Mais Galilée jouit toujours de solides appuis à Rome, notamment du cardinal Maffeo Barberini qui le met en
garde contre la tentation d’interpréter les Écritures, domaine réservé aux théologiens qualifiés. Le silence des
cardinaux et de l’Inquisition face aux accusations menées contre lui, encourage Galilée à se faire davantage
entendre. Le 16 février 1615, il écrit à Monseigneur Dini, prélat à Rome, pour qu’il communique une copie de
sa lettre à Castelli aux jésuites du Collège romain et au cardinal Bellarmin. Malgré une réponse encourageante,
Galilée n’a pas plus de nouvelle et, tandis que le silence règne à Rome, le scandale éclate à Pise où l’archevêque
parle d’hérésie.
Informé de cette situation en mars, Galilée souhaite réagir et, malgré quelques
conseils de prudence que lui donnent ses amis, il rédige un texte d’une quarantaine
de pages à l’attention de la grande-duchesse de Toscane, Christine de Lorraine. Il
y rappelle ses découvertes et reconnaît qu’elles remettent en cause l’enseignement
de l’Église. Il y pose une distinction fondamentale entre la vérité des Écritures et
celle de la science. Il revendique dans cet écrit le droit de la vérité scientifique et
réclame une relecture des Écritures. Loin de les interpréter lui-même, il souhaite que
les théologiens révisent leurs positions à la lumière des nouvelles découvertes.
La publication de Galilée
pour Christine de Lorraine
Cette lettre, au-delà de Christine de Lorraine, est destinée au monde savant et
aux théologiens. La netteté des affirmations de Galilée ne laisse plus de place
aux atermoiements. Elle sonne comme une déclaration de guerre. Le conflit est
désormais ouvert. Le cardinal Bellarmin avait accepté l’idée du mouvement de la
Terre comme une hypothèse mais n’était pas convaincu de la réalité de celui-ci.
Les membres du Saint Office non plus. Il fallait donc être prudent, d’autant qu’on
parlait de plus en plus d’hérésie galiléenne sur les parvis et dans les chaires
des églises. Il ne pouvait être question de remettre en cause les décrets du
concile de Trente et donc il fallait maintenant étouffer dans l’œuf cette
pensée.
Taches solaires dessinées par Galilée
La Porte des Etoiles n°29
Le 13 novembre 1615, parvient à l’inquisiteur de Florence une nouvelle
dénonciation contre, cette fois, l’ouvrage sur les tâches solaires. Le Saint
Office verse cette nouvelle pièce au dossier. Le 12 décembre 1615, Galilée
arrive à Rome, bien décidé à en découdre et à imposer ses vues, mais ses
adversaires se dérobent et il ne parvient pas à obtenir de contacts directs
avec le Saint Office. L’accusation se renforce sans laisser la possibilité à
Galilée d’affirmer ses arguments.
• • • • HISTOIRE
Le procès de 1616
Le mercredi 24 février 1616, les théologiens et cardinaux du Saint Office sont convoqués pour délibérer sur
deux propositions. Le procès de Galilée commence. “Propositions à censurer : Censure a été faite au Saint
Office de la Ville, le jour de mercredi 24 février 1616, en présence des Pères théologiens soussignés :
1° Le Soleil est au centre du monde et complètement immobile de mouvement local. Censure : À l’unanimité
cette proposition est déclarée insensée et absurde en philosophie et formellement hérétique, en tant qu’elle
s’oppose expressément aux sentences de la Sainte Écriture, en plusieurs endroits, soit sur le sens littéral des
mots, soit sur l’interprétation commune des Saints Pères et des docteurs en théologie.
2° La Terre n’est pas au centre du monde ni immobile, mais se meut d’un mouvement total et d’un mouvement
diurne. Censure : À l’unanimité, cette proposition relève de la même censure en philosophie ; quant à l’aspect
théologique, il doit être considéré au moins erroné selon la Foi...”
Le lendemain, l’Inquisiteur suprême, le cardinal Millinus notifie la censure des propos de Galilée : “Le jour
de jeudi, 25 février 1616, l’Illustrissime cardinal Millinus a notifié aux révérends Pères assesseurs et au
commissaire du Saint Office qu’une censure a été prononcée par les Révérends Pères théologiens, contre
les propositions de Galillée, mathématicien, à savoir que le Soleil est au centre du monde et immobile de
mouvement local, et que la Terre se meut à la fois
d’un mouvement total et d’un mouvement diurne.
Notre Saint Père a ordonné à l’illustrissime
cardinal Bellarmin de convoquer ledit Galillée et
de lui enjoindre d’abandonner cette opinion ; s’il
se récuse, que le Père commissaire, en présence du
notaire et des témoins, lui prescrive de s’abstenir
complètement de cette doctrine, d’enseigner et de
défendre cette opinion, ou même de l’exposer ;
et, s’il n’acquiesce pas avec sincérité, de le faire
emprisonner’’.
Le lendemain, Galilée comparait devant le cardinal
Bellarmin et, devant témoins, est informé des
accusations formulées contre lui et ses théories.
Face à l’injonction faite de ne plus les soutenir ni de
Le cardinal Bellarmin lors du procès de Galilée de 1616
les défendre et de les enseigner, Galilée acquiesce
et promet de s’y conformer. Cette mise en garde ne sera toutefois pas rendue publique, eu égard au fait que
Galilée était estimé par des membres influents de l’église romaine et parce qu’il était mathématicien du Grand
Duc de Florence, mais le Saint Office était satisfait car Galilée ne pouvait plus enseigner l’héliocentrisme ni
en diffuser la connaissance.
La condamnation
Le 5 mars, l’ouvrage de Copernic est mis à l’index. “L’illustrissime cardinal Bellarmin a indiqué dans
son rapport que Galileo Galilei, [...] s’est soumis à l’injonction. En outre il fut fait mention du décret de
la Congrégation de l’Index par lequel furent interdits ou suspendus respectivement, les écrits de Nicolas
Copernic, Les Révolutions des orbes célestes...”
À travers la condamnation de Copernic, c’est Galilée qui est touché. Son enseignement est interdit, il doit
rentrer dans l’ombre et la solitude. Galilée essaiera de sauver son honneur. En effet, le bruit courait qu’il
avait du abjurer devant Bellarmin et avait été condamné à pénitences, prières, messes, ce qui aurait été un
déshonneur humiliant. Il fait alors de nombreuses démarches et obtient finalement le 26 mai la caution écrite
de la main même du cardinal Bellarmin qui le lave de tout souci d’abjuration. “Nous, Robert Bellarmin, ayant
entendu dire que le sieur Galileo Galilei a été calomnié, comme ayant abjuré entre nos mains, et d’avoir, à
cet effet, reçu des pénitences salutaires, sollicité de dire la vérité, nous affirmons que le susdit Galilée n’a
abjuré ni entre nos mains ni aux mains de personne à Rome, ni ailleurs à notre connaissance, aucune opinion
ni doctrine ; qu’il n’a pas, en conséquence, reçu de pénitences salutaires ni d’aucune sorte.”
La Porte des Etoiles n°29
• • • • HISTOIRE
Enfin, un dernier certificat du cardinal Del Monte à l’adresse
du grand Duc de Toscane lui permet de rentrer à Florence la
tête haute. Ainsi se termine le premier procès de Galilée qui
fut plus celui de Copernic. Mais la condamnation est sans
équivoque. Par égard pour Galilée et ses puissants appuis,
elle reste modérée dans ses modalités mais elle est très
sévère sur le fond. Et cela, Galilée le sait alors qu’il retourne
à Florence en juin 1616.
La peine
La ville de Florence
De retour à Florence, Galilée se consacre aux calculs des
mouvements des satellites de Jupiter dans l’objectif de
calculer les longitudes et de permettre aux navires de se
situer en pleine mer. Il se réfugie dans ses calculs et, à part
quelques rares lettres, s’astreint au silence. Trois comètes
vont y mettre fin. L’une d’entre elles, apparue à la fin de
1618 restera visible jusqu’en janvier 1619 dans le Scorpion,
et fera l’objet d’observations dans toute l’Europe. En mars
1619, le père Orazio Grassi des Jésuites du Collège romain
présente un document sur cette comète. Bien que modernisé,
il réaffirme, à la lumière des observations, l’immobilité de
Le passage de la comète de 1618
la Terre et la vanité du système de Copernic. Mais leurs
observations n’étaient pas de bonne qualité et, en juin 1619, un disciple de Galilée,
Mario Guiducci, lit devant l’académie florentine un “Discours sur les comètes”
inspiré par Galilée qui déclare totalement fausse l’explication de Grassi.
Le discours sur la comète de
Galilée
Le 26 juin, Galilée en envoie un exemplaire au cardinal Maffeo Barberini, le
futur pape Urbain VIII et son ami. La réplique des jésuites ne se fera pas attendre
mais Galilée restera prudent. C’est Mario Guiducci qui répondra, exonérant
Galilée et lui laissant ainsi le champ libre. À la fin de 1619, Galilée reçoit même
un encouragement de Maffeo Barberini au travers d’une poésie composée en
l’honneur de son œuvre. Mais les polémiques ont repris et ne cesseront plus.
Encouragés par ses amis des Lincei, Monseigneur Ciampoli, Virginio Cesarini
et le prince Cesi, Galilée s’attelle alors à la rédaction d’un nouvel ouvrage qu’il
terminera en octobre 1622 et publiera
l’année suivante, le Saggiatore
(l’Essayeur).
Une rédemption temporaire
En 1623, les conditions sont meilleures pour Galilée. Le pape
Paul V et le cardinal Bellarmin sont morts en 1621. C’est le pape
Grégoire XV qui officie désormais. Le cardinal Barberini est
l’étoile montante de la curie romaine, Ciampoli et Cesarini, autres
amis de Galilée, occupent d’importantes fonctions. Tout semble
donc se détendre à Rome. L’élection du cardinal Barberini à la
papauté en juillet 1623 sous le nom d’Urbain VIII est une victoire
pour Galilée et ses amis. C’est dans ces conditions idéales que
le Saggiatore est publié. L’ouvrage est dédié au nouveau pape
dont les armes figurent au frontispice. Le livre est un réquisitoire
contre les modes de pensées anciens et met en avant l’expérience
rigoureuse face à l’autorité des anciens philosophes.
La Porte des Etoiles n°29
L’Essayeur par Galilée
• • • • HISTOIRE
“La philosophie est écrite dans cet immense livre qui, continuellement, reste ouvert devant les yeux (ce livre
qui est l’univers) ; mais on ne peut pas le comprendre si, d’abord, on ne s’exerce pas à en connaître la langue
et les caractères dans lesquels il est écrit. Il est écrit dans une langue mathématique, et les caractères en sont
les triangles, les cercles, et d’autres figures géométriques, sans lesquelles il est impossible humainement d’en
saisir le moindre mot ; sans ces moyens, on risque de s’égarer dans un labyrinthe obscur.”
Le Saggiatore est présenté au pape le 27 octobre 1623 et reçoit le meilleur accueil. Galilée décide alors de
partir pour Rome où il arrive le 23 avril 1624. Mais son intention n’est pas d’aller recevoir des louanges.
Son objectif, dont il a fait part au prince Cesi, est de faire réviser le
décret de 1616 contre le copercianisme. Très vite, Galilée perçoit les
réticences dans l’entourage du Pape, mais l’ambiance à Rome lui
laisse penser que le temps est venu de reprendre le combat, tout en
évitant le terrain de la théologie.
La récidive
Galilée rentre alors à Florence et s’attache alors à la rédaction de ce qui
sera le “Dialogue sur les deux plus grands systèmes du Monde”. Ce
sera une tâche longue et ardue, entrecoupée d’arrêts dus à la maladie
ou à d’autres activités comme la mise au point d’un microscope. En
janvier 1630, le livre est achevé. Il est construit sur la forme d’un
dialogue entre trois personnages. Le premier, Salviati, représente le
savant qui expérimente et déduit, le second, Simplicio, incarne le
philosophe aristotélicien, attaché au respect des doctrines, le dernier,
Sagredo, est l’honnête homme, ouvert et indépendant. Se déroulant
sur quatre journées, le Dialogue examine les bases de la philosophie
aristotélicienne et les passe en revue à la lumière des observations et L’oeuvre majeure de Galilée : le discours sur
les deux systèmes du monde
des expériences réalisées. Il permet à l’honnête homme Sagredo de
s’affranchir de l’autorité et des principes en pouvant, par lui-même, observer ou réaliser les expériences qui
lui permettront de bâtir son propre système du monde.
Galilée retourne à Rome en mars 1630 pour obtenir de la part des autorités religieuses le permis de faire
imprimer le livre. Tout semblant bien se passer, Galilée revient à Florence en juin. Mais les choses se mettent
ensuite à traîner. Le plus grand défenseur de Galilée, le prince Cesi, meurt en septembre. À la cour pontificale,
on fait part à Galilée de la nécessité de modifier certains passages du livre. Le 19 juillet 1631, après avoir
modifié le préambule et la conclusion, les autorités de Rome envoient l’autorisation de publier le livre. Le
“Dialogue” sort des presses du libraire Landini en février 1632. Le livre est diffusé auprès du monde savant
où il reçoit un accueil enthousiaste. On le qualifie même de “meilleur livre publié à ce jour”.
Mais à Rome, tout n’est pas pour le mieux. Le permis d’imprimer a été obtenu dans une situation confuse. Le
Maître du Sacré Palais, le Père Riccardi, souhaitait revoir Galilée afin de faire modifier lui-même des passages
du livre, mais la peste sévissant en Italie, Galilée n’avait pu se déplacer.
Le Père Riccardi avait donc confié la tâche à l’inquisiteur de Florence et
ne s’était plus occupé de l’affaire jusqu’à la publication du livre, à son
insu. Urbain VIII avait donc demandé un rapport au Père Riccardi donnant
son avis sur la conformité du livre. Le rapport, tenu secret, détaillait de
nombreuses fautes par rapport aux vœux du Saint-Office.
Le Pape Urbain VIII
La Porte des Etoiles n°29
Durant l’été 1632, les affaires s’enveniment. Le Maître du Sacré Palais
essaie de faire saisir les livres imprimés. On se plaint de ce que les directives
du Pape n’aient pas été appliquées. Surtout, les Pères jésuites travaillent
maintenant pour que le livre soit interdit. Une congrégation de théologiens
est organisée par Urbain VIII pour statuer, mais cette congrégation ne
regroupant que dominicains, jésuite et prêtres séculiers, la conclusion ne
pouvait qu’être négative.
10
• • • • HISTOIRE
Le 3 septembre, l’ambassadeur Niccolini rapporte une colère d’Urbain VIII dont il fut le confident : “Sa
Sainteté se mit brusquement fort en colère et me dit, à brûle-pourpoint, que notre Galilée, lui aussi, avait osé
s’immiscer dans un domaine qui lui était interdit et en des matières les plus graves et les plus dangereuses
qui se puissent aujourd’hui concevoir […]. Avec véhémence, Sa Sainteté répliqua que Galilée et Ciampoli
l’avaient trompé […]. Ce que j’ai trouvé, c’est une atmosphère mauvaise et un Pape fort mal disposé envers
notre pauvre Galilée.”
L’attitude d’Urbain VIII avait donc radicalement changé vis-à-vis de Galilée. S’est-il senti trompé par
Galilée ? Lui reprochait-il ne pas avoir tenu compte de ses recommandations ? S’est-il senti blessé par les
propos du livre ? Certes sa position de Pape ne pouvait plus être aussi bienveillante que lorsqu’il était simple
cardinal, mais comment comprendre un tel changement radical ? Les raisons sont certainement à rechercher
aussi dans le contexte international de l’époque. L’Espagne accusait Rome de ne pas être assez ferme vis-à-vis
de l’hérésie, demandait des mesures fortes et sommait la Papauté de prendre la tête d’une nouvelle croisade
contre l’hérésie. Mi-septembre, la Congrégation du Saint-Office est chargée de l’affaire. Début octobre, Galilée
reçoit sa convocation à Rome, devant témoins et notaire.
Le 13 octobre, Galilée, en plein désarroi, adresse une lettre au cardinal Francesco Barberini dans laquelle il
fait part de sa peine et supplie de ne pas se rendre à Rome : “À tel point tout ceci m’afflige que j’en viens à
détester toutes les heures que j’ai consumées en ces études, grâce auxquelles j’avais eu l’ambition et l’espoir
de m’écarter quelque peu de la science vulgaire et de ses sentiers battus, et à éprouver, […] l’envie de détruire
et de livrer aux flammes celles qui me restent en main […]. C’est pourquoi, poussé par le désir naturel à tout
homme de préserver sa propre santé, je me suis résolu à recourir à l’intercession de Votre Éminence et […],
à la supplier de me faire la grâce de représenter à ces très prudents Pères mon pitoyable état présent[…]”.
Galilée a soixante-dix ans et n’est plus en bonne santé. Il parvient à repousser sa convocation, invoquant sa
mauvaise santé, les difficultés du voyage, la peste qui sévit toujours en Italie. Mais le Pape s’impatiente et
impose obéissance. Galilée quitte Florence le
21 janvier 1633 et arrive à Rome le 13 février.
Le procès de 1633
Le premier interrogatoire eut lieu le 12 avril
1633. Les questions tournent autour des
interdictions faites lors du premier procès. À la
question de la sentence, Galilée répond : “Au
mois de février 1616, le cardinal Bellarmin
me notifia que l’opinion de Copernic,
prise en son sens absolu, était contraire
aux Saintes Écritures et ne pouvait être ni
tenue, ni défendue, si ce n’est comme simple
supposition, et comme hypothèse de travail.”
Puis, les questions dérivent vers la façon dont a
Le procès de Galilée en 1633
été obtenue l’autorisation d’imprimer le livre et
si le Maître du Sacré Palais était informé de l’interdiction faite de soutenir les hypothèses de Copernic. Point
par point, Galilée répond aux questions allant même jusqu’à affirmer que le “Dialogue” réfute les opinions
coperniciennes. Mais cette dernière affirmation, loin de disculper Galilée, fait penser aux juges, convaincus
de la culpabilité, qu’il cherche à les tromper. Sur les conseils du commissaire général Maculano, Galilée
revient sur cette affirmation lors d’un second interrogatoire le 30 avril : “Je confesse librement qu’en plus d’un
endroit, un lecteur, non prévenu de mon intention, pourrait penser que les arguments que j’entendais réfuter
ne l’étaient pas de façon suffisante et efficace.”
Galilée se défend avec le certificat accordé par le cardinal Bellarmin, mais les juges font référence à l’audience
qui avait eu lieu avant et aux recommandations qui avaient été faites alors. Ils reprochent à Galilée de ne pas
avoir informé le Maître du Sacré Palais de l’interdiction qui lui avait été faite et qui aurait alors attiré son
attention. Dès lors, Galilée n’a pas obéi aux injonctions faites relatives aux mouvements de la Terre. Après un
dernier interrogatoire le 21 juin, la sentence fut rendue le 22.
La Porte des Etoiles n°29
11
• • • • HISTOIRE
“[…] Attendu que toi, Galilée, fils de Vincenzo
Galilei, Florentin, âgé de soixante-dix ans,
as été dénoncé depuis 1615 à ce Saint-Office
comme tenant pour vraie la fausse doctrine
selon laquelle le Soleil est au centre du monde
et la Terre se meut d’un mouvement diurne […].
Pour toutes ces raisons, […] les Théologiens
qualifiés ont défini ainsi les deux propositions
de la stabilité du Soleil et du mouvement de la
Terre de la manière suivante :
La proposition que le Soleil est au centre du
monde et immobile d’un mouvement local est
absurde, fausse en philosophie et formellement
hérétique, parce qu’elle est expressément
contraire à la Sainte Écriture.
La proposition que la Terre n’est pas au centre
Extrait de la retranscription du procès
du monde ni immobile, mais qu’elle se meut
d’un mouvement diurne est également absurde et fausse en philosophie et considérée en théologie au moins
comme erronée selon la Foi.’’
Plus loin, c’est le livre “Dialogue sur les deux systèmes du monde” qui est mis en cause et les conditions de
son impression. “[…] Ledit livre diligemment examiné, révéla la violation expresse de l’injonction qui t’avait
été notifiée ; en effet, dans le même livre se trouve défendue l’opinion déjà condamnée et déclarée comme telle
en ta présence. Or, dans ce livre, par divers détours, tu insinues que la question reste indécise bien que fort
probable, ce qui constitue une faute très grave, puisqu’une opinion ne saurait en aucune façon être considérée
comme probable une fois qu’elle a été déclarée et définie comme contraire aux Saintes Écritures […].”
Puis vient la sentence. Galilée, suspecté d’hérésie devant le Saint-Office doit “abjurer, maudire et détester”
ces hérésies et, pour servir d’exemple vis-à-vis de possibles disciples, est condamné à la prison formelle et
à l’imposition de réciter durant trois ans, une fois par semaine, les sept psaumes de la pénitence. Le livre du
“Dialogue” est interdit par édit public. Le même jour, Galilée, à genoux, doit renoncer à ses erreurs. Il renie
toute son œuvre.
L’abjuration de Galilée
La Porte des Etoiles n°29
12
• • • • HISTOIRE
“Moi, Galilée, fils de feu Vicenzo Galilei, Florentin, âgé de soixante-dix ans, personnellement présent devant
ce tribunal, agenouillé devant vous, très Éminents et Révérends Cardinaux, Inquisiteurs généraux dans toute
la République chrétienne contre la perversité hérétique ; ayant sous les yeux les sacro-saints Évangiles que je
touche de mes propres mains, je jure que j’ai toujours cru, que je crois maintenant et qu’avec l’aide de Dieu
je continuerai à l’avenir à croire tout ce que tient pour vrai, prêche, enseigne la Sainte Église catholique et
apostolique.
- Attendu que ce Saint-Office m’avait intimé juridiquement l’ordre d’abandonner la fausse opinion selon
laquelle le Soleil est au centre du monde et immobile tandis que la Terre n’est pas au centre du monde et
mobile ;
- attendu que je ne pouvais tenir, défendre ni enseigner en aucune façon, oralement ou par écrit ladite fausse
doctrine, après qu’elle m’a été notifiée comme contraire à la Sainte Écriture ;
- attendu, d’autre part, que j’ai écrit et donné à imprimer un livre dans lequel je traite de la même doctrine
déjà condamnée, en y apportant des raisons très efficaces en sa faveur […].
J’ai été jugé véhémentement suspect d’hérésie ; c’est-à-dire d’avoir tenu et cru que le Soleil est au centre du
monde et immobile, que la Terre n’est pas au centre du monde et se meut. Par conséquent, voulant ôter de
l’esprit de Vos Éminences et de tous les fidèles chrétiens cette véhémente suspicion, justement conçue par moi,
je viens d’un cœur sincère et d’une foi non feinte abjurer, maudire et détester les susdites erreurs et hérésies,
et en général toute erreur, hérésie et secte
contraire à la Sainte Église. Et je jure
qu’à l’avenir je ne dirai ni affirmerai
jamais plus, ni verbalement ni par écrit,
des choses qui puissent m’en rendre
suspect. Si je connais quelque hérétique
ou suspect d’hérésie, je le dénoncerai
au Saint-Office ou à l’Inquisiteur du lieu
où je me trouverai […]. Moi, Galilée,
soussigné, j’ai abjuré, juré, promis et me
suis engagé selon ce qui précède ; en foi
de quoi, de ma propre main, j’ai signé la
présente déclaration de mon abjuration
et je l’ai récitée mot à mot à Rome dans le
couvent de la Minerve, ce 22 juin 1633.”
Extrait de la retranscription de l’acte de condamnation
Galilée à la fin de sa vie
La Porte des Etoiles n°29
La phrase célèbre ‘‘Et pourtant, elle tourne” n’a
probablement pas été prononcée par Galilée à ce moment.
Il l’a peut-être dite plus tard lors de sa réclusion dans la
villa d’Arcetri à Florence. L’abjuration de Galilée marque
la fin de sa vie publique. L’histoire est terminée pour lui,
mais elle commence pour d’autres. Si son livre est mis
à l’index, de nombreuses copies commencent à circuler
partout en Europe. Comme Salviati dans le ‘‘Dialogue”,
Galilée ouvre les yeux à de nombreux Sagredo qui se
mettront à penser par eux-mêmes, à adopter un point de
vue critique sur ce qui se dit et s’écrit en science et dans
les autres domaines. L’observation et l’expérimentation,
la vérification et la contradiction, l’analyse et la synthèse
seront désormais les lignes directrices du raisonnement
et non plus la conformité aux doctrines, aux écrits, à
l’autorité. C’est de ce point de vue que l’œuvre de Galilée
est fondamentale, beaucoup plus que ses découvertes
astronomiques. Il faut le rappeler en permanence, à
l’heure où un certain esprit critique se perd face aux
conformités, aux certitudes toutes faites livrées à grand
coup d’images et de commentaires formatés.
13
• • • • HISTOIRE
L’histoire de la lunette Arago
Par André Amossé
Description rapide
C’est la petite histoire d’un projet de construction de la plus grande lunette du monde, transformé peu à peu
en la réalisation d’un simple instrument de service de moyenne importance. La lunette Arago a été construite
dans la seconde partie du XIXème siècle sous l’impulsion de François Arago (1786-1853). Cet instrument
est toujours présent sur la tour de l’Est de l’Observatoire de Paris. Avec un diamètre de 38 centimètres et une
distance focale de 8,9 mètres, cet instrument est abrité par une coupole de 12 mètres de diamètre. C’est un
équatorial digne de ce nom, le tube de la lunette est effectivement porté par une monture équatoriale. Cependant
le tube n’est pas centré par rapport à l’axe de déclinaison comme c’est le cas généralement. L’objectif est situé
à 5,3 mètres de cet axe et la partie oculaire à seulement 3,6 mètres. L’équilibre est réalisé par l’ajout de deux
poids fixés au-dessous et au-dessus du tube, juste derrière le porte oculaire. Ce décentrement semble typique
des premiers équatoriaux construits au début des années 1800 et pour cause, le projet de la construction de
l’équatorial de Paris date de 1839.
Plan de la coupole de la tour de l’Est
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • HISTOIRE
L’Observatoire de Paris : petits rappels historiques
L’Observatoire de Paris est fondé en 1667 par Louis XIV (1638-1715). C’est l’astronome et physicien Adrien
Auzout (1622-1691) qui lui en aurait donné l’idée. Destiné à la cartographie et la navigation, l’observatoire
dépend alors de la toute jeune Académie Royale des Sciences, l’équivalent français de la Royal Society fondée
en 1660. L’Observatoire de Paris est même sensé en être le siège, mais situé trop en bordure de la ville,
les académiciens le délaissent. Il n’y a donc guère que les astronomes qui y travaillent. De 1669 à 1793,
l’établissement est uniquement dirigé par les ‘‘Cassini’’ : Jean-Dominique Cassini (1625-1712), Jacques
Cassini (1677-1756), César-François Cassini (1714-1784) et Jean-Dominique Cassini II (1748-1845). Ils
dirigent l’Observatoire sous l’autorité de l’Académie Royale des Sciences.
L’Observatoire de Paris vers 1700-1710
Après la Révolution, en 1795, l’Observatoire de Paris est rattaché au Bureau des Longitudes. Il a pour mission
de développer l’astronomie et les astronomes qui y travaillent sont autonomes. C’est la grande époque de
la géodésie, du système métrique, du triomphe de l’astronomie mathématique et de la mécanique céleste
avec, entre autres, Lalande (1732 -1807), Lagrange (1736-1813), Méchain (1744-1804), Delambre (17491822), Laplace (1749-1827)… En 1834, le Bureau des Longitudes y nomme François Arago, ‘‘Directeur des
observations’’.
L’Observatoire de Paris vers 1830-1840
La Porte des Etoiles n°29
15
• • • • HISTOIRE
François Arago (1786-1853)
François Arago est né à Estagel, dans les Pyrénées-Orientales,
le 26 février 1786. Il entre à l’École Polytechnique en 1803.
Laplace le remarque et lui offre, en 1805, le poste de secrétaire
de la bibliothèque de l’Observatoire. Il réalise ses premières
recherches sous la direction de Jean-Baptiste Biot (17741862). Il participe au prolongement du Méridien de Paris aux
Baléares. En 1809, à seulement 23 ans, il devient membre de
l’Académie de Sciences, professeur à l’École Polytechnique en
1812 et membre du Bureau des Longitudes en 1822. Brillant
scientifique, touche-à-tout, il est le premier à essayer de mesurer
la vitesse de la lumière en fonction du mouvement de la Terre,
prémisse des célèbres expériences de Michelson. Il découvre
que la lumière des comètes est polarisée. Ces différents postes
lui permettent de participer et surtout de promouvoir certaines
recherches comme celles de Fresnel (1788-1827) sur la lumière,
celles d’Ampère (1775-1836) sur l’électromagnétisme ou celles
de Daguerre (1787-1851). Avec ce dernier, il obtient le premier
daguerréotype du Soleil en 1839. Il suggère à Léon Foucault
(1819-1868) de mesurer la vitesse de la lumière à l’aide de miroirs tournants…
François Arago
Il était aussi un excellent vulgarisateur. En 1813, le Bureau des Longitudes le charge de réaliser des cours
publics d’astronomie : les célèbres ‘‘leçons populaires d’astronomie’’. Le succès est tel qu’il fait construire en
1841, à l’Observatoire de Paris, un amphithéâtre de 800 places (Le Verrier le fera détruire en 1854). Il compile
l’ensemble de ses leçons dans quatre volumes intitulés ‘‘Astronomie populaire’’ qui seront publiés après sa
mort de 1854 à 1857.
A partir de 1830, il commence une carrière politique en devenant membre du Conseil Municipal de Paris
et député des Pyrénées-Orientales. Il prend part à la révolution de 1848 et devient Ministre de la Marine et
des Colonies de la très éphémère Seconde République. Il en profite pour abolir l’esclavage que Napoléon
Bonaparte avait fait rétablir en 1802. Après le coup d’État de décembre 1851, il refuse de prêter serment à
Napoléon III mais n’est pas inquiété par l’empereur. Il décède le 2 octobre 1853.
Le contexte du projet de construction d’un grand équatorial à Paris
En 1834, Arago prend donc la direction des observations à
l’Observatoire de Paris. Il est au courant des progrès accomplis
dans l’optique instrumentale et souhaite en faire profiter
l’observatoire. En effet, le verrier suisse Pierre-Louis Guinand
(1748-1824), après bien des essais et des déboires, trouve la
méthode pour fondre de manière irréprochable jusqu’à 100
kilogrammes de verre à la fois. Il permet ainsi la réalisation
d’objectifs achromatiques de qualité et de grandes tailles.
De 1805 à 1813, il collabore avec la maison Reichenback et
Utzschneider à Munich où travaille avec Joseph van Fraunhofer
(1787-1826). En Allemagne, il transmet son savoir et améliore
sa technique. Ceci permet à Fraunhofer de réaliser le premier
‘‘grand’’ équatorial de l’histoire.
Pierre-Louis Guinand
La Porte des Etoiles n°29
Cette première grande lunette, d’un diamètre de 24 centimètres
et d’une distance focale de 4,3 mètres, équipe en 1824
l’Observatoire de Dorpat en Russie (actuellement appelé
Observatoire de Tartu en Estonie). La monture est entraînée par
un mécanisme d’horlogerie à poids. C’est avec cet instrument,
16
• • • • HISTOIRE
commandé 4 ans plus tôt, que Wilhelm Struve (1793-1864) réalise sa première prospection du ciel à la
recherche d’étoiles doubles visuelles. Il en découvre plus de 2000. Fort de ce succès, il obtient du Tsar Nicolas
Ier la construction d’un nouvel observatoire près de Saint Petersbourg, l’Observatoire de Poulkovo. En 1839,
cet établissement est équipé du plus grand équatorial de l’époque (38 centimètres de diamètre), construit par
la société ‘‘Merz et Malher’’ de Munich, successeurs de Fraunhofer. L’Observatoire de Poulkovo devient ainsi
un observatoire de référence au niveau mondial, en pointe sur ce nouveau thème de recherche qu’est l’étude
des étoiles doubles. Entre temps, Merz et Malher ont aussi livré d’autres instruments importants :
- en 1829 une réplique exacte de la lunette de 24 centimètres à l’Observatoire de Berlin (lunette avec laquelle,
en 1846, Johann Galle trouve Neptune sur les indications de Le Verrier),
- en 1835, un équatorial de 28 centimètres à l’Observatoire de Munich,
- plus tard, en 1842, le premier grand équatorial américain, d’un diamètre de 30 centimètres à l’Université de
Cincinnati.
Par ailleurs, en 1829, Robert
Cauchoix (1776-1845), opticien
et constructeur d’instruments
astronomiques, propose au Bureau
des Longitudes une lunette de 33
centimètres de diamètre et de 8
mètres de distance focale. Elle est
refusée par Arago qui n’aimait pas
Cauchoix ! Ce dernier la vend à
James South pour l’Observatoire
d’Armagh à Dublin.
L’un des fils de Pierre-Louis
Guinand, Henri, s’installe en
France vers 1820 et s’associe avec
Georges Bontemps (1799-1883),
directeur des verreries de ChoisyLa lunette équatoriale de 24cm de l’Observatoire de Dorpat
le-Roi. Vers la fin des années 1830,
ils arrivent à fabriquer des disques de verres de 38 centimètres. Plus tard, le petit-fils d’Henri Guinand, Charles
Feil, transmet ce savoir faire à la société Mantois, puis Para et Mantois qui fondent les verres des plus grandes
lunettes du monde comme celles de Lick et de Yerkes.
Des débuts ambitieux
Mais revenons à Arago. En 1839, il souhaite équiper l’Observatoire de Paris d’un instrument aussi grand, voire
même plus important que celui de Poulkovo. Dans le compte-rendu de la séance du Bureau des longitudes du
16 octobre 1839, on peut lire : ‘‘Dans l’avenir, une grande lunette parallactique pourra être établie dans la
tour de l’Est. Cette tour repose sur une voûte solide. On aura donc là ni fondations, ni murs à construire. Cet
emplacement est donc bien préférable à celui du jardin auquel l’énormité des dépenses ne permettrait pas de
songer.’’ Quelques temps plus tard, dans une lettre au Ministre des travaux publics, il écrit : ‘‘Après l’achèvement
[des travaux], les astronomes pourront se livrer avec succès à l’observation des étoiles doubles. C’est le seul
point sur lequel nous soyons inférieurs aux grands observatoires de l’Allemagne et de la Russie.’’
L’instrument, sa monture et sa coupole seront entièrement de fabrication française. François Arago, compte
sur le savoir faire de l’opticien Jean-Noël Lerebours (1761-1840) pour la réalisation de l’objectif. En 1819,
celui-ci avait déjà réalisé une lunette de 20 centimètres de diamètre qui fut présentée à des commissaires
de l’Académie des Sciences. Leur rapport était élogieux. Lerebours se faisait livrer du verre provenant de
Guinand. En 1837, Lerebours se lance dans la fabrication d’un objectif de 38 centimètres dont les disques
viennent des verreries de Choisy-le-Roi. Arago pense acquérir cet objectif, mais Lerebours meurt en février
1840 sans avoir terminé ce travail... C’est son fils, Nicolas Lerebours (1807-1873) qui finira l’objectif en
1844. L’année suivante, il s’associe avec un mathématicien suisse, Marc Secrétan (1804-1867) pour fonder la
célèbre maison ‘‘Lerebours & Secretan’’, qui deviendra plus tard ‘‘Secrétan’’.
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • HISTOIRE
De toute façon, ce n’est qu’en 1843 que le Bureau des longitudes autorise enfin Arago à demander au Ministre
du commerce, par l’intermédiaire du Ministre de l’instruction publique, de bien vouloir inscrire l’Observatoire
de Paris pour des travaux dans le budget de 1845. Une commission composée de Jean-Baptiste Biot (17741862), Henri-Prudence Gambey (1787-1847), Victor Regnault (1810-1878), Jacques Babinet (1794-1872)
et François Arago est chargée de suivre le projet. L’étude de la construction d’une coupole de 12 mètres de
diamètre installée sur la tour de l’Est est confiée à l’architecte Henri-Alphonse de Gisors (1796-1861). Il
dresse un devis de 94000 Francs pour l’ensemble des travaux de bâtiments.
En 1844, Georges Bontemps, directeur des verreries de Choisy-le-Roi, affirme pouvoir fournir des disques de
verre encore plus grands permettant de réaliser un objectif de 55 centimètres de diamètre. On se réjouit alors
de cette possibilité et du fait que l’instrument correspondant pourrait encore tenir dans la future coupole.
La coupole
Les travaux sur la tour de l’Est commencent le 9 avril 1845. Ils sont confiés à Louis Travers, père et fils.
Cependant, très vite, on s’aperçoit que la voûte de la tour est trop mince pour supporter le poids d’un grand
équatorial sans que le déplacement de personnes à proximité ne provoque des vibrations importantes, nuisibles
aux observations... Louis Travers propose alors une série de modifications importantes. La première est de
renforcer la stabilité de la voûte par un système d’arcs en fer forgé épousant le dessus de la voûte. Ceci va
entraîner d’autres modifications :
- seul le pilier de la lunette reposera sur cette charpente métallique,
- la coupole et le plancher autour du pilier seront solidaires et reposeront essentiellement sur le mur d’enceinte
de la tour,
- la coupole et le plancher tourneront donc ensemble autour de la lunette,
- un surcoût des travaux fait passer le devis à 200 000 Francs.
Les membres de la commission chargée du projet n’étaient pas tous d’accord sur le fait que ce système apporte
vraiment une meilleure stabilité de l’ensemble. Henri-Prudence Gambey, horloger et constructeur d’instruments
de précision, avait la
charge de la réalisation
de la monture du
futur instrument. Le
Bureau des longitudes
le charge d’étudier
la proposition de la
société Travers. Le
verdict étant favorable,
le 3 juillet 1845, la
Chambre des députés
accorde une rallonge
de 106 000 Francs
pour ce chantier. Le
temps de construire
les différents éléments
de la coupole, ce n’est
qu’en septembre 1846
que débute vraiment le
montage. La coupole
est constituée d’une
Carte postale ancienne de la Coupole Arago vers 1910
armature en fer sur
laquelle reposent des plaques de cuivre. Le socle sur lequel reposera la lunette est une plaque de fonte de 5
tonnes. Lors de l’arrivée de cette pièce à l’Observatoire, on s’aperçoit qu’elle ne rentre par aucune porte ou
fenêtre… On démolit puis reconstruit alors une partie du mur coté rue Saint-Jacques. Le chantier est terminé
fin janvier 1847.
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • HISTOIRE
L’instrument
Fait surprenant, ce n’est qu’une fois la coupole installée que le
Bureau des longitudes constate qu’il est urgent de s’occuper de
l’instrument… La marge de manœuvre budgétaire diminuée par
le surcoût de la coupole ne permet plus d’imaginer l’achat d’un
objectif de 55 centimètres. On se contente donc de l’objectif
de 38 centimètres de Lerebours terminé par son fils. En janvier
1848, le ministre de l’instruction publique accepte son achat pour
la somme de 40 000 Francs.
Du coté de la monture (c’est Gambey qui en à la charge), on
attend, là aussi, que la coupole soit pratiquement installée pour
commencer l’étude de conception. Mais, le 28 janvier 1847,
Gambey décède à l’âge de 59 ans… Le Bureau des longitudes
choisi alors l’autrichien Johann Brunner (1804-1862) pour réaliser
la monture. Ce dernier s’est installé à Paris en 1828 pour créer ses
propres ateliers de construction d’instruments scientifiques. Un
projet de dépense de 90 000 Francs est proposé par le Ministre à
la Chambre des députés.
Cependant, peu de temps après, la révolution de février 1848
provoque la chute du roi Louis-Philippe et le projet est suspendu.
Il faut attendre septembre 1849 pour convaincre Lerebours de vendre son objectif et le tube de la lunette pour
seulement 25 000 Francs, payés sur les propres fonds du Bureau des longitudes. Le crédit de 90 000 Francs
de la monture n’est voté qu’en mars 1851. Brunner ne commence la construction de la monture qu’en avril
1852 après avoir soumis les plans au Bureau des longitudes à plusieurs reprises. Il est supervisé par Louis
Bréguet (1804-1883), horloger et physicien, pour la partie entraînement de la monture. Les retards pris dans la
conception amènent le Bureau des longitudes à solder les 90 000 Francs avant la fin de la fabrication en juin
1853. À la mort d’Arago en octobre 1853, la monture n’est toujours pas livrée...
Dessin de la monture équatoriale de Brunner
Le Verrier prend le relais
Urbain Le Verrier devient Directeur de l’Observatoire de
Paris le 31 janvier 1854. Nous sommes, depuis le coup
d’État de Napoléon III en décembre 1851, sous le régime du
Second Empire. L’Observatoire et le Bureau des longitudes
sont séparés. Le Verrier reprend à sa charge la fin des travaux
de l’équatorial de la tour de l’Est. Il reçoit un courrier
d’Otto Struve (1819-1905) qui a visité l’Observatoire il y a
peu. Celui-ci est très critique et indique à Le Verrier que la
coupole et son emplacement ne sont pas en adéquation avec
l’utilisation d’une lunette équatoriale (mouvements de la
coupole trop lents, vibrations, turbulence due à la situation
de la coupole sur le bâtiment…). Le Verrier semble avoir
conscience de ces inconvénients, mais il poursuit le chantier.
Il écrit au Ministre de l’instruction publique, ‘‘L’achèvement
de la grande lunette est l’objet de toutes mes attentions
et me donne des inquiétudes […]. La coupole, le pied,
l’instrument, la lunette, n’ont point été établis les uns avec
les autres […] quoi qu’il en soit, les travaux sont tellement
avancés […] que nous croyons devoir contrairement il est
vrai à l’opinion des astronomes et des constructeurs, nous
borner à demander le prompt achèvement.’’
La Porte des Etoiles n°29
Urbain Le Verrier
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• • • • HISTOIRE
Pour des raisons qu’on ignore, Brunner ne livre toujours pas la monture. Le fait d’avoir totalement soldé la
commande avant la livraison n’a sans doute pas aidé Brunner à se presser. En 1856, Le Verrier entreprend une
action en justice pour ‘‘hâter’’ la livraison. Malgré cela, la monture n’est installée sur la tour de l’Est qu’en
mai 1859. Il n’y a plus qu’à installer l’objectif de Lerebours. Celui-ci est resté presque 10 ans dans une cave de
l’Observatoire, à l’humidité... La face extérieure du crown était devenue terne. Une abondance trop importante
d’alcali dans le verre ajouté à l’humidité cristallisa la surface du verre. De plus, la rotation de la coupole et du
plancher solidaire s’avère plus que difficile. On a bien du mal à effectuer un tour de coupole en moins de 45
minutes. Une fois complètement installé, l’équatorial de la tour de l’Est est inutilisable...
Une mise en service pénible
Dans un rapport daté de 1860, Le Verrier écrit : ‘‘La coupole reste toujours comme un monument des amères
déceptions auxquelles aboutissent les entreprises que ne dirigent aucune vue d’ensemble.’’ Il tente à plusieurs
reprises d’obtenir des crédits (environ 120 000 Francs) pour rectifier les anomalies, mais il n’est pas entendu.
Devenu trop impopulaire auprès des astronomes de l’Observatoire, Le Verrier est relevé de ses fonctions en
février 1870. À son départ, la lunette n’est toujours pas utilisable.
Lors de la guerre de 1870-1871, l’instrument est démonté et mis à l’abri. Lors des derniers jours de combat, la
coupole est percée de nombreux trous de balle. En 1873, Camille Flammarion (1842-1925) écrit à son propos
‘‘La plus grande curiosité de la coupole en ce moment est d’être admirablement constellée d’étoiles par les
innombrables balles de chassepot qui l’ont criblée aux derniers jours d’agonie des convulsions de la Commune.’’
Charles Delaunay (1816-1872), successeur de Le Verrier,
ne fait pas remonter la lunette. À quoi bon réinstaller un
instrument inutile ! Delaunay décède accidentellement le
5 août 1872 et Le Verrier est rappelé.
Un instrument délaissé
En 1874, 30 ans après le début du chantier, la surface du
crown de l’objectif est repolie par Secrétan. Cependant, la
lunette n’est pas réinstallée sur sa monture. Le physicien
Alfred Cornu (1841-1902), la fixe horizontalement sur le
toit de l’Observatoire pour mesurer la vitesse de la lumière
en visant une station située sur la tour de Montlhéry à
23 kilomètres. On restaure la coupole et on lui apporte
quelques modifications. Ceci permet le remontage de
la monture et de la lunette en 1876. Cornu et Hippolyte
Fizeau (1819-1896) l’utilisent quelques temps pour faire
de la photographie, mais la coupole reste toujours très
difficile à tourner et la qualité de l’objectif se dégrade.
Finalement, l’instrument est délaissé par les astronomes.
Le Verrier autorise Camille Flammarion à l’utiliser pour
ses observations d’étoiles doubles.
Expérience de mesure de la vitesse de la lumière par Cornu
sur le toit de l’Observatoire de Paris
En 1877, après le décès de Le Verrier, Ernest Mouchez
(1821-1892) prend la direction de l’Observatoire. En
1881, il fait remplacer le tube en bois de la lunette par un tube métallique et fait installer un nouvel objectif
réalisé par les frères Paul (1848-1904) et Prospère (1849-1903) Henry. Mouchez écrit en 1882 à propos de
la lunette : ‘‘Tous les astronomes savent que la lunette de la tour de l’Est a été manquée et est restée à
peu près sans emploi. L’objectif était des plus médiocres […] et le mécanisme de la coupole […] a donné
des frottements si considérables qu’il a rendu cette coupole à peu près inutilisable […]. Aujourd’hui, elle
n’est guère que l’enseigne de l’Observatoire.’’ Même si les frères Henry observent les satellites des planètes
géantes, la lunette reste largement sous employée. On tente d’installer un moteur à gaz pour la rotation de la
coupole, mais rien n’y fait. Elle reste toujours trop lente à déplacer.
La Porte des Etoiles n°29
20
• • • • HISTOIRE
Ce n’est qu’en 1902, après la mise en place d’un moteur électrique que la coupole tourne en un temps
‘‘raisonnable’’ (10 minutes !). À cette époque, l’ère des grandes lunettes équatoriales arrive pratiquement à
sa fin... La lunette Arago n’est utilisée que ponctuellement pour des observations de routine et seulement par
des astronomes motivés que les conditions pratiques d’observations ne rebutent pas ! Parmi ces observateurs
on peut citer Michel Giacobini (1873-1938), qui réalise observations astrométriques des comètes et mesures
d’étoiles doubles visuelles de 1909 à 1937 et Paul Baize (1901-1995) médecin et astronome amateur chevronné,
il effectue plus de 11000 mesures d’étoiles doubles visuelles avec l’équatorial de 30 centimètres de la tour de
l’Ouest de 1933 à 1949 et plus de 8800 mesures à la lunette Arago de 1949 à 1971.
Carte postale de l’Observatoire de Paris vers 1910
Après 1971, il faut attendre 1985 pour remettre en service l’instrument. On y réalise des mesures pour la
3ème campagne internationale d’observation des phénomènes mutuels des satellites de Jupiter. Aujourd’hui,
l’équatorial de la tour de l’Est est utilisé pour la formation des étudiants. L’Observatoire de Paris organise
aussi régulièrement des observations publiques appelées ‘‘Les Nuits des planètes de l’Observatoire de Paris’’.
Ponctuellement, certains astronomes amateurs chanceux peuvent l’utiliser pour leurs propres observations
sous la responsabilité d’un astronome professionnel de l’Observatoire (voir la Porte des Etoiles, numéro 22,
automnne 2013).
Les grandes étapes du projet
- 1839 : début du projet par Arago
- 1847 : la coupole est terminée
- 1848 : révolution de février
- 1849 : achat de l’objectif de 38 centimètres de Lerebours
- 1852 : début de la construction de la monture – Second Empire
- 1853 : mort d’Arago
- 1859 : mise en service de la monture - constat de l’objectif inutilisable
- 1870/1871 : la guerre !
- 1874 : repolissage de l’objectif par Secrétan
- 1881 : nouvel objectif par les frères Henry
- 1902 : les problèmes de rotation et d’ouverture de la coupole semblent résolus
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • HISTOIRE
On peut noter que la construction de l’équatorial de 38
centimètres de l’Observatoire de Poulkovo ne dure que 5 ans.
Pendant que le projet de la lunette Arago avance péniblement,
Otto Struve découvre plus de 500 étoiles doubles avec cet
instrument...
Les raisons des dysfonctionnements de cette réalisation sont
à chercher dans les hésitations initiales, le morcellement de
la construction (projet non pensé dans sa globalité). À cela
s’ajoutent un contexte historique agité, le décès de certaines
personnes clés et le solde prématuré de la monture de la lunette
avant sa réception.
Et la tour de l’Ouest ?
À défaut de pouvoir utiliser correctement la 38 centimètres
d’Arago, Le Verrier met en service une lunette équatoriale de
30 centimètres
de
diamètre
sur la tour de
l’Ouest en 1858.
L’objectif
est
L’équatorial de la tour de l’Est vers 1950
signé Secrétan,
mais la monture est réalisée par Eichens. La distance focale
de l’instrument est de 5,3 mètres pour un diamètre de 31,6
centimètres. Elle est installée sous une coupole plus maniable. Elle
est surtout utilisée pour l’observation astrométrique des comètes
et des astéroïdes. Comme nous l’avons vu, Paul Baize réalise
plus de 11000 mesures d’étoiles doubles avec cet instrument à
partir de 1933. En 1949, la vétusté de cette lunette est telle qu’on
décide de la démonter. En 1974, la coupole de la tour de l’Ouest
est transférée à l’Observatoire de Saint-Véran. Par contre, on a
apparemment perdu la trace de cet équatorial. C’est pourtant lui
qui est le plus souvent illustré à l’époque dans les livres et les
journaux quand il s’agit de présenter l’Observatoire de Paris ou
les activités des astronomes...
La lunette de 30 cm de la tour de l’Ouest
Références
Ces astronomes fous du ciel - Paul Couteau – Edisud – 1988
Lunettes et télescopes – André Danjon – André Couder – Blanchard - 1979
Le centenaire de Pierre-Louis Guinand – Paul Ditisheim – L’Astronomie SAF - 1925
François Arago, un savant généreux - James Lequeux – EDP Sciences – 2010
Urbain Le Verrier, savant magnifique et détesté – James Lequeux – EDP Sciences – 2009
L’Observatoire de Paris, 350 ans de science - Collectif – Gallimard - 2012
L’équatorial de la tour de l’Est - Philippe Véron – Revue d’histoire des sciences - 2003
Mesures d’étoiles doubles faites à l’Observatoire de Paris - Michel Giacobini – 1934
Mesures d’étoiles doubles faites à l’équatorial de la tour de l’Ouest - Guillaume Bigourdan – 1885
La Nature – Revue des Sciences – Gaston Tissandier - 1873
Sites internet de l’Observatoire de Paris et de l’IMCCE
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • SCIENCES
Histoires d’étoile : Arcturus
Par Michel Pruvost
Carte d’indentité
Arcturus a Bootis
Constellation : Bouvier
Ascension droite : 14h15m39.7
Déclinaison : +19°10’56’’
Distance : 36.7 ± 0.3 al
Magnitude apparente : -0.06
Magnitude absolue : -0.29
Luminosité : 210 ± 10
Type spectral : K1.5 IIIpe
T° de surface : 4300 K
Diamètre : 51.4 ± 0.6 soleils
Arcturus
Par les belles nuits d’été, alors que le crépuscule s’attarde et que le Soleil vient à peine de disparaître, on
peut remarquer vers l’Ouest une belle étoile qui s’allume alors que le ciel est encore bleu. Cette étoile, c’est
Arcturus. Si on la remarque toujours en été, notamment lors des Nuits des Étoiles, elle est en fait visible depuis
le printemps. Dès le premier avril, on peut la découvrir au ras de l’horizon à l’Est vers 20 heures. À partir de
cette date, elle va se lever de plus en plus tôt pour ainsi culminer dans le ciel début juin au coucher du Soleil,
puis glisser vers l’Ouest et devenir invisible vers la fin d’octobre. Arcturus est donc une étoile du ciel d’été.
Elle est la quatrième étoile la plus brillante du ciel - avec une magnitude de -0.06 - derrière Sirius, Alpha du
Centaure et Canopus et juste devant Véga. Elle est donc aussi la plus brillante étoile de l’hémisphère Nord.
Arcturus est une étoile de la constellation du Bouvier, cette grande constellation qui peut faire penser à un
cerf-volant, un cône de crème glacée ou une cravate suivant le sens où on la regarde.
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • SCIENCES
Dans la mythologie
Elle est α Bootis dans le catalogue de Bayer et 16 Boo dans celui de Flamsteed. Elle est aussi référencée dans
une dizaine d'autres catalogues comme le Smithsonian Astrophysical Observatory où elle porte le numéro
SAO 100944. Le nom d’Arcturus signifie en grec ancien ''le gardien de l’Ours'', l’ours étant associé à la
constellation voisine de la Grande Ourse. Dans la mythologie romaine, le Bouvier garde les bœufs du Grand
Chariot (la Grande Ourse), ainsi la constellation et l’étoile sont elles liées dans un même destin. Mais Arcturus
est aussi la protectrice de Callisto, une maîtresse de Zeus, et de son fils Arcas, (la grande et la petite Ourse)
déposés là pour échapper à la colère de Hera la femme de Zeus.
En astronomie arabe, l’étoile s’appelle as-simāk ar-rāmiħ ‫حمارلا كامسلا‬, ‘‘l’âme élevée du lancier’’. Ce nom a
ensuite été plus ou moins romanisé pour devenir Aramec, Azimech ou encore Alramih. Elle est connue aussi
sous un autre nom arabe ħāris-al-samā ‫‘‘ ءامسلا سراح‬le gardien du ciel’’. Chez les Chinois, Arcturus se nomme
Da Jiao ''la grande corne'' qui fait partie de la constellation Jiao Xiu. Les japonais ont longtemps adopté le
nom chinois mais aujourd’hui c’est le nom d’Arcturus (アルクトゥルス) qui est utilisé. Quant aux Inuits, ils
nomment cette étoile ''le vieil homme'', les Hindous Swati et les Polynésiens Hōkūle’a. Arcturus était aussi
Papsukal, la divinité du dixième mois chaldéen Tibitu. Pour les civilisations de l’Euphrate, Arcturus était le
berger du ciel, Sib-zi-anna.
Arcturus à travers l’histoire
L’étoile Arcturus a certainement permis aux Polynésiens de découvrir l’archipel d’Hawaï. La latitude de celuici est exactement la déclinaison de l’étoile. En naviguant sur le Pacifique, il suffit alors de voguer Est-Ouest en
maintenant l’étoile au zénith et on découvre les îles. Elle a aussi été la première étoile observée en plein jour
par Jean Baptiste Morin en 1635.
En 1933, elle fut utilisée pour ouvrir la foire internationale de Chicago, 40 ans après la précédente en 1893
sous prétexte que la lumière d’Arcturus avait mis autant de temps pour franchir la distance la séparant de la
Terre. D’après les mesures effectuées par le satellite Hipparcos, Arcturus se trouve à 36.7 années-lumière du
Système solaire (11.3 parsecs), ce qui ne la place pas très loin de nous. Il a été soupçonné qu’Arcturus pouvait
posséder un compagnon soit d’une masse 20 fois inférieure soit d’une masse de 12 fois celle de Jupiter mais
rien n’a été confirmé aujourd’hui et Arcturus reste une étoile solitaire.
La Porte des Etoiles n°29
24
• • • • SCIENCES
Du côté scientifique
Arcturus est connue pour avoir un
mouvement propre très particulier.
Elle se meut très rapidement à la
vitesse de 122 km/s et elle se trouve
aujourd’hui presque au point le
plus proche du Système solaire,
qu’elle atteindra dans 4000 ans.
Arcturus appartient à un petit
groupe de 53 étoiles dont les
mouvements dans la Voie lactée
sont semblables. Elle et les 52
autres étoiles seraient des membres
de ce qu’on appelle le disque épais
galactique, une zone de vieilles
étoiles de population II située
à plusieurs milliers d’annéeslumière au-dessus ou sous le
plan galactique. Ces étoiles sont
caractérisées par des mouvements
rapides sur des orbites elliptiques
et inclinées par rapport au plan
galactique. Ainsi, Arcturus est
amenée à traverser le plan de
la galaxie et à migrer dans le
halo. Provenant de ces régions
lointaines et née dans la jeunesse
de la Voie lactée, Arcturus présente
ainsi une très faible métallicité,
25% de celle du Soleil, ce qui
veut dire que sa composition est
pauvre en éléments plus lourds
que l’Hélium. Le professeur Jim
Kaler suggère même qu’Arcturus
pourrait provenir d’une galaxie
satellite de la notre.
Arcturus est une étoile géante
orange de type K1.5 III pe. Son
spectre est inhabituel et présente
de nombreuses raies d’émission,
ce qui n’est pas rare pour une
géante rouge mais Arcturus a
poussé ce phénomène assez loin.
En visuel, elle est 110 fois plus
lumineuse que le Soleil mais
cela n’est qu’une partie de son
émission lumineuse. Une grande
partie de la lumière est émise en
infra-rouge et, dans cette gamme,
l’étoile est, cette fois, 180 à 215
fois plus brillante que le Soleil.
La Porte des Etoiles n°29
Comparaison des tailles du Soleil et de l’étoile Arcturus
Le diagramme Hertzprung-Russel
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• • • • SCIENCES
La masse d’Arcturus est comprise entre 1.1 et 1.5 fois celle du Soleil mais son diamètre est plus de 50 fois
plus grand. On ne connaît pas bien son âge mais elle est, de façon certaine, beaucoup plus ancienne que le
Soleil, peut-être deux fois plus vieille. Elle préfigure ce que sera notre étoile dans quelques milliards d’années
au stade évolué de géante rouge. Arcturus est, en effet, une étoile en fin de vie qui a quitté la série principale
du diagramme HR pour migrer vers la branche des géantes rouges.
En son cœur, ce n’est plus l’hydrogène qui fusionne mais l’hélium.
Arcturus est aussi une étoile légèrement variable. Sa magnitude
varie de 0.04 magnitude sur 8.3 jours. Cette variabilité est due à des
oscillations de la surface de l’étoile.
Et dans la littérature
L’étoile Arcturus est mentionnée dans de nombreux romans de
science-fiction, le plus célèbre d’entre eux étant ‘‘Un voyage en
Arcturus’’ de David Lindsay, écrit en 1920 où on découvre un monde
fabuleux peuplé d’êtres étranges. En 1964, Fredric Brown écrit le
roman ‘‘What mad universe’’, dans lequel les humains mènent une
guerre totale contre les Arcturiens. Enfin, en 1964, parait un roman
français écrit par Nathalie Henneberg, ‘‘La Plaie’’ qui décrit une
guerre sans merci entre les nocturnes incarnant le mal, des humains
rescapés et des anges issus d’Arcturus.
Arcturus et les arcturiens servent aussi à alimenter quelques délires
sur des êtres venus d’une cinquième ou d’une septième dimension
pour guider les terriens vers l’accomplissement et la transition vers
le nouvel âge. Le livre de Norma Milanovich paru en 1990 “Nous
les Arcturiens de l’étoile Arcturus et de leur vaisseau Athena”
reprend ce thème.
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • OBSERVATION
Une soirée avec la 49 de
l’Observatoire de Strasbourg
Par Simon Lericque
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • OBSERVATION
C’est encore une fois une belle histoire... une
histoire de trousseau de clés et de rencontres.
Comme pour la lunette Arago de l’Observatoire
de Paris avec Nicolas Biver en juin 2013 (voir la
Porte des Étoiles n°22), c’est cette fois-ci la lunette
de 49 centimètres de diamètre de l’Observatoire de
Strasbourg que nous avons pu découvrir grâce à
Tiphaine Barbay qui comme nous, est une habituée
de la station Astroqueyras et des hauteurs de SaintVéran.
Strasbourg donc, autour de midi le dimanche 23
février 2015, Huguette, Françoise, Jean-Pierre,
Michel et moi sommes dans un petit restaurant
traditionnel à deux pas de l’imposante cathédrale en
train de savourer quelques spécialités locales très...
diététiques ! Après le dessert, nous rejoignons au
L’observatoire vu depuis le sommet de la tour de la cathédrale
pied de la cathédrale Tiphaine qui sera désormais
notre guide et qui nous fera découvrir le spectaculaire panorama visible depuis le sommet de la tour. Après les
330 marches (la vue se mérite), Strasbourg et son agglomération se dévoilent devant nous : ici le parlement
européen, là le quartier de la Petite France, le bâtiment – plus moderne – du centre administratif et là-bas,
discrète, noyée au milieu d’autres bâtisses, c’est la coupole principale de l’Observatoire, celle qui abrite la
fameuse lunette équatoriale de 49 centimètres.
Après ce passage par les sommets, nous prenons tranquillement le chemin de l’Observatoire, déambulons dans
les belles rues du vieux centre-ville de la capitale alsacienne toujours guidés par l’intarissable Tiphaine : elle
aime sa ville d’adoption, ça se sent ! Les femmes s’attardent devant les boutiques de vêtements, les hommes
devant les échoppes de spiritueux... Un véritable cliché ! Un peu plus en périphérie, nous longeons le jardin
botanique et bien vite, nous arrivons devant la grille et l’immense coupole. Nous retrouvons là plusieurs
membres de la SAFGA (la Société Astronomique de France - Groupe Alsace) qui viennent de terminer
un marathon de deux jours d’astrophysique intensive avec Agnès Acker. Le Président Michel Hunzinger,
Jean-Michel Lazou, Benoît Zeller (lui aussi membre d’Astroqueyras) et Pascal Dubois (ancien astronome
professionnel à l’Observatoire de Strasbourg et membre de la SAFGA), entre autres, nous racontent l’histoire
de la SAFGA et les liens qu’elle entretient avec l’Observatoire et les astronomes professionnels, encore
nombreux, qui officient toujours dans ces murs.
La fameuse lunette de l’Observatoire de Strasbourg
La Porte des Etoiles n°29
Puis vient le moment tant attendu,
nous gravissons les marches du
grand escalier et pénétrons sous
la coupole. A Lille, à Paris, à
Prague ou ailleurs, chaque fois,
c’est la même émotion... C’est
beau ces “vieux machins’’ ! C’est
impressionnant surtout ! La
lunette en effet est majestueuse
sous son imposante coupole de
12 mètres de diamètre et de 34
tonnes. Il faut dire qu’avec ses
490 millimètres de diamètre et
ses 9 mètres de focale, ce n’est
pas un petit instrument qu’il
faut abriter ; c’est d’ailleurs la
troisième lunette de France après
celles de Meudon et la 76 cm
de l’Observatoire de Nice. Nos
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• • • • OBSERVATION
hôtes nous racontent l’histoire de l’observatoire,
le parcours de l’instrument qui date de 1885
(alors que la ville de Strasbourg était encore
allemande), de son optique taillée par Merz,
puis retravaillée par Texereau, de sa monture et
du pilier de 5 tonnes fabriqués par les ateliers
Repsold, des éminents astronomes qui sont passés
sous cette même coupole : Winnecke, Becker,
Danjon, Esclangon, Couder, etc. Ce genre de
rencontre permet aussi de découvrir quelques
petites choses “cachées’’ : le mécanisme de mise
en mouvement de la coupole entraîné par deux
immenses poids de 880 kilogrammes chacun,
le système d’arrosage destiné à rafraîchir la
coupole en été et qui, semble-t-il, n’a jamais
véritablement fonctionné, le rail à l’extérieur où
était installé le chercheur de comètes, un espèce
de siège coulissant couplé à un petit réfracteur
sensé être dirigé dans la direction des astres
chevelus... Puis, comme souvent, les discussions
dévient, les échanges s’engagent, les bavardages
s’éternisent... Aux quatre coins de France, la
passion pour l’astronomie est finalement la
même !
La photo “officielle”
Mais le temps passe – le Soleil va bientôt se coucher – et le ciel est toujours désespérément plombé par les
nuages. Dommage ! Pourtant depuis la veille, Jean-Pierre nous soutient que le ciel sera clair ce soir... Une photo
souvenir et nous redescendons à regrets les fameuses marches pour quitter l’Observatoire. Tiphaine et Benoît
ne veulent pas en rester là, d’autant que l’heure de l’apéro est désormais arrivée. Tiphaine nous guide à nouveau
vers le centre de Strasbourg et semble absolument tenir à nous dévergonder. Nous qui sommes d’ordinaire
si sérieux avons beaucoup de mal à nous laisser tenter : ce sera le bar à bières baptisé “le Grincheux’’... Là
encore, les échanges seront riches et nombreux, la convivialité prime : on reparle de la lunette de 49, de
l’histoire de Strasbourg, les souvenirs de Saint-Véran reviennent aussi inexorablement sur le tapis.
La “petite’’ bière alsacienne sifflée, nous quittons “le Grincheux’’, mais en fin de compte, pas si grincheux
que cela... Le ciel s’est miraculeusement découvert : il avait raison notre Jean-Pierre ! Benoît n’a pas besoin
d’insister lourdement pour que nous acceptions de retourner sous la coupole. Une halte rapide pour reprendre
des forces avec quelques parts de tartes flambées offertes par le même Benoît et nous reprenons le tramway
– en toute illégalité - vers le quartier de l’Observatoire. Benoît part devant nous avec son précieux vélo pour
préparer le matériel.
Nouveau rendez-vous au pied de la coupole, cette fois sous un ciel étoilé. Nous sommes là, avec Tiphaine,
Benoît et Christian, un autre membre de la SAFGA qui nous a rejoint entre temps. Nous connaissons désormais
le chemin pour accéder à la coupole : la lunette est déjà pointée sur Sirius pour tenter de dénicher le discret
Sirius vu par... Michel...
La Porte des Etoiles n°29
...Jean-Pierre...
...et Simon
29
• • • • OBSERVATION
Ambiance sous la coupole
compagnon Sirius B. Le chromatisme est important
mais l’image a ce charme que l’on ne retrouve que
dans ces instruments plus que centenaires. Seuls les
oculaires d’origine – dont nous ne pourrons qu’estimer
la distance focale – sont compatibles avec la lunette.
Michel et Benoît finissent par dénicher un oculaire
(autour de 20 mm de focale) qui offre la plus belle
image : Sirius est éclatante, étincelante, et scintille
de toutes les couleurs. Plus discret dans sa corolle
multicolore, le petit point discret de Sirius B apparaît
sans trop de difficultés. Tiphaine, Benoît, Christian
et même Huguette jettent un œil à l’oculaire ; JeanPierre, Michel et moi en ferons un dessin, histoire de
garder un souvenir d’une observation rare dans cet
instrument d’exception.
Benoît déplace ensuite le réfracteur de plusieurs centaines de kilos avec la
facilité d’une petite lunette de 60 mm et pointe la nébuleuse d’Orion. Là
encore, l’image obtenue est très ‘’exotique’’. Malgré la pollution lumineuse
importante dans les environs, le cœur de la nébuleuse est très détaillé :
des zones sombres et des différences de densité sont bien visibles autour
du célèbre trapèze. Personne ne parviendra à percevoir les cinquième et
sixième étoiles de Thêta Orionis. Le plus étonnant reste la couleur bleutée
assez marquée de la nébuleuse. Quand l’on sait qu’il est déjà difficile de
déceler les colorations verdâtres et rosâtres de la nébuleuse sous d’excellents
cieux, il y a là de quoi s’interroger. Encore une fois, nous nous succédons à
l’oculaire et arrivons à la même conclusion : c’est probablement l’optique
de la lunette qui est à l’origine de cette étrange couleur. J’en ferai néanmoins
un croquis rapide, encore une fois davantage pour garder un souvenir que
pour réaliser un ‘‘beau’’ dessin.
Gribouillage rapide du coeur de la
nébuleuse d’Orion
L’étincelante Jupiter nous appelle depuis le début de la nuit. Nous ne pouvions pas quitter la coupole sans lui rendre
une petite visite. C’est l’infatigable Benoît qui pointe maintenant la lunette avec une dextérité déconcertante
vers la planète géante. A l’oculaire - vue la luminosité - le chromatisme est très présent sur les bords du disque
jovien mais les détails également : certes, la grande tache rouge n’est pas là, mais de nombreuses formations
se révèlent dans les bandes équatoriales. Étant donné le nombre de formations nuageuses perceptibles dans
l’atmosphère de la jovienne, personne n’osera se lancer dans la réalisation d’un dessin. Il faut dire qu’il est déjà
tard, que la journée a été dense et que la
fatigue commence à se faire sentir...
Une nouvelle photo de groupe au pied
de la lunette conclura ce second passage
sous la coupole. Nous remercions
chaleureusement Benoît – sans qui nous
n’aurions pas pu revenir pour observer
avec la lunette – et reprenons les
voitures. Un petit crochet pour déposer
Tiphaine chez elle et nous regagnons
notre gîte en banlieue strasbourgeoise,
fatigués, mais avec ce sentiment d’avoir
été sacrément privilégiés d’avoir pu
nous rincer l’œil à travers la troisième
lunette de France. Merci la SAFGA !
Merci Tiphaine ! Merci Benoît !
La Porte des Etoiles n°29
Simon, Benoit, Michel, Jean-Pierre, Christian, Tiphaine et Huguette
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• • • • OBSERVATION
Souvenirs d’éclipse
Collectif
La chance sourit aux audacieux... C’est ce que l’on pourrait retenir de l’observation de l’éclipse partielle de
Soleil du 20 mars dernier. En effet, il fallait quitter nos contrées septentrionales tôt ce matin là pour tenter de
voir le croissant solaire. Personne dans le Nord-Pas-de-Calais n’a pu le voir. 5 heures du matin, le réveil sonne
(c’est douloureux), les dernières cartes satellites indiquent que le beau temps est à l’Est de la France et s’étend
jusque la Champagne. C’est là, près de Reims que quelques courageux – Carine, Serge, Michel, François,
Emmanuel et Simon – s’installeront et réussiront à voir une bonne partie du phénomène. Un bord de route un
peu bruyant à la sortie de Warmeriville comblera de bonheur nos valeureux explorateurs. Patrick, resté un peu
plus au Nord près de Saint-Quentin bénéficiera lui-aussi de quelques éclaircies. Souvenirs.
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • OBSERVATION
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • OBSERVATION
Ambiance nuageuse après le premier contact - Canon 7D et téléobjectif Canon 70-300 - Simon LERICQUE
Reflet en croissant - Smartphone - Serge VASSEUR
APN Canon 1000D et lunette 66/400 - François LEFEBVRE
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • OBSERVATION
Près du maximum - Canon EOS 7D, hélioscope Lunt et lunette Orion 80ed - Simon LERICQUE
APN Canon EOS 6D et lunette
SkyWatcher 80ED - Carine SOUPLET
Canon 70D et téleobjectif Sigma 150-500 - Patrick ROUSSEAU
Après le maximum - APN Canon 1000D et lunette 66/400 - François LEFEBVRE
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • OBSERVATION
Ambiance nuageuse - Canon 70D et
téleobjectif Sigma 150-500 - Patrick ROUSSEAU
À travers une passoire - APN Canon IXUS 400
Carine SOUPLET
Fin de l’éclipse - APN Canon 7D, hélioscope Lunt
et lunette Orion 80ed - Simon LERICQUE
Réapparition de la tache solaire - APN Canon 7D,
hélioscope Lunt et lunette Orion 80ed
Simon LERICQUE
La Porte des Etoiles n°29
Dernier contact imminent- APN Canon EOS 6D et
lunette SkyWatcher 80ED - Carine SOUPLET
35
• • • • LA GALERIE
La galerie
Qui a dit que les aurores boréales
étaient réservées aux latitudes
polaires ? Il est rare certes que
ces phénomènes soient visibles
en France. C’est pourtant ce qui
s’est passé le 17 mars dernier.
Quelques chanceux étaient sur le
terrain pour les photographier.
Le mois d’avril avait cette année
un avant-goût d’été. La météo
s’est en effet montrée clémente et
le Soleil a pu être observé, dessiné,
photographié à travers toutes les
longueurs d’onde : en lumière
blanche, en hydrogène alpha ou en
calcium.
Le printemps est traditionnellement
la saison des galaxies. Dans les
constellations du Lion, de la
Vierge, de la Chevelure, ce sont
plusieurs centaines qui peuvent
être observées ou photographiées.
Cette année, les conditions ont été
particulièrement propices !
Jupiter et Venus sont les planètes
les plus en vue depuis le début de
l’année. Lors de leur déplacement
à travers les constellations, les
brillantes planètes ont pu croiser
d’autres astres sur leur route : la
Lune, mais aussi les amas ouverts
M44 et M45.
Sommaire
37����������������������������������������������������������������������� Une aurore dans le Nord
38�������������������������������������������������������������������������������������� Festival solaire
46��������������������������������������������������������������������������� Galaxies de printemps
53���������������������������������������������������������������������� Rapprochements célestes
55���������������������������������������������������������������������������������� La petite dernière
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • LA GALERIE
Une aurore dans le Nord
En Tierache (02) - 17 mars 2015
APN Canon 6D et objectif Samyang 14mm - Carine SOUPLET et Mathieu SENEGAS
Au Mont Cassel (59) - 17 mars 2015 - APN Canon 6D et objectif Canon 17mm - Sylvain WALLART
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • LA GALERIE
Festival solaire
Le Soleil en lumière blanche
La Collancelle (58) - 15 avril 2015
APN EOS 7D, hélioscope Lunt et lunette
Orion 80ed - Simon LERICQUE
Taches solaires en lumière blanche
La Collancelle (58) - 15 avril 2015
Caméra DMK21, hélioscope Lunt et lunette
Orion 80ed - Simon LERICQUE
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • LA GALERIE
Taches solaires en lumière blanche - La Collancelle (58) - 12, 13, 14, 15 et 19 avril 2015
Caméra DMK21, hélioscope Lunt et lunette Orion 80ed - Simon LERICQUE
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • LA GALERIE
Activité solaire des 15 et 18 avril 2015 - La Collancelle (58)
Dessins à l’oculaire 10mm, hélioscope Herschel et lunette 60/600 - Michel PRUVOST
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • LA GALERIE
Zones actives sur le Soleil - La Collancelle (58) les 13, 14, 15, 18 et 19 avril 2015
Caméra DMK21 et lunette Lunt 60 B1200 Ha - Simon LERICQUE
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • LA GALERIE
Filaments solaires - La Collancelle (58) les 13 et 14 avril 2015
Caméra DMK21 et lunette Lunt 60 B1200 Ha - Simon LERICQUE
Dessin solaire en Ha - La Collancelle (58), 18 avril 2015
Oculaire 10mm et lunette Lunt 60 B1200 Ha - Michel PRUVOST
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • LA GALERIE
Activité solaire en Calcium
La Collancelle (58) - 18 avril 2015
Caméra DMK21 et lunette Lunt 60 B1200 CaK
Simon LERICQUE
Activité solaire en Calcium
La Collancelle (58) - 15 avril 2015
Caméra DMK21 et lunette Lunt 60 B1200 CaK
Simon LERICQUE
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • LA GALERIE
Zones actives sur le Soleil - La Collancelle (58) les 13, 14, 15 et 19 avril 2015
Caméra DMK21 et lunette Lunt 60 B1200 CaK - Simon LERICQUE
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • LA GALERIE
Groupe de taches solaires
La Collancelle (58)
le 18 avril 2015
Caméra DMK21 et lunette
Lunt 60 B1200 CaK
Simon LERICQUE
Transit de l’ISS devant le Soleil - Meurchin (62), 23 avril 2015
APN EOS 7D et lunette Orion 80ed - Simon LERICQUE
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • LA GALERIE
Galaxies de printemps
La galaxie du Tourbillon M51 - La Collancelle (58) - 21 avril 2015
Caméra ATIK 314L et lunette SW Esprit 120ED - Gervais VANHELLE
La galaxie M63
La Collancelle (58) - 24 avril 2015
APN Canon 450D et lunette Hélios 150/1200
Patrick ROUSSEAU
La Porte des Etoiles n°29
La galaxie du Tourbillon M51
La Collancelle (58) - 20 avril 2015
APN Canon 450D et lunette Hélios 150/1200
Patrick ROUSSEAU
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• • • • LA GALERIE
La galaxie M101 - La Collancelle (58) - 19 avril 2015
APN Canon EOS 450D et lunette Hélios 150/1200 - Patrick ROUSSEAU
Les galaxies M101 et NGC 5474 - La Collancelle (58) - 20 avril 2015
APN Canon EOS 600D et lunette Esprit 120ED - Gervais VANHELLE
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • LA GALERIE
La galaxie de l’oeil noir M64
La Collancelle (58) - 21 avril 2015
Caméra Atik 314L et lunette SW Esprit 120ED
Gervais VANHELLE
La galaxie M94
La Collancelle (58) -22 avril 2015
Caméra Atik 314L et lunette SW Esprit 120ED
Gervais VANHELLE
La galaxie M95
La Collancelle (58) - 22 avril 2015
Caméra Atik 314L et lunette SW Esprit 120ED
Gervais VANHELLE
La galaxie de l’oeil noir M64
La Collancelle (58) - 24 avril 2015
APN Canon 450D et lunette Hélios 150/1200
Patrick ROUSSEAU
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • LA GALERIE
Les galaxies M81 et M82 - La Collancelle (58) - 23 avril 2015
APN Canon 450D et lunette Hélios 150/1200 - Patrick ROUSSEAU
Les galaxies M81 et M82 - La Collancelle (58) - 20 avril 2015
APN Canon EOS 600D et lunette SW Esprit 120ED - Gervais VANHELLE
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • LA GALERIE
Le trio du Lion M65, M66 et NGC 3628 - La Collancelle (58) - 20 avril 2015
APN Canon EOS 600D et lunette SW Esprit 120ED - Gervais VANHELLE
Les environs des galaxies M100 et NGC 4312 - La Collancelle (58) - 18 avril 2015
Caméra Atik 314L et lunette SW Esprit 120ED - Gervais VANHELLE
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • LA GALERIE
Les galaxies M65 et M66 - La Collancelle (58) - 14 avril 2015
Dessin à l’oculaire Ethos 13mm et Dobson Lightbridge 400/1800 - Michel PRUVOST
Les galaxies M101 et NGC 5474
La Collancelle (58) -14 avril 2015
Dessin à l’oculaire Lanthanum 42mm et
Cassegrain 200/1800 - Michel PRUVOST
La Porte des Etoiles n°29
Les galaxies NGC 4298 et NGC 4302
La Collancelle (58) - 13 avril 2015
Dessin à l’oculaire Ethos 13 mm et Dobson
Lightbridge 400/1800 - Simon LERICQUE
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• • • • LA GALERIE
La galaxie NGC4244- La Collancelle (58) - 13 avril 2015
Dessin à l’oculaire Ethos 13 mm et Dobson Lightbridge
400/1800 - Simon LERICQUE
Les environs de NGC 3395 et 3396
La Collancelle (58) - 12 avril 2015
Dessin à l’oculaire Ethos 21 mm et
Dobson Lightbridge 400/1800 - Simon
LERICQUE
Les galaxies NGC 4285, 4274, 4278, 4283 et 4314 - La Collancelle (58) - 14 avril 2015
Dessin à l’oculaire Ethos 21 mm et Dobson Lightbridge 400/1800 - Simon LERICQUE
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • LA GALERIE
Rapprochements célestes
Venus et l’amas des Pléiades - La Collancelle (58) - 12 avril 2015
APN Canon EOS 7D et téléobjectif Canon 70-300 - Simon LERICQUE
Jupiter et l’amas de la Crèche - La Collancelle (58) - 12 avril 2015
APN Canon EOS 7D et téléobjectif Canon 70-300 - Simon LERICQUE
La Porte des Etoiles n°29
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• • • • LA GALERIE
Conjonction Lune-Venus - Wancourt (62) - 21 avril 2015
APN Canon EOS 7D et objectif Canon 35mm
Simon LERICQUE
Rapprochement Lune-Aldebaran - Wancourt (62) - 21 avril 2015
APN Canon EOS 7D et téléobjectif Canon 70-300
Simon LERICQUE
La Porte des Etoiles n°29
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La petite dernière
C’est dans l’indifférence quasi générale que la sonde Messenger a achevé sa passionnante mission : c’était le
30 avril dernier. Après 7 ans de voyage et 3 années passées en orbite autour de Mercure, la sonde américaine
s’est volontairement crashé sur la surface de la plus proche planète du Soleil. Messenger est, à ce jour, la
sonde qui nous aura apporté le plus d’informations sur Mercure et aussi les images les plus détaillées de sa
surface. Il faudra désormais attendre de longues années (20 ans dit-on...) pour qu’une nouvelle sonde vienne
à nouveau à la rencontre de Mercure et de son paysage désolé.
La Porte des Etoiles n°29
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