13 Les Carthaginois pp. 122-129 Les Carthaginois (Carthaginienses ou Punicii) représentent l’ennemi par excellence au moment où Rome cherche à s’imposer en Méditerranée. OBJECTIFS DU CHAPITRE ▶ Découvrir l’essentiel de la rivalité entre les Romains et les Carthaginois (guerres puniques). ▶ Connaître et comprendre les mots-clés définissant les concepts d’hostilité et d’hospitalité. ▶ Réviser le pronom-adjectif is, ea, id et apprendre les pronoms-adjectifs hic, iste, ille. Ressources numériques www.4e.latin.magnard.fr Audio • Découvrir le texte : « Au sommet des Alpes », Tite-Live, Histoire romaine, livre XXI, chapitre 34, 5 et chapitre 35, 4 et 7-10 ➝ lecture en latin (p. 122) Texte à copier/coller • Phrases d’observation : « Héros ou guerrier sans foi ni loi ? », d’après Tite-Live, Histoire romaine, XXI, 4 (p. 125) Fond de carte • Les guerres puniques (p. 128) Vidéo • Exposition sur Carthage (19/20), 1995 + Fiche d’activité pour exploiter la vidéo Exercice à compléter • Exercice 4 (p. 124) Découvrir le texte p. 122 Le texte permet de découvrir l’un des épisodes les plus célèbres de la campagne d’Hannibal, ennemi juré de Rome. Texte : Au sommet des Alpes Tite-Live, Histoire romaine, livre XXI. La traversée des Alpes par Hannibal est l’un des exploits qui ont suscité le plus de discussions depuis l’Antiquité. Tite-Live lui-même signalait plusieurs variantes dans le parcours de l’armée carthaginoise ; un demi-siècle plus tard, Sénèque y fait allusion (Questions naturelles, III, 6). Aujourd’hui, des documentaires en tous genres proposent reconstitutions et trajets virtuels : après avoir traversé le Rhône au niveau de son confluent avec l’Isère, Hannibal aurait remonté la vallée de cette rivière vers les Alpes, emprunté la vallée de la Maurienne et franchi le col du Clapier (d’où l’on aperçoit la plaine du Pô et Turin) ; pour d’autres, il serait passé par le col du Petit-Saint-Bernard. • Lire le texte 1 Les éléphants et les cavaliers étaient en tête de l’armée en marche / avançait en regardant souvent 138 tout autour de lui et attentif à tout. / au sommet des Alpes par des chemins le plus souvent impraticables. […] Hannibal montre l’Italie […]. À partir de ce moment-là, l’armée se remit en marche. 2 L’armée carthaginoise se compose de fantassins (pedites), de cavaliers (equites) et d’éléphants (elephanti). Ce sont ces derniers qui suscitent la stupeur chez les indigènes gaulois car ils n’ont jamais vu de tels animaux. 3 Hannibal se comporte en chef consciencieux, préoccupé par tout ce qui peut se produire (circumspectans sollicitusque ad omnia). Il ferme la marche pour assurer la défense à l’arrière (post) avec une partie de son infanterie. Pour haranguer son armée, il passe en tête, devant les enseignes (praegressus signa), et se place sur un promontoire (in promuntorio quodam) qui lui permet de dominer la situation (unde longe ac late prospectus erat). 4 Pour redonner courage à ses troupes épuisées, Hannibal leur montre la proximité du but (l’Italie) et leur promet une suite de campagne facile jusqu’à Rome. © Magnard, 2011 – Latin 4e – Livre du professeur Activité numérique complémentaire Texte à vidéoprojeter Il peut être intéressant de décomposer la structure d’une phrase complexe (lignes 14-18), en faisant apparaître les segments suivants en différentes couleurs grâce à l’outil surlignement . militibus : D. pl. (COS. du verbe ostentat) ; ostentat : verbe principal (sujet Hannibal) + 3 compléments COD (Italiam, Acc. seul – subjectos ... campos, Acc. pl. – moeniaque eos ... transcendere : prop. inf.) Découvrir l’image p. 123 Cette page permet de comprendre la dimension légendaire de l’exploit avec son « ingrédient » étonnant : les éléphants. Un exploit de légende Angus McBride (1931-2007), Hannibal traversant les Alpes. Vase en terre cuite représentant un éléphant de combat, période républicaine. • Gros plan sur... Le « gros plan » permet d’évoquer l’effet que produisit la vue des pachydermes sur les Romains. Selon le témoignage de Pline l’Ancien (Histoire naturelle, VIII, 16), les éléphants (nom tiré du grec qui signifie « ivoire ») furent nommés « bœufs de Lucanie » d’après la région où les Romains les rencontrèrent pour la première fois : c’est en Lucanie en effet (région de Grande Grèce, au sud de l’Italie) que Pyrrhus avait utilisé des pachydermes (du grec « peau épaisse ») au cours de son expédition en 280 avant J.-C. Après sa victoire au cap Bénévent en 275 avant J.-C., le consul Manius Curius Dentatus fit défiler pour son triomphe quelques éléphants, capturés sur le champ de bataille. C’est à cette occasion qu’on découvrit ces animaux à Rome. Le poète Lucrèce décrit ainsi « les bœufs lucaniens » (boves Lucas) « au corps garni de tours » (turrito corpore) : « monstrueux quadrupèdes dont la trompe est une main qui a la souplesse du serpent, ils furent dressés par les Carthaginois à supporter les blessures de la guerre et à jeter le trouble parmi les grands bataillons de Mars » (De la nature, V, vers 1302-1304). Lucrèce en profite pour souligner le raffinement des Carthaginois, qui ont eu l’idée de dresser des animaux pour en faire des instruments de combat. Contrairement aux Gaulois qui manifestent une barbarie « naturelle », les Carthaginois sont donc présentés comme des maîtres dans une barbarie « savante », bien pire encore que celle des sauvages puisqu’elle ajoute l’artifice à la cruauté. Au-delà de l’anecdote, c’est un point fondamental pour comprendre la façon dont les Romains voient le peuple punique. Quant aux éléphants d’Hannibal qui survécurent à la traversée des Alpes, ils furent d’une remarquable efficacité lors de la bataille de la Trébie, où ils contribuèrent au massacre des fantassins romains. Mais, durant l’hiver 218-217 avant J.-C., Hannibal perdit presque tous ses pachydermes, victimes des intempéries. • Lire l’image 1 Hannibal, reconnaissable à son casque et à son grand manteau bleu, se trouve debout sur un promontoire (en haut, à droite), comme le décrit Tite-Live. Il est en train d’observer la montée de ses troupes dans la montagne (question 3, p. 122). 2 Le décor montre un paysage de haute montagne, avec de la neige et de la glace (per omnia nive oppleta, Tite-Live, l. 9). Soldats et éléphants avancent sur une route escarpée (beaucoup d’entre eux tombèrent dans les précipices). 3 Les éléphants sont harnachés pour le combat : l’illustrateur moderne s’est inspiré de l’animal turritus (équipé d’une tour) tel qu’on le voit avec le vase antique (même forme de la tour avec une sorte de bouclier rond sur le côté, même harnachement de l’animal). Découvrir les mots-clés p. 124 Les mots-clés permettent de comprendre l’évolution de la notion d’étranger à celle d’ennemi. Fides, foedus, hospes, hostis On rappelle que dans l’Antiquité les lois de l’hospitalité sont fondamentales : voyager est souvent risqué et il est important pour le voyageur de savoir qu’il trouvera aide et réconfort auprès de l’hôte qui lui ouvrira sa porte. Réciproquement, il en fera de même si le cas se présente. « Hostis apud majores nostros is dicebatur, quem nunc peregrinum dicimus », explique Cicéron (Ce mot de « hostis » s’appliquait au temps de nos ancêtres à ceux que nous appelons « étrangers », Des devoirs, I, XII). Mais quand l’étranger « venu du dehors » (externus) est perçu comme un danger, il devient inimicus, le contraire d’un ami (in-amicus), d’où le nom « ennemi ». À la fin du IIIe siècle avant J.-C., Carthage constitue pour Rome une sorte de pôle « barbare » au sud de la Méditerranée (par opposition à celui du Nord avec les Gaulois) associant à la férocité la corruption et l’immoralité orientales (sensualité, frénésie de richesses, luxe tapageur). © Magnard, 2011 – Latin 4e – Livre du professeur 139 Longtemps après la disparition du danger punique, l’image du Carthaginois, vu comme l’ennemi par excellence, se résume donc essentiellement à trois défauts majeurs, qui sont les antonymes des vertus romaines cardinales : perfidia (perfidie), crudelitas (cruauté) et calliditas (habileté rusée). À la fois féroce (ferox) et trompeur (fallax), le Carthaginois a donc hérité de l’extrême perfidie de la race phénicienne (Cicéron, Plaidoyer pour Scaurus, XIV). Il n’y a qu’à lire le portrait d’Hannibal par Tite-Live (manuel, p. 127 et phrases à observer p. 125) pour comprendre la force des stéréotypes qui alimentaient la crainte de l’ennemi (metus hostilis). 1 3. ejus : G. sg. m. de is, ea, id, traduit par un pronom personnel (de lui, de ce guerrier) – ea : Acc. pl. n., adj. démonstratif déterminant le nom à l’Acc. pl. neutre genera (ces genres). 5. eum : Acc. sg. m. de is, ea, id, traduit par pronom personnel (le) qui renvoie à Hannibal. 2 ejus reprend ille vir (Hannibal). Il est traduit par un adjectif possessif (son corps = le corps de cet illustre guerrier). Identifier hic, iste, ille 3 1. hunc : Acc. m. sg., pronom démonstratif qui Prolongement On peut faire rechercher aux élèves l’histoire de Regulus, victime de la barbarie carthaginoise, pour rappeler l’importance du serment chez les Romains, en particulier dans le domaine des lois de la guerre (jura belli). • Étymologie 1 « Hostile » et « hostilité ». On signale au passage que le nom ost, issu de hostis, désignait l’armée en ancien français. 2 Le point commun est l’origine : les élèves retrouvent hospes, hospitis. « Hôtel » et « hôpital » viennent plus précisément de (cubiculum) hospitale, chambre pour les hôtes. On fait remarquer la disparition du « s », dont l’accent circonflexe garde la trace. 3 Ce qui est « fiable » est ce en qui on peut avoir confiance ; les élèves retrouvent l’élément racine fides. Jouez avec les mots 4 1. pedes. 2. rex. 3. miles. 4. lex. 5. longe. 6. fides. 7. Alpes. 8. per. 9. post. 10. ante. 11. consul. 12. fabula. 13. urbs. 14. Italia. 15. hostis. 16. acies. 17. agmen. 18. Roma. La phrase est : Delenda est Carthago (« Carthage doit être détruite »), prononcée par Caton (Cato) l’Ancien. Ressource numérique Reconnaître is, ea, id reprend Hannibal, élément proche. 3. hoc : Abl. n. sg., adj. démonstratif, détermine le nom certamine, CC de lieu, élément proche – huic : D. m. sg. (esse + D.), pronom démonstratif, renvoie à un élément proche. 4. has : Acc. f. pl., adj. démonstratif, détermine magnas virtutes, COD du verbe aequant, renvoie à un élément proche. 5. his : Abl. m. pl., adjectif démonstratif, détermine coloribus, CC de moyen, renvoie à un élément proche. 4 2. istis : Abl. n. pl, adj. démonstratif, détermine adversis proeliis, construit avec excedo + Abl., renvoie à la 2e pers. 5. ista : N. f. sg., adj. démonstratif, détermine perfidia, sujet du verbe abiit, valeur péjorative. 5 1. illis : Abl. n. pl., adj. démonstratif, détermine temporibus, CC de temps, élément éloigné. 2. illum : Acc. m. sg., pronom démonstratif, désigne Hannibal, élément éloigné – ille : N. m. sg., adj. démonstratif, détermine vir, valeur emphatique, laudative. 4. illius : G. m. sg., CdN de vitia, pronom démonstratif, renvoie à Hannibal, élément éloigné et valeur laudative. 6 1. En ce temps-là, Hannibal l’emportant, les Romains louaient et simultanément critiquaient <celui-ci> cet homme. 2. « Ne louerez-vous pas cet homme-là ? Ce grand guerrier a quitté le dernier ces combats malheureux <livrés par vous>. • Observer l’image 1 Nous voyons Hannibal [assis] sur son cheval. Faux www.4e.latin.magnard.fr (il est sur un éléphant). Exercice à compléter L’exercice 4 est disponible au format .doc. 2 Hannibal montre le chemin à l’armée des Romains. Faux (il s’agit de ses troupes). Observer p. 125 3 Les éléphants ont deux grandes dents en ivoire. Vrai. Ressource numérique www.4e.latin.magnard.fr Texte à copier/coller Les phrases sont disponibles au format .doc. 140 4 Cet éléphant est équipé d’une tour. Faux (c’est un éléphant d’apparat). 5 Hannibal est barbu. Vrai (voir aussi son portrait, manuel, p. 24). © Magnard, 2011 – Latin 4e – Livre du professeur Apprendre p. 126 Le pronom-adjectif is, ea, id En classe de 5e, les élèves ont découvert le pronom is, ea, id avec les pronoms personnels (manuel de 5e, p. 78). Is, ea, id se rattache aux pronoms démonstratifs mais c’est surtout un anaphorique (qui sert à annoncer ou rappeler). Pour bien faire comprendre aux élèves son emploi pronominal (il sert à combler l’absence de pronom personnel de 3e personne), on donnera un tableau synthétique permettant de réviser et de mémoriser les différentes formes du pronom personnel. N. Singulier 1re 2e (non réfléchi) Pluriel 1re V. Acc. G. D. Abl. ego tu - tu - me te eum, eam, id mei tui ejus mihi tibi ei me te eo, ea, eo nos - nos nostri/nostrum nobis nobis 2e vos vos vos vestri/vestrum vobis vobis (non réfléchi) - - eos, eas, ea eorum, earum, eorum eis/iis eis/iis On insistera aussi sur l’utilisation fréquente des formes de génitif ejus, eorum, earum comme possessif de 3e personne non réfléchi. Le dernier emploi présenté (is, ea, id employé comme adjectif démonstratif avec un nom) ne pose pas de problème particulier ; on signalera simplement qu’is, ea, id est l’adjectif démonstratif le plus neutre pour renvoyer à un autre élément de l’énoncé (qu’il désigne un élément déjà mentionné ou un élément qui sera précisé ensuite). Les pronoms-adjectifs hic, iste, ille Les trois pronoms-adjectifs démonstratifs hic, iste, ille permettent de repérer les éléments de l’énoncé par rapport à celui qui parle. En classe de 4e, les élèves abordent l’énonciation en français. Il suffira de préciser que le pronom-adjectif hic désigne ce qui est proche de l’énonciateur, iste ce qui est proche de la personne à laquelle l’énonciateur s’adresse (son destinataire), et ille ce qui est éloigné de l’énonciateur. Le tableau de la leçon précise ces points essentiels et signale la valeur affective des pronoms-adjectifs iste et ille. Le tableau ci-dessous propose, pour le professeur, une synthèse des différents emplois. hic, haec, hoc ille, illa, illud iste, ista, istud désigne ce qui est proche de l’énonciateur dans l’espace et dans le temps ; il s’emploie comme anaphorique ou cataphorique. renvoie à ce qui est éloigné de l’énonciateur dans l’espace et dans le temps ; il prend une valeur emphatique quand il renvoie à un passé disparu, un individu illustre (ce fameux , ce grand) ; il s’emploie comme anaphorique ou cataphorique. désigne ce qui est proche du destinataire de l’énonciation ; il désigne aussi l’adversaire dans un procès, avec une connotation péjorative (qui peut être rendue par un adjectif dévalorisant). • Vocabulaire Le choix des mots est déterminé par le thème du chapitre (voir aussi les mots-clés) : la liste comporte des noms des 2e et 3e déclinaisons, des adjectifs de la 1re classe, des verbes et des mots invariables réutilisés dans les exercices. © Magnard, 2011 – Latin 4e – Livre du professeur 141 S’exercer p. 127 9 • Verbes : 1. dedit : 3e pers. sg. ind. parfait SMS actif (sujet : Fabius, imperator Romanus ; COD : epistulam). 2. scripsit : 3e pers. sg. ind. parfait actif (COD : populum … pacis). 3. debebant : 3e pers. pl. ind. imparfait actif (sujet : Carthaginienses ; COD : id) – cupiebant : 3e pers. pl. ind. imparfait actif. 4. responderunt : 3e pers. pl. ind. parfait actif (sujet : illi) – eligemus : 1re pers. pl. ind. futur actif (sujet : nos ; COD : neutrum) – advehent : 3e pers. pl. ind. futur actif – relinquent : 3e pers. pl. ind. futur actif (sujet : ii ; COD : id) – cupient : 3e pers. pl. ind. futur actif. 5. dicit : 3e pers. sg. ind. présent actif (sujet : M. Varro ; COD : non hastam ... mitti ... sed duas tesserulas) – indicebantur : 3e pers. pl. ind. imparfait passif. • Subordonnées relatives : 3. quod cupiebat. 4. qui haec signa advehent – quod cupient. 5. in quarum altera caducei, in altera hastae simulacra incidebantur. • Verbes à l’infinitif : 2. mississe : inf. parfait actif, verbe de l’infinitive. 3. eligere : inf. présent actif, COD du verbe debebant. 5. mitti : inf. présent passif, verbe de l’infinitive. • Subordonnées infinitives : 2. populum Romanum misisse ad eos hastam et caduceum, signa belli aut pacis. 5. non hastam ipsam neque ipsum caduceum mitti, sed duas tesserulas Traduction : 1. Quintus Fabius, général romain, envoya une lettre aux Carthaginois. 2. Dans cette lettre, il écrivit que le peuple romain leur avait envoyé une lance et un caducée, deux symboles de la paix et de la guerre. 3. Parmi ces symboles, les Carthaginois devaient choisir celui qu’ils voulaient. 4. Les Carthaginois répondirent : « Nous ne choisirons ni l’un ni l’autre de ces symboles. Ceux qui apporteront ces symboles laisseront celui qu’ils voudront. » 5. Mais Marcus Varron dit que ce n’est ni la lance elle-même ni le caducée qui sont envoyés mais deux tablettes où étaient gravées, sur l’une, l’image d’un caducée, sur l’autre, celle d’une lance. 7 Ce célèbre chef a été le premier à emmener des Comprendre le sens des mots éléphants en Italie : Pyrrhus (réponse D). 10 Synonymes : optimiste – hardi – crédule. Antonymes : méfiant – soupçonneux – défiant. L’adjectif confiant est formé à partir de l’élément co- qui signifie « avec, ensemble » du latin cum et de l’élément fi(d)- qui signifie « foi », du latin fides. On fera remarquer aux élèves que les synonymes exacts sont rares. Les adjectifs optimiste ou hardi comportent des nuances particulières (des sèmes) que ne renferme pas l’adjectif confiant. Il en est de même pour l’adjectif crédule qui comporte une connotation péjorative. Cet adjectif est formé à partir de l’élément cré(d)-, signifiant « croire), du latin credere et de l’élément Lire et apprendre 1 Cette citation permet de revenir sur le portrait d’Hannibal par Tite-Live (phrase 4 déjà observée, manuel, p. 125) : un modèle du genre dans le domaine du récit historique. Après la confrontation vitia/virtutes, les élèves retrouvent les stéréotypes romains sur les Carthaginois. Décliner 2 istius viri/isti viro – harum causarum/his causis – illius temporis/illi tempori – hujus corporis/huic corpori – istius dominae/isti dominae – horum civium/his civibus. 3 hunc, istum, illum ferocem virum – hi, isti, illi clari duces – horum, istorum, illorum ingentium vitiorum – hoc, isto, illo forti corpore – his, istis, illis gravibus laboribus. 4 ei bono consuli – ea gravia pericula – is audax miles – eorum adversorum proeliorum – eas magnas pugnas. Traduire les pronoms adjectifs démonstratifs 5 a. 1. eo. 2. ii. 3. Ejus. 4. Ei. 5. Is. b. 1. Les troupes sont conduites par ce général. 2. Ils sont effrayés par les Carthaginois. 3. Ses éléphants effraient les Romains. 4. Les soldats lui offrent le butin. 5. Il tue tous les ennemis. 6 1. Cette maison-ci est à moi, celle-là est à mes amis. 2. Les soldats se réunissent dans cet endroitci, les chefs dans celui-là. 3. Les Carthaginois de ce temps-là étaient féroces. 4. Les soldats n’obéissent pas à cet individu. 5. En ce temps là, Hannibal les surpassait. S’initier à la traduction 8 a. 1. illius. 2. Isti. 3. hos. 4. Eis illi. b. 1. L’île de Sicile, située entre l’Italie et l’Afrique, fut la cause de cette guerre. 2. Ces funestes Carthaginois s’opposaient souvent aux habitants de l’île qui étaient les amis des Romains. 3. Les Romains pensèrent que les alliés pouvaient être laissés sans aide. 4. Ils avaient un consul célèbre : c’est à ce grand homme qu’ils confièrent le soin de la guerre. 142 © Magnard, 2011 – Latin 4e – Livre du professeur -ul- qui signifie « qui fait, qui est disposé à faire » et qui entre dans la composition d’adjectifs et de noms d’instruments (comme pendule). On peut aussi attirer l’attention des élèves sur la formation des deux antonymes méfiant et défiant. Ils sont formés tous deux à partir de l’élément fi(d)-, précédé dans un cas de l’élément dé- (des-, dés-) qui indique la séparation, la privation ou l’action inverse de celle qu’exprime la base qui le suit (du latin de) et, dans l’autre cas, de l’élément mé- qui signifie « mal » (du francique *missi, préfixe péjoratif ). • Chassez l’intrus ! 11 Mot intrus : horloge. Ce mot est formé à partir de l’élément hor(o)- qui signifie « heure », du grec hôra, division du temps et de l’élément log- qui signifie « dire ». Les autres mots sont formés à partir de l’élément hosp-/hospit- qui signifie « étranger », « celui qu’on accueille », du latin hospes, hospitis, hôte et de son accusatif hospitem. Culture : Deux empires rivaux en Méditerranée pp. 128-129 Cette double page permet de replacer dans l’histoire la grande confrontation entre Rome et Carthage. Les Phéniciens sont un peuple très ancien, réputés pour être d’habiles navigateurs (voir Hannon) : depuis leur territoire (aujourd’hui le Liban), ils ont sillonné la Méditerranée dès le IIe millénaire avant J.-C. et installé des comptoirs pour faire du commerce. Leur nom vient du grec (Phoinikes) en référence à la teinture pourpre (phoinix), d’un rouge écarlate, dont ils avaient inventé la fabrication à partir d’un coquillage, le murex. Cette teinture était très recherchée pour colorer les manteaux d’apparat. Pour les historiens de l’Antiquité, l’affrontement avec les Carthaginois fut l’équivalent du choc d’une guerre mondiale qui engageait le sort de tous les peuples (alliés d’un parti ou de l’autre). Avec la deuxième guerre punique, souvent nommée aussi « guerre d’Hannibal », les Romains connurent l’une des plus grandes crises de leur histoire et un traumatisme égal au « tumulte » gaulois. Ressources numériques www.4e.latin.magnard.fr Vidéo et fiche d’activité Le reportage du 19/20 (France 3) présente une exposition consacrée à Carthage avec de nombreux objets témoignant de la civilisation punique. Fond de carte Les élèves complètent la carte des guerres puniques. • Corrigé des questions 1 et 2 On fait remarquer aux élèves que Didon a connu le même destin qu’Énée : à la suite du meurtre de son mari, elle a dû fuir sa patrie, la Phénicie, pour trouver une terre d’accueil. Son « roman d’amour » avec le héros troyen occupe tout le livre IV de l’Énéide de Virgile ; on rappelle qu’il finit tragiquement : rappelé à l’ordre par les dieux, Énée doit poursuivre sa mission vers l’Italie et Didon, désespérée par son départ, se suicide. 3 Les quatre grandes batailles où Hannibal fut victorieux : – Le Tessin (début novembre 218 avant J.-C.), – La Trébie (décembre 218), – le Lac Trasimène (juin 217), – Cannes (août 216). Cependant, Hannibal ne fonce pas sur Rome, d’où le reproche, resté célèbre, d’un de ses officiers : « Vincere scis, Hannibal, victoria uti nescis. » (« Tu sais vaincre, Hannibal, mais tu ne sais pas profiter de la victoire », Tite-Live, XXII, 51, 2). 4 à 6 Les personnages sont vêtus de couleurs vives, avec des vêtements censés faire antiques (manteau pourpre d’Hamilcar) et exotiques (turban à l’orientale d’un soldat). Les attitudes sont fortement théâtralisées : illustrant le texte de Tite-Live, le peintre montre le père faisant jurer le fils (main sur l’autel). Le geste d’Hamilcar désignant de son épée recourbée (à l’orientale) le bas-relief orné de la louve romaine est éminemment symbolique. Au sol, les enseignes romaines et le javelot pointant Romulus et Rémus désignent à la fois la menace de la guerre et le futur vainqueur. © Magnard, 2011 – Latin 4e – Livre du professeur 143 Dossier Carthage, entre histoire et légende pp. 130-131 1 Une ville riche La civilisation punique est tournée vers la mer. Aujourd’hui encore, les formes circulaire et rectangulaire des ports de guerre et de commerce de Carthage sont visibles dans le paysage. Or on sait que pour les Romains, la mer et le commerce qui lui est associé sont sources de méfiance. Chez Homère, déjà, les Phéniciens sont évoqués comme des « navigateurs fameux », « avides » et « trompeurs ». Cette mauvaise réputation réapparaît dans la culture romaine avec leurs « dignes » héritiers, les Carthaginois : ils furent les premiers, explique Cicéron, à exporter en Grèce, avec toutes leurs marchandises, « l’avidité, la somptuosité et l’indicible cupidité pour toutes choses » (De la République, III, 4). 2 Un dieu mangeur d’enfants ? Outre la fourberie, l’avidité et la cruauté, les Carthaginois se voient aussi reprocher l’impiété, antithèse de la pietas si chère aux Romains, qui jugent leur religion primitive et inhumaine. Au début du IIe siècle avant J.-C., le poète Ennius évoquait déjà les sacrifices d’enfants dans ses Annales. 1. Auteur de culture grecque, Diodore appelle Cronos le dieu des Carthaginois car il le voit comme l’ogre mangeur d’enfants que représente le père des Olympiens dans les mythes grecs. 2. La légende a aussi associé la figure de Baal Hammon à celle de Moloch qui apparaît dans la tradition biblique : c’est le nom du dieu auquel les Ammonites sacrifiaient leurs enfants premiers nés en les jetant dans un brasier. D’après les recherches récentes des spécialistes, le nom molk désignerait en fait le sacrifice lui-même et non une divinité. De même, on donne quelques précisions sur un élément important de la religion carthaginoise : le tophet (dans la tradition biblique, nom de l’endroit où on passait les enfants par le feu pour honorer Moloch), qui, pour les archéologues, est une enceinte consacrée au dieu Baal Hammon (un espace sacrificiel à ciel ouvert avec de très nombreuses stèles). 3. On voit comment la fiction a pu s’emparer de ces récits flattant le goût de l’horreur : dans Salammbô, Gustave Flaubert raconte ainsi dans une fameuse scène qu’il nommait « la grillade des moutards » 144 comment Hamilcar parvient à sauver son fils, le petit Hannibal, lors du sacrifice des enfants jetés dans les bras de Moloch. Le grand classique du cinéma Cabiria en donne à son tour une version très mélodramatique, comme on peut le voir sur l’affiche (manuel, p. 130). On retrouve la même vision « horrifique » dans une bande dessinée qui a entrepris de raconter le destin d’Hannibal, Carthage de David, Lassablière et De Luca (premier volume : « Le souffle de Baal », 2010). 3 Des origines phéniciennes 1. Sur la stèle, les élèves reconnaissent la silhouette d’un éléphant, animal emblématique de Carthage. Ils observent aussi le signe de Tanit, grande déesse d’origine phénicienne, chargée de veiller sur la fertilité, les naissances et la croissance. 2. Les Phéniciens étaient réputés pour une invention capitale dans l’histoire de l’humanité : celle de l’alphabet, du nom des deux premières lettres qu’ils ont créées, aleph et bet, à partir des dessins d’une « tête de bœuf » et d’une “maison” (voir l’alphabet grec, manuel, p. 190). Latinis verbis : parler latin et… carthaginois Cette rubrique permet une nouvelle petite mise en scène ludique tout en donnant un exemple concret de la figure du Carthaginois (un marchand, comme il se doit !) dans la littérature antique. La traduction des mots carthaginois signalés en orange est une restitution moderne proposée par des spécialistes de cette civilisation. 1. Le jeu comique porte sur la confusion entre Donni (« Monsieur » en carthaginois) et le génitif de donum (doni nescio quid, une espèce de cadeau). 2. Milphion est un interprète de fantaisie, son rôle de « truchement », comme dirait Molière, est mal assuré puisqu’il ne comprend pas donni, mais on note qu’il se rattrape habilement en répétant la formule par la suite. 3. Les élèves retrouveront les mêmes ressorts comiques dans la fameuse « turquerie » du Bourgeois gentilhomme (acte IV, scène 5). © Magnard, 2011 – Latin 4e – Livre du professeur