CHAPITRE 4 : UN REGARD SUR L'ÉVOLUTION DE L'HOMME Introduction Comme toute autre espèce, l’Homme actuel, Homo sapiens, résulte d’une évolution. Son histoire fait partie de celle du genre humain (Homo), qui a comporté d’autres espèces aujourd’hui disparues, et s’inscrit d’une façon plus générale dans celle des primates. Problème : Quels sont les critères d'appartenance au genre humain ? 1. La diversité actuelle et passée des primates A. La diversité des primates Les Primates 51 genres, 168 espèces Principales caractéristiques •Pouce et gros orteil opposables aux autres doigts (sauf chez les humains pour le gros orteil), permet la préhension. •Ongles plats à la place des griffes (sauf quelques petites espèces d’Amérique du Sud). •Yeux rapprochés sur le devant de la face ( permet la vision binoculaire). •L' appendice nasal est un nez et non une truffe (Museau réduit). •Cerveau développé (capacité au moins égale à 350 à 400 cm3). •D'autres caractéristiques : organisation sociale et familiale, communication importante, tendance à se redresser… Des Primates… dont l'Homme fait partie. 1. La diversité actuelle et passée des primates B. L'établissement d'une phylogénie Correction du TP 8 Avec le logiciel Phylogène, on construit la matrice suivante : Le Toupaïe n'appartenant pas aux primates, il est choisit comme extra groupe. Cela signifie que tous ses caractères sont considérés comme des caractères ancestraux et donc la présence d'un caractère différent est considéré comme un caractère dérivé, c'est une innovation évolutive On obtient alors l'arbre phylogénétique suivant, après avoir réuni les caractères dérivés (en jaune) ensemble. Dernier ancêtre commun aux primates Queue absente Narines non fendues, rapprochées Orbites fermées Appendice nasal =nez Terminaison des doigts (ongles) et pouce opposable La présence d'un pouce opposable et d'ongle à la terminaison des doigts sont les deux caractères propres aux primates. Il n’est pas possible à partir des données morpho-anatomiques d’établir des liens de parentés entre Homme, Chimpanzé, Gorille, Orang Outan et Gibbon car ils possèdent tous les mêmes états de caractères à l’état dérivé. La comparaison des seuls critères morpho- anatomiques ne permet donc pas de préciser les liens de parenté entre Homme, Gorille, Orang outan, Chimpanzé et Gibbon. Il faut donc effectuer d'autres comparaisons : des comparaisons moléculaires en utilisant le logiciel Anagène Les comparaisons moléculaires sont présentées sous forme d'un tableau. Tableau de comparaison des molécules NAD, en % d’identités Homme Chimpanzé Gorille Orang-outan Homme Chimpanzé Gorille Orang-Outan 100 89 86,5 75,5 100 87,8 76,4 100 100 74,7 Tableau de comparaison des molécules myoglobines, en % d'identités Homme Chimpanzé Gorille Orang-Outan Homme 100 Chimpanzé 99,4 100 Gorille 99,4 98,7 100 Orang-outan 98,7 98,1 98,1 100 Tableau de comparaison des molécules cytochromes oxydase, en % d'identités Homme Chimpanzé Gorille Orang-Outan Homme 100 Chimpanzé 97.4 100 Gorille 96.9 96.9 100 Orang-outan 97.4 94.7 96 100 Tableau de comparaison des molécules Hb alpha, en % d’identités Homme Chimpanzé Gorille Orang-outan Homme Chimpanzé Gorille Orang-Outan 100 100 99.3 97.9 100 99.3 97.9 100 100 98.6 Tableau de comparaison des molécules Hb epsilon, en % d'identités Homme Chimpanzé Gorille Orang-Outan Homme 100 Chimpanzé 100 100 Gorille 100 100 100 Orang-outan 98,6 98,6 98,6 100 Tableau de comparaison des molécules Hb Gamma, en % d'identités Homme Chimpanzé Gorille Orang-Outan Homme 100 Chimpanzé 100 100 Gorille 98 98 100 Orang-outan 98.6 98.6 98 100 Tableau de comparaison des molécules gène 1 ADN mitochondrial, en % d'identités Homme Chimpanzé Gorille Orang-Outan Homme 100 Chimpanzé 94.7 100 Gorille 93.9 93.8 100 Orang-outan 89 89 88.6 100 Tableau de comparaison des molécules gène 2 ADN mitochondrial, en % d'identités Homme Chimpanzé Gorille Orang-Outan Homme 100 Chimpanzé 91.6 100 Gorille 89.2 90.2 100 Orang-outan 85 85.4 85.1 100 Dans presque tous les cas, le pourcentage d'identités est plus fort entre les séquences de l'Homme et du Chimpanzé, puis entre celles de l'Homme et du Gorille et celles de l'Homme et de l'Orang Outan. On sait que plus le pourcentage d'identités est élevé, plus les relations de parentés sont étroites et donc plus l'ancêtre commun est proche. Ainsi, l'Homme a plus de lien de parenté avec le Chimpanzé. Tableau de comparaison des molécules NAD, en % d’identités Homme Chimpanzé 89 % Gibbon 75,9% Gorille 86,5 % Orang-outang 75,5 % En utilisant les données moléculaires, on peut donc déduire que l'arbre d'évolution le plus probable est l'arbre 1 L’établissement d’une phylogénie repose sur le partage de caractères qualifiés de dérivés. On considère que deux individus qui ont en commun au moins un caractère dérivé non partagé avec d’autres individus, ont des liens de parenté étroits et par conséquent possèdent un ancêtre commun qui leur est exclusif, c’est à dire l’espèce chez qui l’innovation est apparue pour la première fois. Concrètement, plus des espèces partagent de caractères dérivés, plus elles sont donc apparentés. C’est surtout du point de vue génétique que la parenté entre l’Homme et les grands singes apparaît de manière particulièrement frappante. L’étude de la séquence de gènes et de protéines permet de montrer que, parmi les grands primates actuels, les chimpanzés sont les plus proches parents de l’Homme. Homme et chimpanzé partagent donc un ancêtre commun plus récent qu’avec les autres grands primates actuels. 2. L'Homme et le Chimpanzé : deux espèces très proches A. Comparaison génétique L’Homme possède 23 paires de chromosomes (2n = 46), le Chimpanzé, 24 (2n = 48). 13 chromosomes sont morphologiquement identiques (9 chromosomes identiques avec le Gorille) Quelques remaniements chromosomiques (inversions ou translocations de fragments chromosomiques, fusion de deux chromosomes) suffisent à rendre compte des différences observées. Chromosomes identiques ou présentant de faibles différences Fusion de chromosomes Insertion / Délétion de segments chromosomiques Inversion de segments chromosomiques Translocation de segments chromosomiques 4, 5, 12, 15, 16, 17, 18 Chromosome 9 Insertion chez l’Homme : 1, 20, Y 3 2p et 2q fusionnent pour donner le Délétion chez chromosome 2 l’Homme : 6, 7, 8, humain 9, 10, 11, 12, 13, 14, 16, 17, 19, 20, 21, 22 2. L'Homme et le Chimpanzé : deux espèces très proches B. Le rôle des gènes dans le développement pré et post natal. Le crâne de l’Homme aurait gardé, à l’âge adulte, des caractères qui ne sont que transitoires chez le Singe (=caractères juvéniles). Chez l'Homme la forme du crâne change peu entre le stade fœtal et le stade adulte, ainsi le crâne reste de forme arrondie, la face est plane, la mâchoire est non prognathe et le trou occipitale reste centré dans l'axe de la colonne. Chez le chimpanzé les transformations sont nettement plus marquées, ainsi, le crâne s'allonge et le front devient fuyant, la mâchoire devient massive et prognathe (vers l'avant), des bourrelets susorbitaires apparaissent, le trou occipitale recule. Durée des phases du développement Conséquences phénotypiques - Phase de multiplication des neurones plus longue Intensité et durée d’expression de certains gènes « architectes » plus importantes (ASPM – HAR1) Cerveau plus volumineux donc d’un poids plus élevé, cortex plissé (beaucoup plus de neurones) Phase juvénile plus longue chez • Croissance ralentie du crâne, pas d’apparition des l’homme caractères « adultes » comme chez le singe • arrêt de l’expression de certains gènes (MYH16) Pas de développement de la mâchoire – pas de recul du trou occipital et réorganisation structurale de la face et du crâne - Maturité sexuelle acquise plus tardivement chez l’Homme - • Phase embryonnaire : plus longue • chez l’Homme Taille corporelle plus grande chez l’Homme. Période d’apprentissage plus longue. Les différences observées dans les séquences chez l’Homme et le Chimpanzé pourraient expliquer le volume cérébral nettement plus important chez l’Homme (1400 cm3 contre 400 cm3) et une surface corticale plus développée (22 dm3 contre 5 dm3). Les différences anatomiques concernant le développement du crâne et de la face s’expliqueraient par des mutations survenues sur des gènes de développement portés par les représentants de la lignée humaine. Ces mutations auraient entraîné des différences dans l’intensité d’expression des certains gènes du développement, leur durée d’expression et la chronologie (ce sont les « hétérochronies »). 3. La définition du genre Homo A. Les caractéristiques du genre Homo Homo Face Réduite et plate Mandibule Parabolique Supérieur à 600 cm3 Volume cérébral Australopithecus Mâchoires développées vers l’avant à l’origine d’un prognathisme marqué. En U Inférieur à 600 cm3 Permanente (bassin court et évasé, trou occipital avancé et horizontal, fémur incliné) Bipédie Aptitude à la course Pan Stricte (membres inf > membres sup) Arboricole (Membres sup ~ Membres inf) oui non Occasionnelle (bassin haut et étroit, trou occipital reculé et non horizontal, fémur droit, membres sup > membres inf) non L’appartenance au genre Homo est définie par plusieurs critères liés notamment à la morphologie de la face, à la locomotion bipède et à l’existence d’un dimorphisme sexuel peu marqué au niveau du squelette. (cf. tableau) Mais également, une culture propre : utilisation intensive d’outils extrêmement variés tant dans les matériaux utilisés que dans leurs fonctions [ceux-ci sont améliorés d’une génération à l’autre, conservés, échangés], des pratiques culturelles comme l’art, les rites funéraires… 3. La définition du genre Homo B. Les caractères dérivés propres à la lignée humaine Caractères liés au style de bipédie pratiqué par l'Homme La colonne vertébrale présente 4 courbures Le bassin est court et larges Pas de courbure chez les grands singes Il est allongé et étroit chez les grands singes Caractères liés au style de bipédie pratiqué par l'Homme Les fémurs sont longs et oblique. Le col du fémur est plus long Les fémurs sont droits et le col du fémur est étroit chez les grands singes Caractères liés au style de bipédie pratiqué par l'Homme Le trou occipital est situé au centre du crâne Chimpanzé Pré-humain Il est en arrière du crâne chez les grands singes Homme Le gros orteil chez l'Homme est dans le prolongement du pied, il sert de propulseur. Ce pied est adapté à la marche. Chez les grands singes, le pied est préhensible. gros orteil Le pied humain présente une voûte plantaire. Caractères liés au style de bipédie pratiqué par l'Homme La présence d'un bassin court et large permet de supporter le poids du corps en position redressé, le trou occipital centré permet de positionner la tête en équilibre au sommet du corps, le fémur oblique déplace le centre de gravité et permet un meilleur équilibre, le pied est adapté à la marche. Ces caractéristiques permettent donc une bipédie redressée. Ce n'est pas le cas chez les grands singes. La bipédie existe mais reste occasionnelle, et la position reste courbée vers l'avant. Caractères crânien Le volume crânien est important (environ 1400 cm3). La face est plane. Le front est haut. Le volume crânien est 4 fois plus faible (de 350 à 400 cm3) La face est oblique, le front fuyant. La mâchoire est parabolique La mâchoire est en "U" chez les grands singes avec des canines très développées (surtout chez les mâles) On admet que tout fossile présentant au moins un des caractères dérivés anatomiques présentés précédemment, associé ou non aux traces culturelles fossiles, appartient à la lignée humaine Correction du TP 9 Un exemple de mesure réalisé avec le logiciel HOMININES B N Q Angle entre MN et OP : 67.91° O N P P M BP=7.45 cm NQ=12.9 cm Le rapport BP/NQ = 0.57 L'angle facial est de 67.91° Le rapport VF/VQ' = 0.50 Q' F V VF=5.29 cm VQ'=10.4 cm Le crâne étudié appartient au Homo habilis 4. L'évolution des homininés Pour information Toumaï (Sahelanthropus tchadensis) Découvert en juillet 2001 au Tchad. On ne possède que le crâne, quelques dents et des fragments de mâchoire. Daterait de 7 MA (datation relative) ce qui en ferait le plus vieux fossile de la lignée humaine. Trou occipital témoigne d’une position dressée. Bipède ??? Face plus aplatie que celle des grands singes. Mesurait quelque chose comme 1 à 1,3 m. Capacité crânienne proche de celle du chimpanzé (360 à 370 cc). On ignore s’il est un ancêtre de l’homme ou un ancêtre commun aux grands singes actuels et aux humains. Gorille Toumaï Pour information Orrorin tugenensis Plus vieux fossile de la lignée humaine (?) actuellement connu. 6 MA Découvert en janvier 2001 au Kenya (Afrique de l’Est). On n’a retrouvé qu’un fragment de mâchoire, les restes du fémur et de l’humérus, quelques dents et une phalange. Devait mesurer entre 1,25 et 1,5 m Mâchoire primitive comme celle des singes, mais le fémur indique nettement une locomotion bipède (par sa longueur, la forme et l’orientation de son col). L’humérus indique aussi une aptitude à la suspension. Une phalange très allongée (comme celle des grands singes) témoigne aussi d’une locomotion par suspension. 4. L'évolution des homininés A. Les homininés les plus anciens : les Australopithèques En 1978, Mary Leakey et Tim White mettent à jour à Laetoli en Tanzanie des empreintes de pas fossilisées dans de la cendre volcanique. Ces empreintes vieilles de 3,6 MA sont attribuées à des Australopithecus afarensis (deux individus, un grand et un plus petit, peut-être un mâle et une femelle). Les Australopithèques regroupent de nombreuses espèces qui ont vécu entre -4,5 et-1Ma (Afarensis, Africanus, Paranthropus …) Les premiers ont été découvert en Afrique du Sud. Australopithecus afarensis Nombreux fossiles retrouvés dont la célèbre Lucy (AL 288-1 de son vrai nom), un squelette complet à 40% découvert en 1974 par Donald Johanson, Maurice Taieb et Yves Coppens sur le site des Afars en Éthiopie. Entre 4 et 3 MA. Taille estimée entre 1 et 1,5 m Volume crânien ~ celui des grands singes : 450 cm3 Locomotion bipède, mais moins spécialisée que celle des humains modernes. La bipédie des afarensis • Bassin plus près de celui des humains que des grands singes. • Genou typiquement bipède, intermédiaire entre celui de l’homme et celui des grands singes. Homme Afarensis Chimpanzé Chimpanzé Homme Lucy Le recoupement de l’ensemble des données morphologiques et les études de biomécanique permettent aujourd’hui de dire que si les Australopithèques étaient bipèdes, leur bipédie était différente de la nôtre : une marche « chaloupée » et certainement inaptes à la course, on parle de « bipédie Australopithèque ». Les afarensis possèdent quand même encore de nombreux traits simiens : Petit cerveau (volume de celui d’un grand singe). Bras longs par rapport aux jambes. Phalanges des doigts longues et incurvées (adaptation à grimper et à se suspendre aux branches). Cage thoracique ressemble plus à celle des grands singes. Gros orteil écarté des autres orteils (adaptation à grimper). Talon peut rouler sur le côté externe du pied. Pour information Paranthropus (ou Australopithèques robustes) Crête sagittale : permet l’attache de muscles masticateurs très puissants Afrique du Sud et de l’Est, 2,7 MA à 1 MA Étaient anciennement classés dans les Australopithèques. Taille 1,50 m et plus. Cerveau 420 à 600 cc. Face large. Pommettes très avancées. Mâchoires très développées et dents très robustes adaptées à un régime alimentaire fait de végétaux coriaces. Bipédie supérieure à celle des autres Australopithèques et même à celle des premiers hommes (genre Homo). Mains comparables à celles des premiers hommes (genre Homo). Pour information P. aethiopicus P. bosei P. robustus Des pierres taillées et des éclats servant d’outil ont été trouvés sur les sites où on a trouvé des restes de bosei. On a d’abord attribué ces artefacts à Homo habilis, mais de plus en plus de chercheurs croient qu’elles auraient bien été produites par bosei. P. bosei 4. L'évolution des homininés B. L'émergence du genre Homo : homo habilis C’est toujours en Afrique qu’apparaissent, il y a 2,5 Ma les premiers représentants du genre Homo : les Homo habilis. Ils coexistent avec les australopithèques. Homo habilis Ils possèdent en outre des caractères dérivés crâniens humains marqués par une augmentation du volume crânien (750 cm3), une réduction de la face, et une réduction de la taille des dents (régime omnivore) La bipédie se perfectionne (glissement du trou occipital sous le crâne, bassin court et évasé permettant une bonne rotation du bassin, genoux rentrant et voûte plantaire pour une meilleure stabilité et un amortissement des chocs dus à la marche) Taillent des outils sommaires : galets aménagés (pierres cassées pour leur donner un tranchant et utilisation des éclats comme lames pour trancher ou gratter.). L’utilisation et la fabrication systématique d’outils en pierre (galets aménagés) leur fait donner le nom d’Homo habilis (Homme habile). Pour information Il y a environ 2 MA, pas moins de 5 espèces d’hominidés bipèdes ont coexisté en Afrique : Deux espèces de Paranthropes (bosei au nord et robustus au sud) Homo habilis Homo rudolfensis Homo ergaster La période allant de 1,7 MA à 0,7 MA est marquée par d’importantes glaciations qui accentuent l’aridité de la savane africaine. Ce changement de climat semble avoir entraîné l’extinction de habilis et de rudolfensis qui disparaissent il y a environ 1,6 MA. Les paranthropes disparaissent à leur tour 500 000 ans plus tard. Ergaster doit peut-être sa survie à sa mobilité qui lui permettait de changer de milieu s’il le fallait. 4. L'évolution des homininés C. L'expansion du genre Homo Homo ergaster 1,9 à 1,5 MA Le plus connu = l’adolescent du Turkana Squelette presque complet découvert en 1984 à l’ouest du lac Turkana (Kenya). Garçon d’une douzaine d’années : mesurait 1,64m; aurait probablement atteint 1,90 m. Grands, élancés (1,70 m en moyenne); bipédie achevée comme chez l’humain moderne. Cerveau : 750 à 950 cc (plus que habilis, mais, par contre, il était plus grand). Asymétrie des hémisphères et lobes frontaux plus développés que chez habilis. Pour certains scientifiques, l'Homo ergaster est un précurseur d'Homo erectus. Pour d'autres c'est une espèce qui s'est développée à part... le débat n'est pas clos ! Homo erectus Il y a près de 2 MA, Ergaster sort d’Afrique et colonise l’Europe et l’Asie. Les populations qui atteignent l’Indonésie et la Chine développent avec le temps des caractères physiques qui leur sont propres. On leur donnera le nom d’Homo erectus. Sinanthrope ou « Homme de Pékin » Date d’environ 500 000 ans. Il utilisait le feu « Sangiran17 » Un crâne découvert à Java en 1969 Il date de 1 MA « Homme de Tautavel » Un crâne découvert dans la grotte de l'Arago à Tautavel (Pyrénées orientales) Il date de 450 000 ans Homo erectus H. erectus est plus grand (~ 1,50 à 1.60 m) qu'Homo habilis. L’ossature est plus robuste ce qui permet une bipédie permanente et un corps parfaitement redressé. Les os du crâne sont plus épais. On note un front bas et un gros bourrelet sus-orbitaire. Il n’y a pas de menton comme chez H. sapiens. La capacité crânienne augmente progressivement passant de 800 cc chez les formes les plus anciennes à plus de 1200 cc chez le sinanthrope (Homo erectus de Pékin; ~ 500 KA). De nombreuses populations colonisent progressivement l’Afrique du nord, du sud, du proche orient, l’Asie et l’Europe. Maitrise du feu. Reconstitution de H. erectus Homo erectus Homo neanderthalensis : l’homme de Neandertal Proviennent de l’évolution de populations européennes de H. erectus isolées au cours des glaciations. Apparaissent dès -250 000 ans mais ils ont peuplé l’Europe de 125 000 à 30 000 ans. Certaines populations ont côtoyé un temps Homo sapiens. Stature courte, trapue (membres courts), robuste 1,55 à 1,65 m pour 70 à 90 Kg, très musclé. Adaptés aux conditions glaciaires de l’Europe de cette époque (glaciations successives). Chasseurs, se nourrissaient surtout de gibier (mammouths, chevaux, rhinocéros laineux et rennes surtout). Crâne présentant un mélange de caractères archaïques et évolués (front fuyant, présence d’un bourrelet sus orbitaire) Capacité crânienne environ 15% plus grande que celle de l’Homo sapiens : 1500 à 1750 cc. crâne allongé front bas, fuyant bourrelet sus-orbitaire prononcé nez saillant et cavité nasale très grande (le nez devait être grand) pas de menton capacité crânienne 1500 à 1750 cc chignon occipital Était-ce bien une espèce différente de la nôtre (pouvaient-ils se reproduire avec Homo sapiens). •Certains croient qu’ils étaient une sous-espèce d’Homo sapiens (Homo sapiens néenderthalensis). •Par contre, actuellement, la plupart des paléontologues les trouvent trop différents pour les mettre dans la même espèce que nous. Pourquoi sont-ils disparus il y a ~ 35 000 ans. •Hybridation génétique avec des sapiens venus d’ailleurs ??? •Repoussés vers des territoires moins favorables par l’arrivée des sapiens. Compétition pour des territoires plus favorables lors des épisodes de refroidissement ? •Le milieu dans lequel ils vivaient est devenu de plus en plus restreint suite au réchauffement qui a suivi la dernière glaciation ? •Auraient volontairement été exterminés par les sapiens (premier grand génocide de l’histoire; remarquez, rien ne l’indique) ??? L’homme de Néandertal n’est pas un ancêtre de l’Homo sapiens. Néandertal s’est éteint sans laisser de descendance. Homo sapiens : l’homme moderne Le plus ancien crâne d’Homo sapiens connu a été découvert en Afrique (Éthiopie) en 1997 : Homo sapiens idaltu : 160 000 ans Présente des caractères intermédiaires entre les Homo ergaster les plus récents et l’homme moderne. Assez semblable à Homo sapiens pour qu’on le place dans la même espèce. Trois crânes découverts Les plus anciens Homo sapiens trouvés en Europe datent de 35 000 ans (« Hommes de CroMagnon »). Les vestiges trouvés montrent une taille un peu plus grande que celle de l’homme moderne (entre 1,70 et 2 m). Cro-Magnon Théorie monocentriste (Out of Africa) Homo sapiens serait apparu en Afrique il y a plus de 150 000 ans . Des populations de sapiens auraient ensuite migré pour gagner l’Europe, l’Indonésie et l’Asie (et, beaucoup plus tard, l’Amérique). Erectus et néanderthalensis se seraient éteints sans laisser de descendance. Les données génétique (analyse d’ADN) confirment cette théorie qui fait actuellement consensus. L’analyse de l’ADNmt (ADN mitochondrial qui ne se transmet que de mère à fille) démontrerait que tous les humains proviennent d’une ancêtre africaine (Ève mitochondriale) ayant vécu il y a un peu plus de 100 000 ans. De plus, le peu de différences génétiques existant entre les humains actuels suggère une origine commune assez récente. Pour conclure… Dans d'anciens manuels de cours, dans la presse, sur internet, une image est souvent utilisée pour représenter l'évolution de l'homme. Cette image montre (de la gauche vers la droite) un singe courbé qui avance vers la droite en se redressant et s'humanisant pour "finir" en un Homo sapiens ... Néanmoins, ce dessin présente des erreurs, l'évolution humaine ce n'est pas ça… Première anomalie, le dessin laisse entendre que l'ancêtre de l'homme moderne était un chimpanzé. Ce qui reviendrait à dire que notre ancêtre est un singe qui existe encore aujourd'hui... A noter que cette image conforte les personnes qui pensent encore que l'homme moderne descend du singe... Nous savons que nous avons un ancêtre commun avec les grands singes en général, et les grands singes africains en particulier. On estime que cet ancêtre commun (le Dernier Ancêtre Commun, ou DAC) vivait il y a environ 7 à 8 millions d'années, très probablement en Afrique. Il a évolué vers deux lignées : la première vers les grands-singes africains (bonobos, chimpanzés, gorilles) et la deuxième vers l'homme. En aucun cas l'homme ne descend du chimpanzé. Deuxième anomalie, le schéma montre un singe qui se redresse pour finir en bipède parfaitement humain. Le dessin laisse entendre deux choses aussi différentes que non prouvées : - c'est une évolution logique de la marche que de commencer par pratiquer la quadrupédie pour finir par la bipédie... - les ancêtres de l'homme marchaient à quatre pattes. Nos ancêtres utilisaient chacun une bipédie spécifique selon leur morphologie. Ils ne se sont pas forcément redressés pour marcher comme le laisse penser le dessin. Nous connaissons plusieurs fossiles anciens qui montrent que nos ancêtres étaient déjà au moins partiellement bipèdes : Toumaï (7 Ma),Orrorin (6 Ma), Ardi (4 Ma), Lucy (3 Ma)... Mais il faut noter que la bipédie de ces hominidés, surtout les plus anciens, est encore âprement discutée par les scientifiques. Troisième erreur, le schéma nous montre un chemin unique de l'évolution humaine. Chaque ancêtre a un descendant, suivi d'un autre... et ainsi de suite jusqu'à l'homme moderne. Cela laisse supposer que l'homme actuel était un objectif de l'évolution, une finalité. Ce qui est en totale contradiction avec les nombreux fossiles retrouvés. Depuis 7 - 8 millions d'années il n'y a pas eu qu'une seule lignée bien nette qui irait directement du Dernier Ancêtre Commun avec les grands singes vers l'homme anatomiquement moderne. Les hominidés se sont multipliés et certaines lignées ont disparu sans descendance (comme Néandertal ou floresiensis). Notre évolution est plutôt comparable à un arbre buissonnant dont certaines branches se séparent et d'autres s'arrêtent. Plusieurs espèces appartenant au genre Homo ont non seulement existé mais aussi coexisté.