perso.ens-lyon.org/romain.berardozzi La respiration chez les animaux Introduction et problématique I. II. III. IV. V. VI. La respiration: un échange de gaz par diffusion Contraintes du milieu aérien et du milieu aquatique Les appareils respiratoires en milieu aquatique Les appareils respiratoires en milieu aérien Modulation du fonctionnement des appareils respiratoires Origine et évolution des appareils respiratoires Conclusion / Bilan Introduction Les animaux (métazoaires) sont des organismes pluricellulaires eucaryotes pouvant être considérés comme des machines thermodynamiques ouvertes sur leur environnement avec lequel ils échangent de la matière et de l'énergie. Afin de répondre à leurs besoins énergétiques (s'élevant à 2800 kcal par jour pour un Homme male adulte de 70 kg exerçant une activité physique modérée), ils puisent dans leur environnement les molécules organiques qu'ils oxydent pour aboutir à la formation de molécules d'ATP (environ 65 kg par jour pour satisfaire aux besoins énergétiques), énergie directement utilisable par la cellule pour son fonctionnement. En présence de dioxygène (aérobiose), les cellules oxydent totalement les molécules organiques par respiration cellulaire (glycolyse cytoplasmique + cycle de Krebs et chaine respiratoire mitochondriale) ce qui permet la formation de 36 ATP (2 par glycolyse et 34 par la chaine respiratoire + cycle de Krebs). Pour le glucose, la réaction est la suivante: C6H12O6+6 O2+36 ATP +36 Pi → 6 CO2+6 H2O+ 36 ATP En l'absence de dioxygène (anaérobiose), les cellules oxydent partiellement les molécules organiques par fermentation (glycolyse et fermentation lactique cytoplasmiques) ce qui permet la formation de 2 ATP seulement. perso.ens-lyon.org/romain.berardozzi En conséquence, l'oxydation des molécules organiques par respiration est 19 fois plus efficace que l'oxydation par fermentation en terme de production d'ATP par mole de glucose oxydé. Aussi, l'approvisionnement en dioxygène de chaque cellule de l'organisme pluricellulaire d'un animal autorise de grandes économies et permet de couvrir des besoins énergétiques plus élevés. D'autre part, la respiration cellulaire conduit à l'accumulation de déchets métaboliques dont le dioxyde de carbone. La réaction du dioxyde de carbone avec l'eau conduit à l'acidification des cellules selon la réaction suivante: CO2+H2O=HCO3-+H+. L'acidification peut entrainer une altération de l'activité enzymatique due à la modification des structures tridimensionnelles. Une mauvaise évacuation des déchets métaboliques entraine en conséquent des effets délétères pour la cellule et l'animal. Comment les organismes prélèvent-ils le dioxygène nécessaire à la couverture de leur besoins énergétiques? Par quelles modalités? Au niveau de quelles structures? Comment le dioxygène est-il véhiculé jusque chaque cellule? Comment les déchets sont-ils évacués? Les animaux vivent dans des milieux aux caractéristiques différentes: eau ou air. Au cours de leur développement embryonnaire et post-embryonnaire, les animaux peuvent évoluer dans des milieux différents. De plus, au cours de leur vie, les animaux peuvent être soumis à des variations temporaires des conditions physico-chimiques du milieu. En quoi ces structures sont-elles adaptées au milieu de vie de l'animal? Comment ces structures sont en mesure de s'adapter temporairement aux contraintes du milieu de vie et aux contraintes métaboliques internes (exercice physique et demande en ATP notamment)? D'où viennent ces structures et comment ont-elles évoluées au cours des temps géologiques? perso.ens-lyon.org/romain.berardozzi La respiration: un échange de gaz par diffusion entre milieu de vie et milieu intérieur La respiration cellulaire et métabolisme Comme il a été souligné dans l'introduction, le rendement de la respiration est 19 fois supérieur à celui de la fermentation en terme de production d'ATP. L'absence d'approvisionnement des cellules en dioxygène (ou un approvisionnement trop faible) peut avoir des effets graves pour l'animal. Chez l'Homme, l'anoxie des cellules du cerveau suite à un accident vasculaire cérébral par exemple, entraine dans les premières secondes des troubles du langage, de la vue, de la pensée dûs à l'arrêt du fonctionnement cellulaire. Si l'anoxie se prolonge, les tissus commencent à subir des effets irréversibles liés à la mort des cellules par nécrose. Plus de 5 minutes d'anoxie des cellules du cerveau conduit à la mort cérébral. Chez l'Homme, le dioxygène est nécessaire à la survie. D'où vient ce dioxygène nécessaire à la survie de l'organisme? Les animaux échangent des gaz respiratoires avec leur milieu de vie La composition de l'atmosphère révèle la présence de dioxygène (~21%) et de dioxyde de carbone (~0.03%) entre autres. Les expériences historiques de Lavoisier ont permis de mettre en évidence que les animaux prélèvent dans l'atmosphère du dioxygène (en atmosphère confinée cela fini par éteindre les bougies par absence de comburant) et relargue du dioxyde de carbone (en atmosphère confinée cela fini par troubler l'eau de chaux). « J’ai mis un moineau sous une cloche de verre remplie d’air : l’animal n’a paru nullement affecté dans les premiers instants ; au bout d’un quart d’heure, il a commencé à s’agiter, sa respiration est devenue précipitée et pénible. Cet air, qui avait été respiré par l’animal, était devenu fort différent de l’air de l’atmosphère ; il précipitait l’eau de chaux ; il éteignait les bougies » Antoine Lavoisier Après cette expérience, Lavoisier émit 2 hypothèses quant au devenir des gaz respiratoires: le dioxygène entre au niveau des poumons et y est transformé localement en dioxyde de carbone: les poumons sont les organes de la combustion. le dioxygène entre au niveau des poumons puis est distribué à l'ensemble de l'organisme où la combustion à lieu afin de produire du dioxyde de carbone ensuite évacué au niveau des poumons L'étude des sangs artériels et veineux au niveau des poumons permet de montrer que les gaz respiratoires ne restent pas au niveau des poumons mais passent dans le milieu intérieur via la circulation sanguine au niveau des capillaires pulmonaires. perso.ens-lyon.org/romain.berardozzi Sang artériel pulmonaire Sang veineux artériel 6.13 kPa Dioxyde de carbone 50 mmHg 560 mL/L Dioxygène 5.33 kPa 40 mmHg 160 mL/L 5.33 kPa 40 mmHg 520 mL/L 13.33 kPa 100 mmHg 200 mL/L L'expérience de Lavoisier peut être réalisée de manière plus moderne en mesurant les concentrations en dioxygène et en dioxyde de carbone de l'air confiné sous cloche dans lequel on place un criquet par exemple. L'air sous la cloche au cours du temps est déplété en dioxygène et se concentre en dioxyde de carbone. Au niveau de quelles structures et selon quelles modalités les gaz respiratoires passent-ils du milieu de vie vers le milieu intérieur et inversement? Le transport des gaz respiratoires au niveau de l'interface milieu de vie / milieu intérieur se fait par diffusion et est régi par la loi de Fick La diffusion est un phénomène physique de transport irréversible et sans coût énergétique des molécules de proche en proche des compartiments les plus concentrés vers les compartiments les moins concentrés. Le flux de diffusion (noté J) exprimé en mol.s-1 ou g.s1 est donné par la loi de Fick. J=Kgaz . S/e .ΔPgaz 2 -1 avec Kgaz le coefficient de diffusion du gaz (dioxygène ou dioxyde de carbone) exprimée en m .s , S la surface de l'interface, e l'épaisseur de l'interface et ΔPgaz la différence de pression partielle en gaz de part et d'autre de l'interface. Ce phénomène physique de transport présente l'avantage de ne pas avoir de coût énergétique pour la cellule. En revanche, le transport se faisant de proche en proche limite la distance que peuvent parcourir les gaz. L'échange de gaz par diffusion est autorisé par la perméabilité des membranes biologiques aux petites molécules gazeuses (dioxygène et dioxyde de carbone notamment). perso.ens-lyon.org/romain.berardozzi La loi de Harvey illustre ce propos en indiquant qu'en milieu aquatique, toutes les cellules d'un organisme sphérique peuvent être approvisionnées en dioxygène si et seulement si son diamètre ne dépasse pas 2 mm. Or, en milieu aquatique, de nombreux animaux ont une taille qui dépasse largement ces 2 mm de diamètre. Aussi, afin de contourner les limites imposées par la courte distance de diffusion des gaz, certains organismes voient la forme de leur corps optimiser le rapport surface sur volume (S/V) afin que toutes les cellules du corps (même les plus distantes de l'interface milieu de vie / milieu intérieur) soient séparées d'une distance inférieure à la distance maximale sur laquelle la diffusion est possible. Les formes permettant d'avoir un rapport S/V le plus grand (donc le plus en faveur d'une diminution de la distance interface / cellules profondes) sont les formes allongées (vers) et plates (plathelminthes, cténophore par exemple). Au contraire, les formes sphériques ou cubiques ont un rapport S/V défavorable pour l'approvisionnement par diffusion seule. Dans ce cas-là, le transport des gaz respiratoires se fait par un système de transport de matière par convection: c'est la circulation des fluides intérieurs (sang ou hémolymphe). Sur le schéma suivant, les cellules pour lesquelles l'approvisionnement en gaz n'est pas possible par diffusion sont représentées en blanc. On remarque que pour les formes plates et allongées, ces cellules sont très peu abondantes et la diffusion permet d'approvisionner quasiment toutes les cellules de l'organisme. perso.ens-lyon.org/romain.berardozzi D'après la loi de Fick, le flux de gaz au travers de l'interface est d'autant plus important que: La surface est grande L'épaisseur est faible Le gradient de pression partielle entre milieu de vie et milieu intérieur est élevé L'optimisation des échanges de gaz par diffusion au niveau de l'interface a été permise au cours de l'évolution par la sélection de stratégies permettant de: Augmenter la surface par ramification, multiplication des unités fonctionnelles et présence de replis Augmenter la différence de pression partielle de part et d'autre de l'interface en renouvellement par convection les fluides du milieu de vie (ventilation) et ceux du milieu intérieur (vascularisation et circulation) Diminuer l'épaisseur de l'interface par modification de la morphologie cellulaire (aplatissement) Quelles sont les différentes stratégies adoptées par les animaux en fonction de leur milieu de vie et de leur besoins énergétiques afin d'optimiser les échanges au niveau des interfaces? Quelle est la structure et la nature des surfaces d'échange de gaz respiratoires? perso.ens-lyon.org/romain.berardozzi Contraintes des milieux aquatiques et aériens: notion d'adaptation des appareils respiratoires Le milieu aérien est desséchant Cette remarque triviale permet de prendre conscience des importantes pertes en eau possibles au niveau de structures de grande surface. Quelles sont les adaptations en milieu aérien permettant de limiter les pertes en eau au niveau des surfaces d'échanges de gaz respiratoires? Le milieu aquatique est visqueux, dense et porteur Comparée à l'air, l'eau est fortement visqueuse et dense. En conséquent, la mise en mouvement de ce fluide est nettement plus énergivore que la mise en mouvement de l'air. D'autre part, en milieu aquatique, le principe de la poussée d'Archimède permet aux structures respiratoires de grande surface de s'affranchir en partie de leur propre poids et d'éviter leur effondrement. Le milieu aérien quant à lui est peu porteur du fait de sa faible densité. Aussi, en milieu aérien, les structures sont soumises à leur propre poids et ont tendance à s'effondrer. Quelles sont les adaptations en milieu aquatique permettant de limiter les coûts liés à la ventilation tout en assurant un renouvellement correct des gaz respiratoires à l'interface? Comment en milieu aérien les appareils respiratoires restent efficaces malgré leur tendance à l'affaissement? Le milieu aquatique contient 30 fois moins de dioxygène disponible que le milieu aérien En milieu aquatique, les pressions partielles en dioxygène et en dioxyde de carbone sont les mêmes que dans l'air car les gaz sont en équilibre. En revanche, d'après la loi de Henry, la concentration en gaz dissous, définit comme le produit de la pression partielle en gaz par son coefficient de capacitance, est différente entre les deux milieux. [gaz]=Pgaz . β ; avec β le coefficient de capacitance du milieu pour le gaz donné La capacité du dioxygène à se dissoudre dans l'eau est 30 fois inférieure à celle dans l'air (βairO2 = 30. βeauO2). En conséquent, dans l'eau, la concentration en dioxygène est ~30 fois inférieure à celle dans l'air. Les concentrations en dioxyde de carbone sont elles similaires dans les deux milieux. perso.ens-lyon.org/romain.berardozzi N.B.: le coefficient de capacitance mesure la capacité d'un fluide à piéger des gaz soit sous forme dissoute soit sous forme complexée (fixation à des molécules contenues dans le milieu). Le coefficient de solubilité (noté α) mesure lui la capacité d'un fluide à piéger les gaz uniquement sous forme dissoute. Quelles sont les adaptations en milieu aquatique permettant de répondre aux besoins en dioxygène alors que sa disponibilité est réduite? De plus, dans l'eau, la constante de Krogh du dioxygène et du dioxyde de carbone est plus faible que dans l'air. Cela signifie que les gaz respiratoires diffusent moins vite dans l'eau que dans l'air, diminuant encore davantage la possibilité qu'ont les animaux en milieu aquatique à prélever dans leur environnement le dioxygène nécessaire à leur métabolisme et à évacuer le dioxyde de carbone qui leur est dommageable. Enfin, on notera l'effet de la présence de sels dissouts et de la température de l'eau sur sa capacité à contenir du dioxygène. A concentration croissante de sels dissouts dans l'eau, la quantité de dioxygène dissout diminue. A température croissante, la quantité de dioxygène contenue dans l'eau diminue. En somme, en milieu marin chaud, le dioxygène est très peu disponible pour la respiration des animaux y vivant. Les branchies: surfaces d'échanges spécialisées permettant la respiration en milieu aquatique Les surfaces d'échanges non spécialisées Ces structures ne faisant intervenir aucun organe spécialisé sont considérées comme les premières à être apparues au cours de l'évolution. Attention: les surfaces d'échanges non spécialisées sont présentes à la fois en milieu aquatique et en milieu aérien. Chez les organismes dont la forme (aplatie ou allongée) optimise le rapport S/V pour les échanges gazeux par diffusion, chaque cellule est approvisionnée par diffusion seulement. On notera que dans tous les cas, ces organismes présentent un métabolisme basal faible. C'est le cas, par exemple, des: Cnidaires Porifères (éponges) Plathelminthes perso.ens-lyon.org/romain.berardozzi Si la forme ne permet pas un rapport S/V autorisant un transport des gaz à toutes les cellules par diffusion uniquement, un système de circulation interne permet de compléter la diffusion au niveau d'une surface non spécialisée. C'est le cas par exemple: du tégument vascularisé chez les Annélides (Lombric) de la peau vascularisée chez les Amphibiens des notopodes vascularisés de la Néréis Chez certains animaux comme la Grenouille, l'utilisation de surface non-spécialisées à des fins respiratoires peut se faire temporairement. L'échange de gaz par le tégument devient la source principale de gaz respiratoires pendant la période hivernale durant laquelle le métabolisme est fortement réduit. On parle alors de tégument respiratoire d'appoint, à opposer aux surfaces non-spécialisées permanentes des organismes mentionnés ci-dessus. L'①augmentation de la surface permettant un meilleur échange de gaz se fait par: replis cutanés chez la Grenouille du lac Titikaka multiplication des unités fonctionnelle grâce à la métamérie (notopodes de la Néréis par exemple) La ②ventilation quelque soient les cas est faible mais est permise par: mouvement des choanocytes chez les Porifères mouvement de nage chez l'annélide polychète errante (Néréis) Les branchies: surfaces d'échanges spécialisées permettant la respiration dans l'eau. Généralités sur les branchies Les branchies sont des organes spécialisés de grande surface et de faible épaisseur permettant les échanges de gaz respiratoires par diffusion entre l'eau et le milieu intérieur. Les branchies peuvent être des évaginations tégumentaires d'origine ectoblastique ou d'origine endoblastique chez les Téléostéens notamment. Les branchies sont des structures évaginées. On distingue deux grands types de branchies: les branchies externes; relativement rares, présentes chez les stades larvaires précoces de certains animaux (têtards de grenouille), chez les annélides marins (Arénicole) et de manière permanente chez les amphibiens néoténiques comme l'Axolotl les branchies internes; protégées du milieu extérieur par une structure protectrice Dans le cas des branchies externes, la ventilation est faible et uniquement permise par les mouvements de l'eau du milieu. Les branchies sont très exposées aux contraintes du milieu. Dans le cas des branchies internes, la protection par une structure particulière permet d'une part la protection de ces structures fines donc fragiles et l'aménagement d'une cavité dite branchiale dans laquelle la pression peut être modifiée par rapport à celle du milieu permettant une véritable ventilation par circulation des fluides. Protection des branchies Parmi les structures permettant la protection physique des branchies internes on distingue: perso.ens-lyon.org/romain.berardozzi le manteau (chez la Seiche par exemple) + la coquille (chez la Moule par exemple). Dans ces cas, la cavité branchiale est la cavité palléale. l'opercule chez les poissons téléostéens le branchiostégite (expansion du tergite, de nature chitineuse) chez l'Ecrevisse Optimisation des paramètres de la loi de Fick au niveau des branchies L'①augmentation de la surface des branchies est permise par: la multiplication des unités fonctionnelles par métamérie chez l'Arénicole ou l'Ecrevisse par exemple. Chez l'écrevisse, 6 métamères céphalothoraciques portent de chaque côté 3 branchies dite trichobranchies. Au total, chez l'Ecrevisse on retrouve 18 paires de branchies. par ramification avec les lamelles des branchies de téléostéens, les trichobranchies, dendrobranchies et phyllobranchies Étant donnée la forte viscosité de l'eau, la ②ventilation en milieu aquatique est généralement unidirectionnelle minimisant ainsi les mouvements d'eau fortement énergivores. Excepté chez les Lamproies où la ventilation se fait par des courants d'eau bidirectionnels, les autres mettent l'eau en mouvement de manière: unidirectionnelle et rostro-caudale par des mouvements appendiculaires du scaphognathite chez l'Ecrevisse unidirectionnelle et caudorostrale par des mouvements de la pompe buccopharyngée chez les poissons Téléostéens unidirectionnelle et antéro-postérieure par des mouvements ciliaires chez la Moule La présence d'un ③système de convection interne (circulation) permet également d'augmenter l'efficacité des échanges de gaz respiratoires en maintenant un fort gradient de pressions partielles de part et d'autre de l'interface. Le présence de pigments respiratoires oxyphoriques permet d'augmenter grandement la capacité totale de fixation de dioxygène dans les liquides circulants (sang ou hémolymphe). On distingue différents pigments respiratoires permettant le transport de dioxygène et de dioxyde de carbone et localisés de manière: intracellulaire (séquestré) o l'hémoglobine (de couleur rouge avec groupement prosthétique Fe) chez les poissons téléostéens par exemple extracellulaire (libre) o l'hémocyanine (de couleur bleue avec groupement prosthétique Cu) chez l'Ecrevisse et la Moule par exemple o la chlorocruorine (de couleur verte avec groupement prosthétique Fe) chez les Annélides polychètes (Sabellidés par exemple) o l'hémoglobine (dite alors érythrocruorine) chez les Chironomes, les Arénicoles et les Lombrics par exemple o l'hémérythrine (de couleur violette) chez les Brachiopodes et certains Annélides perso.ens-lyon.org/romain.berardozzi Cas particulier des appareils respiratoires aériens en milieu aquatique Parmi l'ensemble des animaux vivants en milieu aquatique, certains n'extraient pas le dioxygène depuis l'eau mais depuis l'air en remontant à la surface. C'est le cas notamment des Mammifères aquatiques comme les dauphins mais également de certains poissons Téléostéens pour lesquels la respiration branchiale est doublée d'une respiration de type aérienne. C'est le cas notamment des poissons-chats, des poissons rouges et des gouramis qui utilisent leur bouche, pharynx, oesophage voire même leur estomac afin d'extraire le dioxygène de l'ai à l'interface air/eau. Certains poissons comme Periophthalmodon schlosseri vivent dans un terrier de boue dans les zones côtières soumises à la marée. A marée basse, P. schlosseri réalise des réserves d'air dans les chambres de son terrier en transportant l'air dans sa bouche. A marée haute, sous la pression des prédateurs, le poisson se réfugie dans son terrier de boue contenant alors l'air nécessaire à sa survie étant donné que l'eau confiné au niveau du terrier boueux est trop pauvre en dioxygène afin de pouvoir subvenir aux besoins métaboliques basaux. Moule Écrevisse Poisson téléostéen Appareil Branchies respiratoire externes Branchies internes bipectinées Trichobranchies internes Branchies internes lamellaires Terrier de l'animal Manteau + coquille Branchiostégite Opercule Arénicole Protection 800 cm2 Surface Épaisseur ~30 µm ~30 µm ~30 µm Rostro-caudale par Mouvements du mouvements Ventilation Mouvements cilaires corps (faible) appendiculaires duscaphognathite Caudo-rostrale par pompe buccopharyngée Sang (hémoglobine) dans capillaires Circulation Érythrocruorine Hémolymphe (hémocyanine) Efficacité des échanges Très efficace grâce au Système co-courant Système co-courant système contrecourant Faible Hémolymphe (hémocyanine) ~30 µm perso.ens-lyon.org/romain.berardozzi Les poumons et trachées: surfaces d'échanges spécialisées permettant la respiration en milieu aérien Les poumons Généralités sur les poumons Les poumons sont des organes spécialisés de grande surface et faible épaisseur associés à un système de convection interne (circulation) permettant de respirer dans l'air. Les poumons, à la différence des branchies sont des structures invaginées. On distingue les poumons au sens large qui incluent toutes les structures invaginées et associées à un système de circulation permettant d'échanger des gaz respiratoires dans le milieu aérien. Cela inclut donc un ensemble de structures dont l'origine embryonnaire et phylogénétique est variée. Les poumons au sens large sont donc des structures homoplasiques mais non homologues. On regroupe dans cette catégorie: les poumons trachéens des Arachnides les poumons des gastéropodes terrestres: manteau fortement vascularisé les poumons des Tétrapodes Les poumons des Tétrapodes sont appelés poumons sensu stricto. Les poumons de cette catégorie sont des structures de même origine embryonnaire et phylogénétique. Ces poumons sont donc homologues. On regroupe dans cette catégorie les poumons des organismes modèles suivants: le poumon sacculaire et favéolaire de la Grenouille le poumon parenchymateux alvéolaire des Mammifères le poumon tubulaire des oiseaux Protection des poumons Tous les poumons au sens large sont protégés de la déshydratation du milieu aérien grâce à leur position invaginée et ouverte sur l'extérieur par seulement un ou plusieurs orifices dont l'ouverture peut être contrôlée (bouche, narine, pneumostome chez les gastéropodes terrestres). Dans la plupart des cas, les poumons sécrètent un tensioactif appelé surfactant pulmonaire permettant de réduire la tension de surface et d'éviter le collapsus de la structure à l'expiration. Chez les Mammifères, ce sont les pneumocytes de type II qui sécrètent le surfactant pulmonaire de nature majoritairement lipidique et phospholipidique. Optimisation des paramètres de la loi de Fick au niveau des poumons L'①augmentation de la surface des poumons est permise par: de nombreux replis: septa des poumons favéolaires, alvéoles des poumons de Mammifères une importante ramification: parabronche des poumons tubulaires d'oiseau Les mouvements respiratoires permettant la ②ventilation des gaz au niveau de l'interface se fait par: perso.ens-lyon.org/romain.berardozzi pompe refoulante buccale chez la Grenouille par exemple pompe aspirante costale et du diaphragme chez l'Homme pompe des sacs aériens chez les oiseaux En général, et à la différence des mouvements respiratoires en milieu aquatique, en milieu aérien les courants de ventilation sont bidirectionnels. Le cas des oiseaux déroge à cette règle avec une ventilation unidirectionnelle très peu couteuse et particulièrement adaptée aux forts besoins énergétiques que requiert le vol. Les mouvements respiratoires sont contrôlés et ajustés aux besoins de l'organisme et/ou aux conditions du milieu (anoxie notamment). Chez le cheval, la synchronisation des rythmes respiratoires sur le rythme du galop permet l'arrêt partiel de la pompe costale. Pour plus de détails voir Modulation du fonctionnement des appareils respiratoires Comme pour les appareils respiratoires en milieu aquatique, en milieu aérien les poumons sont richement vascularisés et l'efficacité des échanges respiratoires est amplifiée par l'existence d'une système de③convection interne (circulation) dont le liquide circulant possède un pouvoir de transport du dioxygène et du dioxyde de carbone augmenté grâce à la présence de pigments respiratoires. Pour plus de détails sur les pigments respiratoires se référer à la page Respiration en milieu aquatique Les trachées des Insectes aériens Les trachées des Insectes aériens sont des structures spécialisées permettant de respirer dans l'air en approvisionnant directement chaque cellule sans passage par un système de convection interne (circulation). Chez les Insectes (à quelques exceptions près comme les larves de Chironomes), l'hémolymphe ne joue pas de rôle dans le transport des gaz respiratoires. Les trachées sont organisées en un réseau complexe antéro-postérieur ouvert sur l'extérieur en de nombreux points appelés stigmates (12 paires dont 3 thoraciques pour le type fondamental qui est majoritaire). Comme pour les poumons, les trachées sont préservées de la déshydratation en milieu aérien par leur invagination et l'ouverture contrôlée des stigmates. L'organisation du système trachéen diffère d'une espèce à l'autre. Les extrémités des trachées en contact avec les cellules consommatrices de dioxygène ont un diamètre très fin (~0,5 µm) et sont appelées trachéoles. L'extrémité des trachéoles est remplie de liquide au repos et se vide par purge osmotique lors d'une activité dans la cellule consommatrice où les déchets (protons notamment) augmentent la pression osmotique. Les mouvements respiratoires assurant la ventilation et le renouvellement des gaz respiratoires sont permis par: la contraction de sacs trachéens de manière décalée selon l'axe antéro-postérieur. L'air circule ainsi généralement de l'avant (où elle entre) vers l'arrière (où elle sort), permettant son renouvellement le long des troncs trachéens. la contraction de la musculature circulaire chez l'adulte permettant un écrasement dorso-ventral la contraction des muscles locomoteurs perso.ens-lyon.org/romain.berardozzi la contraction de la musculature longitudinale (télescopage des métamères) chez les larves à peau molle (chenilles par exemple) la protraction/rétraction de la tête qui entraine une compression/dilatation selon l'axe antéro-postérieur La ventilation chez les Insectes est finement contrôlée. Les stigmates sont la plupart du temps fermés et ne s'ouvrent que par intermittence: on parle de palpitation spiraculaire. Pendant de très courte période, les stigmates s'ouvrent et permettent la sortie du dioxyde de carbone qui s'était accumulé pendant la phase de palpitation dans les troncs trachéens et l'entrée massive de dioxygène. L'ouverture des stigmates est induite par l'augmentation du dioxyde de carbone dans le tronc trachéen. Cette stratégie d'ouverture par pulse des voies respiratoires permet d'éviter les pertes en eau. Le cas particulier des Insectes aquatiques On distingue les organismes qui respirent dans l'eau (=capables d'extraire les gaz dissous dans l'eau) de ceux qui respirent en milieu aquatique (=qui n'extraient pas le dioxygène depuis l'eau). Ces derniers regroupent les organismes plongeurs (tortue, phoque, oiseaux plongeurs par exemple) et les Insectes aquatiques. Parmi les Insectes aquatiques, certains réalisent les échanges respiratoires au niveau de: poumons physiques comme le Dytique adulte par exemple. En remontant à la surface, le Dytique piège sous ses élytres recouverts de cires hydrophobes afin perso.ens-lyon.org/romain.berardozzi d'empêcher l'eau de rentrer de l'air. En plongeant, il utilise le dioxygène présent dans cette poche d'air jusqu'à épuisement des réserves qui le force alors à remonter à la surface pour refaire des réserves. A mesure que le dioxygène est consommé, l’équilibre eau-air est déplacé et la bulle se remplit de dioxygène en provenance de l’eau en contenant davantage. Cela permet au Dytique de consommer 10 fois plus de dioxygène que celui initialement présent dans la bulle. trachéobranchies comme chez les larves de Libellule. Ces structures sont des évaginations tégumentaires communiquant avec le reste du réseau trachéen invaginé. stigmate unique protégé de l'eau par une couronne de cires hydrofuges. L'insecte positionne son orifice à l'interface eau/air et extrait le dioxygène dans l'air. Grenouille Poumons Appareil sacculaires respiratoire favéolaires Protection Invaginé + surfactant Homme Oiseau Insectes aériens Poumons parenchymateux alvéolaires Poumons tubulaires Trachées Invaginé + surfactant Invaginé Invaginé + taenidie 145 m2 Surface Épaisseur ~0.5 µm ~0.5 µm ~0.5 µm ~4 nm Ventilation Bidirectionnelle par pompe buccale refoulante Bidirectionnelle par pompe musculaire aspirante Unidirectionnelle grâce aux sacs aériens Bidirectionnelle par mouvements du corps et sacs aériens Sang (Hb) dans Circulation capillaires Sang (Hb) dans capillaires Sang (Hb) dans capillaires Pas de transport des gaz par l'hémolymphe Bonne Bonne dans une Très bonne grâce certaine limite de aux taille à cause de systèmes contrel'absence de courant cumulatifs circulation Efficacité des échanges Moyenne En guise de synthèse partielle sur la diversité des appareils respiratoires et de leur fonctionnement voir le schéma ci-dessous. perso.ens-lyon.org/romain.berardozzi perso.ens-lyon.org/romain.berardozzi Modulation du respiratoires fonctionnement des appareils Adaptation suite à une modification temporaire du milieu de vie Hypoxie transitoire du milieu de vie Dans le milieu aquatique, si les courants sont faibles et peu turbulents, l'oxygénation est fortement réduite. La quantité de dioxygène dissout et disponible dans le milieu de vie est alors très faible et la couverture des besoins en dioxygène pour les cellules nécessite une modification du fonctionnement afin de pallier à cette baisse transitoire. Chez l'Écrevisse par exemple, le confinement du milieu de vie conduisant à une baisse d'un facteur 10 environ de la teneur en dioxygène dissout dans l'eau entraine une augmentation de la fréquence des battements du scaphognathite. Cette accélération permet la circulation d'un volume d'eau plus important et donc une meilleure ventilation des surfaces d'échange permettant de compenser la diminution de dioxygène dissout. Cette augmentation de la fréquence de battement atteint un plateau maximal qui correspond à un compromis entre meilleure extraction de dioxygène et coup en dioxygène lié à l'activité métabolique des muscles en exercice. Cas des animaux de la zone de balancement des marées (zone intertidale) Dans la zone de balancement des marées, les conditions physico-chimiques du milieu de vie varient de manière périodique au cours du temps. Parmi les modifications du milieu de vie lors de la marée basse, on note: perso.ens-lyon.org/romain.berardozzi une disparition de l'eau une modification de la salinité et de la température qui influent sur la solubilité du dioxygène dans l'eau dans les cuvettes de haut niveau une modification de la pression partielle en dioxyde de carbone dans les cuvettes de haut niveau contenant des végétaux photosynthétiques Afin de répondre à ces modifications du milieu de vie, les animaux vivants dans la zone de balancement des marées: possèdent plusieurs appareils respiratoires permettant une respiration bimodale (dans l'eau et dans l'air); c'est la cas de la Moule et de la Littorine capable de respirer à marée basse par ses téguments si l'air est suffisamment riche en vapeur d'eau, la Patelle capable de respiration aérienne grâce à ces pseudobranchies palléales présentent une plasticité métabolique permettant de commuter vers un métabolisme anaérobie piègent de l'eau afin de réaliser une respiration aquatique une fois émergés (dans cavité palléale de la Moule et de la Patelle par exemple) Adaptation à la vie en altitude Avec l'altitude, la quantité de dioxygène présent dans un même volume d'air diminue. L'organisme s'adapte sur plusieurs échelles de temps à ces modifications du milieu de vie: effets à court terme de l'altitude (physiologiques et réversibles) o hyperventilation induite par une stimulation des centres respiratoires inspirateurs suite à la détection par les chémorecpeteurs centraux et périphériques de la diminution de la pression partielle en dioxygène dans le sang , la diminution du pH sanguin et l'augmentation du la pression partielle en dioxyde de carbone dans le sang. L'hyperventilation a pour conséquence une plus importante extraction du dioxygène depuis le milieu extérieur et une plus importante évacuation du dioxyde de carbone. o la tachycardie permettant une augmentation du débit sanguin (circulation) et donc un meilleur approvisionnement des cellules en dioxygène effets à moyen et long terme (physiologiques et réversibles) o augmentation de l'hématopoïèse sous contrôle de l'érythropoïétine. La diminution de dioxygène dans le sang est détectée par des chémorecepteurs rénaux qui stimulent alors la libération d'érythropoïétine (EPO). Cette hormone va avoir comme effet une augmentation de la production d'érythrocytes. La quantité d'hématies dans le sang peut ainsi passer de 14 g/100 mL de sang en plaine à 25 g/100 mL de sang après une semaine à 4500 m d'altitude. A LaPaz où l'altitude moyenne est d'environ 4000 m, l'hématocrite normale est de l'ordre de 50-60% contre 40-45% pour les populations vivant à faible altitude. o une augmentation de l'angiogenèse (prolifération de vaisseaux sanguins) sous contrôle du VEGF (Vascular Epithelial Growth Factor). Cette augmentation du nombre de vaisseaux sanguins a pour conséquence une meilleure oxygénation des tissus. effets évolutifs (héréditaires, développementaux et irréversibles) o plus forte affinité de l'hémoglobine des animaux vivant en haute altitude pour le dioxygène comparé aux animaux vivants à basse altitude. Chez l'oie himalayenne (Anser indicus) la P50(pression partielle en dioxygène telle que 50% de l'hémoglobine soit saturée) est de 29,7 contre 39,5 chez l'oie de plaine Anser anser. Cette différence d'affinité s'explique au niveau moléculaire par des différences dans les acides aminés constituant l'hémoglobine. La perso.ens-lyon.org/romain.berardozzi mutation de la proline 119 de la chaine α en alanine chez Anser indicus est responsable de la rupture d'interactions de Van der Waals entre monomère α et la leucine 55 du monomère β. La rupture de liaisons interchaines déstabiliserait la forme T tendue augmentant en conséquant l'affinité pour le dioxygène. Chez le canard andin (Chloephaga melanoptera), l'affinité de l'hémoglobine pour le dioxygène est également plus important comparé au canard de plaine (Anas platyrhynchos). Au niveau moléculaire, on observe dans l'hémoglobine du canard andin la mutation de la leucine 55 en sérine. Comparé à l'oie himalyenne, c'est l'autre partenaire de l'interaction entre monomère α et β qui est muté entrainant les mêmes conséquences au niveau de l'interaction interchaine et de la déstabilisation de la forme T. Le cas des animaux plongeurs Certains animaux côtiers ou vivants à la surface du milieu aquatique sont amenés à se déplacer sous l'eau pendant des périodes de temps plus ou moins longues. Ces animaux possèdent des appareils respiratoires aériens et sont en conséquent incapable d'extraire les gaz respiratoires dissous dans l'eau. Lors des périodes d'immersion (plongée), ces animaux maintiennent un niveau d'oxygénation des tissus et d'accumulation des déchets compatibles avec la vie. Pour se faire, au cours de la plongée, le métabolisme est fortement réduit permettant ainsi une faible production de dioxyde de carbone et une faible consommation de dioxygène. Le dioxygène nécessaire au métabolisme basal incompressible est puisé: dans le stock sanguin, où le dioxygène est présent sous forme dissoute dans le stock tissulaire, où le dioxygène est présent sous forme dissoute dans le stock pulmonaire, où le dioxygène est présent sous forme gazeuse On note chez les organismes plongeurs une relation de proportionnalité entre le temps d'immersion maximal et le volume du stock pulmonaire en dioxygène. Adaptation lors d'un effort physique Au-delà des modifications du milieu de vie, les variations métaboliques internes peuvent également conduire à des modulations du fonctionnement des appareils respiratoires. En effet, lors d'un effort physique, l'activité des cellules musculaires très consommatrices d'ATP est responsable d'une augmentation du catabolisme aérobie se traduisant par: une augmentation de la consommation de dioxygène par les tissus par rapport au niveau basal une augmentation de la quantité de dioxyde de carbone libéré dans le sang et les tissus Cet état métabolique augmenté ne peut être maintenu que si l'approvisionnement en dioxygène et l'évacuation du dioxyde de carbone est régulé en conséquent. Chez l'Homme par exemple, cela est permis d'une part par des modifications cardiovasculaires (convection interne: augmentation du débit sanguin) et d'autre part par des modifications respiratoires (convection externe: augmentation du débit ventilatoire). Le rythme ventilatoire est finement régulé et contrôlé par un ensemble de voies nerveuses faisant intervenir les centres respiratoires intégrateurs du bulbe et du pont. L'augmentation de l'activité catabolique lors d'un effort physique conduit rapidement à l'augmentation de dioxyde de carbone dissout dans le sang et à une acidification de ce dernier. Ces variations sont perçues: perso.ens-lyon.org/romain.berardozzi au niveau périphérique par les chémorépecteurs aortiques et carotidiens qui perçoivent les variations de pH, de pression partielle en dioxyde de carbone et en dioxygène au niveau central par les chémorécepteurs centraux qui perçoivent les variations de pH et de dioxyde de carbone L'augmentation de la pression partielle en dioxyde de carbone, l'acidification et la diminution de la pression partielle en dioxygène entraine une activation des voies nerveuses afférentes qui stimulent les centres pneumotaxiques et le centre inspirateurs. Ces centres actifs entrainent par voie nerveuse efférente la contraction des muscles intercostaux et du diaphragme entrainant l'inspiration. Origine et évolution des appareils respiratoires Développement embryonnaire et modifications post-embryonnaires Développement embryonnaire des poumons On résume les étapes du développement embryonnaire du poumon de Mammifère comme suit: bourgeonnement d'un diverticule ventral entre le pharynx et l'oesophage branchement: formation de ramifications dichotomiques se terminant en cul-de-sac appelés bourgeons. sacculation: modelage des culs-de-sac en forme de saccules alvéolisation: modelage des alvéoles En somme, les cellules pulmonaires sont spécifiées à partir des cellules ventrales de l'oesophage. L'organisation en branchements dichotomiques est permise grâce à une croissance directionnelle orientée par le FGF. Les modifications embryonnaires et post embryonnaires Chez les Mammifères placentaires, l'approvisionnement en gaz chez le foetus est réalisé grâce au couplage de la circulation sanguine foetale et la circulation sanguine de la mère au niveau du placenta. L'hémoglobine contenue dans le sang de la mère présente une affinité inférieure à celle contenue dans le sang du foetus (AO2foetus>AO2adulte). Au niveau de l'interface de contact des deux sangs, le dioxygène est récupéré par l'hémoglobine foetale plus affine et est ensuite distribué aux cellules du foetus via la circulation sanguine. Au cours de la vie de l'Homme, l'expression des gènes codant pour les globines est modifiée. Suite au remodelage génétique, la composition des tétramères d'hémoglobine varie donc: au cours de la vie embryonnaire précoce, l'hémoglobine est un tétramère d'hémoglobine ζ et ε et α au cours de la vie foetale, l'hémoglobine est un tétramère d'hémoglobine γ et α au cours de la vie post-embryonnaire l'hémoglobine devient un tétramère d'hémoglobine α et β Pour en savoir plus sur l'hémoglobine, voir la page Hémoglobine. perso.ens-lyon.org/romain.berardozzi Dans le cas des oiseaux ou des reptiles, pour lesquels le développement embryonnaire a lieu dans un oeuf, l'approvisionnement précoce en dioxygène et l'évacuation du dioxyde de carbone est assuré par diffusion uniquement au travers de l'allanto-chorion et de la coquille de l'oeuf perméable aux gaz grâce à sa structure micro-porée. Dans les étapes tardives du développement embryonnaire, à l'approche de l'éclosion, l'approvisionnement en dioxygène est assuré par un système de convection/circulation/diffusion grâce à la présence d'un poche d'air autorisant la respiration de type pulmonaire. perso.ens-lyon.org/romain.berardozzi Chez la plupart des amphibiens, lors du passage du stade larvaire au stade adulte (métamorphose), les appareils respiratoires subissent de profondes modifications en lien avec le changement de milieu de vie. Alors que les têtards (forme larvaire) vivent en milieu aquatique dans lequel ils respirent grâce à la présence de branchies externes puis internes, les adultes vivent en milieu aérien une grande partie de leur temps et assurent leur respiration grâce à une paire de poumons sacculaires favéolaires. Au cours de la métamorphose il y a régression des branchies par apoptose et néoformation des poumons par prolifération cellulaire, différenciation et organogenèse. La modification des appareils respiratoires au cours de la métamorphose des amphibiens s'accompagne: d'un remodelage du système circulatoire. Les arcs aortiques se régionalisent en arc carotidien (tête), arc systémique (membres) et arc pulmonaire (poumon et peau). d'un remodelage de l'expression génétique des globines sous contrôle des hormones thyroïdiennes T3 et T4. L'hémoglobine adulte présente une affinité moins élevée que l'hémoglobine larvaire en relation avec la plus grande quantité de dioxygène disponible en milieu aérien Apparition des branchies au cours des temps géologiques Les premières structures apparues au cours de l'évolution permettant la respiration des animaux ont été des surfaces non-spécialisées. L'absence de structures spécialisées limite les possibilités d'augmentation de surface. Avec l'apparition de structure particulière le prélèvement et reflux des gaz respiratoires dans le milieu de vie peut être réalisée de manière plus performante, en accord avec la loi de Fick. Aussi, les branchies ont été les premières structures respiratoires spécialisées à émerger au cours de l'évolution. Les premières branchies consistaient sans doute en des extensions tégumentaires d'origine ectoblastique. perso.ens-lyon.org/romain.berardozzi Apparition des appareils respiratoires aériens au cours des temps géologiques Chez les Placodermes du Silurien (il y a environ 400 Ma), la présence de sacs ventraux reliés par un conduit pneumatique au pharynx suggère l'existence d'appareils respiratoires aériens; ARA (et sans doute également à fonction de flottaison) chez des organismes marins et/ou aquatiques avant la sortie des eaux. Les données paléontologiques et évolutives indiquent que la respiration aérienne en milieu aquatique serait apparue au moins 37 fois indépendamment, suggérant l'existence d'une forte pression sélective: Au Silurien et au Dévonien, la teneur en dioxygène de l'air n'était que de 15% (soit 70% de l'actuelle) conduisant en conséquent à une relative hypoxie des milieux aquatiques. L'existence de nombreuses lagunes côtières hypersalées et approvisionnées en débris végétaux terrestres par les fleuves est propice à la mise en place de milieux pauvres en dioxygène. Dans ces milieux, l'existence d'un appareil respiratoire aérien confère un avantage sélectif important si et seulement si cet avantage n'est pas contrebalancé par l'existence de prédateurs aériens à l'affût d'organisme venant respirer à l'interface eau-air. Une autre hypothèse permettant d'expliquer l'apparition d'un appareil respiratoire aérien en milieu aquatique est liée à l'oxygénation du myocarde. Chez les Poissons à respiration branchiale unique, le myocarde est oxygéné par le sang luminal en provenance des tissus et donc pauvre en dioxygène. L'existence d'un appareil respiratoire aérien permet d'approvisionner le coeur pour moitié avec un sang riche en dioxygène contribuant ainsi à une meilleure oxygénation du myocarde et une meilleure réponse de l'organisme face à un effort physique. Les premiers ARA sont apparus en milieu marin en association avec un appareil branchial et ont conférés un avantage certain en milieu hypoxique. La ventilation était sans doute permise par l'existence d'une pompe buccale refoulante (semblable à celle des Amphibiens actuels). Les ARA ont, au cours de l'aire secondaire, été perdus chez de nombreux poissons Téléostéens notamment sous la pression de prédateurs aériens (Ptérosaures et oiseaux). Avec la sortie des eaux, les appareils respiratoires ont ensuite évolués de manière divergente afin de donner naissance à la diversité actuelle des poumons de Tétrapodes (mammifères, amphibiens, reptiles, oiseaux notamment). La diversification des poumons chez les Tétrapodes ne doit pas être considérée comme différents degrés d'une lignée phylogénétique mais plutôt comme la conséquence d'une évolution divergente et comme différentes stratégies d'augmentation de la surface et de ventilation afin de répondre aux conditions du milieu, aux besoins intrinsèques de l'organisme et aux contraintes phylogénétiques. perso.ens-lyon.org/romain.berardozzi Conclusion / Bilan Afin de traiter convenablement de la respiration chez les animaux, il convient de faire mention du: Métabolisme: respiration cellulaire Diffusion: en insistant sur l'optimisation des paramètres de la loi de Fick Convection: circulation et ventilation Adaptation: aux contraintes du milieu de vie Modulation: en fonction des contraintes temporaires du milieu et des besoins en énergie Évolution: origine des appareils respiratoires au cours des temps géologiques