Le cancer: faire équipe pour la continuité des soins Jean-Pierre Ayoub, MD, FRCPC Oncologue médical, CHUM Centre hospitalier de l’Université de Montréal Plan de la présentation Ampleur du problème Trajectoire de soins actuelle (problèmes/solutions) Modèles de suivi partagé Ampleur du problème Ampleur du problème - pourquoi? Source: Fichier des tumeurs du Québec Ampleur du problème Ampleur du problème Ampleur du problème - 60% des patients ayant un diagnostic de cancer survivront >5 ans Source: Fichier des tumeurs du Québec Ampleur du problème – Pourquoi? Figure 2 Nombre de médecins par 100 000 habitants, selon la catégorie de médecins, Canada, 1978 à 2010 2010: 203 1997: 184 200 1978: 147 150 100 50 Tous les médecins Médecins de famille 2010 2008 2006 2004 2002 2000 1998 1996 1994 1992 1990 1988 1986 1984 1982 1980 0 1978 Nombre de médecins par 100 000 habitants 250 Spécialistes Source: Institut canadien d ’information sur la santé L ’ampleur du problème - Pourquoi? Source: Institut canadien d ’information sur la santé L’ampleur du problème - Pourquoi? Vieillissement de la population Croissance de la population Mise au point de traitements plus efficaces pour les maladies cardiovasculaires et pour certains cancers L’impact croissant du cancer n’est pas contrebalancé par le nombre de médecins (de famille et spécialistes) soignant cette clientèle Trajectoire des soins Diagnostic potentiel de néo. par médecin de famille Pneumologue Gastroentérologue Chirurgien Gynécologue Oncologue médical Radio-oncologue Problèmes avec la trajectoire actuelle Accès au médecin de famille lors des premiers symptômes Accès au centre spécialisé pour diagnostic et traitement Le médecin de famille n ’est plus impliqué dans le suivi du malade une fois dans un centre spécialisé Absence de communication du centre spécialisé avec le médecin de famille Une fois un traitement oncologique actif est terminé, l ’accès au médecin de famille peut être difficile Problèmes avec la trajectoire actuelle (suite) Rôles des médecins de famille et des spécialistes ambigus Compensation financière pour le suivi par le médecin de famille Problème d’échange d’information Problème d’échange d’information – Modèle de lettre servant à la communication avec le médecin de famille Diagnostic Stade Symptômes actuels Objectif du traitement (cure, palliation de symptômes) Plan de traitement (radiothérapie, chimiothérapie) Problèmes anticipés (effets secondaires du traitement, complications du cancer) Pronostic (espérance de vie) Information donnée au malade et à la famille Suivi planifié (soins primaires par le médecin de famille ou l’oncologue) Soins à domicile Un court narratif peut suivre le résumé ci-haut Coordonnées du spécialiste en oncologie en cas de questions Braun, Can Fam Physician July 2003 49;882-886 Problème d’échange d’information – Modèle de lettre servant à la communication avec le médecin de famille Degré de satisfaction des médecins de famille Niveau de base (%) avant l’implantation du modèle de lettre Après l’implantation du modèle de lettre (%) Pertinence 17 60 Ponctualité 10 44 Format 10 63 Quantité d’information présentée 10 56 Satisfaction en général 10 56 Braun, Can Fam Physician July 2003 49;882-886 Solutions Établir des corridors de services entre les soins primaires et les soins spécialisés (RUIS) Améliorer la communication entre le médecin de famille et les spécialistes Intégrer le médecin de famille dans l’équipe interdisciplinaire et assurer sa formation médicale continue (vidéoconférence) Adresser les barrières financières et administratives (PEM, AMP) en sensibilisant le MSSS et la FMOQ aux besoins Augmenter l’exposition des stagiaires de la faculté de médecine à l’oncologie pendant la formation Limites des territoires des RUIS (Réseaux universitaires intégrés de santé) Source: MSSS Quelles sont les opportunités pour l’intégration du médecin de famille dans l’ équipe interdisciplinaire? Suivi en communauté Gestion des effets secondaires de la chimio Gestion de la douleur Suivi du malade une fois les traitements actifs terminés Pratique hospitalière Administration de la chimio après prescription par l’oncologue Suivi de patients hospitalisés pour complications de la maladie ou des traitements Ce que le médecin de famille ne doit pas faire Prescription de la chimiothérapie Modification des traitements « Docteur, ne serait-ce pas mieux d ’être suivie par un spécialiste? » Grunfeld, et al. JCO 24:848, 2006 968 patientes opérées pour un cancer du sein et ayant complété une thérapie (chimio/radio) adjuvante R A N D O M I S E R Suivi par un spécialiste dans un centre d ’oncologie SUIVI AD 5 ANS POST-CHx Suivi par leur propre médecin de famille (feuille d ’instruction) Lignes directrices envoyées aux médecins de famille pour le suivi Observation de la fréquence des évènements dans l ’étude de Grunfeld MD de famille Spécialiste (%) (%) Récidive 11.2 13.2 2 -2.13-6.16 Décès 6 6.2 0.2 -2.90-3.26 Complication 3.5 3.7 0.2 -2.26-2.65 sérieuse ∆ (%) Intervalle de confiance – 95% (%) Conclusions de l ’étude de Grunfeld Le suivi post-traitement pour un cancer du sein peut être effectué par le médecin de famille Aucune différence dans la détection des récidives ni des décès Aucune différence dans la qualité de vie Ainsi, les patientes ont l ’option d ’effectuer le suivi avec un seul médecin (au lieu de 2, 3 ou 4) Modèle de plan de suivi actuel – Trajectoire du malade Pré-cancer Médecin de famille Dx fin Rx 1-2 ans post-Rx 5 ans post-Rx ………………………………………………………. X X Spécialiste en oncologie Rôle primaire ……… Rôle incerrtain Communication X Peu/pas de communication Pourquoi le modèle de suivi à long terme en oncologie est-il différent du modèle de suivi partagé qui existe en hypertension, diabète, insuffisance rénale chronique, hyperlipidémie, MCAS? 1. Problème d’éducation en oncologie (notions d’histoire naturelle de différents cancers, des effets secondaires/complications à long terme des traitements oncologiques) 2. La phase de traitement en centre spécialisé en oncologie est longue et intensive. Pendant cette période (~1 an), le patient voit peu/pas le médecin de famille, et le spécialiste s’occupe des comorbidités Modèle de plan de suivi actuel – Docteur, est-ce que je devrais avoir un médecin de famille? • Perception qu’un diabète ou une hypertension légers ainsi que les soins préventifs usuels passent en 2e priorité devant le cancer qui menace la vie du patient • Le patient développe des liens affectifs puissants pour le spécialiste (et le centre d’oncologie) qui a « sauvé » le malade et perd les liens établis avec le MD de famille (années) • Réaction de la part du MD de famille: Le spécialiste « vole » ou « garde » leurs malades • Réaction de la part du spécialiste: Le MD de famille « ne s’intéresse pas » ou « n’est pas à l’aise » avec le suivi de ces malades • Les soins primaires du malade risquent d’en souffrir s’il n’y pas de modèle partagé de suivi – Earle, et al. Cancer 101:1712, 2004 Modèle de plan de suivi actuel – Docteur, est-ce que je devrais avoir un médecin de famille? 14 884 survivants à 5 ans d’un cancer colorectal de la banque de patients de Medicare aux É-U Soins aigus Soins pour les comorbidités Soins préventifs Cas témoins de la banque de patients de Medicare sans cancer aux É-U Earle, et al Cancer 101:1712, 2004 Modèle de plan de suivi – Docteur, est-ce que je devrais avoir un médecin de famille? Soins primaires par % de suivi recommandé (global) % de suivi recommandé (soins aigus) % de suivi recommandé (comorbidités) % de suivi recommandé (soins préventifs) Oncologue seulement 53 11 64 35 MD de famille seulement 57 25 71 37 Les deux 64 31 72 47 Earle, et al Cancer 101:1712, 2004 Vers un modèle de suivi partagé Pré-cancer Médecin de famille Dx Fin de Rx _____________ Communication Traitement oncologique 5 ans Post-Rx ___________ Spécialiste en oncologie Rx 1-2 ans Post-Rx Rôle primaire ___ Rôle secondaire Vers un modèle de suivi partagé Rôles du médecin de famille • Soins biopsychosociaux pendant et après la maladie • Soins des conditions comorbides • Référer au spéciaiste pour évaluation périodique et pour les complications de la maladie et des traitements qui nécessiteraient son expertise • Consulter avec le spécialiste lorsqu’il y a des incertitudes Rôles du spécialiste en oncologie • Traitement antinéoplasique et être disponible au besoin pour les complications et pour répondre aux questions du MD de famille • Informer le MD de famille du plan de traitement et du plan de suivi nécessaire au congé • Référer le malade au MD de famille durant et après la phase de traitement pour les soins de conditions comorbides Conclusions Avec le vieillissement et l’accroissement de la population, on s’attend à ce que près de 1.5 million de Québécois développent une forme ou une autre de cancer au cours des 30 prochaines années. Un modèle de suivi partagé entre le médecin de famille et les spécialistes du diagnostic jusqu’aux soins palliatifs est nécessaire Il existe présentement des obstacles à la collaboration Des études prospectives de modèles de suivi partagé en oncologie pourraient démontrer des bénéfices cliniques et au niveau de la qualité de vie, facilitant l’implantation Les médecins de famille et les spécialistes en oncologie sont des joueurs sur la même équipe